Correctrice : Clina
Personnages : Fenrir d'Alioth, Syd de Mizar
Mention de : Freya de Polaris, Hilda de Polaris, Siegfried de Dubhe, Mime de Benetnash, Thor de Phecda, Alberich de Megrez, Bud d'Alcor
Ship : aucun
Type d'écrit : amitié
Arc temporel : Après la résurrection de tout le monde, quelques années après la fin de l'animé.
Lieu : Forêt asgardienne
Titre : Sentier de traverse
C'était devenu une routine entre eux au fil des semaines qui s'égrainaient lentement dans un paysage arctique uniquement marqué par les saisons. Si au départ Syd n'y avait vu qu'un moyen de mieux connaître Fenrir et son monde, il avait appris à apprécier leurs longues promenades en forêt. Le Tigre Noir découvrait un monde, qui lui était inconnu ou du moins sur lequel il n'avait que des connaissances basiques et communes, comparé à son frère d'armes. Mais depuis qu'il errait dans les sous-bois avec le Loup du Nord, Syd avait appris beaucoup de choses sur les plantes comestibles ou médicinales et sur les divers habitants des forêts. Tout comme il avait découvert que retrouver son chemin, trouver une source d'eau potable ou un abri demandait de s'y connaître un minimum. Et il avait de plus en plus d'admiration pour le savoir ancestral que Fenrir avait acquis en vivant avec la meute. Tout comme il comprenait mieux que cela avait dû être compliqué de survivre seul enfant en ces lieux. D'ailleurs son ami arrivait toujours à lui faire admirer des animaux sauvages au plus près. Cela leur demandait bien sûr de faire preuve de discrétion, de patience et de silence pour pouvoir les observer sans les effrayer, ni les perturber. C'était d'ailleurs grâce à Fenrir, que Syd avait eu l'occasion de voir de près et sans les déranger une meute de loups, des renards et certains oiseaux des sous-bois, ainsi que des troupeaux de cervidés. Et en passant autant de temps dans les sous-bois, il avait pu découvrir les diverses robes que pouvait revêtir la forêt au fil des saisons : passant du vert et coloré de l'été à son manteau de neige en hiver, en passant par les robes aux teintes chaudes de l'automne. Et c'était un tableau naturel et féerique sans cesse renouvelé par la magie de Mère Nature, qui rendait unique chacune de leur escapade en ces lieux.
Mais ce qui rendait vraiment ces randonnées forestières précieuses aux yeux de Syd, c'était la complicité qu'il avait tissée peu à peu avec Fenrir. Au fil de leurs errances, ils étaient devenus amis. Ce qui représentait un grand pas en avant, si on considérait la méfiance instinctive du Loup du Nord envers les autres Humains, qu'ils soient Guerriers Divins ou non d'ailleurs. Mais au fil des mois, Fenrir s'était peu à peu ouvert aux autres, et il commençait doucement à se lier avec les Guerriers Divins. Cela étant, ses affinités sociales et amicales se limitaient pour le moment à la reine Hilda, la princesse Freya et les sept autres Guerriers Divins. Encore qu'il ne soit pas ami avec tous, mais il avait accepté la présence et l'aide de Siegfried, Thor et Alberich. De plus, il semblait que les dons musicaux de Mime l'intriguaient. Avec le temps, Syd supposait qu'il se trouverait aussi des affinités avec les autres. Et peut-être finirait-il par tous les considérer comme sa meute, sa famille. En réalité, pour apprivoiser Fenrir, il fallait de la patience et avancer à son rythme à lui. Et Syd voyait comme une preuve d'amitié et de confiance le fait que le Loup du Nord n'hésitait pas à lui poser des questions, quand il ne comprenait pas quelque chose. Peu à peu, son ami se montrait curieux et il apprenait leurs us et coutumes, leurs règles et leurs lois. Et il comprenait de mieux en mieux comment vivre au milieu des autres Humains. Ce n'était pas simple pour l'Enfant sauvage que Fenrir était de vivre au milieu de la cour d'Asgard, mais Syd reconnaissait les progrès faits par son frère d'armes. Au moins ne grognait-il plus sur tout le monde et ne fuyait-il plus leur compagnie. Et le Tigre Noir devinait que la curiosité naturelle de Fenrir était un atout pour lui apprendre des choses qui autrefois lui semblaient futiles. En tout cas c'était la seule explication qu'il avait trouvé à l'envi du Guerrier d'Epsilon d'apprendre à lire et écrire.
« Où nous emmènes-tu aujourd'hui ? », questionna Syd avec un léger sourire, amusé des mystères involontaires que Fenrir pouvait parfois faire sur leur destination. Bien qu'il soit dans la nature du Loup du Nord de ne pas donner énormément d'informations, surtout quand il les jugeait inutiles.
« Voir la meute. », répondit spontanément Fenrir comme s'il s'agissait d'une évidence. Et il lança un regard à Syd. « Les louveteaux sont sortis de la tanière. », ajouta-t-il en guise d'explications à ce choix.
