Les contes ne sont pas que pour les enfants.

Titre du 13/04/2022 : Les contes ne sont pas que pour les enfants

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Y : Yara Greyjoy

Yara Greyjoy

Prompt 120 : « Je t'aime. »

Shireen/Myrcella

Prénom 67 : Marina

Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert

UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT

Quatre aspects de… C'est une belle journée (chanson de Mylène Farmer) : Censure : Écrire sur un perso qui fait quelque chose qui lui est interdit ou écrire sur quelqu'un qui ne dit pas ce qu'il pense

137) 100 façons d'écrire du drama

257) 50 nuances de personnages LGBT

12 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, prompts infinis, ships rares, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)

Si elle ne l'avait pas déjà vu avant, Myrcella aurait été bien incapable de dire ce qu'il s'était déroulé dans l'épisode qu'elle était pourtant censée être en train de visionner avec attention.

Seulement, elle ne parvint pas à rester attentive une seule seconde durant la quarantaine de minutes qui s'écoula jusqu'à la fin de l'épisode introduisant le personnage du chapelier fou.

Elle ne parvenait pas à se concentrer sur la malédiction qui frappait Storybrooke, parce que son esprit ne pouvait s'empêcher de se focaliser sur celle qui avait prétendument frappé Kintzheim deux ans plus tôt.

Pour une raison précise et très simple.

Dans ce scénario, c'était elle Emma Swan.

La femme sceptique, refusant de croire en la magie ou en la malédiction, qui était complètement incapable de voir ce qui se trouvait juste sous son nez.

Autrefois, des années plus tôt, en 2011, Myrcella se souvenait avoir eu envie d'entrer dans l'écran de la télévision pour la secouer, lui faire entendre raison et la forcer à voir la réalité en face.

Désormais, alors qu'elle se trouvait dans exactement la même situation qu'elle, elle comprenait beaucoup mieux d'un seul coup.

Parce que tout ça lui semblait si irréel, et pourtant…

Alors que son cerveau embrumé lui permettait fugitivement de regarder de nouveau l'écran avec attention, elle vit le regard désespéré de Jefferson alors qu'il se confiait à Emma au sujet de sa fille.

De sa Grace qui ne savait même plus qui il était pour elle, qui elle était tout court,qu'il aimait tellement et qu'il avait tout fait pour retrouver.

Ce regard, elle l'avait vu en se retrouvant face à Stannis Baratheon.

Sauf qu'il lui avait parlé de Shireen, et que la jeune femme se trouvait juste là, à côté d'elle.

Myrcella se retourna fugitivement vers sa petite-amie et essaya de l'examiner attentivement.

Oui, effectivement, ses traits ressemblaient à ceux de Renly, de Stannis et de Selyse, et même de Robert Baratheon, même si la blonde se souvenait mal de lui.

Mais est-ce que c'était une preuve pour autant ?

Elle en doutait.

Se blottissant contre la biche, elle tenta de reprendre le fil de l'histoire et son visage s'assombrit en voyant que, après l'épisode centré sur Jefferson, puis celui sur Baelfire et Rumplestiltskin, le suivant allait explorer le passé d'August Booth alias Pinocchio.

Donc l'histoire d'un personnage arraché à sa famille à cause d'une malédiction et oublié par les siens…

En somme, ce que Yara prétendait être.

Exaspérée, elle ne put s'empêcher de serrer les poings de rage.

Cette histoire allait-elle donc cesser un jour de la poursuivre ?

§§§§

Elles terminèrent leur marathon alors qu'Henry s'écroulait au sol après avoir mangé le chausson aux pommes empoisonné, ne pouvant pas aller plus loin.

Juste avant que la malédiction ne soit enfin brisée donc.

Cette question-là aussi la hantait et ce, depuis qu'elle connaissait la vérité.

Si tout était réel, s'il y avait bien une malédiction, alors… comment étaient-ils censés la briser ?

Yara avait employé le terme de Sort noir, ce ne pouvait pas être une coïncidence, et ce qu'elle avait décrit possédait les mêmes effets que son double fictif, et de plus quand elle avait fait référence à la série Once Upon a Timed'une manière ironique, pour la railler, à aucun moment l'amie de Marina ne l'avait contredite à ce sujet.

