Correctrice : Clina

Personnages : Siegfried de Dubhe, Fenrir d'Alioth

Mention de : Hilda de Polaris, Freya de Polaris, Syd de Mizar Alberich de Megrez Thor de Phecda

Ship : aucun

Type d'écrit : amitié

Arc temporel : Après la résurrection de tout le monde, quelques années après la fin de l'animé.

Lieu : Le palais d'Asgard

Autre : Je raconterais dans le prochain OS comment Fenrir et Thor ont rencontré la boule de poils. Je pense, si vous lisez les 2 recueils, que vous avez tous remarqué mon amour des animaux et de la nature…

Nombre de mots : 2510

Titre : Renard arctique


Siegfried souffla doucement. L'air s'était refroidi ces derniers jours. L'hiver approchait à grands pas. Asgard s'était recouvert de son manteau blanc permanent. La neige ne tombait pas encore de manière quasiment continue, mais elle tenait maintenant toute la journée. Les nuits polaires étaient glaciales. Le givre s'était lui aussi installé. On commençait à préparer le palais pour passer l'hiver, vérifiant les réserves de nourriture et de boissons, préparant les pièces en accrochant les lourdes et chaudes tentures. On faisait aussi des réserves de bois. L'ambiance changeait doucement au château. L'euphorie, qui avait suivi leur retour à la vie pendant quelques semaines, se dissipait lentement. Ce qui comptait maintenant s'était d'être prêt pour l'hiver polaire. Le Dragon lança un regard vers le ciel blanc. Ces changements avaient aussi un impact sur les Guerriers Divins. Certes Siegfried pouvait arguer qu'ils devaient pouvoir combattre même au cœur de l'hiver et donc poursuivre les entraînements en extérieur. Après tout n'avaient-ils point combattu les Saints d'Athéna en hiver ? Mais ils n'étaient pas en guerre. Ils avaient maintenant des alliances solides et respectueuses avec Athéna et Poséidon. Des ambassadeurs des deux Sanctuaires venaient parfois à Asgard, tout comme leur Souveraine en envoyait parfois chez les Déités grecques. Alors le Dragon avait accepté des entraînements à l'intérieur dans une vaste pièce qui leur était maintenant réservée. Ils se devaient de faire attention à la puissance de leurs attaques, mais c'était aussi un bon moyen d'apprendre à se contrôler.

Et s'il fallait une preuve supplémentaire que l'hiver était à leur porte, il suffisait d'observer Fenrir. Le Loup du Nord ne s'éloignait plus vraiment du palais. Maintenant, il errait plutôt dans les jardins royaux, ou il se trouvait un coin isolé pour y demeurer. Siegfried avait bien remarqué que l'autre Guerrier Divin restait dans son coin. Cependant il était moins seul. Il traînait toujours dans le sillage de la reine Hilda ou de la princesse Freya. Il semblait les protéger à sa manière. Et il acceptait la présence de Syd. C'était probablement l'amitié la plus originale au monde selon Siegfried. Mais le contact semblait bien passer entre le Tigre Noir et le Loup du Nord. C'était une accroche à leur groupe pour l'Enfant Sauvage. Syd avait expliqué à Siegfried qu'il n'y avait qu'une manière de faire avec Fenrir. Il ne fallait rien imposer, ne pas faire de sous-entendus ou de trop longs discours et éviter de lui donner l'impression qu'on attendait quelque chose. Et surtout il se devait d'accepter l'idée que pour Fenrir, il n'y avait qu'un seul Alpha comme dans une Meute. Et l'Alpha du Guerrier d'Epsilon était la reine Hilda. Il n'obéissait qu'à elle. Mais il pouvait se lier d'amitié avec les autres Guerriers Divins. Siegfried avait foi en son ami, et il comptait appliquer ses conseils.

