Auteure : Elfelmira

Genre : Mystère, Amitié, Famille

Résumé : Fin de la deuxième année, Ginny a été enlevée dans la Chambre des Secrets. Lockhart, Ron et Harry partent à sa recherche. Or le professeur, afin de s'accaparer toute la gloire, brise les baguettes des deux amis et les emprisonne dans la Chambre. Se retrouvant au centre d'un complot, ils vont devoir apprendre à survivre, seuls ou presque. Ils vont apprendre à voir au-delà des apparences et de la Magie elle-même... L'année du Serpentaire arrive...

Bashing : Dumby, Hermione, les Weasley (on les aime ceux-là) sauf les jumeaux, pour eux je ne pourrais jamais y arriver... Alors je sais, je fais pas mal de bashing sur ces personnes tout simplement parce que je ne suis pas très fan d'eux. Il y a une exception pour Hermione, j'adore ce personnage mais je trouve que le nombre de bashing concernant Hermione sont peu nombreux et que Ron s'en prend toujours plein la gueule. Alors j'inverse, Ron sera un gentil et si ça ne vous plaît pas…bah…pas grave !

Attention : Les événements de la première et deuxième année (sauf la fin) correspondent aux livres ou films. Les passés d'Harry et Ron seront modifiés à ma façon, donc pas de cris. Il est possible qu'il y ait de l'humour sarcastique comme je l'aime. Et enfin, pour les couples, je ne sais pas encore. Mais ce qui est sûr c'est que c'est un slash. On verra. Risque de spoil mais bon, comme tout le monde connaît Harry Potter, on s'en fou un peu…

Couple : BZ/HP, je ne sais pas encore pour Ron, j'hésite pour un RW/DM ou un RW/DG, ça reste à voir. En vrai, maintenant je sais ce que je vais faire mais je vais pas vous le dire héhéhé !

Alors, petite information supplémentaire, je remercie ma Beta, Cuicuit, pour m'avoir corrigée et relue. Pour l'instant pub, je vous invite à aller lire ce qu'elle a écrit sur wattpad, c'est magnifique !

Ni Harry Potter (le livre et le film) ni les personnages ne m'appartiennent, ils sont à JKR. Voilà voilà.

Je tiens à tous vous remercier pour vos reviews et vos votes ! Je ne peux pas répondre forcément, c'est impossible, mais je les lis toutes avec grand bonheur. Merci !

« Parole »

« Fourchelangue »

« Langage des animaux »

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Partie 3 :

Chapitre 22 :

Un plan avorté

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Attention, ce chapitre contient de la violence et de la torture, psychologique et physique ! Vous êtes prévenus !

La goutte d'eau cristalline glissait le long de la roche, doucement, lentement, perlant sans bruit. Elle s'échappait de son ouverture vers l'extérieur sans se préoccuper du monde. Son objectif seul était d'arriver à destination : en bas, à terre. La fine goutte se décalait un peu vers la gauche à chaque petit courant d'air, mais cela ne l'empêchait pas de continuer sa route, imperturbable. Derrière elle, telle une comète, une trainée d'eau transparente marquait sa route précédente. Cela formait un léger parcours délicat, presque inexistant. La goutte, malgré sa fragilité, déjouait chaque obstacle, chaque renfoncement de la roche, invincible. La voilà arrivée à quelques centimètres du sol terreux, poussiéreux ! Comme toutes les autres avant elle, sa course se termina dans la petite flaque en contrebas. Qu'importait leur trajectoire, les gouttes finissaient avec leurs congénères. Toujours. Une nouvelle goutte remplaça alors l'ancienne.

Et Fred observa à nouveau son chemin sur la roche.

Il pouvait entendre la pluie frapper violement la vieille porte de bois qui les enfermait dans cette cave. L'automne arrivait, et avec, le froid, un de leurs pires ennemis. Fred soupira de fatigue et laissa retomber sa tête contre sa couche, laissant ses yeux parcourir le plafond sombre et rocailleux. Pendant quelques secondes, il fut satisfait de sa nouvelle position. Malheureusement, une roche bénigne se logea contre son dos, entre ses omoplates. Inconfortable, Fred se redressa et enleva ladite roche, mécontent de ne pas pouvoir trouver le sommeil malgré sa fatigue.

Il envoya la maudite pierre directement sur les étranges poupées terrifiantes et se rallongea de tout son long. Depuis le temps qu'il logeait dans ce taudis, Fred avait pris l'habitude d'être fixé par les yeux vides et sans vie de ces jouets en porcelaine. Il arrivait même à les ignorer ! Un véritable exploit quand il se rappelait de ses premières nuits ici où il faisait de très nombreux cauchemars – mais moins que George. Soupirant une nouvelle fois, il se retourna, s'entourant de la fine couverture. Il était épuisé et voulait dormir en prévision de la dure journée de demain. Mais il n'arrivait pas à trouver le sommeil, contrairement à George.

Celui-ci dormait à quelques centimètres de lui, roulé en boule sous sa couverture, contre le mur, cherchant sa protection. Fred pouvait même sentir la chaleur de son corps contre lui, le réchauffant à lui apportant un sentiment de réconfort. Il n'était pas seul dans cet enfer et, à deux, ils pouvaient survivre. Fred en était persuadé ! N'étaient-ils pas les jumeaux Weasley ? Les jumeaux avaient toujours réussi à s'en sortir après avoir joué des tours à McGonagall ? Être des jumeaux magiques liés par un même noyau magique pouvait avoir des avantages : ensemble, ils étaient invincibles. Rien que cette pensée réchauffa le cœur brisé de Fred et il sourit faiblement. Il passa sa seule main sur la joue froide et émaciée de son frère.

« Nous survivrons…je te le promets… » Murmura Fred en s'approchant doucement de George pour ne pas le réveiller – il avait besoin de dormir – et embrassa son front gentiment.

Mais avant tout, il devait préparer un plan, en discuter avec son frère. Pouvaient-ils le faire ? Aurait-il le courage ? Il en doutait un peu. Fred entoura doucement son frère de son bras et le pressa doucement contre lui, pour se réchauffer. Il agrippa sa couverture et la déposa au-dessus d'eux. Il ferma les yeux quelques secondes avant de les rouvrir, paniqué, quand un vent violent frappa la porte en bois.

Il posa sa main sur son cœur battant à mille à l'heure. Comment pouvait-il envisager de s'échapper s'il sursautait au moindre bruit ? Sa réaction était normale, non ? Après ces années, il serait surprenant s'il ne ressentait rien.

Le rouquin parvint à se calmer. Il souffla doucement. Là. Il n'avait rien à craindre. Tout allait bien, ce n'était que du vent, il n'avait pas à s'inquiéter. Il n'avait pas à rester sur ses gardes : les Weasley ne viendront pas les gêner cette nuit, ils avaient mieux à faire.

