Dédicace : Pour ShaSei qui me l'avait demandé il y a un moment. J'espère avoir répondu à tes attentes.
Correctrice : Clina
Personnages : Pégase Seiya, Miho
Mention de : Seika fait une petite apparition aussi.
Ship : aucun
Type d'écrit : amitié, réconfort
Arc temporel : Il est double : quelques années après Hadès dans la lignée temporelle des autres, et pour le souvenir bien avant que Seiya ne soit recruté par la fondation Graad.
Lieu : l'orphelinat où ils ont grandi
Autre : J'espère ne perdre personne avec l'insertion du souvenir et le changement de temps.
Nombre de mots : 1643
Titre : Souvenir d'enfance
Elle regarde la scène de loin en se demandant si elle doit intervenir tout de suite ou juste attendre un peu. Elle sait que beaucoup de petits conflits entre les enfants se règlent d'eux-mêmes, sans l'aide d'un éducateur. Miho sait comment cela se passe entre enfants dans un orphelinat. Non seulement elle est orpheline, mais au final elle est toujours restée ici pour s'occuper d'eux. Elle n'a jamais quitté l'orphelinat. Elle se sent chez elle ici et elle aime prendre soin des enfants. Et en cet instant elle hésite, son instinct maternel lui fait dire qu'elle doit traverser la cour pour aider la petite fille qui pleure. Son instinct d'orpheline lui souffle qu'elle ne peut pas les surprotéger, que tomber et se faire mal, se disputer avec les autres fait aussi partie de l'apprentissage de la vie. Il n'y aura pas toujours un adulte pour veiller sur la gamine et tout gérer pour elle. Et ça Miho en a cruellement confiance. Alors au prix d'un immense effort pour combattre son instinct bienveillant naturel, elle ne bouge pas. Et finalement ce fut un bon choix puisqu'un petit garçon s'approche de la petite fille pour l'aider à se relever et la consoler. Il semble même vertement houspiller les garçons plus grands qui ennuyaient son amie.
Et subitement, Miho plonge à une autre époque. Elle se souvient avec force d'une autre petite fille et d'un autre petit garçon, il y a très longtemps…
Elle était tombée par terre. Elle était dans les plus jeunes, et elle était arrivée depuis peu à l'orphelinat. Les garçons n'étaient pas toujours gentils avec elle, ni avec les autres filles. Mais Miho n'avait pas encore d'amis ici pour faire front. Alors elle subissait en silence. Elle essayait de ne pas pleurer, parce qu'elle avait bien compris que quand les larmes coulaient, on l'ennuyait plus longtemps. Alors elle serrait les dents et elle essayait d'être forte. Elle devait se protéger seule, elle ne voulait pas être faible. Pourtant c'était bien compliqué, les éducateurs ne faisaient pas toujours attention. Parfois ils prenaient pour des jeux ce qui n'en était pas à ses yeux d'enfants. Et ce jour-là ne faisait nullement exception. Elle avait été ennuyée par des plus grands. Ils avaient trouvé amusant de la poursuivre dans la cour pavée. Et comme ses petites jambes la portaient moins bien, elle avait chuté. Et elle était tombée au sol, s'écorchant le genou. Ce fut la vue du sang qui provoqua le début des larmes. Miho se mit à pleurer sans réussir à se calmer seule, sous les moqueries des plus vieux. Les enfants pouvaient être cruels entre eux. Elle en faisait la triste expérience.
Pourtant au bout de quelques secondes, une main fit son apparition face à son visage baigné de larmes. Miho releva la tête pour voir un autre enfant, de son âge cette fois-ci, lui offrir un sourire amical. Il attendait patiemment qu'elle prenne sa main. Miho renifla avant d'accepter. Et elle se retrouva sur ses pieds plus vite que prévu, les joues toujours souillées par les larmes. Elle frotta son visage, essayant de reprendre contenance comme une grande et d'être forte. Mais c'était compliqué. Son écorchure la faisait souffrir et les plus grands se moquaient toujours d'elle. Elle, tout ce qu'elle demandait, c'était qu'on la laisse tranquille. Elle ne voulait pas rester ici. Tout le monde était méchant avec elle, sauf le petit garçon en face d'elle.
« Merci. », hoqueta-t-elle entre deux sanglots.
« Pas de quoi. », rétorqua-t-il avant de tourner son regard mécontent vers les autres. « Z'avez pas honte de faire mal à une fille ! »
Cela fit rire un peu plus les plus grands. Ils les trouvaient amusants. Les taquineries sur le fait qu'ils étaient un parfait petit couple bien assorti fusèrent. Miho mordit sa lèvre inférieure pour ne pas se remettre à pleurer tout en regardant ses pieds. Le petit nouveau lui continuait de répliquer vertement, en preux chevalier n'ayant peur de rien. Puis le silence se fit. Il n'y eut plus de rires, ni de moqueries. Même le petit garçon s'était tu. En relevant la tête, Miho vit derrière lui une jeune fille, plus âgée qu'eux tous. Elle avait une chevelure de feu et les mains posées sur les hanches avec un air sévère. Elle toisait le petit groupe avec attention, cherchant à comprendre la situation. Miho renifla et elle rentra la tête dans ses épaules, impressionnée par la plus grande fille. Elle en imposait tout en ayant un air relativement doux sur le visage.
« Que se passe-t-il ? », demanda la nouvelle venue avec sérieux.
