Dédicace : Pour ShaSei, qui m'a involontairement inspiré cet OS lors de notre première conversation sur Saint Seiya.

Correctrice : Clina

Personnage : Saori-Athéna

Mention de : Pégase Seiya, Dragon Shiryu, Andromède Shun, Cygne Hyoga, Phoenix Ikki, Tatsumi, les Saints d'Or

Ship : aucun

Type d'écrit : introspection, réconfort, famille (fraternelle)

Arc temporel : après la bataille du Sanctuaire

Lieu : Sanctuaire

Autre : Une envie de raconter la vision que j'ai de sa relation avec les garçons.

Nombre de mots : 1866

Titre : Amère désillusion


Elle n'avait pas tout de suite compris. Sur le moment, cela lui semblait totalement impossible et tellement surréaliste. Et puis elle n'avait pas vraiment eu le temps de comprendre toutes les implications de la nouvelle. Elle s'était rebellée un peu, pas beaucoup. Après tout elle n'y croyait pas, elle. Alors elle avait repoussé l'idée dans le fond de son esprit et elle s'était armée de courage et de volonté pour aller au-devant des problèmes. Naïvement, mais après tout elle n'avait que treize ans, elle avait envisagé qu'une conversation pourrait mettre fin au problème avec le Sanctuaire. Alors elle y était allée après avoir prévenu par lettre le Grand Pope de leur arrivée. Elle pensait vraiment qu'ils pouvaient négocier, qu'ils pouvaient trouver une solution sans faire couler le sang à nouveau. Elle en avait assez de les voir blessés et malmenés. Elle voulait juste que la paix revienne. Et elle pensait reprendre sa petite vie normale et poursuivre ce qu'elle avait commencé lentement à reconstruire avec les Bronzes. Évidemment, rien ne s'était passé comme elle le prévoyait. On pouvait être la Déesse de la Sagesse et de la Guerre et se tromper royalement. En même temps, on ne l'avait pas vraiment éduquée pour mener des hommes et des femmes au combat.

Les batailles finies, elle avait découvert son Sanctuaire. Et le calme était revenu. Elle attendait que ses amis s'éveillent. Elle avait fait ce qu'elle pouvait pour les ramener à la vie, pour ne pas les perdre définitivement cette fois-ci. Et dans le silence du treizième temple, Saori avait commencé à réfléchir. Ce Cosmos divin, elle le sentait en elle. Elle s'était demandée si un jour elle allait disparaître au profit d'Athéna. Mais elle n'avait pas de réponse. Et les seules personnes ayant eu ce savoir n'étaient plus de ce monde. Alors elle ne pouvait que se fier à elle-même, ses réflexions et ses ressentis. Et la constatation n'avait pas été simple. Elle avait profité du calme et de la solitude pour repenser aux événements de ces dernières semaines. Et le poids de ce qu'elle était l'écrasait de plus en plus. Elle réalisait lentement qu'elle allait perdre ce à quoi elle se raccrochait depuis le Tournoi. Elle n'aurait pas la seule chose qu'elle avait désirée retrouver. Et cela lui brisait le cœur, plus que n'importe quelle flèche dorée ne pourrait le faire.

Le prix pour être Athéna lui semblait immense. Et elle aurait aimé pouvoir dire non. Mais elle n'avait pas le choix.

Les yeux fermés Saori, non maintenant elle était Athéna, essaya de lutter contre les quelques perles salées qui menaçaient de rouler sur ses joues pâles. C'était si compliqué ce qu'on lui demandait. Soit elle n'était pas seule. Elle ne serait pas la première à combattre s'il le fallait… Mais aimer toute l'humanité de manière égale, être équitable dans son affection avec tous les Saints. Non, ça elle ne savait pas le faire. Elle ne pensait pas qu'elle y arriverait. Elle les aimait eux plus que les autres. Ils étaient ses souvenirs d'enfance, sa famille de cœur, ses amis d'enfance. Ils auraient toujours une place à part, qu'importe ce qu'Athéna exigerait. Elle ne pouvait pas abandonner cette affection-là. C'était ce qui lui avait permis de rester debout, de s'armer de courage et de détermination. C'était en eux qu'elle puisait sa force, parce qu'ils n'abandonnaient jamais. Parce qu'ils étaient toujours là à ses côtés, même le Phoenix.

