Correctrice : Clina

Personnages : Fenrir d'Alioth, Hilda de Polaris

Mention de : Freya de Polaris, Siegfried de Dubhe, Syd de Mizar, Bud d'Alcor, Hagen de Merak, Mime de Benetnash, Alberich de Megrez, Thor de Phecda

Ship : aucun

Type d'écrit : amitié, réconfort

Arc temporel : Après la résurrection de tout le monde, quelques années après la fin de l'animé.

Lieu : Une forêt d'Asgard

Nombre de mots : 2227

Titre : Sous-bois


Le chant des oiseaux égayait l'atmosphère du sous-bois. Hilda n'était jamais venue ici auparavant. Elle reconnaissait volontiers qu'elle ne sortait jamais des sentiers battus et rarement du domaine royal pour se promener. Certes elle allait sur les propriétés des aristocrates asgardiens et dans les villages. Elle ne restait pas cloîtrée derrière ses murailles. Tout comme elle n'était pas insensible aux besoins de son peuple. Mais malgré ses nombreuses sorties du palais, jamais elle ne s'enfonçait en forêt. Et pourtant la partie boisée et les steppes polaires formaient la plus grande partie du paysage. Asgard était un royaume nordique encore marqué par sa nature sauvage. Et il y avait beaucoup d'histoires au sujet de pauvres malheureux, qui s'étaient aventurés dans les forêts locales de conifères. Enfant, Hilda en avait frissonné d'appréhension. Peut-être était-ce une des raisons qui l'avait maintenue loin de ces parties sauvages de sa patrie pendant si longtemps. Après tout combien de légendes locales ne narraient pas les disparitions liées aux monstres légendaires, aux ours immenses et sauvages, ou aux meutes de loups affamés qui n'hésitaient point à chasser le pauvre bougre qui s'était égaré sur leur territoire ? On racontait aussi comment certains s'étaient perdus et avaient alors péri de froid ou de faim… Toutes ces histoires devaient sûrement avoir pour but de convaincre les enfants d'être prudents à l'orée des vastes domaines boisés.

Mais aujourd'hui, Hilda n'avait pas peur. Elle ne redoutait ni de se perdre, ni de mourir de froid ou de faim, ni de faire une mauvaise rencontre digne d'un mythe ou d'un conte. Elle suivait Fenrir avec confiance à travers les sous-bois. Il semblait suivre un chemin invisible que lui seul pouvait voir. Avec son Guerrier Divin pour guide et protecteur, la reine d'Asgard se savait en sécurité. Et elle pouvait profiter d'un semblant de liberté bien rare et d'une petite aventure personnelle. Cela devait être puéril de considérer ainsi cette promenade forestière. Mais pour Hilda venir errer en forêt loin du protocole de la cour et sans une garde rapprochée était une liberté nouvelle. Bien sûr cela n'avait pas été sans âpres négociations. L'idée en soit avait déjà de base surpris tout le monde. Pourtant elle ne voyait pas ce qu'il y avait d'étrange à ce qu'elle désire randonner en pleine nature ! Une fois l'idée acceptée comme une volonté royale inébranlable, il avait fallu annoncer que non, elle ne prenait pas sa garde au grand complet, ni ses Guerriers Divins avec elle.

Hilda revoyait avec amusement la tête de son Conseil qui ne savait plus trop quoi répondre. Et elle entendait encore les vives protestations de Siegfried et Hagen. Syd lui, avait froncé des sourcils. Quant aux autres… Thor ne disait rien, ni Bud. Ils se fiaient à sa décision. Alberich avait son sourire narquois accroché aux lèvres alors qu'il observait la scène, appuyé contre un mur dans un coin. Mime ne pensait probablement pas avoir voix au chapitre, il s'était contenté d'observer calmement tout le monde. Quand ils avaient enfin fini leur brouhaha et qu'elle avait pu reprendre la parole, Hilda avait simplement dit qu'il irait avec Fenrir. Ce dernier avait finalement tourné la tête vers elle, vaguement surpris. Et avant qu'un nouveau concert de protestations et de négociations sans fin ne commence, la Reine avait fermement fait comprendre qu'elle leur annonçait cette décision par courtoisie et politesse, mais que leur accord elle s'en passerait très bien. Le ricanement d'Alberich n'avait pas du tout été discret à ce moment-là, et lui avait valu quelques regards noirs de ses frères d'armes.

