Correctrice : Clina

Personnages : Siegfried de Dubhe, Alberich de Megrez

Mention de : Hilda de Polaris, Freya de Polaris, Fenrir d'Alioth , Poséidon , Généraux de Poséidon, Athéna, Bud d'Alcor, Mime de Benetnash, Syd de Mizar, Hagen de Merak, Cygne Hyoga

Ship : mention de Hilda x Siegfried

Type d'écrit : début amitié

Arc temporel : Après la résurrection de tout le monde, quelques années après la fin de l'animé.

Lieu : Le palais d'Asgard, bibliothèque

Nombre de mots : 2474

Titre : Diplomatie


La bibliothèque devenait un lieu trop fréquenté au goût d'Alberich. Les yeux verts restaient obstinément fixés sur Siegfried, qui avançait d'un pas sûr vers lui. Il avait l'habitude de rencontrer la princesse Freya en ce lieu dédié aux livres. Il l'assistait même parfois dans ses leçons quand elle lui demandait des explications ou de l'aide. Il avait cette réputation d'intelligence et de savoir, qu'il ne démentait pas. Alberich aimait lire. Et passer son temps à ranger les archives ou seul dans la bibliothèque était presque un privilège à ses yeux. Il se sentait étrangement en sécurité ici, surtout maintenant que rejoindre le domaine familial de son enfance lui était proscrit. C'était son refuge, dans lequel il ne rencontrait généralement personne. Mais depuis quelques jours, Bud venait l'y rejoindre pour jouer aux échecs. Le Guerrier Delta bougea légèrement sur sa chaise et il plongea le nez dans l'épais bouquin à la couverture en cuir gravée posé devant lui. Il préférait ignorer son supérieur hiérarchique pour le moment. Peut-être le Dragon n'était point ici pour lui. Et il l'espérait vraiment, préférant largement éviter les autres Guerriers Divins.

Cela étant Alberich donnait des leçons à Fenrir quand ce dernier en avait envie, et qu'il pointait, curieux, le bout de son museau dans la bibliothèque. Et le Loup du Nord était le seul dont il s'était volontairement rapproché. Par contre, il ne comprenait toujours pas les motivations du Tigre Blanc, mais il supposait que Bud ne venait le voir que par intérêt. Après tout, pourquoi se lierait-il d'amitié avec lui ? Mais hormis Bud et Fenrir, le Guerrier Delta évitait soigneusement les autres Guerriers, ne recherchant aucun lien avec eux. Et ses frères d'armes lui rendaient assez bien. La méfiance était sûrement la seule chose qui les unissait tous. Pour la majorité d'entre eux, il était un traître, qui avait osé envisager de prendre la place de leur reine Hilda. Le fait que son plan n'était au final qu'une stratégie à peine mise en place et qu'il avait été ramené à la vie comme eux ne semblait pas atténuer la rancœur entre eux. Pourtant leur Souveraine lui avait pardonné, lui imposant une sanction bien légère aux yeux de beaucoup. Mais elle lui avait permis de se découvrir des qualités, qu'il ne pensait pas avoir, et un intérêt pour la survie en général du peuple d'Asgard.

« Bonjour Alberich. », salua poliment Siegfried une fois à la hauteur de sa table.

« Seigneur Siegfried. », répondit le Guerrier Delta de manière neutre, formelle et polie. Il leva brièvement les yeux sur l'autre Guerrier Divin.

