Auteure : Elfelmira

Genre : Mystère, Amitié, Famille

Résumé : Fin de la deuxième année, Ginny a été enlevée dans la Chambre des Secrets. Lockhart, Ron et Harry partent à sa recherche. Or le professeur, afin de s'accaparer toute la gloire, brise les baguettes des deux amis et les emprisonne dans la Chambre. Se retrouvant au centre d'un complot, ils vont devoir apprendre à survivre, seuls ou presque. Ils vont apprendre à voir au-delà des apparences et de la Magie elle-même... L'année du Serpentaire arrive...

Bashing : Dumby, Hermione, les Weasley (on les aime ceux-là) sauf les jumeaux, pour eux je ne pourrais jamais y arriver... Alors je sais, je fais pas mal de bashing sur ces personnes tout simplement parce que je ne suis pas très fan d'eux. Il y a une exception pour Hermione, j'adore ce personnage mais je trouve que le nombre de bashing concernant Hermione sont peu nombreux et que Ron s'en prend toujours plein la gueule. Alors j'inverse, Ron sera un gentil et si ça ne vous plaît pas…bah…pas grave !

Attention : Les événements de la première et deuxième année (sauf la fin) correspondent aux livres ou films. Les passés d'Harry et Ron seront modifiés à ma façon, donc pas de cris. Il est possible qu'il y ait de l'humour sarcastique comme je l'aime. Et enfin, pour les couples, je ne sais pas encore. Mais ce qui est sûr c'est que c'est un slash. On verra. Risque de spoil mais bon, comme tout le monde connaît Harry Potter, on s'en fou un peu…

Couple : BZ/HP, je ne sais pas encore pour Ron, j'hésite pour un RW/DM ou un RW/DG, ça reste à voir. En vrai, maintenant je sais ce que je vais faire mais je vais pas vous le dire héhéhé !

Alors, petite information supplémentaire, je remercie ma Bêta, Cuicuit, pour m'avoir corrigée et relue. Pour l'instant pub, je vous invite à aller lire ce qu'elle a écrit sur wattpad, c'est magnifique !

Ni Harry Potter (le livre et le film) ni les personnages ne m'appartiennent, ils sont à JKR. Voilà voilà.

Je tiens à tous vous remercier pour vos reviews et vos votes ! Je ne peux pas répondre forcément, c'est impossible, mais je les lis toutes avec grand bonheur. Merci !

« Parole »

« Fourchelangue »

« Langage des animaux »

OoO

Partie 3 :

Chapitre 28 :

Jeu de l'Ombre

OoO

Attention, risques de présence de torture psychologique et physique, vous êtes prévenus !

« C'est à toi. »

Un froissement de feuille suivi d'un bruit sourd résonna dans la cave silencieuse.

« Bataille ! »

L'atmosphère devient tendue, concentrée.

« Ah ! J'ai gagné ! Roi contre dame ! Je suis le meilleur ! »

Un rire machiavélique et démoniaque s'échappa de la bouche de l'un des joueurs.

« Je demande une revanche ! »

« Dans tes rêves ! Je reste sur ma victoire ! »

« Mauvais joueur… »

« C'est toi qui dis ça ! »

Fred ricana, fier de lui, et ramassa le petit paquet de vielles cartes abimées qu'il mit dans son tas conséquent. Il compara avec humour, les deux paquets – George n'avait juste plus de cartes. Ennuyé par sa défaite, George grogna et lui tira la langue avec maturité. Il croisa ensuite ses longs bras fins sur son torse et bouda. Amusé par le comportement enfantin de son jumeau, Fred s'approcha de lui, entourant ses épaules avec l'un de ses bras.

« Tu ne peux rien faire contre mon génie. »

« Dis surtout que tu triches ! » Protesta George, l'air outré et accusateur. « Je ne sais pas comment tu fais, mais je trouverai ! »

« Moi ? Tricher ? Ce n'est pas mon genre, voyons ! » Fit Fred, innocemment. « Je suis l'être le plus digne de confiance qui existe ! »

« Je vais te croire, tiens ! »

Fred ricana à nouveau et se décrocha de son frère. Il s'étala ensuite le long de sa couche, ses yeux fixés sur le plafond miteux. Pour une fois qu'ils trouvaient le moyen de s'amuser sans se soucier de rien. Cela faisait du bien de rire et de jouer comme si rien n'était. Pour se changer les idées, il n'y avait rien de mieux. Depuis que Fred avait redonné espoir à George, avec son plan d'évasion, ils vivaient avec un objectif et non plus au jour le jour. Ils arrivaient enfin à rire. Quelque chose qu'ils n'avaient pas fait depuis si longtemps. Ensemble, ils s'échapperaient loin de cet enfer !

Les jumeaux avaient la journée de libre. C'était extrêmement rare. Mais personne n'était au manoir – néanmoins, les barrières magiques avaient été levées au maximum, empêchant toute tentative de fuite. William avait été convoqué par les Aurors pour livrer un témoignage par rapport aux Gobelins et à leur révolution puisqu'il était briseur de sort à leur service. Charlie était parti précipitamment en Roumanie, la réserve des Dragons subissant des problèmes financiers importants. Leurs parents étaient au Magenmagot, discutant probablement de toute cette crise. Et Perceval avait tout simplement disparu, personne n'avait pu retracer sa magie. Et la révolte gobeline avait définitivement mis un terme aux recherches – ils ne savaient pas réellement pourquoi les Gobelins s'étaient révoltés, mais cela les arrangeait et ils les auraient aidés s'ils le pouvaient.

Une bonne chose de faite, pensa Fred, satisfait. Il espérait au fond de lui que Perceval soit mort, ou juste qu'il ne revienne jamais. De toute façon, le rouquin avait cette impression que plus jamais il ne le reverrait, que quelqu'un s'était occupé de lui. Sinon, pourquoi n'était-il pas revenu ? Il devrait peut-être trouver leur sauveur et le remercier de vive voix ! Après tout, cela faisait toujours un Weasley de moins, une pression s'ôtait de ses épaules. Néanmoins, il se sentait un peu déçu. Il aurait tellement adoré être l'auteur de cette disparition.

Ah, Fred aurait pris un malin plaisir à lui retirer doucement le cœur, à le faire souffrir avec une exquise douleur. Le rouquin soupira, sa tête dandina sur le côté et un sourire sadique s'inscrit sur ses lèvres gercées. Peut-être aurait-il pensé à retirer les ongles, un à un, des mains et pieds de celui qu'il avait considéré comme son frère ? Mmh, Il devrait innover, chercher des moyens pour ces gens souffrent longuement entre ses mains, qu'ils sentent la douleur, la terreur qu'il avait ressentie. Oh, il se ferait une joie de savourer leurs visages tordus de douleur, suppliant pour leur vie. Et enfin, enfin, il mettrait fin à leurs jours, les éviscérant à la manière Muggle – ceux-ci étaient très innovants voire progressistes en matière de torture !

Le rouquin ne prit absolument pas garde à son ombre, qui se tortilla légèrement sur elle-même en un effroyable sourire satisfait. Elle semblait se tordre rire d'une blague qu'elle seule pouvait comprendre.

