D'une main tremblante, Kuina éteignit le minuteur de son téléphone portable. Elle n'avait aucune envie de se retourner pour regarder le petit objet en plastique qui scellerait son destin. Maintenant qu'elle avait fait le test, elle le regrettait amèrement. Peut-être aurait-elle dû attendre un peu plus longtemps ? Peut-être aurait-elle mieux fait d'ignorer la situation en espérant que tout allait bien jusqu'à ce que son corps commence à lui crier le contraire ?
Mais elle savait que cela aurait été bien trop immature de sa part. Elle devait faire face aux conséquences de ses actes. Elle était une adulte responsable et quand elle avait un problème, elle l'affrontait.
Elle tourna quand même dix petites minutes de plus dans la cuisine, s'occupant en rangeant tout ce qu'elle trouvait à ranger, avant de finalement se dire qu'il était grand temps qu'elle retourne au salon pour connaître les résultats.
Elle avait honte de la peur qu'elle ressentait et qui lui nouait la gorge. Des milliards de femmes avant elle avaient vécu la même chose et aucune d'entre elles n'en étaient mortes (enfin, si, cela arrivait parfois, mais elle préférait ne pas y penser, refoulant la vague de panique qui monta lentement mais sûrement en elle à cette pensée), il n'y avait pas de raison qu'elle ne surmonte pas cette épreuve.
Déterminée, Kuina attrapa alors délicatement le test de grossesse et posa son regard sur le résultat. Elle le fixa pendant de longues secondes, puis cligna des yeux lentement. De sa main libre, elle vint se frotter les yeux, puis revint observer son test.
Positif.
Elle était enceinte.
Kuina, du haut de ses vingt-trois ans, elle qui venait à peine de débarquer dans le monde du travail, était enceinte. Elle sentit tous ses membres la lâcher et elle dut s'asseoir sur l'accoudoir du canapé pour ne pas s'écraser au sol. Trop de questions se mélangeaient en elle, tellement qu'elle ne savait même pas par quoi commencer. Il fallait qu'elle prenne rendez-vous chez le médecin, ou peut-être son gynécologue ? Et puis il fallait l'annoncer à ses proches, mais déjà allait-elle le garder ? Quand elle s'imaginait mère dans à peine neuf mois (peut-être moins !), elle ne parvenait pas à vraiment se voir. Elle n'avait jamais eu de mère. Elle ne savait pas comment une mère était censée s'occuper d'un enfant, d'un bébé.
- C'est la merde, souffla-t-elle. Oh putain, c'est vraiment la merde.
Et il fallait l'annoncer à Sabo. Bon sang, ils n'avaient jamais parlé d'enfants ! Peut-être qu'il n'en voulait même pas. Ou alors peut-être qu'il n'était pas du tout fixé. Après tout, elle-même hésitait encore. Elle était jeune, qui sait où elle se retrouverait dans dix ans ! Mais maintenant qu'elle était devant le fait accompli, elle n'avait d'autre choix que de l'annoncer à son petit-ami.
Elle se pencha pour ramasser le test de grossesse, sans savoir vraiment quand elle l'avait fait tomber, et vérifia de nouveau le résultat. Pour son plus grand malheur, il n'avait toujours pas changé.
Kuina prit une grande inspiration et se força à se calmer. Elle devait avoir un peu de temps devant elle avant que Sabo ne rentre, il fallait qu'elle réfléchisse à comment le lui annoncer. Comment aborder ce sujet alors qu'il ne savait même pas qu'elle s'était acheté un test de grossesse...
Un bruit sourd la fit sursauter et elle se retourna pour voir justement la personne à qui elle pensait. Sabo venait tout juste de rentrer des courses, si elle en croyait le sac qu'il venait de laisser tomber par terre. Cependant, il ne se préoccupait pas de savoir si les œufs qu'il venait d'acheter étaient cassés ou pas, son regard étant rivé sur le petit test que Kuina tenait entre ses mains (et qu'il semblait avoir reconnu, si on en croyait son regard à la fois perdu et horrifié).
Kuina sentit la panique revenir.
- Sabo, il faut qu'on parle.
Pendant de longues semaines, Sabo et Kuina n'avaient cessé de parler du petit enfant qui grandissait en Kuina. Aucun des deux n'était vraiment sûr d'être prêt, ils étaient si jeunes et avaient encore du mal à comprendre tout ce qu'un enfant changerait dans leur vie. Sabo avait affirmé qu'il voulait des enfants, peut-être pas aussi tôt, mais c'était une certitude. Kuina, elle, était toujours hésitante, mais elle ne se sentait pas non plus prête à se séparer de la vie qui grandissait en elle.
