Jishin

« Alors, Kyoko San, avez-vous un petit ami ? ». La présentatrice avait posé cette question d'un air de conspiratrice.

« Euh… », balbutia la jeune actrice, « non, désolée. »

« Vous avez hésité ! Il y a-t-il quelqu'un dans votre cœur ? Avec tout l'attention médiatique dont vous faites l'objet il doit bien y avoir des prétendants ? »

Kyoko était gênée, que répondre ? En face d'elle Ren souriait de son sourire commercial. Grâce à ses petits démons elle sentait qu'il était en colère. Mais elle ne pouvait pas dire la vérité en prime time.

« Non, vraiment… », insista la jeune femme, « mes rôles sont surtout des rôles de méchantes, ça ne m'apporte pas une grande sympathie. »

Elle n'osait pas regarder Ren. C'était sa première grande interview en direct et elle avait été rassurée de savoir que son sempai serait présent. À présent, elle aurait tout donné pour qu'il ne soit pas là ! Lui et son sourire faux !

La présentatrice n'insista pas et se tourna vers le jeune homme. Kyoko souffla intérieurement, elle remerciait le ciel que Ren soit un si grand acteur, il pouvait mentir sans ciller, elle avait encore beaucoup à apprendre de lui.

Depuis la sortie du lotus dans la boue, Kyoko avait vu sa carrière décoller. Elle était invitée aux talkshows et aux premières. Grace à Yashiro San et Ren, elle s'y était préparée, mais cela représentait un grand changement dans sa vie. Le monde du show bizness était sans pitié et elle avait encore du chemin à parcourir.

Elle se concentra sur la discussion, Ren décrivait son futur projet, un film de Yakusa, dont le tournage débuterait dans quelques semaines. Kyoko s'attendait à ce que la présentatrice cherche à savoir des détails sur la vie sentimental du jeune acteur, aussi elle ne fut pas surprise quand, flirtant ouvertement avec Ren, la présentatrice lui demanda s'il avait quelqu'un dans sa vie.

Ren, au lieu de répondre par la négative, comme il l'avait toujours fait. Laissa passer quelques secondes, puis dans un sourire divin, murmura un « peut être » énigmatique. Le public poussa un soupir et la présentatrice s'exclama :

« Alors, c'est du sérieux avec Kana San, à quand le mariage ? »

Ren sourit poliment quand soudain une fanfare de sonneries de portable retentit. Dans sa poche, Ren sentait son téléphone vibrer. Un tremblement de terre était imminent. En effet quelques secondes plus tard le bâtiment se mit à tanguer comme un navire sur la mer. Quelques fans dans le public crièrent mais la secousse se calma aussitôt. Les sonneries, elles, ne s'étaient pas arrêtées et une deuxième secousse, plus importante vint ébranler le siège de la télévision nipponne. Cette fois ci, la foule hurla. Ren regardait sa kouhai, elle avait l'air effrayée mais elle tachait de se maîtriser. Il lui aurait bien tendu la main, tant pour la rassurer que pour se rassurer lui-même.

Enfin la secousse s'arrêta et le calme revint. Ren fixait toujours Kyoko quand le spot qui l'éclairait s'éteint. Il leva les yeux et bondit. Le spot ne tenait plus qu'à un câble qui allait lâcher. Sans réfléchir il sauta sur la jeune fille en criant son nom.

« Kyoko ! »

Puis ce fut le noir complet.


Kyoko n'aimait pas les tremblements de terre. À Kyoto, il y en avait moins souvent qu'à Tokyo. Elle essaya de regarder dans la direction de Ren mais la lumière des spots l'aveuglait. Elle entendit crier dans le public et essaya de ne pas crier à son tour. Quand la lumière s'éteint, elle ne comprit pas tout de suite, puis Ren se lança sur elle et l'entraina dans sa chute.

Choquée, elle tenta de se relever mais son sempai était trop lourd. Elle l'appela sans succès et lui passa la main dans le dos. Elle sentit avant de le voir le sang qui maculait sa main. Affolée, elle appela à l'aide.

Tout était allé si vite, la présentatrice n'avait pas bougé. Mais Yashiro San, en coulisse avait tout de suite comprit ce qui se passait et s'élança sur le plateau pour secourir son protégé. Il dégagea Kyoko et ordonna à la présentatrice de couper les caméras.

La foule était en panique, leur idole gisait, la tête en sang, sur la scène. Le bruit était assourdissant. Kyoko était couverte de sang et elle ne pouvait détacher son regard du corps sans vie de Ren, trop paniquée pour pleurer.

Yashiro ordonna calmement d'appeler une ambulance et prit le pouls du jeune homme, puis il le mit en position latéral de sécurité et demanda qu'on évacue la salle.

« Il est en vie, Kyoko Chan, ça va aller. », murmura-t-il à la jeune fille.

Kyoko était agenouillée près de Ren et lui tenait la main. Elle était livide. Elle réalisait en cet instant tout ce que cet homme représentait pour elle et la profondeur de son amour pour lui. Elle ne pouvait pas vivre sans lui. Yashiro, à ses côtés suivait l'évacuation difficile du public, les fans étaient en pleurs et voulaient se rapprocher de leur idole. Les agents de sécurité eurent beaucoup de mal à les faire sortir du studio d'enregistrement.

Enfin les secours arrivèrent et après un bref examen, le médecin urgentiste ordonna le transfert du jeune acteur dans l'hôpital le plus proche. Les brancardiers le mirent sur la civière avec beaucoup de précautions, et Ren fut évacué à la suite du médecin.

Restée seule, Kyoko considéra le spot qui était tombé sur elle. Ren lui avait sauvé la vie ! De nouveau elle réalisa la force des sentiments qu'elle éprouvait pour lui. Elle réalisait aussi que Ren l'aimait, il était prêt à mourir pour elle. Elle qui doutait tant, ce fait était maintenant pour elle une évidence… Ren l'aimait !

Yashiro lui toucha l'épaule et elle réalisa qu'il lui parlait depuis quelques minutes, elle le regarda d'un air éteint et le manager la prit doucement par la main.

« Viens, nous allons suivre Ren. »

Elle le suivit dans les couloirs sans comprendre où il voulait l'emmener. Son esprit était resté bloqué. Elle aimait Ren et Ren allait mourir… Le cerveau de Kyoko s'était mis en veille, refusant une telle éventualité.

Arrivés au parking, Yashiro ouvrit la portière de la voiture et y guida la jeune fille. Son état l'inquiétait au moins autant que celui de Ren. Il s'assit au volant, mit un gant en latex et composa le numéro du président.

« Allo, président, Ren a eu un accident, il est transféré à l'hôpital. Je le rejoins avec Kyoko. Elle est en état de choc. Rappelez-moi vite. »

Il raccrocha dans un soupir et regarda la jeune fille : aucune réaction… Il lui attacha sa ceinture et démarra prudemment la voiture, ce n'était pas le moment d'avoir un accident.


« Enfin vous êtes là ! », soupira Yashiro San en se levant pour accueillir le président. Lory était vêtu d'une djellaba et de babouches, mais il arborait un air préoccupé.

« J'ai téléphoné aux parents de Ren, ils seront ici dans 11 heures. Quelles sont les nouvelles ? »

« Ren est en observation, il passe un IRM, il n'a pas repris connaissance. », l'informa le manager.

Yashiro était surpris, il allait rencontrer les parents de Ren ! Ren ne parlait jamais d'eux donc il avait cru qu'ils étaient en froid. Il se rendait compte qu'il ne connaissait pas si bien son ami. 11 heures, Ren venait donc de si loin ?

Lory s'était rapproché de l'accueil du service des urgences pour faire les papiers d'entrée de Ren. Il tendit les pièces d'identité du jeune homme sous le regard curieux de Yashiro.

« Où est Kyoko Chan ? », demanda le président.

« Elle est auscultée par un médecin, elle est en état de choc. » La voix de Yashiro trahissait son inquiétude.