Que pouvait bien lui vouloir le Dragon ? Alberich n'en avait aucune idée. Il n'avait pas manqué un seul entraînement, même s'il se contentait d'observer les autres dans son coin. Tout comme il venait aux deux réunions par semaine des Guerriers Divins, mais là encore quand il le pouvait, il restait à distance, même s'il fallait bien parfois s'installer à table avec les autres pour parler. Mime semblait tenir à ce qu'il intègre physiquement le groupe. Et le Guerrier Delta préférait nettement les activités en extérieur, qui lui permettait de s'occuper dans son coin et de se faire oublier. Quoique Fenrir n'errait guère loin de lui en général. Mais pour Alberich il restait le moins dérangeant du groupe. Alors n'ayant rien manqué d'important, ni d'obligatoire, et n'ayant rien à se reprocher, il se demandait vraiment pourquoi Siegfried venait le voir. La seule raison valable était un ordre de leur reine Hilda. Alberich entendit le Dragon s'installer face à lui. Il voulait bien reconnaître que le Guerrier Alpha avait lui aussi changé et évolué. Déjà dans sa relation amoureuse avec leur Souveraine, il ne se cachait plus de ses sentiments pour elle. Tout comme il avait réussi à comprendre et à apprivoiser Fenrir. Alberich supposait qu'ils avaient tous évolué d'une manière ou d'une autre. Mais il ne les connaissait pas tous très bien, si tant est qu'il pouvait estimer connaître Siegfried, Hagen et Syd.

« Que puis-je pour toi ? », questionna finalement Alberich après de longues minutes de silence.

« Je suis venu quémander ton aide. », répondit Siegfried sans ciller.

Alberich releva la tête et étudia son supérieur avec attention. Il était à première vue sincère et il ne semblait pas avoir de motivation cachée. Cela étant, le Guerrier Delta se demanda en quoi il pouvait bien être utile à Siegfried. Même s'il était un bon guerrier, il ne pensait pas que le Dragon connaissait ses techniques de combat. Alberich hésita à faire un peu d'ironie. Mais il préférait passer inaperçu et ne pas provoquer de vagues depuis son retour à la vie. Il réalisait qu'il avait changé. Il prenait plus conscience de ses manquements, et de la richesse des liens sociaux. Il avait perdu ce sentiment de supériorité autrefois inné chez lui, en même temps qu'il avait tout perdu. Et quelque part ce n'était que justice. Aujourd'hui il le comprenait. Avec un léger soupir, Alberich referma le livre qu'il lisait. Siegfried attendait toujours une réaction de sa part. Et il était clair que le Dragon ne sortirait pas de la bibliothèque sans avoir eu son aide. Il pencha légèrement la tête. Les pupilles vertes fixèrent les orbes bleus.

« Et en quoi puis-je t'aider ? », demanda finalement Alberich, avec un léger froncement de sourcils.

« Une délégation diplomatique du Sanctuaire de Poséidon nous visitera sous peu. Et j'aurais besoin de ton savoir pour ne commettre aucun impair. », explicita le Guerrier Alpha sans sourciller. Il semblait extrêmement sérieux.

« Pourquoi me demandes-tu à moi ? Tu pourrais interroger le Saint du Cygne, l'ami de la princesse Freya. Ne les a-t-il pas combattus ? », proposa Alberich en tapotant nerveusement sur la couverture du bouquin.

« Lui envoyer une lettre prendrait du temps. », commenta Siegfried avec humour et un léger sourire. « Pour peu que je sache où l'envoyer d'ailleurs. »

« Et donc pourquoi me demandes-tu des informations ? Je n'ai jamais visité le Sanctuaire sous-marin. », répliqua Alberich avec un haussement d'épaules.

« Je me suis dit que tu étais le mieux placé pour connaître les anciennes négociations entre Asgard et le Sanctuaire de Poséidon, ou même celui d'Athéna. Tu ranges les archives royales, mais surtout je sais que tu lis énormément. Et je n'ai aucun doute sur ton savoir en premier, et sur ta réflexion et ta stratégie ensuite. Je suis certain que tu feras preuve de diplomatie et que tu pourras me conseiller, ainsi que notre Souveraine, pour que cette rencontre se passe bien pour le bien de tous. », expliqua plus longuement Siegfried sans détourner les yeux.

