Correctrice : Clina

Personnages : Saori-Athéna, Cygne Hyoga

Mention de : Dragon Shiryu, Andromède Shun, Phoenix Ikki, Pégase Seiya

Ship : aucun

Type d'écrit : réconfort, famille (fraternelle)

Arc temporel : quelques années après Hadès, dans la lignée temporelle des autres OS, suit l'OS n°25

Lieu : Lieu d'entraînement de Hyoga, Sibérie

Nombre de mots : 3377

Titre : Repas hivernal


Hyoga la fixait du coin de l'œil depuis de longues minutes. Si elle avait confessé être venue se réfugier à ses côtés pour apaiser son esprit et ses émotions, elle n'avait pas explicité les causes de ce besoin soudain. Ô sa présence n'était pas dérangeante. Saori avait surtout dormi depuis son arrivée quelques heures plus tôt. Cela avait même été assez simple de la pousser dans les bras de Morphée. Et pour une fois, elle semblait aussi épuisée physiquement et mentalement que Shun. Et c'était bien la première fois que Hyoga découvrait des similitudes entre eux. Mais cela était tellement évident à ses yeux en cet instant. Andromède et la Réincarnation d'Athéna avaient en commun l'esprit de sacrifice, de protection de leurs proches, le don de soi, une certaine bienveillance aussi. Ils ne se plaignaient jamais quelle que soit la situation. Ils apportaient une certaine forme de réconfort à tout le monde. Sauf que Shun était quand même plus doux et gentil de caractère que Saori. Et tout comme son meilleur ami, la jeune femme avait l'art de ne pas parler de ses problèmes. Pour des raisons certes différentes, mais tous les deux ne demandaient pas facilement de l'aide bien qu'ils soient toujours présents pour les autres.

Ah et le Cygne se dit qu'il pouvait ajouter le côté têtu à la liste des points communs des deux autres. Cela étant, il était plus facile de comprendre Shun pour lui et de savoir comment l'aider, même quand son frère préférait ne rien dire. Peut-être parce qu'ils avaient une complicité fraternelle fusionnelle depuis toujours. Ils en avaient vécu des choses enfant et adolescent ensemble, tous les cinq. Cela avait toujours contribué à leur lien et leur complicité naturelle. Et c'était bien avant d'avoir conscience tous à quel point ils étaient réellement liés. Les épreuves les avaient soudés, mais Hyoga croyait que c'était surtout le temps passé ensemble qui avait compté dans la construction de leur relation fraternelle si solide. Mais Saori était d'un autre niveau qu'eux. Certes Hyoga avait assez vite compris ce qu'elle espérait partager avec eux, et à quel point elle peinait à y arriver. Elle avait énormément changé durant les Guerres Saintes et après. Et pas uniquement en tant que déesse Athéna, même si cela avait bien sûr joué dans son évolution et sur sa personnalité.

Mais il savait tout comme ses amis, que Saori avait changé à leur contact; et parce qu'elle désirait quelque chose qu'elle n'osait ni demander, ni avouer à voix haute. Et pourtant ils avaient tous compris avec le temps ce qu'elle peinait à conserver secret comme vœu aujourd'hui. Ce que Hyoga ne comprenait pas en revanche, c'était pourquoi elle gardait cette distance avec eux alors qu'elle désirait l'inverse. Étrangement ce n'était pas très compliqué de considérer Saori comme une sœur. Et plus le temps passait, plus c'était facile de l'aimer comme telle. Ils construisaient leur petite famille ensemble, et ils commençaient à l'intégrer plus dans leurs réunions et à leurs activités communes. Ils essayaient vraiment qu'elle se sente bien avec eux et en famille. Et elle semblait en avoir bien besoin, elle qui avait le poids du monde sur les épaules. Alors il espérait vraiment que ces quelques jours passés ici avec lui en tête-à-tête lui permettrait de mieux comprendre la place importante qu'elle avait dans sa vie et celle de ses amis, qu'elle pourrait se relaxer et se sentir apaisée et en sécurité. Et peut-être qu'elle se confierait sur ce qui assombrissait autant ses pensées ces derniers temps. Même si Hyoga voulait bien parier qu'elle se confierait plus facilement à Shun qu'à un autre. Andromède avait l'art de récolter les confidences des autres sans rien faire. C'était un peu son super pouvoir.