Après tout, ce n'était pas tous les jours qu'un nouveau Lord Gryffindor apparaissait.

Fred avait senti une lueur d'espoir l'envahir quand il avait entendu sa mère discuter avec animation avec le reste de la famille quelques heures plus tôt, après la séance du Magenmagot et de la petite réunion avec ledit Lord et Dumbledore, alors qu'il nettoyait tant bien que mal le sol du salon avec une seule main. Il n'avait pas tout entendu mais il avait capté que sa mère avait évoqué son souhait de l'inviter à prendre un thé en leur compagnie. Sûrement pourrait-il attirer l'attention du Lord sur eux. Etant un étranger, Lord Gryffindor remarquerait probablement l'horreur de leur situation, en serait horrifié et forcerait Dumbledore à les libérer. Et Dumbledore devrait les libérer, non ? Après tout, le directeur ne pouvait pas perdre un allié aussi puissant. C'était un plan basique, sans vraiment de planification en amont avec pas mal de failles. Rien ne lui disait que les Weasley allaient les garder avec eux pendant la visite du Lord. Il y avait plus de chance que les jumeaux finissent l'après-midi dans leur cave. Mais Fred ne voulait pas y penser. Pour lui, c'était un espoir. Et il ferait tout pour s'y accrocher. Il avait promis de libérer son frère de cette horreur.

Un courant d'air froid traversa la cave, le faisant frissonner. Fred se mordit sa lèvre inférieure quand il sentit son moignon de sa main gauche le lancer. Une douleur invisible se propagea le long de son bras, désagréable mais supportable. Le jeune homme n'osa pas regarder sa blessure – il refusait de la regarder depuis qu'il l'avait, par honte, par peur, par impuissance – et se contenta de siffler. Pourquoi souffrait-il encore ? Cela faisait presque deux mois… Cela devrait être guéri ! Mais non ! Il ressentait la douleur après une journée dure ou quand il faisait trop froid ! Heureusement que dans son malheur, s'il travaillait bien dans la journée, un membre des Weasley le 'soignait', lui lançait un sort anti-douleur etc. D'autres fois, George gagnait des médicaments et bandages pour soulager sa douleur.

Fred ne pouvait que remercier son frère. Il serait sûrement mort de septicémie si George n'avait pas pris soin de lui pendant les jours suivants, les jours où il délirait, brûlant de fièvre. Quand il avait repris conscience, Fred avait désespéré : comment pouvait-il s'en sortir avec une main en moins ? Il s'était laissé tomber dans la dépression mais George lui avait remonté les bretelles : une main ou deux, cela ne changeait rien à leur situation ! Alors il devait se reprendre pour avoir sa chance !

Et Fred appliquait à la lettre le conseil de George : il guettait le moment précis pour s'enfuir, notant mentalement les lieux favorables à leur fuite.

Le grognement fatigué de George le ramena à la réalité. Celui-ci se retourna vers lui et un œil s'ouvrit, brillant d'épuisement.

« Fred… » Marmonna-t-il entre deux bâillements. « Dors… »

Il referma sa paupière, agrippa son t-shirt, se rendormant de suite. Fred grimaça, en sentiment de culpabilité le traversa. Il avait finalement réveillé son pauvre frère à cause de tout son remu ménage alors que George avait rudement besoin de son sommeil. Le rouquin finit par souffler, cherchant à retrouver son calme, à vider son esprit de toute pensée intrusive. Il finit rapidement vidé et il se rendit compte à quel point il était fatigué.

Le son de la pluie sur la porte s'éloigna, ses yeux se fermèrent seuls. Seule la chaleur du corps de son frère et de ses couvertures le berça jusqu'au plus profond de ses rêves, réconfortante.

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Les jumeaux savouraient doucement le pauvre repas du midi dans leur cave, dans le coin le plus confortable, là où ils dormaient, se servant de leurs couches comme sièges. Ils avaient partagé leurs maigres provisions en parts égales. Un morceau de pain chacun et un bol de soupe accompagnée d'un bout de lard. Ce n'était pas suffisant pour deux jeunes adultes ayant un besoin urgent de nutriments dû à leur travail ardu mais cela leur permettait de tenir jusqu'au soir sans s'évanouir.

Fred mâchonnait tranquillement son pain, les yeux dans les vagues. Son cerveau s'efforçait de chercher une échappatoire. Il visionnait tous les passages, lieux possibles. Il se remémorait les différents emplois du temps de la famille – emplois du temps dont il s'était occupé pendant sa convalescence car il ne pouvait rien faire d'autre – cherchant un moment où ils pourraient fuir alors que les Weasley étaient divertis. En ce moment…c'était parfait ! Ils étaient bien plus préoccupés par Lord Gryffindor que par eux. Peut-être pouvaient-ils en profiter ?

« Fred ? » La voix inquiète de George l'appela.

Sursautant violemment, son bout de pain manqua de s'échapper de ses doigts, il se tourna vers George, le visage incliné. Son frère plissait des yeux, ignorant le motif de son trouble. Ses yeux bleus le fusillaient du regard, inquiets mais surtout inquisiteurs, voulant des réponses. Fred se mordit sa lèvre. Devait-il lui dire ? Il hésitait franchement. Non pas parce qu'il ne faisait pas confiance à George mais parce qu'il avait peur que son idée retombe sur lui par sa faute. Si les Weasley – et William surtout ! – remarquaient quelque chose d'étrange dans leur comportement, cela pouvait mal finir. Et Fred refusait que George subisse la même douleur que lui ! Il ne méritait pas ça !

« Fred ! » Rappela George, posant une main sur sa joue, forçant ses yeux à rencontrer les siens – il n'avait pas remarqué qu'il les avait baissés. « Quelque chose te préoccupe depuis hier ! Me le cache pas ! Je te connais ! Je le sens dans le lien ! » Il soupira et posa une main hésitante sur son bras gauche et sembla paniquer. « Ta main te refait mal ? Si c'est le cas, t'inquiète pas, je vais… »

« Non ! Non ! » Fred le repoussa un peu, coupable d'être la raison de la panique de son jumeau – il avait oublié le lien des jumeaux magique ! Comment pouvait-il être aussi stupide ? « Ce n'est pas mon bras ! » Tenta-t-il de le rassurer sans grand succès.

« Si ce n'est pas ta main, alors c'est quoi ? » S'écria George, abandonnant son bol de soupe sur le sol, agrippant fermement ses mains sur ses épaules presque douloureusement. « Quelqu'un t'a fait du mal ? William ? Charles ? Dis-moi ! » Sa voix monta dans les aigus, paniquée.