« Allons la voir », murmura Lory en suivant le jeune homme.

Quand ils entrèrent dans la chambre, le lit était vide et une aide soignante leur expliqua que la jeune fille prenait une douche car elle était couverte de sang. Peu de temps après, Kyoko sortit de la salle de bain portant un pyjama de l'hôpital. Elle ne salua même pas le président. Devant son regard vide les deux hommes échangèrent un regard inquiet.

« Mon Dieu, faites qu'ils s'en sortent… Tous les deux… », pria le président à voix basse.

Yashiro San appela Kotonami San pour l'informer de l'état de Kyoko et aussi pour qu'elle passe chez les logeurs de cette dernière pour lui apporter des vêtements propres. La présence de son amie ne pourrait que réconforter la jeune fille.

Kyoko s'était assise sur une chaise, très droite, les mains sur les genoux et fixait le mur devant elle. Yashiro lui mit la main sur l'épaule mais n'obtint aucune réaction.

Le président regardait par la fenêtre, la rumeur que Tsuruga San était hospitalisé dans cet hôpital avait dû fuiter car de nombreuses fans s'étaient rassemblées devant l'entrée du bâtiment. Yashiro s'attendait à ce genre de réaction mais il fut surpris d'une telle ferveur.

Il enfila ses gants et pianota sur son téléphone, les réseaux sociaux s'étaient emballés. Les images de l'accident tournaient en boucle. Des milliers de messages de soutien avaient inondés la page officielle de Ren. Sporadiquement, des messages contre Kyoko apparaissaient. Inquiet, Yashiro San rangea son portable, enleva ses lunettes et se frotta les yeux.


Il était déjà tard quand un médecin entra dans la salle d'attente des urgences traumatiques. Kotonami San était arrivée et avait aidé Kyoko à se changer. La jeune fille n'avait pas réagi ce qui inquiétait son amie. Kyoko était comme une poupée vide d'esprit et d'âme. Kanae ne pouvait que lui tenir la main en réconfort.

« Qui est la personne responsable de Tsuruga San ? » Demanda le médecin.

Il se passa la main sur le visage, faisant crisser les poils de sa barbe de trois jours. Depuis combien de temps cet homme n'a-t-il pas dormi se demanda Kanae.

Yashiro San se leva mais Lory l'arrêta d'un geste. « Je suis le tuteur de Ren, ses parents sont en chemin, comment va-t-il ? »

« Il a un traumatisme crânien doublé d'un œdème cérébral, avec votre accord, il descend au bloc maintenant. », déclara le docteur d'un ton neutre et professionnel.

Le président soupira. « Vous avez mon accord. Je sais que votre service a une très bonne réputation. Juste pour que vous le sachiez, il porte des lentilles de contact et il est O positif. Sauvez-le, s'il vous plaît ! »

Le médecin s'inclina et laissa le groupe. Personne ne rompit le silence. Le président était perdu dans ses pensées, il avait foi en la science, mais c'est dans ce même hôpital qu'était morte son épouse adorée et il détestait cet endroit.

Kanae, d'habitude si froide, avait enveloppé Kyoko de ses bras et la berçait doucement en lui murmurant des paroles réconfortantes. Ce qu'elle avait pris pour un crush était plus que ça ! Maudit Ren Tsuruga, il avait réussi à séduire son amie, il avait intérêt à être sérieux… D'un autre côté il venait de lui sauver la vie, donc il était sérieux… Il avait intérêt de s'en sortir alors !

Gardant un œil sur Kyoko, elle regarda les nouvelles sur son téléphone. La secousse n'avait fait que peu de dégâts mais l'accident de Ren tournait en boucle. Les messages de soutien étaient nombreux, mais ce qui inquiétait la jeune actrice était que son amie était la cible de nombreux tweets haineux. Elle regarda Kyoko et remercia le ciel qu'elle ne soit pas en état de lire ces messages.


Il était près de trois heures du matin mais aucun des membres de la LME n'aurait songé à rentrer. Les médecins étaient venus les prévenir que l'opération avait été un succès et que Ren avait été placé dans un coma artificiel pour lui éviter des souffrances inutiles. Mais cette bonne nouvelle n'avait pas induit de réaction chez Kyoko, Kanae commençait vraiment à se faire un sang d'encre.

Le président, de plus en plus inquiet pour la jeune fille prit Yashiro à part :

« Ren m'avait demandé il y a quelques mois, l'autorisation de vous dévoiler sa véritable identité. J'ai refusé et je le regrette amèrement aujourd'hui, j'aurais préféré que vous appreniez la vérité dans un moment un peu moins dramatique. »

Il sortit les papiers qu'il avait tendu au registre des entrées au jeune manager et soupira.

« La vérité va être difficile à cacher quand ses parents arriveront, je suis désolé de la charge de travail que vous allez avoir à accomplir. » Dit-il en posant la main sur l'épaule du manager.

Yashiro regardait le passeport, au nom de Kuon Hizuri et il ne comprenait pas. Le jeune homme sur la photo était blond aux yeux verts, il ne souriait pas, rien à voir avec son ami. Perplexe il regarda le président d'un air interrogateur.

« Ren est le fils de Kuu et Julienna Hizuri, je suis vraiment navré que vous le découvriez dans ces conditions dramatiques. » Murmura le président.

« Vous voulez dire que Kuu Hizuri est dans l'avion pour le Japon ? C'est incroyable ! ». Yashiro avait du mal à y croire, il se sentait perdu, Ren avait tant de secrets, il ne connaissait qu'un petit bout de l'iceberg ! Déçu il rendit les documents au président.

« Tout va bien président, je ne m'attendais pas à un scoop de cette envergure. Je comprends que vous ayez voulu garder le silence sur le lien entre les deux acteurs. »

« Je… » Commença le président, mais il n'acheva pas ses excuses, les brancardiers ramenait Ren dans sa chambre. Kyoko s'était levée d'un bond et avait couru au chevet du malade. Alors, seulement lorsqu'elle pu lui tenir la main, toute la tristesse qu'elle avait gardé emmurée se libéra, déchainant un torrent de larmes intarissables.


Finalement les pleurs eurent raison de la jeune fille qui finit par sombrer la tête sur la main de Ren. Yashiro lui couvrit les épaules d'une couverture et contempla longtemps son couple préféré sans mots dire. Le corps du jeune acteur était branché à tout un tas de machines et sa tête disparaissait sous un énorme pansement, mais, aussi bizarre que cela ait pu paraître, il souriait… Il devait avoir été drogué. Kyoko dormait mais de forts sanglots la secouaient encore.

Le président était parti se changer et récupérer les Hizuri à l'aéroport. Il était 5 heures et le jour blanchissait le ciel. Yashiro regarda par la fenêtre, les fans étaient plus nombreuses et avaient allumé des bougies devant des photos de leur idole. Yashiro ne put que constater leur dévouement, il en fut touché.

Il s'assit dans un fauteuil, enfila ses gants et alluma son ordinateur, les réseaux sociaux étaient submergés de message de soutien pour Ren. Des milliers de fans criaient leur amour au fils des pages. Yashiro en eut le tournis.

Il fit défiler le fils de la discussion et soudain fut en alerte, au début sporadiques, les messages haineux à l'encontre de Kyoko se multipliaient exponentiellement. Il passa sa main sur ses yeux, ferma son ordinateur et nettoya ses lunettes machinalement. Il allait sombrer dans le sommeil quand il fut réveillé par des cris.

« À mort Kyoko ! Salope ! Meurtrière ! »

Il sortit en hâte de la chambre de Ren pour voir le service de sécurité de l'hôpital refoulant quelques fans de Ren qui avaient réussi à déjouer leur vigilance. Yashiro eut un frisson dans le dos et composa aussitôt le numéro du président pour lui demander de poster un service de sécurité devant la chambre de son ami.

