Chapitre 9 : G comme Graves

Roach est allongé dans un lit d'hôpital depuis plusieurs jours, les événements récents l'ayant laissé inconscient pendant une période alarmante. Après l'effondrement de la mine, il fut secouru in extremis par l'initiative de Saop, mais la route vers la guérison est difficile et douloureuse. Il est encore loin d'être en pleine forme, mais les signes vitaux s'améliorent chaque jour, et le retour à la normale semble possible.

Un matin, alors que les rayons du soleil commencent à filtrer à travers les rideaux de la chambre d'hôpital, Roach est réveillé par la voix familière de Soap qui entre dans la pièce.

« Salut, mon pote. Comment tu te sens ? » demande Soap en s'approchant du lit de Roach.

Roach esquisse un sourire fatigué. « Mieux que la dernière fois que j'ai ouvert les yeux. J'ai l'impression d'avoir passé sous le semi-remorque de Nikolai. »

Soap rit doucement. « Content de voir que tu as toujours le sens de l'humour. »

« Tu m'as manqué, Soap. Je m'ennuie comme un rat mort ici. J'en peut plus de la bouffe d'hôpital. Ils servent un truc qui prétend être de la purée de pommes de terre, mais on dirait plutôt de la colle. »

Soap rit doucement. « Je vais essayer de te rapporter de la vraie bouffe la prochaine fois.

-Merci, mec… Comment vont les autres? »

Soap s'installe sur une chaise près du lit. « Price se décarcasse pour coordonner toutes les équipes. Ils ont réussi à calmer le jeu dans la mine, mais y a encore un paquet de taf. Gaz et les autres foreurs ont repris le boulot récemment, mais y a toujours un tas de merdes à régler. Simon se tape la tête contre les murs avec toute la paperasse administrative pour les assurances et les réparations. »

Roach exprime son impatience de retourner à la mine et de retrouver son équipe. Il se languit de l'action et du dynamisme de leur travail habituel. Soap lui sourit, comprenant bien l'excitation de son ami.

Ils continuèrent à discuter pendant un moment, partageant des souvenirs et des plans pour l'avenir. Roach se sentit encouragé par la visite de son ami, et Soap était soulagé de voir l'amélioration de l'état de Roach.

Finalement, Soap se lève de sa chaise et se dirige vers la sortie de la chambre d'hôpital. « Je vais te laisser récupérer, Roach. Recharge tes batteries, et on sera tous heureux de te retrouver à la mine dès que tu es prêt. »

Roach lui sourit en retour. « Merci, Soap. Dis au reste de l'équipe que l'infirme les salue. »

Soap quitte la chambre d'hôpital, laissant Roach seul avec l'espoir de jours meilleurs et la perspective de retrouver son équipe bien-aimée à la mine.

Soap rentre chez lui, épuisé par la longue journée de travail à la mine et la visite à l'hôpital pour voir Roach. Il sait qu'il a besoin de se détendre et de se reposer. Son appartement est calme, plongée dans l'obscurité à l'exception de la faible lumière de la lune qui filtre à travers les rideaux.

Alors qu'il se dirige vers la salle de bain, Soap se dépouille de ses vêtements d'une manière mécanique. La sueur et la poussière de la mine s'accrochent à sa peau, et il est impatient de se débarrasser de cette sensation collante.

Sous la cascade de la douche chaude, il laisse l'eau laver la fatigue de sa peau. La chaleur apaisante détend ses muscles endoloris, et il reste sous le jet d'eau pendant de longues minutes, laissant ses pensées vagabonder.

Les pensées de Soap dérivent rapidement vers un homme grand aux yeux bruns qui occupe régulièrement ses pensées depuis des mois. Soap se remémore la sensation des lèvres de Simon sur les siennes et sur son cou, le souffle chaud caressant sa peau, et le contact de son corps robuste et chaud contre le sien. Soap ferme les yeux, frissonnant au souvenir. Il passe une main sur son ventre, tentant de se remémorer le parcours tracé par la main de Simon sur sa peau, ressentant encore les émotions de ce moment de passion.

La main de Soap glisse lentement vers le bas, s'agrippant à son érection palpitante. Un gémissement étouffé s'échappe entre ses dents serrées alors qu'il s'imagine la main de Simon à la place de la sienne. L'excitation de Soap monte en intensité, et le mouvement de sa main s'accélère progressivement.

"Simon," gémit Soap en caressant son gland sensible.

Il laisse son dos heurter la surface lisse et froide de la douche, se mordant la lèvre alors que les souvenirs laissent peu à peu place à une imagination débordante. Il s'imagine avec Simon dans le bureau, ce dernier le plaquant à plat ventre sur le meuble, leurs peaux se frôlant, moites de sueur.

