2 juillet 2012
Pepper Potts était une femme accablée de travail.
Sa préoccupation majeure de l'année était la finition et l'ouverture au public de la Tour Stark. Après tout, c'était une construction majeure dans l'espace new-yorkais, disposant de sa propre source d'énergie autonome, associée à une compagnie qui faisait de plus en plus parler d'elle avec le temps – et Pepper connaissait Tony, elle savait que cette tendance ne ferait qu'empirer. Oh, elle s'était préparée au mieux, mais il y avait toujours la possibilité que quelque chose tourne de travers. En fait, travailler pour Stark Industries vous apprenait à vous tenir sur vos gardes, quand on y réfléchissait. Quelqu'un commettait toujours quelque chose dans votre dos.
Sa préoccupation secondaire – mais non moins épuisante – était de gérer Tony. Leah semblait avoir complètement jeté l'éponge là-dessus afin de se consacrer à Jon, dont la relation avec son père s'était nettement refroidie et ne donnait aucun signe de vouloir se réchauffer – depuis son retour d'Ilvermorny, le jeune garçon passait son temps à relire ses manuels, à dessiner des scènes toujours plus fantastiques et à écrire des lettres aux amis qu'il s'était fait là-bas.
Tony ne disait rien ouvertement, mais Pepper sentait bien qu'il regrettait de voir son fils lui filer entre les doigts. Et ce, en grande partie par ses propres actions – après tout, Jon n'avait jamais caché avoir détesté tout ce que Tony consacrait en temps et en énergie à jouer les justiciers. Seulement, en grand idiot qu'il était (car le génie mécanique de Tony n'avait d'égal que sa colossale inaptitude à interagir avec autrui), le patriarche Stark ne faisait rien pour remédier à la situation.
Parfois, Pepper voulait vraiment se taper la tête contre le mur. Ou mieux encore, taper la tête de Tony contre le mur. Après tout, il la payait pour l'empêcher d'effectuer des erreurs monumentales, n'est-ce pas ? Ruiner complètement sa relation avec son unique enfant constituait une erreur monumentale premier choix, pas de discussion là-dessus.
Mais vu à quel point la tête de Tony était dure, Pepper désespérait de lui faire intégrer le message avant d'avoir à payer des réparations pour tous ces trous dans le mur.
23 juillet 2012
Généralement, Hermione passait la première partie des vacances en famille, dans le vieil hôtel de famille à Manchester. C'était la seule période de pause pour Oncle Sidney – le nouveau tenancier – alors en général, on enchaînait les musées, les restaurants et autres attractions non-stop. Et bien sûr, les cousins adoraient harceler Hermione de questions sur le voyage qu'elle effectuerait cette année-là – car Dean et Kimberly Granger adoraient partir à l'étranger, la plupart du temps en Europe mais quand Hermione avait eu trois et sept ans, ils s'étaient autorisé un séjour au Maroc et un en Grèce.
Pour 2012, Rebecca et Scott avaient été encore plus excités que d'habitude d'apprendre que son correspondant l'avait invitée en Amérique, plus précisément New York, pendant deux semaines. Intérieurement, la jeune sorcière se demandait comment ils prendraient de savoir que ledit correspondant était le fils de Tony Stark en personne. Peut-être que leurs têtes allaient exploser ?
Elle les imaginait l'écume à la bouche, étalés par terre, alors qu'elle et ses parents descendaient de l'avion dans un état de fraîcheur plus ou moins discutable – douze heures de trajet, quand même, et ne parlons pas du décalage horaire – et parvenaient à trouver leur chauffeur, un homme d'âge mûr à l'air pas très joyeux qui brandissait un panneau proclamant GRANGER.
New York était immense. Démesurée, en fait. Quand on voyait cela, on comprenait pourquoi les États-Unis traînaient une réputation d'excès – ça, et la taille des milk-shakes, auxquels sa mère avait refusé de la laisser goûter.
La Tour Stark avait été… exactement ce à quoi on s'attendait de la part d'une compagnie internationale centrée sur les avancées technologiques. Plein de verre, plein d'espace, plein d'arrogance et d'assurance dans le design. Ça sentait le futurisme à plein nez, et après neuf mois passés dans un château on ne peut plus médiéval, Hermione avait presque le tournis.
