SWEET BLOOD - carriejack03
Traduction : Cactus
Chapitre 7
Le reste de la semaine se déroula bien.
Murasakibara commença à être plus réveillé avec Furihata et essayait même de discuter avec lui (mais en vain, étant donné qu'il ne parlait que de nourriture). Parfois, il écoutait même ce que le brun avait à dire. C'était agréable d'avoir quelqu'un à son écoute. Cependant, dimanche après-midi, Murasakibara commença à faire la tête, boudant et laissant échapper des grognements agacés. Il jetait des coups d'oeil à Furihata, comme s'il voulait lui dire quelque chose, avant de refermer la bouche.
Après un certain moment, Furihata en eut assez et de sa voix la plus douce, choisissant avec soin ses mots (il ne voulait pas l'énerver encore plus), il finit par lui demander ce qui le dérangeait.
- Murasakibara-kun, quelque chose ne va pas ?
L'autre garçon, qui dévorait un paquet de pocky comme un animal affamé, releva les yeux pour regarder Furihata.
- Hm... Aka-chin a appelé...
En entendant le nom du taré qui lui avait coupé le lobe de l'oreille avec un couteau, Furihata faillit s'étouffer avec sa propre salive, mais il réussit à rester plus ou moins calme (même si ses mains tremblaient).
- Ah. Et qu'est-ce qu'il a dit ?
Le visage de Murasakibara s'assombrit et Furihata eut peur qu'il ne l'attaque, mais il soupira simplement en détournant le regard, évitant ses yeux comme la peste.
- Il a dit que demain tu pourrais retourner en cours.
Evidemment l'autorisation d'Akashi indiquait que c'était en réalité un ordre et Furihata ne voulait pas que les événements de la semaine dernière se répètent... il avait assez vu de couteaux.
- Je vois... chuchota-t-il en posant une main sur son cœur qui battait à cent à l'heure.
Furihata ne pouvait s'empêcher d'avoir encore peur : serait-il capable de parler à ses coéquipiers comme si de rien n'était ? Ou craquerait-il ?
Soudainement, il sentit une main lui ébouriffer les cheveux et leva la tête pour tomber sur le visage gêné de Murasakibara qui ne semblait pas savoir ce qu'il faisait.
- Furi-chin... ça va aller... ?
Ses mots étaient censés être réconfortants, mais Murasakibara n'était pas non plus sûr de ce qu'il disait et sa phrase ressemblait plus à une question. Mais Furihata appréciait son geste et il lui sourit gentiment.
- Oui, ça va aller.
Murasakibara sembla heureux de cette réponse, comme si on l'avait félicité, et il continua de manger plus calmement. Furihata ressentit le besoin d'ajouter autre chose et il tira le haut de Murasakibara pour attirer son attention.
- J'ai apprécié cette semaine, Murasakibara-kun, merci.
Le garçon écarquilla les yeux et marmonna quelque chose ressemblant à « c'est rien » et sembla plus embarrassé que jamais.
En le voyant aussi adorable, Furihata ne put s'empêcher de rire.
Revenir à l'école après autant de temps était en effet étrange. Se lever tôt, déjeuner rapidement, se doucher et partir en courant de la maison après avoir regardé l'heure... toutes ces actions lui semblaient désormais étrangères.
La veille, Murasakibara avait pris le dernier train pour Akita après avoir posé une main timide sur l'épaule de Furihata et lui avoir laissé des bonbons aux fruits. C'était étrange, mais Furihata le voyait comme un bouclier et maintenant qu'il n'était plus là, il avait l'impression que plus rien ne le protégeait.
Il prit une longue inspiration et entra dans le lycée, s'agrippant à son sac pour essayer de se calmer. Tout irait bien, même Murasakibara l'avait dit.
- Furiii !
Avant même d'avoir le temps de réagir, deux paires de bras vinrent l'enlacer alors que deux corps se jetaient sur lui, lui faisant perdre l'équilibre. Ce fut ainsi qu'il se retrouva par terre avec deux adolescents sur lui.
- Kawahara ! Fukuda ! dit-il avec un grand sourire aux lèvres en les enlaçant à leur tour.