Alors ils avaient fait le choix d'attendre.
Ils avaient neuf mois devant eux, il fallait juste qu'ils prennent leur décision d'ici l'accouchement. C'était très probablement irresponsable de leur part, mais ils ne pouvaient pas prendre une décision qui changerait leur vie si vite.
Cependant, s'il y avait bien une chose qui n'attendrait pas, c'était le ventre de Kuina qui ne tarderait pas à s'arrondir. Heureusement pour eux, sa garde-robe n'était pas vraiment composée de vêtements prêt du corps, elle pourrait se cacher quelques mois encore.
C'était du moins ce qu'elle avait prévu de faire, mais, encore une fois, le destin semblait apprécier jouer avec elle et surtout mettre à l'eau tous ses plans.
Ace, le frère de Sabo, la regardait bouche-bée alors qu'elle était tranquillement assise au salon, en train de lire un livre sur la grossesse. Elle prit le soin de corner la page qu'elle lisait et ferma l'ouvrage, essayant de masquer la panique qui s'installait en elle (elle commençait à s'y habituer et aimait croire qu'elle était plutôt douée pour la cacher). Avec un peu de chance, il n'aurait pas vu le titre.
- Tu es enceinte ?!
Ah, la chance. Cette chose qu'elle n'avait pas.
- Je lisais juste un livre, Ace. Me renseigner ne veut pas dire que j'attends un...
- Tu es vraiment la pire menteuse que j'ai jamais vue, la coupa-t-il. Tu as laissé ton échographie sur la table.
Kuina se sentit rougir de honte.
- Quelle idée de passer toi aussi ! explosa-t-elle. Tu aurais pu m'envoyer un message ! Ou frapper à la porte !
- Je l'ai fait ! Ça fait une heure que j'essaie de t'appeler, mais tu ne réponds jamais !
A court d'arguments et sachant très bien qu'elle était la fautive de l'histoire, elle lui jeta son livre à la figure. Sabo et ses frères avaient toujours été comme ça : à débarquer les uns chez les autres sans prévenir, juste parce qu'ils avaient envie de se voir. Elle comprenait qu'ils étaient extrêmement proches et avaient constamment envie de prendre des nouvelles des autres, mais leur intimité en prenait un coup.
Même si elle ne pouvait rien dire à ce propos, étant donné le nombre de fois où Zoro finissait ici après avoir oublié le chemin pour rentrer chez lui.
Ace s'assit à côté d'elle et Kuina se força à sortir de ses pensées pour le regarder.
- On voulait t'en parler... On voulait en parler à tout le monde. Mais... C'est difficile. On n'est même pas sûrs de le garder. Un bébé, c'est une responsabilité énorme ! Et j'ai l'impression d'être encore une adolescente, je me vois mal être responsable de la vie de quelqu'un d'autre.
Mettre des mots sur ce qu'elle ressentait était plus difficile que ce qu'elle pensait. Elle en avait certes discuté avec Sabo, mais il avait exprimé les mêmes inquiétudes. En discuter avec quelqu'un extérieur à leur foyer était une toute autre étape. C'était non seulement admettre qu'ils se trouvaient dans une situation compliquée, mais surtout qu'ils n'avaient aucune idée de comment en sortir ni quand ils le pourraient.
C'était révéler ses insécurités au grand jour et ce n'était tout simplement pas son genre.
Pourtant, elle ressentait aussi un étrange soulagement. Partager ses inquiétudes lui faisait du bien et même si elle savait que Ace n'aurait pas la réponse à ses questions, il pourrait peut-être partager des propositions.
Ace vint s'asseoir à côté d'elle et posa une main sur son épaule.
- C'est pas vraiment à moi de prendre cette décision, mais j'ai vraiment hâte d'avoir un neveu ou une nièce.
Mais bon, Kuina savait aussi que ce n'était pas le genre de Ace, de donner des conseils. Pourtant, la légèreté avec laquelle il prenait cette nouvelle la fit sourire. Elle repoussa sa main et reprit son livre pour le poser sur ses jambes.
- Tiens, un peu de lecture. Maintenant que tu es au courant, toi aussi tu as intérêt à te tenir informé.
