Correctrice : Clina
Personnages : Cygne Hyoga, Phoenix Ikki, Bastet
Mention de : Andromède Shun, Pégase Seiya, Dragon Shiryu, Saori Kido, Kraken Isaac, Verseau Camus, Tatsumi
Ship : aucun
Type d'écrit : amitié, réconfort fraternel
Arc temporel : quelques années après Hadès, dans la lignée temporelle des autres OS
Lieu : Appartement de Shun à Tokyo
Nombre de mots : 3617
Titre : Cat-sitting
Le silence régnait dans tout l'appartement. Pas que Shun soit généralement du genre bruyant, bien au contraire. Mais Ikki n'avait pas eu beaucoup d'occasions de se retrouver à nouveau seul. Sauf durant son petit séjour en solitaire dans le nord du Japon. Et étrangement il n'avait pas ressenti pour une fois le besoin de fuir à l'autre bout du monde. D'une certaine manière, il avait réussi à trouver un équilibre entre son besoin de solitude et ses liens aux autres. Puis passer du temps avec les êtres qui lui étaient chers avait un effet apaisant aussi sur son âme. Finalement peut-être avait-il aussi besoin de renouer avec eux. Il avait besoin de son frère et de ses amis, ainsi que de sa cruche préférée pour être en équilibre. Cela lui avait pris du temps de guérir ses propres blessures physiques et morales, d'avancer et de trouver ce qui lui permettait de grandir encore et d'être en équilibre. Et il l'avait trouvé ici, alors qu'il avait parcouru le monde pour trouver une place où il se sentirait chez lui. Mais au fond il avait toujours su que sa maison était là où étaient son petit frère et par extension les quatre autres. Un miaulement se fit entendre près du divan le sortant de ses réminiscences.
« Tu as faim ? », demanda Ikki en regardant vers le chaton assis à ses pieds. « Tu as déjà mangé mais bon viens. »
Le Phoenix déposa son livre sur le divan et il se dirigea vers la partie cuisine. Il ouvrit le frigidaire et il en sortit du saumon et des crevettes. Il prit une petite assiette et il découpa le poisson en fins morceaux. Il y ajouta quelques crevettes avant de déposer l'assiette sur le sol. Accroupi près Bastet, Ikki flatta le dos de la chatte qui ronronnait de bonheur tout en gobant son festin improvisé. Adopter Bastet avait été une très bonne idée. Elle avait un effet positif sur son petit frère et sur l'ensemble du groupe. C'était une petite créature qui avait très vite mis son petit monde à son service. Et elle n'avait eu besoin que de quelques ronronnements et miaulements pour se faire. Les félins savaient vraiment y faire. Pour ce que le Phoenix en savait, la petite chatte grise avait réussi à séduire même les Ors, en commençant par le très froid Camus. Peut-être qu'elle portait bien son nom de divinité égyptienne. Ikki continua à flatter le dos du chaton avec un léger sourire, le son de ses ronronnements était apaisant pour lui.
« Shun sait que tu la gaves de saumon et crevettes ? », questionna la voix amusée de Hyoga. Ikki ne sursauta pas. Il avait senti le Cosmos de son ami dès qu'il avait pénétré dans l'immeuble.
« T'es entré comment toi ? », demanda le Phoenix en se relevant et en lançant un regard curieux au Cygne.
« J'ai un double des clés. », répondit Hyoga avec sourire provocateur. C'était qu'il en était fier en plus, se fit comme réflexion Ikki.
« Qui n'en a pas une, je me le demande. », commenta le Phoenix en roulant des yeux. Mais il n'était pas étonné de la part de Shun que tout son entourage proche soit en possession d'une clé de l'appartement.
« Shiryu, je crois, n'en a pas. Il faut reconnaître qu'il vient rarement et qu'on le rencontre surtout chez Saori-san donc… », répondit très sérieusement le Cygne. « Shun est absent ? », questionna-t-il.