« Quoi ? Non ! George ! Calme-toi ! » Fred posa sa main doucement sur la tête rousse de son frère, la caressant gentiment. Il voulait montrer qu'il n'avait pas à s'en faire, que tout allait bien. « Ils n'ont rien fait. »

« Mais…tu…je ne comprends pas ! » George retomba contre le mur et mit sa tête entre ses mains. La position vulnérable de son frère le rendit plus coupable encore. « Tu es perturbé, je le sens. »

« Je… » Il soupira lourdement et s'approcha de George pour le prendre dans ses bras et le rassurer en passant sa seule main dans ses cheveux roux. « Très bien. » Finit-il par dire.

Il se sépara de son frère pour le laisser se rasseoir contre le mur et il se plaça devant lui. Ses yeux bleus se firent sérieux, loin de la lueur mesquine de son enfance. Malgré le fait qu'il savait parfaitement qu'ils étaient seuls, sa paranoïa et son expérience des quatre dernières années poussèrent Fred à regarder par-dessus son épaule, vers la porte, pour être sûr d'être seuls. George comprit son hésitation et hacha la tête, rassurant : il n'avait rien à craindre.

« Je pense qu'on peut s'échapper. » Lâcha Fred dans un souffle rapide.

« Quoi ? » Fut la seule réponse qui sortit de la bouche de George, ses yeux écarquillés par le choc. « Comment… ? »

« Ecoute… » Fred se mordilla à nouveau sa lèvre, hésitant à exposer son idée mais l'air inquisiteur de son frère le força à continuer. « Tu as sûrement dû entendre Molly, Arthur et les autres en discuter hier soir…le Lord Gryffindor…il pourrait être notre clé de sortie ! »

« Attends une seconde. » George leva sa main, ne semblant pas vraiment convaincu. « J'ai entendu Molly dire qu'il était leur nouvel allié. Il ne nous aidera jamais ! Jamais il n'ira contre Dumbledore, il est trop puissant ! »

« Qu'en sais-tu ? » Protesta Fred, son cœur brûlait d'un feu qu'il pensait éteint. « De ce que j'ai compris, il ne vient pas d'Angleterre ! Molly lui a demandé pendant leur rendez-vous suivant la séance ! Si on arrive à lui faire passer un message, il pourrait nous sortir d'ici ! »

« Bravo, Fred, tu as le plan parfait pour qu'on puisse reprendre notre liberté. J'ai hâte que tu lui parles ! » Ironisa George, mimant un applaudissement sarcastique. « Et comment tu vas savoir s'il va nous aider ? Qui te dis qu'il ne va pas sauter sur l'occasion pour prévenir Dumbledore ou les Weasley ? »

Fred pressa ses lèvres entre elles. Il était parfaitement conscient que ce plan avait de très nombreuses failles. Mais pour lui, juste y penser lui donnait une lueur d'espoir. Il ne pouvait certainement pas laisser passer l'occasion sous son nez. Le rouquin souffrait intérieurement que George ait abandonné tout espoir. Pour lui, il vivrait pour toujours de cette manière. Et Fred rêvait que son jumeau change d'avis, trouve également un espoir.

« On aura juste à l'espionner lorsqu'il viendra. » Répondit Fred, pesant ses mots, cherchant un moyen de contrer ce problème. « On observa son comportement. Et s'il a un signe qui nous dit qu'il est contre nous, on agira d'une autre façon. » Fred fit une pose et il mit un doigt sur son menton et sourit quand une idée traversa son esprit. « On aura qu'à profiter de sa présence comme diversion ! Les Weasley seront trop absorbés par sa présence pour penser à nous ! Et on fuit ! »

George plissa des sourcils. Fred remarqua qu'il n'était toujours pas convaincu. Son frère avait cette tendance à ne voir que le côté négatif des choses et lui les côtés positifs. C'était souvent pratique afin de pouvoir éviter le plus de failles lors de leurs blagues. Cela les avait souvent empêchés de gagner des heures de colle. Fred s'était souvent demandé d'où venait ce caractère opposé. Était-ce parce qu'ils étaient des jumeaux magiques ? Probablement.

« Fred… » Soupira à nouveau George en se redressant. « Rien ne nous dit que les Weasley nous autoriseront à rester dans le manoir lors de sa visite. S'ils nous enferment ici pendant sa visite, comment l'observer ? Comment en profiter pour fuir ? Nous pouvons toujours obtenir la date de sa visite, mais cela ne change pas à notre situation. Il y a trop d'inconnues dans cette équation… »

« Arrête d'être pessimiste ! Ils n'ont pas d'Elfe de Maison ! » Contredit Fred, le plan se formant dans son esprit au fur et à mesure de la conversation. « S'il vient, qui s'occupera du repas ? De tout installer ? Nous ! Ils risquent au pire de nous enfermer dans la cuisine. Et nous pourrons toujours entendre leur conversation ! Cela pourrait nous aider ! »

« Et s'ils lancent un sort de silence ? »

« Aucune chance ! Gryffindor sentira sans problème s'il y un sort autour de la cuisine et cela attirera une mauvaise attention. »

« Admettons que cela se passe comme cela. » George lista les différents points. « Cela ne fait aucun doute que nous saurons quand Gryffindor viendra. Le problème étant que nous ne savons pas si nous serons ici, dans la cuisine ou dans le salon comme une parfaite petite famille. » Fred acquiesça. « Nous ne pouvons savoir s'il nous aidera ou non, à moins qu'on ne l'espionne. Cela serait plutôt simple si nous nous trouvions en sa présence. Mais comment faire si on est dans la cave ou la cuisine ? »

« Comme je disais, on pourra écouter leur conversation dans la cuisine et analyser la moindre de ses paroles et de son ton, on est plutôt bons à ça. » Fit Fred et il fut satisfait de voir une vague lumière au fond des yeux de son frère : il commençait à y croire. « Si on est dans la cave, on utilisera Gyffindor comme diversion pour fuir. Les Weasley seront trop concentrés sur lui. »

« Comment… » Commença à demander George avant d'écarquiller les yeux, réalisant ce que voulait dire Fred. « Tu veux dire que… »

« Exact ! » Rit Fred en frappant sa main sur son genou. « Ce manoir a été construit sur notre ancienne maison ! Et tu sais que là… » Il pointa un coin de la cave, en direction des poupées.

« Nous avons notre petit passage secret construit quand on était enfants ! » Termina George brûlant d'excitation. « Pourquoi ne pas y avoir pensé avant ? » Soupira-t-il de dépit.

