Correctrice : Clina
Personnages : Fenrir d'Alioth, Alberich de Megrez
Mention de : Freya de Polaris, Hilda de Polaris, Syd de Mizar , Siegfried de Dubhe, Bud d'Alcor, Hagen de Merak, Mime de Benetnash, Thor de Phecda, Pégase Seiya, Aigle Marin, Cygne Hyoga, Dragon Shiryu, Athéna,
Ship : aucun
Type d'écrit : amitié, rédemption
Arc temporel : Après la résurrection de tout le monde, quelques années après la fin de l'animé.
Lieu : Le palais d'Asgard
Nombre de mots : 2363
Titre : Première approche
Alberich ne pouvait pas se vanter de connaître Fenrir. Il l'avait vaguement côtoyé quand ils étaient tous devenus des Guerriers Divins très brièvement. À l'époque il ne faisait pas preuve de sociabilité, se sentant toujours supérieur et très sûr de lui. Et Le Loup du Nord ne se mélangeait guère aux autres. De toute manière, il n'y avait pas vraiment d'entraînements collectifs ou de moments partagés à l'époque qui auraient pu souder les huit Guerriers aussi solidement que c'était le cas des cinq Saints d'Athéna. Il savait que l'armée d'Athéna comptait quatre-vingt-huit Guerriers, mais il n'avait rencontré que ceux venus combattre à Asgard. Et encore uniquement ceux qu'il avait combattus, autrement dit Pégase, le Cygne et le Dragon ainsi que l'Amazone de l'Aigle. Il n'avait jamais eu l'occasion de parler aux autres. Et pendant longtemps il avait considéré leur amitié fusionnelle et fraternelle comme une faiblesse, comme toutes les émotions. Aujourd'hui il revoyait son jugement et il se construisait d'autres opinions. Accompagner partout la Reine Hilda avait un effet sur son comportement et sa manière de penser. Il n'était toujours pas totalement pardonné. Et il savait que certains de ses frères d'armes ne lui offrirait jamais aucune rédemption pour sa traîtrise. Mais il renouait lentement son amitié d'enfance avec leur Souveraine.
Et il tenait parole. Parmi la panoplie de sanctions pour payer son crime avorté, il y avait celle de participer aux entraînements quotidiens. Et Alberich s'y pliait au maximum. Enfin il était présent lors de chaque séance, la majeure partie du temps appuyé contre un mur à observer les autres dans un silence religieux et méditatif. Aucun des six autres Guerriers n'avait envie de le combattre, ni de s'entraîner avec lui. Il se savait toléré parce que c'était la volonté de leur Souveraine et qu'elle l'avait ordonné. Et il n'était plus assez sûr de sa valeur pour les forcer à l'intégrer. Il n'avait jamais eu d'atomes crochus avec Siegfried, Syd et Hagen. Il ne comptait pas tenter de savoir ce que Bud et Thor pouvaient penser de lui. Mime ne semblait pas lui accorder une quelconque importance, et il restait loin de lui. Alberich s'en contentait très bien. Il comprenait très bien leur ressenti. Et il l'acceptait. Cela étant il aurait préféré finir ses jours au grand complet à trier les archives du palais, autre partie de sa sanction. Et c'était la plus plaisante à ses yeux. Être seul dans la bibliothèque du château, à trier et lire les vieux manuscrits était presque une récompense pour lui.
