Le lendemain, Jane se réveilla en premier et sortit du lit sans gêner son épouse qui dormait profondément. Il décida de descendre à la réception pour commander un petit déjeuner. Il savait que Lisbon n'avait pas droit au café, il lui commanda un chocolat chaud, car la tisane n'avait pas eu l'air de lui plaire la dernière fois. Il parlait avec la réceptionniste et vu un homme en uniforme de pompier débarquer à l'hôtel. Celui-ci se dirigea vers eux et lui serra la main. Patrick, un peu surpris, lui sourit en tendant aussi la main.
- Je suis le commandant Costa, j'étais le supérieur hiérarchique d'Elia.
- Patrick Jane, je suis…
- Je sais qui vous êtes et je sais avec qui vous êtes.
- Oh ! dit-il surpris.
Jane ne put s'empêcher de regarder son poignet mais ne vit pas de montre, cet homme n'avais pas d'accent des pays de l'Est et ne semblait pas vouloir l'intimider comme l'aurait fait un assassin, mais il avait appris à se méfier, tout le monde pouvait être bon comédien. Après quelques secondes de blanc, l'homme lui demanda :
- Je peux m'entretenir avec vous quelques instants ? On boit un café ? dit le commandant en regardant la réceptionniste.
- Du thé pour moi s'il vous plait, répondit Jane en arborant un grand sourire.
Les hommes s'installèrent sur une table et commencèrent à discuter.
- Comme ça, vous savez qui je suis ? demanda Jane pour encourager l'homme à parler.
- Oui…j'ai eu vent de votre visite… un bruit de couloir, enfin de rue.
- Ah je vois. Jane pensa tout de suite à Madame Greefing.
- Ecoutez, vous allez peut-être entendre certaines choses sur Elia et moi, et je n'aimerais pas que vous pensiez que j'ai quelque chose à voir avec sa mort.
- Dites toujours.
- Je suis un homme marié et père de famille, mes enfants sont ados. J'ai rencontré Elia il y a maintenant quelques années. J'ai beaucoup aimé travailler avec elle et je dois avouer qu'elle ne me laissait pas indifférent. Mais voyez-vous, ma vie est faite… je ne pouvais pas lui offrir tout ce qu'un homme plus libre et plus jeune aurait pu lui offrir et puis j'aime ma femme. Elia n'aurait été qu'une aventure pour moi alors qu'elle… je voyais bien qu'elle avait beaucoup trop d'affection pour moi, enfin plus qu'elle n'aurait dû en avoir.
- Ah je vois. On dirait que vous avez répété dans la glace avant de venir me voir.
- Oui j'avoue, je suis un peu nerveux car ma femme est très possessive et je veux garder le droit de vivre avec mes enfants.
- Elia savait ce que vous éprouviez ? Vous en avez parlé ?
- Non, je crois qu'elle a essayé à un moment mais je ne lui en ai pas laissé l'occasion. Je ne crois pas au suicide monsieur Jane. Quelques chose cloche.
- Je dois avouer que je suis d'accord avec vous mais comment savoir si ce n'est pas vous qui l'avez tuée ?
- Pourquoi aurais-je fait cela ?
- Vous ne vouliez pas qu'elle parle à votre femme par exemple, qu'elle ruine votre carrière...
L'homme se redressa sur sa chaise. Patrick le regarda fixement, alerte de tout signe qui pourrait indiquer qu'il mente.
- Elia était quelqu'un d'une grande intelligence. Je n'ai jamais douté d'elle concernant ce point. Ce n'était pas le genre à divulguer cela. Non je ne suis pas un meurtrier ; si cette vérité avait éclaté, j'aurais assumé, simplement.
- Mais ce n'est plus la peine puisqu'elle est morte.
L'homme se pencha et prit Jane par le col, il lui dit d'un ton menaçant en le regardant droit dans les yeux :
- Ecoutez-moi bien Monsieur Jane, je ne l'ai pas tuée. Je l'admirais trop pour ça, elle avait une brillante carrière devant elle et j'aurais tout fait pour l'aider.
- Ok je vous crois.
L'homme le relâcha, Patrick poursuivit :
- Fallait que je sois sûr.
- Vous l'êtes maintenant ?
- Dites-moi, à votre avis, qu'ouvre cette clé ?