Fred préféra ne rien dire. Les deux savaient parfaitement la raison pour laquelle ils n'avaient jamais tenté de fuir avant : la peur. C'était aussi simple que ça. La peur pouvait figer même la personne la plus courageuse. La simple pensée d'être rattrapés et punis pour leur fuite suffisait à le faire trembler. Mais maintenant ? Pourquoi ne pas essayer ? Entendre parler d'un Lord Gryffindor, lui rappelait son ancienne maison à Hogwarts. Les jumeaux appartenaient à Gryffindor, la maison du courage, de la bravoure ! Fred avait presque oublié son courage, il l'avait enterré au fond de son être. Mais entendre parler de ce Gryffindor lui permit de retrouver ce qu'il croyait perdu.

Pourtant, le jour suivant le rituel les liant comme des esclaves à la famille Weasley, les jumeaux étaient encore remplis de courage. Ils avaient été jetés dans cette nouvelle cave, du nouveau manoir remplaçant leur vieille maison. Pourtant, ils avaient retrouvé le petit tunnel, derrière ces poupées, qu'ils avaient construit quand ils étaient petits pour faire des blagues et s'échapper sans que Molly ne puisse les attraper. Les jumeaux l'avaient caché aux yeux de tous et de temps à autres, ils envisageaient de l'emprunter pour fuir. Mais, leur esprit avait été rapidement brisé et la peur avait remplacé leur bravoure. Ils refusèrent de fuir notamment quand ils apprirent que des barrières et alarmes magiques entouraient la maison la nuit et que le jour ils ne pouvaient partir car constamment surveillés. Mais maintenant…

« Mais si nous remarquons qu'il n'est pas de notre côté si nous sommes dans la cuisine ou dans le salon, on fera comment ? » Soupira George, coupant court à ses pensées.

« Nous pouvons toujours en tirer des informations importantes. » Répondit du tac au tac Fred, y aillant déjà pensé. « Et nous pourrons toujours attendre un autre moment pour fuir. Il suffira d'une autre diversion. »

George hocha simplement la tête. Il agrippa sa soupe et la but d'un coup. Il indiqua ensuite à Fred de boire la sienne. Le rouquin prit son bol et la but plus doucement, savourant le bouillon et le morceau de viande maintenant froide. Son ventre vide se remplit. Cela lui fit du bien. Même si c'était peu, son estomac ne protestait plus douloureusement.

« Cela pourrait marcher… » Dit finalement George après un moment de silence. « Il faudra juste penser à agrandir le tunnel…il n'est plus vraiment à notre taille… »

« Effectivement. » Rit Fred, amusé et heureux que son frère voit enfin le bienfait de son plan. « On pourrait s'en occuper la nuit, à tour de rôle pour qu'on puisse se reposer un peu. »

« Mmh. » Affirma son jumeau, ses yeux parcourant le mur opposé, là où se trouvait le tunnel. « Si Gyffindor est de notre côté…comment lui faire passer le message ? On a souvent essayé avant, tu sais, en essayant de prévenir Snape ou les Slytherins, on n'a jamais réussi…même par écrit ou par langage codé. Une idée ? »

« Je pense que tu auras une meilleure idée que moi. » Rétorqua Fred en le pointant du doigt, il voulait que George participe aussi dans la conception du plan. « Tu es meilleur dans ce domaine. Et pas besoin de se presser, tu as le temps de réfléchir ! » Se dépêcha-t-il d'ajouter en remarquant que son frère ouvrait la bouche pour protester. « J'ai confiance. »

« Très bien… »

Ils restèrent de nouveau silencieux, méditant sur leur plan qui prenait petit à petit de l'importance. Malgré sa simplicité, il tenait la route et avait son utilité. Et puis, en général, les gens ne voyaient pas la simplicité, seulement la difficulté. Pas besoin de se casser la tête quand la réponse se trouvait devant leurs yeux. Juste…dommage qu'ils ne pouvaient presque pas utiliser la magie à cause de la restriction du rituel. Tout sort accompli était immédiatement répertorié dans un carnet magique, prévenant Dumbledore et les Weasley de toute utilisation magique. Ils allaient devoir tout faire à la main. Mais n'avaient-ils pas l'habitude ? Cela allait rendre leur évasion moins prévisible encore.

« Au fait… » Il braqua ses yeux sur le visage de George quand il entendit sa voix curieuse. « Comment cette idée de fuite t'est venue ? »

« Oh…juste un mot. »

Fred sourit, heureux de ce souvenir, du sens de ce mot. Si Gryffindor avait ramené sa bravoure, ce mot avait ravivé sa lueur d'espoir et avec elle une idée de fuite, de liberté.

« Un mot ? » George ne semblait pas comprendre.

« Apophis. »

« Apophis ? » George ressemblait plus à un adorable chiot perdu et Fred ne s'empêcha pas de glousser. « Ce n'est pas le prénom de Lord Gryffindor ? »

« Absolument ! » S'écria dramatiquement Fred en levant ses bras en l'air avant de les baisser. « Tu sais ce qu'est Apophis dans la culture muggle ? »

« Tu sais déjà la réponse, Fred. » Son jumeau roula des yeux, agacé par son comportement dramatique. « C'est pas moi qui ai lu tous les livres et bouquins muggles qu'Arthur a trouvés dans la poubelle. En fait…il n'y a que toi qui les lisais ! »

Fred rit à cette phrase. Arthur, passionné des Muggles, ramenait toujours plein d'accessoires de cet autre monde, dont des livres. N'ayant pas de temps libre, il ne put les lire et les livres s'empilèrent dans une pièce, prenant la poussière. Ses frères, sa mère et sa sœur ne prirent pas la peine de s'y intéresser, par perte de temps ou d'intérêt. Fred, lui, s'y passionna trouvant les Muggles fascinants ! Leurs exploits techniques étaient incroyables ! Comment pouvait-on les croire inférieurs ? Leurs différentes cultures, histoires croisaient et différaient de la leur mais elles restaient pertinentes ! Il rêvait de voyager parmi eux et de découvrir de nouvelles choses à leur propos !

« Et bien dans une des cultures muggles, Apophis est un dieu serpent, un être maudit et immortel voulant détruire le monde des hommes. » Résuma rapidement Fred, ne prenant pas la peine de raconter toute la mythologie égyptienne. « Pourquoi un Lord Gryffindor s'appellerait Apophis s'il était réellement un allié des modernistes ? »

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De nombreuses bougies et globes lumineux éclairaient la vaste et magnifique salle à manger. Une longue table sculptée dans un bois de chêne accueillant l'ensemble de la famille Weasley – hormis les jumeaux – occupait le centre de la pièce, des victuailles reposaient sur elle, prêtes à être mangées. Les chaises riches dotées de confortables coussins ocre entouraient ladite table, les Weasley semblaient satisfaits de ce confort bienvenu. Autour d'eux, des commodes polies, finement décorées, des tableaux de grands peintres magiques connus ornaient les murs et un long et splendide lustre de cristal tombait élégamment au centre de la pièce.