Mais depuis quelques jours Fenrir était aussi présent lors des entraînements. Et s'il y avait bien un Guerrier dont Alberich ne cernait pas la personnalité, c'était le Loup du Nord. Il était un mystère ambulant. Et sans creuser ou lui parler, le Guerrier de Delta supposait que le Guerrier d'Epsilon le voyait comme les autres : un traître envers qui leur Reine était trop clémente et bienveillante. Après tout si Fenrir pensait comme un loup, Alberich avait désobéi et essayé de prendre la place de leur Alpha. Mais faute d'avoir jamais discuté avec lui, Alberich ne pouvait être certain de ce que Fenrir pensait. Il n'était même pas sûr que l'autre Guerrier Divin sache son nom alors… Du coin de l'œil, le Guerrier de Delta surveillait les déplacements du Guerrier d'Epsilon dans la vaste salle d'entraînement. Il observait aussi les autres. Il ne pouvait être que méfiant. Malgré la clémence de la Reine Hilda, il savait leur ressentiment envers sa personne. Et il pouvait facilement le comprendre. Alberich se tendit légèrement, sur ses gardes, quand Fenrir s'approcha. Mais le Loup du Nord se contenta de s'asseoir près de lui à même le sol, dos appuyé contre le mur. Il regardait en silence les autres se combattre.
« Tu ne me fuis pas comme la peste ? », ironisa Alberich vaguement surpris. Les mots étaient son domaine tout comme le savoir d'ailleurs, et il attaquait toujours en premier pour se protéger. Il vit Fenrir le fixer avec une vague curiosité dans le regard.
« Ça veut dire quoi ? », questionna simplement Fenrir.
Le Loup du Nord avait assez vite appris qu'avec Syd il suffisait de demander et que les autres Guerriers Divins lui expliquaient les choses simplement. Il supposait que cela fonctionnerait aussi avec Alberich. Ce dernier le fixa vaguement pris par surprise. Il s'était attendu à une remarque ironique, pas à une question. Mais au fond cela semblait logique. Pour ce qu'il savait du Guerrier d'Epsilon, ce dernier avait grandi dans une meute de loups, loin de l'Humanité et de la civilisation. Alors qu'il ne soit pas familier avec certaines expressions devait être logique. Alberich se demanda si Fenrir savait un minimum lire, écrire et compter. Cela étant qu'il osa avouer une faiblesse et une incompréhension l'étonnait un peu. Mais il le savait proche de Syd et de Thor, ainsi que de la reine Hilda. Même s'ils ne s'adressaient jamais la parole, ils se croisaient parfois dans son entourage immédiat. Alberich pencha la tête et il offrit toute son attention à Fenrir. Il aurait pu se moquer de son ignorance. Il l'aurait fait autrefois. Aujourd'hui, il avait d'une certaine manière mûri et grandi.
« La peste est une maladie très contagieuse. On évitait donc soigneusement autrefois ceux en souffrant. », expliqua finalement Alberich en croisant ses bras sur son torse. « Éviter quelqu'un comme la peste c'est fuir sa compagnie de manière générale. » Il espérait avoir expliqué cela suffisamment clairement.
« D'accord. » Fenrir acquiesça lentement de la tête. « Non, je n'ai aucune raison de te fuir. » Le regard doré se reporta sur les autres qui se combattaient toujours. Le Guerrier de Delta remarqua que Siegfried et Syd les observaient avec attention.
« Pourtant je suis un traître. », mentionna Alberich pour la forme, sans aucune fierté pour une fois.
« T'as voulu prendre la place de l'Alpha. T'as perdu. », commenta Fenrir dans une logique purement lupine. « Les loups font aussi ça. Sauf que ça finit dans la mort ou le bannissement. Vous accordez beaucoup d'importance au passé. »
Le Loup du Nord eut un haussement d'épaules. Il ne comprenait pas pourquoi les autres restaient figés sur quelque chose, qui était arrivé avant. Pour Fenrir, ce qui comptait vraiment était le moment présent et le futur plus ou moins proche. Il ne s'attardait pas vraiment sur le passé, qu'on ne pouvait de toute manière pas changer. Il vit Alberich décroiser les bras et se laisser glisser le long du mur. Le Guerrier de Delta s'installa assis près de lui en tailleur. Il semblait que Fenrir avait éveillé sa curiosité. De plus converser restait plus agréable que le silence et la simple attente. Alors si Fenrir pouvait supporter sa présence et sa compagnie, il allait en profiter. Le temps passerait plus vite de cette manière. Il pencha légèrement la tête vers la gauche pour observer son frère d'armes avec une certaine curiosité, mais sans aucune moquerie ou malice. Peut-être qu'Alberich pourrait se rendre utile et se faire un ami par la même occasion. Et cela lui donnerait aussi une autre occupation pour ses longues journées.
