Correctrice : Clina
Personnages : Hilda de Polaris, Alberich de Megrez
Mention de : Freya de Polaris, Syd de Mizar Siegfried de Dubhe
Ship : aucun
Type d'écrit : amitié, rédemption
Arc temporel : Après la résurrection de tout le monde, quelques années après la fin de l'animé.
Lieu : Le palais d'Asgard
Autre : J'assume totalement l'idée très personnelle d'une amitié d'enfance entre Hilda et Alberich. Je conçois que cette vision ne soit pas la plus répandue, ni partagée par tous. Mais c'est ainsi que j'ai imaginé mon recueil d'OS.
Nombre de mots : 2339
Titre : Rédemption offerte
Il avait toujours su qu'elle était possédée. Elle avait toujours su qu'il avait été témoin de sa mésaventure avec Poséidon. Hilda avait toujours facilement soupçonné, même possédée par l'anneau, qu'Alberich pouvait la trahir. Elle savait qu'il n'hésiterait point à utiliser la situation à son avantage, pour atteindre de manière fourbe, lâche mais ô combien intelligente son but. Et il aurait bien réussi finalement, si le Dragon n'avait pas trouvé sa faiblesse pour gagner. Mais lors de cette guerre contre Athéna, ses ambitions et ses plans machiavéliques servaient la cause de sa Souveraine. Elle l'avait donc laissé jouer sa partie, sans beaucoup de remords quand il était mort. Pourtant Hilda avait toujours connu Alberich, et elle avait toujours eu un attachement amical pour le jeune homme. Il était intelligent, instruit et enfant il connaissait toutes les légendes et les mythes d'Asgard. Elle avait de vagues souvenirs de jeux l'incluant lui, Siegfried, Syd et elle. Elle se rappelait vaguement leur temps passé dans la bibliothèque à lire les vieux livres poussiéreux.
Hilda se demandait quand elle avait perdu ce lien amical avec son Guerrier. Quand avait-elle cessé d'être présente pour lui ? Quand avait-elle laissé cette distance s'installer au point de ne surveiller que de loin ces agissements ? Ô elle avait toujours su qu'il était ambitieux. Pourquoi n'avait-elle rien fait ? Elle aurait pu lui proposer une mission, une place au Conseil. Elle aurait pu lui permettre de mettre son intelligence et sa stratégie au service d'Asgard. Elle avait fini par le laisser s'éloigner d'elle. Elle avait accepté qu'il croie qu'elle était distante avec lui, qu'elle s'en méfiait. Elle se contentait parfois de le sermonner. Alors oui, elle comprenait son geste. Elle pouvait l'excuser même. Une part d'elle se sentait coupable aussi d'avoir abandonné un de ses Guerriers, un ami d'enfance au nom de sa personnalité parfois imbuvable pour les autres. Mais il était revenu à la vie comme les autres. Elle l'avait voulu dans la même pièce qu'eux. Et le réveil avait été compliqué, mais Alberich avait gardé sa fierté et la tête haute face aux reproches non voilés des autres. Et encore une fois, Hilda s'était tue. Mais elle avait eu besoin de réfléchir à ce qu'elle désirait faire pour l'aider.
« Bonjour Alberich », salua-t-elle en entrant dans la vaste bibliothèque. Elle constata que le feu brûlait dans l'âtre.
« Ma Reine. », se contenta d'une voix morne le Guerrier Divin.