En tant que chef de famille, Arthur siégeait tel un monarque en bout de table, droit et fier. Molly occupait sa gauche et William, sa droite – vu qu'il était son héritier. Perceval et Charles se faisaient face. La famille discutait frivolement des petits potins du moment. Fred entendit d'une oreille distraite – peu intéressé par les potins – que des rumeurs disaient que les Lovegood songeaient à quitter l'Angleterre. Il entendit aussi parler d'un nouvel employé compétent et prometteur au sein du ministère – pour changer – un sorcier de nouvelle génération du nom de Mucha. Molly évoqua en quelques mots rapides la réunion qu'elle avait eu avec Lord Gryffindor et Dumbledore pour questionner l'idéologie, l'origine et ses désirs futurs dans l'objectif de l'inclure parmi leur parti – ce qui avait marché de ce qu'il avait compris. Ils continuèrent ensuite par Smith, ce profiteur. Puis, les Weasley insultèrent les traditionnalistes – ils faisaient cela au moins une fois par jour.

Franchement, si c'était pour écouter leurs foutues plaintes pendant tout le repas, Fred ne voyait pas la raison de sa présence dans la pièce. Mais il savait qu'il n'avait pas le choix : aujourd'hui, c'était son tour de les observer manger, le ventre vide, bavant devant l'énormité et la richesse de la nourriture devant lui. Nourriture qu'il ne pouvait manger. Juste sentir et voir. Une des nombreuses tortures psychologiques de la famille.

Contrairement à son frère qui s'occupait en ce moment de la cuisine, son rôle était de rester debout, immobile dans la salle à manger et il devait se faire oublier. Et les Weasley pouvaient faire durer le repas plus longtemps juste dans l'amusement de le voir souffrir de faim. Mais Fred, à leur plus grand désespoir, ne s'était jamais plaint. Parfois, il pouvait avoir de la chance et obtenir la compagnie réconfortante de Pinceau, le vieux chat de la famille – qui avait tout de même causé la perte de sa main – venant ronronner à ses pieds.

Le rouquin balança son poids d'une jambe à l'autre afin de ne pas s'engourdir et de laisser son sang circuler convenablement. Il s'empêcha de bailler devant la monotonie de la scène : cela pouvait lui coûter cher. Il était fatigué et ses pieds le lançaient. Cela faisait presque quatre heures qu'il se tenait là. Il s'était même amusé à compter les étoiles qu'il pouvait apercevoir à travers les vitres des grandes baies vitrées face à lui dans l'espoir de combler son ennui.

Pourtant, après la conversation de ce midi avec George, il avait cru pouvoir récolter quelques informations durant ce repas. Mais pour le moment, c'était loin d'être le cas. Quel ennui…surtout après avoir ressenti autant d'excitation.

« …donc tu veux dire que Malfoy est toujours en liste ? »

Le nom de Malfoy attira son attention. Qu'avait bien pu encore faire le plus grand ennemi des Weasley ? Songea Fred, ennuyé par ces innombrables disputes enfantines. Sérieusement ! La dernière fois qu'il avait parlé de lui, c'était pour dire que son coiffeur avait loupé sa nouvelle coupe de cheveux ! Ridicule !

« Malheureusement, Percy, oui… » Soupira Molly défaitiste, en découpant un morceau de tarte aux fraises semblant absolument délicieuse. « Je sais pas pourquoi il essaie encore d'être nommé ministre de la magie…il sait pourtant que c'est impossible ! Un Sorcier Noir ne peut pas ! C'est invraisemblable ! »

La famille acquiesça vigoureusement et Fred s'empêcha de rouler des yeux devant le racisme de sa famille. Pour lui, l'inclinaison du noyau ne faisait rien, la magie était unique ! Sinon…pourquoi avoir créé les noyaux magiques ? Cela ne faisait aucun sens ! Et qui s'était amusé à créer des noyaux magiques ? C'était une stupide idée !

Perdu dans ses pensées, Fred ne remarqua pas son ombre vibrer, grandir, frissonner. Deux yeux blancs s'ouvrirent, sans pupilles, brillèrent et un sourire étrange figé en un rire muet se distingua sur son ombre. La seconde d'après, l'ombre reprit son apparence normale, comme si rien ne s'était passé et pour Fred, rien ne s'était passé.

« Et puis, Malfoy ? » S'écria à nouveau Percy, sa voix montant dans les aigus, faisant du mal aux pauvres oreilles sensibles de Fred. « Sincèrement ? Hormis son argent, il n'est rien ! Seuls ses pots-de-vin le protègent de la prison ! Tss…si seulement Fudge n'était pas ministre… »

« Si Dumbledore était ministre, Malfoy croupirait en prison. » Agréa Charles, il fit une pause le temps de boire un peu de vin et reprit. « Et sa femme et son stupide fils n'auraient plus aucun pouvoir ! »

« N'en sois pas si sûr, Charlie. » Arthur contredit son fils en secouant la tête. « Narcissa Malfoy est une Black et son fils reste l'héritier Malfoy et Black. » Il s'interrompit un instant. « N'oublie pas qu'ils viennent de Slytherins et qu'ils sont 'Noirs'. Ils sont fourbes. Il faut toujours se méfier des types comme ça, c'est souvent au pied du mur qu'ils sont les plus dangereux. Tu comprends ? »

« Oui…pardon… » S'excusa un peu honteux Charles.

Arthur lui sourit gentiment, lui affirmant que ce n'était pas sa faute, qu'il était encore jeune et qu'il était normal qu'il commette des erreurs. Il devait encore apprendre et grandir. Fred se retint vaillamment de ne pas grimacer devant l'hypocrisie des paroles de son 'père'.

« En parlant de Black… » Fit enfin William en posant doucement sa fourchette sur la table et dévisagea sa mère. « Que va-t-il se passer pour Sirius Black ? Cela ne va pas gêner nos plans ? »

Fred, cette fois, ouvrit grand ses oreilles. Il avait vaguement entendu Molly en parler au retour de la séance mais il n'avait pas eu plus d'informations sur l'affaire Sirius Black. Cette histoire le fascinait depuis que le supposé meurtrier s'était échappé mystérieusement d'Azkaban. Le jeune homme se foutait complètement qu'il soit coupable ou innocent – il avait une vague idée de la vérité mais il préférait se taire pour le moment. Sirius Black, le meilleur ami de James et Lily Potter, de Rémus Lupin et de Peter Pettigrew, enfermé à Azkaban depuis des années avait réussi à fuir de la prison la plus sécurisée du monde sans que personne ne le remarque ou même le retrouve. Pour Fred, il s'imposait presque en idole ! Fuir sans laisser de traces, jusqu'à disparaitre de la vue de tous, voilà ce que voulait faire Fred.