« Pas trop intimidés, j'espère ? À Stark Industries, nous tendons à en faire beaucoup, alors ça peut être un rien affolant pour qui n'est pas familier avec la culture de l'entreprise. »
Madame Locke les avait réceptionnés avec une petite grimace empathique devant leur tournis très visible. À voir ses grandes boucles d'oreille en jade et or, Hermione ne put s'empêcher de se sentir soucieuse car son mentor avait cette étrange particularité de mettre des bijoux discrets ou pas du tout. Mais des boucles d'oreille aussi voyantes, ça indiquait qu'elle stressait. Pourtant, rien ne semblait clocher au sein de Stark Industries, les journaux étaient aussi élogieux qu'à l'ordinaire…
« On est encore un peu assommés, c'est le voyage » s'empressa d'affirmer Papa. « Ceci dit, c'est vrai que c'est un peu… whouao. »
Madame Locke eut un petit sourire indulgent.
« Oui, ça résume bien. Si vous voulez vous requinquer, j'ai préparé des rafraîchissements. »
Les rafraîchissements avaient été acceptés, et c'était autour d'un verre de jus de mangue que Hermione avait été présentée à Jon Stark.
Il était nettement plus petit qu'elle, mais son exubérance compensait largement. Sans parler du fait qu'il devait avoir encore plus de mal à se coiffer qu'elle – des frisettes pareilles, ça frôlait le crépu. Et il avait des yeux d'un bleu saisissant, pour une raison qui échappait à Hermione, elle ne pouvait pas s'en détourner.
Où est-ce que j'ai déjà aperçu des yeux pareils ?
C'était vraiment bête qu'ils ne puissent pas comparer directement leur magie, mais Hermione ne tenait pas à s'attirer une réprimande du Ministère et Jon s'était vu carrément confisquer sa baguette avant de rentrer chez lui. Enfin, ils avaient toujours leurs manuels respectifs, ce serait amusant de chercher les différences dans les méthodes pédagogiques.
Et en plus de ça, ils auraient deux semaines pour faire les fous, ce qui voulait dire s'offrir un vrai barbecue américain sur le balcon – il y avait assez de place pour organiser un dancing là-dessus – explorer Hell's Kitchen histoire de vérifier qu'un vrai démon habitait là-bas, trouver des places pour une comédie musicale à Broadway, bref faire tout et n'importe quoi.
En résumé, le séjour américain d'Hermione s'annonçait mémorable.
28 juillet 2012
Clint ne sentait pas du tout cette histoire de Tesseract. Juste… il ne pouvait pas expliquer pourquoi, mais ça lui glaçait les dents – si, si, on n'imagine pas comme c'est inconfortable, cette sensation. Et il savait que Fury pensait la même chose.
Seulement, ce n'étaient pas eux en charge du projet. Non, ils étaient seulement supposés veiller à ce que ça se passe bien.
Alors que le Tesseract commençait à débloquer, dégageant vague après vague d'énergie, Clint se demanda de quel manière tourner le rapport qu'il lui faudrait remettre après cette débâcle totale : En dépit d'exhortations à la prudence et à la raison, le programme a avancé trop vite et échappé au contrôle des scientifiques…
Et voilà que l'énergie se concentrait, prenait la forme d'un portail, et…
Une minute. C'était bien un type, là ?
Le Tesseract s'est avéré un risque majeur pour la sécurité du complexe, permettant à un agent inconnu d'accéder aux lieux…
Le gars avait une mine épouvantable, des cheveux gras hirsutes, des cernes qui auraient pu passer pour des cocards et une peau prête à se déchirer tant elle était tendue sur les os du visage. Il tenait aussi une espèce de lance pointue et ses habits bizarres avaient une texture et une épaisseur criant armure. Et son expression…
Le genre qui n'a rien à perdre, parce qu'il n'a déjà rien pour commencer. Le genre qui va mettre le feu à tes affaires, juste pour voir ta réaction.
Menace potentielle, quasi certaine. Réaction appropriée, fuir vite et loin, ou neutraliser fort et tout de suite.
Œil de Faucon se tendit, prêt à encocher une flèche. À côté de lui, Fury était tout aussi tendu, mais passa outre pour lancer :
« Qui êtes-vous ? »
L'inconnu sourit – non, il montra les dents, pas d'autre mots pour ça. Si la sonnerie d'alerte retentissait déjà sous le crâne d'Œil de Faucon, cette vue la fit hurler à plein régime.
« Je suis Loki d'Asgard, et je peine sous un fardeau glorieux. »