« Il doit rester théoriquement quelque chose de la pomme de terre quand tu l'as épluchée », la taquina-t-il avec un léger rire.

« Il reste quelque chose ! », pointa Saori en lui mettant le légume sous le nez.

« À peine de quoi faire une frite ! », répliqua Hyoga amusé. « Tu vas me ruiner en nourriture si tu restes trop longtemps… » Il était faussement dramatique. Ce n'était pas non plus comme s'il payait lui-même la nourriture et le logement, puisqu'il dépendait du Sanctuaire et de la Fondation Graad.

« Tu m'excuseras, je n'ai jamais dû éplucher un légume de ma vie ! », bouda légèrement la jeune femme en attrapant une autre pomme de terre, qu'elle commença à éplucher au couteau économe.

« Et j'avais dit que je pouvais cuisiner seul. Tu pouvais juste mettre la table. », commenta Hyoga avec un sourire amusé.

« On a déjà eu cette conversation. Et on était d'accord, me semble-t-il, pour que j'aide. », ne lâcha pas Saori.

Ah le côté têtu revenait au grand galop, et la petite voix irritante de la gamine trop gâtée aussi. Elle ressemblait plus en cet instant à l'enfant capricieuse de ses souvenirs qu'à la réincarnation d'Athéna. Et Hyoga hésita à la pousser dans ses derniers retranchements. Mais autant il le faisait avec ses frères et amis, autant il n'était pas certain du résultat avec elle. De plus la mettre à mal n'était pas non plus son but. Le Cygne n'oubliait pas qu'elle était ici pour se ressourcer. Il lui tira la langue comme un gamin, avant de s'intéresser à sa partie de la préparation. Dire qu'au départ il lui avait juste demandé d'éplucher les pommes de terre et les légumes. Et il avait pensé que ce serait une tâche simple et facile, qu'elle ferait rapidement. Seulement en vrai il lui fallait quasiment dix minutes, voir plus, par pomme de terre, et il ne restait pas grand chose une fois que Saori avait fini. Mais elle n'en démordait point. Elle allait faire sa part du travail. Finalement Hyoga avait commencé à laver, éplucher et découper les autres légumes. Il espérait quand même qu'ils pourraient avoir un repas chaud avant la nuit… Quoique vu la vitesse de travail de sa sœur adoptive, ce n'était pas encore gagné !

« Aïe », murmura Saori, laissant tomber la pomme de terre et le couteau dans la bassine. L'eau éclaboussa minutieusement la table, le sol et les vêtements de la jeune femme.

« Tu t'es coupée ? », questionna Hyoga en l'observant.

« Non ! Je vais bien. », répondit trop rapidement et presque agressivement la jeune femme, qui tenait toujours sa main.

Le Cygne voyait les perles carmin rouler lentement entre ses doigts et tomber presque silencieusement sur la table en bois. Il fronça des sourcils. Mais Saori ne desserrait pas la main et elle ne lui accordait aucun regard. Elle tentait vainement de rester digne comme si elle ne venait pas de se couper avec le couteau. Et Hyoga devina qu'elle attendait qu'il détournât son attention pour observer elle-même son doigt blessé. Ils restèrent immobiles et silencieux durant quelques minutes. Le Cygne soupira discrètement et il déposa son propre couteau sur la table, avant de prendre un linge propre pour essuyer l'eau et les petites gouttes rougeâtres. Il ne fit aucun commentaire sur le fait qu'elle venait de salir la cuisine. C'était inutile. Saori devait s'en vouloir et se sentir bien inutile en cet instant. Après tout, elle avait constaté à quel point elle peinait à faire une tâche simple, et sa lenteur retardait inévitablement l'heure du repas. Et maintenant sa maladresse lui valait de s'être blessée.

« Montre-moi ta main. », demanda Hyoga le plus gentiment possible.

« Non. Je vais bien. », répliqua vertement Saori, même si sa voix tremblait un peu.

« Saori-chan… », murmura doucement le Cygne en tendant la main pour repousser les mèches trop longues derrière lesquelles elle se dissimulait. « Tu me fais confiance non ? », demanda-t-il gentiment.

