Bonjour, bonsoir ! Une petite histoire qui me trottait en tête depuis quelques temps et que j'arrive enfin à coucher sur papier... Presque 10 ans plus tard, me revoilà en train de clamer mon amour pour cet étrange couple, ahah. Je m'excuse pour les fautes vilaines qui ont échappé à ma vigilance et vous souhaite une bien belle lecture.

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LEÇON 1 : La loi de Pansy Parkinson


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Bien des années auparavant, Edward Aloysius Murphy Jr., moldu ingénieur aérospatial, prononça ces quelques mots « anything that can go wrong will go wrong » et donna, ainsi, son nom à la célèbre loi de Murphy qui pouvait s'approcher de deux manières différentes. Celle qui était pessimiste appliquait au pied de la lettre ses mots : si quelque chose devait foirer, cela arriverait. La seconde, quant à elle, abordait cette loi comme un principe de précaution : il était nécessaire d'étudier toutes les possibilités et d'anticiper les erreurs pour que le pire scénario ne se réalise pas.

Bien évidemment, c'était la première interprétation stricto sensu de la loi de Murphy qui s'appliquait toujours à Pansy Parkinson si bien qu'au fil des années, galère après galère, malchance après malchance — sa tante répétait sans cesse qu'elle pourrait en écrire une saga littéraire en plusieurs tomes —, une bonne partie de son entourage l'avait rebaptisée la loi de Pansy Parkinson, non sans un sourire moqueur.

Ce matin-là, lorsqu'elle émergea enfin d'un sommeil des plus reposants, Pansy fut accueilli par un étrange, mais bienvenu silence ; Daphnée avait sans doute, oh miracle, perdue sa voix grinçante durant la nuit tandis que Millicent devait déjà être en train d'engloutir avec la grâce d'un dragon son petit-déjeuner. Du moins, elle essaya de s'en convaincre jusqu'à ce qu'elle tire les rideaux de son lit et que ses yeux ne se posent sur l'unique horloge du dortoir indiquant que son premiers cours commençait dans dix minutes. Dix minutes. Juste le temps qu'il lui fallait pour filer à la salle de bain, batailler avec son collant noir, fourrer ses affaires déjà bien amochées dans son sac tout en domptant sa tignasse et franchir le seuil de la porte de la salle du Professeur Rogue avec une minute d'avance au compteur. Pourtant, Pansy n'en fit rien et se laissa retomber sur son lit. Elle ne bougea pas durant une bonne vingtaine de secondes avant d'enfouir son visage dans ses mains. Ses lèvres prononcèrent, dans un gémissement plaintif, les seuls mots que son cerveau était capable d'émettre : « Et merde. »

Et la situation ne fit qu'empirer au fil des minutes.

Les fesses en l'air, la tête sous son lit et une brosse à dents en bouche, Pansy ne put s'empêcher de se demander pourquoi elle finissait toujours dans de pareilles positions. Oh, attendez, elle le savait parfaitement : parce qu'elle passait son temps à perdre ses livres de cours, à les retrouver dans des endroits incongrus, puis à les perdre de nouveau. Si ce n'est une épaisse couche de poussière et une infâme dragée surprise qu'elle ramassa du bout des doigts, elle ne trouva rien de bien intéressant son lit. Elle jeta le bonbon par la fenêtre, puis courut jusqu'à la salle de bain lorsqu'elle sentit qu'un long filet de bave coulait le long de son menton et menaçait de salir sa jupe. Trop tard — non seulement sa jupe fut touchée, mais également son collant et quand elle voulut nettoyer les traces à l'eau, un ongle abimé ne manqua pas de le filer.

« Par Merlin, vous vous fichez de moi ! s'exclama-t-elle, autant désabusée qu'impressionnée par sa (mal)chance. »

Un rapide coup d'œil sur l'horloge lui indiqua qu'elle n'avait plus le temps de tergiverser alors elle fila à toute allure, songeant qu'elle était plus affreuse que jamais. Tout en trottinant, Pansy parvint à attacher ses cheveux emmêlés, joua des coudes avec les flâneurs qui lui barraient le passage — un de ses passe-temps favoris quand elle était d'humeur massacrante — et pesta contre ces escaliers qui l'obligèrent à faire un détour. Arrivée devant la porte tant attendue, elle prit une grande inspiration, frappa trois coups rapprochés, puis entra après avoir entendu une permission d'entrer plutôt glaciale. Toutes les paires d'yeux se posèrent sur elle et, bien que l'attitude de Pansy avait toujours crié haut et fort qu'elle aimait et recherchait à être au centre de l'attention, elle eut soudainement chaud. Des murmures s'élevèrent tandis qu'elle essuyait ses mains moites sur l'arrière de sa jupe.