De retour dans la chambre il constata avec soulagement que Kyoko dormait toujours. Il ouvrit de nouveau son PC et fut outré par la violence verbale qui se déchainait contre l'actrice. Ça et là des messages de soutien pour la jeune fille se faisaient entendre, Kijima San avait soutenu Kyoko en disant que les deux acteurs étaient amis. Les stars de bridge rock aussi avait mis un mot de soutien pour la jeune fille. Même le directeur Otaga de Dark Moon avait écrit que les deux collègue étaient proches.

Le président avait rédigé et posté un communiqué sur l'état de santé de Ren, Yashiro San espérait que cela calmerait les fans… Refermant son ordinateur il contempla ses deux amis. Ils allaient devoir se battre pour imposer leur amour.


Ren était entouré de milliers de filles qui hurlaient, Kyoko essayait de le rejoindre mais la foule se faisait plus dense. Elle jouait des coudes pour l'atteindre mais l'avait perdu de vue. Ren était à terre et ces furies le piétinaient.

« Ren ! »

Kyoko s'éveilla au son de sa propre voix. Encore hantée par son cauchemar, elle avait le cœur qui battait à tout rompre.

« Bonjour Kyoko Chan, tu m'autorises à t'appeler Kyoko Chan ? »

Kyoko regarda vers la voix, elle appartenait à une fée. Une magnifique fée blonde, vêtue d'un ensemble gris élégant. La fée lui souriait. Kyoko songea qu'elle était encore en train de rêver mais la fée l'effleura de sa main. Elle était bien réelle.

« Je suis la maman de Ren », dit la fée, « Tu peux m'appeler Julie. »

Kyoko regardait Julie sans comprendre… la mère de Ren… Ren ! Elle regarda éperdue le jeune homme inconscient, comment avait-elle pu dormir ?

« Il va bien ! », reprit la fée, « Kuu est en train de parler avec les médecins. »

« Kuu ? Otosan ? » Kyoko était perdue, rien de tout cela ne faisait sens mais pour le moment, la stabilité des constantes de Ren et le sourire du jeune homme la rassurait.

Elle se rendit compte qu'elle n'avait pas répondu à la fée.

« Bonjour », dit-elle en anglais. « Je suis désolée. Je vais vous laisser avec votre fils. »

« Non, Kyoko Chan, reste. Tu n'as pas à être désolée Kyoko Chan, il va bien. Regarde il sourit. »

Kyoko regarda le jeune homme, il était pâle mais avait l'air de ne pas souffrir. Avec tous ces fils qui le reliaient à des machines et sa tête bandée, il semblait si fragile. Elle regarda de nouveau sa mère.

« Kuon est fort. » sourit cette dernière, comme si elle avait deviné les peurs de la jeune fille. « Ne t'inquiète pas, il va s'en tirer. »

Elle lui effleura de nouveau la tête d'un geste maternel.

Kuon ? Kyoko était de plus en plus perdue. Otosan ? Kuon ? Elle regardait Julie abasourdie par la vérité qu'elle commençait à entrevoir.

Le vrai nom de Ren était Kuon et il était le fils de Kuu et de cette magnifique fée. C'était incroyable mais il y avait plus, Julie était blonde aux yeux verts, si son fils lui ressemblait alors il n'y avait qu'une explication possible : Kuon était corn.

Inondée par un flots de sentiments divers et opposés, Kyoko laissa retomber sa tête sur le lit de son sempai… Tout se mélangeait dans sa tête mais une chose était sûre, qui qu'il soit, elle aimait cet homme. Elle serra la main du jeune homme dans la sienne, fermant les yeux pour ne pas pleurer et prit une grande inspiration.

« Je suis vraiment désolée », murmura-t-elle. Elle ne savait pas si elle s'adressait à Ren ou à sa mère.


Julie s'était levée et massait gentiment les épaules de la jeune fille quand Kuu entra dans la chambre, suivi du président et de Yashiro San qui portait un plateau. Kyoko se redressa et Kuu s'approcha du lit de son fils pour lui toucher la main.

« Il va bien, les médecins ont réussi à évacuer l'œdème et ils pensent le réveiller ce soir. Il ne devrait pas avoir de séquelles. », lui sourit la star d'Hollywood.

Des larmes roulèrent sur les joues de Kyoko mais elle étouffa ses sanglots.

« Bon maintenant jeune fille tu dois manger », gronda Kuu et il sourit à la jeune actrice.

Yashiro avait posé le plateau sur la table et le président fit signe à Kyoko de s'y assoir. Elle obéit, et sous les regards scrutateurs des adultes commença à manger. Rien n'avait de goût mais elle savait qu'ils ne la laisseraient pas rester le ventre vide.

Le président s'était assis en face d'elle, Yashiro San regardait par la fenêtre et Kuu paraissait tendu.

« Il faut que je te parle Mogami San », dit le président d'une voix grave, « les fans de Ren se déchaînent contre toi. Hier elles ont envahi le Darumaya, ton école est encerclée par les journalistes et les réseaux sociaux sont juste un flot de menaces à ton encontre. Tout ceci devrait rentrer dans l'ordre quand Ren sera rétabli mais en attendant tu ne dois pas quitter cette chambre. Des gardes du corps ont été postés dans le couloir, ici tu es en sécurité. »

Kyoko regarda par la fenêtre la troupe de fans qui pleuraient devant l'hôpital. Elle repensa à son rêve et frémit.

« Tu m'as entendu, Kyoko Chan ? », insista le président.

« Oui », fit Kyoko d'une petite voix, « de toutes manières je ne veux pas quitter Ren, je l'aime. »

Si la situation n'avait pas été aussi critique le président aurait organisé une fête sur le champ, mais il se contenta de hocher la tête en souriant. Le couple Hizuri échangea un regard entendu et Yashiro san s'éclaircit la gorge.

« Nous allons demander un deuxième lit pour que tu puisses dormir un peu, tu as l'air épuisé. Et tu devrais téléphoner à Kotonami San, hier elle est partie sans que tu t'en aperçoives. Elle doit être inquiète. » Ajouta le président en serrant la main de la jeune fille.

Kyoko s'inclina, pleine de honte, « Je suis désolée », murmura-t-elle.

« Tu n'as pas à être désolée », répondit le président d'une voix douce.

Kyoko se redressa et contempla son chef, il était vêtu normalement, c'est dire si l'heure était grave. Elle porta les yeux sur tous les adultes qui l'entouraient. Tous lui souriaient avec bienveillance. Elle sentit un flot de courage l'envahir et leur rendit leur sourire.

« Je vais commencer par prendre un douche », s'excusa-t-elle.


La chaleur de l'eau délassait ses muscles tendus par la mauvaise nuit qu'elle avait passée. Avec les bonnes nouvelles sur l'état de santé de Ren, son cerveau était sorti de la peur panique de le perdre. Elle l'aimait et était prête à affronter ses fans pour lui.

De retour dans la chambre elle s'assit au côté du jeune homme et lui prit la main. Julie était à la fenêtre et regardait les fans de son fils.

« Elles sont sans pitié », murmura-t-elle. « Ne te laisse pas impressionner Kyoko Chan. Kuon t'aime. »

Elle vint s'assoir à côté de la jeune fille et mit sa main sur celles des deux jeunes gens.

« Kuu, Yashiro San et le président préparent un communiqué de presse. Tout va bien se passer. Je pense que Kuon ne sera pas ravi de lire ce que ses fans disent de toi… »

« Il a l'air si pale », dit Kyoko d'une voix tendre. « Si fragile ! »

Julie eut un sourire et effleura la joue de son fils.

« Il est très fort, quand il est né, il était très prématuré, les médecins n'étaient pas confiants, mais il s'est battu pour survivre. C'est un battant ! Ne t'inquiète pas. J'ai hâte qu'il se réveille ! »

Kyoko hocha la tête sans rire dire, elle porta son regard sur les appareils qui enregistraient les constantes de Ren… Tout allait bien. Elle devait être confiante.

