Eeeeh, il a fallu attendre la 4e fic mais j'ai enfin réussi à écrire une happy end pour le Itafushi ? Évidemment Itadori est encore un peu malmené intérieurement mais le pauvre a tellement de traumas à guérir TT c'est très cliché et peut-être un peu out character et certaines dates sont probablement pas cohérentes mais j'espère que ce sera sympa à lire ✨
Il s'était promis de rester assis jusqu'au bout. Cette réunion était importante, vitale même pour remettre sur pieds l'ordre des exorcistes. Tous les concernés s'étaient retrouvés à l'école de Tokyo pour parler d'avenir. Évidemment, Itadori en faisait partie. Il avait croisé beaucoup de visages familiers en s'installant à une place dans le fond de la grande salle. Il savait que c'était son devoir d'y participer, il devait aider même s'il ne savait pas vraiment comment se rendre utile.
Mais au final, ce qui les intéressait ce n'était pas de remettre en place une protection correcte des humains et de nettoyer les lieux encore infectés de fléaux. Non, la priorité allait aux partages du pouvoir, à quelle famille sortirait gagnante de cette nouvelle organisation. Itadori n'avait pas encore dit le moindre mot, il les écoutait à moitié se disputer et s'agiter pour défendre leurs intérêts. Un spectacle ridicule, qui lui retournait l'estomac.
Sukuna était mort. Kenjaku aussi. Un miracle, beaucoup avait du mal à croire que cette guerre était réellement terminée, probablement parce que ça n'avait pas un goût de victoire. Nobara, Nanami, Gojo, et beaucoup d'autres n'avaient pas eu la chance de pouvoir s'asseoir ici pour parler d'avenir.
Et eux, les anciens et les survivants, ils ne trouvaient rien de mieux à faire que de jouer les vautours sur les restes de cette guerre. Ils débattaient comme si tout était déjà de l'histoire ancienne, comme s'ils ne venaient pas de sortir d'un carnage. Ces sacrifices, ils les piétinaient pour leur propre intérêt. Itadori les trouvait à vomir.
Il s'était promis de rester assis jusqu'au bout, mais après une heure, il ne se sentait pas capable de plus en écouter. Discrètement, il s'était éclipsé, et une fois dehors avait pris une grande inspiration. Son absence ne se ferait même pas remarquer. Okkotsu et Maki se débrouillaient très bien ensemble pour tenir tête aux anciens. Ses autres camarades étaient aussi de leurs côtés, ils sauraient faire sans lui.
Itadori s'arrêta en haut des marches, l'air était frais dans la cour de l'école. Tout de même, il devrait peut-être attendre que la réunion se termine avant de partir, c'est à peine s'il les avait salué de loin. En arrivant en retard, il n'avait pu parler avec personne. Ils méritaient d'avoir des nouvelles, ne serait-ce pour ne pas les inquiéter.
Plutôt que d'attendre assis au coin des marches, Itadori en profita pour longer les couloirs extérieurs. L'endroit était désert, tous étaient occupés par la réunion. Tant mieux, Itadori avait envie d'être seul.
Il traversa le terrain d'entraînement, celui de baseball, les allées, puis après une hésitation entra dans un des bâtiments. Voir sa salle de classe vide était étrange. Leurs tables n'avaient pas bougé, même si leur dernier cours théorique remontait à loin. Il n'osa pas entrer, et préféra continuer d'avancer dans le couloir.
Tout était comme dans ses souvenirs, chaque endroit avait le même sentiment familier. Le seul changement était le silence, il n'y avait plus personne pour faire frapper les armes sur le terrain d'entraînement, aucune voix pour donner des leçons ou de bruits de pas le long des couloirs. Vide, tout était vide.
Itadori ne pourrait plus voir la moitié des personnes qui rendaient cette endroit si vivant. Il sentit les larmes monter en approchant du dortoir. Incapable de regarder la porte menant à la chambre Nobara, il fonça vers la sienne. À être ici, c'était l'occasion de récupérer ses affaires. Il n'avait pas grand chose de toute manière.
Ce n'était pas correct, mais il ne se sentait pas capable d'attendre de voir les autres. Il n'aurait qu'à partir une fois sa chambre débarrassée. Itadori savait que c'était lâche, mais il avait peur de leur faire face. Il ne serait pas capable de les regarder droit dans les yeux après ce qu'il avait provoqué. Il ne se sentait plus capable de rien depuis la fin de cette guerre. Il n'avait aucune raison d'être ici.
