Auteure: Elfelmira
Genre: Mystère, Amitié, Famille
Résumé: Fin de la deuxième année, Ginny a été enlevée dans la Chambre des Secrets. Lockhart, Ron et Harry partent à sa recherche. Or le professeur, afin de s'accaparer toute la gloire, brise les baguettes des deux amis et les emprisonne dans la Chambre. Se retrouvant au centre d'un complot, ils vont devoir apprendre à survivre, seuls ou presque. Ils vont apprendre à voir au-delà des apparences et de la Magie elle-même... L'année du Serpentaire arrive...
Bashing: Dumby, Hermione, les Weasley (on les aime ceux-là) sauf les jumeaux, pour eux je pourrais jamais y arriver... Alors je sais, je fais pas mal de bashing sur ces personnes tout simplement parce que je ne suis pas très fan d'eux. Il y a une exception pour Hermione, j'adore ce personnage mais je trouve que le nombre de bashing concernant Hermione sont peu nombreux et que Ron s'en prend toujours plein la gueule. Alors j'inverse, Ron sera un gentil et si ça ne vous plaît pas…bah…pas grave !
Attention: Les événements de la première et deuxième année (sauf la fin) correspondent aux livres ou films. Les passés d'Harry et Ron seront modifiés à ma façon, donc pas de cris. Il est possible qu'il y ait de l'humour sarcastique comme je l'aime. Et enfin, pour les couples, je ne sais pas encore. Mais ce qui est sûr c'est que c'est un slash. On verra. Risque de spoil mais bon, comme tout le monde connaît Harry Potter, on s'en fou un peu…
Couple : BZ/HP, je ne sais pas encore pour Ron, j'hésite pour un RW/DM ou un RW/DG, ça reste à voir. En vrai, maintenant je sais ce que je vais faire mais je vais pas vous le dire héhéhé !
Alors, petite information supplémentaire, je remercie ma Beta, Cuicuit, pour m'avoir corrigée et relue. Pour l'instant pub, je vous invite à aller lire ce qu'elle a écrit sur wattpad, c'est magnifique !
Ni Harry Potter (le livre et le film) ni les personnages ne m'appartiennent, ils sont à JKR. Voilà voilà.
« Parole »
« Fourchelangue »
« langage des animaux »
OoO
Partie 2 :
Chapitre 14 :
Une douce rousseur emprisonnée
OoO
ATTENTION : Scène de torture physique comme psychologique ! Ce chapitre est violent !
Loin au fond du bassin londonien, entre deux collines de lavandes violettes et de buissons d'ajoncs, éblouis par un soleil et une chaleur de plomb, un bien étrange manoir trônait au centre d'un joli marais brillant. Ce manoir était d'un splendide style victorien, tout en hauteur et en beauté. Il imposait le respect, la puissance et la richesse de la famille vivant en ces lieux. Mais ce qui sortait de l'ordinaire était sûrement le fait que le manoir semblait avoir une volonté propre.
De temps à autre, une grande fenêtre s'ouvrait ou se fermait seule, laissant voler les rideaux de soies. Plus loin, un vent non naturel jouait avec les feuilles des arbres autour du manoir. On pouvait voir à travers les fenêtres des balais laver le sol en marbre et les riches tapis orientaux, de la vaisselle en porcelaines se laver seule dans une magnifique cuisine ouverte ou des meubles en bois de chêne et vernis changer tranquillement de place. Cet endroit respirait la magie. C'était le nouveau manoir de la nouvellement noble famille Weasley.
De la colline faisant directement face au manoir, on pouvait distinguer sur le proche une silhouette. Elle se mouvait difficilement pliant son dos sous la chaleur du soleil de 14 heures. Elle tenait un seau lourd et aspergeait les quatre marches en marbre pour les rafraîchir et les faire briller. Pourquoi 'nettoyer' manuellement alors que la magie existait ? Pourquoi cette silhouette était dehors, sous la canicule, incapable de boire une seule goutte d'eau ? La famille Weasley n'était-elle pas une famille unie, aimante ?
En s'approchant de plus près, on discernait les traits de cette silhouette. C'était un adolescent ou plutôt un jeune homme sorti tout juste de l'adolescence. Il était grand mais son corps mal nourri, fin, était un contraste subjuguant. Ses cheveux roux sales mi-longs tombaient sur un visage creusé, pâle et épuisé. Sous ses yeux bleu sombre et vides, on distinguait des cernes noirs, preuve flagrante d'un manque de sommeil évident. Ses pieds nus collaient douloureusement à la chaleur du marbre, arrachant un peu de peau à chacun de ses pas, laissant traîner un peu de sang à sa suite. Il passa un bras amaigri sur ses vêtements noirs déchirés, sales, dans un vain but de les décoller de sa peau en sueur. La couleur des habits aspirait toute la chaleur. Il se baissa à nouveau et attrapa dans un mouvement mécanique son seau désormais vide. Il devait le remplir. Encore. Et recommencer. Encore.
Le jeune homme leva ses yeux cernés vers le soleil de plomb et gémit. Il avait soif, il n'avait pas bu depuis hier soir. Il jeta un coup d'œil à l'eau gâchée coulant doucement sur le marbre. Il passa un coup de langue sur ses lèvres gercées, hypnotisé par l'évaporation de cette précieuse eau. Il n'avait qu'à se baisser et lécher le sol pour en avoir rien qu'une goutte...Il voulait se laisser tenter...juste se baisser...c'était facile...personne ne le saurait...
Il secoua vivement sa tête. Non. Il ne devait pas. Ce n'était pas bien. S'il le faisait, son frère...il frissonna. Ne pas y penser. Il devait accomplir sa tâche. Il devait juste se concentrer sur sa tâche. Ne penser à rien d'autre.
Le rouquin occulta la chaleur du soleil, la douleur de ses pieds, la sueur coulant le long de son dos, la faim et la soif. Il attrapa le seau avec ses deux mains maigres et osseuses. Il n'avait même plus la force de le porter à une main. Il releva la tête, cherchant son objectif des yeux. Il devait avancer tout droit de 13 pas, puis tourner à gauche et faire 5 pas pour arriver devant une source du marais et recueillir l'eau où il devait attendre 10 secondes pour que le seau soit complètement plein. Il le savait, il avait compté un nombre incalculable de fois pour se concentrer. Ensuite, il devait faire le chemin inverse.