Elle ignora sa grimace et attrapa la télécommande. Elle avait assez travaillé pour aujourd'hui, elle pouvait se permettre un petit moment détente devant la télévision.
- Chapitre un, lit Ace à voix haute. Annoncer la nouvelle.
Il fit une pause de quelques secondes.
- Tu en as parlé à ton père ?
L'annonce de sa grosses ne s'était pas bien déroulé. Elle ne s'était pas bien déroulé du tout. Koushirou n'avait pas dit un mot, mais son visage livide laissait transparaître à quel point il n'approuvait pas cette nouvelle.
Après deux longues heures à essayer de lui expliquer qu'ils maîtrisaient la situation (ce qui était complètement faux) et une bonne demi-heure à essayer de lui tirer un mot, Sabo et Kuina avaient abandonné et avaient décidé de rentrer chez eux. Ils ne furent pas surpris lorsqu'ils trouvèrent Ace confortablement assis dans leur canapé, les pieds sur la table basse en train de manger la nourriture qu'il avait très probablement trouvé dans leurs placards.
- Alors ? Ça s'est passé comment ?
- A ton avis.
Sabo se laissa tomber à côté de lui et lui arracha le paquet de chips des mains.
- Si je disparais mystérieusement du jour au lendemain, dis à la police que c'est sûrement Koushirou-san. J'avais l'impression qu'il voulait m'arracher la tête.
- Tu exagères. C'est juste qu'il ne s'y attendait pas.
Sabo envoya un regard peu convaincu à Ace. Kuina était la seule fille de Koushirou et ce dernier avait toujours eu du mal à accepter qu'elle fasse sa vie avec Sabo. L'annonce de sa grossesse avait semblé lui donner des pulsions meurtrières.
- Au moins vous avez passé le premier chapitre du livre ! s'exclama Ace pour changer de sujet. Et ne vous inquiétez pas pour les autres, je me suis occupé de tout.
Sabo et Kuina se retournèrent vers lui à une telle vitesse qu'il regretta ses mots.
- Tu as quoi ?! s'écrièrent-ils d'une même voix.
- Vous passez beaucoup trop de temps ensemble.
- Ace !
Sabo le prit par les épaules et commença à le secouer comme un prunier.
- A qui tu l'as dit ?! Pourquoi tu l'as dit ?!
- Je pensais bien faire ! Si je ne l'avais pas découvert, vous l'aurez caché pendant combien de temps ?
Ace n'avait pas tort. Leur plan initial avait été de cacher la grossesse de Kuina tant qu'elle ne se voyait pas, puis d'inventer une excuse absurde pour partir pendant les derniers mois et qu'elle accouche de l'autre côté du pays. S'ils avaient décidé de ne pas garder le bébé, personne n'aurait été au courant de rien, et s'ils avaient décidé de le garder, ils auraient bien fini par trouver une excuse.
Leur plan était bancal au mieux et complètement délirant au pire, mais c'était le seul qu'ils avaient trouvé. Du moins jusqu'à ce que Ace entre dans l'équation.
Sabo lâcha son frère lorsqu'il entendit quelque chose rentrer dans leur porte. Des personnes semblèrent se disputer dans le couloir de leur immeuble, puis la porte de l'appartement s'ouvrit dans un grand fracas, laissant entrer Zoro et Luffy qui étaient tous les deux essoufflés.
- Kuina ! Tu es enceinte ?!
Expliquer la situation à Zoro et Luffy avait été bien plus compliquer que l'expliquer à Ace. Les deux jeunes hommes étaient bornés, refusant de comprendre pourquoi ils n'en avaient parlé à personne, et ils avaient dû leur expliquer plusieurs fois que non, ils ne l'avaient pas dit à Ace en premier et que oui, il l'avait découvert par accident.
Sans se concerter, Sabo et Kuina jugèrent tous les deux qu'il était plus judicieux de ne pas parler de leur hésitation quant à l'avenir du bébé au sein de leur famille, préférant ne pas avoir à se lancer dans de nouvelles explications.
Zoro et Luffy semblaient enfin calmes et ils n'avaient pas l'intention de les voir se remettre à hurler leurs questions (alors qu'ils n'écoutaient même pas leurs réponses).
- J'arrive pas à croire que vous l'ayez caché pendant tout ce temps... répéta Luffy pour au moins la troisième fois.
- Encore une fois, Luffy, ce n'était pas intentionnel.