C'était malin, il réfléchissait trop et les larmes en profitaient.
Il ouvrit la porte, l'autre main occupée à essuyer ses yeux humides. Ici aussi, rien n'avait changé, excepté la personne allongée sur son lit. Itadori sursauta en la remarquant, et sa première idée fut de refermer la porte et de faire demi-tour.
- Fushiguro…?
Itadori n'avait pas voulu sonner aussi effrayé. Sauf qu'il n'avait pas prévu de tomber sur lui, surtout pas maintenant, surtout pas ici. Ce n'était pas le bon moment, il n'avait pas encore réfléchi à ce qu'il voulait lui dire. Il recula d'un pas, au même moment Fushiguro posa le livre qu'il lisait et se redressa.
- On en est vraiment là ? Itadori, s'il te plait. M'obliges pas à te forcer à rester ici.
Tout en parlant, il mima un début de signe pour appeler ses familiers. Itadori se sentit prit au piège, son cœur battait déjà trop vite. Il leva les mains et préféra capituler, la dernière chose qu'il souhaitait était de se battre avec Fushiguro.
Il avala difficilement sa salive et alla s'asseoir sur la chaise en face de son lit. Fushiguro avait reposé ses mains contre les draps, mais ne le lâchait pas des yeux. Itadori lui, était incapable de faire de même.
- Tu… tu vas bien ? Il demanda dans un sourire forcé.
- Mh, sûrement aussi bien que toi.
Le silence se fit pesant, Fushiguro n'ajouta rien. Itadori se sentait sens dessus dessous. Il était idiotement heureux d'entendre sa voix, il mourait d'envie de lever les yeux, de le voir, de pouvoir être certain qu'il allait bien. Après tout, il ne l'avait pas vu depuis que Sukuna avait quitté son corps. Ou plutôt, il l'avait soigneusement évité.
- Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ?
Itadori avait fini par se persuader que Fushiguro serait en colère contre lui. Que la première chose qu'il aurait fait était de hurler, de lui reprocher son absence, sa fuite, son manque de réponses à ses messages. Il avait tous les droits de lui en vouloir et de le détester.
- Alors il ne s'attendait pas à l'entendre parler si calmement.
- Tu comptes rester exorciste ? Ou tu vas partir à l'autre bout du pays et recommencer ta vie ?
Les questions de Fushiguro étaient légitimes, mais Itadori n'avait aucune réponse valable à lui offrir.
- Je peux comprendre que t'ai envie de tout laisser derrière. Plus y penser. Faire comme si c'était jamais arrivé.
Du coin de l'œil, Itadori osa regarder rapidement l'autre garçon. Il ne le fixait plus, il avait reporté son regard vers la fenêtre. Il avait l'air pensif, il n'y avait définitivement aucune colère, aucun ressentiment.
- Ils ont envie que tu restes, surtout Choso, Todo aussi. Je t'apprends rien. Tu risques de leur manquer. À moi aussi.
Itadori n'avait pas envie de les abandonner. Ils étaient les dernières personnes chères à ses yeux, il ne se sentait pas capable de tenir sans eux, et en même temps, avait-il vraiment le droit de profiter de leur compagnie ?
- Tu comptes vraiment rien me dire, hein ? Soupira Fushiguro. Même me regarder c'est trop dur ? T'as peur d'imaginer Sukuna ? Je te fais peur maintenant-
- N'importe quoi !
Cette fois-ci, il répondit en un souffle, sans se laisser le temps de réfléchir. Itadori leva les yeux pour le contredire et lui faire oublier des idées aussi stupides. Il ne s'attendait pas à ce que Fushiguro se soit levé du lit pour lui faire face, et surtout pour l'attraper par le col.
- Alors réagis ! Dis quelque chose ! Donne au moins l'impression que t'as des plans ! Arrête avec ce regard complètement vide !
Finalement, la colère était bien là. Entendre Fushiguro lui hurler à quelques centimètres du visage ne donna qu'une envie de s'excuser à Itadori.
- Désol-
- Non ! Cest- T'es toujours le même ! On a survécu, on a gagné, Sukuna est mort, arrête de tout garder pour toi !
Itadori ne voulait pas entendre la suite. Il avait bien trop peur d'entendre de sa bouche ce que Sukuna n'avait cessé de lui répéter quand il habitait encore son corps. Dans un début de panique, il voulut se défaire de sa poigne, mais Fushiguro tenait bon, ou peut-être était-ce lui qui n'osait pas y mettre de force.