« Tu devrais appeler ton amie », lui conseilla Julie. « Je le surveille. »

Kyoko se leva et prit son téléphone, il était éteint et elle le ralluma. Le petit appareil se mit à vibrer comme une anguille dans ses mains. 875 nouveaux messages… Elle soupira et appela son amie. Une fois celle-ci rassurée elle téléphona à ses logeurs pour leur présenter des excuses. Ces derniers étaient en fait heureux de la couverture médiatique. Le cahier de réservations était plein pour le mois à venir ! Pour le reste, la police était intervenue pour chasser les fans de Ren les plus téméraires mais aucun dégât n'avait été constaté. Rassurée Kyoko raccrocha en soupirant.

Quand elle revint s'assoir près de Julie, Kuu était présent et la serra dans ses bras.

« Les docteurs ont dit que les infirmières avaient pleuré quand elles ont dû raser les cheveux de Kuon… Elles sont au petits soins pour lui. Tout va bien Kyoko Chan. »

Kyoko esquissa un timide sourire en regardant Ren.

« Au fait ! Bienvenue dans la famille ! » rit Kuu en lui ébouriffant les cheveux d'un geste paternel. Kyoko devint rouge pivoine et Julie prit sa défense.

« Kuu ! arrête de la taquiner ! »

Kuu fit un clin d'œil à Kyoko et une grimace à sa femme. Son sourire était contagieux et Kyoko lui en fut reconnaissante. Tout aller bien se passer !


Un lourd sac sous le bras, Kanae cherchait la chambre de Ren. Les gardes de l'entrée l'avaient laissée passer mais elle avait dû montrer sa carte d'identité. Cela dit, vu la foule hystérique devant l'hôpital, cette mesure de sécurité la rassurait !

Elle avait hâte de voir son amie, hier soir elle l'avait laissée inconsolable et très troublée. Ce matin au téléphone Kyoko, avait semblée normale, autant que pouvait l'être son amie tout du moins…

Cela faisait deux fois qu'elle arpentait le couloir sans trouver la chambre du jeune acteur, il avait dû être enregistré sous un faux nom. Elle demanda à la réception du service le numéro de chambre de Ren Tsuruga. Aussitôt deux molosses se ruèrent sur elle, prêts à la sortir de force de l'hôpital.

« Attendez, je suis l'amie de Mogami San, je viens lui apporter ses affaires. Lâchez-moi ! »

Ce fut Yashiro San, qui les arrêta en confirmant que Kanae avait le droit de voir Kyoko Chan.

« Désolée Kanae Chan, des fans de Ren se sont introduites dans le service hier, nous avons eu besoin de poster des gardes du corps devant la chambre de Ren. » Lui expliqua le jeune manager.

« Comment vont-ils ? » Demanda Kanae, « Et vous ? Vous avez l'air épuisé… »

« Tout le monde va bien, je vais rentrer chez moi dormir un peu. Les parents de Ren sont avec Kyoko. Je vous guide… C'est dans ce couloir. »

La jeune fille suivit le manager jusqu'à la chambre, il toqua à la porte et entra en lui faisant signe de le suivre.

Pourquoi Julienna et Kuu Hizuri sont dans la chambre de Ren Tsuruga, fut la première pensée qui traversa le cerveau de Kanae. Puis elle fut tirée de ses réflexions par une attaque de Kyoko.

« Moko San, je suis désolée, je ne voulais pas t'inquiéter. Je suis vraiment désolée… je… »

« Moo ! C'est bon Kyoko, je suis contente que tu ais repris tes esprits. », marmonna la grande brune en se laissant embrasser. Elle regardait d'un air curieux vers le couple Hizuri, et s'inclina vers eux quand Kyoko l'eut lâchée.

« Kotonami San, je vous présente les parents de Ren », dit Yashiro San. Il se régalait devant l'air choqué de la belle actrice.

« Ses parents… » murmura-t-elle. « Vous allez avoir beaucoup de travail Yashiro San… Allez vous reposer, je vais rester avec Kyoko. »

« Merci », murmura le jeune manager en s'éclipsant. « Je reviendrai vers 18h ». Il s'inclina poliment devant les parents de Ren et sortit de la chambre.

« Laissons Ren avec ses parents, je t'emmène prendre un café dans le hall. » Déclara la belle brune.

Mon Dieu, c'était de plus en plus bizarre, si Ren était le fils Hizuri, cela allait avoir un impact retentissant dans le monde du show biz. Elle s'inclina devant les parents de Ren et entraîna Kyoko à sa suite pour un café.

« Je reviens vite ! », lança Kyoko en sortant derrière son amie.

Assises dans le hall du service de réanimation, les deux filles se dévisageaient

« Tu savais ? » Demanda Kanae.

« Non », murmura son amie, « moi aussi j'ai été choquée mais tout ça fait sens… En fait j'ai rencontré Kuon San quand j'avais 6 ans, il était tellement beau que je l'ai pris pour une fée. Mais il est bel et bien réel. Je devrais être furieuse qu'il m'ait menti, mais pour le moment je suis juste trop inquiète. »

« Tu l'aimes ? » Murmura la grande brune

Devant l'absence de réponse de son amie elle continua.

« Tu l'aimes. Et il t'aime aussi. Il va falloir que tu sois forte pour faire face à ses fans… tu peux compter sur moi pour t'aider. » Elle fit un mouvement de la tête si convainquant que Kyoko lui sourit.

« Merci, Moko San, je t'avouerai que je n'ai pas osé lire mes messages, tu veux bien les lire avec moi ? »

Kanae sourit à son tour d'un air démoniaque, finit son café d'un trait et hocha la tête :

« Ça risque de ne pas être triste ! »


Kanae était surprise : Kyoko gardait un calme exemplaire en lisant ses messages, seul celui de Sho lui avait fait renverser son café froid. Mais bizarrement, elle avait surtout des messages de soutien. Tous les acteurs et actrices avec lesquels elle avait collaboré lui envoyaient leur soutien. Rassurée, Kanae laissa son amie retourner auprès de Ren et partit pour sa journée de travail.

Kuu s'était endormi dans le fauteuil et Julie avait les traits tirés.

« Vous devriez dormir un peu, madame Hizuri », proposa la jeune fille à la fée.

Julie sourit et murmura : « Ne m'appelle pas madame, je vais me vexer sinon. » Mais elle s'allongea sur le second lit et ferma les yeux. « Réveille-nous s'il y a du nouveau, d'accord Kyoko Chan ? »

Seule avec Ren, Kyoko réfléchissait à tout ce qui s'était passé en moins de 48 heures. Elle été choquée que Ren soit prêt à mourir pour elle. C'était la plus pure déclaration d'amour qu'il pouvait lui faire. Alors qu'il soit Ren, Corn ou Kuon n'y changeait rien, elle l'aimait.

Elle regarda son visage souriant, dissimulé sous un grand pansement blanc. Kuu avait dit que les infirmières avaient pleuré quand on avait coupé ses cheveux… Il paraissait plus jeune. Bien que pale, le léger sourire qui flottait sur ses lèvres lui donnait l'impression de faire des beaux rêves. Les docteurs avaient dû lui administrer de la morphine en grande quantité.

Une infirmière venait vérifier les constantes du malades toutes les heures, s'attardant plus que nécessaire auprès du bel acteur. Kyoko n'était pas jalouse, être la petite amie de Corn n'allait pas être de tout repos, et elle se demanda un fois encore pourquoi cet homme si beau, avait choisi quelqu'un aussi simple qu'elle. Sho ne l'avait-il pas traitée de laide ? Sans maquillage elle était si ordinaire… Avant de se torturer avec ça, Kyoko s'imposa de penser à autre chose. Elle aurait bien tout le temps de douter !

Elle regarda les fans de Ren devant l'hôpital, des monceaux de fleurs, de nounours et de bougies jonchaient le trottoir. Elle frissonna.

« Kyoko Chan », dit une voix lointaine

Elle se retourna et tomba dans les grands yeux verts de Ren. Il lui souriait

« Je suis si heureux que tu ailles bien ! »

Kyoko secoua Kuu, se précipita sur la sonnette pour appeler les médecins et prit la main du jeune homme.