« Fred ? Tu es avec moi ? » La voix de George interrompit son doux rêve de vengeance et Fred se redressa sur ses coudes maigres, un sourcil haussé. « Tu t'es perdu dans ton esprit. »

« Oups… » Le rouquin passa son moignon dans ses cheveux sales et gras – dire qu'il se moquait des cheveux de Snape à une époque, il n'était pas mieux loti.

Fred reprit sa respiration, chassant le plaisant rêve éveillé de plus tôt, il s'occuperait de ça quand George serait couché, en paix et protégé. Il n'allait pas inquiéter son jumeau plus que cela avec ses idées de torture ! Il refusait qu'il soit encore plus épuisé qu'il ne l'était déjà à cause de cauchemars dont il pourrait être la cause ! Déjà que la pensée même de s'échapper sous le nez de leurs tortionnaires terrorisait George…

« On refait une partie ? » Proposa finalement George, mélangeant les vieilles cartes à moitié déchirées.

Les jumeaux, en agrandissant un peu le passage par lequel ils allaient s'échapper, avaient déterré un vieux jeu de cartes. Ils l'avaient probablement caché dans leur petit souterrain, lorsqu'ils étaient enfants, pour s'occuper quand leur mère voudrait les punir de leurs bêtises. Cela devait être un de leurs nombreux trésors d'enfance. George avait fondu en larme en découvrant les cartes, se rappelant d'un passé joyeux, où toute la famille était réunie par amour. Fred avait juste serré son frère dans ses bras, le consolant et le laissant pleurer. Lui, il n'avait laissé que des larmes de frustration s'échapper de ses yeux. Et il avait fait la promesse qu'ils sortiraient et se vengeraient de tous ceux à l'origine de leur malheur.

Après, les jumeaux avaient enfin trouvé un divertissement et jouaient pendant des heures, dès qu'ils avaient du temps de libre. Pour se changer les idées et se vider du stress, il n'y avait rien de mieux qu'un bon jeu de cartes.

Avec amour, Fred observa George distribuer les cartes en deux piles égales. Le rouquin s'empara du tas avec un sourire machiavélique. Pour le moment, il ne voulait penser à rien d'autre que déplumer son frère.

OoO

Le claquement soudain de la porte contre le mur le fit sursauter violemment. D'un bond, il se retrouva debout, redoutant déjà ce qui allait venir. Fred se mordit la langue pour se réveiller pleinement. Bailler ne lui apporterait que des problèmes, il le savait d'expérience. Mais comment dire…avec le peu de sommeil, de nourriture et le travail absurde qu'ils avaient, Fred n'avait qu'une envie : dormir pour toujours.

Des pas durs et rapides claquèrent sur les marches en bois grinçantes et mal entretenues. Il put les reconnaitre sans mal. Depuis le temps, il savait parfaitement à qui appartenait chaque timbre particulier de pas. Molly était étrangement douce et silencieuse, par exemple. D'après elle, cela assurait sa dominance maternelle sur eux. Du point de vue de Fred, cette fausse douceur et gentillesse le terrifiait. A l'inverse, Arthur aimait se montrer violent, aimant se faire entendre. Il voulait avertir de son arrivée et que les jumeaux se mettent dans une sorte de garde-à-vous docile. Charlie et William avaient une approche similaire. Rapide, efficace et souple. Cependant, Charlie ne faisait presque pas de bruit, les Dragons étant très sensibles au moindre son.

Ce fut donc sans la moindre surprise que la figure pâle mais riche d'Arthur apparut en bas de l'escalier. Fred se redressa sur lui-même, s'assurant de garder son dos aussi droit que ses muscles endoloris, maigres et faibles lui permettaient. Il sentit George l'imiter, un peu caché derrière lui, cherchant une forme d'assurance et de protection. Fred, se décala légèrement, dans le but de mieux cacher la silhouette tremblante de son jumeau : il avait dû mal dormir cette nuit.

Arthur renifla l'air renfermé et nauséabond de la cave, les traits de son visage se déformèrent dans une grimace de dégoût. Il refusa de marcher plus loin, préférant rester près de la porte, où un courant d'air chassait la mauvaise odeur. Fred s'amusa intérieurement et profita sadiquement du profond malaise de celui qui fut son père. C'était ça de vivre enfermé la moitié de son temps dans un même espace, sans se laver, sans pouvoir sortir faire ses affaires naturelles, transpirant abondements de tout le travail éreintant qu'on leur donnait. Bienvenue dans leur monde, voulait-il chantonner, avec sarcasme. Mais il retint sa langue. La perte de sa main avait été suffisamment dure et traumatisant. Il ne voulait pas subir à nouveau une telle punition. Son corps frissonna de terreur en repensant à l'horrible douleur et ses doigts volèrent sur son moignon, massant légèrement la peau fine et fragile du poignet.

« Venez avec moi. » La voix grave, sèche et dure d'Arthur raisonna dans le silence. « Plus vite que ça, Molly vous attend ! Vous avez du travail. »

Fred sentit la main de George agripper l'arrière de sa tunique déchirée en signe de confort. Fred se mordit les lèvres pour éviter de conforter son jumeau. Les deux se dirigèrent vers l'entrée, sans un mot, les yeux baissés vers le sol, refusant de croiser le regard méchant et perçant d'Arthur. En passant devant leur 'père', il récolta une méchante claque, qui rougit rapidement sa joue creuse et pâle, la douleur se répandit dans l'ensemble de son visage. Mais il ne dit rien, pas un son ne sortit de sa bouche. Fred avait l'habitude de subir ce genre de traitement. Il vivait avec.

La claque se répéta sur George, qui lui non plus ne dit pas un mot. Fred mordit à nouveau sa pauvre langue. Subir des abus était une chose, voir son frère, l'être qu'il aimait plus que tout au monde, l'autre moitié de son âme, en être la victime était une autre. La rage était la seule émotion violente qu'il ressentait dans ces moments. Une rage profonde, aveuglante, sauvage où il voulait arracher la gorge d'Arthur avec ses dents.

« Plus vite ! » Cracha Arthur, en les poussant violemment dans le fragile escalier. « Vous êtes d'une lenteur ! On vous a réellement élevés comme cela ? De vrais bons à rien, je vous jure… »

Fred grinça des dents à l'insulte. Une folle envie de répliquer et de lui balancer son poing dans la gueule s'empara de lui. Qu'est-ce qu'il voulait lui lister tout le travail qu'il faisait ! Lui dire qu'il n'avait jamais le temps de se reposer, de manger, de ne rien faire ! Arthur n'avait pas le droit, il n'avait pas le droit de les accuser de fainéantise ! Mais le rouquin demeura docile, fixant méchamment les pauvres marches en bois. Il frissonna quand un courant d'air glacial traversa la pièce, lui rappelant la dure réalité de l'hiver…dans leur cave, il faisait froid, mais c'était supportable lorsqu'ils se couvraient et se serraient. Depuis le temps, ils avaient pris l'habitude de supporter les températures extrêmes.