Et si Black était véritablement innocent du meurtre des Potter alors il avait lui aussi dû vivre la situation des jumeaux.

Franchement, Fred ne pouvait s'empêcher de penser que l'amitié de ce groupe était maudite : tous étaient morts et ils n'avaient aucun descendant – le pauvre petit Harry Potter étant mort étrangement en compagnie de son petit frère.

« On agira selon la situation. » Supposa Molly, confiante. « Pour le moment, personne ne sait où il se cache. Mais s'il est jugé innocent, il reviendra vers nous comme un chiot : après tout, son noyau magique est blanc ! Et même s'il gêne, on peut toujours se débarrasser de lui… » Elle haussa des épaules, peu concernée par l'image sordide qu'elle renvoyait. « Avec un bon avocat choisi par nos soins, il viendra lécher nos bottes et dépenser sa fortune qu'il ne mérite pas pour notre noble cause ! »

« Il n'est qu'un dommage collatéral. » Affirma Arthur, une lueur de connaissance brillant dans ses yeux.

Fred sut tout de suite que Molly et Arthur savaient quelque chose qu'ignoraient tous les autres et qu'ils n'allaient certainement pas partager.

« Ce qui m'ennuie profondément, c'est l'audace d'Amélia Bones. » Siffla Molly, en serrant ses poings. « Comment ose-t-elle vouloir refaire un procès ? »

« On ne peut rien faire contre elle, ma chérie… » Son mari posa tendrement sa main sur la sienne, plus petite. « Elle est bien trop aimée. »

« Effectivement. » Dit Percy en se servant s'une autre part d'un crumble à la rubarbe et à la pomme, Fred sentit sa bave remonter le long de sa bouche. « Je l'aime bien aussi. Elle est bien mieux que cette perverse d'Ombrage et de cet idiot de Fudge. Et puis, elle n'est d'aucun côté, ni des traditionnalistes ni des modernistes. Tant qu'on ne l'embête pas, elle restera neutre. Et sa droiture me plait. »

Les Weasley hochèrent tous la tête. Fred ne pouvait que soupirer de soulagement. Il aurait certainement pleuré de tristesse, de colère et d'impuissance s'ils décidaient maintenant de l'éliminer. Les rares fois où il avait croisé Lady Bones, il était resté bouche bée devant sa splendeur. Elle n'était pas une belle femme ni même très puissante magiquement mais dès qu'elle entrait dans une pièce, tous les regards convergeaient vers elle. Son aura particulière brillait, envoutante, grisante comme il n'en avait jamais vu, visible aux yeux de tous. Sa tante l'avait très bien formée. Personne ne pouvait la détester. C'était juste impossible.

« Quelque chose me tracasse… » William attira leur attention sur lui, ses yeux plissés montraient sa concentration. « Pourquoi évoquer tout d'un coup le manque de procès de Black ? Surtout après quatre ans de cavale ? D'où tient-elle ces documents et informations ? »

« Aucune idée… » Marmonna Molly, tiquant.

Fred savait parfaitement que la rouquine détestait se retrouver dans le flou et ne pas comprendre une situation. Et la voilà dans une impasse. A vrai dire, ils étaient tous dans une impasse. Et Fred devait reconnaitre que c'était une très bonne question. Qui avait bien pu donner une piste sur cette bavure judiciaire à Lady Bones sous le nez de tous ? Cela ressemblait plus à une rumeur qu'à autre chose…et Fred était curieux. Il voulait bien rencontrer cette personne, elle pourrait les aider, non ? Même Dumbledore ignorait d'où venaient ces documents…en parlant de Dumbledore…

« Dumbledore n'a toujours pas de pistes ? » Demanda Charles, inquiet. « On ne pas laisser quelqu'un se faufiler dans nos secrets sans connaitre son identité. C'est bien trop dangereux. »

Oui, c'était bien trop dangereux pour leur plan, s'inquiéta ironiquement Fred.

« Malheureusement, non… » Soupira Arthur en passant une main sur ses quelques cheveux roux. « C'est pas faute de lui avoir demandé. »

« Donc, il y aura une enquête sur Sirius Black ? » La question de Percy n'était pas vraiment une question : il connaissait déjà la réponse, il voulait juste une confirmation.

« Oui. » Molly fit une pause et finit son morceau de tarte sous le regard affamé de Fred qui suivait le moindre de ses mouvements. « Nous aurons les résultats de l'enquête au cours de la prochaine séance. La Gazette du Sorcier a annoncé aujourd'hui que Sirius Black était recherché pour son procès. Il ne sera pas tué à vue. » Elle claqua sa langue contre son palais, sûrement peu ravie de la décision de la justice. « Il est prié de se rendre d'ici la prochaine séance où il aura son procès. »

« On a aussi lu le journal, merci maman. » Railla gentiment Charles, faisant ricaner ses deux frères.

Il y eut un silence. Le silence rendit le rouquin somnolent. Fred cligna des yeux, forçant ses paupières fatiguées à rester ouvertes. Ses jambes lui semblaient lourdes, prêtes à le lâcher à tout moment. Il mordit sa lèvre inférieure dans l'espoir de rester éveillé grâce à la douleur. Ah ! Il rêvait de dormir. Fred priait que les Weasley reprennent leur conversation, leurs voix le maintenaient alerte.

« Maman… » William appela sa mère, ferme, ses sourcils plissés. Molly leva la tête vers lui. « Et ça avance pour le nouveau Lord Prewett ? Muriel a lâché l'affaire ? »

Fred savait que William était en colère contre leur tante. Il devait être le nouveau Lord Prewett si Muriel n'avait pas changé d'héritier au dernier moment – à la plus grande joie des jumeaux. Dumbledore et les Weasley faisaient pression sur la vieille femme depuis. Mais rien à faire, elle restait toujours enfermée dans son manoir, refusant toute visite, même de son ancienne apprentie. Vu son côté têtu, Fred savait que Muriel n'allait jamais céder à la pression et au chantage. Sa vieille tante lui manquait, songea le rouquin en levant ses yeux au plafond.

« Rien de rien. » Soupira Molly, une pointe de colère voire de haine dans sa voix. « Cette vieille folle refuse de nous adresser la parole. Elle est devenue sénile. » Elle tendit sa main pour rassurer son fils ainé. « Ne t'inquiète pas, on retrouvera cet imposteur et il payera pour t'avoir volé ce qui te revient de droit. »

William sourit tendrement alors que le reste de la famille poussa des petits cris de joie et d'allégresse.

