Auteure : Elfelmira
Genre : Mystère, Amitié, Famille
Résumé : Fin de la deuxième année, Ginny a été enlevée dans la Chambre des Secrets. Lockhart, Ron et Harry partent à sa recherche. Or le professeur, afin de s'accaparer toute la gloire, brise les baguettes des deux amis et les emprisonne dans la Chambre. Se retrouvant au centre d'un complot, ils vont devoir apprendre à survivre, seuls ou presque. Ils vont apprendre à voir au-delà des apparences et de la Magie elle-même... L'année du Serpentaire arrive...
Bashing : Dumby, Hermione, les Weasley (on les aime ceux-là) sauf les jumeaux, pour eux je ne pourrais jamais y arriver... Alors je sais, je fais pas mal de bashing sur ces personnes tout simplement parce que je ne suis pas très fan d'eux. Il y a une exception pour Hermione, j'adore ce personnage mais je trouve que le nombre de bashing concernant Hermione sont peu nombreux et que Ron s'en prend toujours plein la gueule. Alors j'inverse, Ron sera un gentil et si ça ne vous plaît pas…bah…pas grave !
Attention : Les événements de la première et deuxième année (sauf la fin) correspondent aux livres ou films. Les passés d'Harry et Ron seront modifiés à ma façon, donc pas de cris. Il est possible qu'il y ait de l'humour sarcastique comme je l'aime. Et enfin, pour les couples, je ne sais pas encore. Mais ce qui est sûr c'est que c'est un slash. On verra. Risque de spoil mais bon, comme tout le monde connaît Harry Potter, on s'en fou un peu…
Couple : BZ/HP, je ne sais pas encore pour Ron, j'hésite pour un RW/DM ou un RW/DG, ça reste à voir. En vrai, maintenant je sais ce que je vais faire mais je vais pas vous le dire héhéhé !
Alors, petite information supplémentaire, je remercie ma Beta, Cuicuit, pour m'avoir corrigée et relue. Pour l'instant pub, je vous invite à aller lire ce qu'elle a écrit sur wattpad, c'est magnifique !
Ni Harry Potter (le livre et le film) ni les personnages ne m'appartiennent, ils sont à JKR. Voilà voilà.
Je tiens à tous vous remercier pour vos reviews et vos votes ! Je ne peux pas répondre forcément, c'est impossible, mais je les lis toutes avec grand bonheur. Merci !
« Parole »
« Fourchelangue »
« Langage des animaux »
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Partie 3 :
Chapitre 21 :
Yin et Yang
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« Par ici, my Lords... »
La voix roucoulante et particulièrement criarde tapait profondément sur les nerfs de Ron. Son sourcil tressautait sur son front et on pouvait apercevoir sa mâchoire se serrer. Si elle continuait d'agir comme une prostituée, il perdrait son calme et ne donnait pas cher de sa peau. Combien de temps allait-elle survivre dans son feu et dans sa lave ? Le plus longtemps possible, espérait-il. Ron voulait la voir souffrir, non pas parce qu'il avait une âme de sadique mais parce qu'il ne pouvait pas la blairer. Dix minutes ! Dix putains de minutes avec cette femme et il avait l'envie affreuse de mettre fin à ses jours ! Ils devraient la suivre encore combien de temps ? Il ne savait pas s'il pourrait tenir encore...
« Nous devons passer le contrôle de baguette avant, si vous voyez ce que je veux dire. » Minauda-t-elle, lançant des yeux doux au rouquin qui tentait tant bien que mal de ne pas l'étrangler au sous-entendu très déplaisant. « Vous savez, en mesure de sécurité... »
Ron se mordit sa lèvre inférieure, s'empêchant de répliquer. Ils ne devaient se la coltiner que pour l'escorte jusqu'au Magenmagot. Il devait tenir. De ses yeux saphir, il la vit tenter de se presser contre son frère qui s'écarta abruptement en se positionnant de l'autre côté de Ron en protection, mal à l'aise. Rectification : il devait la tuer.
« Nous voici au centre de contrôle, my Lords. Je vous en prie, après vous... » Elle s'inclina suffisamment pour profiter de leur postérieur quand ils passèrent devant elle, les faisant frissonner d'effroi.
Quelle horreur ! Des gouttes de sueur coulèrent le long de sa colonne vertébrale alors qu'il fit passer Harry devant lui pour briser le contact visuel pervers de cette chose qui portait le nom de « femme » sur son adorable petit frère. Elle ne méritait pas d'être humaine ! Elle ferait un parfait méchant de ces films d'horreur Muggles qu'ils avaient vu pendant leurs soirées détentes. Elle ferait peur au plus courageux des hommes. Dans tous les cas, il se ferait une joie de l'effacer de la surface de la terre quand son heure viendra. Il la ferait souffrir pour avoir osé poser ses yeux dégoûtants sur Harry ! Il la brûlerait à petit feu, sans mauvais jeu de mot, et plongerait ses pieds dans sa lave, lui faisant regretter d'être née, et...
« Vos baguettes s'il vous plaît, my Lords. » Une voix masculine interrompit les étranges pensées fantasmagoriques du rouquin.
Dû à l'horreur de ce trajet, à tout essayer pour éviter de se rapprocher de ce cafard humain, Ron n'avait pas vraiment observé son entourage, suivant leur 'guide' comme un mouton horrifié. Le trio se retrouvait en sein d'un hall où certains employés du ministère s'activaient tels des fourmis. Ils couraient, marchaient, les mains chargées de documents ou d'objets, des papiers volants passaient rapidement entre eux, rejoignant leurs destinataires. Les yeux de Ron furent attirés par un des ascenseurs dont les portes se refermaient doucement. Il aperçut avec surprise un homme bien connu, Enki Mucha, l'ami de Thomas Gaunt, qui lui fit un bref clin d'œil (l'un de leur nouvel allié), le réconfortant dans cette dure épreuve. Le rouquin souffla d'amusement devant l'encouragement distant du Muggle-born. Les portes se fermèrent et Mucha disparut de son champ de vision. Cela fut rapide mais cela permit à Ron de reprendre son sang-froid et de s'empêcher de commettre un meurtre en public. Cela n'aurait pas fait une bonne image.
« My Lords ? »
La question força Ron à regarder l'employé. C'était un jeune homme assis derrière un bureau spécial pour analyser les baguettes. Le rouquin sentit de l'amusement l'envahir quand il remarqua une pile de magazines en tout genre reposant à côté du jeune employé. Il devait grandement s'ennuyer.
« Je suis désolé, mon cher, nous ne possédons pas de baguettes. » S'excusa Ron, affichant un air affligé et désolé sur son visage.
Il ignora le gloussement de fangirl venant de la chose, se focalisant sur l'employé. Celui-ci roula des yeux, exaspéré par l'attitude honteuse de son employeuse. Par cette simple petite action, il gagna le respect du rouquin.
« Il est rare que des Sorciers se déplacent sans leur baguette. » Interpréta le jeune homme qui se baissa et attrapa une petite boite avant de la poser devant lui.
Harry fit un petit rire amusé et Ron retint un sourire. Ils n'avaient plus besoin de baguette depuis l'accomplissement du Signe : ils étaient des Mages. Mais les deux Sorciers n'avaient pas besoin de le savoir...du moins pour le moment.
« Posez votre main sur le boîtier. » Expliqua professionnellement l'employé. « Cela enregistrera votre signature magique, vous savez, pour la procédure de sécurité. » Il termina en chuchotant et Ron du tendre l'oreille pour entendre : « Enfin pour la pseudo-sécurité...on rentre comme dans un moulin, ici... »
Ron se pinça les lèvres, s'empêchant de rire stupidement. Son frère lui donna un coup discret dans les côtes, tout aussi amusé que lui. Franchement, cet employé était tout sauf fan du gouvernement actuel. Finalement, le rouquin s'exécuta. Il plaça sa main où se trouvaient ses bagues Lords (seule la chevalière de Gryffindor étant visible) sur la boite et envoya une faible impulsion magique. Harry fit de même.