Ses deux meilleurs amis n'étaient pas légers du tout, mais il était trop heureux de les voir pour se préoccuper d'une chose aussi insignifiante que mourir écrasé sous eux.
- Hé, vous allez le tuer.
La voix forte de Kagami les tira hors de leurs retrouvailles et leur fit prendre conscience que tout le monde les regardait étrangement. Fukuda toussa un peu et fut le premier à se lever, suivi par Kawahara et ils aidèrent tout les deux Furihata à se lever aussi, malgré son léger mal de dos.
- Je suis content de vous revoir, sourit Furihata.
Il était rouge de gêne et entendait très bien les rires des autres élèves. Il aurait voulu pouvoir se cacher dans un trou et ne jamais en ressortir.
- Tu nous as vraiment inquiétés ! On nous a dit que tu avais attrapé la grippe et qu'on ne pouvait pas venir te rendre visite parce que c'était trop contagieux, expliqua Kagami qui semblait agacé, même s'il était aussi heureux que Furihata soit revenu.
- Une grippe... ? Ah, oui, c'était vraiment dur !
Il laissa échapper un rire nerveux. C'était certainement l'excuse qu'Akashi avait donnée au lycée. En tout cas, Furihata était content que personne ne soit venu lui rendre visite, il aurait eu du mal à expliquer la morsure sur son cou (même si elle était complètement guérie aujourd'hui) ou pourquoi Murasakibara Atsushi, un membre de la Génération des Miracles, habitait temporairement chez lui.
Avant que Kagami, Kawahara ou Fukuda ne puissent lui poser une autre question, Furihata sentit une main énorme lui ébouriffer les cheveux et il leva la tête pour regarder Kiyoshi dans les yeux.
- Furihata ! J'étais inquiet. Je suis content de voir que tu vas bien.
Kiyoshi, qui était comme le père de l'équipe, lui sourit gentiment. Furihata sentit ses joues rougir de plus belle à cause de toute l'attention qu'il attirait.
- Vous n'auriez pas dû autant vous inquiéter... Je suis juste un joueur moyen... marmonna-t-il, gêné.
Comme réponse, Furihata eut droit à un grognement et il sursauta en regardant Kagami avec de grands yeux.
- Evidemment qu'on était inquiets, tu fais partie de l'équipe ! dit-il avant de soudainement baisser la tête, fixant le sol avec insistance.
Kagami était de toute évidence gêné d'avoir laissé échapper ces mots, mais il était sincère et en voyant tous ses amis sourire, il comprit que tous partageaient ce sentiment.
- Exactement, Furihata-kun, tu es important.
Presque tout le monde cria de surprise lorsque Kuroko apparut à côté de Kagami, comme par magie, le faisant sursauter.
- K-K-Kuroko ! dirent Fukuda et Kawahara, une main sur le cœur de peur qu'il ne bondisse hors de leur poitrine.
Il savait vraiment leur faire peur.
Cependant, Kuroko se tourna vers Furihata, le regard triste en se rappelant de la façon dont les membres de la Génération des Miracles l'avaient traité alors qu'il ne pouvait que les regarder faire sans l'aider. Il se sentait tellement coupable.
Furihata, comprenant ce que Kuroko ressentait, lui sourit gentiment.
- Merci, Kuroko, je vais vraiment mieux.
Autour d'eux, personne ne pouvait comprendre le véritable sens de ses mots, mais Kuroko pouvait. En l'entendant, il ne put réprimer l'envie de sourire, même s'il avait toujours l'impression que tout était de sa faute.
Leurs retrouvailles furent interrompues par la sonnerie de l'école. Ils se sourirent et se séparèrent pour rejoindre leurs classes respectives.
La journée de Furihata fut épuisante. La voix des professeurs était perçante et il n'était pas arrivé à suivre les cours à cause du bruit des stylos sur le papier ou des craies sur le tableau. Il ne se souvenait pas que l'école ait un jour été aussi insupportable, mais il était tellement fatigué qu'il avait une migraine. Rester chez lui l'avait complètement déréglé.
Pendant la pause déjeuner, il monta sur le toit avec toute l'équipe de basket qui l'accueillit chaleureusement après sa guérison (si seulement ils savaient...) Furihata leur sourit tous et écouta avec plaisir leurs histoires. L'après-midi ne se déroula pas mieux que le matin – trop fort, trop ennuyant, sans oublier qu'il était déjà épuisé. Il se contenta de regarder par la fenêtre, pensif, observant le vent dans les arbres.