« Il avait des examens ou un truc du genre. J'ai promis de tenir compagnie à Bastet. », répliqua Ikki en se dirigeant vers le salon. « Jeux vidéo ça te dit ? »
« Oui, volontiers. », accepta Hyoga avec un léger sourire. « Bonjour ma beauté, qu'est-ce que tu racontes ? »
Ikki lança un regard vers le Cygne qui venait de prendre avec précaution dans ses bras une Bastet à nouveau ronronnante et gavée par son en-cas improvisé. Elle fila un coup de tête affectueux au menton de Hyoga. Le Phoenix eut un léger sourire en constatant qu'elle avait réussi à faire sortir le Cygne de sa froide réserve. De toute évidence, Hyoga avait lui aussi craqué sur la boule de poils grise. Et elle devait en faire ce qu'elle voulait sans trop de mal. Pendant que le chaton et le Cygne se saluaient, Ikki sélectionna un jeu vidéo multi-joueurs. Il s'installa à même le sol, coincé entre le divan et la table basse du salon. Il eut un regard en biais pour analyser la posture vaguement tendue de son frère d'armes. Il connaissait assez Hyoga pour deviner que quelque chose devait le travailler. D'ailleurs, il était certain que le Cygne n'avait pas prévenu de sa visite à Tokyo. Shun en aurait forcément parlé, s'il l'avait su. Donc le blond devait ressentir le besoin de sortir de sa solitude habituelle.
Finalement Hyoga vint aussi s'installer à même le sol, et il attrapa la seconde manette de jeu sur la table. Bastet s'installa confortablement au milieu du canapé, couchée et ronronnante. À première vue, elle allait leur tenir compagnie et glaner quelques câlins au passage entre deux parties. Dans un silence total, Ikki lança la partie. Il n'était pas bavard de nature. Hyoga ne l'était pas non plus. Alors ce fut dans un silence religieux qu'ils jouèrent. Le Cygne perdit la première partie. Et il continua à perdre les trois suivantes. Ikki voulait bien admettre que n'ayant pas joué depuis un moment, il devait se remettre dans le jeu. Mais après cinq parties relativement courtes, qu'il gagna toutes, le Phoenix mit le jeu sur pause. Le blond était un bon joueur. Certes pas au niveau que pouvait atteindre Seiya et Shun sur certains jeux vidéos, mais ils avaient plus l'habitude d'y jouer que le reste du groupe. Donc Hyoga n'était pas concentré et quelque chose devait vraiment le perturber, vu comme il grignotait sa lèvre inférieure avec application.
« Qu'est-ce qui ne va pas ? », demanda Ikki en le fixant avec un léger froncement de sourcils.
« Rien. Tout va bien. », rétorqua Hyoga avec un haussement d'épaules.
« À d'autres. », siffla lentement le Phoenix en fronçant un peu plus des sourcils. « Je te connais. Tu n'es pas concentré. Et tu n'es pas aussi mauvais joueur d'habitude. Je peux sentir la tension émaner de ton corps. »
Les yeux bleus se posèrent lentement sur le Phoenix. Hyoga mordilla à nouveau sa lèvre inférieure déjà bien malmenée. Il hésitait à se confier au Phoenix. Ce n'était pas qu'il n'avait pas confiance en Ikki, c'était plutôt inhabituel de se confier à l'aîné de leur groupe. Ikki n'était pas démonstratif, ni sentimental. Hyoga savait qu'Andromède confiait beaucoup de choses au Phoenix. Mais ils étaient frères, et Shun avait toujours eu un traitement de faveur de la part d'Ikki. Hyoga le comprenait bien sûr. Mais il ne savait pas trop s'il avait envie d'aborder ce genre de sujet avec le Phoenix. Il était d'abord venu chercher des conseils et du réconfort auprès de Shun. Son meilleur ami avait une capacité à la bienveillance inimitable, et il savait apaiser facilement les autres en général. Puis il aurait peut-être eu quelques conseils, comme quand il l'avait tiré de force chez son Maître, lassé des hésitations du Cygne. Et il avait eu raison de le pousser. Hyoga soupira lentement et il déposa sa manette de jeu sur la table basse. Penchant la tête en arrière, il admira le plafond un moment. Les ronronnements de Bastet devenus plus forts lui apprirent qu'Ikki devait la câliner un peu.
« Tu as fait comment pour te faire pardonner auprès de Shun, après la Galaxian War ? », demanda finalement le Cygne et les yeux bleus perçants se posèrent sur le Phoenix avec une certaine curiosité.