« Bonjour Pro—

- Miss Parkinson, coupa Severus Rogue d'une voix sèche. Auriez-vous l'obligeance de m'expliquer cette tenue indécente ? Ceci est un cours de potions et non une vulgaire sauterie de votre très chère tante. »

Pansy ouvrit grand les yeux et la bouche, et ses joues rosirent, aussi bien d'embarras que de colère. Certes, Daphnée et elle s'étaient amusées à raccourcir toutes leurs jupes et, certes, sa très chère tante avait toujours eu tendance à organiser bien plus de soirées dansantes que nécessaires, mais—... C'est alors qu'elle intercepta, du coin de l'œil, les grands gestes de Millicent qui ne cessait de rabattre, de manière tout à fait exagérée, les pans de sa chemise. Dans la seconde qui suivit, Pansy baissa le regard et ses joues se colorèrent, cette fois-ci, d'une gêne sans nom. Pressée comme tout, elle n'avait fermé que trois boutons correctement tandis que les autres avaient du se défaire lors de sa folle course, dévoilant une vue im-pre-na-ble de son buste. De ses mains tremblantes, elle se hâta d'accrocher les derniers boutons.

« Cinq points en moins pour Serpentard, votre attitude n'est pas une chose que nous tolérons ici, à Poudlard. Rejoignez votre place et n'essayez pas de vous faire remarquer durant le reste de mon cours. »

Ce fut la tête baissée qu'elle partit prendre place aux côtés de Theodore Nott, son taciturne et étrange partenaire. Sur son passage, elle entendit le ricanement à peine camouflé de ce fichu Finnigan et elle se promit de lui faire goûter de sa baguette dès qu'ils seraient sortis.

« Ça aurait pu être pire, lui glissa son voisin. »

Pansy sursauta ; le nombre de fois où Theodore lui avait adressé la parole se comptait sur les doigts d'une main.

« Je te demande pardon ?

- Je disais que ça aurait pu être pire.

- Oh, fit-elle dans un premier temps, encore surprise. »

Theodore était un taiseux. Il parlait peu, très peu, et les rares fois où l'on entendait le son de sa voix étaient récompensées par les regards étranges et le silence de ses camarades. Pourtant, toutes ses interventions étaient judicieuses, ses mots pesés et ses idées amenées avec grand soin, mais cela ne séduisait que ses amis de Serdaigle, pas sa maison.

« Je crois qu'on fait difficilement pire, reprit-elle en tournant les pages de son manuel. A moins que je ne coince le bas de ma jupe dans mon collant et que je ne me balade les fesses à l'air dans tout Poudlard.

- C'était aussi ma définition du ça aurait pu être pire. »

Pansy lui offrit un bref sourire désabusé auquel, ô surprise encore plus grande que la précédente, il répondit. Il sembla vouloir rajouter quelque chose, mais se ravisa au dernier moment et elle replongea son nez dans son bouquin.

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A l'heure du déjeuner, le malheureux incident de Pansy avait été sur les lèvres de la moitié des élèves de Poudlard, chacun y ajoutant sa petite touche (« Je te promets, elle avait juste noué sa chemise, c'est tout juste si elle n'était pas nue ! », « Il parait qu'elle était avec un septième année, si tu vois ce que je veux dire...») ou son commentaire fortement gratifiant (« Les Parkinson en tiennent tous une couche, m'étonne pas qu'elle finisse comme ça, avec la famille qu'elle a ! », et l'éternel « Ça a quand même toujours été une sacrée traînée. »). Alors, lorsqu'une chouette déposa une lettre dans son potage, éclaboussant ses voisins et elle-même, son humeur déjà maussade ne s'améliora pas.

« T'en as foutu partout, c'est pas possible ! s'exclama contre elle, et non contre la chouette, Blaise. »

Elle le gratifia d'un regard noir car elle haïssait de tout son être Blaise Zabini quand il était comme ça — une sale veracrasse désagréable qu'elle balayerait avec grand plaisir d'un coup de pied. Du bout des doigts, elle retira l'enveloppe de son bol et entreprit de déchiffrer le parchemin dont l'écriture avait été partiellement mangée par sa soupe.