Une fois l'action exécutée, leur 'guide' perverse sourit de toutes ses dents, leur indiquant le chemin. Avec réluctance, les deux frères lui emboîtèrent le pas, n'oubliant pas de remercier le jeune employé qui leur lança un regard de bonne chance. Chance dont ils allaient réellement avoir besoin...
Ils suivirent la « femme » dans les couloirs, descendant dans les profondeurs du ministère. Ils marchèrent tranquillement pendant quelques minutes, ignorant du mieux qu'ils pouvaient les avances perturbantes d'une « femme » ayant deux ou trois fois leur âge. Ron frissonna une fois de plus, il était persuadé qu'il allait avoir des séquelles de cette rencontre ! Des cauchemars peut-être !
« Nous voici arrivés. » Annonça la chose, les bras ouverts avec dramatisme. « Je vais vous annoncer aux Lords. »
Ron cligna juste des yeux devant la belle et grande porte de métal.
« Merci, madame Ombrage. » Réussit-il à dire du bout des lèvres.
« De rien My Lords... » Couina-t-elle avant de disparaître derrière la porte.
Le rouquin prit un grand souffle. Leur jeu d'acteur allait être mis à dure épreuve. Heureusement qu'ils avaient des alliés sur lesquels se reposer malgré le fait qu'ils devaient faire croire qu'ils étaient contre eux. Harry tira le bas de sa chemise. Lui lançant un coup d'œil, Ron avisa son air légèrement paniqué et inquiet.
« Tu...tu crois que ça va bien se passer ? » Chuchota Harry serrant sa canne d'aveugle fermement entre ses doigts gantés.
« Tout va bien se passer. » Affirma Ron en posant une main réconfortante sur sa tête.
Cela suffit pour qu'Harry reprenne son masque confiant, abordant un fin sourire innocent. Le plus grand regretta un instant d'avoir laissé sa chère Solange chez eux. Elle aurait pu le calmer dans les moments où Harry ne pourrait pas. Mais il était interdit de laisser des animaux (même des familiers) ou des Créatures Magiques entrer...discrimination et racisme... Ron se détourna pour voir les portes s'ouvrirent sur le Magenmagot. Il expira et inspira.
C'est maintenant que tout allait se jouer.
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L'immense et majestueuse salle en arc de cercle était presque vide – quelques rares Lords et Ladies qui ne leur accordèrent aucune attention. Face à eux, surplombant le Magenmagot, trônait le siège du ministre et du président – alias Dumbledore. Les sièges confortables des Lords étaient regroupés en deux parties – les neutres n'existant plus dans cette situation en crise. A droite, les modernistes, parti de Dumbledore, fervent protecteur de la Lumière et de la Magie Blanche, œuvrant de tout son possible pour effacer les Créatures Sombres et la Magie Noire. Ron trouvait cela stupide. La Magie ne pouvait être séparée, cela allait contre l'existence même de Médée.
A gauche, les traditionalistes avec Thomas Gaunt à leur tête. Bien qu'alliés avec les deux frères, Ron n'arrivait pas à embrasser leurs idéaux. Certes, il était important de préserver les traditions mais on devait aussi accepter la modernité pour évoluer. Et le problème majeur des traditionalistes, c'est qu'ils acceptaient difficilement le progrès. C'était dommage, après tout, avec l'arrivé de Enki Mucha et de Nathaniel Morgan, ils changeaient doucement, s'ouvrant sur le monde les entourant. Depuis son enfance, les mentalités des Sorciers aux noyaux noirs changeaient progressivement. Il y avait encore du progrès à faire, mais ils acceptaient maintenant plus facilement les Muggles, les Muggles-borns et la Magie Blanche. Néanmoins, ils hésitaient encore à ouvrir leurs traditions et leur culture. Et ceci était embêtant. Ron avait prévu d'y travailler, sachant qu'Harry passerait plus de temps avec son parrain plutôt qu'à l'aider.
Harry le poussa un peu, le forçant à avancer. Il se pressa doucement contre lui, cherchant du réconfort. En effet, à partir de maintenant, ils allaient agir comme des étrangers. Ils devaient s'accaparer les bonnes faveurs de Dumbledore sans attirer les soupçons. Ils ne se verraient plus qu'en privé ou avec leurs alliés. Ils ne pourraient plus se réconforter, chercher la chaleur de l'autre. Pour la première fois depuis quatre ans, ils se séparaient. Et Ron se sentait tout drôle comme si c'était un rêve. Avec Salazar et Godric, et ensuite avec Ragnarök et Gaunt, ils avaient planifié leur arrivée dans les moindres détails. Mais jusqu'à présent cela lui avait semblé si loin. Et maintenant les voilà, là.
Prenant une grande inspiration, Ron hocha la tête, un léger sourire aux lèvres. Son frère l'imita avant d'arborer un masque adorable, innocent. Le fourbe, pensa Ron, Harry avait tout d'un serpent sournois et rusé, et voilà qu'il se faisait passer pour un chaton incapable de faire du mal à une mouche. A croire qu'il n'avait jamais torturé son oncle et sa tante. Ron retint un rire sadique en repensant au sort misérable des Dursley. Il chérirait jusqu'à sa mort le souvenir des visages défaits et terrifiés des trois humains.
Ron s'engagea dans l'escalier, rejoignant le siège possédant ses armoiries, un griffon doré de profil. Il s'assit au sein même du parti moderniste. Son frère se retrouva à la limite des deux partis, montrant une fausse indécision. Suivant les informations obtenues par le peuple des vipères et de Gaunt, Dumbledore ferait tout pour essayer de gagner les faveurs du dernier Lord Peverell, le ministre de même. Et ils comptaient là-dessus pour braquer les projecteurs sur eux (les médias allaient sans aucun doute s'emparer de leur retour pour faire les gros titres). Leurs alliés pourraient ainsi commencer leur plan dans l'ombre, sans se faire remarquer.
Les bras croisés sur son torse, le mage ferma les yeux, profitant pour se reposer un peu. Il resta néanmoins prêt à réagir, ses oreilles à l'affût.
Son esprit vagabonda rapidement au jour de leur rencontre avec les traditionalistes. Il n'avait certainement pas prévu de se retrouver face à Sirius Black, le célèbre fugitif invisible d'Angleterre depuis presque quatre ans. Ce 'traitre' aurait dénoncé les parents d'Harry. Et Ron l'avait haï pour ça, pour avoir détruit l'enfance de son frère. Il avait souhaité sa mort. Lorsque Ragnarök leur avait évoqué le sujet de Sirius Black, Ron avait cru faire un arrêt cardiaque. Coupable ou non, Black n'avait eu aucun procès, ce qui allait à l'encontre des lois sorcières. A cause – ou grâce – à cela, son compte bancaire subsistait toujours. Il y avait une mince possibilité que le parrain d'Harry soit innocent et qu'il avait été pris dans un des innombrables complots de Dumbledore.
Et il avait eu raison de douter : Sirius Black était bel et bien innocent. Un innocent à qui on avait tout arraché : sa famille, ses amis, sa vie… Caché auprès de sa cousine, Narcissa Malfoy, et aidant les traditionalistes dans l'ombre, son apparition brusque pendant l'entrevue avait été une surprise totale. Et, malgré les années séparées, il avait reconnu son filleul rien qu'avec ses yeux, les mêmes yeux émeraudes que sa mère – bien que beaucoup plus profonds. Après quoi, les deux Mages n'avaient pas vraiment eu le choix, ils avaient raconté la vérité.
Disons plutôt qu'ils avaient arrangé la vérité. Pour les traditionalistes et Sirius, Ron et Harry n'avaient survécu que par chance (plusieurs tremblèrent de rage en apprenant le complot, le plan d'assassinat de Lockhart et de Dumbledore). En effet, dans la Chambre, ils avaient trouvé les célèbres appartements de Salazar Slytherin – ils n'avaient pas dit un mot sur le Basilic et le Phénix, ce n'était pas le moment, ils ne savaient toujours pas s'ils pouvaient accorder leur confiance – et grâce à cela, ils avaient pu apprendre grâce aux anciens manuscrits, découvrant leurs origines. Etant connectés au château – à Serpentaire – ils avaient pu appeler des Elfes de maison pour manger, boire etc.