Ikki plissa le nez. Il n'était pas réputé pour se confier aux autres, ni être du genre à s'étendre sur le côté émotionnel de sa vie. Il dissimulait ses émotions aussi bien que Hyoga. Mais si le Cygne les cachait derrière un masque froid et neutre, le Phoenix usait de la colère pour tenir tout le monde éloigné. Et généralement une bonne pique suffisait à passer l'envie de trop le questionner. Alors discuter de ce genre de choses avec Hyoga n'était pas dans ses habitudes. Mais il savait comment son ami fonctionnait. En soi s'il voulait savoir ce qui perturbait le Cygne, il allait devoir d'abord lui donner quelque chose de personnel comme information. C'était une manière de prouver sa confiance, et d'obtenir celle du blond. Sauf évidemment si on s'appelait Shun ou Seiya. Andromède obtenait quasiment tout de Hyoga avec un sourire et un regard bienveillant. Il fallait croire qu'il avait trouvé le truc pour percer toutes les barrières de protection des autres. Et Seiya avait cette intelligence émotionnelle, qui faisait qu'à défaut d'obtenir une confession spontanée comme Shun, il trouverait indirectement comment amener naturellement la conversation sur le sujet sensible. Ikki n'avait pas leur facilité en la matière. Il allait donc passer par la case Je te raconte un truc personnel pour que tu te confies à moi. Dire qu'il y avait encore quelques mois, il aurait directement laissé tomber.
« On parle de Shun. Avoir son pardon n'était pas si compliqué. », répondit finalement Ikki. Et il déposa sa manette sur la table basse. De toute évidence ils ne joueraient plus avant un moment.
« Oui mais… » Hyoga hésita en fronçant pensivement les sourcils. « Enfin tu as essayé de tous nous tuer et… tu étais l'ennemi à ce moment-là. On pouvait tous sentir ta haine et ta colère. »
« Je n'aurais pas tué Shun. », répliqua le Phoenix. « Je pouvais être en colère et me nourrir de ma haine envers la fondation Graad… Je n'aurais pas pu lui prendre sa vie moi-même, pas même quand il s'est proposé en sacrifice pour obtenir mon pardon et vous protéger… C'est juste … » Comment allait-il réussir à expliquer cela simplement ? Ikki passa une main dans ses cheveux. « J'ai vraiment cru qu'il éviterait mon coup lors du tournoi. Honnêtement, je ne pensais pas qu'il resterait figé sur place. Je m'en suis longtemps voulu pour ça. Et pour tout le reste. »
« Le reste ? », questionna lentement et prudemment Hyoga. Il avait conscience d'en avoir entendu plus qu'habituellement sur le sujet de la part d'Ikki. Et tout le monde savait à quel point le Phoenix dissimulait très profondément son ressenti et certaines choses. Le Cygne commença à flatter le haut de la tête de Bastet, s'occupant les mains et chassant un peu sa tension. La ronron-thérapie fonctionnait plutôt bien sur lui aussi.
« Eh bien… », soupira Ikki en cherchant un peu ses mots. « J'étais en colère. Je voulais me venger. J'avais vécu l'enfer pendant six ans, pour revêtir cette armure. Je voulais… Je ne sais pas trop en fait, me venger, blesser autant que je l'étais… Mais je ne voulais pas la mort de Shun. Je m'étais raccroché au fait que je devais revenir pour lui. Je l'ai toujours protégé après tout. Mais je n'ai jamais vraiment présenté des excuses. À aucun de vous d'ailleurs. Ni pour ça, ni pour ce que j'ai pu dire ou faire après qui pouvait être blessant. Au fond vous êtes très tolérants avec moi et mon sale caractère. » Ikki eut un vague sourire léger.
« Je comprends. On sait tous que ces entraînements ce n'était pas facile. Pour aucun de nous, mais toi tu as hérité du pire lieu de formation. », commenta lentement Hyoga en le fixant.
« Donc pour te répondre, je n'ai pas su m'excuser à Shun. Et je ne pense pas qu'il attendait cela de ma part. J'ai prouvé autrement que je regrettais et que j'étais présent pour lui. Pour vous. Je ne sais pas si pour le coup je me suis racheté. Peut-être que je devrais demander à notre cruche adorée son opinion sur la question. » Le Phoenix eut pour le coup un sourire taquin. « Je pense que ça ne tient pas à la manière dont tu formules tes excuses. C'est plus en fonction du lien que tu partages avec les autres, de la relation que tu tisses avec eux, de la confiance et l'affection que tu peux partager avec tes proches. Certaines choses doivent être dites. D'autres peuvent se comprendre sans mot. » Ikki se fit la réflexion qu'il devenait philosophe avec l'âge.
« Je comprends. », murmura Hyoga en cessant ses câlineries sur la boule de poils qui semblait s'être endormie.
« Et donc… Qu'est-ce qui ne va pas ? », redemanda patiemment Ikki en fixant son ami avec une certaine curiosité.
« Isaak est revenu. Et je ne sais pas… C'est compliqué avec lui. », souffla finalement Hyoga.
