Présence de mention de possession par Hadès, cauchemar et anxiété.

Correctrice : Clina

Personnages : Andromède Shun, Bastet

Mention de : Saori Kido , Pégase Seiya, Phoenix Ikki, Cygne Hyoga, Dragon Shiryu, Ophiuchus Shaina, Caméléon June, Shunrei

Ship : June x Shun

Type d'écrit : introspection, réflexion

Arc temporel : après Hadès, quelques années plus tard même, même temporalité que les autres OS

Lieu : Manoir Kido, Japon

Autre : suite de l'OS n° 16 Retrouvailles et de l'OS n° 31 Souper en tête-à-tête. On est cependant quelques mois plus tard, leur relation a donc évolué en conséquence.

Nombre de mots : 2054

Titre : Bibliothèque


La bibliothèque du manoir Kido était un lieu paisible dans lequel Shun aimait venir se ressourcer. Et puisqu'il avait habitué Bastet aux voyages en avion et à changer de lieu de vie, il la prenait volontiers avec lui quand Ikki n'était pas à l'appartement. Il n'appréciait pas d'abandonner la petite chatte seule de longues heures. Alors il lui avait appris à accepter le harnais et le transport dans un panier à chat des plus confortables. De plus elle avait ses habitudes chez Saori-san autant que chez Seiya ou au Sanctuaire. Bastet avait finalement trouvé ses marques partout où Andromède pouvait aller. Tout comme elle avait réussi à apprivoiser quasiment tout son entourage. Elle avait un énorme pouvoir de séduction. Mais malgré sa gentillesse et sa recherche d'attention, elle vouait une adoration sans borne à son maître. Si Shun était présent, plus aucun autre Humain n'existait réellement. Elle ne quittait quasiment pas le jeune homme, le suivant à la trace tout le temps. Enfin il ne pouvait pas la prendre avec lui en mission, ni lors de certaines visites comme chez Hyoga en Sibérie. Mais il savait qu'elle était heureuse et traitée comme une reine par Seiya et Shaina, ou même Ikki.

Aujourd'hui ne faisait pas exception. Shun était venu trouver refuge ici pour apaiser un peu ses pensées et son âme. Sa conversation de la veille avec son frère aîné l'avait déjà un peu apaisé. Mais il ne pouvait s'empêcher de se stresser. L'anxiété était devenue monnaie courante pour lui depuis la fin des Guerres Saintes. Avant cela il était bien sûr sujet aux doutes, au stress et à l'inquiétude avant et pendant les combats. Mais sa possession par Hadès avait bousculé bien des choses en lui. Certes sur le moment, il avait lutté et il avait même réussi à reprendre le contrôle et à manipuler la Déité olympienne suffisamment pour permettre à Ikki de le rejoindre. Il avait un plan en tête à ce moment-là. Et une fois libéré de l'emprise du Dieu grâce au sang d'Athéna, il avait continué le combat. L'urgence de la situation ne lui avait pas laissé le temps de réfléchir, ni de s'apitoyer sur son sort. Il devait aider ses frères et sauver sa Déité protectrice et accessoirement sa sœur spirituelle. Alors ce n'était que bien après le combat final, quand il s'était réveillé à l'hôpital avec les autres, qu'il avait réalisé ce qu'il avait traversé.

Et cela avait commencé par les cauchemars et puis l'anxiété chronique. Il avait tenté d'enterrer tout cela, de le dissimuler aux autres. La culpabilité d'avoir était l'hôte de Hadès le rongeait aussi. Mais rien ne restait bien longtemps secret avec ses frères et Saori-san. Ils lui avaient laissé du temps au départ, peut-être imaginant qu'il s'ouvrirait de lui-même à eux. Puis chacun à leur manière, ils avaient réussi à le faire parler. Quand il cauchemardait et qu'il s'éveillait en sursaut la nuit, il avait toujours un de ses frères près de lui. Ils le forçaient à penser à autre chose, à s'occuper l'esprit. Et petit à petit Shun avait fini par mettre des mots sur ses problèmes, par oser en parler ouvertement avec eux. Cela avait pris du temps, beaucoup de temps. Et pendant tous ces longs mois voire ces années, il était resté loin des autres Saints et loin de certaines personnes dont il avait pourtant été proche autrefois, comme June. Il avait dû se reconstruire et faire la paix avec lui-même. Le retour à la vie de tous les Guerriers Sacrés grâce au dévouement et à l'amour d'Athéna l'avait aussi fortement aidé à aller de l'avant.