- Non-, j'ai pas- il tenta misérablement de parler.
- Pourquoi tu t'es isolé ? Pourquoi tu m'ignores, moi et tous les autres ? Me prends pas pour un abruti Itadori, je sais ce que t'as en tête !
Sans prévenir, Fushiguro le relâcha, le laissant tomber contre le bureau, mais ne recula pas. Il allait le dire, Itadori sentait un frisson prêt à le traverser. Il allait le dire, que c'était de sa faute, qu'il était le seul fautif, la cause première de tout ce massacre, qu'il n'avait rien contrôlé du tout, qu'il était un meurtrier, qu'il-
- J'ai tué ma sœur.
Itadori releva les yeux vers Fushiguro.
- Je t'ai blessé, j'ai blessé Maki, Kurusu, quasiment tous ceux qui étaient de notre côté.
- Attends Fushi-
- J'ai tué Kashimo. J'ai tué Gojo. Alors quoi ? Moi aussi je mérite pas d'avoir survécu ? Moi aussi je devrais mourir pour leur rendre honneur ?
- Bien sûr que non ! T'y étais pour rien, Sukuna-
- Alors explique moi la différence ! Pourquoi toi tu devrais mourir pour les fautes de Sukuna ? Pourquoi t'en serais plus responsable ?!
Voilà que Fushiguro criait de nouveau, mais cette fois Itadori en comprenait un peu mieux la raison. Il sentit trop tard la chaleur sous ses yeux, une larme roula avant qu'il ne puisse l'essuyer d'un revers de main.
Tiens, à force de le regarder, Fushiguro aussi avait les yeux brillants. Itadori ne savait plus s'il avait la gorge serrée à cause de la culpabilité ou de l'appréhension. Fushiguro avança vers lui, plus prudemment il posa simplement les mains sur ses épaules. Sa voix aussi s'adoucit lorsqu'il supplia presque :
- Pourquoi tu peux pas avoir un peu de pitié pour toi-même ? Tu veux te rendre coupable de tout, que ce soit la traque, Shibuya, ma possession par Sukuna. Mais personne t'en tient rigueur, ils veulent te voir te relever, pas t'enfoncer seul.
Les larmes qui coulèrent, Itadori ne s'en débarrassa pas. C'est Fushiguro qui s'en occupa du bout des doigts.
Fushiguro qui avait les mains douces, Fushiguro qui avait une voix rassurante. Fushiguro qui était trop gentil, trop patient, trop compréhensif.
Fushiguro qui ne l'avait jamais regardé comme un réceptacle.
Ses mains le retenaient à peine contre le bureau, tout à coup ses jambes le supportaient difficilement. Son corps flancha, à peine, pourtant Fushiguro le rattrapa entre ses bras.
Beaucoup trop, Fushiguro donnait trop. Itadori était incapable de parler, sa gorge ne lui autorisait que de misérables sanglots. Ses mains agrippèrent le haut sombre, et sa tête se laissa tomber contre son épaule.
- Je suis désolé… il réussit finalement à articuler.
- J'aurais pas dû être aussi direct, murmura Fushiguro près de son oreille. Mais c'est hors de question que je te laisse croire que t'as raison.
Si Itadori était sincère, mourir lui avait traversé l'esprit plus d'une fois. À force de ressasser les horreurs commises par Sukuna, d'imaginer que rien ne serait arrivé si Gojo n'avait pas eu pitié de lui, c'était assez facile de se convaincre.
Les nuits blanches aidaient aussi, comme les siestes entre coupées de cauchemars puant le sang et l'énergie occulte. Alors la question revenait souvent, oui. Pourquoi était-il encore en vie ? Pourquoi lui ? Pourquoi alors qu'il était celui condamné à mort ?
Et si lui en arrivait à ces conclusions, qu'est-ce qui empêchait les autres de faire de même ? Qu'est-ce qui les empêchait de le détester, de vouloir le voir payer ?
- Tu mérites pas de mourir Itadori. Personne le pense.
Dans ses rêves, Fushiguro le haïssait, il le tenait par la gorge et l'accusait de toutes les morts. Après tout, Itadori avait laissé Sukuna approcher son corps et l'utiliser à sa guise.