Rapidement, ils furent dehors, Arthur fermant la marche, analysant avec attention les enchantements multiples qui entouraient leur prison, prenant un malin plaisir à prendre son temps. Fred resta droit malgré le froid mordant qui s'infiltrait dans ses guenilles. Ses pieds à moitié nus – de vieilles chaussettes agonisantes couvraient ses pieds maigres – se crispaient sur la terre gelée, cherchant à se réchauffer. Fred pouvait sentir ses articulations craquer, sa peau rougir désagréablement. Dans le vain espoir de trouver un peu de chaleur, le rouquin s'entoura de ses bras tremblotants et se dandina d'un pied à l'autre, pour ne pas rester immobile. George préféra se coller contre son dos, profitant de la chaleur humaine.

Les jumeaux patientèrent sagement. Fred observa un instant Arthur poser et vérifier les sorts avant de tourner son regard bleu vers les marais entourant la maison. C'étaient ces mêmes marais dans lesquels ils avaient joué de nombreuses fois à cache-cache, à chat ou encore qu'ils avaient survolés sur un balai avec Ron et Ginny (son cœur se serra et il sentit des larmes remonter dans le coin de ses yeux en pensant ses petits frère et sœur). Leur connaissance profonde du terrain leur donnait un avantage ! Ils pourraient s'enfuir par là assez facilement ! Il était loin le temps où cet espace n'était qu'un terrain de jeu. Maintenant, pour Fred, c'était un espoir vers la liberté.

« Arrêtez de rêvasser ! » Claqua froidement Arthur, Fred posa à nouveau son regard vers son 'père'. « On vous a laissé assez de temps pour vous reposer, à ce que je sache ! Allez, suivez-moi ! Vous allez nous mettre en retard ! »

Et le Lord s'empressa de rejoindre l'entrée du manoir, ses pas crissèrent sur la glace et les quelques morceaux de neige. Évidemment, il ne se remettait même pas en cause ! C'était par sa faute, s'ils étaient en retard, par la leur ! C'était lui qui avait voulu trainer pour regarder les boucliers. Fred et George partagèrent un regard de réconfort, s'attrapèrent par la main pour se donner du courage, et suivirent Arthur. Fred ne pensa même pas à la douleur familière traversant ses pieds au contact glacial du sol. Il avait l'habitude.

Finalement, ils furent au chaud, au sein du manoir. Malgré lui, Fred se détendit et il soupira de contentement. Il ferma les yeux, savourant la douce chaleur entourer son corps, brûlant ses pieds et ses mains. Il n'avait pas eu aussi chaud depuis plusieurs jours ! Et il mentirait s'il disait que cela ne lui avait pas manqué. Son corps finit par arrêter de trembler de froid, le rouquin en fut profondément soulagé. Pour lui, c'était un signe de faiblesse et il en avait marre de paraître faible.

Il sursauta et ouvrit grand les yeux lorsqu'une violente baffe s'abattit sur sa joue, fissurant ses lèvres déjà fragiles. Il manqua de tomber mais il put s'agripper in extremis au mur, parvenant à rester debout. Son cœur battant et sa bravoure disparue, il leva la tête pour tomber sur le visage menaçant d'Arthur. Son esprit rebelle fut remplacé par son esprit traumatisé. Devant les yeux qui le fixaient avec un tel mépris, il ne put que se recroqueviller sur lui-même, le souffle court, terrorisé d'être la victime d'un tel regard. Sa seule main vola inconsciemment contre sa joue ensanglantée, son visage tourné vers le sol, des larmes coulaient sans son autorisation. Il sentit le goût du sang dans sa bouche, sa langue passait sans arrêt sur ses lèvres meurtries. Il tremblait comme cette feuille au vent qu'il avait observée plus jeune. Et pour cette faiblesse, il se maudit. Il maudit Dumbledore pour lui avoir jeté un sort d'esclave. Il maudit sa famille pour le traiter comme un esclave. Il se maudit pour se comporter comme un esclave. Et un lâche.

« Pff…tu n'es plus aussi rebelle qu'autrefois, Frédéric. » S'amusa sadiquement Arthur, passant un doigt sous son menton, le forçant à relever la tête. « Je dois dire, cette époque me manque…Dire que mes propres fils collaboraient avec ces sales chiens de Sorciers noirs ! Une véritable honte ! Indigne des Weasley ! »

Arthur le lâcha, et sa tête retomba furieusement contre son torse. Quelques gouttes de sang giclèrent contre son t-shirt troué, gris et sale. Mais Fred ne bougea pas. Il attendit en tremblant que son 'père' leur ordonne de le suivre. Il voulait juste se faire oublier. George se précipita – aussi discrètement que possible – vers lui, l'aidant à se redresser, sans un mot même s'il ressentait l'inquiétude flagrante de son jumeau à travers leur lien. La présence rassurante de son frère lui permit de se calmer et de se reprendre. Fred se remit fermement sur ses pieds affaiblis, il passa sa main sur sa joue pour effacer le sang. Il pressa ensuite son doigt contre sa bouche, sa langue vint chatouiller le sang étalé contre sa peau. Le goût métallique familier ravagea son palais, mais il ne fit que sourire, pensant avec envie que c'était le sang d'Arthur qu'il léchait, pas le sien.

Les jumeaux suivirent enfin Arthur, qui discutait vivement avec Molly. Dans un coin de la pièce, Charlie fixait le feu crépitant dans la cheminée avec attention et William lisait distraitement un livre, son regard passait de la page à ses parents. Tous s'interrompirent en les voyant timidement entrer, la tête baissée, soumis.

« Enfin vous êtes là. » Grogna Molly, la langue acérée. « Vous savez vous faire attendre. J'espère que vous vous rappelez qui sont les maitres de ce manoir ? »

Aucun des jumeaux ne pipa mot. Fred savait que c'était une question rhétorique. Et il n'avait pas envie de se faire frapper une nouvelle fois et de se perdre dans son subconscient, en panique. Non merci ! Son regard bleu resta obstinément posé sur le tapis oriental rouge.

« Maman, on n'a pas le temps de leur rappeler les règles. » S'impatienta William, son livre maintenant oublié sur son fauteuil. « Nous n'avons pas le temps. »

Pour une fois, Fred remercia intérieurement William. Il le détestait, le haïssait, mais s'il lui permettait d'échapper à une remontrance suivie, sans aucun doute, d'une correction, il était preneur. Et puis, cette atmosphère tendue l'intriguait. Les Gobelins et leur révolution devaient vraiment les chambouler.

Le rouquin retint un ricanement mesquin. Ah ! Ce que le karma pouvait être sadique ! Les Weasley, pauvres, vendirent leur famille contre de l'argent, devenant richissimes et nobles. Et voilà leur récompense. Tous les malheurs qu'ils avaient engendrés s'abattaient sur eux, se vengeaient, sous la forme d'une crise économique, les ruinant. Fred appréciait de plus en plus les Gobelins. Dommage qu'il ne puisse pas savourer tranquillement cet instant, sans à avoir à en subir les conséquences. Il frissonna en se rappelant de la mort de Tante Muriel, deux semaines plus tôt. En plus de les détruire mentalement – ils avaient pleuré toute la nuit – les Weasley avaient passé leur colère sur eux. Le nouveau Lord Prewett ne s'était même pas présenté à l'enterrement, au plus grand désarroi et rage de la famille de rouquins. Son dos tiqua, la douleur fantôme lui rappela méchamment les quelques coups de fouet reçus. Et la disparition Perceval n'avait rien arrangé à leur sort.