La tête de Soap heurte le carrelage de la douche dans un bruit sourd alors qu'il imagine Simon glisser en lui, le remplissant. Le désir brûlant de Soap pour Simon atteint un niveau de désespoir poignant. Il veut ardemment sentir Simon en lui, une boule de chaleur s'accumulant dans son bas-ventre, sa poitrine se soulevant frénétiquement. Soap atteint l'apogée de son plaisir en gémissant une nouvelle fois le nom de Simon.

Soap, les yeux mi-clos, observe son sperme être balayé par l'écoulement régulier de la douche. Un sentiment d'extase persiste, mais bientôt, une vague de réalité s'installe.

Lorsqu'il sort de la douche, la vapeur envahit la pièce. Soap prend une serviette et l'enroule autour de sa taille.

Son regard tombe sur le miroir, il passe sa main sur la surface pour enlever la buée, et il observe son reflet. Il remarque que sa barbe a poussé, et son mohawk a légèrement grandi depuis l'effondrement.

Sa main se dirige instinctivement vers la cicatrice sur son menton. Il la touche doucement, mais un frisson de douleur lui rappelle que la blessure est encore sensible.

Ses pensées se tournent vers Simon et les cicatrices que l'homme porte. Il n'a pas vu grand-chose avant que Simon n'attrape sa main, mais les cicatrices étaient épaisses et longues. Soap n'aurait pas pu les manquer. Il se demande combien d'autres marques recouvrent le corps de Simon. Sont-elles tout le résultat des neuf mois de torture qu'il a vécus, ou en a-t-il gagné la plupart lors de son service ? Son cœur se serre à l'idée des épreuves que Simon a traversées tout au long de sa vie. Il se demande si Simon finira par lui faire suffisamment confiance pour lui montrer toutes ses marques, pour partager avec lui ces souvenirs douloureux.

Soap sait que cela prendra du temps et de la patience pour que Simon puisse un jour dévoiler l'étendue de ses cicatrices, physiques et émotionnelles. En attendant, il est prêt à être là pour son l'homme, à le soutenir.

Soap se détourne du miroir et quitte la salle de bain. La fatigue de la journée le rattrape, et il sait qu'il a besoin de repos. Il se dirige vers sa chambre, laisse la serviette glisser de sa taille et tombe sur son lit.

Sous les draps frais et propres, il se blottit et ferme les yeux, laissant la douce obscurité de la chambre l'emporter.

Soap laisse échapper un profond soupir de frustration. Ses yeux parcourent le plan étalé devant lui pour la centième fois. Peu importe comment il retourne le problème dans tous les sens, il ne trouve aucune solution. Comment diable un simple morceau de roche peut-il être aussi exaspérant ?

Gaz et le reste de l'équipe de forage sont confrontés à un problème qui force l'arrêt temporaire des travaux d'expansion de la mine. Le problème est de taille, au sens propre comme au figuré. Cette maudite roche mère est plus fracturée que la motivation de Soap un lundi matin.

Des explosifs à grande puissance ? Non, Simon lui arracherait les couilles s'il osait faire sauter la mine. Encore.

Une bombe à retardement ? Autant essayer d'ouvrir une porte avec une palme de ventilateur.

Une démolition séquentielle ? C'est comme tenter de réparer un ordinateur en appuyant sur Ctrl + Alt + Suppr. À part attirer la honte et les moqueries d'Alex Keller, le responsable informatique de la mine, cela ne sert à pas grand-chose.

Pourquoi pas des charges directionnelles ? Ça pourrait fonctionner, à condition de réécrire l'intégralité des lois de la physique !

Une impulsion sismique ? Bien sûr, Soap va probablement convaincre les plaques tectoniques d'agir d'ici le week-end.

« Putain de merde, espèce de bloc de granit de mes couilles, je vais te réduire en putain de gravat. Sèididh mi thu gu ifrinn 's an taobh thall, a aolach geòlais ! » marmonne Soap avec une frustration grandissante. Il recule du plan. « C'est foutu, Lt, cette putain roche est plus têtue que toi. »

Simon, inconscient du débat intérieur que Soap vient de traverser, lève un sourcil face à l'attaque gratuite et fixe l'écossais. « Tu sais, parfois je me demande pourquoi je travaille avec toi. »

Soap esquisse un sourire en coin, lançant un regard taquin à Simon. « Parce que tu sais bien que personne d'autre ne peut survivre à mon charme incroyable. »

Simon secoue la tête avec une lueur d'amusement dans ses yeux. « Peut-être. Ou peut-être que je suis simplement masochiste. »

« Bien sûr, Simon, on est tous au courant que tu as une collection de fouets et de menottes chez toi. » Soap rit de sa propre blague, mais son rire s'arrête brusquement lorsqu'il voit la lueur sombre dans les yeux de Simon.