Donc a priori, elle fonctionnait de la même manière.

Et en rétrospective, la solution avait été évidente dans la série de contes de fée, un baiser du véritable amour.

Mais c'était justement ce qui posait problème.

Parce qu'aux dernières nouvelles, les pommes empoisonnées et le charme du sommeil éternel, ça n'existait pas dans leur monde.

Alors elle se demandait bien comment ce souci allait être réglé dans ce cas, si toute cette situation n'était pas qu'un délire imaginaire sorti de leurs esprits, mais bien la vérité.

Elle aurait aimé ne pas avoir à faire ça, ne pas devoir réfléchir à la résolution d'un problème qui n'existait peut-être même pas à part dans la tête de quatre personnes qui croyaient aux contes de fée, dont deux au regard brisé qui lui donnaient envie d'y croire.

Parce que leur douleur et leur malheur ne pouvaient pas venir de nulle part, elle en avait bien conscience.

Cela voulait-il dire que tout ce qu'elle avait tenu pour acquis depuis des années n'avait rien de réel ?

Elle espérait sincèrement que non.

§§§§

Une fois Vère partie, elles se retrouvèrent seules et Shireen la regarda avec un air pensif.

« Je trouve cette histoire tellement triste, dit-elle, continuant de parler de la série après en avoir déjà longuement discuté avec Vère, qui avait hâte de voir la fin de la saison un, et Myrcella se demanda de quoi elle parlait exactement.

Il y avait tellement de choses tristes dans les destins des différents personnages de la ville du Maine.

- Quoi donc ? Demanda-t-elle, tentant de paraître intéressée alors que tout ce qu'elle voulait, c'était aller se coucher, s'enfouir dans les bras de sa bien-aimée et si possible ne plus jamais en sortir.

- L'histoire de Jefferson… Ce que la méchante reine lui a fait, le séparer de sa fille. Je sais bien qu'il lui a fait du mal en lui faisant croire que la résurrection de Daniel avait échoué, mais… je trouve malgré tout ça terriblement cruel.

Myrcella se figea aussitôt, l'estomac noué.

Évidemment.

De toutes les histoires emplies de drama auxquelles Shireen aurait pu s'attacher, celle de Blanche-Neige, d'Emma, de Ruby, d'Archie, de Graham ou même celle de Regina, il avait fallu qu'elle choisisse celle de Jefferson.

Celle qui entrait le plus en résonance avec l'histoire qu'elle était elle-même censée avoir vécue.

- Je… je suis d'accord.

Ce qui n'était pas du tout faux, elle aussi s'était sentie triste pour le chapelier et compatissait à son malheur.

Mais elle ne dit pas le reste.

Elle ne dit pas ce qu'elle pensait vraiment, qui lui brûlait la langue et qu'elle avait appris, sur la malédiction et le fait que Shireen était soit-disant la fille d'un homme qu'elle croyait être son oncle et qu'elle faisait partie de cette histoire triste sans le même savoir.

Sauf qu'ici, ce n'était pas Regina Mills la méchante reine.

C'était Cersei Lannister, sa propre mère.

Cette simple pensée lui donna la nausée, et elle réalisa que ce n'était pas seulement parce que ça lui semblait absurde ou parce que sa vie partirait en lambeaux s'il s'avérait que c'était le cas qu'elle ne voulait pas que cette histoire de malédiction soit réelle.

Mais bien parce qu'elle ne pouvait pas supporter l'idée que sa mère ait ruiné la vie de trop de gens pour qu'elle puisse les compter.

(Était-ce aussi cela qu'Henry Mills avait ressenti quand il avait découvert la vérité à propos de Storybrooke et de ce que sa mère avait fait ?

Est-ce qu'il était resté dans le déni lui aussi, tout comme elle, et si oui, combien de temps ?

Elle aurait aimé ne jamais avoir à se poser la question, ne jamais ressentir le besoin de se mettre à sa place.)

Shireen lui sourit, l'air malgré tout un peu soucieuse et préoccupée.

- Myrcella, tu es sûre que tout va bien ? Tu avais l'air plutôt absente aujourd'hui.