Peut-être que cette fois, les Weasley ne passeraient pas leur colère sur eux ?

« Tu as raison, Bill. Notre soirée va être chargée. » Soupira Molly, mettant une main dans ses beaux cheveux roux luisants.

Fred traduisit la phrase de sa mère par « votre soirée va être chargée ». Les chances qu'ils aillent dormir ce soir étaient minces, songea Fred, agacé et fatigué.

« Vous deux ! » Perça Molly, leur ordonnant avec son doigt de s'approcher d'elle, ils obéirent sans un mot. « Je veux voir la maison impeccable d'ici demain matin. Toute la maison, du moindre placard au moindre recoin, sans exception. Je ne veux voir aucune poussière. Tout doit briller ! Même les livres ! »

Fred hocha vivement la tête, ne voulant pas s'attirer plus les foudres d'une femme insupportable déjà en rogne. Même s'il ne voyait pas l'intérêt de nettoyer la vieille commode cabossée du grenier et le coin derrière les toilettes, il n'allait pas protester. Il avait l'habitude d'obéir aux ordres insensés de cette famille.

« Une fois la maison parfaite, demain, George, tu seras en charge de préparer le repas digne de ce nom et d'organiser la table dans la grande salle pour demain soir. » Continua-t-elle, sans prendre la peine de leur jeter un regard. « Fred sera incapable de faire ce travail. » Elle renifla avec condescendance, Fred grinça des dents. « Vu l'état de sa main, il va empirer tout. »

William et Charlie gloussèrent à cette remarque. Fred prit connaissance du visage satisfait de sa 'mère', qui aimait lui rappeler la perte de sa main. Le rouquin baissa la tête, ses cheveux gras, à moitié long, vinrent cacher ses yeux brillants de colère et de larmes. Et cette femme sadique était sa mère ? Il avait du mal à y croire ! Où était passé cette femme adorable, s'inquiétant de tout, aimante ? Tout cela n'avait été qu'un masque ? George vint se presser discrètement contre lui, en présence réconfortante. Fred en fut rassuré. Que ferait-il sans son jumeau ?

« Nous avons un invité de marque ! » Ajouta Arthur, allant enlacer tendrement sa femme. « Nous devons l'impressionner. Si rien n'est parfait, vous savez ce qui vous attend… »

La menace sous-jacente fit trembler George. Ce fut au tour de Fred de le rassurer. Par leur lien, il envoya de la chaleur. Tout irait bien. Tout sera prêt pour demain soir. Mais Fred resta curieux. Un invité de marque ? Serait-ce Lord Gryffindor ? Mais, leur rencontre est censée être dans deux semaines !

« Lord Gryffindor vient plus tôt que prévu, à cause de la crise pathétique de ces Créatures. » Arthur confirma les soupçons de Fred.

Fred frémit d'excitation mais aussi d'effroi. C'était une bonne nouvelle mais aussi une mauvaise. C'était beaucoup trop tôt ! Le rouquin partagea un rapide coup d'œil avec son frère, inquiet. Celui-ci fit un léger hochement de tête, perceptible uniquement par lui. Résolu, Fred se détourna. Ils allaient devoir improviser. Ils n'étaient qu'à un pas de la liberté.

« Vous allez donc tout préparer. »

Molly se lança dans une explication complexe. Fred soupira. La charge de travail qui les attendait était énorme, presque impossible à accomplir en une nuit et une demi-journée. Ils allaient devoir courir après la montre. Surtout s'ils voulaient que tout soit prêt pour leur évasion.

« Pour finir… » Molly leva son index, sévère. « Je ne veux pas vous voir de la soirée, vous nous ferez honte. Lord Gryffindor ne doit pas savoir que vous êtes là. Vous serez dans votre cave toute la soirée, sans un bruit, sans protester. Vous savez ce qui vous attends, si vous n'obéissez pas. »

Fred hocha vivement la tête, passant rapidement sa langue sur sa lèvre meurtrie par le coup de tout à l'heure. Le Plan A était fichu. Dans ce plan, ils avaient prévu que les Weasley les forceraient à rester dans la cuisine ou dans le salon et ils devraient jouer les serviteurs. Ils devaient, ensuite, profiter de ce moment pour analyser le Lord et attirer son attention pour qu'il leur vienne en aide. Cependant, ils allaient passer au plan B. Les jumeaux patienteront tranquillement dans leur cave, attendant que les barrières qui les emprisonnent soient baissées pour éviter qu'Apophis Gryffindor ne remarque quelque chose. Enfin, ils passeront par leur petit tunnel et s'enfuiront le plus vite possible. Ils devront alors rejoindre un endroit sécurisé. Le problème majeur : le tunnel était encore un peu trop resserré dans le fond.

« Allez ! Au boulot ! » Cria Molly, frappant George pour le forcer à bouger.

Fred fit un pas pour l'aider, alors qu'il tomba sur le sol. Mais le regard perçant et menaçant de William le figea sur place. Il devina sans mal le sens de ce regard « bouge et tu le regretteras ». George se releva tant bien que mal, et reprit difficilement son équilibre, ses jambes fragiles menacèrent de se dérober sous son poids. Une fois stable, il envoya une œillade et un sourire rassurants, détendant Fred. Il allait bien.

Les deux sortirent rapidement du salon, se tapotèrent vaillamment le dos, en signe de soutien, puis ils se séparèrent. Fred partit directement vers le grenier et George commencerait vers le rez-de-chaussée. Son cœur tambourinait dans sa poitrine et une douce chaleur d'espoir remonta le long de son corps. Fred parvint même à sourire. Pas un sourire rassurant ou triste. Non. Un véritable sourire s'étira sur ses lèvres.

Demain soir, ils seront libres.

OoO

« George ? Tu y es presque ? » S'enquit Fred, jetant un coup d'œil dans le trou sombre.

« Encore un peu de patience ! De la terre bouche la sortie. » Résonna la voix de George.

Fred grogna, impatient et inquiet. Il donna un coup d'œil vers l'escalier donnant vers l'entrée de la cave pour se rassurer. Il n'y avait personne. Évidement qu'il n'y avait personne, pesta-t-il intérieurement ! Pourquoi il y aurait quelqu'un ? Tous les Weasley étaient avec Lord Gryffindor ! Il était arrivé une heure plus tôt, William et Charlie les avaient poussés violemment dans la cave, fermant la porte à triple tour, utilisant des puissants sorts.

Fred soupira et déposa le dos de son crâne contre le mur froid. Ses yeux traversèrent la cave, enfin, ce qu'il en voyait. Ils avaient pris soin de cacher le tunnel avec les cartons et poupées. Actuellement, il était assis près de l'entrée du passage, entre deux cartons sur lesquels deux poupées reposaient. Une fois encore, il avait cette impression d'être observé. Qu'est-ce qu'il détestait ces poupées ! Quel était l'intérêt d'en avoir acheté autant pour les foutre dans la cave ? Un hommage pour Ginny ?