Leur mensonge teinté de vérité avait fonctionné.
Maintenant, Sirius et Harry tentaient de rattraper le temps perdu – peut-être pourraient-ils lui narrer un jour l'histoire entière. Ils avaient appris le passé des Maraudeurs – Ron était persuadé qu'ils deviendraient les dieux pour les jumeaux une fois libre (le rouquin rageait encore pour la tragédie touchant ses chers grands frères, il ferait tout pour les sauver). Malheureusement, cela avait fini sur une discussion à propos de ce traitre de Peter Pettigrew et de la mort mystérieuse de Rémus Lupin.
Après quoi, Ron avait dû surveiller de près ce Blaise Zabini. Celui-là n'arrêtait pas de tourner autour de son frère, posant des questions de son point de vue indiscrètes. Il tentait de garder son calme, de se contenir pour montrer une image positive de lui-même. Mais il avait eu du mal – et il avait encore du mal. Il crissa des dents rien que de penser à ce maudit italien dragueur. Surtout que son frère était extrêmement intéressé par son aura spéciale ce qui faisait qu'il répondait à toutes les questions avec un immense sourire innocent. Ron pouvait presque croire qu'Harry répondait doucement à ses avances. La mère de cet…enfoiré…, la douce mais dangereuse Lady Bianca Zabini semblait également avoir adopté le petit brun – à la plus grande horreur du rouquin. Elle devait sûrement avoir perçu l'intérêt de son fils pour son frère. Aussi gentille – et mystérieuse – soit-elle, Ron était heureux qu'elle ne soit pas présente au Magenmagot, elle aurait probablement collé son frère tout le long de la séance pour mieux le connaître. En effet, elle était une Lady italienne et non anglaise, elle ne possédait donc pas de siège.
Etrangement, à cause de son énervement et de son comportement protecteur, il reçut des encouragements navrés et amusés de la part de Daphné Greengrass – une magnifique jeune femme qui avait eu la vie dure ces dernières années – et de gentilles moqueries venant de Malfoy. Le blond était la personne l'ayant le plus surpris. Il avait tellement changé, perdant son arrogance et sa supériorité. Il avait gagné en maturité, ce qui lui plaisait étrangement, lui envoyant une sensation inconnue de chaleur dans son corps. Avec Théodore Nott – qui parlait tout le temps de son adorable fiancée, Padma Patil – ils avaient lancé une longue discussion sur Hogwarts, Dumbledore, Longbottom et Granger. La simple mention de leur ex-meilleur amie le remplit de rage et de chagrin. Il ne comprenait toujours pas…pourquoi les avoir trahis ? Ils avaient pourtant accueilli la jeune fille solitaire à bras ouvert ! Il avait même commencé à ressentir des sentiments pour elle. Mais elle était de mèche avec le directeur, pour une raison qu'il ignorait et même Serpentaire et Godric n'avaient pu les renseigner, à croire qu'un seau de secret entourait Granger. Il regrettait d'avoir donné sa confiance aussi facilement envers une fille qui n'hésitait pas à leur planter un couteau dans le dos juste pour leur inclinaison magique. Sa trahison n'avait pas fait aussi mal que celle de sa famille mais tout de même…et cela avait dévasté Harry qui n'avait jamais connu d'autres amis avant. Et pour le mal fait, Ron haïssait autant qu'il pleurait Granger.
« Hum, hum… » Toussota une voix masculine à sa gauche.
Ron se retint de sursauter. Il ouvrit juste les yeux, nonchalant avec une assurance qu'il avait parfaite pour tomber sur un homme d'une quarantaine d'années. Il était de taille moyenne, un peu bedonnant, les cheveux blond-gris, des yeux perçants, intelligents et rusés noirs. Sa noblesse ne faisait aucun doute, il était richement vêtu et s'en pavanait. Ron ne savait pas s'il devait apprécier cet homme. Il semblait cacher son jeu avec son sourire bienveillant rappelant bien trop Dumbledore. Mais Ron ne pouvait pas se permettre d'en faire un ennemi : après tout il ne le connaissait pas.
« Pardonnez-moi, j'étais perdu dans mes pensées. » S'excusa poliment Ron, ils se serrèrent la main. « Lord Apophis Gryffindor. » Se présenta-t-il.
« Oh ! Quelle surprise ! » Etrangement, Ron ne croyait pas en sa surprise, il semblait parfaitement au courant de qui il était, les nouvelles allaient vite. « Lord Andrew Smith, enchanté. »
Ah ! Effectivement, cela ne l'étonna pas si le Lord connaissait son nom. Cet homme était réputé pour être un véritable informateur au service de Dumbledore. Il était un fouineur, patron de La Gazette du Sorcier, prêt à tout pour faire du profit grâce aux informations. Ragnarök les avait prévenus de faire attention à ce qu'ils diraient, de peur que leurs paroles soient décortiquées et sorties hors contexte. La famille de journalistes – bien que très riche – bénéficiait de la protection de puissants pour contrôler l'information. Pour cette raison, on n'était jamais certain de leurs alliances et affiliations. En cet instant, les Smith léchaient les pieds de Dumbledore. Mais pour combien de temps ?
De plus, Lord Smith restait une épine dans le pied pour une autre raison. Il était de la descendance d'Helga Hufflepuff. Beaucoup doutaient de leur ascendance mais Salazar et Godric avaient été clairs : les Smith venaient bel et bien de leur amie, la guerrière viking, Helga. Ils préféraient garder le mystère autour d'eux pour posséder une aura inquiétante. En effet, si personne n'était sûr de leur filiation, ils ne risquaient rien. Que se passerait-il si un des Smith mourait dans d'étranges circonstances et qu'ils étaient bien des Hufflepuff ? Cela provoquerait un pur chaos.
« De vous à moi, Lord Gryffindor, je suis ravi de rencontrer l'un de mes alliés en ces murs… » Glissa Lord Smith à son oreille.
Ron grimaça. Juste avec ces mots, Smith lui envoyait un message : ils étaient du même bord en plus de lui dire qu'il descendait vraiment de Hufflepuff.
« De même… » Ron lui lança un sourire conspirateur, complice, décidant de jouer le jeu.
« Cela doit vous faire drôle d'être ici. » Andrew balaya discrètement la salle qui se remplissait peu à peu. « Depuis la disparition de votre famille, on ne s'attendait pas à votre retour. »
« Il est vrai que ma famille a longtemps déserté son siège pour des raisons de sécurité. » Il n'avait pas tout à fait tort. « Mais aujourd'hui tout va bien, nous sommes de retour. » Il prit un air confiant.
« Vous êtes bien jeune. » Analysa Andrew, le contemplant de bas en haut.
Non ? Sans blague ? Il n'avait que 17 ans ! Pas 48 ! Bien sûr qu'il était jeune. Ron résista de l'envoyer balader pour sa remarque sans intérêt et particulièrement non pertinente.
« Puis-je vous donner un conseil ? » Smith s'approcha de lui comme le ferai un vieil ami, Ron hocha la tête, se retenant de rouler de yeux, agacé. « Vous manquez d'expérience dû à votre âge. Nombreux sont les requins dans cette pièce. Ils n'hésiteront pas à pour détruire pour leur ambition. »
Ah, parce que lui n'était pas un requin peut-être ? Pensa-t-il, sarcastique. Aux dernières nouvelles, Andrew Smith ferait n'importe quoi pour obtenir le plus d'argent possible ! Sincèrement, il pouvait lui épargner ce discours. Il était parfaitement capable de gérer les discussions. Oui, il manquait d'expérience, Harry comme lui le savaient parfaitement bien. Ils prenaient des risques de se faire humilier mais, comme le disait Godric – et même sa tante Muriel – on apprend de ses erreurs. Et puis…ce n'était pas comme s'ils s'étaient entraînés en compagnie de deux fondateurs considérés comme morts et avec un Gobelin réputé comme être l'un des plus machiavéliques et manipulateurs de son peuple. A peine.