Hilda retint un soupir. Ce ne serait pas facile, mais elle s'en doutait. Les yeux bleus firent le tour de la vaste pièce. Alberich y avait toujours passé beaucoup de temps. Ils avaient tous étudié ici, enfants. Elle avait de bons souvenirs dans la bibliothèque. Bien sûr aujourd'hui Alberich s'y cachait plus qu'il ne s'y retirait. Il évitait les autres Guerriers Divins qui n'étaient pas forcément tendres avec lui. Il devait faire amende honorable, payer pour son crime. Et elle n'avait toujours pas décidé comment. Alors il revenait dans le seul lieu où il se sentait sûrement bien un minimum, au milieu des livres qui avaient toujours formé son domaine privilégié. Alberich avait toujours été un peu plus petit que les autres, moins athlétique et moins sportif que les autres, pourtant bon guerrier quand il le fallait. Hilda approcha lentement de la table où il était assis. Le calme et le silence de la pièce avaient quelque chose d'apaisant. Hilda appréciait l'apaisement que les livres pouvaient apporter, ainsi que les divers mondes et univers qu'ils pouvaient ouvrir en l'esprit de chacun. Elle tira la chaise près de celle de son Guerrier Delta. Elle prit place et attrapa un livre qui traînait face à elle pour en lire le titre. Elle sentit le regard vert l'observer en coin.
« Que puis-je pour vous ma Reine ? », demanda Alberich toujours de manière neutre. Il fit l'effort de regarder derrière elle comme s'il s'attendait à voir débarquer des gardes. « Vous venez me voir seule ? Ne redoutez-vous point que je sorte un poignard ? »
« Ne sommes-nous plus amis ? », questionna Hilda en posant le livre sur la table en chêne massif. Ses yeux bleus se plantèrent avec conviction dans ceux verts d'Alberich. « Nous l'étions enfants. L'as-tu oublié ? »
« Dans une autre vie, peut-être. », répondit le jeune homme.
Et cette fois-ci, il détourna la tête pour éviter le regard scrutateur de sa Souveraine. Hilda tendit rapidement la main, par instinct, elle agrippa les doigts d'Alberich et elle les serra doucement. Il avait la main un peu froide. Et en l'observant elle pouvait voir les cernes sous ses yeux, marquant de noir sa peau trop pâle. Combien d'heures par jour passait-il seul ici ? Hilda savait la colère de sa famille d'avoir osé imaginer trahir son pays et sa Reine. Elle savait la honte que cela représentait aux yeux de ses parents. Et elle savait qu'il ne pouvait plus rentrer au domaine familial. Il était condamné à rester ici ou à vivre dans un village. Peut-être que vivre ailleurs, au milieu des Asgardiens auraient été plus simple. Parmi des gens qui ne savaient pas pour sa trahison, la vie aurait été plus facile pour lui. Elle le soupçonnait de rester ici, où il était à peine toléré, où on lui rappelait ses fautes et où on l'excluait, comme une forme de punition personnelle. Elle fut étonnée de sentir la pression de ses doigts sur les siens, brièvement pendant quelques secondes, avant qu'il ne dégageât sa main. Et le silence se fit pesant. Elle devait parler. Ils devaient discuter. Hilda le savait. Ce n'était que la première étape d'un long processus vers un mieux pour tous. Et Alberich était le dernier des Guerriers Divins vers qui elle allait pour regagner sa confiance, son respect et sa dévotion. Mais ce qu'elle espérait c'était avoir droit à nouveau à son amitié.
« Avez-vous décidé de ma sanction ? », questionna Alberich sans la regarder. Il savait qu'il y aurait un prix à payer. Et il attendait depuis son retour à la vie qu'elle se décide à lui imposer cette sanction.
« Je voudrais d'abord m'excuser. », murmura la jeune femme avec un sourire triste. Ses yeux se perdirent vers la cheminée, et le jeu fascinant d'ombre et de lumière des flammes sur le sol de pierre. Elle sentit plus qu'elle ne vit le regard curieux et surpris de son Guerrier.
« Pardon ? », questionna Alberich.