Trop de choses s'étaient passées la semaine dernière. Il avait découvert un nouveau monde, ressenti une douleur qu'il ne pensait même pas exister, passé du temps avec un vampire qui avait bu son sang... Et qui sait ce que lui réservait le futur ? Il savait que Kiyoshi partait pour les Etats-Unis le mois prochain pour soigner son genoux, mais et le reste ? Comment faire face aux autres membres de la Génération des Miracles (mis à part Murasakibara et Kuroko avec qui il s'entendait plutôt bien) ? Et il ne savait pas s'il serait capable de les laisser boire son sang comme il l'avait fait avec Murasakibara...
Soupirant, Furihata se remit à fixer ses notes – notes qui consistaient en quelques mots et des dessins dans les coins des pages. Il demanderait le cours à un camarade de classe plus tard, il était trop fatigué pour réfléchir.
Il se souvint que Riko lui avait dit de ne pas s'entraîner pour le reste de la semaine et qu'il devrait se reposer. Après tout, il venait juste de se remettre d'une grosse grippe. Furihata se sentait mal de lui mentir à elle et aux autres, mais il était heureux de ne pas avoir à subir d'entraînements. Il était trop fatigué pour rester concentré.
Sans s'en rendre compte, la fin des cours sonna et il fut tiré hors de ses pensées par une main lui secouant l'épaule. Il leva la tête et vit Fukuda et Kawahara qui le regardaient, inquiets.
- Ça va, Furi ? demanda Fukuda en s'approchant pour voir s'il était plus pâle qu'habituellement.
- Tu n'es pas obligé de venir à l'entraînement si tu ne te sens pas bien, ajouta gentiment Kawahara.
Ce fut à ce moment que Furihata se rendit compte que les cours étaient finis. Il secoua la tête en souriant.
- Non, je veux venir. Je veux me rendre utile, même si je ne peux pas jouer.
Rassurés, ils attendirent qu'il se lève avant de partir en direction du gymnase.
Il ne se passa pas grand chose à l'entraînement. Furihata fit le travail d'un manager : il apportait des bouteilles d'eau, des serviettes, aidait les autres à s'étirer, avait même discuté avec Riko de nouveaux exercices (il avait été un peu gêné au début, mais elle lui avait dit qu'elle voulait son avis étant donné qu'il était un joueur) et il avait ri en voyant Kagami être, une fois de plus, effrayé par Nigou.
Furihata s'amusait tellement qu'il en oublia un instant les vampires, la Génération des Miracles et tout le reste. Il était heureux.
Mais l'entraînement ne dura pas éternellement et quand les autres se changeaient, Kuroko approcha Furihata avec son habituel regard vide.
- On peut rentrer ensemble ? demanda-t-il en ajoutant que sa maison était sur le chemin de celle de Furihata.
Il acquiesça, même si quelque chose lui disait que Kuroko voulait juste s'assurer qu'il rentrerait chez lui sans croiser de danger. Mais il ne dit rien. En vérité, il avait peur de rentrer seul... Avec Kuroko à ses côtés, il était sûr qu'il n'aurait pas de problème.
Ils saluèrent les autres et s'en allèrent, marchant sans un mot, ne sachant pas quoi se dire. Cependant, puisqu'ils aimaient tous les deux le silence, cela ne les dérangeait pas. Ils passèrent devant un terrain de basket lorsqu'un ballon atterrit aux pieds de Furihata qui s'arrêta pour le ramasser et le rendre à son propriétaire.
Il fut surpris de voir Aomine approcher, ce dernier semblant tout aussi surpris que lui. Des souvenirs peu plaisants ressurgirent, mais Furihata essaya de ne pas y penser. Après tout, Aomine avait montré qu'il n'était pas ravi de le restreindre lorsqu'Akashi le lui avait ordonné.
- T-Tiens.