« Une convocation de McGonagall, fit-elle, les sourcils froncés.

- Eh ben, tu les enchaînes aujourd'hui ! Heureusement que Flitwick nous rend notre devoir que demain, t'auras pas à te taper, en plus de tout ça, un D ! »

Pansy releva les yeux de sa lettre.

« Pourquoi un D ?

- Pansy, s'il te plait, répondit-il sur ce ton qu'elle détestait plus que tout car il lui donnait l'impression d'être une parfaite idiote.

- Pourquoi un D ? répéta-t-elle plus durement.

- Tu le sais très bien, éluda-t-il. Et si je te le dis, tu vas encore te mettre en rogne parce que t'acceptes pas de voir la vérité en face.

- Mais je t'en prie, dis-la moi. Ma journée peut continuer à être totalement merdique. »

Blaise soupira.

« Tu sais déjà que t'es une mauvaise sorcière, j'vois pas pourquoi t'insistes.

- J'ai des difficultés, corrigea-t-elle, les dents serrés. »

Blaise eut un rire guttural, celui qu'il réservait à ceux qui sortaient une idiotie aberrante à ses yeux, et Pansy le reconnut immédiatement. Furibonde, mais toujours très digne parce qu'elle était une Parkinson avant tout, elle se leva de manière à faire tanguer la table pour qu'un peu plus de potage salisse la chemise de cet imbécile de Blaise, puis quitta la Grande Salle, ignorant ses insultes franchement vulgaires. Oui, un jour ou l'autre, elle finirait par le balayer d'un grand coup de pied.

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Le soir venu, Pansy ne patienta que cinq minutes, tout au plus, dans le couloir adjacent au bureau de professeur de McGonagall, mais elle eut l'impression qu'une éternité s'écoula. Signe de sa nervosité, s'il en fallait un, elle changea quatre fois de position, gratta le vernis pourtant parfaitement posé de plusieurs de ses ongles et fut prise d'une bouffée de chaleur qui l'obligea à s'éventer avec un parchemin. Quand enfin la porte s'ouvrit, un filet de lumière ne manqua pas d'éclairer son collant filé qu'elle avait complètement oublié de changer. Elle rangea son parchemin avec hâte dans son sac, essuya ses mains moites sur sa jupe et fit de son mieux pour ignorer le rythme effréné de ses battements de cœur.

« Installez-vous, Miss Parkinson. J'imagine que vous savez pourquoi je vous ai convoquée. »

Pansy n'eut pas besoin de se creuser les méninges outre mesure pour lister cinq bonnes raisons pouvant expliquer sa présence ici, mais une petite voix lui souffla qu'aucune d'entre elles n'étaient une bonne réponse — au moins trois des justifications méritaient que Dumbledore soit également présent afin de l'expulser provisoirement. Alors, elle secoua la tête.

« Vous n'avez vraiment aucune idée ? insista la professeure, quelque peu étonnée par sa réponse.

- Je—euhm—ce n'était pas moi, balbutia-t-elle piteusement.

- Je parle de vos notes, Miss Parkinson. »

Celle-ci ouvra grand les yeux.

« Mes notes ? »

Un dossier vola jusqu'au bureau où il s'ouvrit sur une page bien précise. Le professeur McGonagall laissa glisser son index le long de la feuille tout en ponctuant sa lecture de hochements de tête puis, elle tapota le document avec son doigt.

« L'année a débuté depuis un peu plus de deux mois et aucune de vos notes ne dépassent Acceptable. Vos professeurs et moi-même sommes très inquiets. Si vous ne vous ressaisissez pas maintenant, votre retard va devenir trop important et nous ne pourrons vous laissez passer en cinquième année. »

Pansy ouvrit la bouche pour se justifier, mais elle la referma aussitôt, ne trouvant aucune excuse pouvant expliquer ses résultats. Elle devait bien admettre que depuis la rentrée, elle avait été distraite par tout un tas d'autres choses — Drago, essentiellement, puis l'arrivée des élèves de Beauxbâtons et Durmstrang et enfin la Coupe de Feu et les interminables discussions qui l'accompagne.