Il marcha, pinçant ses lèvres meurtries pour ne pas gémir de douleur à chaque pas : des morceaux de bois, de cailloux et autres objets naturels rentraient dans la peau de ses pieds déjà bien abîmée. Il souffla pour se mettre à compter intérieurement. Rapidement il arriva à destination. Il remplit son seau. Il lorgna l'eau boueuse et sentit sa gorge s'assécher. Non. Pas bien. Compte, ne regarde pas l'eau. Se reprenant, il fit le trajet dans le sens inverse. Il déversa le plus doucement possible l'eau sur le porche, profitant de cet instant pour se reposer un peu.
Le jeune homme répétait ce même geste depuis le début de la semaine. Marcher, remplir, marcher, déverser. Encore et encore. De l'aube au crépuscule. Sans s'arrêter. Il n'avait pas le droit de s'arrêter. S'il prenait une pause, ils le sauraient et il le regretterait.
Son geste devenu mécanique était inutile, sa tâche était inutile. Il le savait. Rafraîchir le proche avec de l'eau du froide du marais durant la canicule ? C'était une idée stupide mais efficace. L'eau s'évaporait à peine le sol touché, laissant un marbre toujours aussi brûlant. Le but même de cette tâche était de le déshumaniser. Il le savait. Un homme digne de ce nom répétait-il un même geste incohérent encore et encore ? Était-il toujours un homme ? Il se le demandait. Il passa son bras sur son front couvert de sueurs. Son seau était vide. Il devait à nouveau le remplir.
De 14 heures à 21 heures 30, il recommença son mouvement inutile, encore et encore. Ses muscles beaucoup trop sollicités le brûlaient et menaçaient de le lâcher. Son corps faible et mal nourri ne semblait plus vouloir le porter. Mais il n'avait pas le droit de lâcher maintenant. Il attendait avec impatience la venue de la nuit. Pour lui, le soir était devenu un moment de libération. Ironique quand il pensait qu'il détestait la nuit avant.
« Allez, c'est fini. » Grogna une voix masculine, ennuyée.
Le jeune homme tourna ses yeux fatigués vers la personne qui venait d'ouvrir brusquement la lourde porte lustrée en chêne. C'était un autre rouquin aussi grand que lui. Mais contrairement à lui, il respirait la vie et la santé. Ses longs cheveux roux lustrés et brillants étaient assemblés en une natte serrée et reposaient sur son épaule gauche. L'homme, d'environ 25 ans, était bien bâti, costaud et attirant. Ses vêtements étaient riches. Sa chemise de soie brune et dorée saillait bien à son corps, sculptant ses muscles. Elle était rentrée dans son pantalon de satin noir léger. Il posait sur lui un regard ennuyé et dégoûté qui lui fit baisser la tête, incapable de supporter une telle détestation de la part de son frère aîné.
« Tss. » Souffla le rouquin en jetant un vague coup d'œil à son 'travail'. « Je vois que tu n'as même pas réussi à rafraîchir le porche. Vraiment incapable. »
Il ne répondit pas. Il n'avait pas à répondre. A quoi cela servirait-il ? Il ne l'écouterait pas. Ils savaient tous les deux que c'était impossible de rafraîchir un sol avec de l'eau fraîche sous une telle canicule. Il n'avait qu'à se taire.
« Allez, rentre ! » Claqua-t-il comme s'il parlait à un chien. « Tu me fais déjà perdre assez mon temps ! »
Il ne répondit toujours pas, gardant sa tête baissée.
« Allez, allez, range le sceau et rejoins ta chambre. »
Il ne dit toujours rien mais se dépêcha d'attraper le sceau. Il sursauta quand il reçu une baffe violente sur sa joue. Cela suffit à fendre sa lèvre supérieure déjà abîmée. Il sentit le goût familier du sang couler dans sa gorge. Il réprima l'envie de pleurer et passer une main sur sa joue désormais douloureuse. Il resta sans bouger, le sceau lourd dans ses mains, attendant la raison de cette baffe.
« Réponds-moi, merdeux. » Cracha son 'frère' aîné avec haine alors qu'il le força et le regarder. « Ne m'ignore pas ! »
« O-oui m-maître William. P-pardon m-maître William. » Bredouilla le jeune homme, ignorant sa lèvre douloureuse.
« Bien. » Son 'frère' le relâcha et rentra dans le magnifique manoir, claquant la porte.
Le rouquin fixa quelques secondes la porte. Durant ces secondes ses yeux vides devinrent terrifiants. Ils brillaient d'une incroyable intensité de haine. Il les tuerait. Il les tuerait. IL LES TUERAIT ! Il sentit sa magie enfermée tenter une fois de plus de répondre à sa demande avant d'être forcée à se calmer. Ses yeux redevinrent vides comme si rien ne s'était passé.
Il se tourna, descendit les marches et contourna le manoir. A l'arrière de celui-ci, un petit cabanon en bois délabré, se cachant entre de petits buissons d'ajoncs. C'était la cabane de 'jardinage'. On y trouvait toutes sortes d'outils allant de la simple pelle, aux plus insolites comme une valise. Il y avait également quelques objets qui faisaient frissonner le jeune homme. Il ouvrit difficilement la petite porte qui menaçait de tomber à tout moment et déposa le sceau.
Puis, il se dirigea vers une autre porte dérobée. Elle se situait derrière le manoir. Elle était petite et faite en métal noir. Elle menait dans les profondeurs, donnant sur une pièce située sous le manoir. Il l'ouvrit et entra. Avant de refermer la porte sur le noir absolu il posa un œil sur le splendide ciel étoilé. Il voulait être comme cette étoile, libre et brillante. Mais il ne pouvait pas. Un membre de sa 'famille' vérifiait chaque soir s'ils étaient là, dans cette cave, et fermait la porte à clef jusqu'au petit matin. Et même si l'envie lui prenait de partir là maintenant, il n'irait pas loin : un maléfice interdit le reliait à sa 'famille'. Ils seraient tout de suite prévenus et il devrait en subir les conséquences. Hors de question de fuir si la liberté n'était pas assurée.