« Je prendrais soin de retenir vos conseils, my Lord. » Remercia le rouquin, charismatique.
Il rapporta son regard sur la salle désormais presque remplie. Seulement quelques sièges étaient vides. Le Lord brillant par son absence n'était autre que Lord Xenophilius Lovegood, connu pour être également Lord Ravenclaw. Son siège était vide depuis la mort de sa femme, Pandora. Il refusait de se retrouver dans les affaires et complots, il avait peur – à juste raison – d'y mêler sa fille, Luna, à toutes ces histoires. Il préférait s'occuper de son petit journal et de ses recherches. Ron ne pouvait lui en vouloir. Si Lockhart, Dumbledore et sa famille n'étaient pas intervenus pour mettre fin à sa vie, Ron doutait qu'il s'intéresse à la politique. Le siège Prewett était lui aussi vide, pour une raison que seul un cercle restreint de personnes savait. Le siège Prince restait béant pour éviter d'éveiller les soupçons : Severus Snape ne pouvait montrer son visage dans une telle assemblée à un moment pareil.
Son regard tomba sur son frère. Le jeune aveugle – pas si aveugle que ça – surveillait son entourage avec soin. Personne n'osait lui adresser la parole, son regard émeraude perçant devait intimider ou sa canne devait susciter des questions. Ron ne doutait pas qu'à la fin de cette séance, beaucoup de Sorciers se bousculeraient sûrement pour lui parler.
Il détourna ses yeux saphir d'Harry, s'il le fixait comme cela, il apporterait une attention suspicieuse sur eux. Il balaya rapidement la tribune face à lui. Leurs alliés secrets traditionalistes ne lui accordaient pas la moindre attention, Lord Gaunt s'autorisa même à le fusiller de ses yeux glaciaux pour occuper un siège du côté de la Lumière. Aucune chance de penser qu'ils avaient pu discuter calmement peu de temps auparavant.
Une lueur rousse l'attira soudain. Le jeune mage cligna doucement des yeux. Reconnaissant sans aucun mal la Lady venant d'entrer, il agrippa fermement le pommeau de son siège pour s'empêcher de se lever brutalement ou de partir dans une crise de panique. Il laissa son don lui échapper un peu, brûlant le bois de cèdre. Ron soufflait, tentant de garder son calme. Il avait de plus en plus de mal. Devant lui se trouvait une des femmes qu'il haïssait plus que tout. Il n'avait qu'à lancer une boule de feu, appeler du magma et la faire disparaître à tout jamais, même devant témoins. Ron sentait le 'regard' inquiet de son frère mais il l'ignora. Tout ce qui l'intéressait était cette femme abjecte. Oh, il voulait la voir brûler, souffrir…
Le bois brûlé apporta une légère odeur à son nez mais qu'importe…Il attendait une chose : qu'elle s'approche, pour la tuer une bonne fois pour toutes. Soudain un froid intense sur sa main le fit sursauter. Intrigué, il baissa des yeux pour voir sa main emprisonnée dans de la glace. Il cligna juste des yeux, il ne comprit pas tout de suite ce qui lui arrivait. Il leva la tête et plongea ses yeux dans ceux d'Harry. Son frère avait un doigt levé et hochait négativement la tête, l'intimant de ne rien faire.
Ron se força à inspirer longuement. Il ne devait pas craquer maintenant. Penser au plan, il devait penser au plan. Il ne devait pas tout gâcher après tant d'années d'effort. De nouveau calme, il ne relâcha pas l'avancée de cette femme des yeux.
« Elle vous intrigue ? » Ron tourna la tête vers Smith. « Lady Molly Weasley. Lady depuis peu mais expérimentée. » Il rit légèrement. « Ce n'est pas surprenant, ses parents l'ont formée à être une Lady depuis son plus jeune âge. Ils ont dû être déçus quand elle s'est mariée à Arthur Weasley ! »
« Pourquoi me raconter cela ? » Chuchota le jeune mage.
Le Sorcier le regarda avec une fausse sympathie.
« Vous me sembliez surpris par sa présence. »
« Excusez-moi, je ne suis rentré que récemment en Angleterre. » Le rouquin inclina la tête sur le côté. « Les renseignements dont je dispose sont…un peu daté. Je ne m'attendais pas à la présence de Weasley au Magenmagot. Selon mes sources, ils ne sont pas Lords. »
« C'était le cas il y a de cela quatre ans. » Acquiesça le journaliste. « Si vous le souhaitez, je peux vous envoyer toutes les archives dont je dispose sur leur nomination en tant que Lords. »
« J'en serai ravi ! » Cela permit à Ron de détourner sa rage.
Molly s'assit et entama une discussion engagée auprès de la stricte Lady Augusta Longbottom. Ron la connaissait assez pour savoir qu'elle cachait sa colère derrière un masque de mère, il avait suffisamment subi sa colère dans sa jeunesse. Molly avait cette habitude de tiquer des sourcils quand elle s'énervait. Il avait une bonne idée de la raison de sa colère : après tout sa chère tante Muriel lui avait offert un joli titre. Ron observa sa génitrice passer une main dans ses magnifiques cheveux roux flamboyants. Il était franchement heureux de ne plus ressembler aux Weasley – merci aux quatre ans passés dans une cave, ses cheveux roux étant plus sombres et ses yeux plus clairs – cela ne lui manquait pas. Rien ne pouvait le relier à cette famille – sauf sa tante qui possédait un ultra instinct.
En la voyant aussi soucieuse de son rang, Ron se demanda où était passée la simplicité complice et confortable dans laquelle il avait vécu. Même s'il avait été mis de côté, manipulé et ensorcelé comme un objet réutilisable, il gardait des bons souvenirs : sa sœur, les jumeaux et lui en pleine bataille d'eau dans un été caniculaire, les repas splendides et délicieux de Molly, les soirées jeux de sociétés et échecs etc. Pourquoi avoir tout détruit alors qu'ils vivaient heureux ? Pour le pouvoir ? La richesse ? La renommée ? Le racisme ? Les liens familiaux ne comptaient donc pas ? L'amitié forgée avec Granger ne comptait pas ?
Cela faisait quatre ans que Harry et lui avaient été trahis. Parfois, le jeune mage – comme Harry – avait des réminiscences de bons souvenirs. Ils avaient du mal à y croire, cela sonnait plutôt comme un mauvais cauchemar qui disparaitrait au réveil. Cependant…au matin, la réalité reprenait le dessus.
Ron ne pouvait pas continuer à se lamenter, à s'apitoyer sur son sort. Il n'avait pas le choix, non ? Il devait juste continuer à avancer, à changer ce monde perdu par la folie des Sorciers. Médée comptait sur eux. Serpentaire aussi. Et il refusait de vivre dans un monde aussi corrompu, injuste, inégalitaire.
Ses yeux dérivèrent de Molly. Elle payera sa trahison. Elle payera pour la condition horrible de George et Fred. Il les sauvera il se le promit. Il ne pouvait les laisser vivre dans cet enfer plus longtemps. Mais que pouvait-il faire pour le moment ? Ron ne pouvait agir sans détruire le plan et sa couverture… Tout reposait sur Lady Zabini et Nathaniel Morgan – et Sirius – qui recherchaient des indices, un moyen de les libérer. Peut-être devrait-il les mettre en relation avec Ragnarök. Leur ami Gobelin se ferait un plaisir de les aider.
« Bonjour My Ladies, Lords, bonjour. » La voix chaleureuse et sage de Dumbledore le ramena hors de ses pensées.