« Si je peux me permettre, professeur, mes notes ne sont pas si catastrophiques. J'ai d'ailleurs eu un A à ma dernière rédaction sur—

- Elles ne sont pas à la hauteur de votre potentiel, coupa rapidement la vieille femme. Regardez par vous même : D en étude des runes et arithmancie, P en histoire de la magie et même T en astronomie ce qui, ayant connu votre tante, ne manque pas de me surprendre. »

Les joues de Pansy se colorèrent de rouge à la mention de sa tante.

« Elle était, et est certainement toujours, une des plus brillantes sorcières de ce siècle dans ce domaine, n'est-ce pas ? Alors aidez-moi donc à comprendre, Miss Parkinson, qu'est-ce qui peut bien expliquer ces notes ? Vous n'êtes pas sans savoir qu'en quatrième année, nous commençons à vous préparer pour les B.U.S.E. ; c'est une année plus qu'importante dans votre cursus scolaire, elle est même déterminante et je refuse que des élèves comme vous se gâchent ainsi.

- Je peux me rattraper. Je vais me rattraper, assura l'adolescente, les poings serrés sur sa jupe. »

Le professeur McGonagall secoua la tête.

« Je crains qu'il n'en sera rien. Vous n'êtes ni la première, ni la dernière à me faire une telle promesse.

- Mais—

- Vous en avez peut-être entendu parler, mais je supervise un programme de tutorat depuis plusieurs années déjà et qui a aidé de nombreux élèves se trouvant dans la même situation que vous. Je souhaiterais que vous l'intégriez. »

Les sourcils froncés, Pansy eut un mouvement de recul sur sa chaise.

« Du tutorat ? répéta-t-elle avec une moue de dégoût. »

Elle ravala de justesse un « vous rigolez, j'espère » qui aurait été désastreux vu le regard que son professeur lui lança par-dessus ses lunettes rondes.

« Une aide personnalisée, si vous préférez l'appeler ainsi. »

Intérieurement, Pansy grimaça. Une aide personnalisée... C'était encore bien pire que d'appeler ça tutorat, si vous vouliez son avis. Comme si elle avait besoin d'être aidée, songea-t-elle avec une mauvaise foi qui aurait plus qu'exaspérer sa tante. Elle rencontrait quelques difficultés, certes, mais rien qu'elle ne parvienne à surmonter seule, rien qui—... Mais par la barbe de Merlin, de qui se fichait-elle ! Elle avait déjà l'impression d'être la plus empotée des sorcières que Poudlard n'ait jamais connue. La main tendue du professeur McGonagall ne faisait que conforter la piètre image qu'elle avait d'elle-même et de ses capacités magiques plus que risibles. Elle n'avait jamais réussi à transformer une souris en tabatière sans qu'il ne reste un bout de queue ou des moustaches, métamorphose que des premières années parvenaient à faire sans la moindre difficulté. Pire encore — des premières années ayant des parents moldus.

L'espace d'un instant, d'un très court instant, Pansy sentit une vague de pensées négatives la submerger. Elle détourna le regard et prit une grande inspiration. Pas de larmes, pas aujourd'hui, pas ici.

« C'est d'accord, concéda-t-elle finalement. Dites m'en plus sur ce programme. »

Les lèvres de la vieille femme s'étirèrent en un franc sourire. La détresse familiale et scolaire dans laquelle se trouvait Pansy Parkinson faisait l'objet d'un suivi particulièrement méticuleux de Dumbledore. Détresse qui, au vu des événements qui se passaient dans le monde de la magie dernièrement, commençait à se faire commune chez de nombreux jeunes Serpentards.

C'est donc avec un entrain qui n'animait que les professeurs les plus investis dans leur mission que le professeur McGonagall lui expliqua comment se déroulerait ce tutorat. Des cours supplémentaires lui seront donnés sur ses plages d'horaire libres, soit en fin d'après-midi et le vendredi, journée habituellement banalisée pour l'ensemble des élèves. Un tuteur, par matière choisie, la suivra tout au long de l'année — dans son cas, elle lui conseilla d'abord de s'attarder sur les cours qui lui posaient le plus de difficultés, à savoir l'astronomie, la métamorphose et l'histoire de la magie.

« Ce serait contre-productif de vous éparpiller, précisa-t-elle. »

Et Pansy, soudainement animée par une motivation qu'elle n'avait plus ressentie depuis sa deuxième année, ne put qu'acquiescer vigoureusement. Ce fut avec un l'ombre d'un sourire qu'elle signa tout un tas de parchemins que lui présenta le professeur McGonagall, allant de son choix des matières à l'engagement qu'elle suivrait assidument ce programmée, sourire qui aurait certainement disparu si elle avait pris la peine de prêter attention aux petits caractères de bas de page d'un des parchemins qui stipulaient que ses tuteurs seraient également des élèves qu'elle s'engagerait à respecter comme s'ils étaient de réels professeurs.