« Et puis…ce n'est pas comme si elle allait nous gêner encore longtemps. » Ajouta Percy, tout sourire. « Muriel est aux portes de la mort ! Elle devrait bientôt mourir ! Elle est plus vieille que Dumbledore ! »

« Une fois morte, elle ne pourra plus nous empêcher de traquer ce faux Lord Prewett. » Continua Charles en direction de son grand frère, heureux de pouvoir le rassurer.

Le jeune homme regarda avec horreur sa famille se réjouir de la mort prochaine d'un membre de leur famille, leur tante, juste pour son héritage. Plus il restait auprès d'eux et les écoutait, plus il voulait disparaitre loin d'eux, vomir de dégoût et se laver entièrement. Fred pria intérieurement que le nouveau Lord Prewett reste loin, en sécurité, de ces tarés de Weasley.

Une vague de tristesse s'empara ensuite de lui. Tante Muriel ? Elle allait… ? Une fine larme coula le long de sa joue, invisible aux yeux de tous. Fred n'était pas surpris que sa tante arrivait à la fin de sa vie : elle était extrêmement vieille, presque 200 ans ! Mais cela ne rendait les choses plus faciles…le jeune homme avait toujours connu Muriel. Il l'avait toujours connue. Elle avait toujours été présente, à leurs côtés, s'amusant de leurs blagues. Les Noëls et anniversaires, elle n'hésitait pas à les couvrir de cadeaux et de farces et attrapes – en cachette, elle avait une réputation de femme sévère à tenir. Fred trouvait très amusant la façon dont elle réprimandait sa mère sans mâcher ses mots, prête à la critiquer – et à la comparer avec ses deux frères ainés. Elle lui manquait beaucoup, ne l'ayant pas vue depuis quatre ans à cause de la division de la famille. Muriel blâmait sa nièce de la mort de Ginny et de Ron…

Malgré son éloignement, Fred s'était toujours rassuré de sa présence droite et réconfortante. Elle était comme une chaleur lointaine subissant les mêmes problèmes familiaux qu'eux. Ne plus la voir – jamais – ne faisait que déchirer son cœur. La voir partir lui semblait juste…impensable ! Fred imaginait même sa tante être immortelle ! Toujours en forme, toujours debout ! Il ne pouvait juste pas y croire…

Et les Weasley n'attendaient que ça : sa mort.

Fred se mordilla la lèvre pour éviter d'intervenir, d'exprimer sa colère, son indignation, sa douleur. Cela se terminerait mal pour lui, et son frère pourrait en payer le prix. Il fallait qu'il se fasse une raison : il ne reverra sûrement jamais sa tante. Une autre larme vint rouler sur sa joue. Qu'allait-il pouvoir dire à George, ce soir ? Comment aborder ce sujet sensible à un jeune homme fragile mentalement ? George allait se briser encore plus…mais il ne pouvait le lui cacher, cela pourrait être pire s'il l'apprenait de la bouche d'un des Weasley. Surtout si c'était pour annoncer sa mort !

« Toi ! » L'interpellation claqua dans la pièce.

Le rouquin cligna des yeux, perdu pendant un court instant. Quelqu'un lui parlait ? Il focalisa son attention sur la tablée. Arthur le fixait, agacé par son manque de réaction, et lui ordonnait de venir vers eux d'un mouvement de doigt, comme s'il s'adressait à un chien. Les autres Weasley le fusillaient du regard.

« Viens par-là ! » Continua le chef de famille, agressif.

Oh non ! Fred ne voulait pas venir. Inconsciemment, il sentit sa main et ses jambes trembler et ce n'était pas que la fatigue. Il était très rare que les Weasley s'adressent directement à eux lorsque George ou lui étaient là. Généralement, cela n'annonçait rien de bon. Doucement, n'ayant pas vraiment le choix, il avança un pas après l'autre, les yeux rivés vers le tapis. Il s'arrêta juste devant la table, à côté d'Arthur. Celui-ci tiqua.

« Arrête de te comporter comme ça ! » S'écria-t-il en lui donnant une taloche réprobatrice sur le haut de son crâne.

Fred marmonna du bout des lèvres un désolé, les yeux toujours rivés vers le sol.

« Agaçant et insolent, ce gosse… » Soupira l'homme vers les autres membres de la famille. « Rien à voir avec avant ! On t'a vraiment élevé pour être comme ça ? Tu ne peux que t'en prendre à toi-même ! Tu n'avais qu'à pas trainer avec des Sorciers Noirs ! » Fred resta silencieux devant l'humiliation. « Range la table, sans rien manger. »

En entendant l'ordre, Fred écarquilla les yeux, stupéfait. Sans effectuer le moindre mouvement, il regarda la famille se lever, prêt à rejoindre le salon. Jamais ça n'était arrivé avant ! Il devait toujours débarrasser une fois que les Weasley partaient se coucher – sauf un qui devait les enfermer dans la cave – pour qu'il reste debout à observer la nourriture interdite devant lui. Autant dire, cette mesure était particulière et surprenante. William le heurta plutôt violemment et lui donna un coup de pied. Une vague douleur remonta le long de sa jambe gauche mais disparut aussitôt – cette douleur n'était rien par rapport à sa main.

« Ne t'avise pas de manger, je le saurais… » Lui glissa doucement William à l'oreille alors que le dragonnier passait de l'autre côté d'eux, ricanant.

Fred frissonna à la menace implicite. Il pouvait affirmer sans honte qu'il était terrifié. Mais il n'y avait aucune chance qu'il prenne une seule bouchée de cette nourriture ! Beaucoup trop dangereux et suicidaire !

« Bill ! Charlie ! » Appela Molly à l'entrée du salon, elle lui jeta un regard condescendant qui le fit baisser à nouveau les yeux. « Venez, nous devons parler du rendez-vous de Lord Gryffindor ! » Elle disparut vers le salon.

Les oreilles de Fred frétillèrent quand elles entendirent le nom de Gyffindor être évoqué. Peut-être le temps viendrait bientôt pour eux ! La sensation de l'espoir le traversa. Il devait écouter cette conversation ! Il devait savoir…il le devait !

« On devrait tenter d'approcher Lord Peverell pour… » La voix d'Arthur devint indistincte.

Peverell ? Le rouquin fut choqué. Il ignorait qu'un Peverell avait refait surface. Ne devaient-ils pas avoir tous disparu il y a environ 200 ans ? C'était une grosse surprise !

Fred entendit seulement une personne sortir. Inquiet, il releva timidement la tête pour voir le visage souriant de William devant lui. Son cœur rata un battement. Les yeux bleus, similaires aux siens, l'analysèrent, une étrange lueur brillant au fond de ses prunelles.