Ron n'avait pas remarqué l'entrée du Président du Magenmagot et du ministre Fudge. Ils étaient assis dans leurs sièges respectifs, dominant l'assemblée, des documents posés devant eux, sur une petite table. Et il s'empêcha tout juste de tuer sur le champ le vieux directeur responsable de leur malheur. Il revoyait l'homme pour la première fois depuis quatre ans et sa haine ne fut que renforcée à la vue de ces yeux bleus brillants et chaleureux, comme s'il n'avait pas été le marionnettiste derrière leur tentative d'assassinat. Oh, qu'est-ce qu'il rêvait de le brûler…
« Que la Magie soit avec vous. » Le vieil homme récita les phrases rituelles d'ouverture de séance. « Je déclare la séance ouverte. » Il s'inclina respectueusement, ce qui fit grincer des dents Ron.
Lord Gaunt et Lord Malfoy les avaient pris à part suite à leur rencontre au manoir. Ils leur avaient donné une leçon plus que bienvenue sur le fonctionnement et les rituels du Magenmagot. Selon eux, après la parole du Président pour ouvrir la séance, le ministre annonçait les nouveaux Lords et Ladies lorsqu'ils y en avaient, et sinon, le Président reprenait la parole demandant si quelqu'un avait quelque chose à dire. Après quoi, le Président annonçait le sujet de la séance du jour, le ministre récapitulait les demandes de l'assemblée et, enfin, le Président concluait la séance avec les phrases rituelles.
Ce fut donc sans surprise quand Fudge se leva avec révérence, se redressant de toute sa hauteur – Ron se retint de rire quand il vit le ventre de l'homme dépasser – essayant de donner une bonne image de lui-même aux nouveaux venus. Le ministre se racla la gorge :
« Nous avons l'honneur d'accueillir deux Lords au sein de notre glorieuse assemblée. » Sa voix grassouillette raisonna dans le silence anticipateur, pressé de les voir, la majorité des Lords savaient déjà leur nom. « Lord Apophis Gryffindor. » Il désigna d'un geste de la main Ron.
Le rouquin se leva, un sourire charmeur, et salua l'assemblée. Comme convenu, les nobles le regardaient comme une bande de requins, prêts à tout pour se jeter sur le jeune descendant d'un Fondateur. Ron prit sur lui pour ne pas grimacer de dégoût. En face, Gaunt lui fit un sourire contrit et amusé. Evidemment, soupira intérieurement Ron, le plus vieux était lui aussi passé par là. Enfin, il se rassit sous les applaudissements de bienvenue.
« Et Lord Enkô Peverell. » Fudge se tourna vers son frère.
Harry se redressa également, un air adorable sur son visage, impossible de penser qu'il était capable de geler la salle entière en une seconde. Il agrippa sa main autour de sa canne et laissa ses yeux émeraude fixer le vide devant lui, probablement dans l'intention de montrer sa fausse faiblesse. Les nobles le penseraient plus manipulable avec sa cécité. C'était l'objectif. Même les traditionalistes – hormis Sirius qui avait dû jurer sur sa magie – ignoraient qu'il possédait la lecture des auras.
Cela réussi, Ron entendit Lord Smith marmonner dans sa fine barbe, enthousiaste. Il ne doutait pas que le patron de la Gazette du Sorcier allait dédier tout un article au duo, mettant sûrement en évidence leurs faiblesses, comme leur jeunesse et la cécité d'Harry. Absolument parfait !
Harry joua le jeu jusqu'au bout : il tâtonna le siège derrière lui, dans l'intention de se rasseoir. La Lady assise à ses côtés, une belle brune d'une quarantaine d'années bien conservée, de haute taille, l'aida tout de suite. Ron haussa un sourcil, intéressé par cette noble dame. Que cela soit par sa posture, son air humble et par ses vêtements nobles mais simples, elle respirait la justice et la dominance.
Le rouquin tiqua. Qu'il pouvait être stupide, parfois ! Evidemment qu'elle lui disait quelque chose, il avait souvent entendu parler d'elle ! Dans les repas de famille, dans sa jeunesse, ou dans les journaux ! Elle était Amélia Bones ! L'incorruptible et droite meneuse du département de la justice, la seule Sorcière qui méritait un statut de Mage. Sa tante Muriel l'avait parfaitement formée. Néanmoins, il doutait profondément sur un point : jamais elle n'accepterait de s'allier avec qui que ce soit, quelle que soit la noblesse de leur objectif. En effet, de ce qu'il savait – grâce à tante Muriel – elle ne vivait que pour représenter la justice, qu'importait son camp, son rang et son sang. Pour cette simple raison, elle était sûrement la seule personne neutre de la salle et jamais elle ne subirait un complot. Bien trop de gens l'appréciaient ! Même Dumbledore ! La faire disparaître déclencherait une vague de crise dans l'ensemble de l'Angleterre.
Sûrement devrait-il lui glisser quelques mots sur la situation injuste de Sirius ?
« Je vous remercie. » Termina le ministre s'inclinant avant de se rasseoir.
Dumbledore le remplaça. Il se leva, grand et fort malgré son âge avancé, il s'imposait sans avoir besoin de sortir son aura externe. Un silence solennel et respectueux – même du côté des traditionalistes – s'empara de l'assemblée. Ron ne pouvait le nier malgré sa haine pour le vieil homme, il possédait cette attirance mystérieuse et puissante. Le Directeur serait vraiment un ennemi dur à abattre, cela semblait presque impossible ! Heureusement qu'Harry et lui pouvaient compter sur Ragnarök et les siens. Ron retint un rictus malicieux.
« Bienvenue à vous, my Lords, my Ladies. Et surtout, bienvenue Lord Gryffindor et Lord Peverell. » Ron inclina la tête. « Je suis heureux de compter de nouveaux membres parmi nous ! »
Dumbledore fit son célèbre sourire made in grand-père à l'assemblée. Ron soupira intérieurement. Les discours à rallonge du vieil homme – bien qu'hypnotisants – avaient un certain effet soporifique sur lui. Cela ne lui avait pas vraiment manqué. Peut-être devrait-il l'enregistrer ? Histoire d'avoir un somnifère en cas d'insomnie…
« En ce début de séance, avons-nous un sujet particulier à aborder ? » Le regard de Dumbledore traversa l'assemblée. « Quelqu'un désire la parole ? »
Une main se leva au fond de la salle, hors du regard de Ron. Dumbledore lui accorda la parole.
« Une seule chose m'importune : pourquoi le criminel Sirius Black court toujours ? » Une voix masculine, inconnue, et dégoûtée claqua dans le silence. « Que font les Aurors ? Presque quatre ans que nous n'avons plus aucune trace de lui ! »
Il y eut des murmures indignés mais les nobles étaient en cohésion avec l'homme, du côté de la lumière. Ron observa les traditionalistes, notamment Lord Malfoy, grincer des dents. Ron le comprenait, Sirius, le cher cousin de sa femme, était leur protégé. Le fait d'insulter Sirius Black revenait à l'insulter. Ron ne pouvait que songer à ce que son frère devait penser en cet instant : il devait être d'une colère glaciale.
« Je crois me souvenir avoir fait le point sur cette question, le mois précédent ! » Un homme se leva d'un bond, Ron le reconnu comme être Lord Rufus Scrimgeour, le chef du bureau des Aurors (il avait dîné un jour avec eux quand il avait 9 ans). « Nous ne pouvons rien faire ! Black n'a plus refait surface depuis sa vague apparition à Hogwarts ! Que faire ? Il a sûrement quitté le pays à l'heure qu'il est ! »
« C'est votre travail, Lord Scrimgeour, d'assurer notre sécurité ! » Répliqua l'homme, colérique, il attaqua. « A quoi servent les Aurors s'ils ne peuvent arrêter un seul fuyard ? A quoi servez-vous ? »
« Black est rusé ! » S'emporta le chef des Aurors, défendant son métier. « Vous le savez autant que moi ! Il est le seul à avoir réussi à fuir Azkaban ! Il est parfaitement capable de camoufler ses traces. »
« Vos excuses ne m'intéressent pas ! Vous êtes seulement… »
« My Lords, je vous en prie, calmez-vous. » Interrompit Dumbledore en levant les bras, symbole de paix. « Nous sommes les nobles représentants du Magenmagot et non des enfants. Ce comportement n'est pas toléré dans cette assemblée. »
Le directeur adressa une œillade perçante vers les deux hommes qui se rassirent et se turent. L'autorité impressionnante de Dumbledore laissait Ron frissonnant. Cet homme était un monstre. Comment pouvaient-ils s'imaginer le battre ? Il doutait malgré tout son entraînement auprès des deux Fondateurs. Il grimaça presque et posa une main distraite sur son crâne. Si Godric l'entendait penser maintenant, il recevrait sans aucun doute quelques douloureux coups de bec.