Le Dragon avait conscience qu'il s'y était mal pris avec le Loup. Il s'était comporté comme avec les autres, avec un comportement et une attitude pas facilement compréhensibles pour Fenrir peu habitué aux codes de la société humaine et surtout de l'aristocratie. Maintenant le Dragon estimait qu'il devait essayer d'améliorer leur relation. Ils ne seraient certainement jamais les meilleurs amis du monde, mais Siegfried espérait qu'ils pourraient partager une relation plus sereine et apaisée, qu'il pourrait prouver à son frère d'armes qu'il était digne de confiance. Cela prendrait du temps. Il faudrait qu'ils fassent tous les deux des efforts. Mais c'était faisable. Siegfried en était certain. Ils devaient juste apprendre à se comprendre et à communiquer. Et c'était ce qu'il comptait faire en cet instant, s'il trouvait Fenrir. Il avait laissé les autres s'entraîner entre eux. Et il s'était éclipsé dans l'idée de converser avec le Loup. Il était sorti du palais pour se retrouver dans l'air froid du jardin royal. Siegfried savait où se trouvait Fenrir en suivant son Cosmos. Il ne savait pas encore comment il allait aborder le Guerrier d'Epsilon. Mais il ne fut pas surpris de le dénicher finalement dans les écuries. Il faisait plus tôt tiède ici comparé à l'extérieur. Fenrir était bien là et pas seul à première vue. Siegfried fronça des sourcils. Il était peu certain de l'animal qui accompagnait son frère d'armes. Mais il n'eut guère le loisir d'observer la scène plus longtemps.

« Que veux-tu ? », grogna légèrement Fenrir en se plaçant entre Siegfried et l'animal. « Me rappeler l'entraînement ? » Il y avait une certaine provocation dans la voix du Guerrier d'Epsilon. Il était sur ses gardes. Le Dragon pouvait le sentir.

« Non. », répondit avec un grand calme et un sourire poli Siegfried. Il était inutile de fournir à Fenrir des raisons supplémentaires de se méfier. Et le Dragon ne se vexait pas de la remarque. Il avait surtout rappelé ses devoirs et obligations au Loup lors de leurs rares conversations. Il comprenait sa réaction instinctive. « Je désire juste parler. »

« De quoi ?! », questionna le Loup. Son ton était moins agressif, mais il restait méfiant. Et il se plaçait de manière à ce que le Dragon ne puisse pas voir ce qu'il tentait de dissimuler. Siegfried savait qu'il devait être direct et bref dans ses explications, s'il voulait avancer vers un mieux entre eux.

« Te présenter des excuses. J'ai conscience que je m'y suis mal pris avec toi. Et j'aimerais pouvoir réparer mes erreurs. », répondit Siegfried.

Ce n'était pas spécialement évident pour lui de reconnaître son manque de tact, quant à sa manière de gérer le groupe des Guerriers Divins. Cela n'allait pas dans le sens de son éducation militaire et aristocratique. Cette éducation qui renvoyait cette impression qu'il était extrêmement fier, parce qu'il ne laissait pas voir ses émotions facilement et qu'il se vouait à sa mission de Guerrier Divin. Mais si avec les autres cet aspect de sa personnalité impressionnait et lui valait des louanges, cela ne fonctionnait pas avec Fenrir. Et Siegfried comprenait pourquoi. Mais paraître plus humain et expressif, moins focalisé sur sa mission et son devoir auprès de leur Souveraine n'était guère un exercice simple pour lui. Il se devait de faire l'opposé de ce qu'on lui avait enseigné toute sa vie. Il devait essayer de comprendre comment Fenrir pensait et réagissait. Siegfried espérait que la conversation ne s'arrêterait pas là. Cependant le silence s'étirait doucement dans l'air. Finalement, Fenrir pencha la tête sur le côté et il cligna des yeux en observant avec curiosité le Dragon. Ce dernier comprenait ce que Syd voulait dire par être directe avec le Loup.

« Comprends pas. Pourquoi des excuses ? », demanda finalement Fenrir en plissant du nez.

« Disons que nous sommes partis sur de mauvaises bases et que je t'ai donné une mauvaise première impression. J'aimerais mieux te connaître. Nous sommes des Guerriers Divins tous les deux. Je pense qu'on pourrait être ami. », expliqua posément Siegfried. Il pencha un peu la tête dans l'espoir de mieux voir la boule de poils cachée dans le foin derrière l'autre Guerrier Divin. Il confessait une certaine curiosité en ce moment.

« Ah… », répondit Fenrir incertain.