Le rouquin claqua sa langue contre son palais, irrité, et il agrippa un morceau de terre qu'il jeta sur l'une des poupées. Avec satisfaction, il la regarda tomber sur le sol avec un petit « boum », de la poussière l'entourant.

« C'était quoi ? » S'écria la voix étouffée de George, paniqué.

« Rien, rien, je m'ennuie juste… » Dit-il contrarié.

« Arrête d'être aussi tendu et concentre-toi ! »

« Comment fais-tu pour être aussi décontracté ! » Protesta Fred, boudant légèrement. « D'habitude, c'est moi qui suis positif ! »

« Fred…je comprends ton stress. A la moindre faute, qui sait ce qui nous arrivera. » George sortit du tunnel et offrit un grand sourire. « Mais pense : on est bientôt libre. Juste ça me suffit pour me sentir prêt ! »

Fred se détendit enfin, ses épaules retombèrent. George avait raison. S'ils voulaient y arriver, être libres, il devait s'assurer de garder un sang-froid exemplaire ! Il ne pouvait pas tout gâcher à cause de sa peur et de son stress. Le rouquin se claqua fermement la joue pour se ressaisir et il se tourna vers George, tout sourire. Son frère était couvert de terre, de la tête au pied, mais cela ne semblait pas le gêner.

« Désolé ! »

« Là…c'est mieux ! » George tapota gentiment son épaule. « Tu vois quand tu veux ! » Il rit. « Enfin bref ! J'ai fini d'agrandir le tunnel ! Nous pouvons y aller ! »

« Oui ! » Fred balaya l'ensemble de la cave, là où ils avaient dormi pendant quatre ans. « Enfin, nous allons sortir de cet enfer… »

« Merci à Lord Gryffindor ! » Ajouta George d'un ton blagueur, il se pencha ensuite vers lui, plaça ses deux mains sur ses épaules, résolu et sérieux. « Quoiqu'il arrive, nous partirons d'ici libres. Je ne remettrai jamais les pieds ici. »

« C'est promis, George. » Fred posa son front contre celui de son frère. « C'est promis. »

Le rouquin ne voulait pas revoir et revivre cet enfer. Il ne voulait pas revoir les Weasley. Si. Il voulait les revoir. Morts et torturés. Par ses propres soins. Mais il préférait ne rien dire à George. Pour le moment, la seule chose qui comptait, c'était la fuite et la liberté. Le reste importait peu. Et de toute manière, Fred savait que son jumeau se doutait de son envie de vengeance. Leur lien des jumeaux lui permettait de percevoir quelques émotions très fortes.

Fred se décala légèrement de son frère tout sourire. Il passa une main dans ses cheveux sales, les caressant gentiment, calmement. Les jumeaux profitèrent du silence tranquille de la cave pendant quelques minutes, pressés l'un contre l'autre, partageant un dernier moment de répit avant leur fuite qui s'annonçait mouvementée. En fin, d'un commun accord à travers leur lien, George se détacha de Fred, la chaleur réconfortante de son frère lui manqua. George émit un petit rire avant de se détourner vers le précieux tunnel, le chemin vers la liberté.

Fred observa George s'allonger à plat-ventre devant l'entrée du tunnel. Les deux frères s'échangèrent un dernier regard, pour se porter chance, et George débuta sa longue ascension dans le long souterrain obscure, froid et humide. Fred attendit que son frère soit hors de sa vue pour commencer à ramper. Il lança un dernier regard vers la cave, posant ses yeux sur les couchettes étalées au sol, donna un coup à une des poupées avec satisfaction et il rentra dans le tunnel.

Rapidement, la mince lueur des torches de la cave disparut. Fred se retrouva pleinement dans le noir, entouré de parois étroites terreuses et boueuses. Il pouvait sentir contre sa peau, la boue, le froid. Un sentiment de claustrophobie l'envahit pendant un court instant. Il pouvait entendre sa respiration résonner autour de lui, son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, de stress, de peur et d'excitation. Mais il ne pouvait se laisser aller. Afin d'éviter d'éventuelles paniques et de se retrouver à s'étouffer, il pressa ses paupières fermement entre elles. Il n'allait pas abandonner ! Surtout qu'il n'avait pas à avoir peur ! Il connaissait le chemin ! Il n'avait qu'à avancer ! Au bout, c'était la liberté !

Son courage retrouvé, ses yeux de nouveau ouverts dans l'obscurité, il se sentait déterminé. George l'attendait. Sa main valide vola devant lui, agrippant de la terre, ses jambes se pressèrent contre lui. Il avança lentement, mais sûrement, ses yeux toujours figés devant lui. Il se tortillait pour ne pas rester bloqué, déchirant plus encore ses vêtements. Ses coudes frottèrent douloureusement contre des petits cailloux, il se cogna à plusieurs reprises contre les parois, son moignon le lançait, l'humidité et le froid ne l'aidaient pas. Sans aucun doute, il aurait des bleus et des égratignures à la sortie. Mais il ne s'arrêta pas. Il continua, encore et encore, acharné dans sa tâche.

Pour le moment, sa seule mission était d'avancer. Le reste lui semblait insignifiant. Durant de longues minutes étouffantes, claustrophobe, il se mouvait dans les ténèbres. Soudain, son champ de vision perçut, au loin, une lueur pâle et blanche. Un sourire de triomphe se dessina sur ses lèvres. Il savait à quoi correspondait cette lueur : c'était la lune ! C'était la liberté. Pour confirmer ses pensées, un courant d'air glacial vint lui chatouiller les joues. Il frissonna. Il frissonna, non pas de froid, mais d'anticipation et de joie. Il y était presque !

Un regain d'énergie traversa ses muscles fatigués et il pressa sur ses jambes pour se déplacer plus vite. La lueur se rapprochait petit à petit. Sa main se coupa, laissait une fine trace de sang. Mais la douleur n'existait plus pour Fred. Pour le moment, seule comptait cette lueur. Une main squelettique, pâle et boueuse se démarqua de la lueur, son ombre se refléta contre la paroi. Elle était tendue vers lui. Fred sourit fortement, une envolée d'émotion le faisait trembler.

Sans hésitation, il s'empara de la main et la serra avec émotion. Ni une ni deux, le propriétaire de la main le poussa vers l'extérieur, avec une force surprenante pour un corps dépourvu de muscles. Fred se retrouva trainé hors du tunnel, son visage se pressa contre un tas de neige froid mais pourtant si réconfortant. Le rouquin roula sur son dos, le temps de reprendre sa respiration, un énorme sourire plaqué sur son visage. Il regarda les étoiles brillantes et la lune éclairant la nuit. C'était si beau. Magnifique ! Il rit de joie ! Enfin ! Enfin ! Il était dehors ! Ils étaient dehors !

Ses yeux bleus, maintenant remplis de vie, se posèrent sur George. Son frère était assis, se reposant également, heureux. Il était couvert de boue et était en piteux état. Fred savait qu'il ne devait pas être mieux loti que son jumeau. Il rit une nouvelle fois.