Finalement, elle avait eu le dernier mot. Et elle pouvait donc profiter d'une promenade en pleine nature et de la compagnie silencieuse de Fenrir. Les yeux de la jeune femme se posèrent sur le Loup du Nord. Ce dernier venait de s'arrêter. Le regard doré la fixait avec une vague curiosité. Hilda lui offrit un sourire et elle accéléra le pas pour le rattraper. Elle marchait moins vite que lui, même si elle avait enfilé pour une fois un pantalon et des bottes confortables. Mais elle n'avait pas l'équilibre, ni l'habitude du Guerrier d'Epsilon à errer dans les sous-bois. Et elle préférait ne pas risquer de se tordre la cheville. Mais l'air frais était vivifiant. Et depuis qu'elle avait quitté le palais avec Fenrir, elle se sentait plus légère. Elle ne ruminait pas certaines décisions et elle arrivait à vider son esprit de ses pensées habituelles. Elle se contentait de profiter du calme des lieux et d'admirer des paysages qu'elle découvrait avec émerveillement. Elle comprenait mieux pourquoi le Loup du Nord appréciait venir ici. C'était reposant. Les seuls sons, qu'elle pouvait percevoir, étaient ceux des animaux et de la nature. Elle entendait le chant des oiseaux, le bruit de pas des petits animaux la fuyant et le son agréable d'un petit cours d'eau non loin.

« Je te ralentis. Désolée. », déclara-t-elle avec un sourire amical une fois qu'elle fût près de lui.

« Ce n'est pas une course. », fit remarquer simplement Fenrir. « Assieds-toi là. J'arrive », ajouta-t-il en pointant un tronc d'arbre allongé recouvert de feuilles sur le sol.

Hilda se contenta d'acquiescer de la tête. Elle se dirigea vers le tronc et elle s'y installa avec un léger soupir de bien-être. Elle rejeta quelques mèches de cheveux en arrière et elle regarda autour d'elle le décor naturel. Elle remarqua qu'elle était elle-même observée par quelques pairs d'yeux curieux. Hilda avait toujours eu un contact facile avec les animaux. Ils venaient naturellement à elle. La jeune femme avait toujours supposé que cela tenait à son Cosmos et de son statut de Prêtresse d'Odin. Elle eut un sourire amusé quand deux lièvres s'approchèrent d'elle. Elle tendit les doigts lentement pour ne pas les effrayer avant de flatter leurs têtes. Près d'elle, sur le tronc, un corbeau et un oiseau plus petit venaient de s'installer. Ils chantonnaient doucement en l'observant. Hilda eut l'impression que tout son corps se détendit encore plus, si cela était possible. Elle passa un doigt sur le haut de la tête du volatile noir. Le plus petit se posa doucement sur son épaule et il commença à picorer ses longues mèches argentées. Hilda rigola légèrement.

Quand elle détourna la tête, elle remarqua que Fenrir était revenu et qu'il l'observait avec un sourire amusé. Le Loup s'approcha silencieusement et il s'agenouilla face à elle. Il lui tendit des fruits. Hilda les prit en main et les observa. Ils étaient humides, preuve qu'il les avait rincés dans un ruisseau ou une rivière. Elle regarda ce qu'il lui avait ramené : une petite pomme rouge et une poire dorée qui semblait juteuse. Elle eut un sourire. Fenrir avait supposé qu'après cette marche, elle devait être fatiguée et affamée. Et il lui avait ramené de quoi manger pour caler son estomac. Hilda huma le parfum naturel et sauvage des fruits. Il était sucré, et il donnait envie de les croquer et de les goûter. Elle offrit un autre sourire au Guerrier d'Epsilon. Lentement, elle arrivait à tisser un semblant de relation avec lui. La majeure partie du temps, Hilda se contentait de le laisser venir à elle quand bon lui semblait. Tout comme elle le laissait la suivre comme son ombre au palais, quand il y restait. Elle savait qu'il désirait la protéger et qu'il essayait de prouver son attachement. Hilda savait qu'elle était à ses yeux l'Alpha de sa nouvelle Meute. Et venir se promener en forêt seule avec lui était aussi une manière de lui prouver sa confiance.

« Merci. », murmura-t-elle avant de croquer dans la poire. « Veux-tu la pomme ? »

« Pas faim. », répondit Fenrir avec un haussement d'épaules. Il bougea pour s'asseoir à même le sol, le dos contre le tronc aux côtés de sa Reine. Hilda continua de manger en silence, savourant le goût sucré sur sa langue et la douceur des fruits. Elle était tellement prise dans sa contemplation silencieuse qu'elle n'avait pas remarqué qu'elle était affamée avant de croquer son repas improvisé.

« La grotte de mon ancienne Meute n'est pas loin. Près d'une rivière. », déclara subitement Fenrir sans la regarder. « Maintenant y a une famille de renard qui y vit… Tu veux les voir ? », demanda le Loup du Nord en tournant la tête vers elle.

« Bien sûr, si tu veux. », répondit Hilda avec douceur. Elle venait de finir la poire et elle jeta le trognon plus loin. Elle se demanda pendant quelques minutes si un jour un arbre pousserait là. Mais elle rejeta l'idée quand les oiseaux commencèrent à picorer le reste de sa poire. Elle eut un sourire.