Il s'en était détesté, jusqu'à vouloir s'en punir violemment. Même à la fin de la guerre, Itadori avait été incapable de faire face à Fushiguro. Il n'avait pu que se cacher, l'ignorer, lui et les autres. La culpabilité l'avait effrayé de leurs réactions, il craignait leur cris, leurs reproches, leur colère. Il craignait de ne plus pouvoir garder un seul bon souvenir du peu qu'il lui restait. Il ne se sentait pas capable de supporter la haine de Fushiguro.
- C'est fini. T'es plus obligé d'affronter ça seul.
Il n'était qu'un idiot pour croire qu'il était le seul à s'en vouloir. Fushiguro aussi devait avoir des cauchemars, des peurs et des voix qui lui murmuraient des choses horribles. Sukuna n'avait épargné personne.
Et si Itadori était persuadé de tout son être que Fushiguro méritait de s'en sortir, alors peut-être qu'il pouvait croire la même chose pour lui.
- Itadori. Laisse-moi t'aider.
C'était stupidement évidemment, à quel point Fushiguro lui avait manqué. Sans lui, il était complètement perdu.
S'accrochant un peu plus au noiraud, Itadori sentait le tissu imbibé de larmes sous sa joue. La chaleur de Fushiguro lui permettait de respirer un peu plus facilement. La main caressant ses cheveux faisait taire les voix accusatrices.
- Fushiguro… je suis tellement désolé, j'ai pensé qu'à moi, alors que tu-
- Non, non. Je t'en veux pas, je suis pas en colère contre toi, alors t'excuses pas dans le vide.
Les mots de Fushiguro étaient tout aussi rassurants que sa présence. Itadori regrettait de ne pas l'avoir retrouvé plus tôt.
- Tu m'as manqué.
- Toi aussi… toi aussi Fushiguro.
Dire combien de temps ils restèrent enlacés l'un contre l'autre était compliqué. Itadori aurait pu presque s'endormir. Ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti capable de faire le vide dans son esprit. Il n'avait qu'à se concentrer sur la respiration de Fushiguro, la main dans ses cheveux et le reste n'avait plus d'importance.
- Eh, tu dois être fatigué, assis-toi.
Itadori retint un grognement quand Fushiguro s'éloigna pour le guider vers le lit. Les larmes avaient séchées contre ses joues, mais ses yeux devaient être encore rougis.
Obligé à réfléchir de nouveau, Itadori se rappela pourquoi il était ici.
- Tu n'étais pas à la réunion ? Il questionna Fushiguro.
- Non, Maki me fera un résumé, j'en ai déjà bien assez de prévu avec le clan Zenin. Je préférais t'attendre ici.
- Donc je t'ai fait rater la réunion, résuma Itadori.
Fushiguro voulut répliquer, mais finalement il se contenta de soupirer et de s'approcher du sac qu'il avait apporté avec lui. Itadori ne l'avait même pas remarqué jusque là.
- Je voulais surtout te donner ça, s'expliqua Fushiguro en lui tendant un petit bocal en verre.
Intrigué, Itadori l'observa entre ses doigts, il était rempli de bouts de papier. Certains semblaient porter des notes.
- Ouvre-le idiot, se moqua l'autre garçon.
Fushiguro avait l'air un peu moins certain tout à coup. Plutôt que de retourner s'asseoir sur le lit, il s'était appuyé contre le bureau. Il observa du coin de l'œil Itadori ouvrir le couvercle et déplier un premier papier sous ses doigts.
09/07/18
Itadori était en retard pour la mission parce qu'il aidait une vieille dame à monter ses sacs dans le métro. Il est serviable.
Itadori ne comprenait pas. C'était l'écriture de Fushiguro. Il prit un autre papier.
02/09/18
Il fait chaud, Itadori a quand même réussi à choper la crève. Plutôt que de se reposer il a fait des biscuits. Ils étaient bons, Inumaki les a adoré. Itadori est trop gentil, il devrait plutôt rester au lit.
Il en attrapa encore un autre.
22/12/18
C'est mon anniversaire, Gojo a dû leur dire. Itadori et Nobara m'ont préparé un gâteau. Itadori m'a offert une écharpe, la mienne était abîmée. Il dit qu'il a une mauvaise mémoire, mais il a retenu que je n'aimais pas les écharpes en coton. Il est attentionné. J'aime beaucoup l'écharpe.
Certains papiers avaient des dates, d'autres non. Parfois la couleur du stylo changeait aussi.