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« Je crois que je suis une idiote, conclut Pansy avant d'écarquiller soudainement les yeux. Par la barbe de Merlin, je viens seulement de me rendre compte que je suis une idiote, je dois vraiment en ê— »

Tracey Davis, qui s'amusait à lui tresser une longue natte en épi pour la détendre, claqua sa langue contre son palais afin de l'interrompre.

« Pansy, ne dis pas des choses pareilles, la rabroua-t-elle. Tu l'as dit toi-même : tu as des difficultés. Moi, je trouve ça très bien que tu te fasses aider.

- Promets-moi de ne le dire à personne.

- Je te le promets, soupira Tracey en levant les yeux au ciel. Franchement, tu ne devrais pas en faire tout un plat ; même Nott fait partie de ce programme. »

Pansy lui adressa un drôle de regard par-dessus son épaule.

« J'ai deux commentaires à faire sur ta remarque : a) qu'est-ce que fiche Théodore là-dedans ? b) tu connaissais ce programme ? »

La jolie blonde termina de nouer sa tresse, un sourire sur les lèvres, tandis qu'elle secouait la tête.

« Oh ma chérie, tu as encore tellement de choses à apprendre... Fais-moi plaisir, sors toi Drago de la tête et prête un peu plus attention à ce qui t'entoure. »

Pansy rejeta la tête en arrière et poussa un grognement plaintif tellement fort que plusieurs sorciers se retournèrent sur elle. Millicent Bulstrode, qui se trouvait également à leur table et qui avait gardé le silence depuis que ses deux comparses l'avaient rejointe à la bibliothèque, lui jeta un regard désapprobateur.

« Madame Pince aime le silence. Allez donc piailler ailleurs, j'ai un important examen en étude des moldus demain et vous me déconcentrez plus qu'autre chose.

- Eh ! J'étudiais aussi avant que Pansy n'arrive le moral dans les chaussettes ! »

Pansy fit les gros yeux. Venant de la bouche de quelqu'un d'autre, elle se serait certainement emportée, mais Millicent étant Millicent — comprenez par-là : brut de décoffrage, incroyablement imposante de par sa stature, sa voix et son fort caractère, et l'une de ses meilleures amies —, elle ne lui fit aucune remarque et soupira un « super, les copines ». Dans tout Poudlard, seules deux personnes pouvaient se permettre de la remettre à sa place sans prendre de pincettes et elles se trouvaient à cette table. Millicent et Pansy se connaissaient depuis les couches culottes, étant toutes les deux issues de famille de sang pur. Tracey, dont la mère était moldue, n'avait rejoint le duo explosif qu'en première année où, lors d'une énième dispute, elle s'était courageusement — et suicidairement — interposée entre elles. La douceur et la gentillesse dont elle faisait preuve équilibrait à la perfection le duo dysfonctionnel qu'elles avaient été durant des années.

« Mais Milli a raison, reprit Tracey, toute penaude. On a ce gros examen demain et je le sens très mal. »

S'appuyant contre le dossier de sa chaise, Pansy croisa les bras sous sa poitrine et arqua un sourcil.

« Sur l'étude des moldus ? (Son amie acquiesça.) Mais ta mère est moldue, Tracey, comment tu peux le sentir très mal ? questionna-t-elle en l'imitant grossièrement.
- T'es bien une sang pur incapable de lancer un enchantement basique, Parkinson, rétorqua du tac au tac Millicent avec un sourire goguenard. »

Pansy ouvrit grand les yeux et la bouche avant de plaquer rapidement sa main contre celle-ci pour étouffer au maximum le rire franc qui s'en échappa. Cette fois-ci, Madame Pince leur intima de faire moins de bruit et Tracey s'excusa pour toute la tablée.

« Je te jure que le jour où j'arriverai à lancer correctement un sort, tu feras mieux de surveiller tes arrières, menaça la brunette dans un chuchotement. »

Millicent balaya sa phase d'un revers de la main.

