Prologue

De l'Aquilon les effors seront grands / sus l'Ocean sera la porte ouuerte/ Le regne en l'isle sera reintegrand/ Tremblera Londres par voile descouuerte.
(De grands efforts venus d'Amérique/ Voyageront par delà l'Océan / Le règne sur l'île sera rétabli / Londres tremblera quand le voile sera levé)
Michel de Nostre-Dame, dit Nostradamus – Centuries

Elle connait les prophéties par cœur. Elle ne les aime pas, trop nébuleuses, trop imprécises. Mais ce matin, Calypso ressens le besoin impérieux de relire celle-ci en particulier. Le parchemin et la traduction moderne sont étalés sur son bureau. Lire n'avait pas suffi, elle a besoin de quelque chose de plus.

Le murmure de la Magie autour d'elle ressemble presque à des phrases, presque à de la musique. Il manque quelque chose, aujourd'hui est un jour important. Elle conjure une note urgente à son scribe habituel, et pose sa main sur le mur, demandant silencieusement à la demeure de lui octroyer les meilleures conditions possibles pour sa Transe.

Elle descend au sous-sol, allume l'encens, les bougies, et dessine un vévé impeccable au sol. Alors que le scribe s'installe et lui fait un signe de tête, elle ferme les yeux. Inspire. Expire. Elle voit la magie s'enrouler, dorée, argentée, cuivrée autour d'elle, éblouissant ses sens. Elle se sent transportée loin. Elle écoute, elle attend.

« Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche... il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié, il sera né lorsque mourra le septième mois... et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal, mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore... et l'un devra mourir de la main de l'autre car aucun ne peut vivre tant que l'autre survit... celui qui détient le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres sera né lorsque mourra le septième mois ... »

Tandis que la voix de la femme s'éteint, des nuages obscurs s'amoncellent.
Sur l'échiquier géant de la vie, un enfant déplace un pion. La partie commence.

L'encens est froid quand loin, loin de la gargote obscure et sale où la Prophétie a été dite, la femme ouvre les yeux.
Le scribe a pris note de ses paroles alors qu'elle voyageait en transe totale. Elle cligne plusieurs fois des yeux et fixe l'homme d'un air rêveur. Elle a toujours du mal en reprenant contact avec la réalité.

La Magie vibre autour d'elle, contre sa peau, le long de ses veines. L'adrénaline monte, l'espoir gonfle son cœur. Elle étire ses membres, incapable d'enlever le sourire de prédateur qui orne son visage.

- L'Histoire se met en marche, Albus. Voyons ce qui en sortira… Et foi de Calypso Cantarelle, cette fois, l'Histoire ne nous oubliera pas.