La jeune femme tourna la tête. Et elle acquiesça. Elle avait une confiance aveugle en lui. Hyoga le savait. Il l'avait sauvée plus d'une fois. Il serait mort pour la sauver, tout comme leurs frères. Et Saori savait que ce n'était pas uniquement parce qu'elle était Athéna. Lentement la main de Hyoga prit son poignet et elle libéra sa main ensanglantée. Le Cygne observa la blessure avant de mettre un autre linge propre autour de sa main. Elle ne s'était pas ratée. En même temps, elle ne faisait jamais les choses à moitié. En général avec Saori c'était tout ou rien. Il l'attira par le poignet vers la pièce d'eau où se trouvait la trousse de premiers soins et les médicaments. Ils s'étaient de nouveau murés dans le silence tous les deux. Hyoga lui indiqua le tabouret sur lequel s'asseoir avant de prendre de quoi nettoyer la plaie. Avec douceur, il retira le linge mis autour de sa main. Agenouillé face à elle, le Cygne prit le temps de nettoyer et désinfecter correctement la coupure. Il trouva de quoi refermer la plaie avant de lui faire un joli pansement autour du doigt.

« Et voilà. Dans quelques jours cela aura disparu. », commenta-t-il avec un léger sourire. « Et tu auras une preuve de ton combat contre les légumes ! »

« Merci. », souffla lentement Saori. « Je suis désolée. »

« Pourquoi ? Tu ne l'as pas fait exprès. Ça arrive de se couper quand on cuisine. », temporisa Hyoga en rangeant les pansements dans la boite métallique de premiers secours.

Quand il releva les yeux sur elle, il constata qu'elle pleurait silencieusement. Les yeux pers étaient remplis de larmes qui roulaient silencieusement sur ses joues pâles. Saori fixait le sol sans réellement le voir. Et Hyoga supposa que les larmes étaient dues à autre chose qu'à sa petite coupure au doigt. Bien qu'elle ne se soit pas ratée et que l'entaille soit quand même profonde, elle avait connu de pires blessures physiques que cette petite coupure. Les seules fois où le Cygne l'avait vu verser des larmes étaient sur leurs blessures à eux ou pour l'Humanité, qu'elle protégeait au mieux mettant volontiers sa vie en jeu pour cela. Mais elle ne pleurait jamais sur elle-même. Et à nouveau Hyoga se demanda ce qui pouvait la mettre autant à fleur de peau, l'atteindre à ce point qu'elle verse des larmes et ait les pensées bien sombres. Et une nouvelle fois, il n'était pas certain de comment réagir.

Avec les autres il savait comment leur remonter le moral. Avec Seiya, il utilisait l'humour et la taquinerie pour ramener un sourire sur le visage de son ami. Avec Shiryu, une simple main réconfortante sur l'épaule suffisait à l'aider à se reprendre. Ikki n'était jamais vraiment à consoler, et il ne laisserait sûrement que son petit frère l'approcher de toute manière dans ce genre de situation. Mais s'il avait le moral en vrac, il suffisait de provoquer l'esprit de compétition du Phoenix. Et en général avec Shun cela passait par un contact physique réconfortant, à défaut d'avoir facilement les mots qu'il fallait. Hyoga n'était pas doué avec les mots. Il le savait. Et honnêtement, d'habitude, ce n'était pas lui qui la consolait. C'était un rôle qui revenait plutôt à Seiya et Shun, qui vivaient près d'elle quasiment toute l'année. Et ils étaient les deux seuls à initier spontanément un quelconque contact physique avec Saori. Cependant cela avait fonctionné quelques heures plus tôt. Elle était même venue d'elle-même se blottir contre lui, l'utilisant comme oreiller improvisé. Donc elle ne serait pas contre un câlin réconfortant.

« Viens là. », murmura Hyoga en se redressant.

Il l'attira vers lui et il l'enferma dans une étreinte fraternelle réconfortante. Peu importait pourquoi elle pleurait, elle avait besoin de réconfort, sécurité et fraternité. Et cela il pouvait lui offrir. Il sentit les bras de sa sœur entourer son cou alors qu'elle posait son front contre son épaule. Lentement, Hyoga caressa son dos, comme il le faisait pour consoler Shun quand il le fallait. Il la sentit sangloter et trembler quelques minutes contre lui, installée sur ses jambes alors qu'il l'enlaçait toujours. Le Cygne se contenta de la laisser pleurer tout son saoul, sans un mot ou une question. Il n'avait pas besoin d'explication pour remplir son rôle de frère aîné auprès d'elle. Il était présent et protecteur autant que possible. Sa main libre continuait de cajoler son dos en essayant de ne pas trop emmêler sa très longue chevelure. Le silence s'étira de longues minutes, uniquement brisé par les sanglots de Saori. Peu à peu ces derniers s'espacèrent. Pour autant, Hyoga ne la libéra pas. Il continua de la cajoler en espérant faire disparaître toute la tension de son corps. Une fois ses pleurs calmés, Saori ne bougea pas. Elle ferma un instant les yeux, le front toujours appuyé contre l'épaule du Cygne.