Il laissa la porte se fermer derrière lui. Aucune poignée ne permettait d'ouvrir cette dite porte de l'intérieur, elle ne s'ouvrait que de l'extérieur. Le noir complet l'envahit. Il attendit quelques secondes que ses yeux s'habituent à l'obscurité. Petit à petit, il discerna vaguement les contours de marches et une petite lumière en bas des escaliers. Ah. Son frère avait fini plus tôt que lui.
Le jeune roux descendit précautionneusement les marches en bois grinçantes en prenant garde de ne pas poser un pied sur la mauvaise marche. La cinquième menaçait de s'écrouler. Le bois moisi sentait mais avec l'habitude, il avait fini par s'y habituer. Il mordit sa lèvre quand une écharde se planta dans une des plaies à son pied gauche. Douleur aiguë.
Il arriva en bas sans vraiment de problèmes et boitilla tant bien que mal dans sa 'chambre', vers la lumière. La pièce ou la cave n'était éclairée que par une pauvre bougie, ils n'avaient pas le droit d'en brûler plus de quatre par jour. Donc ils rationnaient leur seule source d'éclairage. Elle était petite, sale, avec un empilement de vieilles boîtes à sa gauche sur lequel trônaient des poupées en porcelaine à moitié cassées. Elles appartenaient autrefois à leur petite sœur même s'il se demandait encore comment elle avait pu obtenir des poupées d'aussi bonne qualité alors qu'ils étaient pauvres à l'époque. Il mentirait s'il disait qu'il n'avait pas de phobie liée aux poupées maintenant. Il frissonna en les contemplant, elles donnaient un aspect morbide, plus encore, à leur lieu de résidence. Il détourna le regard.
A sa droite se trouvait là où ils vivaient. Son frère s'amusait souvent à dire que c'était leur salon rien qu'à eux. Il y avait deux couches serrées l'une contre l'autre. A côté, sur une petite table pourrie était posée la petite bougie. La lumière faisait un curieux jeu d'ombres sur le mur, rendant le tout plus stressant et les poupées plus dérangeantes. Sur l'une des couches, son frère se débattait avec ce qui ressemblait à des bandages. Il pansait ses plaies du jour avec expérience. Une vague de tristesse le frappa. Pourquoi ? Pourquoi ? Ils ne méritaient pas de vivre comme ça...ils avaient juste essayé de rétablir la vérité et une injustice. Rien de plus.
Il examina son frère avec minutie. Il était son exacte copie. Impossible de les différencier. Mais lui connaissait toutes leurs différences. Lui, il avait un centimètre de plus, une tâche de rousseur supplémentaire sous son œil gauche, une voix légèrement plus grave, un mental d'acier. Son frère était beaucoup plus posé, calme. C'était lui, durant leurs années de bonheur, qui parvenait à le réguler, à lui imposer des limites dans ses blagues. Sans lui, il n'était rien, il était perdu. S'il mourait, il mourrait. Il le savait, son frère le savait. Ils avaient ce sentiment réciproque.
« Ah. » Fit son frère qui le remarqua enfin de sa couche. « Fred, tu es là. »
Fred se désola à entente la voix vide de vie de son cher frère. Plus rien ne semblait l'émouvoir. Seule la douleur le faisait encore réagir. Combien de temps allait encore tenir George avant qu'il ne perde la tête ? Il l'ignorait mais il ferait tout pour que cela n'arrive jamais, ou du moins le plus tard possible.
« Salut George ! » Répondit-il avec le plus d'enthousiasme possible.
Il voulait lui donner de l'espoir. Le plus possible. Pour qu'il s'accroche à quelque chose. Fred voulait par dessus tout qu'une seule chose les relie encore à leur ancienne vie : leur malice à faire des farces, leur bonne humeur. Cela leur permettrait de tenir, de s'accrocher.
« Tu veux que je t'aide ? » S'inquiéta ensuite Fred en remarquant son frère qui n'arrivait pas à atteindre un coin blessé de sa peau.
« Oui. »
Une autre chose qui avait changé chez George était qu'il répondait maintenant souvent par monosyllabes ou faisait de très courtes phrases. Il avait peur de parler, Fred le comprenait. S'ils parlaient, ils étaient punis. Entre eux, Fred s'assurait toujours de le rassurer : ils étaient ensemble, pas besoin d'avoir peur ! Mais cela ne suffisait pas, cela ne suffisait jamais !
Il prit une bande et releva le t-shirt noir de son frère. Un filet de sang s'égouttait doucement le long de son dos. Fred retint une grimace en voyant les longues traces sanglantes d'un coup de fouet. Parmi toutes les punitions, le fouet était celui qu'il aimait le moins. Il passait doucement une main réconfortante quand George trembla. Il n'avait pas à s'en faire, c'était lui, juste lui, pas un de leur 'famille', il n'y avait rien à craindre. Il nettoya avec le plus grand soin la blessure avant de la bander.
« C'est de qui ? » Murmura Fred dans un souffle.
« Maître C-charles. » Bredouilla George en regardant autour de lui comme s'il allait apparaître d'un moment à l'autre.
Charles, ou Charlie, était revenu de Roumanie quand il avait entendu parler de la mort de sa très chère sœur. Jamais il n'avait évoqué Ron et les jumeaux l'avaient remarqué. Pourquoi ne pas parler de leur plus jeune frère ? Pourquoi tenter de l'effacer de la mémoire familiale ? Néanmoins Charles avait tout de suite pointé sa haine à l'encontre des « méchants sorciers noirs maléfiques qui avaient tués sa tendre et adorable petite sœur ». Il avait laissé son boulot de dragonnier pour rester proche de leur famille afin de les aider à surmonter cette épreuve difficile. Charles avait fini par vouloir rester en Angleterre et avait trouvé un travail dans la réserve de Créatures Magiques près de Cambridge. En réalité, Fred pensait plus que cette 'réserve' était un camp pour enfermer lesdites Créatures. Mais il n'en avait aucune preuve. Quand les jumeaux avaient été découverts par Granger, Charles avait été un des plus amer envers eux. Il ne supportait pas de voir des membres de sa famille remettre la parole de Dumbledore en question. Dumbledore avait toujours raison, Dumbledore était l'homme le plus avisé et sage qui puisse exister. Compromettre sa parole était synonyme d'être un Mage Noir ou de s'allier à eux. Charles était alors souvent vicieux à leur encontre.