« Nous nous sommes déjà prononcés sur cette question. » Continua le vieil homme parfaitement calme. « Black est en cavale, nous n'aurons aucun mal à l'appréhender dès qu'il refera surface. Mais laissons faire nos chers Aurors. Lord Scrimgeour fait de tout son possible pour le traquer. Ce n'est qu'une question de temps… » Il laissa sa phrase en suspense, laissant à l'assemblée le soin d'imaginer la suite. « Autre chose ? »
« Président Dumbledore. » Amélia Bones se redressa, droite.
Dumbledore l'autorisa à prendre la parole d'un hochement la tête. Lady Bones se leva lentement, captant l'attention de tous. Elle savait comment se faire respecter.
« J'aimerai poser une condition sur la question de Sirius Black. »
Sa demande étrange suscita l'intérêt général. Ron haussa un sourcil, curieux de ce qu'elle allait dire. Se pourrait-elle qu'elle ait découvert le manque de procès ? La connaissant, cela ne serait pas surprenant.
« Allez-y. » L'invita le vieil homme à continuer, curieux.
« Je viens de remarquer un détail. » Commença-t-elle, la voix basse, douce et attirante. « Un détail qui a son importance. » Elle posa sa main sur le cœur. « Vous connaissez tous ici présents mon amour pour la justice. Pour cette simple raison, j'aime me perdre dans les archives d'anciens procès, les vérifier et les rejouer dans ma tête. » Elle marqua une pause, balayant de ses yeux chocolat les nobles. « Je suis tombée sur une bien étrange histoire… »
« Quelle est cette histoire, Lady Bones ? » S'intéressa vivement le ministre Fudge fort intrigué.
« J'y venais, Mr le ministre. » Elle sourit poliment. « Je suis tombée sur l'histoire de Sirius Black lui-même. »
Il eut des murmures bas volant d'un siège à l'autre. Ron sentit Lord Smith frétiller comme un poisson dans de l'eau cristalline pure. Il semblait impatient de connaitre le fin mot de l'histoire, prêt à tout pour faire les gros titres. Face à lui, il remarqua sans mal la confusion dans les traits nobles des traditionalistes, même si Gaunt le cachait bien.
« Je vais être brève. » Continua dramatiquement la fière Lady. « Mais avant de continuer, je voudrais poser quelques questions. Puis-je ? » Elle se tourna vers Dumbledore.
Celui-ci, intrigué par la tournure des évènements, lui fit signe de continuer. Il faut dire, Lady Bones avait le don de la parole, elle savait comment s'y prendre pour capter la foule. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait bâti une telle réputation en si peu de temps. Et ce n'était pas pour rien qu'elle avait été prise sous l'aile maternelle mais stricte de sa tante Muriel.
« Nous sommes tous ici d'accord qu'un homme – ou une femme – accusé d'un crime, quel qu'il soit, doit être soumis à la justice ? » Les nobles approuvèrent par des hochements de tête ou par des murmures. « Il est normal, selon vous, de subir un procès qu'importe l'accusation, le sang, le rang ? » D'autres approbations. Elle continua son raisonnement impassible. « Si l'on vous dit qu'un homme a trahi ses amis pour le pouvoir et qu'ils ont été assassinés, a-t-il le droit à un procès ? » Certains tiquèrent à cet exemple mais ils approuvèrent.
Ron, qui avait déjà compris son jeu, vit des nobles ouvrir grand la bouche.
« Dans ce cas, pourquoi Sirius Black n'a jamais eu de procès ? Pourquoi a-t-il été condamné à Azkaban sans procès ? Était-il coupable ? Ou était-il vraiment innocent comme il le prétendait ? » La voix d'Amélia Bones se perdit dans des cris outragés, indignés.
Ron observa bouche bée le brouhaha et la cacophonie choquée des nobles. Hé ? Même lui se comportait de façon plus mature. Mais Ron ne pouvait leur en vouloir. Apprendre qu'un Lord n'avait pas eu de procès pouvait être atterrant. S'il n'avait pas été mis au courant plus tôt, il aurait eu la même réaction.
Il tourna la tête vers Dumbledore. Son masque de grand-père avait légèrement craqué, Ron pouvait l'apercevoir fumer de colère. Oh ? Il avait quelque chose contre Sirius ? Ne voulait-il pas le voir libre ? Cela ne l'étonnerait pas, cette histoire pouvait affaiblir son influence. Après tout, il était Président du Magenmagot à cette époque et il était de notoriété commune qu'il était attaché à Sirius et à sa bande. Le fait qu'il ne s'était pas imposé pour que l'homme ait un procès malgré son pouvoir pouvait lui nuire.
Mais la question principale n'était pas là : pourquoi Lady Bones avait attendu ce jour précis pour parler de cette histoire ? Elle en avait eu l'occasion à maintes reprises…
Le jeune mage laissa son regard tomber sur son petit frère. Le brun souriait malicieusement, heureux ou…plutôt fier de son coup. Ses prunelles vertes profondes brillaient, ne dérivant pas de la forme de la Lady. Ron comprit tout de suite. Un sourire vint s'inscrire sur ses lèvres.
Le petit renard rusé. Il avait parfaitement tout calculé.
Il avait choisi sa place dans l'assemblée exprès. Non parce qu'il voulait faire preuve de neutralité pendant un temps mais pour être assis près de Lady Amélia Bones. Harry avait dû glisser quelques mots et quelques documents prouvant ses dires à la femme. Juste comme elle était, Bones s'était tout de suite révoltée. Cela expliquait tout. Ron frissonna devant la vive réflexion presque terrifiante de son rusé de petit frère. Même lui ne l'avait pas vu venir. Harry n'était vraiment pas un adversaire avec lequel il voulait se confronter.
« Pouvez-vous nous prouver vos paroles, Lady Bones ? » La voix inquiète à la limite de la panique du ministre calma l'assemblée. « Ce que vous nous dites est très grave ! »
Lady Bones sortit de sa robe des documents – ce qui prouva à Ron qu'Harry avait donné des documents – et les dupliqua d'un coup de baguette pour les envoyer aux quatre coins de la salle. Les nobles se précipitèrent pour lire avec gravité.
« Voilà mes preuves. » Affirma-t-elle. « Si vous ne me croyez pas, faites-les vérifier ! Tout est vrai ! »
« En effet ! » S'écria Lord Malfoy, Ron remarqua qu'il était plein d'espoir. « Ces documents sont vrais ! »
« Que faire dans ce cas ? » Demanda Lady Longbottom d'une voix froide, comme à son habitude. « Nous ne pouvons renvoyer Black à Azkaban sans procès, cela nuirait à notre image. »
Ron roula des yeux, fatigué. Les Sorciers et l'image…vraiment agaçant…Ils ne pouvaient rien faire sans se questionner de l'image renvoyée, comme un jeu les empêchant de vivre pleinement. Cela était insupportable et malheureusement le rouquin devait jouer avec ces règles encore un peu.
« C'est ce que je demande. » Lady Bones se tourna vers Rufus Scrimgeour. « Demandez à vos Aurors de capturer Black en vie, il se doit d'avoir un procès, coupable ou non ! » Elle regarda ensuite Dumbledore et Fudge. « Cela ne vous pose aucun problème ? »
« Non, non, faites, faites. » Accorda rapidement Fudge, paniqué de perdre son poste après cette scandaleuse affaire. « Cela ne vous gêne pas, Président ? »
« Au contraire. » Le vieil homme avait repris son masque de grand-père rassurant. « Qu'il en soit ainsi ! Que Black soit capturé et qu'il ait un procès ! » Annonça-t-il levant sa main.