« Je t'aime aussi. Maintenant, vire-moi ton petit cul de cette bibliothèque que l'on puisse bosser en paix. »

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L'entrain qui avait animé Pansy lorsqu'elle avait accepté de faire partie du programme de tutorat avait fondu comme neige au soleil quand sa première heure se présenta à elle, le vendredi suivant. Tracey lui adressa un sourire désolé alors qu'elle finissait de nouer sa longue écharpe.

« Écoute, on ira ensemble à Pré-au-lard ce weekend, si tu veux, proposa-t-elle dans le but vain de lui remonter le moral. »

Pansy, plus affalée qu'assise sur l'un des canapés de la salle commune de Serpentard, prit un air renfrogné. Millicent, elle aussi habillée pour affronter le vent glacial qui balayait toute l'Angleterre depuis quelques jours, lui donna une tape sur la cuisse qui la fit à peine réagir.

« Arrête de faire ta tête de cochon, on t'a dit qu'on y retournerait avec toi demain.
- Mais tout le monde y va aujourd'hui... marmonna-t-elle. »

Millicent leva les yeux au ciel tandis que Tracey, plus empathique, promit de lui ramener un petit quelque chose de chez Honeydukes. Ceci eut pour effet de faire se redresser Pansy qui, alléchée par cette proposition, se dérida.

« Une suçacide ? quémanda-t-elle.
- Oui, oui, on t'en prendra même deux, soupira Millicent qui commençait à avoir franchement chaud avec toutes ces couches de vêtements sur elle. Maintenant, lève-toi qu'on t'accompagne jusqu'à ta salle. »

Et elles durent s'y mettre à deux pour la tirer du canapé.

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Pansy observa un long moment la porte de la salle de tutorat avant de la pousser du bout des doigts. Toujours dramatique, elle la referma avec une lenteur exagérée, mimant des pleurs à l'attention de ses amies qui lui envoyèrent des signes d'encouragement — les pouces levés pour Tracey, une danse ridicule pour Millicent. Pansy nota que le professeur Binns n'était pas encore arrivé, mais qu'elle ne serait visiblement pas seule à suivre ce cours : un des Weasley, dont l'étiquette de pull ressortait négligemment au niveau de sa nuque, s'était installé à une table et griffonnait, l'air las, ce qui semblait être une énième invention salissante. Elle fit le choix de s'asseoir en retrait, deux rangs en arrière.

« Ça risque d'être compliqué si tu te mets aussi loin, Parkinson. »

Pansy releva vivement la tête de son sac et croisa le regard mi-amusé, mi-fatigué de celui qu'elle identifia comme étant George — ne lui demandez pas comment elle les différenciait, vous risqueriez de l'embarrasser. Elle fronça les sourcils.

« Qu'est-ce que ça peut te faire ? rétorqua-t-elle avant de se mordre l'intérieur des joues. »

George fronça les sourcils à son tour et il ne lui en fallut pas plus pour se maudire d'avoir une verve aussi acérée.

« Je vois mieux le tableau d'ici, ajouta-t-elle sur un ton moins agressif. »

George se tourna pour observer ledit tableau puis se retourna de nouveau vers elle. Il la regardait comme si une seconde tête lui avait poussé et elle dut se faire violence pour ne pas lui aboyer de s'occuper de ses gribouillis.

« Tu te fiches de moi ? finit-il par dire après un interminable silence tendu.
- Weasley, sois pas idiot, je me fiche tout le temps de toi. Maintenant, retourne-toi, j'aimerais suivre tranquillement le cours du professeur Binns. »

Pansy accompagna sa dernière phrase d'un revers de main et d'un papillonnement des yeux excessif, lui signifiant clairement qu'il avait assez usé de son temps. Il s'exécuta sans discuter et un sourire victorieux étira ses lèvres. Tss. Espèce d'idiot.

« Mais, reprit-il et elle roula des yeux, corrige-moi si je me trompe : tu penses avoir un cours de soutien en histoire de la magie avec Binns, là, tout de suite ? »

Pansy leva les bras au ciel car la réponse lui semblait plus qu'évidente ; avait-il encore d'autres questions stupides en stock ? George, pour qui les pièces du puzzle venaient de se mettre en place dans sa tête, annota quelques mots sur son parchemin puis se leva pour se rendre au tableau. D'une écriture maladroite et gauche, il écrivit le sujet de leur premier cours de rattrapage - les grandes dates de l'histoire de la magie - qu'il lut d'une voix forte, claire et étrangement amusée.