Syd eut un sourire amusé. La première fois que Fenrir l'avait convié à venir avec lui dans les sous-bois, il avait dit vouloir partager un secret. Et le Loup du Nord l'avait emmené jusqu'à un endroit pas très loin d'une rivière, bien dissimulé aux yeux des Humains. Il aurait bien été incapable de dénicher seul ce genre de lieux. Et Syd avait découvert là-bas une meute composée de cinq loups adultes, dont la couleur du pelage était majoritairement noire et grise. Il n'y avait qu'une exception, un possédait une belle robe blanche comme la neige. Fenrir avait précisé qu'il s'agissait d'une louve, et vraisemblablement vu son comportement la cheffe de la meute. Connaissant bien ces canidés, il n'avait eu aucun problème à expliquer au Tigre Noir les divers statuts, comment ils s'étaient hiérarchisés entre eux, leurs habitudes aussi. En quelques visites pour découvrir cette meute, le Guerrier de Zêta en avait appris énormément sur ces prédateurs des plus fascinants. Fenrir l'avait alors informé qu'il y avait deux ou trois louveteaux nés depuis peu dans la tanière. Mais il avait fallu attendre quelques semaines avant de voir le bout de leur museau. Syd avait considéré comme une preuve de confiance que Fenrir partageât cette découverte avec lui. Pour ce dernier, rien ne représentait plus la notion de famille et d'amitié, que cet animal. Après tout, il avait vécu la majeure partie de sa vie en pleine nature avec une meute, qui l'avait sauvé quand il n'était qu'un enfant.
Et Syd devinait la tristesse, que le Guerrier d'Epsilon ressentait de ne pas avoir vu ses fidèles compagnons revenir eux aussi à la vie. Le Tigre Noir savait que le deuil n'avait pas dû être facile pour le Loup du Nord. Et il le comprenait. Tous les Guerriers Divins avaient eu besoin de temps après leur réveil pour se réadapter à une vie, qui n'avait pas cessé avec leur disparition. Cela n'avait rien de facile de reprendre le cours de son existence, même s'ils étaient tous reconnaissants à la déesse Athéna du présent qu'elle leur avait généreusement fait par amitié pour leur reine Hilda. Mais il restait des erreurs à accepter, une certaine forme de rédemption à gagner auprès des siens et de soi-même, un but à retrouver dans cette vie. Tous avaient eu besoin de temps pour avancer et tenter de créer des liens plus solides entre eux. Et avec les mois, ils finissaient par mieux se connaître, ou tout du moins à se tolérer. Syd n'irait pas jusqu'à dire qu'ils étaient tous devenus de bons amis, mais ils progressaient chacun à leur rythme. Et il leur faudrait sûrement encore du temps pour nouer une réelle amitié entre eux…
Quand Fenrir s'arrêta, Syd sortit brusquement de ses réflexions. Et il manqua de peu de percuter son frère d'armes. Ce dernier lui lança un regard vaguement étonné, mais il ne fit aucun commentaire. Puis le Guerrier d'Epsilon imposa le silence d'un simple geste. Mieux valait rester silencieux, s'ils espéraient observer les loups et leur nouvelle portée. Le Guerrier de Zêta reconnut sans peine être au cœur du territoire de la petite meute. Reportant son regard sur son ami, il acquiesça avec un sourire en signe qu'il avait compris et qu'il ne ferait aucun bruit. Il eut un clin d'œil complice pour Fenrir, qui haussa des épaules en réponse. Ce fût donc à pas de loups que les deux Guerriers Divins approchèrent. Ils s'agenouillèrent derrière un bosquet d'arbustes feuillus pour ne pas se faire repérer, ni effrayer les animaux. Encore une fois, Fenrir avait réussi à les poster dans le sens opposé au vent, évitant que leurs odeurs ne chatouillent le museau très fin des canidés. Et à nouveau Syd se fit la réflexion que Fenrir avait agi en parfait prédateur, connaissant le terrain et les techniques de chasse lupine pour surprendre une proie. Parfois, le Tigre Noir se disait que son frère d'armes devait être un bon chasseur. Seulement pour Fenrir, la chasse ne servait que pour se nourrir. Et il n'y avait aucune chance qu'il accepta de les accompagner pour ce genre d'activité. Le regard du Guerrier de Zêta capta le mouvement de deux petites boules de poils grises, qui roulaient dans l'herbe. C'était la seconde portée de louveteaux, qu'il pouvait ainsi observer dans son milieu naturel et voir grandir. Et Syd eut un sourire amusé. Les trois louveteaux semblaient en pleine forme, courant, se chamaillant et taquinant les adultes. C'était un spectacle plutôt amusant. Et il en avait appris bien des choses sur les loups, qu'il trouvait de plus en plus fascinants, mais aussi sur bien d'autres habitants des forêts.