L'assemblée fut rassurée. Black aura un procès et justice sera faite. Tel était le choix de l'assemblée. Et même si Dumbledore était furieux, il ne pouvait revenir sur une telle décision. Et jamais, il ne pourra savoir d'où Bones tenait véritablement ses documents.
La représentante de la justice se rassit, un sourire satisfait aux lèvres, inclinant la tête respectueusement aux nobles la gratifiant. Elle posa une main sur l'épaule d'Harry. Celui-ci avait repris son masque innocent, adorable. Rien à voir avec l'être malicieux et calculateur qu'il avait été. Rien ni personne ne pouvait le soupçonner. Et Ron avait vraiment du mal à croire que son frère avait accompli son premier mouvement politique dans l'ombre, dès la première séance. Harry et lui avaient pourtant décidé de passer la première séance du Magenmagot à observer son déroulement. Peut-être qu'Harry ne voulait pas laisser passer l'occasion ? Il se sentait nul comparé à lui, il n'avait rien accompli.
« Silence, s'il vous plaît ! » Dumbledore claqua des doigts, rappelant à l'ordre. « Nous avons encore à discuter ! » Il attendit le calme complet et reprit : « Avant tout, quelqu'un désire ajouter quelque chose ? »
Lord Smith marmonna assez bas pour que seul Ron puisse l'entendre.
« On devrait peut-être parler des Gobelins, non ? Ils deviennent vraiment insupportables ! Ils ont failli me refuser l'accès à mon compte la dernière fois ! »
Ron sourit, connaisseur mais ne dit rien. Il n'y avait rien à dire. Dumbledore poursuivit :
« Bien, bien. Passons à l'ordre du jour. »
Dumbledore s'empara du papier devant lui et le lut haut et fort pour que tous l'entendent. Ron se pencha en avant.
« Nous aborderons le sujet suivant : Voldemort et son possible retour. »
Ron vit la majorité de la salle frissonner d'effroi à l'entente du nom maudit. Rare étaient ceux ne réagissant pas – évidemment, il en faisait parti. Puis certains murmurèrent, scandalisés.
« Nous avons déjà abordé ce sujet ! » S'écria quelqu'un, agacé.
« Il est revenu ! » S'écria un autre.
« Il n'est pas revenu » Répliqua son voisin.
« Vous remettez en doute la parole de Dumbledore et du Survivant ? » Enchaîna Lady Molly Weasley, la voix mordante.
Cela mit fin au débat puéril. Il haïssait Molly, mais Ron ne pouvait nier qu'elle avait raison. En effet, pourquoi Dumbledore et Neville Longbottom mentiraient sur un tel sujet ? Cela n'avait pas de sens ! Et certes, Ron avait longtemps douté sur l'éventuel retour de Voldemort mais Muriel comme les Flamels les avaient avertis de faire attention. Et maintenant il avait eu la confirmation du retour de Voldemort : les traditionalistes, anciens partisans pour la plupart, avaient possédé la marque. Celle-ci, selon eux, avait brûlé violemment ce 24 juin, le jour de la dernière épreuve du Tournoi, pour disparaître. Malheureusement, cela ne voulait pas dire que le Dark Lord était mort, non, cela voulait dire que sa signature magique avait changé, comme s'il était devenu une autre personne.
Mais là n'était pas le sujet du jour. Ils en avaient suffisamment parlé entre eux quelques temps auparavant.
« De quoi voulez-vous parler encore ? » Demanda Lord Gaunt. « Pour notre part, nous avons déjà approuvé son retour. Je sais pertinemment que des doutes persistent ici-même mais comme Lady Weasley vient de si bien l'annoncer, le Président Dumbledore et le Survivant ont fait un Serment Inviolable sous nos propres yeux. Comment ne pas y croire ? »
« Cela me paraît normal que des gens comme vous approuvent son retour ! » Attaqua le même Lord ayant accusé Scrimgeour d'incapable. « Vous êtes un Mage Noir, un Deatheater ! » Il eut des murmures appréhensifs à ces accusations.
« Lord Dodge, je vous en prie. » Calma le ministre. « C'est une grave accusation que vous nous portez là. Pouvez-vous nous le prouver ? »
« Evidemment ! » S'écria le dénommé Dodge. « Qu'ils montrent leurs bras ! On verra s'il est marqué ! »
« Cela ne vous gêne pas ? » Il se tourna vers les traditionalistes.
Ron remarqua que Dumbledore semblait grandement intéressé même si, résigné. Il devait savoir, grâce à Severus, que la marque n'était plus mais il devait sûrement garder espoir – et il n'était pas le seul, des modernistes se penchaient en avant, attendant avec impatience un moyen de se débarrasser d'eux d'un seul coup. Les traditionalistes haussèrent littéralement les épaules, peu concernés. Un par un, ils relevèrent leurs manches, dévoilant leurs bras vierges.
« Cela vous satisfait ? » Sourit malicieusement Lord Gaunt, grandement amusé par la décomposition de Lord Dodge
Honteux, l'homme hocha la tête, refusant de croiser le regard de quiconque. Ron entendit son voisin gémir. Intrigué, il jeta un coup d'œil à Lord Simth. Celui-ci avait le visage plongé dans ses mains.
« Vous allez bien ? » Chuchota Ron, inquiet malgré son manque d'empathie à son égard.
« Oui… » Gémit-il, piteusement. « J'ai juste honte que cet homme soit mon beau-frère… »
« Beau-frère ? »
« J'ai épousé sa jeune sœur, Magdaleine. » Le renseigna-t-il avec en train. « Heureusement qu'elle possède un cerveau en état de fonctionnement. Je suis presque déçu qu'elle ne soit pas Lady Dodge juste pour éviter un homme tel que lui… » Smith repartit dans un gémissement, continuant de se lamenter sur ses histoires de famille.
Ron ne s'intéressa pas davantage à lui. A vrai dire, Lord Dodge lui semblait stupide et plein de préjugés absurdes – plus que les autres, si c'était possible. Il ne semblait d'ailleurs guère apprécié, que cela soit par son parti, les modernistes, ou par les traditionalistes. Il plaignit presque intérieurement Lord Smith pour devoir supporter cet homme à ses repas de famille. Cela ne devait pas être joyeux tous les jours.
« Je suppose qu'on abrège le sujet de Voldemort. » Fit enfin Dumbledore. « Je sais que certains doutes persistent au sujet de son retour, simplement parce que, pour l'instant, il n'a rien fait. Il doit certainement reconstituer ses forces, attendre dans l'ombre prêt à attaquer aux moindres signes de faiblesse. Le fait qu'on ne le voit pas ne veut pas dire qu'il n'est pas là. »
Il y eut des affirmations de-ci, de-là. Il y eut bien des grognements de protestations venant des modernistes mais ils furent ignorés. La majorité des nobles savaient parfaitement que Voldemort était de retour malgré son absence. Le ministre Fudge lui-même avait été obligé de reconnaître la vérité et les paroles du Survivant et de Dumbledore. Ron savait pertinemment que le ministre aurait préféré nier ces faits et accuser les deux hommes de folie. Mais voilà, il ne pouvait pas se mettre à dos l'ensemble – hormis certains – du Magenmagot seulement pour satisfaire son égo.