« Tu vois toujours bien le tableau ? poursuivit-il tout en traçant une frise chronologique. Ah, et pour ta parfaite information, Binns ne viendra pas parce qu'il semblerait que je sois ton tuteur pour cette matière. »

George se retourna juste à temps pour apercevoir l'air stupéfait de Pansy qui ne dura qu'une seconde.

« Tu te fiches de moi ?

- Parkinson, sois pas idiote, je me fiche tout le temps de toi ! »

Ses joues devinrent cramoisies - c'était sa répartie !

« Dis-moi, Parkinson, tu as au moins daigné lire ton contrat avant de le signer ? »

La question, bien que posée sans trace de moquerie, fut accompagnée d'un soupir las. George, lui, avait bien entendu lu et relu son contrat avant de le signer — bien que le professeur McGonagall ne lui avait pas laissé le choix, mais ça, c'était une toute autre histoire. Le nom de Parkinson, seule élève de la maison Serpentard parmi ses autres étudiants à lui avoir été attribuée, les avait fait tiquer, Fred et lui, sans qu'ils ne parviennent à retrouver pourquoi ce nom leur disait vaguement quelque chose. Ron, vers qui il s'était tourné par la suite car ils partageaient plusieurs cours en commun, avait vociféré tout un tas d'insanités à son sujet à commencer par le fait que ce n'était qu'une « sale petite peste à tête de bulldog », qu'elle était « une idiote tout juste bonne à suivre Malfoy comme un toutou » et, enfin, qu'elle serait certainement dans les premiers rangs de l'armée de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom s'Il était amené à revenir. Hermione lui avait alors asséné un coup de parchemin et avait tempéré ses propos ; certes, elle n'était ni la plus brillante, ni la plus avenante des sorcières de leur génération, mais elle ne méritait pas tous ces qualificatifs.

Et George devait bien donner raison à Hermione : la jeune fille qui se tenait devant elle, aux joues encore rouges par le revers qu'il lui avait asséné, n'embrassait pas vraiment la description de Ron.

« Vaguement, finit-elle par répondre en se frottant les yeux, tout aussi lasse que lui.

- Tu sais, avant d'attaquer les bases de l'histoire de la magie, on va peut-être commencer par t'apprendre à lire un papier dans son entièreté. »

Pansy écarquilla les yeux. Cela ressemblait étrangement à ce que Millicent pourrait lui dire lorsqu'elle leur racontera ce catastrophique premier cours de soutien et, juste pour ce semblant de familiarité, aucune colère ne monta en elle alors qu'elle s'était déjà emportée pour bien moins que ça. Croisant les bras sous sa poitrine, la jeune fille se laissa choir contre le dossier de sa chaise.

« Je t'en prie, montre-moi. Je crois que j'ai beaucoup de mal à lire les petits caractères en bas de page qui précisent que je vais devoir me coltiner George Weasley pendant tout un trimestre.

- Je suis Fred.

- Tu es donc le moins idiot des deux, rétorqua-t-elle du tac au tac, malicieusement. »

George baissa la tête un court instant pour masquer le rictus qu'elle avait réussi à lui décrocher et Pansy arqua un sourcil avec, cette fois-ci, un réel sourire moqueur ; touché. Elle était de nouveau maître de la situation avec cette douce arrogance qui la caractérisait tant.

« Tiens, reprit-elle tandis qu'elle farfouillait dans son sac pour en sortir plusieurs parchemins, puisque tu sembles si investi dans ta première mission, aide-moi donc à découvrir qui seront mes bourreaux en astronomie et en métamorphose. »

Il s'avéra que Theodore aurait la lourde tâche de lui faire rattraper son retard en astronomie et elle en eut presque un soupir de soulagement lorsque George lut son nom à haute voix. La métamorphose revint à Cho Chang, une Serdaigle d'une année de plus qu'elle et qui avait ravi le coeur de nombreux de ses camarades tant pour son exceptionnelle beauté que pour ses talents d'attrapeuse. En fin de compte, ses bourreaux se montrèrent moins terribles qu'elle l'avait anticipé : une Hermione Granger à l'intelligence écœurante ou un Ernie Macmillan au caractère trop pompeux lui auraient donné envie de sérieusement considérer son redoublement.

Il s'avéra également que les lacunes que Pansy avait accumulées en histoire de la magie dépassait l'entendement et George crut, dans un premier temps, qu'elle se fichait une énième fois de lui.