« Pourquoi ? » Demanda ensuite Fred.
« J'ai fait tomber une tasse. »
« Il a fait tomber une tasse. » Comprit-il en soupirant.
Souvent, leur 'famille' les punissait pour des broutilles ou juste avec de fausses excuses. Il était fréquent qu'un d'eux casse un objet ou en salisse un autre pour qu'ils soient accusés et punis à leur place. George acquiesça d'un air absent, confirmant la théorie de Fred.
« Quelle était ta tâche aujourd'hui ? » S'enquit à nouveau Fred.
« Ranger la cuisine en boucle. Ils trouvent toujours un moyen de la salir et je devais recommencer. » Expliqua-t-il. « Et toi ? Toujours la même ? »
« Oui... » Soupira-t-il en se laissant tomber sur sa couche.
Il grimaça quand il cogna son pied au sol dur. Il avait presque oublié sa douleur tellement il avait mal dans tout son corps affaibli.
« Tu as de l'eau ? » Demanda-t-il encore.
George se tourna et agrippa une cruche en terre cuite à demi cassée. Il la tendit à son frère qui but goulûment la précieuse eau. Il la savoura longuement et en passa sur ses lèvres gercées. Il se détendit. Cela faisait tellement de bien...Il ferma ses yeux alors que son frère remit la cruche sous la fuite.
« Tu veux que je soigne tes pieds ? » Questionna alors la voix de George.
Fred ne fit que gémir, préférant ne faire aucun mouvement pour détendre ses muscles martyrisés par un effort absurde. Prenant ça comme une réponse positive, George se mit à soigner ses plaies. Fred soupira une fois de plus, toujours les yeux fermés. Il ne fit aucun commentaire quand il sentit George enlever l'écharde ou quand il enveloppa ses pieds dans un linge. Par contre, il réagit lorsque que le son de la porte raisonna dans la cave. C'était l'heure de leur repas et de leur vérification.
Le rouquin ne quitta pas l'escalier des yeux. Il attendait. Quel membre de sa 'famille' descendrait aujourd'hui ? Il misait sur leur père, il n'était pas venu depuis longtemps. Sa mère ? Impossible, elle ne s'abaissera jamais à salir sa jolie robe de velours. Sa supposition s'avéra fausse quand la figure de son frère aîné, Charles, s'avança à la lumière. Il sentit George trembler à côté de lui. Il savait que son jumeau avait une terreur profonde de l'ancien dragonnier. Plus que des autres membres de leur 'famille'. Et Fred savait très bien que Charles s'amusait de cette terreur et avait fait de George son souffre-douleur préféré.
Fred remarqua qu'il tenait un plateau où deux bols étaient posés. Leur repas du soir. Le jeune homme s'approcha d'eux, s'arrêta devant eux et les toisa du regard, d'un air supérieur. Son jumeau se pelotonna plus contre lui. Il passa un bras dans son dos pour le rapprocher de lui dans un geste protecteur. Fred leva la tête pour fixer ses yeux glaciaux. Il défia son 'frère' de faire le moindre geste à l'encontre de George. Mais Charles n'en fit rien. Il se contenta de poser le plateau à même le sol sans les quitter des yeux. Puis il s'agenouilla devant Fred. Le jeune rouquin enserra George contre son torse, empêchant tout contact visuel entre les deux.
Charles ne dit rien, ne fit aucun mouvement. Il restait devant eux, même sa respiration semblait bloquée. Fred ne comprenait pas cet étrange comportement. Avait-il pris quelque chose ? Le regard froid et haineux de Charles en devenait presque terrifiant, dérangeant. Habituellement il était plutôt tête chaude, il était le premier à s'exprimer, à les punir. Avait-il décidé de changer sa méthode ? Fred continua à regarder les prunelles bleues de son 'frère', sans sourciller.
« Demain, tu prendras la place de la loque qui te sert de frère. » Finit-il par dire, la voix glaçante. « Il est incapable de faire ce qu'on lui demande. »
Fred sentit le frémissement de George qui se colla plus contre lui. Il s'interdit d'exprimer son sentiment de haine, cela risquerait de mal se finir pour eux. A la place, il laissa Charles rabaisser George mais il tenta de le rassurer en tapotant son dos.
« Lui te remplacera sur le porche. »
Puis il se releva soudainement, n'ayant plus rien à dire. Fred pensa alors qu'il allait les laisser manger et se reposer. Après tout cette cave ne convenait pas à un noble tel que lui, ironisa Fred. Mais il se trompa à nouveau.
« Une dernière chose... » Continua Charles toujours avec autant de froideur.
Il agrippa les cheveux roux de Fred et le força à se lever pour arriver au même niveau. Il dut lâcher George pour attraper le bas de sa tête tentant de diminuer la soudaine douleur piquante. Une pauvre et unique larme s'échappa du coin de son œil pour finir sa course sur sa joue. Il ferma son œil gauche, l'autre regardait Charles, la vision troublée. Fred pouvait sentir son souffle chaud sur son visage. La peur s'emparait doucement de lui. Il ne pouvait rien faire pour se défendre, il était faible, vulnérable.
« Tu sais...je déteste qu'on me fixe. » Murmura Charles à son oreille. « Comme je suis dans un bon jour, je te laisse une dernière chance. La prochaine fois que tu me fixes... »
Il laissa sa phrase en suspens mais Fred comprenait très bien ce que cela impliquait. Il secoua difficilement la tête, exprimant son consentement. Il voulait juste que son 'frère' le lâche. Il avait mal. Charles souffla, irrité avant de lui donner un violent coup dans le ventre. Fred écarquilla ses yeux, le souffle coupé. Il cracha un peu de salive en tentant de respirer. Comme il n'avait plus aucune graisse sur son ventre, ses côtes n'avaient aucune protection naturelle, la douleur était par conséquent décuplée. Il entendit vaguement la plainte de son jumeau, derrière lui, et se concentra uniquement sur l'action de respirer.