Itadori a repris le contrôle de Sukuna, même en ayant le cœur arraché. C'est la deuxième fois qu'il me sauve la vie. Je lui fais complètement confiance, je sais qu'il fera tout pour nous protéger.
L'écriture était parfois appliquée, d'autres fois plus précipitée.
28/12/18
Itadori a accepté de me suivre pour protéger Tsumiki. Je suis heureux de savoir qu'il est avec moi. Ça me rassure.
- … Fushiguro ?
Le visage caché derrière le col de sa veste, le concerné ne releva même pas la tête. Itadori, les oreilles bouillantes, n'était pas sûr de savoir quoi dire.
- C'était une idée de Nobara, pour rire, marmonna Fushiguro. Quand tu avais l'air déprimé. Pour te rappeler que tu restes une bonne personne, Sukuna ou pas.
Itadori reporta son regard sur le pot de verre. Malgré les quelques papiers qu'il avait déjà retirés, il n'en avait même pas vidé le quart.
Alors ce pot était rempli de bonnes actions qu'il avait faites. Il contenait des mots que Fushiguro avait pris le temps d'écrire pour lui, des notes sur des choses qu'il avait lui-même oubliées. Des preuves que tout n'était pas à jeter, que parfois, il faisait les choses bien.
Une larme lui échappa, et tomba sur le papier encore entre ses doigts tremblants.
- Eh, les salis pas, j'y ai passé du temps dessus.
Fushiguro avait beau essayer de retrouver son air nonchalant, ses joues colorées le trahissaient. Itadori essuya rapidement ses yeux, et leva de nouveau le regard vers l'autre garçon. Il avait raison, Fushiguro était trop gentil, il donnait beaucoup trop.
- C'est que mon avis, alors c'est peut-être pas le plus convaincant-
- Non, non… c'est parfait, le coupa Itadori en se levant pour le serrer contre lui.
Le corps de Fushiguro ne resta tendu que quelques secondes, il posa rapidement ses mains autour de Itadori. Il avait même l'air content de pouvoir cacher son visage contre son épaule.
- Vraiment… merci Fushiguro, il insista encore.
Itadori se sentait assez bête d'avoir imaginé Fushiguro capable de le détester alors qu'il se battait tant pour lui donner des raisons de vivre. Tous ces papiers, il avait hâte de les lire et de les relire, de pouvoir se voir à travers les yeux de Fushiguro, comprendre un peu mieux ce qu'il trouvait de si exceptionnel chez lui.
- Eh, Itadori. Promets-moi de penser à toi, au moins un peu.
Fushiguro n'avait pas abandonné, il n'en avait jamais eu l'intention. Il comptait prendre en mains ses responsabilités, ressouder son clan. Il se forçait à avancer pour ne pas tomber.
- T'as pas une seule fois pensé à ton avenir, t'es toujours trop occupé à penser à celui des autres.
Réfléchir au futur, Itadori s'était convaincu qu'il n'en avait pas le droit. Après tout, il était censé mourir avec Sukuna. Mais même une fois sans le fléau, il avait l'impression que c'était toujours son rôle. Pour se punir, pour les venger, par culpabilité, par peur, il avait beaucoup de raisons à force d'y penser.
Mais des raisons, Fushiguro venait de lui en donner encore plus pour réfléchir autrement.
Ses larmes calmées pour le moment, Itadori se recula, à peine, juste assez pour pouvoir croiser le regard de Fushiguro. Son regard était encore fuyant. Après une hésitation, Itadori prit son visage entre ses mains, ses joues étaient douces.
Dire que Itadori lui avait tourné le dos quand il avait probablement eu le plus besoin de quelqu'un. Qu'il avait préféré fuir et se contenter de le savoir en vie. Ça n'avait été qu'une autre manière de se punir que de se priver de Fushiguro.
- Je suis désolé, il murmura sans lâcher le noiraud des yeux.
- Je t'ai déjà dit q-
- Non. Tu mérites des excuses. J'aurais dû être là, toi t'étais là à Shibuya. C'est la deuxième fois que tu me donnes des raisons de me battre.
Ah, il n'avait pas fallu beaucoup pour que Fushiguro l'évite de nouveau du regard. Pourtant, il n'avait encore rien fait pour éloigner les mains de Itadori de son visage.
- Si tu le dis… il marmonna. On est quitte comme ça.