« Ministre Fudge. » Appela Lord Gaunt. « Voldemort est en vie. Nous sommes tous d'accords là-dessus. » Il y eut des frissons. « Alors, pourquoi les Aurors ne subissent pas une formation nécessaire pour se défendre et défendre les innocents ? » Il se tourna vers Lord Scrimgeour, celui-ci le fusillait du regard. « Ne devez-vous pas envoyer vos Aurors aux quatre coins du pays et assurer la sécurité ? »
« Je connais mon métier bien mieux que vous, Lord Gaunt. » Répliqua le chef du Département des Aurors. « Si vous n'êtes pas satisfaits, je vous en prie, prenez ma place ! Je doute sincèrement que vous ayez l'autorité nécessaire pour diriger un tel département ! » Il se moqua sous les yeux approbateurs des modernistes. « Enfin…cela dépend si un Sorcier 'Noir' puisse gérer des Aurors… »
Il finit assez bas pour que seul ces voisins l'entendent – dont Ron qui grinça des dents à l'insulte raciste à moitié déguisée. Les ricanements des nobles dits 'Blancs' permirent aux traditionalistes, notamment à Gaunt, de comprendre qu'ils venaient d'être insultés. Mais ils ne répondirent rien : cela ne servait à rien de mener une dispute maintenant, ils perdraient plus qu'ils ne gagneraient.
« Loin de moi de vous critiquer. » Calma posément Gaunt, sa main posée sur son genou. « Je tenais juste à remarquer que les mesures de sécurité ne sont pas adaptées à une telle crise. »
« Si cela vous tracasse tant que ça, je tiens à vous rassurer, nous y travaillons. » Lord Scrimgeour pointa vaguement le ministre et lui-même, d'un geste moqueur. « D'ici la prochaine séance les mesures de sécurité seront mise en place. »
« Devons-nous dire que nous sommes en état d'urgence ? » S'enquit Lady Longbottom, plusieurs Sorciers hochèrent la tête.
Le ministre ouvrit et ferma la bouche, pris au dépourvu. Ron roula des yeux : quel piètre ministre, loin d'être efficace en temps de crise. Il ne donnait pas cher à sa peau au mandat suivant.
« Cela serait préférable. » Glissa Dumbledore, lorgnant Fudge d'une œillade pénétrante. « Nous ne savons pas ce que nous réserve le futur. Mieux vaut être prêts quand nous en avons le temps. Votons ! Ceux favorables à l'état d'urgence, levez la main ! »
Nombreux furent ceux en faveur de l'état d'urgence. Ron lui-même se prononça en faveur – du coin de l'œil, il vit son frère et Bones le suivre dans son choix. Smith grogna un instant, hésita puis suivit la majorité. Un vrai mouton…
« L'assemblée a parlé ! » S'écria le vieil homme, remerciant Lady Longbottom pour sa remarque avisée. « L'état d'urgence sera discuté et mis en place d'ici la prochaine séance ! »
Le ministre se reprit, sentant la fin de séance arriver et proclama, avec le peu d'autorité qui lui restait :
« Que Lord Scrimgeour, Lady Longbottom et le Président Dumbledore m'accompagnent par la suite dans mon bureau pour mettre en place les mesures d'urgences. » Les mentionnés hochèrent la tête. « Lady Bones, je vous contacterai une fois que Black sera arrêté. » Amélia Bones lui en fut reconnaissante. « Lord Smith, je compte sur vous pour informer notre peuple de la décision du Magenmagot sur la situation de Black et de l'état d'urgence ! »
« Comme à mon habitude, Mr le ministre, comme à mon habitude… » Ronronna le journaliste, les yeux brillants.
Dumbledore se leva, imposant, les bras dramatiquement ouverts.
« Ladies, Lords ! » Annonça-t-il. « Je déclare la séance terminée ! Que la magie soit avec vous ! » Il s'inclina respectueusement.
Doucement la salle fut remplie de murmures, de discussions et de remarques en rapport avec cette séance pour le moins particulière. Elle commença à se vider lentement, les Lords et Ladies quittant la salle en petits groupes. Ron se leva, jeta un coup d'œil à Harry. Celui-ci discutait sérieusement avec Lady Bones – probablement à propos de Sirius – bientôt rejoint par Lord Malfoy – intrigué et intéressé par le procès à venir. Lady Bones avait même pris l'initiative : sa main reposait sur l'épaule d'Harry, le guidant à travers la foule et Lord Malfoy ouvrait la voie. Il n'y avait aucun doute qu'il capterait l'attention du ministre s'il restait en leur compagnie.
Ron ne s'autorisa pas plus à fixer son frère – son for intérieur refusait de le laisser seul : et si quelque chose de mal se passait ? Il était beaucoup trop protecteur parfois…Il se glissa donc avec noblesse entre les sièges, se dirigeant vers la porte.
« Lord Gryffindor ! My Lord ! » Une voix féminine détestable et familière l'alpaga.
Il n'eut même pas besoin de se tourner pour connaître l'origine de cette voix. Lady Molly Weasley se tenait face à lui dans toute sa splendeur. Il l'analysa de haut en bas, maintenant sa haine enfermée au plus profond de son cœur, personne n'avait besoin de savoir son état de pensée actuel. Cela n'empêcha pas que la pièce prit quelques degrés. Elle n'avait guère changé en quatre ans hormis le fait qu'elle était vêtue richement, que sa peau semblait plus soignée et douce et que ses cheveux brillaient, bien entretenus.
« Lady Weasley ? Que puis-je faire pour vous ? » Il demanda de son ton le plus poli, humble, avec un mince sourire, sa haine bien cachée au fond de lui.
Il avait tout de même un petit doute, mince mais existant. Allait-elle le reconnaître ? Si tante Muriel l'avait fait et si Sirius se rappelait d'Harry, rien ne l'empêchait de le reconnaître également. Après tout, elle l'avait fréquenté pendant de nombreuses années et elle restait sa 'mère'. Si cela se passait comme cela, il devrait prendre des mesures immédiates, sa couverture ne devait pas voler en éclats maintenant !
Ses doutes furent balayés d'un simple coup de vent. Molly l'observa sans une once de reconnaissance dans ses prunelles, comme si elle faisait face à un étranger qu'elle venait juste de rencontrer.
« Je suis heureuse de faire votre connaissance ! » Minauda-t-elle, un sourire maternel aux lèvres. « Voulez-vous vous joindre à nous ? Je suis sûre que cela ne doit pas être facile d'être un nouveau venu…Laissez-moi vous introduire ! Ah ! Cela me rappelle mon introduction au Magenmagot ! » Elle sembla se perdre dans des souvenirs nostalgiques. « Allons bon ! Nous ne sommes pas là pour ressasser le passé ! Venez, venez ! »
Elle lui attrapa légèrement le bras, l'invitant à la suivre vers quelques rares membres restant du parti moderniste. Ron reconnut sans mal Lady Longbottom, Lady Hestia Jones et Lord Dodge. Il remarqua que Lord Smith se frayait un chemin vers eux pour chuchoter quelques mots à l'oreille de son beau-frère. Les deux disparurent ensuite rapidement. Les deux femmes restantes les suivirent du regard avant de tomber sur Molly et lui. Les deux Ladies fixèrent alors un point derrière eux. Et Ron comprit.
« My Lady ! » S'exclama Ron, se dégageant discrètement de la poigne forte de la rouquine. « Puis-je vous demander la véritable raison de votre venue ! »
« Ne vous en faites pas, Lord Gryffindor. » Rassura-t-elle gentiment, ce qui lui fit froid dans le dos car il se rappelait de ce ton quand sa 'mère' le bordait le soir. « Le Président Dumbledore ne désire qu'un entretien avec vous. »
Et le jeune mage se retourna doucement. Face à lui, Dumbledore se dressait, grand et puissant. Son jeu d'acteur allait maintenant être mis à rude épreuve !
OoO
Et voilà mes chéris !
Un chapitre de plus fini ! Personnellement, ce chapitre-ci me remplit de frissons. Déjà, Ombrage est une putain de perverse qui mérite la mort, espérons une mort douloureuse. Et Harry fait un coup de maître pour libérer son parrain ! Un putain de génie ! Voyons ce que nous réserve le futur ! Et ce que veut notre Dumby à Ron ! Bon…on sait tous qu'il veut juste le voir pour l'inviter dans son parti…donc il n'y a pas vraiment de suspense mais bon…
Prochain chapitre : nous partons faire un tour du côté des jumeaux ! Pour une fois que je tease un peu, autant en profiter ! MOUAHAHAHA !
A bientôt !