Charles le laissa retomber comme s'il était un poids, il le considérait comme tel de toutes manières. Puis il tourna les talons pour ne plus s'occuper d'eux. Fred entendit ses pas s'éloigner. Il combattait maintenant l'inconscience. Il était faible. Il aurait eu envie de rire : un tel coup, le faire tomber inconscient ? C'était stupide, il aurait pu le supporter avant, quand il n'avait pas la peau sur les os. Il écouta son nom sortir des lèvres de George qui avait posé sa tête sur ses genoux. Doucement il sentit sa conscience s'assombrir et il se laissa partir.
Ah ! Vraiment, il aurait bien voulu manger avant de s'évanouir.
OoO
Fred soupira. Il comptait pour la quatrième fois le nombre d'assiettes se trouvant dans le buffet de la cuisine. Il y en avait 44 mais sa 'mère' lui disait qu'il y en avait 45 et qu'il en avait sauté une. Alors le voilà accroupi devant le buffet à recompter une pile d'assiettes. C'était une demande tout aussi stupide que de vouloir rafraîchir le porche pendant la canicule. S'il détestait être sous le soleil de la canicule à porter des seaux trop lourds pour lui, il haïssait tout autant de se trouver dans ce manoir. D'accord, ici, il était à l'ombre, au frais, néanmoins ce manoir n'était pas sa maison. Il n'avait pas vécu ici, n'y aurait jamais sa place, pas que cela le gêne. Ce manoir avait été conçu avec de l'argent sûrement sale et blanchi. Évidemment, il n'avait aucune preuve et même s'il en avait une, qu'en ferait-il ? Le sort l'empêchait de livrer les secrets des Weasley et de Dumbledore. En résumé, ce manoir était pour lui synonyme de torture et d'horreur. Il se ferait un plaisir d'un jour le détruire.
Soudain, son attention fut attirée par un éclat de voix venant du salon. Comme la porte menant à la cuisine était ouverte dans le but de le surveiller, il pouvait tout entendre de ce qui se passait. Il décida de s'intéresser à la conversation. Rares étaient les fois où les Weasley se disputaient, ils étaient très soudés depuis l'acquisition de leur fortune. Se trouvant dans un angle mort, il s'autorisa à ralentir son ingrate tâche et accorda toute son attention vers ce qui se passait au salon.
« C'est une blague, j'espère ? » S'écria la voix grave d'Arthur.
Fred haussa un sourcil. Habituellement, son 'père' partait tôt le matin au Ministère pour y faire il ne savait quoi pour revenir tôt ou tard le soir, cela dépendait des séances du Magenmagot. Il profitait toujours de sa nouvelle renommée et puissance pour s'imposer en maître dans pas mal d'affaires et de décisions. Et toujours sous les conseils avisés de Dumbledore. Alors, que son 'père' soit toujours au manoir à 10 heures signifiait qu'il y avait quelque chose. Et que cela touchait le cadre familial.
« Malheureusement non... » Soupira la voix stridente de Molly. « Quand j'ai vu l'Arbre, je suis allée la voir hier soir, elle me l'a confirmé. »
Grognant d'inconfort à l'entente de sa 'mère', il se demandait comment il avait survécu à sa voix de crécelle pendant si longtemps sans devenir sourd. Il ne la supportait plus. De toute manière, il ne la voyait que très peu. Selon elle, elle ne voulait pas avoir le moindre contact avec des 'déchets' tels qu'eux, alors elle les ignorait la majorité du temps. Molly avait bien dit qu'elle serait prête à les renier ou pire, les faire disparaître, mais l'image publique d'une famille unie était plus importante. Cela le dégoûtait qu'ils soient encore en vie juste pour maintenir une fausse image.
« Qu'en pense Dumbledore ? » Reprit Arthur.
Ah ! Voilà autre chose ! Dans cette maudite famille, la parole de ce...de Dumbledore faisait loi. Aucune décision n'était possible sans l'avoir consulté. Cela en devenait aberrant. Il savait grâce à George qu'une fois ils avaient demandé à Dumbledore comment ils devaient s'habiller. Sérieusement ? C'est vrai que Dumbledore s'y connaissait vraiment bien en termes de mode. Cela se voyait à sa ô combien magnifique garde-robe. Tout cela pour dire que Dumbledore était considéré comme un dieu, ou plutôt, comme le Dieu.
« Il va enquêter. » Répondit simplement sa femme. « Il refuse que cette femme lui mette des bâtons dans les roues. » Elle cracha le mot 'femme' avec une telle haine que Fred en frissonna.
« Dire que ma semaine avait bien commencée... » Grogna de colère Charles. « La voilà gâchée ! »
Le jeune rouquin entendit un violent bruit et il en déduisit que l'ancien dragonnier venait de casser un vase. Il espérait qu'il n'en subirait pas les conséquences, après tous les objets ici étaient chers. Ah, c'est vrai, la magie existait. Il avait presque des doutes de son existence, cela faisait 2 ans et demi qu'il n'avait pu faire la moindre magie à cause de ce stupide sort.
« Que faisons-nous alors ? Qu'a dit Dumbledore ? » Demanda Perceval, Percy.
Fred claqua sa langue dans son palais. Qu'il détestait ce gamin pompeux à l'air supérieur accro aux règles et au pouvoir. Il avait obtenu le poste de Deuxième Secrétaire auprès du ministre, Ombrage ayant le premier poste. Fred savait sans le moindre doute que Percy sabotait certains contrats de l'intérieur, manipulait les fonts monétaires du ministère et versait des pots-de-vin à des personnes influentes. Il espionnait aussi certains membres du ministère sur le compte de Dumbledore, comme Gaunt, Malfoy ou encore Bones.
« On doit attendre, on ne peut rien faire pour le moment... » Répondit Molly.