« Reste tranquille, tu es blessé, tes parents sont là. » Lui murmura Kyoko à l'oreille.

Ren fronça les sourcils et essaya de mettre sa main devant ses yeux. Kyoko éteignit la lumière et ferma les stores. Puis elle dû sortir de la chambre pour faire place à tous les docteurs qui venaient ausculter leur patient. Elle en profita pour appeler le président pour lui annoncer que Ren était réveillé.

Ren n'était pas content que Kyoko soit partie, mais il souffrait tant qu'il ne put protester. Sa mère et son père étaient près de lui, l'air très inquiet. Il essaya de leur sourire, mais il grimaça. Mon Dieu qu'il avait mal à la tête !

Les docteurs lui posèrent des questions et lui firent subir quelques tests. Puis confiants, laissèrent la place à la famille de Ren. Sa mère l'embrassa et son père lui serra la main, délicatement pour ne pas déplacer la perfusion.

« Je suis content de vous voir, murmura Ren. Vous m'avez manqué… »

Il ferma les yeux, luttant contre la douleur.

« Chéri, le principal c'est que tu guérisses vite, nous parlerons plus tard. Les médecins vont t'apporter de la morphine », dit Kuu en caressant le bandage de son fils. « Kyoko Chan est là, je vais lui dire de rentrer. Tu as bon goût Kuon… »

Le jeune homme hocha la tête et eut une grimace de douleur, Kyoko rentra dans la chambre en même temps que l'infirmière venue administrer les calmants.

A sa vue, Ren sourit d'un air angélique puis, la morphine aidant, il retomba dans un profond sommeil.


Kuu, le président et les médecins parlèrent longtemps, quand Kuu revint dans la chambre, il était tout sourire.

« Kuon a passé avec brio tous les tests, ils le laissent dormir pour le moment mais ils lui feront un second IRM demain matin. Tout va bien ! » dit il en serrant sa femme dans ses bras.

Julie essuya une larme puis se retourna vers Kyoko.

« Nous allons aller dormir un peu. Nous serons de retour demain matin. Toi, reste bien à l'abri dans cette chambre et essaye de dormir aussi. Voici mon numéro de téléphone mais nous dormons chez le président. Je suis si heureuse conclut-elle en serrant la jeune fille dans ses bras.

Kyoko fut surprise mais se laissa faire, Julie sentait bon et était douce, c'était agréable. Alors c'est ce à quoi ressemblait une maman ? Une seconde, elle envia Ren, avoir un père et une mère tels que Kuu et Julie… Il avait de la chance. Pourquoi était-il parti si loin d'eux ?

Après le départ des adultes, elle observa Ren, le soir était tombé et son visage était éclairé par la lumière bleutée des monitoring. Il avait l'air irréel, comme un ange ! Finalement il était peut-être bien une fée.

Une fée qui avait transformé la pauvre petite Kyoko qu'elle était en belle princesse, par la force de son amour. Oui plus elle le regardait plus elle croyait en la magie de l'amour, dire qu'elle avait lutté des moins entiers contre ce sentiment…

Laissant Ren sourire aux anges, elle passa dans la salle de bain pour se préparer à dormir. Elle se regarda dans le miroir, oui, elle était devenue une princesse. Une princesse fatiguée mais dont la beauté était indubitable. Elle sourit à son reflet et fila se coucher. Elle était tellement épuisée qu'elle s'endormit avant de toucher l'oreiller.

« Kyoko Chan ? Tu dors ? »

Elle était profondément endormie mais elle se réveilla d'un coup au son de cette voix.

« Tsuruga San, comment vas-tu ? »

Elle se leva et se rapprocha du lit du jeune homme. Il souriait. Elle ne savait pas s'il était encore drogué ou juste heureux de la voir.

« Je vais bien, ne t'inquiète pas, je te fais une place ? »

Il n'attendit pas sa réponse pour relever la couverture et se décaler légèrement sur la gauche. Kyoko hésita.

« On devrait appeler l'infirmière, non ? »

« Je suis bien Kyoko Chan, allez viens ! »

La jeune fille se glissa avec précaution près du jeune homme, puis rougit un peu car Ren n'était vêtu que d'une blouse d'hôpital… autant pour la jeune fille pudique qu'elle était !

Il se serra contre elle et lui murmura à l'oreille :

« Tu ne m'en veux pas trop ? »

Elle lui serra la main et garda le silence.

« Kyoko Chan ? »

Elle soupira et se lança.

« Je t'aime Ren, ou Kuon, ou Corn. Je ne comprends pas pourquoi tu as quitté ta famille ni pourquoi tu m'as menti, mais je t'aime. »

« C'est une longue histoire, ma chérie… Quand j'étais petit j'étais sans arrêt rabaissé par des jaloux, à l'école, sur les plateaux de tournage. Tout ce que je faisais n'était pas assez bien, j'étais sans cesse comparé à mes illustres parents. Je n'ai jamais réussi à me faire des amis à part toi et Rick. Rick était cascadeur et il m'a appris à me défendre. Ça a marché, un peu trop même. Lors d'une bagarre, Rick a voulu m'arrêter, mais en partant à ma poursuite, il s'est fait heurter par une voiture. Il est mort sur le coup. »

Ren marqua une pause, Kyoko buvait ses paroles, alors lui aussi n'avait pas eu une enfance facile. Elle lui effleura la main puis la porta à ses lèvres pour y déposer un baiser. Encouragé, le jeune homme continua.

« Après la mort de Rick, je suis devenu un zombi, c'est le président qui m'a sauvé en me donnant l'occasion de refaire ma vie ici au Japon. Et puis je t'ai retrouvée ! Quelle était la probabilité pour que l'on se retrouve… Kyoko, je t'aime, je suis désolé. »

Délicatement elle se retourna vers lui et lui prit le visage dans ses mains. Elle le regarda longtemps puis déposa un chaste baiser sur ses lèvres.

« Encore mieux que la morphine », sourit-il… Puis il ferma les yeux et replongea dans le sommeil. Kyoko resta dans sa chaleur à repenser à cette confession. Il se tenait pour responsable de la mort de son ami. Son cœur se serrait de pitié pour lui. Pourtant elle avait l'impression que là aussi la magie de l'amour opérait : il avait pu lui avouer la vérité, il devait commencer à se pardonner.

Front contre front bandé, elle s'endormit en écoutant sa respiration lente.

A 3 heures l'infirmière de nuit entra dans la chambre pour injecter les médicaments à son patient. Elle sourit au tendre spectacle devant elle.

Ces deux là étaient trop mignons !


« clic »

Kyoko ouvrit les yeux en sursaut, devant elle Kuu et Julie lui souriaient d'un air complice. Morte de honte, et rougissante elle sortit délicatement des bras de Ren et s'inclina devant les parents du jeune homme. Comment avait-elle pu dormir dans le lit d'un homme ? Quand, en plus, les parents du dit jeune homme la surprenaient en flagrant délit.

« Le président va être ravi ! » Lança Kuu en pianotant sur son téléphone.

« Ce n'est pas ce que vous croyez », lança pitoyablement la jeune fille.

« Je ne crois que ce que je vois », rit Kuu en lui ébouriffant les cheveux comme à son habitude. « Vous êtes adorables ! »

Mon Dieu ! Kyoko était ébahie, Kuu était encore pire que le président, heureusement pour elle Julie prit sa défense.

« Laisse les tranquilles, Kuu, tout va bien Kyoko… Tu as l'air reposée et Kuon aussi. »

La jeune fille se retourna vers Ren, c'était vrai, il avait repris des couleurs. Il dormait paisiblement, avec toujours ce sourire au lèvres. Kyoko commençait à se demander si les docteurs ne chargeaient pas trop sur les doses d'analgésique.