« Ils ont l'air en grande forme. », commenta Syd dans un murmure. Il regardait un des louveteaux mordiller avec application l'oreille d'un adulte, dans l'espoir probablement d'attirer son attention.
« Les chasses sont fructueuses ces dernières semaines. », répondit Fenrir à voix basse. « Ils ne manqueront pas de nourriture avant l'hiver. Donc les louveteaux grandissent correctement, et ils seront parés pour le froid hivernal. C'est une bonne chose pour eux et pour la meute. »
Le silence se fit à nouveau entre eux. Seul le chant des oiseaux et le bruissement du vent dans les feuillages brisaient légèrement le calme des lieux, ainsi que les jappements joyeux des louveteaux. Aucun des deux Guerriers Divins ne relança la conversation. Fenrir n'était pas bavard de nature. C'était sûrement normal vu la vie solitaire, qu'il avait eue auprès de la meute. Parler n'avait jamais dû être une réelle nécessité à ses yeux. Ce qui expliquait aussi qu'il s'exprimait avec des phrases courtes et très directes en général. Pour sa part, Syd n'éprouvait pas spécialement le besoin de converser énormément quand il était avec le Loup de Nord. Pourtant, lui, était de nature plus bavarde. Mais devenir ami avec le Guerrier d'Epsilon lui avait appris qu'on pouvait partager beaucoup plus dans un silence réciproque que durant une longue conversation. En réalité, il avait appris à aimer le calme et le silence pour la sérénité que cela pouvait apporter à son âme. Et c'était un apprentissage qu'il devait à son ami. Avec ce dernier, il avait tissé leur amitié dans une compréhension muette commune, pour autant ils se comprenaient très bien. Ce qui étonnait parfois les autres Guerriers Divins. En fait, pour Syd, la présence de Fenrir avait quelque chose de reposant et de calme. En un sens, le Loup du Nord n'attendait rien des autres. Il se contentait d'apprécier leur présence et le réconfort des liens sociaux qu'il avait tissés avec eux. C'était différent des jeux d'alliance et relationnels, qui pouvaient exister entre membres de l'aristocratie vivant au palais d'Asgard.
Finalement, ils restèrent un très long moment à observer les jeux des louveteaux autour des loups adultes, qui parfois acceptaient de plus ou moins bonne grâce de participer à leurs activités. Quoique parfois un grognement remettait à sa place un petit plus turbulent que ses frères et sœurs. Et une fois que le trio fût épuisé et que les trois loupiots s'allongèrent pour dormir près de la louve dominante, Fenrir se redressa. Sans un mot, Syd l'imita conscient qu'il était temps de laisser la meute seule. Et le Tigre Noir suivit silencieusement le Loup du Nord pour s'éloigner de la petite clairière sans perturber la petite famille lupine. Cela avait été à nouveau une riche et intéressante expérience pour Syd. Les deux Guerriers Divins marchèrent de longues minutes en silence sur le chemin ramenant au palais.
« Je me disais. », commença Syd en lançant un regard en coin à son ami. « Puisque tu as partagé un secret avec moi, je pourrais peut-être en faire de même. »
« T'es pas obligé. », grogna légèrement Fenrir en le regardant avec un certain étonnement dans le regard. Il n'avait pas l'habitude de faire dans le donnant – donnant, ni de recevoir quelque chose en cadeau.
« Je sais, mais j'ai envie de partager un de mes secrets avec toi. Ce sera une preuve que je te fais confiance, comme tu me fais confiance non ? », expliqua Syd avec un léger sourire amical. Il ne forcerait pas Fenrir, mais cela lui ferait plaisir que ce dernier accepta sa proposition. Et il vit son ami plisser du museau en le regardant, semblant peser le pour et le contre.
« D'accord. », accepta finalement le Loup du Nord.
« Bien. Donc j'aimerais te montrer la maison où j'ai grandi. Et surtout te faire découvrir notre domaine boisé. Je suis certain que tu vas apprécier. », ajouta Syd avec un sourire plus grand et une voix plus joyeuse. « On pourrait y aller lors de notre prochaine promenade. Je m'occupe de demander l'autorisation à notre Reine. »
Fenrir regarda de longues minutes son frère d'armes avec une légère surprise. Il ne s'attendait pas à ce genre d'invitation, sachant que seul Bud l'avait jusqu'à présent accompagné sur ses terres familiales. Mais cela devait être une preuve de ce que le Guerrier de Zêta appelait l'amitié. Il pencha un instant la tête avant d'acquiescer en signe qu'il acceptait. Peut-être que finalement Syd était déjà un peu un membre de sa meute et qu'il pouvait se fier à lui autant que le Tigre Noir lui faisait confiance lors de leurs errances dans les forêts d'Asgard. Finalement, Fenrir observa le paysage forestier les entourant afin de repérer le chemin à suivre pour rentrer directement au château de la reine Hilda. Il fit signe à son ami de le suivre. Il ne le dirait pas, mais il appréciait à sa juste valeur la preuve de confiance et d'amitié que Syd venait de lui faire.