Un frisson parcourt l'échine de Soap.

Il hésite un instant avant de demander, d'une voix prudente et pleine d'appréhension : « Euh, Si. T'as pas vraiment... une collection de fouets et de menottes chez toi, hein ? »

« Tu aimerais ça, Johnny ? » La voix de Simon baisse d'une octave, et un sourire prédateur se dessine sur ses lèvres.

Soap se trouve soudain pris au piège de sa propre plaisanterie. Son regard rencontre celui de Simon, et il sent un frisson d'excitation mêlé à l'appréhension. Il bafouille, cherchant ses mots : « Euh, c'était qu'une blague, Simon, rien de sérieux... Je veux dire, je ne... j'ai jamais pensé... enfin, je… Euh. »

Simon s'approche de Soap avec un sourire mauvais, un mélange de danger et de désir dans son regard. Le blond domine Soap de toute sa grandeur, le faisant se sentir tout petit. La proximité de Simon fait se tortiller inconsciemment Soap. Un gémissement étouffé s'échappe des lèvres de ce dernier. Il voit l'étincelle malicieuse dans les yeux de Simon alors que celui-ci émet un petit rire moqueur.

« Les fouets, c'est pas vraiment mon truc, Johnny, » murmure Simon d'une voix rauque. « J'ai d'autres... préférences. »

Soap déglutit, sentant une chaleur monter dans ses joues. « D'autres préférences ? » Sa voix tremble légèrement.

Simon incline la tête, son sourire prédateur plus séduisant que jamais. La tension entre eux atteint un sommet, une atmosphère chargée de désir et de curiosité. Simon pourrait dévorer Soap tout cru, et le brun se laisserait faire volontiers.

Les doigts de Simon glissent le long du bras de Soap, laissant une traînée de frissons sur la peau de ce dernier. « T'en fais pas, Johnny, » murmure Simon, approchant son visage de celui de Soap. Leurs lèvres sont à quelques centimètres l'une de l'autre. « Tu vas en redemander. »

Soap émet un gémissement pathétique à la promesse de Simon. Leurs lèvres se rapprochent, prêtes à se rencontrer dans un baiser passionné. Cependant, avant qu'ils ne puissent se perdre dans cette étreinte, la porte s'ouvre brusquement.

Simon s'éloigne de Soap précipitamment, tandis que ce dernier se sent étourdi par le désir. Leur moment intime est soudainement interrompu lorsque Price entre dans la pièce.

« Simon, on a un problème, » déclare Price d'un ton sérieux.

Simon et Soap échangent un regard rapide, mettant temporairement de côté leur interaction ludique. Ils suivent Price, une inquiétude grandissante se nichant dans leur esprit.

Price les conduit hors du centre des opérations, et une fois à l'extérieur, un Hummer noir les attend sur le chantier. Un homme en descend, et Simon se crispe immédiatement en apercevant le visage de l'individu. Un sentiment de méfiance les envahit alors que Soap comprend que l'arrivée de cet homme n'annonce rien de bon.

L'atmosphère sur le chantier devient soudainement plus tendue. L'homme s'avance avec assurance, scrutant leur groupe. Soap cherche des réponses dans le regard de Simon, mais ce dernier est obstinément fixé sur l'homme qui s'approche d'eux.

L'homme s'approche de Simon avec une assurance arrogante, le regardant de haut.

« Philip Graves, » se présente-t-il à Soap. « Ravi de te revoir, Price... Simon. » Graves regarde Simon dédain. « Le grand patron m'a demandé de t'aider à superviser les opérations ici. Il semble qu'il y ait eu quelques erreurs qui nécessitent mon attention. Nous ne pouvons pas nous permettre des faux pas, n'est-ce pas ? »

Simon serre les poings, la frustration grandit à chaque mot prononcé par Graves. Son mutisme exprime une détermination à ne pas répondre de manière impulsive, mais les émotions bouillonnent en lui. Il est clair que la relation tendue entre Simon et Graves rendra la collaboration difficile, et le chantier est sur le point de devenir le théâtre d'un affrontement.

Dans la salle de réunion, Soap, Price, Simon, Gaz et Grave sont réunis. Graves n'a pas tardé à imposer son autorité en exposant les réformes qu'il envisage pour la mine. La salle de réunion est baignée dans une atmosphère lourde, où l'incertitude danse entre les murs.