Et Shun savait ce qu'il devait à sa famille, de sang et de cœur. Il ne savait pas toujours comment les qualifier, même s'ils connaissaient tous aujourd'hui leur vrai lien. Mais ce qui faisait d'eux une famille tenait plus de ce qu'ils avaient partagé enfants et de leurs combats côte à côte. Et ils l'avaient aidé sans aucun reproche quant aux pertes pour certains, ni sans le juger ou le presser d'avancer plus vite. Ikki était resté plus longtemps que prévu, alors qu'il était du genre à disparaître une fois tout le monde réveillé. Il avait été patient et protecteur avec Andromède, ne posant aucune question, mais étant apte à tout entendre quand Shun avait besoin de parler. Tout comme il le consolait et il acceptait ses gestes affectueux pour le réconforter. Les mots n'avaient jamais été le fort de son frère aîné de toute manière, sa présence était déjà énorme pour lui. Hyoga avait aussi été une présence silencieuse mais consolatrice et réconfortante à sa manière. Malgré la perte de son Maître à nouveau, il avait su aider Shun. Et Andromède avait la faiblesse d'imaginer qu'il avait un peu apaisé la douleur du deuil et aussi la culpabilité de son ami.

Shiryu s'était aussi montré d'un grand secours, l'invitant à séjourner un peu avec Shunrei et lui à Rozan. L'ambiance paisible et la nature lui avaient permis de se recentrer. Shiryu avait aussi beaucoup perdu, mais il avait une certaine sagesse et philosophie de vie. Il trouvait facilement les bons mots pour calmer les tourments de Shun. Et la présence douce et gentille de Shunrei l'avait aussi énormément aidé. Elle n'avait jamais posé aucune question. Elle était juste là pour les consoler et s'occuper d'eux après une journée de randonnée en montagne ou d'entraînement. Une fois plus calme, il avait fait le choix de rentrer à Tokyo. Et il avait été accueilli par Saori-san et Seiya. Il avait pu renouer son amitié avec Pégase. Si c'était sur les conseils de la Réincarnation d'Athéna qu'il avait entrepris des études, payées par la Fondation Graad, c'était à Seiya qu'il devait son hygiène de vie et ses petits rituels quotidiens. C'était Pégase qui l'avait convaincu de s'entraîner au moins trois fois par semaine avec lui. C'était lui, qui le forçait à sortir le nez de ses cahiers pour s'amuser. Il l'avait initié aux jeux vidéos et de plateau. Shun passait beaucoup de temps avec Seiya, et par ricochet il s'était aussi lié d'amitié avec Shaina. Alors oui, si aujourd'hui il allait mieux et qu'il guérissait son âme lentement depuis quelques années, c'était à eux qu'il le devait totalement.

Et maintenant qu'il allait mieux, que les cauchemars avaient presque disparu et qu'il avait sa petite vie bien ritualisée et sa chatte, il pouvait avancer et s'ouvrir à de nouvelles relations. Ou il pouvait renouer avec d'autres personnes, qui avaient autrefois fait partie de sa vie. Et c'était à ce moment-là que June était revenue dans sa vie. Il pouvait dire que le Destin faisait bien les choses parfois. Andromède eut un sourire. Et il se laissa tomber allongé sur le dos au sol. Shun soupira et il ferma les yeux. Il avait été surpris de la trouver ce jour-là devant son immeuble. Mais il avait été heureux de pouvoir partager cette semaine complète avec elle. Ils avaient renoué leur lien d'enfance, et ils avaient pu découvrir ce qu'ils étaient devenus tous les deux. Certes ils se croisaient parfois au Sanctuaire, mais ils n'avaient jamais osé se parler depuis la fin des Guerres Saintes. Et June n'avait pas caché qu'elle avait toujours les mêmes sentiments pour lui. Elle lui avait autrefois clairement dit qu'elle était amoureuse de lui. Mais Shun n'avait pas répondu. Et sa seconde déclaration l'avait un peu pris de court sur le moment. Pourtant elle lui avait laissé le temps d'y réfléchir. Mais il comprenait aussi son besoin d'avoir une réponse un jour.