« Je ne sais pas si c'est ta présence ou les calmants, mais il ne semble pas souffrir », ajouta Julie en caressant la main de son fils. Kyoko se demanda si Julie pouvait lire dans les pensées, peut être avait elle vraiment des pouvoirs magiques. Plus elle la regardait plus elle pensait que Julie était une vraie fée. Elle s'était changée et était vêtue d'une longue robe élégante et d'une veste, encore une fois, Kyoko fut éblouie par sa beauté. En comparaison elle se trouvait bien ordinaire, surtout vêtue de son pyjama.

« Je vais me changer », murmura-t-elle en prenant la direction de la salle de bain. Kuu lui ébouriffa les cheveux au passage, en lui souriant.

Devant le miroir elle contempla son image : elle paraissait jeune, trop jeune. Elle était ordinaire, trop ordinaire. Comment pouvait elle espérer être la petite amie de Ren Tsuruga. Après tout elle n'était même pas connue ! Les gens ne la reconnaissaient jamais dans la rue…

Il ne restait rien de la belle confiance qui l'habitait la veille au soir. Abattue elle se changea et sortie de la salle de bain. Devant son air triste Kuu s'écria :

« Toi, tu as besoin d'un bon petit déjeuner, je t'emmène au restaurant de l'hôpital, cela te fera du bien de sortir un peu de cette chambre. »

Kuu lui prit la main et l'entraina à sa suite… Kyoko, toujours déprimée, suivit, obéissante. Dans l'ascenseur, elle fondit en larme.

« Il va bien ! », la rassura Kuu, « ne t'inquiète pas. »

La jeune fille sanglota de plus belle et Kuu la prit dans ses bras.

« Ce n'est pas ça qui te fait pleurer, dis-moi tout ? Vous vous êtes fâchés avec Kuon ? »

« Non mais il est si parfait et je suis juste moi… », gémit Kyoko en s'essuyant les yeux.

L'ascenseur s'arrêta au rez de chaussée et Kuu guida la jeune fille vers la cafeteria sans rien dire. Il la fit s'assoir à une table isolée, puis partit lui choisir un déjeuner complet. Une fois attablé en face d'elle il lui dit :

« Mange et écoute moi bien. Kuon t'aime ! Il t'aime toi ! Tous les gens que tu croises tombent sous ton charme, tu es unique Kyoko et Kuon l'a bien vu. Mon fils a très bon goût ! »

Il avait déclaré cette dernière phrase avec une attitude pleine de fierté, Kuu était décidément fou de son fils. Elle baissa ses yeux sur son assiette, ne sachant que dire.

« Mange », répéta Kuu. « Tu as besoin de reprendre des forces et crois moi tu vas en avoir besoin. Je suis passé par là, crois-tu que ce fût facile de vivre avec une beauté telle que Julie, encore aujourd'hui je n'arrive pas à réaliser ma chance ! »

Kyoko réfléchit et commença à picorer dans son assiette. Après plusieurs bouchées elle se rendit compte qu'elle mourait de faim, la nourriture de la cafétéria n'était pas terrible mais elle finit son assiette en un rien de temps.

Une fois repue elle regarda Kuu dans les yeux et s'inclina profondément. « Merci Otosan », murmura-t-elle.


Dès qu'il ouvrit les yeux, la lumière l'aveugla, Il avait toujours un fond de migraine… et la nausée. Bon il fallait bien l'admettre il avait connu des jours meilleurs. Quelqu'un ferma les rideaux et s'assit près de lui. Il tenta de se redresser mais de belles mains manucurées le repoussèrent gentiment.

« Il ne faut pas que tu bouges, ça aggravera tes nausées », lui murmura une voix douce.

Il ferma les yeux et murmura « Maman »

Elle lui prit la main, puis lui embrassa le front. Son parfum rappela à Ren toutes les fois il se blottissait dans ses bras rassurants. Une pointe de nostalgie l'envahit.

« Comment te sens tu ? » murmura-t-elle.

« Comme après la pire cuite de ma vie… Où est Mogami San ? »

Julie sourit et sur un ton faussement jaloux répondit :

« Avec ton père, elle avait l'air déprimée ce matin, il l'a emmenée manger son petit déjeuner à la cafétéria. Tu sais, tes fans se sont acharnées sur elle, c'est dur pour elle. »

Ren fronça les sourcils, et se tut. Il n'avait qu'une vague idée de ce qu'il s'était passé. Il y avait eu ce projecteur et il avait été blessé devant les caméras… il pouvait deviner les réactions de ses fans. Il fallait qu'il rédige un communiqué, tout de suite. Il chercha à se redresser mais de nouveau Julie l'en empêcha.

« Reste tranquille, s'il te plait, pour le moment guéri, après tu pourras la défendre. »

Ren, fatigué, ferma les yeux et reposa sa tête bandée sur l'oreiller. Il avait toujours mal à la tête mais le parfum de Julie l'apaisait. Il ouvrit un œil et fixa sa mère : Elle était toujours aussi jolie. Mon Dieu qu'elle lui avait manqué.

« Maman ? Si j'étais mort, Kyoko ne s'en serait jamais remise, non ? »

« Oui, il y a de fortes chances, elle t'aime beaucoup… Mais tout va bien, ne parle pas de choses horribles. » répliqua Julie en lui serrant la main un peu plus fort.

« Si j'étais mort, et qu'elle soit dévastée, je n'aurais jamais pu reposer en paix. Je… Rick ne doit pas pouvoir se reposer en paix… »

Julie ne put répondre, elle ne savait pas quoi dire et elle était au bord des larmes.

« Je crois que je comprends mieux les choses maintenant », continua Ren, « je comprends ce qu'a dû penser Rick… je commence à accepter sa mort… J'aimerais retourner à Los Angeles pour me recueillir sur sa tombe. »

Il avait refermé les yeux, aussi ne vit-il pas les larmes qui coulaient le long de joues de sa mère. Kuon était prêt à revenir et à se pardonner. Elle déposa un doux baiser sur le front de son fils, et lui remontait sa couverture quand quelqu'un toqua à la porte. Elle sécha ses larmes avant que les médecins n'envahissent la salle.

« Bonjour Tsuruga San, comment ça va aujourd'hui ? », s'enquit le medecin.

Ren sourit péniblement et le docteur se pencha sur son lit.

« Nous allons vous envoyer à l'IRM, pour le reste il faudra un peu de temps pour que votre cerveau secrète du liquide céphalorachidien. Un conseil, buvez beaucoup… Vous vous sentez prêt ? »

Ren fit un hochement de tête qu'il regretta aussitôt.

« C'est l'histoire d'un ou deux jours. » Sourit le docteur. « Courage Tsuruga San, après le scanner on vous apportera à manger. »

« Génial », gémit Ren.


Rien que l'odeur de la nourriture amplifiait ses nausées. Il se recoucha, épuisé, sur l'oreiller sans avoir touché son plat.

« Tu n'as pas changé », soupira Julie, « il faut pourtant que tu manges. »

Kyoko souleva le couvercle qui couvrait l'assiette et fit la grimace.

« Ce n'est pas avec ça qu'il reprendra des forces. Si vous m'y autorisez, je peux faire un saut au Darumaya et ramener le repas, pour Ren et pour vous aussi. Si Yashiro San et les gardes du corps viennent avec moi, il n'y aura pas de problème. Qu'aimerais tu manger, Ren ? »

Devant le sourire malheureux du jeune homme, elle ajouta :

« Une soupe mizo pour commencer ? Te sens tu capable de manger au moins ça ? »

C'était une cause perdue, avec Kyoko et ses parents contre lui, il savait qu'il lui faudrait avaler quelque chose. Il fit oui de la tête et ferma les yeux. Il avait mal au crâne et se sentait épuisé. Une main fraîche toucha son front.

« Dors mon chéri », lui murmura la voix de sa mère. « Kyoko chan va revenir très vite. »

« Dors Corn, je reviens vite », dit la jeune fille en sortant de la chambre.