Il sortit la clé léguée par Elia à Lisbon de sa poche. Le commandant Costa la prit, la regarda sous toutes les coutures et répondit :
- Ça a l'air d'être une clé de casier. On a des casiers à la caserne pour mettre nos affaires civiles. Mais c'est étrange, car Elia n'était pas pompier, elle n'allait pas en intervention, elle s'occupait de la gestion des interventions. Elle n'était jamais en uniforme.
- Vous avez un chien commandant ?
- Non je n'ai pas d'animaux.
Jane repris la clé et se leva, il finit sa tasse et dit :
- Merci commandant pour ces infos, c'est très louable d'être venu à notre rencontre.
- Vous allez ouvrir une enquête ?
- Je ne sais pas encore, nous prenons un peu la température pour le moment. Ne vous inquiétez pas, s'il y a une vérité à faire éclater, vous pouvez compter sur nous.
- Merci Monsieur Jane, dit l'homme en se relevant et en lui serrant la main.
Venez quand vous voulez à la caserne je vous accueillerai avec plaisir.
Le commandant tourna les talons et sortit de la salle de restauration. Jane partit vers sa chambre afin de réveiller Lisbon pour le petit déjeuner. Cette enquête officieuse devenait intéressante.
Lisbon se réveilla difficilement, elle tapota le lit et ne trouva pas Jane, elle se retourna et se mit en travers du matelas. C'était très agréable d'avoir toute la place, et puis le coussin sentait l'odeur de son mari. Elle attendit quelques instants puis décida de se lever, elle posa les pieds par terre et sentit une grande bouffée de chaleur l'envahir. Elle avait la tête qui tournait et se précipita vers les toilettes pour vomir.
Patrick entra à ce moment-là, il entendit Teresa qui était malade et alla à sa rencontre dans la salle de bain. Il vit sa femme assise devant la cuvette des toilettes tenant ses cheveux. Patrick l'aida un peu et prit ses cheveux.
- Ah, il ne te laissera pas manger cet enfant-là ! dit-il.
Teresa se releva et alla se rincer la bouche dans l'évier puis elle prit sa brosse à dents.
- Des réveils comme ça, tu vas en avoir quelques-uns. Quelquefois ça s'arrête en cours de grossesse et quelquefois non. Dit Jane en espérant la rassurer.
Lisbon finit par cracher le dentifrice dans l'évier et se passa une main sur le front
- Moi qui voulais t'embrasser, je vais attendre un peu… dit elle.
- J'ai été commander le petit déjeuner et j'ai fait une rencontre inattendue.
- Ah ? Raconte.
- Un pompier, l'amoureux transi.
Teresa changea immédiatement de tête
- Il t'a menacé ?
- Non pas du tout, on s'est un peu trompé je pense.
- Que veux-tu dire ?
- Ce n'est pas lui le meurtrier. Il est venu me dire qu'en effet, elle l'aimait mais lui ne voyait en elle qu'une aventure.
- Ils sont sortis ensemble ?
- Non, il se l'est interdit car il la respectait trop.
- On repart de zéro.
- Pas totalement, il m'a rencardé sur la clé.
- La clé ? Mais elle était dans ma…
- Désolé… je voulais l'examiner. Il m'a dit que c'était une clé de casier de la caserne. Et il nous a invité à aller là-bas.
- Bien, j'aimerais passer chez Barry avant, j'ai des questions à lui poser.
- Ok. Petit déj ?
Elle fit une grimace.
- Je ne sais pas si c'est une bonne idée…
- Faudrait que tu ais quelques chose à vomir, lui dit-il.
- Ne te moque pas tu veux ? Je voudrais bien t'y voir toi. Et puis je te rappelle que tu es responsable de mon état.
- A 50 % ma chère.
Elle leva un sourcil en croisant les bras.
- D'accord d'accord, je veux bien prendre toute la responsabilité à 100%...
Il se rapprocha d'elle et, lorsqu'il fut à quelque centimètre de sa bouche, avant de l'embrasser, prononça cette phrase :
- Mais ce soir-là, j'avais trop envie de toi.
Puis il captura ses lèvres doucement dans un baiser chaste. Elle sourit, repensant à cette soirée où il était tellement pressant qu'ils ne s'étaient pas protégés.