« Rien faire !? » L'interrompit Percy. « Comment ça ? On est puissant, on a le pouvoir, l'argent ! On peut lui forcer la main ! »
Oh ! Apparemment quelqu'un, une femme, n'avait pas accepté les 'recommandations' de Molly malgré l'influence des Weasley. Et vu leur réaction, cela ne devait pas être prévu. Fred retint un ricanement. L'argent ne faisait pas tout.
« Et les Gobelins ? » Continua Percy, de plus en plus énervé.
« Qu'est-ce que tu crois ? Les Gobelins se sont rangés de son côté ! » Cria Molly, agacée. « Ces petites bestioles ne sont pas dignes de confiances, toujours à courir après l'argent et à vouloir se dresser contre le grand Dumbledore ! Quels imbéciles ! Ils ne voient pas sa grandeur, bloqués dans leurs illusions dorées. C'est infernal. »
Vraiment, ce qu'avait dit ou fait cette femme avait déclenché une horreur et une colère chez sa 'mère'. Rien que pour ça, Fred la respecta. Se dresser contre Dumbledore et son camp n'était pas facile, cela finissait souvent mal pour l'opposant. Le rouquin admira également l'idiotie des Weasley. Sincèrement, la dernière chose qu'il ferait, c'était d'insulter le peuple fier représenté par les Gobelins au risque d'en pâtir.
« Maman, tu es retournée la voir ? Pour la faire changer d'avis ? » S'enquit William, inquiet pour une raison qui échappa à Fred.
« Bien sûr, qu'est-ce que tu crois ! Mais elle a refusé de me laisser entrer dans son domaine. Elle ne veut plus avoir affaire avec quiconque. Elle m'a dit qu'elle finirait ses jours dans ce manoir sans plus jamais en sortir. Je pense qu'elle craint des représailles... »
« A juste titre ! » S'énerva l'aîné de la fratrie. « Si elle met un seul pas dehors... »
Fred devina clairement ce que son 'frère' insinuait. Cette femme risquait sa vie et elle le savait. Elle avait pris ses dispositions pour s'enfermer chez elle en toute sécurité. Elle était intelligente. Son respect augmenta.
« Je suis désolée, Bill... » le calma Molly. « Tu ne pourras pas devenir Lord Prewett en plus de Weasley. »
Le jeune homme se figea et manqua de casser une assiette. Avait-il bien entendu ? Lord Prewett ? Ce qui voulait dire que cette femme dont ils parlaient depuis tout à l'heure était Tante Muriel ? Fred resta bouche bée face à ce qu'il venait de comprendre. Cela signifiait que Tante Muriel avait refusé de donner à William le titre d'Héritier Prewett. Mais pourquoi ? Même s'il détestait sa 'famille', il ne pouvait s'empêcher de penser que si son 'frère' ne devenait pas l'Héritier Prewett, la famille Prewett courait à sa perte. Après tout, Tante Muriel n'avait pas de descendance. Et pourquoi Tante Muriel prenait une décision pouvant risquer sa vie ? Elle savait depuis des années que Molly voulait son titre de Lady, elle le lui avait dit une fois quand il était petit. Une bouffée d'espoir envahit alors le corps de Fred. Un membre de sa famille n'était pas rangé avec Dumbledore. Peut-être qu'elle pourrait les libérer ?
« Elle t'a dit quel était l'Héritier qu'elle avait choisi ? » Demanda alors Arthur.
« Justement, elle n'a pas choisi d'Héritier... » Fit Molly. « Elle a renoncé à son titre de Lady Prewett. En résumé, elle l'a donné à un inconnu. Il y a un nouveau Lord Prewett. »
Les cris outrés résonnèrent dans le salon et passèrent à travers un Fred stupéfait. Un...un nouveau Lord ? Il existait un membre de la famille Prewett caché ? Qu'est-ce que cela voulait dire ? Mais une seule évidence frappa Fred de plein fouet : Tante Muriel avait réussi à bloquer Dumbledore. C'était la première à y arriver. Et elle n'appartenait même pas aux traditionalistes. Oh, son jumeau allait vraiment apprécier la nouvelle.
« Qui ? Je veux savoir ! » Ordonna William qui était sur le point de perdre son calme.
« Justement, je l'ignore. »
« Tu as bien regardé l'Arbre, non ? » Répliqua son fils aîné.
« La magie a bloqué l'Arbre, je ne peux rien faire. »
Il eut un hurlement de rage suivit de près d'un violent craquement. Un deuxième vase avait dû rejoindre le sol. Fred, lui, appréciait le spectacle. Depuis que ce sort les liait de force à leur 'famille', il n'avait plus d'instant où il pouvait s'amuser. Les voir rager, s'énerver contre quelque chose qu'ils ne pouvaient changer était satisfaisant.
« Je t'assure que je vais trouver ce connard qui m'a volé ce qui me revient de droit ! » Jura William avec rage. « Je le trouverai et il comprendra pourquoi il ne fallait pas nous désigner comme ennemis ! »
« Nous allons tout faire pour t'aider, mon fils. » Assura Arthur avec confiance.
« Et puis, Dumbledore est avec nous. » Ajouta Charles, certain de leur victoire. « S'il enquête, il le retrouvera forcément. Il sait tout et trouve toujours tout, il n'y a pas meilleur que lui. »
Franchement, leur dévotion pour ce vieil homme frôlait le fanatisme et l'obsession. Cela en devenait ahurissant et terrifiant. Comment pouvons-nous suivre quelqu'un aussi aveuglément sans se poser de questions ? Eux, ils s'étaient posés des questions et leur récompense avait été l'esclavage moderne. Et leur propre famille n'avait pas levé le petit doigt pour les aider durant le rituel maudit.
« Tout allait si bien... » Soupira Arthur. « Nous avons tout ce dont nous avions rêvé, tout est parfait. Pourquoi est-ce que Muriel tente de tout gâcher ? »
« On n'est pas arrivé si loin pour se faire traiter comme de vulgaires pauvres. » Cingla Molly, la langue mauvaise. « Notre plan s'est mis longuement en place, nous n'allons pas le détruire en une journée ! »
Un plan ? Intéressant. S'il pouvait se débrouiller pour laisser des indices aux traditionalistes, il aurait des choses à révéler. Peut-être de quoi plonger sa 'famille' au fond du trou. Il dissimula un petit sourire machiavélique derrière la vingt-troisième assiette de la pile.