Soap, avachi sur sa chaise, les bras croisés et les sourcils froncés, foudroie Graves du regard. Il lance un regard inquiet à Price, assis calmement, dissimulant toute émotion. Gaz, nerveux, joue avec un stylo, le cliquetis de celui-ci résonnant dans le silence tendu.

Graves expose ses idées sur la réorganisation des équipes, la mise en place de nouvelles procédures de sécurité, et même des modifications dans la planification des démolitions et des forages. Son discours est ponctué de critiques voilées envers les méthodes existantes, mettant implicitement en doute la compétence de Simon.

Les reproches de Graves semblent rebondir sur l'armure invisible que Simon a forgée au fil des années d'expérience. Mais même l'homme le plus résilient peut ressentir la pression constante des critiques et des doutes.

Soap sait que cette confrontation est inévitable. Les personnalités dominantes comme Graves ne peuvent s'empêcher de chercher à asseoir leur autorité, mais Simon n'est pas du genre à se laisser écraser facilement. Il est un leader, fort et déterminé, même face à l'adversité.

La confrontation silencieuse atteint son apogée lorsque Graves, dans un geste méprisant, exprime son doute quant à la compétence de Simon pour gérer les opérations, faisant explicitement référence à l'effondrement de la semaine passée. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase de la retenue de Simon.

Simon relève enfin le regard vers Graves, ses yeux exprimant une haine féroce. « Graves, je comprends que vous soyez ici pour m'aider à superviser les opérations, mais mes méthodes ont jusqu'à présent assuré la sécurité et l'efficacité sur ce chantier. Je suis ouvert aux améliorations, mais je m'attends à ce que cela soit un effort d'équipe, pas une dévaluation de mes compétences. »

Graves croise les bras, un sourire ironique aux lèvres. « Vos preuves récentes ne semblent pas aller dans ce sens. Howard ne veut pas de compromis, et si cela signifie des changements radicaux, alors c'est ainsi. »

Soap, le visage crispé par l'envie de riposter aux provocations de Graves, sent l'adrénaline monter. L'idée de défendre Simon est plus qu'une impulsion, c'est une réaction naturelle face à l'injustice flagrante qui se déroule devant lui. Il ne peut pas rester là sans rien faire.

Price, cependant, perçoit la fureur grandissante chez Soap. D'un regard et d'un geste subtil, il signifie à Soap de rester en retrait, de ne pas plonger tête baissée dans la mêlée.

Dans l'ombre de la confrontation verbale entre Graves et Simon, Price cherche à tempérer les impulsions de Soap. Il sait que l'intervention impulsive pourrait aggraver les choses, déclencher des conséquences indésirables. L'équilibre est fragile, et Price joue le rôle de médiateur.

Soap, bien qu'irrité, comprend l'appel au calme de Price. Son poing serré se relâche lentement, signe de la maîtrise de soi retrouvée. Price a réussi à canaliser l'énergie bouillonnante de Soap, du moins temporairement.

Soap se demande ce que Graves escompte réellement. Est-il là pour apporter des améliorations légitimes ou cherche-t-il simplement à satisfaire son ego aux dépens de Simon ?

Alors que la réunion se poursuit, Soap évalue les implications de la présence de Graves. Les changements à venir sont inévitables, mais ils ne doivent pas compromettre l'harmonie et la confiance construites sur le chantier. Il sait que l'équipe survivra à cette tempête, mais il reste à voir quelles cicatrices elle laissera derrière elle.

Finalement, la réunion se termine, mais l'atmosphère reste chargée de tension. Soap se retient de lancer un commentaire acerbe à Graves lorsque celui-ci quitte la pièce.

Price saisit doucement le bras de Soap pour le retenir alors qu'il observe Simon quitter la pièce à son tour. Le visage de Soap trahit une frustration palpable, son regard fixé sur la porte par laquelle Simon a disparu.

« Attends, fils. Laisse-lui un peu d'espace », conseille Price d'une voix calme.

Soap se dégage brusquement de la prise de Price, mais son regard reste fixé sur la porte. « Tout ça n'a aucun sens. » Le ton de Soap dénote un mélange de confusion et d'agacement.

Price hoche la tête en signe de compréhension. « Je suis d'accord, Soap. Mais on doit choisir nos batailles. Simon est fort, il sait ce qu'il fait. N'aggrave pas la situation sur un coup de tête. »

Soap gronde de mécontentement mais se résigne à la sagesse apparente de l'avis de Price. Il sait que Price est un fin stratège, capable de calmer les tempêtes émotionnelles et de maintenir l'ordre dans l'équipe.

« Ne t'en fait pas, fils, » ajoute Price. « Il reviendra vers toi quand il sera prêt. »