Yashiro San fit signe aux deux molosses qui montaient la garde de les suivre. Et ils prirent la direction du parking où était stationnée la voiture du manager. Yashiro marchait en tête, prêt à défendre sa protégée des fans de Ren. Amusée, Kyoko le laissa faire, elle n'imaginait pas Yashiro san dans une bagarre…

« Vous savez, Yashiro San, il va falloir que je reprenne une vie normale. Tout ça va bien finir par se tasser, non ? »

« Hmmm ! Je l'espère Kyoko Chan », marmonna le manager.

Les logeurs de la jeune fille furent heureux de la voir. Et l'okami la serra longtemps dans ses bras. Le chef se mit en cuisine pour préparer les repas à emporter. Il regrettait d'avoir mal jugé Ren, ce jeune homme avait sauvé la vie de Kyoko, il devait être sérieux. Après avoir demandé quel était le plat préféré de l'acteur, il se mit au travail avec zèle.

Kyoko prit ses affaires de classe et quelques vêtements dans sa chambre. L'okami avait fait un café à Yashiro San et le regardait d'un air maternel.

« Vous n'avez pas dû beaucoup dormir, Yashiro San, comment va-t-elle ? Elle a maigri… »

« Elle va bien », répondit le manager, « mais je crains qu'elle ne minimise la méchanceté des fans de Ren. Elle veut retourner travailler. »

A peine avait il prononcé ces mots qu'un groupe de vingt lycéennes entrèrent avec fracas dans le restaurant.

« Où est cette meurtrière ? Comment ose-t-elle nous voler Ren ! »

Au même moment, Kyoko, chargée de son sac de cours descendait les escaliers menant à l'étage. Elle vit les gardes du corps submergés par ces furies. Dès qu'elles la virent, elles se jetèrent sur elle.

« Kyoko ! », cria sa logeuse. Aussitôt Yashiro San et le chef du restaurant s'interposèrent, mais les filles étaient déchaînées et Kyoko, roulée en boule sur le sol subissait leurs assauts en silence. Finalement, les gardes du corps virent à bout des jeunes filles et secoururent la pauvre actrice. Kyoko était silencieuse et l'okami se précipita à son chevet.

« Tout va bien », murmura la jeune actrice. « Je n'ai rien de cassé. Mais quand elle se releva, ses habits déchirés laissèrent voir de gros bleus sur son corps.

« Je t'emmène à l'hôpital de suite », murmura Yashiro San. « Okami San, pouvez-vous l'aider à se changer ? Et vous jeunes filles, nous allons porter plainte, la police est en chemin. »

« Attendons la police », supplia Kyoko, elle ne voulait surtout pas que Ren la voit comme ça. Elle suivit l'okami à l'étage pour se laver, se changer et cacher au maximum les effets de l'attaque. Dans le miroir de la salle de bain elle soupira de soulagement, son visage n'était pas marqué… Le visage est important pour une actrice, comme le lui avait dit Moko San.

Une fois en sous vêtements elle constata les dégâts, son corps était couvert de bleus qui brunissaient à vu d'œil, on lui avait aussi arraché des cheveux et ses mains étaient éraflées et saignaient.

Mais surtout elle avait eu si peur ! Elle avait été victime de harcèlement depuis son enfance mais là, cela dépassait ce qu'elle pouvait endurer. Elle réalisa qu'elle ne pourrait sans doute pas être la petite amie de Ren, ses fans ne l'accepteraient jamais. Il allait falloir se séparer de lui. À cette idée elle fondit en larmes et l'okami la serra contre elle.

Dire que juste hier elle se sentait si sûre d'elle-même ! Elle se sentait prête à hiberner pour de longs mois pour lui éviter la peine de vivre sans Ren. Comme dans la belle au bois dormant. Il faudrait sans doute qu'elle retourne vivre à Kyoto, loin de lui… Ou peut être même dans un autre pays si elle voulait l'oublier complètement.

Elle était inconsolable. Toutes ses craintes se réveillaient, jamais elle ne pourrait survivre à la perte de Ren. La peine ressentie lors du rejet de Shotaro n'était rien en comparaison de celle qu'elle ressentait maintenant. Alors, elle avait eu de la colère mais à bien y penser elle pouvait vivre sans Sho. Vivre sans Ren serait autrement plus difficile et pour le moment elle ne pouvait en supporter l'idée.

L'okami lui tapotait le dos en lui murmurant des formules d'apaisement mais rien n'y faisait.

Yashiro San, précédé du chef du Darumaya, vinrent voir la jeune fille. Ils avaient attendu la police et déposé une plainte. Les agents avaient embarqué les fans de Ren, qui, réalisant les ennuis dans lesquels elles s'étaient fourrées, pleuraient comme des gamines. Mais devant l'absence de Kyoko ils étaient montés voir ce qui se passait.

Devant la jeune femme en pleurs, le manager comprit tout de suite. La jeune fille renonçait ! Mais il ne pouvait accepter que Kyoko capitule si vite devant ces furies. Ren ne le lui le pardonnerait jamais…

« Kyoko Chan, Ren t'aime, il n'a pas éventé votre relation pour te protéger. Te perdre est sa plus grande peur. S'il te plaît, avant de renoncer parle avec lui. », lui dit il doucement.

La jeune fille releva la tête, le visage inondé de larmes. Yashiro lui prit les mains et l'aida à se relever.

« Viens, il faut retourner à l'hôpital. Ici tu n'es pas en sécurité. Je t'en prie, viens Kyoko Chan. »

Elle le suivit docilement jusqu'à la voiture, encadrée de policier. Elle ne vit pas la foule de fans en colère au coin de la rue.


Kuu eut un mauvais pressentiment dès qu'il vit entrer la jeune fille, elle souriait mais quelque chose s'était passé. Quelque chose de grave. Yashiro déposa les sacs de nourriture sur la table, mais Kuu était bien trop occupé à scruter les gestes de Kyoko pour penser à manger.

« Kyoko Chan a été attaquée par un groupe de fans », déclara Yashiro d'un ton neutre. « Ici elle est en sécurité. Elle ne doit en aucun cas, sortir de cette chambre. »

Ren tendit la main vers Kyoko, malgré elle, elle ne put résister à cette main tendue. Ren avait l'air si faible comment lui dire… Le jeune homme avait l'air si anxieux.

« Je suis désolé », murmura-t-il, « je vais écrire un post ce soir. Je ne veux pas qu'on t'attaque. C'est ma plus grosse crainte, qu'on te fasse du mal à cause de moi. »

« Tsuruga san, tout va bien, repose-toi, après nous parlerons. » lui répondit la jeune fille.

« Tu veux me quitter n'est ce pas ? » Dit-il dans un murmure. Sa voix été serrée et son visage était marqué par l'angoisse.

Les adultes pressentirent que c'était le moment de sortir de la chambre pour les laisser parler tranquillement. Au passage, Kuu embarqua le sac de nourriture. Julie était inquiète, cette jeune fille pouvait briser le cœur de son fils. Kyoko laissa sortir tout le monde puis s'assit à côté de Ren.

« Corn, jamais tes fans ne m'accepteront… », plaida-t-elle.

« Alors je ne veux plus de fans ! Kyoko s'il te plaît, je t'aime… et tu m'aimes aussi… »

La jeune fille le regarda longtemps sans rien dire. Puis elle baissa les yeux.

« Mais tu m'aimes aussi ? N'est-ce pas Mogami San ? Nous sommes faits l'un pour l'autre. Je ne peux pas vivre sans toi dans ma vie. Je t'en supplie, Kyoko, ne me quittes pas ! »

Des larmes coulaient sur les joues de la jeune fille, mais elle releva la tête fièrement.

« Je t'aime », murmura la jeune fille, les larmes aux yeux. « J'ai enfin retrouvé ce sentiment important que j'avais perdu. Mais Corn, je ne vois pas d'autres solutions. »

Ren resta longtemps silencieux, simplement à la regarder. Elle lui serrait la main, il sentait la chaleur de sa paume sur la sienne. Il ne la laisserait pas tout détruire. Il était prêt à se battre pour sauver son amour. Il se redressa et s'assit sur le bord du lit.

