C'était la fin d'après-midi et nos deux agents rentrèrent à l'hôtel. Lisbon jeta sa veste sur le lit et poussa un long soupir.

- Je suis perplexe, souffla-t-elle.

- Oui, je suis d'accord avec toi, je ne sais pas quoi penser de tout ça.

- On fait une pause ce soir Jane s'il te plait.

- Une pause ?

- Je voudrais juste trainer dans la chambre et manger devant la télé. On parlera de tout ce qu'on a comme information demain, tu veux ?

- C'est une bonne idée, je suis d'accord.

Patrick pris une petite bouteille de whisky dans le mini bar et l'ouvrit.

- Tu veux un verre ? demanda-t-il.

Teresa le regarda, étonnée.

- Ah oui, c'est vrai ! Je ne sais plus où j'ai la tête. Dit-il hébété.

- Je vais me changer dans la salle de bain.

Elle passa près de lui en l'embrassant sur la joue et entrebâilla la porte de la salle de bain. Jane alluma la télévision et s'assit sur le lit. Il crut soudain entendre sa femme lui parler et baissa le son. Il tendit l'oreille et entendit des brides de conversation, « avec qui parle-t-elle ? » se demanda-il. Il se leva et alla écouter à la porte. Lisbon parlait au bébé, c'était attendrissant, il sourit en regardant la scène puis son sourire s'effaça quand il entendit :

- Bonne nuit petit bonhomme !

« Elle sait que c'est un garçon…mais comment ? » Jane n'en croyait pas ses oreilles, il se détacha de la porte et se rassit sur le lit. « Pourquoi n'a-t-elle rien dit ? et son deal alors sur la plage ? … » Jane secoua la tête de gauche à droite, il ne comprenait plus trop ce qu'il se passait. Il décida qu'il lui demanderait à quoi elle joue et pourquoi elle ne lui avait rien dit ; mais pour l'instant, il fallait se restaurer.

Teresa commanda le diner via le roomservice et ils mangèrent dans le calme. Jane paraissait ailleurs, il semblait mettre en route ses petites cellules grises, sûrement concernant leur affaire, pensa-t-elle.

Au moment de se coucher, Patrick serra sa femme dans ses bras, il avait essayé de penser à Elia et son meurtrier mais cette histoire de bonhomme le tourmentait, il avait beau retourner cela dans sa tête, il ne voyait pas pourquoi elle lui aurait caché cette information, il y avait une explication c'est sûr.

- Chérie, ton médecin… quand tu l'as vu la dernière fois, il ne t'aurait pas dit le sexe du bébé par hasard ?

Teresa, très surprise par la question, lui répondit :

- Non sinon je te l'aurais dit.

- Hein hein, dit il peu convaincu.

- Jane, que se passe-t-il ?

- Je t'ai entendu dans la salle de bain, tu l'as appelé « petit bonhomme ».

- Ah ça…

- Oui ça ! Tu m'expliques ? répondit-il.

Lisbon se tourna pour lui faire face et mis ses mains sur son torse.

- Tu vas me trouver stupide, commença-t-elle.

- Non jamais. Tu peux tout me dire. La rassura t-il en passant la main dans ses cheveux pour dégager une mèche tombée sur son visage.

- Depuis que je suis adolescente, lorsque je pense à mon enfant, celui que j'aurai à un moment ou à un autre, je rêve d'un petit garçon. J'ai toujours su que j'aurai un garçon, c'est une grosse intuition, tu me dis souvent de suivre mon flair, alors je lui parle comme si c'était ce petit garçon que j'ai construit dans ma tête depuis toutes ces années. Tu dois me trouver ridicule… dit-elle en pouffant de rire.

Jane resta sérieux et lui répondit, soulagé qu'elle ne lui ai rien caché :

- Et à quoi ressemble-t-il ce petit garçon ?

- Il est blond, les cheveux bouclés…

Ils se mirent à rire tous les deux comme deux adolescents. Elle continua :

- Il est provocateur, désobéissant et un brin farceur. Continua-t-elle en traçant de petits cercles sur son épaule.