« Je ne sais pas quoi, mais j'ai l'impression que tu caches quelque chose… » Murmura William, sa voix remplie de suspicion. « Je ne sais pas quoi mais je trouverai… »

Sur cette promesse, William sortit dignement de la salle à manger laissant un Fred paniqué. Son cœur battait à mille à l'heure, ses yeux étaient écarquillés, sortant de ses orbites, rivés vers l'entrée de la salle. Il ouvrit grand sa bouche mais rien ne sortit de sa bouche hormis un faible gémissement. Savait-il ? Savait-il pour leur plan ? Comment ? Comment pouvait-il le savoir ? Le rouquin sentit ses jambes faiblir, le lâcher. Il glissa silencieusement sur le sol. Il tenta de reprendre sa respiration. Pourquoi ? Etaient-ils aussi surveillés dans la cave ? Fred posa sa main sur sa poitrine et serra violement ses vêtements dans un vague espoir de rester ancré à la réalité. Il avait mal. Ses poumons lui faisaient mal. Il n'arrivait plus à respirer. Sa vue devint floue, il ne voyait plus rien, juste des points noirs. Était-il en train de mourir ?

De plus en plus paniqué et terrifié, Fred tenta de reprendre son souffle. Mais la douleur s'empara de l'ensemble de son système respiratoire. Sa respiration devint saccadée. Il avait mal. Avaient-ils été découverts ? William allait-il leur faire payer ? Il détestait l'emprise de fer que celui-ci détenait sur lui…eux…George…allait-il faire du mal à George ? Ce n'était pas de la faute de George ! Mais la sienne ! Il ne pouvait pas…

« Fred ! » Une voix lointaine l'appela. « Bordel ! Fred ! Reviens moi ! »

Il se sentit être pris dans une étreinte réconfortante familière. George ? Ne devait-il pas être dans la cuisine ? Que faisait-il là ? Il allait être puni par sa faute s'il restait là ! Sa tête fut soudainement pressée contre la poitrine amaigrie de son frère.

« Je suis là… » Murmura gentiment George à son oreille. « Ecoute les battements de mon cœur. Tout va bien. Shhh… »

Fred hoqueta, un sanglot remonta le long de gorge. Il remarqua juste les larmes coulant à flots de ses joues. Comment avait-il fait pour ne rien remarquer ? Il voulut parler, dire quelque chose, renvoyer son frère dans la cuisine avant qu'il ne se fasse punir, mais rien ne sortit, autre qu'un sanglot. Il s'enfonça plus dans l'étreinte de son frère, abandonnant ses pensées. Il posa son oreille au niveau du cœur de George. Fred se laissa bercer par son battement régulier, se calmant progressivement.

« Calme-toi. Respire lentement. » Continua George, réconfortant, caressant son dos avec douceur. « Inspire, expire. Là, comme ça. »

Fred l'écouta. Pendant les quelques minutes suivantes, il écouta les réconforts, les conseils de son frère et rapidement, il reprit son calme. Ses sanglots diminuèrent, jusqu'à disparaitre. Il garda cependant son visage larmoyant caché dans la poitrine de George.

« Ça va mieux ? » Fred hocha seulement la tête en réponse. « Tu m'as fait une petite peur, Fred. » Rit tout bas George mais Fred repéra une pointe de soulagement et de peur dans sa voix. « Quelle idée de faire une crise de panique en plein milieu de la salle à manger ! »

Sa respiration de nouveau régulière et son calme revenu, Fred laissa un léger rire brisé et désabusé s'échapper de sa gorge. Il était vrai que la situation était pas mal absurde. Comment avait-il pu laisser ses émotions s'emparer autant de lui ? Les paroles de William l'avaient vraiment chamboulé !

« Tu peux te relever ? » Dit finalement George après quelques minutes de silence. « On devrait reprendre notre boulot. Tu peux le faire ? »

Fred leva finalement la tête et eut une vue parfaite sur le visage rempli d'inquiétude de son jumeau. Il prit appui sur ses jambes et se releva. Il sourit faiblement, se voulant rassurant.

« Je peux le faire… » Murmura-t-il.

« Sûr ? » Fred hocha juste de la tête, évitant son regard. « Promets-moi de me dire ce qui t'a mis dans cet état. »

Fred sentit son visage être pris entre les mains de George qui lui releva la tête vers lui. Ses yeux luisaient d'inquiétude, de tristesse et de peur. Ce n'était pas un regard que Fred voulait voir sur le visage de son cher frère. Devant son expression insistante, Fred finit par soupirer.

« Promis… »

« Bien ! »

George déposa ses lèvres sur sa joue et sortit rapidement et discrètement de la salle à manger après lui avoir fait un dernier petit coucou. Fred passa sa main sur son visage, fatigué. Son ventre grogna lui rappelant sa faim. Quelle blague…il devait débarrasser sans manger, luttant contre la fatigue et la panique. Il avait eu mieux comme journée…

Son regard se perdit vers la cuisine. George, d'une manière ou d'une autre – probablement par leur lien – avait deviné sa panique. Il s'était précipité vers lui malgré la menace d'être puni pour avoir quitté son poste sans autorisation. Fred se sentit coupable d'avoir risqué sa santé et la honte l'envahit. Il devait vraiment mieux maîtriser ses émotions ! Cela ne devait plus arriver !

Mais il ne put s'empêcher de sourire alors qu'il empilait les assiettes vides les unes sur les autres. George était venu le réconforter. Il était venu, il ne l'avait pas abandonné ! Cela lui suffisait pour ne pas qu'il se sente seul ! Que deviendrait-il sans lui ? Il serait perdu, une coquille vide ! Malgré son habituel pessimisme, George était prêt à tout pour qu'il se sente en sécurité et Fred voulait que la réciproque soit vraie. Son frère méritait plus que quiconque d'être protégé !

Se protégeant l'un l'autre, ils pourraient s'en sortir ! Bientôt. Bientôt, ils pourraient fuir. Ce n'était qu'une question de temps.

OoO

Bonjour mes chéris ! Et voilà un nouveau chapitre de fini ! Quelle surprise et quelle tension ! Je dois dire que j'adore écrire les chapitres sur les jumeaux ! Je m'amuse comme une folle même si je les torture…vraiment sadique, je suis…

Allons bon, peut-être vont-ils réussir à s'échapper ! Ron, sous son nom de Lord, vas faire un coucou aux Weasley ! Espérons qu'il puisse libérer ses frères avant qu'il ne soit trop tard ! Ils méritent de se reposer et d'être tranquille !

Sinon, voici le retour du confinement…c'est parti pour se refaire chier pendant un putain de mois ! Bonne chance à tous ! Puisse le sort vous être favorable ! Donc j'ai pas mal d'idées stupides que je vais pouvoir développer ! MOUHAHAHA !

Enfin…si les cours me donnent du temps…

A bientôt !