« Je suis censé le connaître ? », questionna le Phoenix pour la forme. Il était vraiment en train d'essayer de se rappeler qui était Isaak en général et plus particulièrement pour Hyoga.
« Dis-moi, à part nous quatre et Saori-san tu connais le nom d'autres personnes ? », le taquina le Cygne pour alléger légèrement l'ambiance.
« Tatsumi, les cinq autres Bronzes qui vivent à Tokyo, Shunrei, Marin, Seika, Shaina et les Ors. Bon et ceux à qui j'ai mis une raclée autrefois. », énuméra sérieusement Ikki. « Quoi ? Je dois connaître tout le monde ? » Hyoga eut pour le coup un léger rire amusé. Il ne s'attendait pas à une énumération complète de la part de son aîné.
« Non, je ne crois pas. Isaak s'est entraîné avec moi. C'était le second disciple de Maître Camus. Il avait un an de plus que moi et il est mort deux fois par ma faute. », expliqua Hyoga avec une voix triste.
« Deux fois ? », tenta le Phoenix avec prudence. Il sentait arriver la pente glissante de la conversation émotionnelle relativement compliquée, qui pourrait rouvrir des plaies pas totalement cicatrisées chez Hyoga. Et il n'était pas certain de savoir comment le réconforter dans ce genre de situation.
« La première fois avant que je gagne mon armure. Il m'a sauvé la vie. On l'a cru mort. La seconde fois face au pilier de l'Arctique, il était devenu Général de Poséidon. Et on a dû se combattre. J'ai gagné. », raconta difficilement le Cygne. Ikki commençait à mieux visualiser le problème. « Et là… Il a eu droit à un retour à la vie comme tout le monde. Je l'ai évité. C'est lâche, je le sais. Mais je ne savais pas quoi lui dire, comment m'excuser de ce qui s'était passé. Et… Enfin il a débarqué à l'isba, parce qu'il voulait mettre les choses à plat entre nous et il était là aussi pour Noël. C'est juste que moi… Je culpabilise toujours de ce qui lui est arrivé. Je n'arrive pas à me pardonner. Et je ne sais pas comment demander pardon. »
Et le silence tomba comme une chape de plomb sur la pièce. Ikki n'était pas certain de comment aider Hyoga. Et il savait qu'il devait choisir ses prochains mots avec précaution pour ne pas aggraver l'état de culpabilité de son ami. Il n'avait pas l'aisance de Shun et Seiya quand il s'agissait de réconforter les autres. Il était même persuadé que Shiryu et Saori-san feraient tous les deux un meilleur travail que lui à ce niveau-là. Déjà qu'il ne savait pas toujours gérer ses émotions, alors celles des autres… Bon une part de lui comprenait le Cygne, parce qu'il ressentait toujours un peu la même chose vis-à-vis de son petit frère. Sauf qu'Andromède était de nature spontanée, bienveillante, empathique et trop douce avec ses proches. Et que si Ikki n'avait su s'excuser, Shun avait fait le travail pour eux deux. Le Phoenix ne connaissait pas Isaak, il n'avait donc aucune idée de son niveau d'empathie naturelle envers Hyoga, ni du degré de leur complicité et amitié. Cela étant, apparemment, le Kraken avait fait le premier pas. Donc il ne devait pas garder une rancœur immense, vu que Hyoga semblait toujours en un seul morceau et vivant. Ils n'en étaient donc pas venus aux mains. Ce qui coinçait était cette culpabilité, qui semblait être une seconde nature chez le Cygne. Ce n'était pas nouveau en soi. Et c'était un problème sur lequel Hyoga travaillait lentement, comme lui travaillait sur sa colère.
« Ok. D'abord, il a choisi de te sauver la vie. Je ne pense pas que tu puisses t'imputer sa première mort. D'autant plus qu'il n'est pas mort. Ensuite, même si ça doit être compliqué à accepter, on était en guerre. Si tu n'avais pas gagné, il aurait gagné. Les rôles auraient certes été inversés… Mais à moins qu'un de vous deux n'ait choisi de trahir sa Déité protectrice votre combat ne pouvait se solder que par la mort d'un des deux. J'ai pas souvenir qu'on ait eu souvent l'occasion d'épargner un adversaire. », tenta d'expliquer Ikki le plus calmement possible. « Ensuite, il est venu te voir. T'as pas l'air amoché. Il n'avait donc pas l'intention de te caser la gueule… Donc le problème c'est pas plutôt ta culpabilité à toi ? »
« Tu es devenu psychologue ? », souffla Hyoga avec une grimace. Et il détourna les yeux pour observer l'image figée sur l'écran de télévision.