Si on avait pu, on vous l'aurez caché encore plus longtemps, se retint d'ajouter Kuina.
Cependant, elle n'eut même pas le temps d'ouvrir la bouche que Zoro prit la parole à son tour.
- Et donc, qui sera le parrain ?
Ils se retournèrent tous vers Zoro et le fixèrent en silence pendant quelques secondes. Ce n'était pas une question qu'ils s'étaient posé et encore mois une qu'ils auraient pensé entendre venant de Zoro.
Pourtant, comme s'il venait de lâcher une bombe dans l'appartement, Luffy se leva d'un bond en hurlant que c'était à lui que revenait ce droit, avant de se faire couper par Zoro et Ace qui explosèrent à leur tour.
Sabo soupira et Kuina se massa les tempes, sentant que cette soirée allait être bien longue...
- Stop, déclara Kuina.
Elle n'eut pas besoin de hausser le ton, tous comprirent qu'elle n'était pas d'humeur. Et quand Kuina n'était pas d'humeur, il valait mieux lui obéir avant qu'elle perde patience.
- Vous ne vous rendez pas compte des responsabilités que ce rôle implique, continua-t-elle une fois le calme complètement revenu. Imaginez une seconde. Imaginez que Sabo et moi, il nous arrive quelque chose de grave. Imaginez qu'on perde la vie et que derrière nous, on laisse un bébé de quelques mois à peine. Ça voudrait dire que celui qu'on choisirait, celui qu'on penserait assez responsable, devrait s'occuper d'un enfant toute sa vie. S'assurer qu'il grandisse en bonne santé, lui expliquer un jour pourquoi ses parents ne sont plus là, et surtout faire en sorte qu'il soit heureux. Tout ça pendant des dizaines d'années. Voire plus. Toute la vie, en fait.
- Kuina, tu...
Kuina secoua la tête et Sabo se tut. En parlant, elle comprenait peu à peu que cette grossesse ne la laissait pas aussi indifférente que ce qu'elle prétendait. Elle comprenait qu'elle n'arriverait pas à simplement accoucher, puis se séparer de cet enfant qu'elle sentait grandir en elle. Elle avait beau être encore hésitante, elle commençait à comprendre peu à peu qu'elle n'avait aucunement envie d'abandonner ce bébé qu'elle aimait déjà. Et Sabo, en l'entendant parler, l'avait lui aussi compris. Ils avaient pris leur décision.
- Vous seriez capables d'assumer une telle responsabilité ?
Zoro et Luffy s'échangèrent un regard hésitant. Kuina et Sabo se sentaient bien trop jeunes pour avoir un enfant, alors eux ? Ils étaient eux-mêmes des enfants.
- Moi oui.
Kuina se tourna soudainement vers Ace, les yeux grands ouverts. Elle ne s'était de toute évidence pas attendu à ce qu'il réponde à sa question. Pourtant, son ami ne semblait pas du tout plaisanter. Son visage était sérieux et ses yeux déterminés. C'était comme s'il avait déjà réfléchi à la question, comme s'il se sentait prêt à assumer cette lourde responsabilité.
Kuina se tourna vers Sabo et acquiesça.
- D'accord, répondit Sabo avant de sourire en voyant le visage de son frère s'illuminer de joie. Ace, tu seras le parrain.
Kuina ferma le dernier carton et Zoro le souleva pour le descendre. Elle se retourna et regarda l'appartement vide avec tristesse. Elle ne se souvenait pas que cet endroit ait un jour été aussi froid et terne. Elle l'avait toujours connu rempli de meubles en vrac, avec des objets et des affaires traînants ici et là, et surtout des cris et des rires entrecoupés par les chamailleries de Ace, Sabo et Luffy.
Pourtant, elle n'entendrait plus jamais ces sons qu'elle aimait tant. Ace les avait quittés un mois plus tôt, et Sabo et Luffy ne s'en remettaient pas.
Cela avait été si soudain, si brutal, qu'elle n'avait d'abord pas réalisé ce qu'il s'était passé. Puis, elle n'y avait tout simplement pas cru, refusant de voir la vérité en face jusqu'à ce qu'elle se retrouve devant le fait accompli. Ace n'était plus là, et il avait emporté avec lui la joie de vivre de toutes les personnes qui l'aimaient.
La vie continuait pourtant et il fallait surmonter la douleur de sa perte et avancer.
- Kuina !
