Deux recueils du Sicktember et j'arrive à rater ce thème... Bravo xD
Bonne lecture !
Bonne année !
Ayant quitté son village natal dans le cadre d'un échange scolaire, Link s'était installé à Célestia depuis quelques mois. Il avait encore un peu de mal avec la langue et avait carrément abandonné tout espoir pour parvenir un jour à déchiffrer leur syllabaire. Ce n'était pas vraiment une surprise, sa dyslexie lui avait fait vivre un enfer depuis la première minute d'apprentissage de la lecture, quand il n'était qu'un enfant.
Heureusement pour lui, les Célestiens étaient compréhensifs et l'aidaient du mieux qu'ils le pouvaient afin qu'il puisse s'adapter au mieux parmi eux, ce qui avait illuminé son séjour qui se promettait pourtant ardu. Il leur en était reconnaissant chaque jour !
— Bonjour Baba !
La Célestienne était sa référente durant son séjour, mais surtout la mère de Baba junior, son fils et correspondant de Link. Elle était celle qui avait fait des pieds et des… ailes ? pour mettre en place cet échange linguistique mais aussi pour sensibiliser les autres habitants aux éventuelles différences culturelles.
En tant que tel, il n'était pas le premier hylien à fouler les pavés de l'île céleste ni leur premier contact avec ce peuple, mais les touristes étaient rares dû au moyen de poser pied sur cette terre flottante (se faire propulser par un immense canon, avec une réception des plus sportives n'était ni au goût ni à la portée de tous). De ce qu'il avait compris, ils n'étaient actuellement que deux de la Surface, même s'il n'avait jamais croisé l'autre individu. Il se savait voisin car il en avait été informé (aussi belle que fut la ville, elle n'avait plus que l'ombre de la splendeur d'autrefois, et ne parlons pas du confort) mais leurs horaires et leurs activités ne devaient jamais coïncider.
— Quel est le planning du jour ? s'enquiert-il.
— Des pierres à déblayer, annonça-t-elle gaiement avant de rire à son soupir dramatique. Ne t'en fais pas, ce sont les dernières de cette zone, on va pouvoir découvrir si ton idée de créer un potager est viable ou non !
Si les Célestiens étaient incapables de se souvenir si leurs ancêtres étaient arrivés dans cette ville en ruine ou s'ils en étaient originaires, ils y avaient depuis longtemps pris leurs aises, s'organisant et s'adaptant malgré la décrépitude environnante.
Dépourvus de bras, et particulièrement de pouces opposables, mais étant surtout capables de se déplacer sur n'importe quelle surface, peu importe la gravité, ils ne s'étaient jamais vraiment penché sur le souci que pouvait poser les tas de gravas encombrant le sol. Mais l'état de dégradation des bâtiments était tel qu'ils ne pouvaient plus accéder à certaines zones par manque de surface à grimper. Ils savaient voler, mais ce n'était pas l'activité dans laquelle ils excellaient le plus.
Depuis qu'il avait posé les pieds à Célestia, Link avait donc décidé de s'attaquer au problème. D'accord en évacuant ce qui ne servait à rien, ensuite en tentant de reconstruire ou réparer ce qui pouvait l'être.
Il est vrai que ça n'avait quasiment rien à voir avec la raison de présence initiale, mais en tant qu'étudiant en agroalimentaire, ce n'est pas comme s'il y avait quoi que ce soit qu'il pouvait faire dans le cadre de ses études, ici. Et de toute façon, la proposition avait été accueilli avec joie.
Aussi stoïques que soient les Célestiens, voir leur nid se désagréger sans qu'ils ne puissent rien faire restait un fardeau lourd à porter. Et, avec un peu de chance, chaque couloir restauré leur rapportera de la mémoire ?
Mais il ne pouvait pas se contenter de charrier des cailloux et des bouts de poutre et l'idée de travailler un bout de terre pour cultiver quelques légumes en altitude lui était venu. Ça faisait un projet dont il pourrait présenter les résultats à son retour, mais aussi pour Célestia.
Bref, les journées étaient longues et il traînait rarement une fois rentré, se dépêchant d'aller se coucher après une rapide toilette, jusqu'à son réveil, le lendemain.
Bien sûr, l'épuisement n'était pas le même chaque jour et il parvenait parfois à traîner, ouvrir un de ses manuels ou lecture de cours, griffonner des notes ou simplement remplir sa correspondance afin de donner des nouvelles à sa famille et la rassurer sur son bien-être.
C'est ce qu'il faisait actuellement, se concentrant autant sur son récit des derniers jours que sur la forme de ses lettres, tâchant de son mieux de rester lisible. Depuis le temps, ils étaient habitués à son script maladroit et irrégulier, mais ce n'était pas une raison pour ne pas faire d'effort !