- Oui, je… Je vais bien, mentit-elle sans parvenir à être très convaincante. Je… je t'aime Myrcella, je tenais à ce que tu le saches, ne… ne l'oublie jamais. N'oublie jamais que je t'aime.

C'était réel, au moins ça c'était réel, se répéta-t-elle, tel un mantra, c'était réel et personne ne pourrait jamais leur enlever ça.

Shireen était son ancre au sein de cette mer déchaînée, elle était la seule chose qui l'empêchait de se noyer, qui lui permettait de rester à la surface.

Et elle ne la perdrait pas, jamais, qu'importe ce que Yara avait pu dire.

Myrcella la regarda avec confusion, surprise par la ferveur avec laquelle elle avait prononcé ces simples mots, avant de lui sourire avec amour.

- Moi aussi je t'aime Shireen. »

Oui, elles s'aimaient.

Ça devait être suffisant, ça devait forcément l'être.

Il fallait que ça le soit.

§§§§

Ils disaient qu'elle avait menti.

Yara eut envie d'éclater de rire en apprenant cela, tout en se demandant en même temps comment elle avait pu croire une seule seconde que ça se passerait autrement.

Elle n'était pas vraiment étonnée, ce n'était pas franchement comme s'ils pouvaient faire autrement, trouver une autre ligne de défense qui puisse réellement tenir la route, et puis ça pouvait marcher.

Pas de témoins, une arme du crime introuvable, pas de traces, pas d'ADN, pas de témoin, pas de preuves hormis son témoignage.

C'était sa parole contre la sienne.

Ça ne l'étonnait pas venant de lui, après tout, dans une autre version de l'histoire, il avait bien assassiné son père en public et fait tuer sa belle-mère d'une telle manière qu'on saurait forcément que c'était lui tout en faisant comme si ce n'était pas le cas.

La différence c'était que cette fois, il n'avait pas le pouvoir de faire ce qu'il voulait sans subir la moindre conséquence.

Enfin, du moins si jamais elle parvenait à remporter son procès.

Mais en un sens, elle se moquait bien de gagner ou de perdre, parce que ce n'était pas ça qui comptait le plus dans cette histoire.

Non, elle avait bien l'intention de remporter la seule victoire qui avait vraiment de l'importance.

Et elle le ferait en brisant la malédiction.

Elle finirait bien un jour par gagner cette guerre, peu importe le temps que ça lui prendrait.

Quoi qu'il lui en coûterait.

§§§§

C'était absurde et stupide et ça, Myrcella en avait parfaitement conscience.

Mais elle…

Elle avait besoin de quelque chose, d'une preuve, d'une certitude qui lui permettrait de remettre les pieds sur terre, de cesser de douter à chaque instant de sa propre réalité, pour s'assurer que les mots de Yara, Lancel, Marina et Stannis, malgré leur conviction, malgré leur accent de vérité, n'étaient rien de plus que des mensonges grotesques.

Alors aujourd'hui, elle allait le faire.

Elle allait quitter Kintzheim.

Franchir la frontière, s'éloigner du panneau indiquant la sortie de la ville, marcher pendant plusieurs minutes jusqu'à ce que sa ville ne soit plus visible, pour prouver qu'elle pouvait parfaitement en partir, qu'elle n'en était aucunement prisonnière.

Qu'aucun des milliers habitants de la ville de son enfance ne l'était, qu'ils n'étaient pas dans une prison créée par une poignée de gens cruels dont sa propre mère faisait partie.

Il était très tôt ce matin-là, en ce jour de dimanche 12 mai 2019, elle n'avait pas cours, elle avait dit à Shireen la veille qu'elle irait courir le lendemain matin (ce qui était la vérité) et tout le monde dormait ou était au travail et elle était seule.

Il n'y avait personne autour d'elle, personne ne pouvait la voir.

Elle était tranquille, sereine, certaine d'avoir raison et de pouvoir leur prouver à tous qu'ils avaient tort, tous autant qu'ils étaient.

Prudemment, elle posa un pied derrière le panneau de sortie, puis un deuxième et attendit.

Il ne se passa rien, et elle sourit.

Peut-être que ça se révélerait plus simple que prévu et qu'enfin toutes ses angoisses s'évanouiraient pour de bon.

(Oh, si seulement elle avait su à quel point elle avait tort…)

A suivre…