Le Loup du Nord n'était pas certain de comprendre pourquoi le Dragon s'excusait. Pourquoi s'excuser de son comportement après coup ? C'était quelque chose de tellement humain. Mais Fenrir aussi avait promis à leur Reine de tenter de s'intégrer. Tout le monde faisait des efforts avec lui. Il pouvait aussi en faire avec les autres Guerriers Divins. Et franchement Siegfried l'avait laissé tranquille et libre de ses déplacements pendant des semaines. Le Guerrier d'Epsilon ne pouvait pas dire qu'il connaissait Siegfried au-delà des rares fois où ils s'étaient croisés lors de leur première vie et durant celle-ci. Ils n'avaient jamais vraiment parlé d'autre chose que des entraînements et de leur mission. Enfin parler était un grand mot, Fenrir fuyait habilement les autres en général. Mais il savait qu'il avait définitivement perdu sa Meute. Et retourner vivre en forêt, seul, n'était pas envisageable. Il ne lui restait pas beaucoup d'options, si ce n'était effectivement se lier avec les autres Guerriers Divins, les accepter comme sa Meute maintenant, comme sa nouvelle famille. Lentement Fenrir se détendit et il quitta sa position défensive. Son Cosmos se fit moins froid, moins agressif aussi. Siegfried le ressentit. Il s'octroya le droit d'offrir un sourire amical à Fenrir.

« D'accord. », ajouta lentement le Guerrier d'Epsilon. « Je suppose que si je peux avec Syd, je devrais pouvoir avec toi aussi. »

« Ce n'est pas une obligation. », répliqua patiemment Siegfried. « Disons que j'aimerais… Comment dire… Appartenir à ta Meute comme Syd effectivement, et comme notre Reine Hilda et notre princesse Freya. Si bien sûr tu l'acceptes. » Le Dragon avait conscience que c'était un peu plus compliqué que cela de gagner la confiance de quelqu'un, qui surtout n'avait aucune foi en l'Humanité. Fenrir renifla légèrement.

« Je peux faire ça. », répondit Fenrir avec quelques minutes de silence. « Je ne te connais pas. Mais n'espère pas que je vais t'obéir et me plier aux entraînements. », prévint le Loup. Siegfried eut envie de sourire d'amusement. Fenrir restait réellement bloqué sur cette image de lui, celle du chef exigeant. Or le Dragon espérait vraiment créer un esprit de corps fraternel entre tous les Guerriers Divins, y compris avec Alberich et Fenrir qui peinaient à s'intégrer. Cela étant aux yeux du Dragon, il était plus aisé d'aller vers le Loup que quelqu'un qui avait trahi Asgard pour son propre profit.

« Je ne te l'imposerais pas. Promis. », jura-t-il en faisant un pas en avant pour combler un peu la distance entre eux. « Si tu veux venir nous observer ou y participer, tu seras le bienvenu. Mais seulement si tu le veux. Je te propose juste de parler ? Ou au moins de tolérer ma présence silencieuse. »

« Parce que tu sais te taire ? », renvoya Fenrir avec un sourire taquin. Siegfried se contenta de rire un peu.

« Je suis moins bavard que Syd. Tu peux me croire sur parole pour cela. », répliqua le Dragon. Au moins Fenrir faisait un peu de l'humour. C'était sans doute un bon signe. Il n'était plus aussi méfiant, sans être totalement en confiance. Le Loup devait aussi faire quelques efforts et il semblait commencer à essayer de tisser des liens avec les autres à sa manière. Et Siegfried respectait l'effort que cela devait représenter pour Fenrir. « Dis-moi quel animal est-ce ? », questionna finalement le Dragon. Parler d'animaux devait être plus simple pour le Guerrier d'Epsilon que d'autres banalités.