« J'ai mouillé ton tee-shirt. Désolée. », s'excusa à nouveau la jeune femme.

« Ce n'est rien. », répondit doucement Hyoga en arrêtant sa caresse dans son dos. « Tant que tu te sens mieux, c'est le principal. » Et il ne pouvait qu'espérer qu'il l'avait consolée un minimum.

« Oui, grâce à toi. », confirma la jeune femme en s'éloignant un peu pour rencontrer le regard azuré de son frère adoptif. « Et je te remercie à nouveau pour cela. »

« Tu n'as pas à le faire. Je serai toujours là pour toi, tu le sais. », murmura Hyoga en posant son front contre celui de Saori. « Et pas uniquement parce que c'est mon job en tant que Saint d'Athéna. »

« Je sais. », répondit-elle avant d'enlacer à nouveau sa nuque. Une légère bise s'échoua sur sa tempe entre les longues mèches de Saori. Elle soupira lentement. Et elle ferma à nouveau les yeux quelques secondes.

« C'est étrange, j'aurais cru que tu dégagerais du froid plutôt que de la chaleur. », déclara-t-elle subitement. Ce qui leur provoqua un rire à tous les deux. Hyoga desserra lentement son étreinte, lui permettant de s'éloigner si elle le désirait. Pourtant Saori ne bougea pas de suite.

« Hum… Je ne dévoilerais aucun de mes trucs secrets ! », plaisanta Hyoga et il la sentit légèrement rire contre lui. Après quelques minutes supplémentaires, Saori se détacha de lui et elle s'installa assise à même le sol face à lui. Elle avait les yeux encore un peu rougis de ses larmes, mais un léger sourire flottait sur ses lèvres. « Allez, tu as gagné le droit de te laisser dorloter. Je vais finir de préparer le repas. »

« Parce que je suis nulle pour éplucher les légumes ? », demanda-t-elle.

« Non, tu as une blessure de guerre ! Tu mérites le repos du guerrier. », plaisanta le Cygne avec un clin d'œil.

« Hum... d'accord. », abdiqua finalement Saori. Il fallait vraiment qu'elle demandât à quelqu'un de lui apprendre un ou deux trucs en cuisine. « J'aurais quand même droit au chocolat chaud en dessert ? »

« Bien sûr. C'est sacré le chocolat chaud le soir face au feu. », confirma Hyoga. Il déposa un baiser sur le haut de sa tête avant de se remettre debout. Il lui présenta la main pour l'aider à se relever aussi. Saori accepta son aide avec un léger sourire.

« Tu ne me demandes pas pourquoi… », commenta-t-elle lentement. Saori papillonna des yeux. Si Hyoga lui posait la question, elle répondrait sincèrement. Elle lui devait bien cela après tout, non ?

« Nope. », répliqua le Cygne en se détournant. « Si tu veux en causer, je t'écouterais bien sûr. Mais je n'ai pas besoin de savoir pourquoi tu pleures. Je suis là pour te réconforter. Enfin sauf s'il faut aller mettre une raclée à quelqu'un qui t'a fait du mal… » Le Cygne lui lança un regard curieux. Et il était très sérieux en le disant.

« Trop tard, Ikki s'en est chargé. », répondit Saori avec un sourire amusé au souvenir. « C'était assez amusant à observer. », papillonna-t-elle avec son air le plus innocent.

« Mince. Bon je ferais le grand frère surprotecteur une autre fois alors. Pas de raison qu'il soit le seul à remplir ce rôle. Il le fait déjà avec Shun en plus, lui...», déclara Hyoga faussement vexé. Au moins elle n'avait pas affronté ses problèmes toute seule.

« Grand frère ? », répéta lentement Saori avec une pointe d'interrogation dans la voix.