« C'est pas possible, Parkinson, je te demande juste l'année de la première révolte des gobelins, n'importe qui la connait !
- Et moi, je te dis que je ne la connais pas non plus, répondit-elle à travers ses dents serrés. »

La craie qu'elle tenait dans sa main manqua de se briser. George, qui se trouvait sur sa gauche, pinça l'arrête de son nez. Sur les huit grands événements marquant l'histoire de la magie en Grande-Bretagne et en Amérique du Nord, Pansy n'avait été capable d'en placer qu'un seul sur la frise sans hésitation — et encore, elle s'était trompée d'une petite dizaine d'années ce qui, à l'échelle de l'humanité était risible, mais devenait un poil essentiel quand il s'agissait du point de départ ayant entraîné la séparation des sorciers et des moldus qui avait perduré jusqu'au XXème siècle.

Pansy soupira bruyamment avant de marquer une croix au hasard sur la frise.

« Voilà, 1200 ans et des poussières, première révolte des gobelins, marmonna-t-elle. »

George considéra un long moment sa croix définitivement mal placée.

« Tu le fais exprès ? finit-il par demander. Parce que, honnêtement, je ne vois pas comment tu peux ne pas connaître une seule de ces dates. »

Pansy ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Voilà exactement pour quoi elle avait été réticente à ce programme, il lui rappelait à quel point elle était incroyablement idiote et que peu importait ce que lui disait Tracey pour la rassurer, ça relevait presque du miracle qu'elle ait réussi à arriver jusqu'en quatrième année avec un niveau aussi médiocre.

« Ecoute, reprit-il devant son manque de réaction, je sais pas si tu t'en rends bien compte, mais McGonagall ne va pas te lâcher tant que tu n'auras pas de meilleures notes alors soit tu fais un effort, soit on passe des vendredis merdiques jusqu'à la fin de l'année et, bizarrement, ça m'intéresse pas des masses.

- Fais un effort, répéta-t-elle avec un léger ricanement. Merci Weasley, c'est vraiment une chose à laquelle je n'avais pas encore pensé ! »

Pansy lui redonna sa craie en la plaquant contre son torse et il la rattrapa in-extremis. Elle descendit de l'estrade et retourna à sa place pour ranger négligemment ses affaires dans son sac.

« Et au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, ça ne m'intéresse pas non plus de passer mes vendredis à me faire crier dessus parce que je ne connais pas telle ou telle date d'un événement qui n'a jamais intéressé personne à part Binns ! explosa-t-elle finalement en enfournant son dernier parchemin. »

Pansy glissa la lanière de son sac sur son épaule avant de se diriger vers la sortie.

« Tu vas partir comme ça ? questionna George, un poil désabusé par ce changement de situation soudain. »

Sur le pas de la porte, elle marqua une pause et le pointa du doigt.

« Toi et moi, ça ne marchera pas. J'ai besoin d'astuces, de techniques mnémotechnique ou je-ne-sais-quoi pour réussir à faire rentrer et ester toute cette fichue matière là-dedans (Elle tapota sa tempe.), pas qu'on m'assomme de dates, de noms, de lieux qui n'évoquent strictement rien pour moi, et encore moins qu'on me rappelle toutes les deux minutes que ce n'est pas normal que je ne connaisse rien de tout ça. D'ailleurs, je n'ai même pas le souvenir d'avoir entendu que tu étais un si bon élève et tu m'as pas l'air non plus d'être le genre à participer de ton plein gré à un programme comme ça ; ben oui, beaucoup moins de temps pour préparer ton prochain coup foireux. »

George se balança d'un pied sur l'autre et cette simple attitude suffit à confirmer les derniers dires de Pansy. Elle avait bien mis le doigt sur ce quelque chose qui la titillait depuis le début et elle ne put s'empêcher de sourire narquoisement.

« Je ne sais pas de quelle punition t'a sauvé McGonagall en t'obligeant à être ici, ni si elle pourra te sauver une deuxième fois quand j'irais la trouver pour lui demander qu'elle te retire du programme, mais je suis d'humeur magnanime aujourd'hui alors je vais te laisser deux options : soit elle me trouve un tuteur un peu moins pitoyable, soit tu fais un effort. »

Pansy claqua la porte de la salle et George dut se rendre à l'évidence : Ron et sa description n'étaient pas si loin de la vérité.

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Merci d'avoir lu, j'vous aime !