Elle sortit de ses pensées en entendant Zoro l'appeler. Ils venaient de finir de vider l'appartement de Ace de ses dernières affaires, ils devaient maintenant rendre les clés au propriétaire. Kuina sentit les larmes lui monter aux yeux en pensant à tout ce qu'elle avait vécu ici. Ace avait été un ami si cher pour elle, elle avait passé tant de temps ici, avec lui, à rire de ses bêtises. C'était aussi ici qu'elle avait rencontré Sabo et Luffy, et c'était entre ces murs qu'elle avait compris que ces trois frères étaient si attachants qu'elle ne voudrait probablement jamais les laisser quitter sa vie.
Cet accident lui avait cependant rappelé que ce choix ne tenait pas d'elle.
D'une main tremblante, elle essuya les quelques larmes qui roulaient sur ses joues et, pour la dernière fois, elle ferma la porte de l'appartement de son meilleur ami le cœur lourd.
Elle rejoignit Zoro en bas de l'immeuble. Il était accompagné de Sanji et Nami, le garçon écrasant sa cigarette en la voyant arriver et la jeune rousse lui faisant un signe de main timide qu'elle lui rendit.
- On va amener les affaires chez eux, le temps que Sabo et Luffy soient prêts à les trier, expliqua Zoro.
Kuina acquiesça. Elle ne savait pas vraiment quoi dire. Ils savaient tous qu'il faudrait des mois, voire des années, avant que Sabo et Luffy ne se remettent de la perte de leur frère et soient prêts à passer au crible tout ce qu'il possédait. Qui sait combien de temps les affaires d'Ace resteraient dans ces cartons.
- Je vous laisse faire alors. Je vais rentrer.
- Fais attention sur la route.
Kuina sourit tristement à Zoro et s'en alla. Le trajet pour rentrer chez elle ne lui prit que quelques minutes et elle s'empressa de monter les escaliers pour retrouver son chez-soi, désirant oublier la froideur de l'appartement vide de Ace. Elle savait que ce ne serait pas plus gai chez elle. Sabo n'était pas sorti depuis le décès de Ace, il ne parlait presque pas et il avait même du mal à regarder le ventre de Kuina qui s'arrondissait peu à peu. Ils avaient choisi Ace comme parrain peu avant son décès et penser à son sourire à cette annonce était bien trop douloureux.
Il fallait pourtant qu'ils surmontent cette épreuve et Kuina savait que c'était son rôle de l'aider. Alors elle passa le pas de la porte et décida qu'il était temps qu'ils aient une longue discussion.
Kuina était allongée sur le canapé, les mains sur son ventre, et regardait la télé sans vraiment enregistrer ce qu'il s'y passait. Le bébé ne cessait de bouger et même si les premiers jours elle avait été émerveillée de le sentir donner des coups de pieds, depuis qu'il avait compris qu'il pouvait la tenir éveillée il n'avait cessé de le faire. Elle se réveillait donc toutes les nuits, et les rares fois où elle s'assoupissait en journée pour reprendre des forces, le bébé se remettait à la marteler de coups pour l'en empêcher.
Elle était donc dans un état un peu second, constamment épuisée à cause du manque de sommeil mais n'arrivant cependant toujours pas à s'endormir. Et cette fatigue se manifestait physiquement, si on en croyait les cernes qui ornaient son visage.
- Tu dors ?
Kuina leva les yeux vers Sabo qui la regardait, accoudé au canapé.
- A ton avis ? Ton démon ne me laisse pas une seconde de répit.
Sabo sourit et posa une main sur son ventre arrondit, le caressant tendrement en sentant de très légers coups de pieds. En moins d'une minute, les coups se calmèrent, leur intensité diminuant peu à peu jusqu'à complètement cesser.
- Évidemment, quand c'est toi qui le fais, ça marche, pesta Kuina.
- On sait déjà qui est son préféré.
Kuina lui jeta un regard noir, mais Sabo y était immunisé depuis bien longtemps. Il entrelaça leurs doigts, caressant son ventre de son pouce et les doux mouvements berçaient Kuina. Elle essaya de lutter contre le sommeil, mais elle savait que c'était inutile, la fatigue la rattrapant rapidement. Elle regarda le sourire tendre de Sabo qui fixait son ventre et sourit à son tour.
Après tout ce qui était arrivé et les épreuves qu'ils avaient dû traverser, Kuina sentait enfin qu'elle était prête à avoir un enfant.