« On doit y aller ! » Fit George après un court instant à savourer l'air glacial. « Nous ne devons pas rester ! Nous sommes encore dans la propriété des Weasley. »

« Yep ! » Approuva Fred, sautant sur ses jambes maigres, aidant son frère à se relever. « Après, je propose de manger la plus grosse plaque de chocolat de ma vie ! » Son sourire se refléta sur le visage de George.

« Et comment ! »

Les deux frères s'attrapèrent la main. Par ce simple geste, ils montraient leur amour profond, leur lien éternel : jamais on ne pourrait les séparer. Si Fred fuyait, il ne pourrait le faire sans George. Voilà ce que disait cette symbiose.

Fred ouvrit la voie, trainant son frère derrière lui. Le cœur battant mais léger, il se mit à courir vers les marais, s'éloignant du manoir. Leurs pas frappèrent la terre dure, la neige crissa. Malheureusement, ils n'avaient pas le temps d'effacer les traces laissées dans la neige. Fred pria qu'ils auraient le temps d'être loin et en sécurité avant que les Weasley ne se rendent compte de leur absence. Ses pieds nus et gelés glissèrent de temps à autres, George le rattrapait toujours avant qu'il ne touche le sol. Il tiqua. Ils n'iraient pas loin, sans chaussures. Mais il préférait sacrifier ses jambes plutôt que de retourner dans cet enfer. En se tournant vers son jumeau, il vit la même détermination sur son visage. Fred sourit. Ils y arriveraient.

Courant entre hautes herbes, les repoussant violemment hors de leur passage, les pieds dans l'eau froide jusqu'aux chevilles, les jumeaux avaient parcouru la moitié du domaine des Weasley. Fred devinait déjà la frontière du terrain, les barrières abaissées à cause de la venue de Lord Gryffindor. Ils passeraient les protections sans aucun problème.

Fred resserra sa main autour de celle de George, plus fort encore. Ils y étaient presque ! Son sourire s'accentua. Un sentiment de liberté jusqu'à lors inconnu pulsait dans ses veines. Jamais encore, il n'avait ressenti une émotion aussi forte ! Même la douleur pendant la mutilation de son bras ou son désir de vengeance n'étaient pas aussi fort. Alors, c'était ça, la liberté ?

Le rouquin faillit trébucher une nouvelle fois, son pied se prit dans les racines des herbes mortes. George le rattrapa avec un petit rire rauque. Fred était épuisé, frigorifié, son souffle partait en vapeur d'eau. Son corps faible et maigre ne l'aidait pas à surmonter facilement cette épreuve. Mais il était juste heureux. C'était sa seule force qui lui permettait de continuer à courir. Sans cette excitation, il serrait en train d'agoniser dans les marais.

C'était sans compter sur son manque de concentration.

Un plan sans accrocs était toujours impossible, qu'importait à quel point il était préparé et fiable. Fred le savait d'expérience : leurs blagues à Hogwarts ou chez eux – lorsqu'ils vivaient toujours comme une famille – le lui avaient appris. Malheureusement, dans sa joie de retrouver sa liberté, Fred avait cessé de surveiller les alentours.

Et le cri de douleur de George, sa main quittant violemment la sienne, accompagné d'un « splash » sonore, le ramena à la réalité. Fred se stoppa en précipitation, manqua de s'étaler à son tour dans le marais. Paniqué, il se tourna vers George. Il avait dû se prendre des racines, lui aussi, mais il n'avait pas eu le temps de se rattraper.

Le rouquin se précipita vers son frère pour l'aider à se redresser, allongé face contre terre dans l'eau, au milieu des hautes herbes mortes. Fred posa sa main sur son épaule, inquiet, le soutenant du mieux qu'il pouvait. George se redressa sur ses avant-bras, grimaçant de douleur. Il accepta l'aide de Fred sans rouspéter. Mais au moment où George attrapa sa main pour se relever, Fred observa avec confusion les yeux de son frère s'écarquiller d'horreur et s'arrêter sur un détail derrière lui.

« Attention ! » Hurla-t-il, désespéré, sa main tendue vers lui.

Fred resta figé sur place, incapable d'effectuer le moindre mouvement. Sa tête se tourna à moitié, ses yeux grands ouverts, brillants de terreur se fixèrent sur une forme, debout et droite, à quelques mètres de lui. Il n'eut pas le temps de figurer ce qu'il lui arrivait. L'instant d'après, il fut éjecté violemment sur plusieurs mètres. Il s'étala dans l'eau glaciale, sa bouche s'ouvrit dans un cri silencieux quand son dos se prit une pierre dure. Il crut entendre une de ses côtes craquer au moment de l'impact. Le souffle coupé, sa main unique vint palper son ventre, cherchant à atténuer la douleur. Au bord des larmes, il finit par tourner ses yeux vers son frère et la forme, se redressant avec difficulté.

George était à moitié étendu dans l'eau, tremblant – de froid et de peur. Ses prunelles glissaient frénétiquement de la menace devant eux à Fred. Il tenta de se lever, il y parvint à la troisième tentative. Fred observa son jumeau se précipiter dans sa direction, seulement pour être projeté plus loin, un sort d'une jolie couleur bleue éclaira temporairement les marais.

« Tiens, tiens, tiens…quelle amusante surprise. » Molly Weasley se dressait devant eux, prenant un malin plaisir à caresser sa baguette, ses yeux brillants d'amusement et de rage. « Vous nous quittez déjà ? »

Elle s'avança, réduisant la distance qui les séparait. Fred recula, toujours assis dans l'eau, sans jamais lâcher le contact visuel. Il savait qu'elle n'hésiterait pas à lancer un sort s'il tournait le dos. Ce mouvement eut le mérite de le dépétrifier intellectuellement. Un sanglot menaça de s'échapper de sa gorge quand il réalisa enfin la situation. Pourquoi ? ils y étaient presque ! Il pouvait même apercevoir les limites du domaine ! La liberté n'était qu'à quelques pas ! Alors, pourquoi Molly était-elle là ? Comment était-ce possible ? Aucun sort n'entourait la cave, ce soir-là ! Et les protections étaient abaissées au maximum ! Et le stupide rituel de Dumbledore qui les liait aux Weasley ne pouvaient pas servir à les localiser ! Comment ? Pourquoi ? Fred sentit son corps trembler et être pris d'un nouveau sanglot. Il se sentait inutile, incapable de se défendre face à sa propre mère qui se s'approchait d'eux.

Il ne voulait qu'une seule chose : agripper son frère et fuir. Mais George était figé, trop loin pour qu'il puisse l'atteindre sans se faire impacter par un sort. La seule chose qu'il pouvait faire : attirer l'attention de Molly sur lui pour que George puisse avoir le temps de fuir. Le cœur battant, au bord de la panique, il reprit sa respiration plusieurs fois, essayant de porter un masque. Le rouquin ne voulait pas montrer à sa 'mère' qu'il était terrifié. Elle prendrait plaisir à sa supériorité. Il envoya une vague réconfortante et résolue à son frère à travers le lien. George cligna des yeux et plissa des sourcils. Sans aucun doute, il devait comprendre ce que Fred voulait faire.