Marquant une pause, il se relut dans le vain espoir de débusquer quoi que ce soit qui pêcherait, mais son attention fut rapidement attirée par un son inhabituel.
À vrai dire, ça faisait plusieurs soirs qu'il le percevait. Au début, il n'y avait pas fait grand cas, avec tous les ventilateurs plantés au travers des îles, il avait pensé que c'était simplement l'un d'eux, même s'il était étrange qu'il ne l'ait pas remarqué plus tôt. Mais à force, il devenait de plus en plus curieux. Et dans cette calme soirée, il se rendit compte que c'était une simple toux, provenant sans doute de son fantomatique voisin.
Rien de grave, donc. Limite, c'était agréable de découvrir que, oui, il était donc bien là, il existait, ce n'était donc pas une invention, il avait bien compris ce qu'on lui avait dit !
Mais, alors qu'il se repenchait sur sa lettre, ses neurones finirent par faire le lien, concluant que si ce son étrange était donc la toux de son voisin inconnu… Ça faisait donc plusieurs jours que le malheureux toussait. Sauf que cette fois, ça avait l'air plus grave, alors qu'il y prêtait une plus grande attention.
Son sang ne fit qu'un tour alors qu'il sautait sur ses pieds, correspondance oubliée, se précipitant hors du logement gracieusement prêté le temps de son séjour, ne s'embêtant pas à fermer sa porte mais abattant ses poings contre celle en face, nerveux.
Car ce qui n'avait été qu'une innocente toux jusque là s'était soudainement enrayée et ressemblait de plus en plus à quelqu'un s'étouffant.
Le fait que personne ne lui réponde ni ne tente de lui ouvrir confirma sa crainte et, ni une ni deux, il se retourna et, imitant les précieuses chèvres de chez lui, abattit son coup de pied le plus puissant contre le battant, le dégondant efficacement et lui permettant ainsi d'en passer le seuil. Il ne s'arrêta pas pour examiner la décoration et se précipita plutôt en direction du bruit répétitif qui semblait empirer.
Il découvrit un hylien tentant de se cacher derrière un canapé, l'air aussi apeuré qu'une chèvre à l'heure de la tonte. Sans plus se poser de questions, il lui fonça dessus, l'attrapant par les épaules et le souleva sur ses pieds. L'heure était grave, il n'y avait pas un instant à perdre ! Rapidement, il le mit dos à lui, l'enlaça par la taille et appliqua une profonde pression.
Mais non seulement ça ne parut pas suffire mais il put entendre sa suffocation s'aggraver alors qu'il se débattait pour quitter sa prise.
Il le relâcha, paniqué, et le retourna afin de lui faire face.
— Je suis désolé, j'espérais que ça suffise, et je sais qu'il ne faut surtout pas donner à boire à quelqu'un s'étouffant, avez-vous une suggestion ?!
Au lieu de lui répondre, il se détourna, levant l'index comme pour l'intimer d'attendre, et il se pencha en avant, se tapotant le torse quelques instants, avant de pouvoir enfin reprendre sa respiration.
— Je crois que la crise est passée, croassa-t-il douloureusement.
Hélas pour lui, à peine eut-il le temps de déclarer ça qu'un hoquet se déclencha. L'air résigné, il se redressa, croisant les bras et contempla sa porte abattue comme si elle allait se redresser et se réparer d'elle-même sous la force de son regard.
Il n'avait pas prononcé un mot ni jeté le moindre coup d'œil dans sa direction, pourtant Link se recroquevilla sur lui-même, la tête dans les épaules, alors qu'il se sentait la culpabilité monter dans sa gorge, tel un petit pris en faute.
— Je… je suis désolé ? J'ai cru que vous vous étouffiez et il ne fallait pas perdre une seconde… et quand j'ai toqué je n'ai entendu aucune réponse et la crise paraissait empirer…
Il était à deux doigts de bafouiller, tordant encore et encore ses mains, tentant de se faire tout petit, comme si ça lui permettrait ainsi d'échapper au juste courroux qui ne devait pas tarder.
Mais il n'y eut rien.
Tout juste Link perçut-il un soupir entre deux hoquets, lui faisant relever le nez, interrogateur.
Attrapant les pans larges de son cardigan, il les rabattit sur son cadre maigre, resserrant la ceinture à sa taille pour le faire tenir, un frisson visible le parcourant.
— Vous… vous êtes malade ?
— Finement observé, renifla-t-il. Le grand air semble moins me réussir que la poussière des incunables et ce rhume est décidé à tenir lieu de compagnon de voyage.
Il n'avait pas haussé le ton ni n'exprimé la moindre émotion en-dehors d'un profond calme, et pourtant Link eut l'impression d'être giflé et il s'empressa – cette fois – de rejoindre l'entrée, attrapant le battant battu pour l'examiner.