Le silence retomba alors qu'Alberich se contenta de hausser des sourcils. Son regard vert scrutait toujours avec attention le Dragon face à lui, analysant ses expressions et son comportement pour découvrir s'il y avait un piège ou une arnaque. Le Guerrier Delta avait toujours besoin de temps pour offrir un minimum de confiance à un autre Guerrier Divin. Étrangement, il s'attendait toujours à un retour de bâton ou à une tentative de mise à l'épreuve. Pour autant, il avait accepté l'aide et l'amitié de la reine Hilda. Tout comme il n'avait aucun doute au sujet de la bienveillance et de la gentillesse de la princesse Freya, avec qui il nouait une légère amitié. Mais les Guerriers Divins c'était une autre histoire pour lui. Aucun n'avait la nature douce, compatissante et généreuse des deux dames de la famille royale asgardienne. Bien qu'Alberich se soit assez facilement lié d'amitié avec Fenrir, mais le Loup du Nord avait une manière bien plus simple d'envisager la vie et ses relations aux autres. Et cela avait permis au Guerrier Delta d'avancer, d'accepter plus facilement encore les mains tendues et les preuves d'amitié, au moins de leur Souveraine et de sa sœur. Tout comme cela avait pesé dans la balance quand Bud avait proposé de jouer aux échecs.

Mais pouvait-il faire confiance à Siegfried et croire en sa bonté ? Honnêtement il savait le Guerrier Alpha très intègre, fidèle à la Couronne d'Asgard, avec un solide code d'honneur et droit. La tromperie et le mensonge n'étaient pas dans ses traits de caractère. Alberich le reconnaissait volontiers. Ce qui le rendait légèrement méfiant était cette volonté de Siegfried de venir spontanément vers lui. Si c'était l'idée de la reine Hilda, elle serait venue d'elle-même ou le Dragon l'aurait dit d'emblée de jeu. Rien dans l'attitude de l'autre ne l'invitait à se méfier de sa demande. Alberich soupira discrètement. Il baissa à nouveau les yeux sur son livre. Ses doigts tapotaient nerveusement la couverture en cuir. Il devait se décider rapidement. Il le savait. Il ne prenait pas énormément de risques de toute manière en fournissant à Siegfried les informations qu'il lui demandait. Refuser prouverait qu'il n'avait pas changé. Accepter serait un pas de plus vers cette rédemption, qu'il avait fini par désirer pour apaiser son âme et retrouver un semblant de calme dans sa vie et dans son esprit.

« Très bien. Même si ta démarche m'étonne, je n'aurais jamais cru que tu puises t'adresser à moi pour quoique ce soit… Mais bon, nous faisons tous des erreurs. Et en général je les cumule. », annonça Alberich avec une fausse désinvolture. « Que désires-tu savoir ? » Il n'allait pas nier qu'il savait quelques menus détails sur le Sanctuaire de Poséidon, ou celui d'Athéna. Seul le Sanctuaire d'Hadès lui était totalement étranger. Il en avait vaguement entendu parler lors d'une visite du Cygne.

« Tu es mon frère d'armes, au même titre que les autres. Je ne peux pas cautionner ce qu'étaient tes intentions à l'époque. », commença posément Siegfried. « Je ne pense pas pouvoir comprendre non plus. Mais si notre reine Hilda pense avoir une part de responsabilité dans ta trahison, j'en ai une aussi. J'aurais pu être ton ami, comme je suis celui de Syd et Hagen. J'aurais pu me montrer plus présent et croire en toi, moi aussi. De plus, j'ai conscience que si personne ne te tend la main, il te sera compliqué de t'intégrer à notre groupe. On ne peut exiger ta loyauté et ta confiance, si on ne t'offre pas de même en retour. Alors tu remplis ta part de ta sanction avec notre Souveraine, c'est très bien. Tu aides Fenrir et les Asgardiens en général. Je pense que tu as changé en bien. Et j'espère avoir évolué aussi. Je ne dis pas qu'en sortant d'ici tu auras confiance en moi, ni l'inverse. Mais j'espère vraiment que ma démarche t'aidera à te sentir mieux parmi nous et te pousseras à t'investir, pas par obligation ou en réparations de tes fautes, mais par envie d'appartenir à notre caste et par amitié et fraternité. »

« Tu deviens étrangement bavard et conciliant. Tu passes trop de temps avec certaines personnes. », le taquina Alberich avec un léger sourire, qui n'avait rien de narquois ou moqueur. Il était juste amusé par le côté subitement volubile du Dragon.