- Non, je veux me rattraper, je partirai plus, promit Itadori. Demande-moi ce que tu veux.
Comme disait Nanami, la vie d'un exorciste se terminait toujours sur des regrets. Et à cet instant, Itadori n'avait pas envie que Fushiguro en fasse partie. Il n'avait pas envie de refaire l'erreur de le laisser derrière.
- Ce que je veux…?
Fushiguro avait l'air d'avoir réfléchi sérieusement à ses paroles. Il demanda d'une voix plus ferme :
- Appelle-moi Megumi.
- Eh ? Moi ? D'un coup ? Mais-
- Peu importe, c'est juste une idée, le coupa Fushiguro en regardant ailleurs. Plus personne m'appelle par mon prénom, c'est juste un peu bizarre. Je m'y ferais.
- Non-, non… je peux, je peux faire ça.
Itadori n'osa pourtant pas le répéter lorsque Fushiguro reporta son regard sur lui. Il oublia ce qu'il voulait dire, et même de reprendre son souffle.
La peau de Fushiguro était vraiment douce. Ses cils étaient longs, Itadori le savait déjà, mais d'aussi près, c'était encore plus flagrant. Ça lui donnait envie de s'approcher encore plus, mais ce n'était pas raisonnable. C'était déjà un miracle de ne pas s'être fait jeter, Fushiguro détestait ce genre de contact d'habitude.
Mais Itadori avait envie de pousser sa chance. Peut-être qu'il pouvait passer une main dans ses cheveux, ils lui avaient toujours paru doux. Ou alors remonter ses mains sur son visage, les passer près de son nez, ses oreilles, repousser les mèches de son front. Ses lèvres aussi avaient l'air douce. Itadori avait envie de les toucher. Il les fixa probablement un peu trop longtemps d'ailleurs.
- Je peux … ? Il s'entendit misérablement balbutier.
Deux bras se posèrent sur ses épaules, faisant sursauter Itadori. Fushiguro se rapprocha un peu plus en agrippant sa capuche, et il oublia définitivement de respirer.
- Tu peux oui, se contenta de répondre l'autre garçon.
Itadori avala difficilement sa salive, il n'avait jamais vu Fushiguro aussi conciliant. Il savait que s'il n'en avait pas envie, il l'aurait déjà repoussé d'un coup sur la tête. Peu importe, ça restait nouveau, et déstabilisant.
Il était d'accord, et il lui avait demandé d'être plus égoïste, alors rien ne l'empêchait d'embrasser Fushiguro. Ni même de recommencer immédiatement après.
Itadori avait raison, les lèvres de Fushiguro étaient douces. Tout chez lui lui donnait envie de le toucher, ses joues, son cou, ses cheveux, ses mains. Itadori ne voulait plus le lâcher.
Encore, il l'embrassa dès que sa respiration le lui permit.
- Megumi-..., Megumi, il souffla entre ses dents.
Son prénom sonnait si bien sur sa langue, il avait déjà hâte de pouvoir le répéter des dizaines, des centaines de fois. Son cœur s'emballait, son visage était bouillant, ça faisait bien une éternité que Itadori ne s'était pas sentit aussi vivant.
Le souffle de Fushiguro cognait contre ses joues dès qu'ils devaient s'éloigner, ses cheveux glissaient contre son front, une de ses mains était encore accrochée à sa capuche, l'autre s'était posée contre sa nuque. Itadori crevait de chaud. Il avait juste envie de tenir Fushiguro contre lui jusqu'à manquer de souffle.
À force de se tirer l'un vers l'autre, Itadori sentit le bord du lit cogner contre ses jambes, et un peu facilement, il se laissa tomber sur le matelas. Fushiguro laissa échapper un petit bruit de surprise quand il le tira avec lui, avant qu'un énième baiser ne le fasse taire. Itadori sentit son coeur s'emballer un peu plus en ayant le corps de Fushiguro juste au-dessus du sien. La sensation des draps frais sous son dos n'avait pas duré bien longtemps.
D'une main, il attrapa sa taille et inversa leurs rôles, un petit sourire en coin. C'était encore mieux d'être celui capable d'observer l'autre contre le matelas, les cheveux en bataille et les joues rouges. Itadori ne resta pas longtemps à le fixer, il avait trop envie de continuer de l'embrasser.
- Eh, Itadori- il entendit murmurer contre ses lèvres.
- Yuji, dis Yuji.