« Évidemment. » Assura Percy de son habituel air pompeux qui donnait envie de vomir à Fred. « Nous n'avons pas pris le risque de commanditer l'assassinat de...tss...ce Sorcier Noir de Ronald et de cet incapable de Potter pour rien. » Il cracha avec haine les deux noms.
Ouvrant et fermant la bouche tel un poisson, Fred resta béat de surprise et d'horreur. Il avait du mal à croire ce qu'il venait d'entendre. Mais la haine de Percy à l'encontre de Ron était évidente. Son petit frère...assassiné...par sa propre famille ? Ils...avaient...commandité sa mort ? C'était horrifiant ! Son frère avait 13 ans quand il est mort ! Et Harry, 12 ! C'étaient juste des enfants ! Pourtant, les enfants magiques étaient des joyaux dans leur monde, s'en prendre à eux était le pire crime possible (avec celui de faire joujou avec leur âme). Son frère et lui avaient un doute sur l'implication de Dumbledore dans toute cette 'mise en scène' depuis le début, mais jamais il n'aurait imaginé que sa 'famille' puisse être également dans le coup. D'accord, ils n'avaient jamais montré de deuil pour Ron, juste pour Ginny, la belle et innocente Ginny, et les avaient réduits en esclavage car ils avaient remis la bonne parole de Dumbledore en doute, mais tout de même ! Ce n'était pas la même chose que de commanditer un meurtre par haine ! L'annoncer à George allait le détruire encore plus.
La deuxième chose qui l'étonna c'était d'apprendre que Ron était un Sorcier Noir. Ce qui était étrange quand Fred y pensait. Le Test de l'Orbe certifiait depuis des générations que les Weasley avaient un noyau blanc. Lui-même en avait un. Cela signifiait que Ron était le premier Weasley avec un noyau noir. Ce qui pouvait peut-être expliquer la haine du reste des Weasley à son encontre. Après tout, ils étaient de fervents racistes contre les Sorciers Noirs, cherchant à tous les tuer. Idée stupide, s'il pouvait se permettre.
Perdu dans ses pensées, Fred n'entendit pas un grincement qui grattait le sol de marbre. Par contre, il sentit sur sa peau de ses bras des poils doux. Il posa son regard vers la boule de poil qui réclamait son attention. Il émit un fin sourire en le reconnaissant. C'était Pinceau, le vieux chat noir aux yeux jaunes de la famille. Il vivait ici avant même la naissance des jumeaux et c'était un adorable chat qui aimait les caresses et ronronnait beaucoup trop. Néanmoins, l'âge l'avait rattrapé. Pinceau n'avait plus toute son agilité et provoquait souvent des catastrophes. Il se déplaçait maintenant avec difficulté, incapable de rétracter ses griffes et avait du mal à se laver. Résultat : il puait vraiment. Mais cela n'embêta plus que ça Fred. Il aimait bien ce chat. Il passa sa main amaigrie dans ses poils noirs ce qui provoqua une vague de ronronnements. Cela le réconforta après avoir écouté une discussion aussi horrible.
Cependant, Fred avait oublié un petit détail : sa pile d'assiette et un chat plus vraiment agile. Les deux réunis n'étaient pas la meilleure option. Pinceau émit un petit miaulement et tourna autour de Fred tout en se frottant à tous les objets qui se trouvaient autour de lui. Et ce qui devait arriver arriva. Le jeune homme se figea et observa au ralenti les assiettes tomber avec fracas sur le sol de marbre. Le bruit sourd résonna dans la cuisine pendant une dizaine de secondes. Pinceau, lui, s'enfuit dans un miaulement aigu, apeuré par le bruit soudain. Fred resta agenouillé au milieu de bouts d'assiettes, bloqué. Finalement, il détestait ce chat. Il savait qu'il allait le payer, cette 'bêtise' allait lui être douloureuse.
« Qu'est-ce que cela veut dire ? » Hurla Arthur en entrant comme une furie dans la cuisine. « Explique ! »
« Je...Pinceau a fait tomber les assiettes, monsieur. » Répondit Fred en gardant les yeux rivés sur le sol.
Il entendit d'autres pas, signe que la petite famille était toute devant lui, le fixant avec dégoût, haine ou encore avec déception. Fred refusait de croiser leurs visages.
« Tu oses ! » Cria à nouveau le patriarche, en colère. « Tu oses accuser le chat et ne pas assumer tes propres erreurs ! »
« Je vous assure que... » Tenta d'une voix faiblarde le jeune homme.
« Ferme-la ! » Ordonna William, la voix froide. « Où est Pinceau dans ce cas ? »
« Parti au bruit... »
« Tu mens. » Continua son aîné.
Fred pinça ses lèvres avec ses dents. Bien sûr qu'ils ne le croyaient pas, c'était normal. C'était inutile de raisonner, il serait toujours le coupable, qu'importe si Pinceau se baladait avec une pancarte annonçant être le coupable.
« Imbécile, tu sais ce qu'étaient ces assiettes ? » Demanda d'une voix blanche Molly en désignant les éclats de porcelaines. « C'était un cadeau de Dumbledore ! Elles nous étaient très précieuses ! »
Qu'est-ce cela changeait ? Ils n'avaient qu'à utiliser la magie pour les réparer et tout serait réglé. Il n'y avait pas besoin de s'acharner sur lui.
« Tu n'as aucune raison d'être maladroit ! » Ajouta Charles. « Mais je peux t'en donner une. »
Fred leva précipitamment son visage et braqua ses yeux bleus sur Charles. Sa figure était contractée et sérieuse avec une pointe de malice. Il prit sa baguette entre ses doigts, la faisant rouler doucement avant de lui lancer un sort de restreinte de mouvements. Fred sentit son corps refuser de lui répondre. Il ne pouvait plus bouger. Charles fit un signe à Percy et William de le relever et de le déposer sur la chaise devant la table de la cuisine. Fred grogna d'inconfort et de peur. Il ignorait le sort que lui réservait son aîné. Il regarda le dos de Charles qui cherchait quelque chose dans les tiroirs. Puis il se tourna dans sa direction. Fred sentit son poult se glacer et ses yeux s'écarquiller de terreur à la vue de l'objet tenu entre les mains de l'ancien dragonnier. Un couteau de cuisine.