« Un renard arctique. », répondit finalement Fenrir. « J'ai plus l'habitude des loups, mais elle est blessée… »

Lentement, presque à contrecœur, le Loup se déplaça pour montrer sa petite protégée. Il s'attendait à une réprimande de la part du Dragon. Leur Souveraine lui avait seulement permis de ramener un ou deux louveteaux. Et il en avait déjà ramené un à la princesse Freya. Siegfried se contenta d'approcher et de s'agenouiller en silence pour observer l'animal à la fourrure blanche. Enfin il voyait surtout le petit museau noir dépasser de la paille, des oreilles blanches arrondies et des yeux mordorés le regarder avec crainte et curiosité. L'animal semblait petit et il devait à peine être adulte. Le Dragon remarqua la patte bandée. Et il comprit que Fenrir avait dû essayer de soigner l'animal. Cela expliquait aussi pourquoi le Guerrier d'Epsilon passait du temps ici. Il devait s'occuper de la pauvre petite renarde. Fenrir semblait sur ses gardes à nouveau. Mais Siegfried ne fit aucun commentaire. Le silence s'étira un peu plus longtemps. L'animal sortit lentement la tête de sa cachette et elle renifla l'air ambiant. Elle semblait assez amical et calme de nature.

« Tu me racontes son histoire ? », demanda doucement le Dragon en relevant les yeux sur le Loup. Fenrir pencha la tête sur la gauche puis il vient s'agenouiller près de Siegfried en silence.

« On l'a trouvée la patte prise dans un piège, il y a deux jours avec Thor. », se contenta de raconter Fenrir. « On l'a libérée et on l'a ramenée. En forêt elle serait morte, seule avec une patte qui saigne et cassée. » Il savait que les Humains ne réagissaient pas ainsi spécialement. La Meute n'aurait pas non plus sauvé la petite renarde. Mais elle était aussi seule que lui, et il voulait la sauver. Cela lui faisait aussi une occupation au palais maintenant qu'il ne pouvait plus passer tout son temps en forêt.

« D'accord. », Siegfried tendit les doigts vers la renarde qui le renifla. « Je pense qu'elle serait mieux à l'intérieur. Il fait plus chaud. Tu pourrais la prendre dans ta chambre. Et je peux trouver le vétérinaire pour soigner sa patte blessée. », proposa lentement le Dragon. Tant qu'à soigner cet animal, autant que le faire correctement. Bien sûr elle passerait l'hiver au palais. Il était inimaginable qu'elle puisse retourner en forêt rapidement. Et vu son jeune âge, elle risquait de devenir un animal de compagnie, une renarde apprivoisée. « Tu devrais lui trouver un nom. Sinon la princesse Freya voudra la baptiser. » Et vu qu'elle avait nommée sa petite louve Aslaug, Siegfried se demandait quel personnage mythologique pourrait l'inspirer cette fois-ci. Cela pourrait être intéressant. « Note tu peux lui demander son aide pour un nom. »

« La Reine va accepter ? », demanda prudemment Fenrir. « Elle avait dit que je pouvais ramener un loup. Elle n'a pas parlé de renard. »

« Je ne pense pas que notre Reine sera contre la présence de cette petite boule de poils. Elle pourrait même la soigner. », commenta Siegfried. Il était certain que la reine Hilda se montrerait bienveillante envers le renard. C'était dans la nature de leur Souveraine après tout. Fenrir sembla réfléchir. Le Dragon sursauta un peu quand la truffe froide et humide de la petite renarde vint frôler sa main.

« Je crois qu'elle n'a pas une super bonne vue. », expliqua Fenrir. « D'accord… Tu viens avec moi pour demander à la Reine ? » Il y avait une certaine incertitude dans la voix de Fenrir. Il semblait croire que si Siegfried était présent, la reine Hilda serait plus encline à accepter. Ou bien Fenrir redoutait de devoir demander quelque chose. Le Dragon décida de prendre cela comme une preuve d'un vague début de confiance en lui.

« Bien sûr. Je peux venir avec toi. Je te laisse porter la renarde. », accepta-t-il avec un léger sourire. Il se redressa alors que Fenrir attrapait délicatement l'animal.

« Elle t'aime bien. C'est marrant. », déclara subitement Fenrir en emboîtant le pas de Siegfried pour sortir des écuries et retourner à l'intérieur du palais. « En général, elle fuit les autres Humains… Tu t'es fait une amie. » Le Dragon se contenta de répondre avec un sourire. Au moins ils progressaient. Bien sûr Siegfried n'était pas spécialement un grand ami des animaux, et peut-être que dans d'autres circonstances il aurait réagi autrement. Mais c'était important pour Fenrir. Et il espérait mieux comprendre son lien étroit avec la nature et sa manière de réagir. Et il voulait bien avouer que la renarde arctique était plutôt adorable.