Itadori sentit les mains de Fushiguro se resserrer autour de son col, il devait se retenir pour ne pas complètement se coller à lui.
- Yuji t'es lou-!
Ah, il s'était peut-être emballé. La voix de Fushiguro s'était arrêtée dans un autre petit cri quand il passa une main sous son haut. Sa peau était tiède sous ses doigts le long de son ventre et de ses hanches. Itadori avait envie de remonter jusqu'à son torse, il se demandait s'il pourrait sentir les battements de son cœur.
- Yuji- Fushiguro dit encore.
Itadori sourit, puis un peu moins quand son front cogna contre celui de Fushiguro. D'une main, le noiraud le repoussa pour se relever à moitié, les sourcils froncés. Il avait encore le souffle lourd et le visage rouge.
- Quoi ? Se plaignit Itadori en se tenant le front. Je t'ai fais mal ?
- Non.
Encore à califourchon sur Fushiguro, Itadori se sentit soudainement coupable, et il paniqua.
- Oh, désolé, je suis allé trop loin ? J'ai mal compris, tu disais que je pouvais alors j'ai pensé que c'était ok, mais j'aurais dû demandé c'était -
Quand Fushiguro l'attrapa par le col, Itadori ferma les yeux, il attendit un coup, comme il faisait souvent pour le faire taire. Il fut surpris d'avoir droit à un autre baiser. Au fond le résultat fut le même, il se contenta de regarder bêtement Fushiguro, muet.
- Idiot. Je t'aurais pas laissé faire si ça me plaisait pas. Je m'attendais pas ce que tu t'emballes comme ça, c'est tout.
D'une jambe, il fit signe à Itadori de se pousser pour le laisser se lever. Il passa une main dans ses cheveux pour tenter de les discipliner un peu, et réarrangea sa tenue. Toujours sur le lit, Itadori ne savait pas comment prendre son explication.
- Arrête d'essayer de réfléchir, continua Fushiguro en se tournant vers lui. Ça me dérange pas, ce qu'on vient de faire… juste… pas ici.
Le visage à moitié caché derrière son col, Fushiguro marmonna ses derniers mots. Itadori fut debout en un éclair, le regard de nouveau brillant et un grand sourire au visage.
- Tu veux bien recommencer ?! Il s'exclama.
- Me fait pas me répéter, grogna le noiraud.
Fushiguro regarda son téléphone, Itadori se permit de jeter un coup d'œil pour voir l'heure. Ils étaient ici depuis plus longtemps qu'il n'aurait cru. La réunion devait être terminée depuis un moment maintenant. Les autres allaient sûrement finir par le chercher, il devrait peut-être regarder son téléphone lui aussi.
Pendant que Fushiguro récupérait son sac, Itadori prit soigneusement son bocal rempli de papiers sous le bras. Le reste de ses affaires pouvaient attendre, il reviendrait une autre fois.
La main sur la poignée de la porte, Fushiguro se retourna vers lui.
- Eh Yuji, tu comptes faire quoi maintenant ?
Cette fois, il eut droit à une réponse, et même un sourire pour l'accompagner.
- … Je dois encore y réfléchir, mais j'ai envie de rester avec toi. C'est déjà un bon début, non ?
- Je peux m'en contenter pour le moment.
Fushiguro avait repris un air plus fermé, mais son regard restait doux. Itadori se permit de glisser sa main dans la sienne en sortant dans le couloir. Les doigts se resserrèrent autour des siens plutôt que de les repousser.
- Tu fais quelque chose ce soir ? Demanda Fushiguro tout en écrivant un message sur son téléphone.
Itadori avait encore beaucoup de doutes, il ne savait pas exactement quoi faire. Sa culpabilité serait longue à faire taire, tout comme les cauchemars à faire fuir. Mais il était temps de réfléchir à comment se rendre utile plutôt que comment se punir.
- Rien du tout, Itadori haussa les épaules.
- Tu veux passer chez moi ?
- Je peux ?
- Si tu t'occupes du repas.
- Tout ce que tu veux, Megumi.
Itadori ne manqua pas le regard fuyant de Fushiguro en l'appelant par son prénom, et sa main qui se resserra autour de la sienne.
Si Fushiguro était là, peut-être qu'il pouvait faire d'autres choses biens. Peut-être même qu'avec lui, il pouvait se permettre d'être heureux. Juste un peu. Et pourquoi pas se dire qu'il le méritait.