Mais il a le sens de l'humour et est très intelligent. Dit-elle en relevant les yeux vers lui.

- Tu as oublié fort avec un caractère bien trempé, déterminé et sensible. Il a les yeux vert émeraude et…

- Et c'est un vrai tombeur. Finit-elle à sa place.

- Je suis d'accord, si on a un garçon il sera exactement comme ça. Mais alors, et ton marché sur la plage ?

- Si c'est bel et bien un garçon, tu lui choisiras son prénom je ne reviens pas là-dessus. Je suis sûre que tu sauras trouver un truc qui me plaira.

Elle mit sa main sur la joue de Patrick et l'embrassa tendrement. Puis posa sa tête contre son torse. Jane mis une de ses mains dans ses cheveux et la serra contre lui. Il déposa un doux baiser sur sa tête.

- Je t'aime tellement. Dit-il

Pour réponse, Teresa l'enlaça et se colla encore plus à lui comme pour ne former plus qu'un. Les deux amants s'endormirent dans les bras l'un de l'autre.

Le lendemain matin, c'est elle qui émergea en premier. Ce matin, pas de nausée, « ouf » se dit elle « un peu de répit ». Elle se leva et entendit Jane grogner, elle décida de le laisser dormir. Elle prit sa robe de chambre, des affaires propres et se dirigea vers la salle de bain. Quand elle fut en train de se préparer, le téléphone sonna. C'était Cho, elle décrocha :

- Oui Patron.

- Je vous en prie Lisbon pas de « Patron » avec moi.

- Vous m'appeliez bien comme ça au CBI ?!

- Oui, mais ça me gêne.

- Faut pas Cho, tenez votre rôle, même avec moi.

- Ok. Vous allez bien ? Jane doit être en plein travaux ?

- Heu… on est parti un peu tous les deux au bord de la mer pour se changer les idées.

- Ok super. J'espère que le flic de l'autre jour ne vous a pas apporté de trop mauvaises nouvelles.

- Justement on est parti à cause d'une mauvaise nouvelle qu'il était venu me donner. Une de mes amies d'enfance est décédée, nous sommes allés présenter nos condoléances et nous recueillir sur sa tombe.

- Mince je suis désolé Lisbon. Vous rentrez bientôt ?

- Que se passe-t-il ?

- On est sur une affaire et on patauge un peu ; on a besoin de vous et Jane.

- On va revenir demain.

- Ok merci.

- Oh Cho, il va falloir qu'on trouve un moment pour parler de la suite au FBI concernant ma carrière.

- Ah d'accord ! Rien de grave j'espère ?

- Non, c'est plutôt une très bonne nouvelle. Dit Teresa en mettant la main sur son ventre.

- Ok, on prendra quelques minutes pour en parler, aucun problème. A demain.

- A demain Patron.

Elle raccrocha et se mit à caresser son ventre.

- On va faire plaisir à Papa, hein mon bonhomme. Je ne veux pas risquer de te faire du mal.

Jane commençait à se réveiller, il ouvrit les yeux et vit sa femme habillée et prête à attaquer cette journée.

- Quelle heure est-il ? demanda-t-il.

- L'heure de te lever, la marmotte. Faut qu'on rentre. Demain, Cho a besoin de nous. Enfin, je suppose qu'il a besoin de toi en vérité.

- Je suis flatté et tu l'es aussi n'est-ce pas ?

Patrick savait qu'il était un membre incontournable de l'équipe de Cho et que sa femme n'en était pas jalouse mais plutôt fière.

- Tu n'es rien sans moi ! lui dit-elle en le toisant.

- Oui, ça c'est bien vrai. Dit-il en se levant d'un bond.

Donc faut clore cette histoire aujourd'hui si je comprends bien.

- Tu comprends bien. Lui affirma-t-elle.

Jane prit ses affaires dans la valise et se dirigea aussi vers la salle de bain. Il parlait à Teresa depuis la pièce afin de faire le point.

- Si on résume, on a deux suspects, deux pompiers dont un qui est un meurtrier. Comme savoir lequel, me diras-tu ?

- Oui comment ? dit-elle d'une voie lointaine.