« On est majeurs, on se disait qu'il était peut-être temps de s'activer et d'ouvrir ce magasin de farces-et-attrapes. » Tenta Fred, avec un sourire tremblant et peu assuré.

« Voyons… » Molly soupira et secoua la tête, déçue. « Vous savez très bien ce que je pense de votre projet. Pourquoi ne pas suivre la voie de votre père et de Perceval ? Vous serez d'excellents employés au ministère ! »

De parfaits petits esclaves, elle voulait dire ! Fred se mordit la langue, fumant intérieurement. S'ils étaient vraiment envoyés au ministère, leur ressource et salaire seraient utilisés par les Weasley. Eux, ils n'auraient rien. Ce n'était pas ce que voulait Fred. Hormis se venger, il voulait vivre selon ses désirs. Apporter de la joie dans un monde qui l'avait trahi, voilà ce qu'il voulait.

« Et puis, majeurs ou non, vous êtes nos enfants. » Ajouta Molly avec une fausse compassion. « Les parents doivent toujours être présents pour aider leurs enfants dans les épreuves de la vie. Albus partage mon avis, écoutons-le. » Elle s'avança pour se pencher devant le visage suant, malgré le froid de Fred. « Nous ne voulons pas décevoir Albus, n'est-ce pas ? »

Elle caressa doucement sa joue avec une main chaude, contrastant avec le froid hivernal. Fred frissonna devant ce geste qui était loin d'un geste d'amour. C'était juste un moyen de le remettre à sa place, de le rabaisser. Le rouquin trembla, incapable de bouger. Les paroles prononcées par sa 'mère' glissèrent sur lui. Il ne comprit pas vraiment ce qu'elle avait dit, il était bien plus concentré à essayer de ne pas sangloter et de se recroqueviller sur lui-même. Fred avait juste entendu le nom de Dumbledore, au loin.

Fred voulut baisser la tête, fixer le sol. Il ne supportait pas de voir son reflet dans les prunelles brillantes de colère de Molly. La vision reflétée le rendait pathétique : avachi et soumis devant une femme qui ne l'aimait pas. Il ferma les yeux, sentant des larmes couler le long de ses joues. Il était piégé. La liberté si proche, lui semblait juste…si lointaine. Dire qu'il s'était senti si léger quelques minutes plus tôt !

Une baffe claqua sur sa joue, assez violente pour lui faire perdre l'équilibre. Il se retrouva allongé sur le côté, dans l'eau. Sa joue le lança, le froid n'arrangea pas grand-chose. Son attention se porta sur George, qui le regardait, horrifié et désespéré. Il n'avait pas bougé depuis sa chute, sûrement blessé à l'une de ses jambes. Fred le voyait trembler, se tendre, prêt à sauter pour l'aider. Mais ce n'était pas ce que voulait Fred. Il voulait voir son jumeau sauf, libre. Il voulait le voir fuir, quitter cet enfer. Pour cela, il devait l'abandonner.

« Regarde-moi quand je te parle, être pitoyable ! » Cracha Molly, lui donnant un coup de pied dans le ventre.

Fred cracha de la salive et il entoura son ventre maigre de ses bras. Cette fois, il n'hésita pas : il se recroquevilla lorsqu'un autre coup l'atteint. Il n'avait aucun gras pour bloquer un minimum la douleur. Il devait se protéger. Gagner du temps. Il devait gagner du temps pour que George ait la possibilité de fuir. Pour cela, il était prêt à tout !

« Vous avez voulu me gâcher ma soirée ? » Molly continua, cette fois, elle ne se gêna pas pour lancer un doloris.

Un cri s'échappa de sa bouche. Il sentait tous les nerfs de son corps se révolter, se débattre. Ses membres tremblèrent violemment : la douleur semblait même atteindre ses ongles ! Fred pleurait, à présent. Ça faisait mal. Ça faisait mal. Un autre cri s'étrangla dans sa gorge, alors qu'une nouvelle vague attaqua ses nerfs déjà à vif. Stop ! Faites que cela s'arrête ! Il n'en pouvait plus ! Il déjà à bout, épuisé par leur escapade. Il ne savait pas combien de temps, il allait encore pouvoir tenir. Allait-il perdre l'esprit comme les Longbottom ?

« Stop ! S'il vous plait ! Il n'en peut plus ! » Une voix familière, si lointaine raisonna à ses oreilles, suppliant. « Je vous en prie… »

La douleur cessa soudainement et Fred resta étendu, le souffle court, le visage parcouru par des larmes, les membres tremblants. Ses oreilles sonnaient et il entendait son sang pulser dans son cœur. La voix familière, au loin, répéta les mêmes mots mais Fred ne parvint pas à mettre de nom à cette voix. Il avait si mal. Jamais, encore, il n'avait reçu de doloris.

« …c'est moi qui ai eu l'idée de fuir, pas Fred ! » Ajouta la voix paniquée. « Si vous avez quelque chose à reprocher, c'est de ma faute ! »

Et enfin, l'esprit de Fred se dégourdit et se réveilla. Ses paupières s'écarquillèrent, sa bouche s'ouvrit mais il ne put que gémir, il tenta de bouger. Non. Non. George n'avait pas le droit de dire ça ! Ce n'était pas lui à l'origine de ce plan ! C'était lui ! Il n'avait pas le droit d'endosser la faute ! Il devait bouger, il devait parler ! Son frère n'allait pas être puni à cause de lui ! Il refusait !

Mais rien à faire, son corps ne voulait pas effectuer le moindre mouvement. Les effets du doloris le maintenaient toujours au sol, tremblant. Il parvint néanmoins, avec un effort surhumain, à plier sa nuque dans la direction de son frère.

Celui-ci était sur ses genoux, apeuré mais défiant. Molly avançait doucement vers lui. George capta les yeux de Fred. Ils s'échangèrent un regard. Suppliant, Fred essayait de lui ordonner de fuir. Il avait encore le temps de l'abandonner là ! Allez ! Fuis ! Le rouquin pressa même dans leur lien magique, mais, buté, George secoua juste la tête et brisa le contact visuel. Frustré et paniqué, Fred tenta de se lever à nouveau, juste pour retomber dans l'eau. Quel abruti ! George devait partir ! Pas rester !

« George, pars… » Réussit-il à murmurer, son moignon pointa la direction de la frontière du domaine. « George… »

Sa voix était suppliante et de plus en plus aigüe au fur et à mesure que Molly s'approchait. Son jumeau devait éviter de retrouver son âme de rebelle dans de telle situation ! C'était son caractère, à lui ! Fred, inutile, observa leur 'mère' s'arrêter devant George. Fermement, elle agrippa le menton de son frère entre ses doigts. Elle leva ensuite son visage vers le haut, George gémit légèrement face à la pression.

« Alors, comme ça, c'est toi l'initiateur de cette farce ? » Demanda-t-elle, appuyant plus fort sur le cou de George, qui grimaça.

