Correctrice : Clina

Personnages : Saori-Athéna, Phoenix Ikki

Mention de : Dragon Shiryu, Andromède Shun, Cygne Hyoga, Pégase Seiya, Ophiuchus Shaina, Aigle Marin, Lion Aiolia

Ships : Shaina x Seiya, Shunrei x Shiryu

Type d'écrit : réconfort, famille (fraternelle) avec une vague dose d'humour

Arc temporel : quelques années après Hadès, dans la lignée temporelle des autres OS, suit l'OS précédent.

Lieu : Tokyo, Japon

Autre : J'aime beaucoup leur relation fraternelle à tous les six. Je poursuis donc ma vision du lien unissant Saori et les 5 Bronzes – Divins. En espérant ne pas être trop OOC.

Nombre de mots : 2752

Titre : Garde du corps


Ikki soupira. Il croisa finalement les bras sur son torse et il pencha la tête en arrière pour observer le plafond d'un blanc immaculé. Il bougea légèrement pour trouver une position assise un peu plus confortable. Il n'avait pas énormément besoin de confort en général, au vu de son entraînement de Guerrier d'Athéna et de ses pérégrinations depuis la fin des Guerres Saintes. Mais il ne mentirait pas, avoir un lit chaud et confortable pour dormir avait ses avantages. Mais pour le moment, il se demandait vraiment pourquoi dépenser autant de fric dans un building et sa décoration, si c'était pour mettre des chaises et fauteuils aussi peu confortables à disposition des visiteurs. Et qu'on ne lui parle pas d'art et de design. Une chaise ou un fauteuil ça servait avant tout à s'asseoir. Il ne comprendrait jamais ces gens bourrées de fric. Un autre soupir lui échappa. Clairement le Phoenix s'emmerdait royalement à attendre après la patronne. Non mais comment Seiya et son incapacité à rester immobile pouvait faire ça toute l'année ? Et pourquoi il avait accepté encore de jouer le garde du corps de la cruche de service ? Elle avait quand même 88 Saints à son service, plus il ne savait combien de membres du personnel via la fondation Graad. Donc pourquoi s'était tombé sur lui encore ?

Ah oui, il avait été incapable de dire non à Pégase, soutenu par Shun. Il fallait vraiment qu'il apprenne à résister à son petit frère et à ses amis. Non, mais plus il prenait de l'âge, plus il leur cédait facilement en preuve d'affection. Bon d'accord c'était cool de ne plus être irrationnellement en colère tout le temps. C'était reposant et bien d'avoir enfin une relation normale et apaisée, même avec Saori-san d'ailleurs. Mais il se faisait avoir trop souvent à son goût. Et encore dans la série du « J'ai cédé trop facilement », il ne comptait pas la demande de Shunrei. Parce qu'être le témoin de la jeune femme était réellement un honneur. Mais là Seiya prenait des vacances. En soi il les méritait bien. Mais pourquoi avait-il fallu que la condition soit que lui devienne le garde du corps temporaire de Saori-san ? Ah oui une sombre histoire de confiance et de lien, saupoudrée de Shun avait des examens à passer, Shiryu et Hyoga étaient loin. Et le Phoenix était présent, pour un long moment, sans emploi dans l'immédiat et toujours un Saint Divin d'Athéna. Ouais, il était sûr que servir de garde du corps pendant une réunion économique pour la fondation Graad n'entrait pas dans les missions des Saints d'Athéna. Mais bon, il avait dit oui. Il assumait. Cela ne voulait pas dire de toute manière qu'il devait le faire avec le sourire et sa bonne humeur.

«Pfff ça devient long. », marmonna-t-il pour lui-même, ce qui lui valut un regard étrange et curieux d'un homme passant dans le couloir. Ikki lui retourna son regard noir le plus froid et menaçant. Et il ricana quand il vit l'homme détourner la tête et accélérer le pas. Au moins, il faisait toujours aussi peur.