Et June lui manquait depuis son retour au Sanctuaire. Cela faisait déjà quelques mois qu'ils avaient pu partager ce moment hors du temps tous les deux. Shun en avait parlé à demi-mot comme toujours avec Seiya et Shiryu. Ils étaient tous les deux en couple depuis des années, et ils avaient été de bon conseil. Il avait mis plus de temps à s'ouvrir à Ikki. Bon il était un peu paniqué la veille, donc il avait bien dû avouer ce qui le rendait si nerveux. Et c'était amusant de constater que cela n'avait même pas surpris son frère aîné. Apparemment Andromède était un livre ouvert pour ses proches. Shun déposa une main sur ses yeux et il émit un autre soupir. Il entendit plus qu'il ne vit Bastet sauter en bas de son fauteuil et trottiner vers lui. Le petit nez rosé et froid toucha son front. Il sentit la langue râpeuse le lécher avec application. Un léger sourire naquit sur ses lèvres, et le ronronnement intensif réussit à l'apaiser un peu. De sa main libre, Shun flatta la tête de la petite chatte grise. Il avait de la chance de l'avoir. Il le savait. Elle était son meilleur soutien, toujours présente et avec un amour immense pour lui, qu'il lui rendait bien.

June était omniprésente dans ses pensées depuis quelques semaines. Pour retrouver leur amitié d'origine et mettre au clair ses propres sentiments, Shun avait opté pour la correspondance épistolaire. Ils s'échangeaient plus ou moins une lettre par semaine. C'était facile puisque leur correspondance se retrouvait dans le courrier hebdomadaire que Saori-san échangeait avec le Sanctuaire. La jeune femme avait accepté de jouer la factrice pour le coup. Au départ, les lettres étaient plutôt courtes et simples. Shun y racontait ses journées. Il parlait surtout de Bastet et de quelques anecdotes par-ci par-là. June répondait en parlant des dernières nouvelles du Domaine Sacré ou de ses missions, généralement très courtes. Et peu à peu les lettres s'étaient allongées. De simples faits narrés, ils étaient passés à parler de leurs pensées, leur rêve de futur et d'autres choses plus subtiles, et intimes. Peut-être que le Caméléon avait été la première à glisser des marques d'affections, d'abord timides et courtes. Puis les phrases avaient été plus longues, plus directes aussi. Et Shun se doutait qu'elle devait croiser les doigts pour ne pas avoir été trop loin à chaque fois, pour ne pas le brusquer dans ses aveux amoureux répétitifs.

Quand avait-il lui-même commencé à glisser des sous-entendus amoureux ? Il n'était pas certain. Cela tenait à la tournure de ses phrases, à des détails doux et tendres qu'il glissait aussi. Il prenait soin de ce qu'il disait et il était attentif à ce qu'elle lui racontait, n'oubliant jamais de demander des nouvelles sur certains sujets qui tenaient à cœur à son amie. Peu à peu, il avait compris. Et il avait mis les bons mots sur ses sentiments. Il était amoureux de June. Et ça ne datait pas d'hier, mais c'était probablement né d'une amitié d'enfance qui avait évolué avec les années. Il était envieux de la relation que Seiya et Shaina partageaient, même de celle de Shiryu et Shunrei. Il avait envie de partager cela avec June. Mais il ne savait pas comment lui avouer ses sentiments, pourtant il les savait plus que réciproques. Elle s'était déjà confiée sur le sujet deux fois. C'était assez spontanément qu'il avait fini sa dernière lettre par un Tu me manques. Je t'aime. Et il avait hésité à la recopier sans l'aveu. Mais il l'avait cachetée et envoyée. Et maintenant il angoissait de sa réaction.

La porte de la bibliothèque s'ouvrit doucement. Au bruit feutré de pas sur le tapis, il savait qu'elle était pieds nus. Sans cérémonie, mais avec beaucoup de grâce, Saori-san s'installa à même le sol près de lui. Il ne bougea pas de suite, mais il retira son bras pour pouvoir observer sa sœur de cœur. Avec un léger sourire, elle lui présenta une jolie enveloppe blanche. Il savait qui était l'expéditrice. Il mordilla nerveusement sa lèvre inférieure. Il attrapa du bout des doigts le pli, qui lui était destiné. Sa nervosité revenait. Il espérait vraiment que son aveu maladroit et tant attendu par June avait été bien accueilli. Il aurait quand même pu faire une plus belle déclaration. Les yeux émeraude rencontrèrent le regard pers qui le fixait avec toute la douceur et la tendresse fraternelle qu'elle avait pour lui et les autres. Il savait qu'elle avait deviné son trouble et la raison de son état émotionnel un peu chaotique. Andromède soupira et il s'assit. Hésitant, il finit quand même par ouvrir la lettre, alors que Saori-san jouait un peu plus loin avec Bastet. Une légère rougeur et un joli sourire apparurent sur les traits fins et pâles de Shun.