« D'accord. Quand t'auras mangé, on ira. », se contenta de dire Fenrir. Il n'était pas bavard par nature. Et Hilda ne forçait nullement la conversation. Ils pouvaient se comprendre dans un silence partagé.

Hilda s'attaqua à sa pomme, qu'elle grignota tout aussi rapidement que la poire. Elle se sentait rassasiée maintenant. Elle jeta à nouveau le trognon plus loin pour les animaux des sous-bois. Sans un mot, le Loup du Nord se leva et il se remit en route. Hilda l'imita rapidement. Elle savait qu'elle marchait moins vite que lui. Et étrangement Fenrir semblait calquer son pas sur le sien. Ce fut donc en silence qu'ils avancèrent dans le sous-bois vers la petite grotte. Plus ils approchaient du lieu, plus ils pouvaient entendre le bruit du cours d'eau. Et ce fut la première chose que Hilda vit en arrivant dans une toute petite clairière. Le ruisseau, c'était bien trop petit pour être une rivière selon elle, s'écoulait tranquillement entre les rochers et les berges. Il y avait des arbres bordant le bord du petit cours d'eau. Son regard fit le tour de la petite clairière. C'était un lieu étrangement lumineux et clair. Elle releva le nez vers la canopée et elle put voir le ciel bleu et le soleil briller. Elle sentit plus qu'elle ne vit Fenrir bouger près d'elle. Hilda imita son Guerrier Divin aussi silencieusement qu'elle le put. Elle s'approcha à son tour de la petite grotte et elle s'agenouilla près du Loup du Nord. D'où ils étaient, ils pouvaient voir la renarde et ses renardeaux presque adultes. Les petits canidés jouaient entre eux. Leur mère les observait légèrement méfiante face à des inconnus. La Reine eut un sourire.

« Merci. », murmura-t-elle en s'appuyant un peu contre Fenrir. Le Loup du Nord lui lança un regard surpris.

« Pour ?! », questionna-t-il en plissant du museau.

« Ta confiance et ton amitié. », répondit doucement Hilda. « Je devine ce que représente ce lieu pour toi. Et je pèse le poids de ta confiance en moi pour partager ce genre de secret. Tout comme je connais ton besoin de liberté, et je te suis reconnaissante de revenir au palais et d'y rester, de veiller sur moi. » La main d'Hilda se posa doucement sur celle de Fenrir et elle sera délicatement ses doigts. « Je suis heureuse que tu nous acceptes. Freya, le louveteau et moi. Je sais aussi que tu te rapproches de Syd. » Elle savait ce que cela devait parfois demander beaucoup d'efforts au jeune homme. Et elle voulait lui signifier qu'elle voyait ses efforts, même les plus minimes, et qu'elle les appréciait à leur juste valeur.

« Freya... » Fenrir plissa à nouveau du museau. Il peinait à les vouvoyer et à utiliser les titres de noblesse. Mais il remarqua du coin de l'œil que la Reine ne s'en offusquait point. Tout comme elle le laissait la tutoyer, même s'il voyait les froncements de sourcils et les grimaces des autres. « Freya a accepté de s'occuper de la petite louve. Je fais que l'aider un peu. Et Syd… » C'était autre chose, plus compliqué peut-être. « Il est collant. » Fenrir haussa les épaules et Hilda eut un léger rire.

« Je vois. Je ne m'étonne pas de ce trait de caractère. Syd est un ami très présent. Mais je sais qu'il se sent honoré de ta confiance. », commenta-t-elle après un léger silence.

« Il veut être ami. Je suis pas certain de ce que ça veut dire… », expliqua Fenrir. Face à Hilda, il avait moins de mal à avouer certaines faiblesses et certaines incompréhensions. Il savait qu'elle le guiderait au mieux et l'aiderait. C'était dans sa nature de reine et prêtresse. C'était aussi ce qui faisait d'elle un bon Alpha de Meute.

« Il aimerait faire partie de ta Meute, comme Freya et moi. Tu devrais le prendre comme cela. », proposa Hilda. C'était aussi comme cela que le Tigre Noir lui avait expliqué son idée, se fit comme réflexion le Loup. Fenrir se contenta de hocher positivement de la tête. Ils observèrent encore pendant quelques minutes la famille de renards qui s'était habituée à leur présence.

« Faut rentrer. Ou la nuit va nous surprendre. », déclara subitement Fenrir. Il se remit debout et il aida Hilda à en faire de même. La fatigue aidant, il savait qu'ils avanceraient moins vite et que la fraîcheur se transformerait lentement en froid polaire alors que le jour déclinerait. Les jours devenaient de plus en plus courts après tout. L'hiver était aux portes d'Asgard. Et s'il voulait éviter que toute l'armée et tous les Guerriers Divins ne viennent perturber la paix des sous-bois mieux valait rentrer dans les temps.