Pourtant elle revoyait distinctement le changement dans leurs regards, quand Tatsumi avait dit qu'elle était la réincarnation d'Athéna. Elle avait nié, trouvant l'idée ridicule. Eux, ils l'avaient juste regardée différemment. Elle en avait frémi sans comprendre pourquoi. Maintenant elle comprenait. Elle déchiffrait la lueur de dévotion qu'ils lui avaient portée, acceptant l'information comme une évidence. Mais on les avait éduqués pour croire en leur Divinité protectrice et titulaire. Elle représentait leur croyance et leur raison de combattre, plus encore que celle de récupérer l'armure d'or. Elle avait eu peur de cette énergie qui émanait d'elle, de leurs regards où elle lisait la volonté de lui obéir. Mais elle n'avait pas vraiment pu réaliser ce que cela signifiait. Elle n'avait pas encore compris ce qu'elle venait de perdre. Elle avait juste peur qu'ils ne lui soient tous définitivement arrachés.

Elle n'avait vraiment réalisé ce qu'être Athéna représentait qu'à la fin de la bataille. Quand elle avait monté l'immense escalier et traversé les douze temples zodiacaux. Elle avait pu constater les pertes, les morts et ceux encore en vie mais brisés, les dégâts aussi. Elle avait été embarrassée de voir ces hommes en armure d'Or s'agenouiller face à elle, qui était à peine une jeune fille. Ils lui demandaient humblement pardon. Et elle n'avait pu que leur accorder. Voir ses amis allongés au sol lui avait arraché le cœur à nouveau. Elle n'avait jamais voulu qu'ils soient de nouveau blessés. Alors elle avait utilisé ce Cosmos divin bien éveillé en elle pour les sauver. Et ils s'étaient relevés un à un, prêts à la suivre et à combattre même s'ils n'avaient plus d'armure et qu'ils tenaient à peine debout. Shiryu d'abord, qui n'avait rien dit. Puis Hyoga, qui avait tenté de cacher sa tristesse d'avoir dû combattre son maître tant aimé. Shun, qui n'aimait pas combattre mais n'avait eu d'autre choix que d'aller contre ses principes pour elle. Et en dernier Seiya et Phoenix arrivés en haut face au Saint des Gémeaux. Et puis tout fut fini. Elle les avait soignés. Elle avait gagné. Mais seuls le froid et la peur encombraient son esprit.

Puis avait commencé l'attente et la réalisation qu'elle pouvait faire une jolie croix sur son désir enfantin. Elle savait qu'elle avait été une peste arrogante quand ils étaient enfants. Elle n'avait jamais été gentille ou compatissante avec eux. Ils avaient toutes les raisons du monde de la haïr, Ikki lui avait d'ailleurs fait remarquer avec son tact légendaire. Et quand ils étaient revenus avec leurs armures pour le Tournoi, elle n'avait pas été plus sympathique. Certes elle savait mesurer ses propos et parler calmement, mais elle savait être désagréable et blessante avec le sourire. Elle ne pensait que réaliser le rêve de son grand-père. Elle n'avait pas tout de suite compris. Et non ce n'était pas l'éveil du Cosmos d'Athéna en elle qui avait changé son caractère, qui lui avait fait comprendre qu'elle devait évoluer et se faire pardonner. C'était eux. C'était la détermination d'Ikki à lui balancer en pleine figure ses manquements et caprices. C'était la volonté protectrice de Seiya qui ne l'abandonnait pas malgré leur passif houleux. C'était le réconfort de Shun qui, avec sa sensibilité, arrivait à la comprendre et à la consoler. C'était la sagesse de Shiryu qui ne perdait jamais espoir et qui avait toujours une proposition aidante. C'était le calme froid de Hyoga qui lui permettait de contrôler ses propres émotions parfois trop impulsives.

Non, sans eux elle n'y arriverait pas.