- Et bien, on va leur tendre un piège à ces deux-là. On verra qui nous ment.

- Tu crois que Costa nous mentirait ? Il est venu à notre rencontre et il nous a aidé.

- Oui je sais. Dit-il en sortant de la salle de bain. Je pense qu'il aurait pu faire tout cela afin de voir ce qu'on sait et suivre discrètement notre petite enquête officieuse. Qu'en penses-tu ?

- Cela s'est déjà vu en effet. Comment veux-tu t'y prendre ?

- On va leur faire croire qu'on a trouvé une preuve incontestable chez Elia, la maison est en vente je suppose.

- Oui je crois.

- Excellent, on va planquer là-bas et voir qui se ramène.

- Et s'ils se ramènent tous les deux ?

- J'espère que le meurtrier se dévoilera sous le coup de la surprise.

- C'est ça ton plan génial ?

- Hum… ce n'est pas terrible je sais, mais je ne vois pas comment on peut faire autrement en si peu de temps.

- Très bien, je prends mon arme alors.

Une fois habillé, Jane quitta l'hôtel en direction de la caserne. Il passa d'abord au bureau de Becky.

- Bonjour, lui dit-il.

- Bonjour Monsieur Jane, que puis-je faire pour vous cette fois ci ?

- Je ne me souviens plus où se trouve le bureau du Commandant Costa ; vous pouvez me conduire, s'il vous plait ?

- Oui, attendez juste une seconde, j'ai un dossier à archiver.

Jane patienta et vit Becky partir vers le fond de la pièce, il en profita pour lui voler une partie de son carnet de notes, une partie des premières pages qu'elle ne remarquerait pas. Afin de couvrir le bruit qu'il allait sûrement provoquer en déchirant les feuilles, il allait distraire son attention :

- Vous habitez en ville Becky ?

- Non je suis à l'orée de San Rafael, je suis en pleine campagne, j'aime les grands espaces.

- Ah ok, donc ça vous fait loin de la caserne ?

- Oh, 15 minutes en voiture environ. Dit-elle en se retournant après avoir fermé l'étagère de dossiers.

Je vais vous conduire au bureau du Commandant.

- Merci. Dit Jane les mains derrière le dos.

Il tenait les papiers volés et les glissa sous sa chemise. Becky l'amena au bureau de Costa. Celui-ci discutait avec un autre homme.

- Costa, j'ai du nouveau sur l'affaire d'Elia. Nous avons trouvé une preuve dans la maison d'Elia et, une fois analysée, nous saurons qui est le meurtrier.

Le Commandant regarda son collègue et les présenta :

- Dimitri, je te présente Patrick Jane, il enquête sur la mort d'Elia. Monsieur Jane, voici le Colonel Dimitri Antonov.

- Enchanté Colonel, dit-il en lui serrant la main.

C'est une belle montre que vous avez au poignet ! Elle est russe ?

- Quelle est cette preuve ? l'interrompit Costa.

- Je ne peux rien vous dire, mais dès demain nous allons faire le nécessaire afin de coincer le responsable.

- Pourquoi demain ?

- Car nous ne sommes pas ici dans le cadre d'une enquête officielle et il faut régler un peu de paperasse. Voyez-vous, nous avons trouvé la preuve mais nous n'avions pas de mandat alors on a dû la laisser là-bas.

- Ok je vois. Je serai aux premières loges alors.

- J'espère bien Commandant, dit Jane.

Puis Patrick tourna les talons et partit.

Jane rejoignit Teresa dans le véhicule. Elle démarra.

- Alors comment ça s'est passé ? Demanda t-elle.

- Y'avait Antonov avec lui, c'était inespéré, on a un peu de réussite dans cette histoire.

Il sortit les papiers de sous sa chemise.

- Qu'est-ce que c'est ? Demanda Lisbon.

- J'ai volé ça à Becky.

- Pourquoi ?

- Pour vérifier quelque chose. Il lut les notes.

Teresa lui jetait des coups d'œil tout en conduisant vers la maison d'Elia.

- Je vais te dire ce qui s'est passé… commença Patrick. Mais avant, on doit passer chez Barry.