« Ils l'embêtaient parce que c'est une fille et qu'elle est plus petite », pointa du doigt directement le petit garçon.
Et là ce fut la débâcle. Le petit groupe de garçons se sauva en courant à l'autre bout de la cour sans demander son reste. Il ne resta plus que Miho et ses larmes face aux deux autres. La jeune fille s'agenouilla face à elle, et elle sortit un bout de tissu de sa poche. Gentiment elle frotta le sang sur son genou et elle lui fit un bandage rapide. Le petit garçon lui ne bougeait toujours pas. Il observait avec attention la scène. Et il offrit un grand sourire à Miho quand leurs regards se croisèrent. La fillette répondit de la même manière. Miho passa une main sur son visage pour le sécher. La plus grande avait fini son bandage. Elle se releva et elle caressa avec douceur et tendresse la chevelure de jais de Miho. C'était bien le premier geste affectueux qu'elle recevait ici. Pour un peu elle en aurait pleuré mais de joie cette fois-ci.
« Voilà. On ira nettoyer cela correctement à l'infirmerie à la fin de la récréation. », déclara l'aînée avec son doux sourire. Et Miho ne put qu'acquiescer.
« Moi c'est Seiya et elle c'est ma grande sœur, Seika », déclara le garçonnet en lui tendant la main.
« Mon prénom est Miho. », répondit-elle poliment en serrant la main tendue comme l'aurait fait une grande personne. Seiya ne lâcha pas sa main et il lui fit un plus grand sourire.
« Allez viens, on va jouer. » Et sans la lâcher, il l'entraîna à sa suite plus loin sous le regard bienveillant de Seika.
« Alors on est perdue dans ses pensées ! », déclare soudainement une voix à son oreille. Miho sursaute et revient au moment présent. Son regard cherche la petite fille. Elle constate avec soulagement que les larmes sont déjà oubliées et qu'elle joue avec d'autres enfants.
« Plutôt dans mes souvenirs. », rétorque-t-elle avec un coup de coude dans les côtes de Seiya. Il n'avait qu'à pas la surprendre après tout. Et ce n'est pas avec ce genre de geste qu'elle peut vraiment le blesser, lui qui a survécu à tellement de combats. Mais pour la forme et par jeu, il gémit de manière peu convaincante.
« Un bon souvenir au moins ? », questionne-t-il alors qu'il se place près d'elle et qu'il observe à son tour les enfants jouer.
« Notre rencontre. », Miho se contente de peu de mots aujourd'hui. Elle sent le regard curieux de son ami sur son profil. Elle est nostalgique d'une époque, qui à défaut d'avoir toujours été joyeuse, était plus simple qu'aujourd'hui. Parfois elle regrette son innocence enfantine, avant que Seiya ne leur soit arraché, avant les entraînements, le tournoi, les trop nombreuses batailles… Pourtant malgré tout cela, il revient toujours la visiter. Ses autres amis aussi d'ailleurs, elle ne se sent jamais seule. Et elle ne se mentira pas, adolescente elle était un peu amoureuse de Seiya. Aujourd'hui il est plus le frère qu'elle aurait aimé avoir.
« Ah… Et ? », hésite-t-il adorablement. Il doit s'en souvenir de ce jour, mais il ne sait pas trop où elle veut en venir. Puis le faire mariner l'amuse un peu. Elle tente de ne pas sourire, ni rire.
« Et ce jour-là, étrangement, j'ai décidé que tu serais mon meilleur ami… Parfois je me demande d'où m'est venue cette idée. », explique-t-elle taquine. Elle tourne la tête et le voit cligner des yeux. Il fait une moue de gamin boudeur.
« Et je le suis toujours ? Ton meilleur ami ? », demande-t-il prudemment. Tiens, Seiya a appris la prudence. Ils ont changé. Ils ont grandi séparément. Elle l'a soutenu et encouragé tant qu'elle a pu. Elle n'a pas toujours tout compris. Les combats, les Guerres Saintes ce n'est pas son monde. Et peut-être que pour lui, elle est avant tout une accroche à la simple vie humaine, une manière de ne pas oublier d'où il vient ? Peut-être… Elle se sent parfois si éloignée de leur monde, eux qui combattent revêtus d'armures sacrées et côtoient des divinités dont elle ignore jusqu'à l'existence avant qu'ils n'en parlent. Oui, parfois elle se sent comme cette fillette perdue et solitaire qu'elle était avant qu'il ne lui tende la main.
« Idiot », répond-elle en haussant des épaules et en lui filant un second coup de coude. « Bien sûr que tu es toujours mon meilleur ami. Tu seras évidemment mon témoin de mariage. » Seul le silence lui répond. Elle compte mentalement jusqu'à trois, parce que certaines choses ne changeront jamais.
« Hein ? Quel mariage ? Comment ça tu te maries ? Et d'abord je le connais ? Je l'ai déjà rencontré ? Non mais… D'où est-ce que tu te maries sans… » Elle n'écoute pas. Miho éclate juste de rire. Franchement, lui, c'est presque trop facile par moments de le taquiner.
« Seiya, le jour où je me marierais, si cela doit arriver, tu seras le premier au courant. Promis. », le coupe-t-elle finalement. « Allez, aide-moi à les convaincre d'aller goûter maintenant. » Et elle le plante là, mais il ne lui faut que quelques secondes pour qu'il la suive.
Merci d'avoir lu.