« Tu n'es pas familier de la manière dont les Humains pensent, n'est-ce pas ? », demanda-t-il avec calme et un léger sourire. « Ils ne t'ont pas dit que j'étais un paria à éviter, que notre Reine avait été trop bonne et clémente avec moi ? » Alberich eut un vague sourire ironique. Il savait ce qu'on murmurait dans son dos.
« Paria ça veut dire quoi ? », questionna à nouveau Fenrir avec un froncement de sourcils. Il fixait maintenant Alberich de ses yeux dorés curieux. L'autre utilisait beaucoup de mots, qui ne faisaient pas forcément sens dans son esprit comparé aux autres. Mais il devinait que ses amis essayaient de lui parler simplement. Alberich parlait juste normalement avec lui.
« Un paria est quelqu'un qu'on méprise, qu'on met de côté dans un clan ou un groupe. », répondit Alberich avec un léger sourire poli. « Je suppose que tu ne sais pas lire, ni écrire ? », questionna-t-il le plus prudemment possible. Il n'avait pas vraiment envie de se faire déchiqueter la gorge par un Loup énervé et vexé.
« … Non… Ça ne sert à rien à la chasse », renifla Fenrir avec amusement. Et Alberich comprenait son raisonnement. Il était même correct. Savoir lire ne permettait pas d'attraper un lapin ou un autre animal.
« Je m'en doute. Je n'y connais pas grand-chose en chasse. Mais je sais que lire, écrire et compter sont des connaissances utiles ici. Cela pourrait te servir un jour. », expliqua lentement le Guerrier de Delta. L'idée, qui germait dans sa tête, était quasiment impulsive. Pour une fois, il ne réfléchissait pas, il ne méditait pas et il ne pesait ni le pour, ni le contre. « Je pourrais t'apprendre. », proposa-t-il spontanément.
Si Fenrir le regarda avec étonnement, Alberich pouvait dire qu'il se surprenait lui-même. Il n'était pas serviable en général. Ce genre de proposition aurait d'ailleurs été plus logique venant de la princesse Freya. Mais c'était sorti de sa bouche et il l'assumait. Peut-être ressentait-il plus la solitude qu'il ne voulait bien l'avouer depuis son retour à la vie. Peut-être qu'au fond il avait vraiment changé, qu'il s'améliorait. Le Guerrier d'Epsilon semblait le sonder de ses yeux dorés. Et Alberich accepta l'examen consciencieux sans broncher. Il n'y avait pour une fois aucun but caché derrière sa proposition. Il ne voulait pas manipuler l'autre Guerrier Divin. Il n'avait pas grand-chose à gagner, si ce n'était un peu de compagnie et peut-être un camarade, voire un ami. Et finalement c'était plus facile avec Fenrir qui, à première vue, n'avait aucun grief contre lui. Finalement le Loup du Nord détourna le regard vers les autres.
« Pourquoi tu ferais ça ? », demanda-t-il avec curiosité et peut-être avec un peu de méfiance.
« Ma foi, je n'ai pas vraiment de raison. Mais disons que cela fera passer le temps pendant qu'eux se battent. », répliqua Alberich avec un mouvement de tête. « Et j'essaye de m'améliorer. »
« Tu ne veux rien en échange ? », demanda Fenrir à nouveau.
« Tu pourrais m'apprendre à chasser si vraiment tu veux que ce soit un échange. », proposa Alberich avec un haussement d'épaules.