« Nous étions proches enfants. Je ne sais pas si tu t'en souviens. Mais en parlant avec Freya, certains souvenirs me sont revenus. J'adorais venir fouiller les vieux livres ici avec toi, t'écouter raconter des histoires aussi. On passait beaucoup de temps à imaginer l'époque mythologique, celle des héros et des monstres. Tu savais tellement de choses, tu retenais tout. Et tu m'aidais avec les leçons des précepteurs. Tu n'étais jamais loin », raconta-t-elle lentement avant de le regarder à nouveau. « T'en souviens-tu ? »
« Oui, je me souviens. Comme je l'ai dit, c'était dans une autre vie », répondit-il. Et il se fit la réflexion qu'effectivement techniquement c'était pour lui une autre vie. Mais cette amitié dont elle parlait s'était évaporée à la sortie de l'enfance quand ils étaient devenus des adolescents.
« J'aimerais savoir quand nous ne l'avons plus été ? Je t'ai pourtant toujours porté une affection amicale certaine. », murmura Hilda avec un léger soupir cette fois-ci. « Si j'avais su protéger cette amitié, les choses auraient été différentes, n'est-ce pas ? »
Cette fois-ci seul le silence lui répondit. Rien n'apporterait de réponse ferme et précise à cette question. Aurait-il réagi s'il avait toujours été un ami proche de sa Souveraine quand Poséidon l'avait manipulée ? Qu'aurait-il pu faire face à un Dieu ? Aurait-il avoué la vérité aux autres ? Mais ces derniers l'auraient-ils cru ? Aurait-il essayé de la raisonner, de l'aider ? Aurait-il utilisé sa stratégie et son intelligence pour la sauver de l'anneau et éviter une guerre ? Ou bien aurait-il obéi aveuglément comme Siegfried et Syd qui étaient pourtant les amis les plus proches de la Reine Hilda. Eux non plus n'avaient rien fait contre sa possession, mais eux n'avaient pas essayé d'en profiter pour ses ambitions personnelles démesurées. Alberich eut un profond soupir. Il s'appuya un peu plus contre le dossier de sa chaise et il pencha la tête en arrière. Silencieusement, il observa le jeu de lumière sur le plafond. Et il se demanda ce qu'elle désirait de lui en ce moment. Avait-elle besoin d'une forme de pardon pour se sentir mieux ? Espérait-elle qu'il lui offrirait ?
« Peut-être. Peut-être pas. », philosopha Alberich. « Personne ne peut réécrire le passé. »
« Je sais. Mais on peut réparer nos erreurs, n'est-ce pas ? », demanda-t-elle en se tournant vers lui pour mieux l'observer. « Je ne peux pas changer ce qui s'est passé entre nous, ni ma possession, ni l'éloignement que j'ai mis avec toi en devenant adolescente. Et tu ne peux pas changer l'ambition que tu as eue, ni ta trahison envers Asgard. Cela je le conçois, c'est écrit et cela restera une blessure entre nous. », expliqua lentement Hilda. « Mais je peux et je veux réparer notre amitié. Je veux que tu me voies comme l'amie d'enfance que je n'aurais jamais dû cesser d'être. Je veux que ta stratégie et ton ambition tu les mettes au service d'Asgard, que tu les utilises pour m'aider… Je veux que tu me conseilles, que tu fasses la stratégie politique et militaire de notre pays, parce que tu es doué pour cela. Tu es intelligent. Tu vois et retiens tout. Tu as un potentiel énorme. Je veux mériter ta confiance, ton respect et ton envie de m'aider, de me servir. J'ai échoué une fois. J'aimerais que tu me laisses te prouver que je suis ton amie et digne de régner sur notre pays. Et je ne peux pas le faire sans votre aide à tous, la tienne y compris. »
Hilda avait dit tout ce qu'elle avait sur le cœur en cet instant. Elle avait avoué ce qu'elle désirait, dont elle n'avait parlé qu'avec Freya. Elle n'était pas certaine que les autres pourraient comprendre de toute manière. Mais elle se refusait à résumer le Guerrier de Delta à une erreur qu'il avait faite. Il y avait tellement plus derrière. Ils avaient partagé tellement plus. C'était important aussi. Cela avait son poids dans la balance de la justice à ses yeux. L'ambition d'Alberich pouvait être nourrie et servir admirablement Asgard, si on lui montrait le bon chemin. Alors elle espérait qu'il accepterait, qu'il lui laisserait cette chance. Elle se devait d'éclaircir ce point avant de décider de sa sanction pour sa trahison. Plus lentement cette fois-ci, elle tendit à nouveau la main pour serrer celle de son ami d'enfance. Et cette fois-ci, il ne se libéra pas de sa douce pression. Ils se regardèrent un moment, sans s'étudier vraiment. C'était un échange sincère et simple du regard. Et Hilda lui offrit un sourire amical et doux.