Le petit incident l'amusa vaguement durant une minute ou deux. Puis l'ennui revient le hanter. Il pensait naïvement que Saori-san en aurait pour quelques minutes. En soi, elle avait parlé de signer un contrat, s'il avait bien compris. En vrai, la gestion financière ou commerciale de la fondation Graad, il n'en avait royalement rien à faire. Déjà qu'il ne s'intéressait pas spécialement à comment le Sanctuaire était géré. Enfin il obéissait aux ordres, relativement rares, qu'il recevait. Il restait un oiseau solitaire qui n'avait pas spécialement besoin de contact social. Enfin il faisait des efforts pour son petit frère, ses trois amis les plus proches et sa cruche préférée. Oui dans sa tête et en privé, il appelait Saori-san la cruche. Il faisait néanmoins montre de plus de respect quand ils n'étaient pas seuls. Elle était toujours la réincarnation d'Athéna et sa supérieure après tout. Et même s'il était ouvertement critique sur sa manière de diriger le Sanctuaire, il restait respectueux envers sa Déité protectrice. Enfin là, il avait plus affaire à Saori-san qu'à Athéna.

La porte à sa droite s'ouvrit violemment et claqua brusquement contre le mur avant de se refermer. Le Phoenix ne sursauta pas vraiment mais il tourna la tête pour observer Saori-san. Elle avait les joues rouges. Ses yeux pers lançaient des éclairs de colère. En fait à bien y regarder, son corps complet était tendu de nervosité et son Cosmos divin habituellement si chaud et doux était parcouru par les ondes de sa colère. Apparemment on pouvait l'énerver. Ikki le nota dans un coin de son esprit. Tremblante, la jeune femme s'avança jusqu'à la rampe qui courait le long du couloir. Ses doigts fins agrippèrent avec force le bois et elle pencha la tête pour observer le hall d'entrée un étage plus bas. Le Phoenix avait suivi sa progression des yeux, légèrement sur ses gardes. Bon, elle ne rencontrait que des hommes d'affaires, rien qui ne devait vraiment représenter un danger. Mais il comprenait pourquoi Seiya avait dit qu'elle n'était pas au top de sa forme ces derniers jours. Il décroisa les jambes et les bras. Personne ne l'avait suivie. Il supposait donc qu'elle avait eu besoin de prendre l'air ou que la négociation ne s'était pas passée comme prévu.

« T'as fini ? On peut y aller ? », questionna-t-il sans pour autant se lever. Bizarrement, il sentait arriver une réponse négative. Pourtant Saori-san ne bougea pas. Elle avait les jointures des doigts très blanches preuve de la force qu'elle mettait à serrer cette rampe.

« Non. », claqua comme réponse prévisible dans l'air. « Et je ne suis pas près d'avoir fini ! Désolée de perturber ta petite journée avec des complications dont tu n'as rien à faire. » La voix était froide mais tremblante de… Ikki n'était pas certain de savoir si c'était de la colère ou de la frustration ou une forme de tristesse. Peut-être un peu de trois. « Si tu crois qu'il est facile de faire plier des hommes sexistes et machistes... » Ah, il avait le fin mot de l'histoire. C'était eux qui l'agaçaient en fait. Pourquoi ça, il ne le savait pas encore.

« Ok. », se contenta-t-il de répondre en fermant les yeux cette fois-ci. Finalement, il devrait peut-être faire une sieste.

« Quoi c'est tout ? », Saori-san fit volte-face pour le regarder avec un léger froncement de sourcils. Le Phoenix rouvrit les yeux et il se contenta à son tour de froncer les sourcils en guise de question muette. « Pas de remarque sur ma mauvaise gestion de la négociation ? Sur mon manque de préparation ? Mon incapacité à anticiper l'adversité et à faire les bons choix ? Pas un mot ironique sur le fait que je crains comme chef et Déité ? Ou sur mon manque de connaissance en général ? »

Ikki ne prit pas la peine de répondre. Elle n'avait pas tort de toute manière. Il passait son temps à lui rappeler ses manquements, ses erreurs et à quel point certains de ses choix avaient coûté cher à ses guerriers. Il ne se montrait pas spécialement sympathique avec elle de manière générale, encore moins qu'avec Seiya, Hyoga et Shiryu. Encore que depuis quelques années, le Dragon était devenu un très bon ami. Il n'avait pas la prétention de connaître Saori-san aussi bien que Seiya et Shun la connaissaient. Après tout il était moins présent qu'eux auprès d'elle. Certes il croyait en Athéna et lui obéissait, mais à sa manière bourrue et distante. Et c'était vrai qu'il pourrait faire en cet instant une remarque ironique et désagréable sur son incapacité à gérer une négociation avec des hommes d'affaires. Et à bien y réfléchir quelques années en arrière, il n'aurait pas hésité une seconde. Mais aujourd'hui, il avait évolué. Il avait commencé à guérir ses blessures du passé.