Fenrir sembla analyser la proposition. Et Alberich ne commenta pas plus. Il lança un regard vers les autres Guerriers Divins qui semblaient arriver à terme de leur entraînement quotidien. Ils se félicitaient de manière amicale. Ils devaient aussi commenter les techniques des autres et s'offrir des conseils. C'était ce qui sonnait la fin de l'entraînement et le moment où le Guerrier de Delta pouvait rejoindre sa chère bibliothèque. Sauf si la reine Hilda avait besoin de ses services pour aller secourir un village. Il remarqua que Syd venait vers eux avec un sourire qui se voulait amical. Alberich avait bien remarqué que le Tigre Noir avait tissé une amitié avec le Loup du Nord. Cela ne l'étonnait donc point qu'il vienne voir ce qu'ils pouvaient bien se raconter. D'ailleurs Siegfried venait aussi vers eux, mais lui ne souriait pas. Alberich força un sourire poli et relativement neutre sur ses lèvres. Il n'avait aucune envie de se prendre la tête avec les autres Guerriers Divins ce matin.
« De quoi parlez-vous ? », demanda Syd avec une voix joyeuse et un grand sourire. Siegfried les avait rapidement rejoints.
« Alberich va m'apprendre à lire. », répondit Fenrir avec un haussement d'épaules. Il se remit souplement debout. « Et je vais essayer de lui apprendre à chasser. »
Le Guerrier de Delta supprima un soupir. Et il se remit aussi debout lentement. Déjà qu'il était plus petit que la majorité des autres Guerriers Divins, s'il pouvait éviter d'avoir l'impression désagréable d'être écrasé en restant assis quand ils étaient debout… Il remarqua que Fenrir n'était pas plus grand que lui. Il en aurait souri d'amusement, si cela n'aurait pas pu être mal compris. Il remarqua sur lui le regard curieux de Syd et celui un peu plus méfiant de Siegfried. Il espérait qu'un jour leur méfiance à tous envers lui diminuerait, parce que sur le long terme cela allait devenir lourd à supporter, surtout qu'il n'avait plus l'option de rentrer dans le domaine familial. Fenrir observait les autres avec attention. Il tentait toujours de décrypter les expressions et les postures pour deviner les émotions des autres, et savoir comment réagir.
« Vraiment ?! », questionna Siegfried avec un regard pour Alberich. Il n'y avait pas vraiment de trace de méfiance dans sa voix pour une fois, plutôt de la curiosité et de l'étonnement.
« Vraiment. Tu sais à force d'avoir le nez dans des livres… Qui sait, je suis peut-être un bon pédagogue ? », ironisa le Guerrier de Delta à moitié sérieux.
« À force de vivre dans la bibliothèque, sûrement. En tout cas tu dois en savoir des choses si tu as tout lu. », le taquina ouvertement Syd.
« Je n'ai pas encore tout lu. », répondit Alberich amusé. Fenrir les observait toujours avec attention. « Mais je pense pouvoir apprendre quelques trucs utiles à Fenrir, puisqu'il est d'accord. »
Alberich était toujours un peu tendu quand les autres étaient aussi proches de lui. Il n'oubliait jamais leur animosité légitime envers sa personne. Après un dernier regard pour les trois autres, il les salua de la tête. Et il fit demi-tour. Le Guerrier de Delta quitta la salle d'entraînement et il longea en silence les longs couloirs vides du palais. Il se dirigeait vers la vaste bibliothèque et la salle des archives. Il devait finir son classement. Pour ce qui était de Fenrir, il verrait bien si le Loup du Nord passerait un jour le museau à la porte de son sanctuaire du savoir. Si c'était le cas, il tiendrait parole et il lui enseignerait la lecture et l'écriture, puis peut-être d'autres choses comme les mathématiques, la géographie, les sciences ou l'histoire, si Fenrir avait envie d'en apprendre plus. Il n'était jamais trop tard pour se former. Du moins Alberich le croyait. Et il aurait peut-être l'occasion d'en apprendre plus sur le Guerrier d'Epsilon et son passé.