« Oui, j'ai un an de plus que toi. Donc je suis l'aîné », affirma Hyoga, bien qu'il se doutât que ce n'était pas sur son droit d'aînesse qu'elle tiquait.

Le Cygne quitta la salle d'eau et il retourna dans la partie cuisine. Il nettoya la table correctement. Puis il termina d'éplucher les pommes de terre pour les mettre à cuire dans de l'eau avec un peu de sel. Il mit ensuite le poisson à griller et les autres légumes dans une casserole avec de l'huile et des herbes aromatiques. Hyoga lança un bref regard vers la pièce dans laquelle Saori était restée. Peut-être avait-elle besoin d'un moment seule pour se recomposer une expression plus neutre ? En tout cas, elle ne pleurait plus. Il l'aurait entendue. Il regarda à nouveau ses préparations pour mélanger doucement et retourner les deux filets de poissons. Il entendit la jeune femme revenir dans la pièce principale silencieusement. Quelques secondes plus tard, il sentit ses bras l'enlacer à nouveau et une bise échouer sur sa joue. Pris par surprise il en lâcha sa cuillère en bois. Saori n'initiait quasiment jamais un contact physique. Elle le libéra presque aussitôt.

« Wow tout ça pour du chocolat chaud ? », la taquina-t-il avec un léger sourire et un clin d'œil complice.

« Idiot ! », répliqua-t-elle gentiment en le frappant sur l'épaule. Il savait que ce n'était pas pour ça. Mais c'était sûrement la première fois qu'un de ses frères de cœur formulait à voix haute leur lien fraternel. Et cela devait avoir un prix immense à ses yeux, elle qui avait toujours rêvé de cette relation fraternelle avec eux sans oser vraiment l'espérer.

« Les assiettes et les couverts sont dans le placard. Fais ta part maintenant. », commanda avec amusement le Cygne.

Saori eut un léger rire, mais elle obtempéra. Pourtant elle ne devait pas souvent recevoir des ordres, elle qui était l'héritière unique de la famille Kido et la réincarnation d'Athéna. Les yeux bleus l'observèrent quelques secondes. Elle semblait avoir retrouvé son entrain habituel et le sourire. Peut-être qu'avant son départ elle lui confierait ce qui la chagrinait. Ou alors elle irait se confier à Shun. C'était toujours plus simple de parler avec lui. Mais cela importait peu. Hyoga voulait juste la distraire et l'aider à se sentir mieux. Pendant qu'il surveillait la cuisson du repas, Saori mit la table aussi impeccablement qu'au manoir quand elle recevait. Cela arracha un sourire amusé à Hyoga quand il constata qu'elle mesurait réellement la distance correcte entre les verres, les assiettes et les couverts.

« Demain je t'emmène visiter le village. Ensuite j'aurai un truc à te montrer, je suis certain que tu vas adorer. », proposa Hyoga quand il commença à servir le repas, alors que Saori s'installait à sa place.

« Avec plaisir. La région semble très belle. », répondit-elle avec un léger sourire.

L'idée d'avoir des vacances lui plaisait. Cela l'aiderait sûrement à se calmer et se reposer un peu. Elle se sentait fatiguée en cet instant, mais plus apaisée. Près de Hyoga elle avait la même impression de protection et de réconfort qu'avec les autres. Et elle avait vraiment besoin d'eux en ce moment. Alors elle profiterait de son temps ici pour renouer un peu plus leur lien fraternel. Tout le monde avait besoin d'une famille, même la réincarnation de la déesse Athéna. Et elle avait la chance de les avoir. Il ne tenait qu'à elle de développer ce lien précieux dont elle avait toujours rêvé. Cela signifiait qu'elle devait s'ouvrir à eux, se montrer humaine et parler de ses manquements, peurs et doutes alors qu'on lui avait appris l'inverse. Elle devait aussi se montrer plus proche d'eux, peut-être être moins froide et moins neutre. Saori goûta lentement son plat tout en réfléchissant.

« C'est délicieux. », commenta-t-elle surprise. En général les autres disaient que les plats de Hyoga étaient immangeables.

« Je te rappelle que tu as promis de garder le secret sur mes donc culinaires. », répondit le Cygne avec un clin d'œil complice. Il était certain qu'avec elle son secret était sauf !