Il cherchait à améliorer ses relations avec les autres, même si cela se limitait à Shun, Seiya, Hyoga, Shiryu et Saori. Il s'était étrangement pris d'affection assez facilement pour Shunrei. Ce qui ne serait jamais arrivé il n'y avait pas encore si longtemps. Tout comme il appréciait amicalement Shaina et Marin. Et honnêtement en cet instant Saori-san n'avait besoin de personne pour se rabaisser. Elle semblait très bien le faire elle-même. Étrangement cela éveillait le côté protecteur du Phoenix. Certes ils avaient des rapports assez compliqués, mais elle était comme une petite sœur pour lui. Derrière ses apparences de gamine pourrie et gâtée, elle était une personne adorable et humaine. Il fallait juste bien creuser par moments pour le voir. Aujourd'hui, sa relation avec la jeune femme était différente en bien des points. Il ne savait pas toujours comment lui montrer qu'il l'appréciait, ni comment gérer les émotions fluctuantes de la jeune femme par moments.

Et la colère se mua subitement en une profonde tristesse. Saori se déplaça et elle se laissa tomber sur la chaise inconfortable à sa droite. Ikki l'observait toujours avec attention. Elle semblait tout à coup extrêmement fatiguée et triste. Il se demanda si elle avait dormi suffisamment ces derniers jours. Les yeux pers se remplirent de larmes, mais elle fit un effort pour n'en verser aucune. Elle ne voulait pas paraître faible devant Ikki, ni même devant ses collaborateurs. Déjà qu'ils pensaient pouvoir l'arnaquer parce qu'elle était une jeune femme. Ils faisaient naturellement preuve de suffisant, de supériorité et de sexisme avec elle, la traitant comme une incapable qui ne pouvait pas comprendre le sujet de la réunion. Saori s'était montrée impulsive en sortant et en claquant la porte. Mais elle avait eu subitement besoin d'air. Et si elle avait voulu un peu de réconfort ou soutien, elle savait que ce n'était pas avec Ikki qu'elle en aurait. Elle pouvait sentir le regard scrutateur du Phoenix sur son être alors qu'elle luttait contre son envie de laisser tout sortir une bonne fois pour toutes : soit en pleurant, soit en criant. Elle devait être forte. Elle était Athéna après tout. La jeune femme ferma les yeux et elle serra fort les paupières. Elle se doutait qu'Ikki ne savait pas comment réagir. Et au fond elle ne lui demandait rien de plus que d'être là.

« Oh et puis merde… », grommela Ikki après quelques secondes. « Viens là. »

Saori n'eut pas vraiment le temps de réaliser que le bras du Phoenix s'enroulait autour de ses épaules. Elle se retrouva coincée dans une étreinte contre le torse de son garde du corps. Elle soupira un peu. Et finalement après quelques secondes de tension, elle se détendit. Saori se blottit un peu plus confortablement contre Ikki. La main chaude et large du Phœnix caressait lentement son épaule, dans un geste qui voulait l'apaiser. Elle l'avait déjà vu avoir ce genre de gestes avec Shun. Elle savait donc que c'était sa manière à lui de consoler les autres, de leur apporter un peu de chaleur quand il en avait besoin. Et cela fonctionnait plutôt bien. Ils restèrent un moment silencieux. C'était presque étrange d'avoir un contact physique aussi long avec lui. Mais Saori le savourait à sa juste valeur. Et elle se dit qu'elle ferait une croix au calendrier pour s'en souvenir.

« T'es toujours une cruche. », plaisanta Ikki avec un léger sourire. Il sentit plus qu'il ne vit ou n'entendit Saori-san rigoler.

« J'ai la faiblesse de penser que quand ça vient de toi, c'est affectueux comme surnom. », murmure-t-elle en relavant la tête pour croiser son regard. Il y eut un nouveau silence entre eux.

« Ouais pas faux. T'es en quelque sorte ma petite sœur. », répliqua-t-il finalement. Et il baptisa son front d'une bise légère. Il fallait vraiment qu'elle fasse une croix sur le calendrier. Elle avait eu plus d'affection de sa part en quelques minutes que pendant toutes les années passées. « Donc… Que s'est-il passé ? », questionna Ikki vaguement intéressé de savoir ce qui pouvait autant ébranler la Réincarnation d'Athéna.