« Et toi tu deviens bien silencieux et prudent. », contra Siegfried sur le même ton.

« Poséidon est basiquement une des Déités principales de la Grèce Antique, frère de Zeus et Hadès, oncle d'Athéna. », expliqua lentement Alberich. « Il est le Maître des Océans et des mers. Il peut être responsable des inondations, tremblements de terre et raz-de-marée. Il vit en théorie dans le Sanctuaire sous-marin, dont le cœur est en Méditerranée. »

« Climat plutôt chaud je suppose. Espérons que le froid ne le dérange guère. », commenta Siegfried lentement. Changer le climat d'Asgard était de toute manière impossible.

« Son arme est un Trident. », continua Alberich. « Le Sanctuaire sous-marin est soutenu par sept piliers, reliés d'une certaine manière au pilier central près du Temple de Poséidon. Ils sont gardés par sept Généraux, aussi puissants paraît-il que les Saints d'Or d'Athéna et donc que nous je suppose. Ses Guerriers portent le nom de Marinas. Et leurs Armures sont des Écailles. On peut supposer que Poséidon ne viendra pas seul, mais accompagné d'un certain nombre de ses Généraux. »

« En effet, la réponse à l'invitation mentionnait la présence de Guerriers escortant Poséidon. », commenta lentement Siegfried, impressionné par le savoir inné d'Alberich. « J'aurais cru que tu devrais chercher dans les livres ou les Archives, mais en fait tu connais tout. »

« J'ai une bonne mémoire. Je mémorise généralement facilement ce que je lis, vois ou entends. », répliqua le Guerrier Delta. « Mais si tu as des questions plus spécifiques, il me faudra sûrement en référer aux Archives Royales. »

« Hum j'en ai sûrement. Aurais-tu une recommandation pour éviter un impair avec nos invités ? », questionna Siegfried.

« Évitons de leur servir du poisson. Ils risqueraient d'en prendre ombrage. », répliqua sérieusement Alberich. Puis il eut un léger rire, qui provoqua celui du Dragon.

« Gibier ou légumes donc. », commenta sobrement Siegfried une fois son fou rire éteint. « Bien, cependant j'aurais des questions plus diplomatiques et précises. Nous devons négocier avec le Sanctuaire sous-marin et ramener une certaine paix entre Asgard et leur domaine, sans toutefois renier notre lien avec Athéna et nos propres Déités. »

« Il me serait plus simple d'avoir une liste de tes questions. Je pourrais alors faire les recherches nécessaires et t'apporter des réponses plus précises. », proposa lentement Alberich. Ce n'était pas que la présence du Guerrier Alpha le dérangeait outre mesure, mais il ne pouvait pas tout savoir. Contrairement à ce qu'il avait toujours laissé croire, il n'avait pas la science infuse.

« Bien sûr. Je comprends. », répondit Siegfried. « Je pourrais t'aider dans tes recherches. »

« Si tu veux… », accepta lentement Alberich, qui papillonna des yeux de surprise.

Par habitude stéréotypée, il n'imaginait pas que Siegfried pourrait s'intéresser aux livres. Il était un guerrier par excellence et un membre de la Haute Aristocratie. Mais encore une fois, Alberich ne pouvait guère se vanter de connaître réellement son frère d'armes. Siegfried se contenta d'acquiescer de la tête et il prit du papier et une plume pour écrire ses questions. Alberich se pencha légèrement en avant pour lire ce que son compagnon d'armes notait. Et il constata qu'il devrait fouiller un peu dans certaines archives ou très vieux livres pour répondre à certaines interrogations. Mais il comptait réellement aider la reine Hilda à mener correctement et au profit d'Asgard cette rencontre diplomatique. Il avait promis de mettre ses connaissances et son intelligence au service de son peuple et de sa Souveraine. Le regard vert se releva vers le Dragon, qui lui offrit un sourire poli avant de lui tendre la feuille. Et ils avaient du travail, s'ils voulaient préparer correctement cette visite politique. Mais la tâche n'effrayait pas Alberich. Et de toute évidence Siegfried comptait réellement l'aider dans ses recherches.