« Allons, allons, cher petit frère, pas besoin de me regarder comme cela. » S'amusa Charles, un sourire moqueur découvrant ses dents blanches aux lèvres.
Sans surprise, ce sourire et l'air faussement paisible de Charles terrifia encore plus le jeune rouquin. Il tenta de bouger, de se débattre, mais le sort l'en empêchait. Il observa son aîné s'approcher de lui comme un dramaturge. Charles attrapa son bras gauche et le posa sur la table avec une douceur qui ne convenait pas à la situation. Fred frissonna de dégoût quand il sentit les caresses sur sa peau qui parcourait son bras de son épaule au bout de ses doigts. Puis, Charles empoigna fermement son poignet lui arrachant un petit cri de douleur. Il joua un peu avec son couteau avant de le presser doucement sur sa peau sensible. La lame acérée dessina des filets de sang le long de sa pauvre main. Le stimulus involontaire et douloureux provoqua à Fred des larmes.
« Que vais-je prendre ? » Susurra avec humour l'ancien dragonnier. « La main ? » Il porta le couteau juste au-dessus de son poignet. « Un doigt ? » Cette fois, la lame vint dessiner un trait sur son index. « Oh ! Je sais ! »
La terreur s'était maintenant emparée de Fred. Il tremblait de tous ses membres. Il se sentait incapable d'enchaîner deux pensées cohérentes. Il n'allait tout de même pas... ? Pitié, qu'il ne fasse pas ce qu'il croyait. Il pria toutes les divinités qu'il connaissait, sa bonne étoile ou tout ce qui s'apparentait à une lueur d'espoir. Qu'il le lâche ! Il fuira tout de suite et ne croiserai plus son chemin. Quelqu'un...que quelqu'un vienne l'aider ! Son regard paniqué circula entre les autres occupants de la cuisine. Il y aurait bien un d'entre eux qui stopperait cette folie avant que Charles n'aille trop loin. Le désespoir traversa son corps quand il vit dans leurs yeux une lueur morbide. Aucun d'entre eux ne l'aiderait...
Il poussa un cri quand la lame incisa la peau fragile de son poignet. Il tenta de se défaire du sort. Il espéra que sa magie se révolte un peu. Rien, absolument rien. Il restait dans la prise de fer de son aîné, incapable de se défendre, à sa merci. Il n'était rien d'autre qu'un spectateur de son malheur.
Une douleur intense, horrible pulsa le long de son bras, se propageant dans le reste de son corps. Il cria de nouveau. Ses yeux se reposèrent sur l'action se déroulant devant lui. Le couteau aiguisé frottait de plus en plus vite sur sa chair. A chaque passage, la plaie se creusait. Fred criait, hurlait, tentait de se battre. Il était impuissant. Bientôt du sang éclaboussa la table, les vêtements de Charles et le bras gauche du jeune rouquin. Fred avait les yeux maintenant révulsés, la douleur bien trop intense. Il priait maintenant pour s'évanouir. Il cria quand la lame s'enfonça une énième fois dans sa chair. Son regard trouble revint se poser sur sa pauvre main ensanglantée. Il faillit vomir le peu de nourriture que son ventre contenait. Son poignet était tranché à moitié dans une plaie immonde, tailladée. Fred pouvait y voir des morceaux de chairs, de peaux, de tendons dépasser, se mélanger avec son sang. La perte du sang et la douleur l'entraînèrent doucement dans le noir.
Cependant, Charles en décida autrement. Il pressa à nouveau le couteau contre sa peau à vif, la douleur le ramenant tout de suite à la réalité. Ses paupières s'écarquillèrent grands et il rejeta sa tête en arrière, sa bouche s'ouvrit dans un cri silencieux, sa voix incapable d'émettre un son. Il avait tellement crié, que ses cordes vocales devaient être abîmées. Lentement, sadiquement, Charles commença à couper sa chair. La lenteur du mouvement permettait, à son malheur, de bien ressentir tous ses tendons se détacher de sa main. Des larmes perlèrent le long de ses joues. Soudain, il sentit la lame buter sur un obstacle. C'était son os.
« Oh. » Ricana Charles avec un sourire des plus amusé. « Il va falloir pousser un peu... »
La tête lui tournait, il ne comprit qu'à moitié ce qu'il venait de lui dire. Il ferma ses yeux, pleurant. Partir...laissez-le partir. Puis il hurla d'une voix brisée. Charles venait d'abattre avec violence son couteau sur son poignet. Il sentit et cru même entendre son os craquer. Un deuxième coup rencontra son os le brisant en petits morceaux. Des bouts d'os rentrèrent dans la plaie de son avant-bras, le faisant frissonner. Le couteau finit sa course dans la table en détachant complètement sa main de son bras. Le sang gicla de nouveau. L'inconscience commença à s'emparer de Fred.
Il avait perdu espoir dans le monde. Il ne pouvait plus supporter cette condition de vie. Si personne ne le sauvait, il se laisserait mourir...
OoO
Bonjour mes chéries !
Nous voilà enfin à la fin de ce chapitre éprouvant ! J'en suis toute émoustillée ! Ne m'en voulez pas trop pour les jumeaux…je vous assure que je les adore même si je ne les traite pas vraiment très bien. MOUHAHAHA, que je suis sadique ! Je sais aussi ce qu'il va se passer pour nos jumeaux pour l'avenir…mais la principale question est : vont-ils survivre ? Vont-ils pouvoir tenir jusqu'au renfort ? Bref je n'en dis pas plus !
Alors je tiens à préciser, dans deux semaines, je ne pourrais pas poster le prochain chapitre ! Je pars en vacances dans un trou paumé sans connexion et réseau…il va falloir attendre un peu avant l'arrivée du nouveau chapitre ! Le temps que je retrouve un lieu connecté. Merci de votre compréhension !
A bientôt !