« Je te l'ai dit. Ils pensent que parce que je suis une jeune femme, je suis naïve que je n'y connais rien et qu'ils vont pouvoir m'imposer leurs volontés. Ils se disent que je ne fais pas le poids, que je vais céder parce que je n'ai pas le choix… Ils m'ont aussi dit que j'étais une cruche incompétente… J'avais envie de leur rappeler que j'ai sauvé le monde, moi, avec votre aide. Et eux, que font-ils hormis se bourrer les poches d'argent ? », expliqua-t-elle avec une voix vaguement énervée. Mais Ikki ne sentait plus la même tension dans ses muscles. Finalement le câlin l'avait un peu apaisée. Il retiendrait cela pour la prochaine fois.

« Alors y a que moi qui peux t'appeler cruche ? », commença Ikki avec humour. « Ensuite, tu veux que j'élimine qui ? Promis il n'y aura pas de preuve. »

Le Phoenix était à moitié sérieux pour le coup. S'il fallait user de violence pour qu'une bande de vieillards séniles et machistes fasse preuve de respect envers Saori-san, il le ferait. C'était dans sa nature d'user de force brute en général. Bon pas tout le temps non plus, mais quand c'était nécessaire il n'hésitait pas. Il avait été éduqué pour cela après tout. Combattre était ce qu'il faisait le mieux en général. Et face à des simples Humains ce serait facile de les effrayer. Mais même s'il était en partie sérieux, il plaisantait aussi. Il espérait que son humour noir la dériderait un peu. Et au vu du léger rire qu'elle émit, Saori-san comprenait le sens de son propos. Elle bougea légèrement pour s'asseoir correctement à ses côtés. Ikki la libéra de son étreinte. Ce genre de situation aurait été improbable il y avait encore quelques mois. Mais maintenant, il se sentait attaché à elle. Saori-san était sûrement ce qui se rapprochait le plus d'une petite sœur, tout comme Shunrei le serait probablement un jour. Ikki se souvenait de son réveil après la bataille contre les Ors, des années auparavant. Il n'avait jamais oublié le sourire doux et les larmes qu'elle avait versées quand il s'était réveillé. Il se souvenait que ce moment avait lentement mais sûrement changé sa manière de la considérer. Ils en avaient fait du chemin tous les deux.

« Bon tu as le choix l'illusion du Phoenix, faire disparaître un indésirable, un coup bien placé. », ajouta-t-il avec un sourire taquin et un clin d'œil.

« Je crois que ton regard froid et menaçant suffira. », répliqua-t-elle sur le même ton que lui. « Merci, mais je pense devoir gérer cela seule. »

Saori-san lissa sa jupe et elle tourna la tête vers la porte. Elle soupira et passa une main dans sa trop longue chevelure. Elle prit le temps de se recoiffer pour se recomposer une expression des plus professionnelles. Elle avait réussi à se calmer légèrement. Elle pensait pouvoir faire illusion et faire face à la situation maintenant. Elle savait plus ou moins à quoi s'attendre. Saori ferma les yeux et elle inspira profondément. Finalement, elle ouvrit les yeux. Elle se sentait un peu mieux, même si elle serait de nouveau au combat seule contre tous. Elle avait l'habitude de l'adversité. Quoique quand elle sauvait le monde et l'Humanité, elle n'était pas seule. Ils étaient là pour la soutenir, la protéger et l'aider. Elle avait pris conscience qu'elle s'appuyait sur eux énormément, qu'ils étaient une part de son équilibre parfois précaire. Elle n'avait pas encore guéri de tous ses traumas liés aux Guerres Saintes. Son regard pers chercha le regard bleu du Phoenix. Elle eut un sourire mutin. Rien ne la forçait à y retourner seule après tout.

« En y réfléchissant bien… Peut-être que accepterais-tu de m'accompagner ? » Saori-san pointa la porte de l'index. « Avec toi près de moi, ton aura de Saint du Phoenix et ton regard… Enfin tu fais plus peur que moi. Peut-être que la discussion sera plus rapide et qu'ils seront plus prompts à accepter nos conditions. Qu'en dis-tu ? » Elle pencha légèrement la tête pour le regarder sérieusement. Elle savait qu'avec Ikki près d'elle, elle aurait plus de poids parce que personne n'avait envie de l'agacer lui.

« Bien sûr. Si ça peut t'aider. », répondit Ikki avec un sourire vaguement sadique. S'il pouvait lui rendre service et s'amuser un peu plutôt que d'attendre sur une chaise inconfortable, il n'allait pas refuser. La jeune femme acquiesça et ce fut de concert qu'ils se levèrent et entrèrent dans la pièce des négociations. La fin de matinée promettait d'être amusante.


Merci d'avoir lu.