Même s'il essayait de ne pas y penser, sa voix trembla, tout comme ses mains, alors qu'il tendait le ballon à l'autre adolescent. Aomine le prit, fixant Kuroko qui était sur ses gardes, prêt à intervenir si quelque chose se passait. L'atmosphère tendue se dissipa quand le ventre d'Aomine se mit à gargouiller, le faisant rougir de honte.
- J'ai pas encore mangé... marmonna-t-il en se frottant l'arrière du crâne en essayant de ne pas trop rougir (parce qu'il n'était pas une fille !)
Furihata rit un peu avant de poser une main sur son propre ventre.
- Moi aussi, j'ai faim... Et je paris que Kuroko aussi. Il y a un Maji Burger à quelques rues d'ici, vous voulez y aller ? demanda-t-il avec un sourire.
Il avait peur, mais même Murasakibara était gentil, quand on apprenait à le connaître, alors pourquoi pas apprendre à connaître Aomine aussi ? Et puis il avait vraiment faim.
- Tu es sûr ? demanda Kuroko en plissant les yeux, suspicieux. Tes parents ne vont pas s'inquiéter ?
Furihata secoua la tête, presque triste.
- Ils voyagent beaucoup pour le travail, la plupart du temps ils ne sont pas à la maison.
Kuroko voulut protester, mais il finit par accepter, se tenant entre les deux adolescents pendant qu'ils marchaient. Honnêtement, Aomine avait juste trop faim pour se préoccuper de qui venait ou non.
Ils commandèrent et mangèrent en silence, aucun n'osant démarrer une conversation. Mais après le dixième burger, Aomine se racla la gorge et regarda Furihata.
- Euh... Pour ce qu'il s'est passé la semaine dernière... tu sais... je voulais... euh...
Il donnait l'impression de vouloir dire quelque chose d'important, mais il ne trouvait pas ses mots et finit par marmonner des bouts de phrases incohérentes. Cependant, Furihata comprenait où il voulait en venir et il l'arrêta d'un mouvement de main en lui souriant gentiment.
- Ne t'inquiète pas, tu n'as pas à t'excuser, je sais que tu ne faisais qu'obéir à Akashi-kun, dit-il en faisant attention à bien choisir ses mots. Mais j'apprécie tes efforts.
Il était fier de ne pas avoir laissé sa voix trembler.
Le sourire que Furihata envoya à Aomine était si radieux qu'il aurait pu illuminer un stade entier et il laissa l'autre adolescent sans voix.
- Je dois aller aux toilettes, dit Furihata en se levant pour se calmer un peu.
Une fois parti, Aomine se tourna vers Kuroko en fronçant les sourcils.
- Il est trop gentil pour notre monde.
Kuroko acquiesça avant de le regarder, un sourire mystérieux aux lèvres.
- Peut-être que tu as raison, mais... il est plus fort que ce que tu penses.
Avant qu'Aomine ne puisse lui demander ce qu'il voulait dire, Furihata revint des toilettes.
- Il est tard, on devrait rentrer.
Kuroko se leva pour le suivre. Furihata se tourna vers Aomine pour lui sourire, encore un peu nerveux.
- M-Merci pour le repas, Aomine-kun, dit-il en s'inclinant légèrement.
Il sortit à toute vitesse, le visage rouge et son cœur battant à cent à l'heure. Il s'était passé trop de choses aujourd'hui. Kuroko envoya un nouveau sourire mystérieux à Aomine qui se passa une main sur le visage, n'arrivant pas à croire à ce qu'il allait faire, mais il ne pouvait pas s'en empêcher : Furihata avait une sorte d'aura qui hurlait de le protéger.
- Hé, attends ! cria-t-il
Furihata se figea en se retournant, craignant d'avoir dit quelque chose qui aurait pu l'énerver.
- Tch...
Aomine se gratta l'arrière du crâne et fit un geste montrant la rue derrière eux.
- Je vais vous accompagner, Tetsu et toi.
Furihata écarquilla les yeux. Il devait avoir mal entendu...
Il garda la même expression de stupeur jusqu'à ce qu'il soit rentré chez lui, mais Aomine le raccompagna bien jusqu'au bout, même s'il ne dit pas un mot du trajet et garda un air agacé au visage.
Il semblerait que la Génération des Miracles ne soit pas si terrible, même si tous les membres étaient des vampires qui aimaient le goût de son sang.