Comme chaque jour depuis la fin de la bataille, elle quitta les appartements d'Athéna et traversa le treizième temple. Comme chaque jour, elle allait les visiter et leur parler. À tous sans distinction. Elle racontait des anecdotes d'enfance ou des informations sans importance. Elle leur faisait même la lecture. Elle passait des heures près des cinq jeunes adolescents inconscients. Ils méritaient de prendre leur temps pour guérir. Tout ce qu'elle demandait c'était qu'ils lui reviennent tous. Alors elle leur accordait tout son temps libre. Personne n'osait commenter. Après tout elle était Athéna, elle faisait ce qu'elle voulait. Voilà qui ne la changeait pas trop d'être Saori Kido. Elle soupira et s'arrêta devant la lourde porte. Puis elle inspira pour se donner du courage et elle poussa la lourde porte. L'air était doux dans la pièce. Elle avait elle-même choisi où ils seraient soignés. Elle les avait voulus dans une pièce aérée et lumineuse, avec une belle vue sur les jardins d'Athéna. Elle les voulait surtout près d'elle pour les veiller. Comme chaque jour, elle prit place et les regarda tour à tour.

Et elle se rappela que ce qu'elle avait désiré, il n'y avait pas si longtemps que cela, était de gagner leur pardon à tous pour son comportement odieux quand elle était enfant. Elle avait espéré qu'ils pourraient lui offrir une seconde chance. Elle désirait qu'ils soient amis maintenant. Elle voulait être leur amie, leur sœur. Ils étaient sa seule famille, les seuls à connaître son enfance, à avoir des souvenirs communs avec elle. Ils ne l'avaient pas abandonnée, alors qu'ils auraient pu. Ils ne lui devaient rien. Elle le savait. Ce qu'elle avait imaginé, elle, c'était qu'ils pourraient tous les six former un clan, une famille. Ils pourraient se soutenir et s'apprécier, partager des moments uniques et précieux. Ils pourraient être ensemble quoiqu'il arrivât, sur un pied d'égalité, en oubliant son statut à elle. Elle avait pensé qu'une fois l'armure d'Or du Sagittaire récupérée, ils pourraient avoir cette vie simple dont elle rêvait.

Et Athéna le lui avait pris en quelque sorte. Parce qu'elle était une Déité. Elle ne pouvait pas souhaiter de chose aussi basique et humaine qu'une famille aimante et présente. Mais elle n'était qu'une adolescente, une petite fille qui ne voulait rien de plus que la présence des siens et leur amour. Elle désirait leur rendre tout ce qu'ils lui donnaient.

« Je vous en prie, revenez-moi. », murmura-t-elle en fermant les yeux. Quelques larmes perlèrent à ses paupières et cascadèrent lentement sur ses joues. Elle ne les chassa pas. « Sans vous, je n'y arriverai pas. J'ai besoin de vous. De vous tous sans exception. Ne m'abonnez pas. Je vous en prie. Accordez-moi au moins une seconde chance de me faire pardonner. Mais vraiment les garçons, sans vous je ne pourrai pas être Athéna. Je ne suis pas aussi forte que vous. Vous êtes ce qui me permet d'avancer, d'avoir une volonté de fer et la force de ne pas flancher. Je voudrais juste pouvoir m'excuser au moins... »

Seul le silence lui répondit comme chaque jour depuis qu'ils étaient alités ici. Saori baissa la tête et elle tenta de contrôler ses émotions. Elle craignait pour leur vie. Elle s'en voulait de ne pas s'être excusée avant la bataille. Elle ne méritait pas leur affection. Elle savait que pour eux elle serait toujours Athéna. Mais elle espérait, vraiment au fond de son âme, qu'ils pourraient voir au-delà des apparences, qu'ils pourraient se souvenir de la gamine qu'elle avait été. Elle espérait qu'ils l'aimeraient de la même manière fraternelle qu'elle les aimait tous les cinq. Et elle sentit l'agitation d'un Cosmos. Lentement elle se remit debout et s'approcha du lit. Elle pouvait sentir qu'il sortait de son coma. Elle vit les yeux papillonner avant de s'ouvrir et de se fixer sur elle.

« Je ne suis même pas étonnée que tu sois le premier à t'éveiller. », murmura-t-elle et elle s'assit sur le lit. Elle tendit la main pour saisir la sienne avec douceur. Peu lui importait les traces humides visibles sur son visage. Un doux sourire naquit sur ses lèvres. « Bienvenue parmi les éveillés, Ikki. » Et elle prit comme un signe le fait qu'il ne repoussa pas sa main. Au contraire elle sentit ses doigts serrer les siens. Il lui rendait l'espoir que les autres reviendraient à eux sous peu. Elle en avait la certitude. Et elle continuerait de prier pour que cela arrive très vite.


Merci d'avoir lu.

N'hésitez pas à demander un OS.