« Non, j'ai plus d'expérience que vous. », commenta sobrement le Phoenix.
« T'abuse. Tu as à peine un an de plus que moi. Cela ne fait pas de toi un vieux sage. », persifla Hyoga en plissant le nez.
« Tais-toi gamin et respecte ton aîné quand il te donne une leçon de vie ! », argumenta Ikki en passant une main dans les mèches blondes un peu trop longues pour les ébouriffer comme il le faisait avec son petit frère. « Sérieusement… Si les rôles avaient été inversés. S'il avait gagné et que tu étais mort, tu lui en aurais voulu une fois ramené à la vie par la volonté d'Athéna ? »
Hyoga soupira doucement. Il ne répondit pas de suite. Il se sentait toujours aussi tendu, mais il était un peu moins confus dans ses idées. Il n'aurait jamais cru que parler avec Ikki puisse l'aider à y voir plus clair et à avancer. Le Phoenix ne faisait pas de grand discours. Il ne mettait pas vraiment non plus de gants pour lui parler, bien que le Cygne devine qu'il avait essayé de choisir ses mots avec soin. C'était un effort considérable quand on savait le manque de tact volontaire d'Ikki en général avec les autres. Mais il commençait lentement à étendre son côté protecteur à d'autres personnes que son frère. Hyoga mordilla à nouveau sa lèvre inférieure tout en réfléchissant à la dernière question du Phoenix. Spontanément il aurait répondu que non. Il n'aurait pas pu en vouloir à Isaak d'avoir gagné ce combat. Il aurait sûrement volontiers pardonné à son ami d'enfance. Il pardonnait en général plus facilement aux autres qu'à lui-même. La moindre chose pouvant blesser un tant soit peu un de ses proches devenait pour lui une faute quasiment impardonnable. Hyoga secoua légèrement la tête. Ikki avait raison au fond.
« Non, je ne lui en aurais pas voulu. Je lui aurais pardonné. », confessa-t-il finalement.
« Bien. Alors arrête de culpabiliser. Profite du fait que tu peux à nouveau être son ami. Faudrait voir à un moment à arrêter de vivre dans le passé. », répliqua Ikki en attrapant sa manette de jeu. « Une autre partie ? Histoire que tu puisses sauver ce qu'il te reste d'honneur de guerrier ? » C'était une taquinerie qui mettait fin à une conversation entre eux.
« Pourquoi pas. », accepta Hyoga de bonne grâce. Il n'avait pas encore tout réglé dans son problème actuel, mais il se sentait un peu mieux d'avoir pu en parler avec le Phoenix. « Merci Ikki. Pour ton aide… »
« De rien. », répondit le Phoenix. « Par contre si tu veux une épaule pour pleurer ou un câlin pour te consoler, t'attends sagement le retour de Shun. Et les conseils en amitié, tu vois avec Seiya hein … »
Le Cygne eut un rire qui réveilla Bastet. La chatte émit pour le coup un son de désapprobation, qui lui valut une tape de réconfort sur le haut de la tête de la part d'Ikki. Hyoga se doutait que le Phoenix avait déjà puisé bien loin dans son empathie très peu développée pour tenter de l'aider. Il n'allait pas abuser. Pour des conseils plus précis et des propos plus réconfortants, il verrait avec Pégase et Andromède. Ces deux-là étaient plus à même de l'aider à choisir sa stratégie de rédemption. Et cela lui donnerait une occasion de passer un moment avec ses deux meilleurs amis. C'était toujours amusant et agréable d'être avec eux. Et ils auraient sûrement des idées très pratiques à appliquer à son problème actuel. Il restait à trouver un moment où ils seraient tous les trois disponibles. Le blond lança un regard en biais à son aîné. Ikki avait changé ces derniers temps. Il était plus ouvert et moins irascible, moins distant avec eux. Il semblait vraiment vouloir tisser une relation stable et solide avec ses frères d'armes et Saori-san. Il n'était d'ailleurs jamais resté aussi longtemps à Tokyo. Peut-être que Hyoga aussi devrait sortir plus de sa solitude, et venir passer plus de temps avec eux, ici. Cela lui manquait aussi de partager ces moments privilégiés qui avaient gravé leur amitié dans le marbre, autant que les combats qu'ils avaient menés de front face à leurs ennemis.