« Même si j'accepte, j'ai trahi Asgard. Je dois payer cette trahison. », Alberich eut un mouvement désinvolte des épaules. Et même s'il agissait comme si cela lui était égal, Hilda savait qu'il n'en était rien. Elle ressentait à travers son Cosmos sa tristesse, sa culpabilité, ses remords et sa solitude.
« Certes. Et je vais te sanctionner. Je le dois. », rétorqua-t-elle en secouant légèrement la tête. « Mais la punition ne sera pas éternelle. Cela n'aurait eu aucun sens de te ramener à la vie pour te priver de tout à nouveau. J'ai conscience que la situation est délicate et compliquée pour toi, sache-le. Je pense qu'il faudra du temps pour regagner la confiance de tous et faire amende honorable. Mais je serais là pour t'aider, te guider et te soutenir. Et ma confiance tu l'as déjà. » Elle lui offrait le plus qu'elle pouvait. Et elle croyait assez en lui pour s'assurer qu'il irait cette fois-ci dans la bonne direction. Elle ne ferait pas deux fois la même erreur.
« Ma foi… Toute faute mérite sanction. Je vous écoute donc ma Reine. » Le Guerrier Divin eut un léger sourire amusé cette fois-ci.
« Les Archives trois heures par jour. Il faut les ranger. Et tu m'accompagneras dans toutes mes prières et chaque fois que j'irai soulager notre peuple. Tu participeras à chaque action d'aide et d'entraide, sans te plaindre, sans chercher à te dérober. », asséna-t-elle sérieusement. Et ils savaient tous deux ce que travailler manuellement et sortir de sa chère bibliothèque coûtait à Alberich. « Tu t'entraîneras également tous les matins avec les autres Guerriers Divins pour renouer un lien avec eux. » Cette fois-ci Alberich grimaça ouvertement.
« Je ne pense pas qu'ils accepteront ma présence, ni de me voir aussi souvent dans votre sillage. », déclara-t-il. Ses relations avec les autres n'étaient pas au beau fixe. Il n'y avait que la princesse Freya qui semblait ne pas lui tenir rigueur de son comportement passé. Mais elle était la gentillesse incarnée.
« Ils m'obéiront. », fit remarquer très justement Hilda. « Voilà ta sanction. Elle prendra fin quand je jugerais que tu auras assez accompli. » Au fond elle espérait pouvoir le changer, lui donner une raison de s'améliorer et de prouver qu'il était plus qu'un traître. Il soutint son regard clair, cherchant à y lire quelque chose.
« Très bien. Je m'en sors à bon compte finalement. », commenta Alberich avec humour. Il serra brièvement sa main. Il ferait de son mieux pour se racheter. Il n'avait de toute manière pas d'autre but dans sa vie pour le moment. Et s'il pouvait regagner un peu de prestige, tout en faisant ce qu'il faisait de mieux… Il n'allait pas refuser. Et peut-être qu'une part de sa trahison venait aussi de sa déception d'avoir perdu l'amitié de sa Souveraine, que lui aussi regrettait cette époque lointaine où tout était plus simple entre eux parce qu'ils étaient des enfants.