Les appareils de monitoring se débranchèrent et les machines se mirent à bipper. Sans s'en soucier, Ren se leva et attrapa son téléphone portable mis à charger sur la table de la chambre. Un flot de blouses blanches envahit la chambre, et le forcèrent à se remettre au lit. Les visages inquiets des parents de Ren et de Yashiro San apparurent à la porte. À la grand surprise de Kyoko, le président était là aussi, l'air grave.

Après s'être fait gronder par les docteurs, Ren reprit sa place dans le lit.

« Entrez ! Tant qu'à écouter aux portes autant voire aussi, non, président ? » Cria-t-il a l'intention des adultes derrière la porte.

Kyoko était debout près du lit, elle avait été surprise de voir Ren se lever. Mais à vrai dire elle se sentait rassurée de le savoir mieux. Il la regardait de ses grands yeux verts d'un air grave.

« Kyoko Chan, peux-tu me prendre en photo, s'il te plaît ? »

Un peu confuse la jeune fille prit le téléphone qu'il lui tendait et s'exécuta. Quand elle lui rendit l'appareil il regarda la photo et fut une moue désapprobatrice.

« Ce n'est pas mon meilleur profil… Mais bon tant pis ! Président, je vais envoyer cette photo, dire qui je suis et surtout jurer que si on touche à un seul cheveux de Mogami San, je quitte le Japon dans la minute. Vous approuvez ? »

Le président regarda Kuu et Julie, secrètement il était fier de Ren, il n'aurait jamais cru qu'il puisse mettre sa carrière en danger par amour. Leur fils avait fait bien du chemin.

« Tu as toujours été libre de retourner chez toi quand tu veux », sourit le président. « J'approuve. »


« Yashiro San, je suis désolé que tu apprennes la vérité comme cela, je voulais te le dire mais ce n'était jamais le bon moment. Je suis désolé pour la charge de travail qui va te tomber dessus. » Ren avait dit ça d'une petite voix et Yashiro comprit que la morphine ne faisait plus effet.

« Ça n'est rien, Ren, nous en reparlerons, en attendant rédigeons vite ce communiqué avant qu'ils ne te droguent à nouveau. »

Il enfila ses gants et ouvrit son ordinateur, prêt à écrire.

Les autres étaient descendus à la cafétéria pour les laisser travailler tranquillement. Le président avait laissé un message sur le répondeur de la mère de Kyoko pour qu'elle soit au courant de la situation, contre toute attente, elle avait répondu aussitôt qu'elle serait l'avocate de sa fille. Cela avait redonné du courage à la jeune fille. Pour la première fois de sa vie, sa mère venait la défendre. Malgré tout elle restait fragile. Ren avait semblé sûr de lui, mais que se passerait-il s'il mettait fin à sa carrière au Japon, l'emmènerait-il avec lui à Los Angeles ? Était-elle prête à tout quitter pour lui ? Elle sourit et l'angoisse la quitta d'un coup, oui elle était prête à tout pour vivre avec lui.

Ren soupira et se cala au fond de son lit. Sa tête lui faisait mal et il était épuisé, mais défendre Kyoko était sa priorité pour le moment.

« Prêt pour la dictée, Yukihito ? »

« Je t'écoute », confirma le manager.

« Chères fans,

Je vais bien, je ressemble à un fakir, mais je vais bien. Je vous remercie pour votre soutien.

Je suis entouré de mes parents, Kuu et Julianna Hizuri, de mes amis et de la femme que j'aime.

Ce matin, Mogami San a été victime d'une lâche agression, il y aurait une plainte. Mais si jamais une de mes fans s'en prend encore à ma petite amie, je prendrais le premier vol pour Los Angeles et mettrais un terme à ma carrière en tant que Ren Tsuruga.

Je vous tiendrai au fait de ma convalescence.

Bien sincèrement

Kuon Hizuri »

Ren reposa la tête sur l'oreiller et ferma les yeux, sa migraine empirait et il avait besoin de ses médicaments. Mais avant de sonner les infirmières il demanda à son ami :

« Tu en penses quoi, Yukihito ? »

Le manager se gratta la tête et essuya ses lunettes, signe qu'il était mal à l'aise.

« Ça a le mérite d'être clair et net, cependant, je ne sais pas si ça suffira. Tu sais j'ai vraiment eu peur quand ces furies ont attaqué Kyoko Chan. Je pense qu'il va falloir un peu de temps pour qu'elle s'en remette, entre ton accident, le flot d'injures sur internet et son agression, elle doit être épuisée psychologiquement. »

« Je vais prendre soin d'elle », murmura Ren. « Je te le promets. »

« Tu as intérêt ! Le président ne te le pardonnerait pas, tes parents n'ont plus d'ailleurs… », le taquina Yashiro san. « Je poste ça sur ton site et je rentre chez moi. Moi aussi je suis épuisé psychologiquement ! », dit le jeune manager en exagérant un bâillement.

« Je prendrai soin de toi aussi Yukihito, merci pour tout ! » dit Ren en lui envoyant un baiser de la main.

Le manager fit un clin d'œil à son protégé et sorti de la chambre. Au même moment l'infirmière entra avec une seringue de calmant.


Ren avait dormi toute la journée et la nuit tombait quand Kyoko vint s'assoir prêt de lui. Elle avait lu le message que Yashiro San avait posté un peu plus tôt et avait été touchée par la détermination de Ren. Elle ne doutait pas un instant qu'il mettrait sa menace à exécution.

Mais malgré cela elle doutait, devait-elle essayer de vivre son amour ou bien devait-elle partir loin pour se protéger ? Les deux options lui semblaient semées de tristesse. Si seulement les fans de Ren l'acceptaient… Peut-être qu'avec le temps… Elle voulait y croire, comme toutes les princesses, elle voulait vivre une happy end. Elle prit la main du jeune homme dans la sienne. Elle était douce et chaude. Comme elle aimait cet homme !

Comme mu par instinct, Ren ouvrit les yeux. Il faisait sombre et Kyoko était à contre jour, mais il devina son air triste. Il plongea son regard dans les yeux d'ambre et lui sourit.

« Je t'aime Kyoko, je ne laisserai personne te faire du mal. Fais-moi confiance. »

La jeune fille hocha la tête, trop émue pour répondre.

« Je suis désolée de ce qui s'est passé, je ne leur pardonnerai jamais. J'ai hâte d'être sur pied pour me battre pour toi. »

« Du calme, preux chevalier, tout va se calmer maintenant… Ma mère va me défendre devant les tribunaux, cela me rend très heureuse. » dit la jeune fille d'un ton doux. « Et puis, tes fans vont bien finir par s'y faire ! »

« Tu ne voulais pas me quitter ? » demanda piteusement Ren.

« Tu me laisserais partir ? » lui répondit-elle en lui souriant.

Ren marqua un temps de pause puis d'un ton ferme répondit :

« Non ! Je sais, c'est égoïste, stupide et présomptueux, mais je ne te laisserai pas partir. Je t'aime Kyoko. À présent je comprends ce que voulait dire le président… »

« Tu vas peut-être trouver ça égoïste, stupide et présomptueux mais moi aussi je t'aime, et je veux nous donner une chance... », rougit la jeune fille.

La main de Ren sera la sienne plus fort. Elle rougit de plus belle. Ren eu envie de l'embrasser.

« Dis, Kyoko Chan, mes cheveux vont mettre un peu de temps à repousser mais comment me préfères tu ? Blond ou brun ? » Il avait un sourire enfantin auquel Kyoko ne put que répondre. En souriant elle lui caressa la joue.

« J'aime Ren, j'aimais corn et j'aimerai Kuon, choisit la couleur de cheveux que tu préfères et ce sera ma préférée. »

Dans ce cas… et il se redressa pour lui donner un baiser.