— Dans l'état des choses, il devrait pouvoir tenir encore quelques jours, décréta-t-il, mais il faudra procéder avec prudence. Et pas sûr que ce soit vraiment efficace contre les courants d'air…
Il tourna un air piteux auprès du malade, qui ne put s'empêcher de rire, aggravant son hoquet par extension.
Confus de cette réaction, il avait l'intention de se précipiter à ses côtés, mais il tenait toujours la porte malmenée et secoua alors la tête, tentant de trouver une solution. Mais avant que ça n'arrive, le rieur se rapprocha, sa toux ayant repris.
— Toutes mes excuses, je n'avais pas l'intention de me moquer de vous, mais l'espace d'un instant vous aviez revêtu une si triste mine que l'hilarité s'est emparée de moi. Mais ce n'était pas très urbain.
— Vous savez, n'importe qui dans votre situation m'aurait déjà vomi des injures, alors pas besoin de vous excuser de rire, je vous dois bien ça, au moins.
Il enclencha les gonds et ouvrit et ferma la porte, attentif.
— Je devrais pouvoir m'en occuper demain, avec le retour du soleil. Ça ne devrait pas prendre beaucoup de temps…
La situation était au comble du gênant et Link n'avait pas la moindre idée de comment s'en sortir. Ce gars ne réagissait pas normalement, déjà ! Il ne s'était pas emporté, à peine une pique cinglante, et il avait même ri et s'était excusé ! Excusé ! Alors que c'était lui qui était entré dans son logement comme un taureau en rut !
— Okay, accepta-t-il en hochant la tête.
Un silence maladroit fit se tortiller Link, n'osant pas poursuivre la conversation mais ne parvenant pas non plus à l'abandonner comme ça. Jusqu'à ce que l'idée lui vienne.
— Tu as dit que vous étiez enrhumé, c'est bien ça ? Est-ce que vous avez le nécessaire ? Ma mère m'a confié une trousse de médicaments, je crois qu'elle me connaît trop !
Il ponctua sa remarque d'un rire presque crédible, ratant le sourire indulgent de son interlocuteur.
— Ce n'est qu'un rhume, je ne vais pas me déclarer perdant pour si peu. Au pire, je me sens un peu raplapla et ralentit, mais pas de quoi en faire un drame.
— Euh, dans ce cas… Une soupe ! Je n'ai pas encore dîné, et je connais une super recette de soupe, parfaite quand on a mal à la gorge !
— Pourquoi ai-je l'impression qu'il me sera impossible de vous renvoyer dans votre appartement tant que je ne serai pas guéri ? soupira-t-il en se frottant le front.
— Désolé, c'est plus fort que moi, avoua piteusement Link. J'ai emboutit votre porte et vous allez devoir dormir dans les courants d'air, parce que j'ai cru que vous étiez en danger de mort.
Il releva le nez lorsqu'il sentit le poids d'une main sur son épaule.
— Ça partait d'une bonne intention. Et, de toute façon, je vis en décalé, je n'irai pas me coucher avant de nombreuses heures. Va pour cette soupe, si elle est aussi « super » que vous me la promettiez.
— Eh bien, il manquera l'ingrédient principal : un potiron toalien. Mais je devrais parvenir à faire le reste, j'espère que ce sera toujours bon malgré tout.
Il se frotta la nuque, embarrassé. Il s'était emporté à l'idée d'apporter un peu de confort, mais il est vrai que ses réserves alimentaires, et plus principalement ses légumes, se réduisaient. Parvenir à faire pousser les potirons de son village serait une victoire appréciable !
— Je vous fais confiance. Maintenant, pouvez-vous quitter mon chez-moi, s'il vous plaît ? J'ai encore du travail à effectuer.
Piqué, Link se redressa subitement et bafouilla des salutations avant de foncer chez lui pour s'atteler à la préparation promise. S'il y avait un plat à ne pas rater mais à sublimer, de toute sa vie, c'était bien celui-ci !
— Tiens ? Link n'est pas là ?
— Non, il est malade, répondit Baba au marchand. Il aurait pris froid, de ce qu'il m'a expliqué.
— Qu'ils sont fragiles, ces hyliens ! gloussa-t-il sans méchanceté. Un rien les met au tapis, décidemment. C'est comme ce scientifique…
— Jehd ? C'est vrai qu'il était malade, lui aussi. Tu crois que ça a un rapport ?
— Comme si c'était possible ! Ils ne se croisent jamais, tout juste savent-ils pour l'existence de l'autre ! Comment auraient-ils pu se contaminer ? Non, ils sont juste faibles, conclut-il.
Sans lui répondre directement, Baba arbora un air pensif. Non, bien sûr, il était impossible que Link soit tombé malade au contact de Jehd. N'est-ce pas ?
Oui, évidemment, vous aurez deviné comment Link a choppé le rhume de Jehd 눈_눈
Voracity Karn