« Non, c'est moi ! » Protesta faiblement Fred, paniqué que George prenne une responsabilité qui ne lui appartenait pas. « George n'y est pour rien, c'est moi et juste moi. Je l'ai entrainé dans cette histoire ! »

« Fred, ferme-la. » Grogna George, ne lâchant pas les yeux brillants de Molly. « Oui, c'est moi. »

« George, ne fait pas le con ! » Supplia Fred alors que l'emprise de Molly se resserra autour du menton de son frère. « Molly ! C'est moi ! »

« Fred… »

« Doloris ! »

Fred sentit son corps le trahir. Au moment où le sort le toucha, ses nerfs refusèrent de l'écouter, ses muscles le lâchèrent et il cria de douleur. La même horrible sensation le traversa de part et d'autre. Ce deuxième doloris semblait juste pire que le premier. Il se sentait incapable de s'échapper.

« Tu crois pouvoir te moquer de moi ? » Siffla Molly entre ses dents, une fois le doloris achevé, laissant Fred pleurer. « Je connais vos magouilles. Je sais que vous passez votre temps à vous faire passer l'un pour l'autre ! Cette fois vous ne m'aurez pas ! Je ne veux plus t'entendre ! Un mot de plus, je te garde sous doloris jusqu'à la folie ! Compris ? »

Même s'il le voulait, Fred ne pouvait pas lui répondre. La seule chose qui semblait pouvoir s'échapper de sa bouche était des gémissements pathétiques. Il était un incapable. Voilà comment se sentait Fred, actuellement. Il avait promis à George que tout irait bien, il avait tort. Il avait promis qu'ils s'échapperaient, il avait tort. Il avait promis de le protéger, il avait tort. Tant de promesses faites et aucune n'avait été tenue.

« Où en étais-je ? Ah oui ! Toi. »

Fred ouvrit les yeux. Quand les avait-il fermés ? Faiblement, il se tourna, grimaçant quand ses muscles et nerfs protestèrent face au mouvement. Mais il s'en fichait. Il voulait voir son frère. Il voulait le forcer à dire la vérité. Surtout, il voulait le soutenir, rappeler qu'il était là.

« Je passais une soirée merveilleuse en compagnie de ma famille et de Lord Gryffindor. » Soupira Molly, frappant George qui n'émit aucun son et Fred se sentit fier de lui malgré la situation. « Vous avez ce fichu don de tout gâcher… »

Molly garda sa main pressée contre le visage de George, le maintenant sur place. Elle donna ensuite plusieurs violents coups de pieds, directement localisés vers le ventre et les côtes de son frère. Impuissant, Fred regarda la scène, les yeux larmoyants. George tentait de reculer, pour éviter les coups, mais Molly, malgré sa petite taille, était forte. Le corps du garçon tremblait donc à chaque impact, un gémissement aux lèvres.

« Je peux pardonner la destruction de couverts de luxe. » Molly posa rapidement ses yeux vers Fred, qui frissonna en se rappelant de sa punition, il serra son moignon contre son maigre torse. « Cette fois, pourtant, c'était l'erreur de trop. »

La rouquine lâcha George qui s'écroula lamentablement dans l'eau. Molly le regarda de haut, méprisante et supérieure. Elle posa son pied sur le crâne de son fils et elle força George à plonger sa tête dans l'eau, l'humiliant. Fred se redressa un instant avec un cri, avant de retomber, ses muscles endoloris et tremblants ne lui répondaient plus. Il les maudit. Pourquoi, au moment où il en avait le plus besoin, son corps ne lui obéissait plus ?

Fred versa des larmes de rage et de désespoir lorsque George se débattit pour reprendre de l'oxygène. Ses mains tentèrent d'attraper et de frapper la jambe de Molly. L'eau éclaboussa autour de lui, à chacun de ses mouvements frénétiques de ses jambes, mouillant les vêtements riches de la Lady, sous son air dégoûté. George devait respirer sinon il allait mourir, réalisa Fred. Et Molly ne semblait pas avoir l'intention de lâcher prise !

« Stop ! Il va mourir ! » Hurla Fred, levant la main vers Molly, suppliant. « S'il vous plait ! Stop ! »

Les larmes continuèrent à couler le long de ses joues alors que Molly l'analysait, hautaine. Pendant quelques précieuses et silencieuses secondes – si on ne comptait pas les éclats de l'eau et George qui continuait à se débattre de plus en plus faiblement – Fred retint son souffle attendant la fin du jugement de sa 'mère'. Avec un 'tss', Molly s'écarta brutalement. George s'extirpa de l'eau, et prit une grande bouffée d'air, à plusieurs reprises, les yeux fermés. Fred, soulagé, eut presque envie de rire de désarroi. Il était vivant !

« Merci… » Souffla finalement Fred, reconnaissant devant leur tortionnaire, alors que George finissait de tousser et cracher l'eau terreuse de sa bouche.

« Voyons, je n'allais certainement pas le tuer de cette façon, crétin. » Insulta Molly, tiquant, avant d'aplatir sa magnifique robe bleue, qui lui allait si bien. « J'y crois pas, ma robe toute neuve… »

Fred ignora les propos de la femme, qui préférait prendre en pitié un bout de vêtement plutôt que son propre fils, qu'elle avait failli noyer. Le rouquin rampa doucement, pour éviter la protestation douloureuse de ses muscles, vers George. Son frère était toujours à quatre pattes, crachant et toussant, quelques larmes aux yeux. Il voulait le réconforter. Se noyer devait laisser une sensation horrible.

« Ce n'est pas tout ça, mais je suis attendue. Lord Gryffindor va finir par se demander où je suis. » Molly se dressa de toute sa hauteur et pointa sa baguette vers George, oublieux de la menace.

Fred écarquilla les yeux alors qu'il remarquait une étrange et pourtant familière couleur verte entourer le bout de la baguette. Un sentiment d'horreur, d'impuissance, de terreur et de compréhension l'envahit à une vitesse folle. Il se leva d'un bond, manqua de tomber lorsqu'il prit appui sur ses muscles faibles, et se précipita vers George.

« George ! » Hurla Fred, tendant son bras vers son frère, priant qu'il puisse avoir le temps de s'interposer ou que George puisse s'écarter.

« Avada Kedavra ! » Une belle lumière verte mortelle illumina le marais.

George leva la tête à cet instant, de la salive coulant au coin de sa bouche, ses yeux posés sur le sort avec terreur. Fred hurla à nouveau, le cœur battant, et croisa le regard de son frère. Pendant un moment, le temps ralentit et Fred ne voyait que son frère, son entourage n'était plus important. Le rouquin vit dans le fond des yeux bleus de son jumeau, une lumière qui n'avait pas sa place. C'était une lueur de compréhension, de renonciation, d'acceptation et, en même temps, d'espoir. Mais Fred, lui, refusait de l'accepter. Il continuait à avancer, le plus vite que son corps le lui permettait vers son frère. George lui offrit un sourire lumineux, ses lèvres formèrent des mots.

Et la lumière verte le traversa, son dos s'arqua et il tomba dans l'eau, les bras écartés.

« Merci. » Avait dit George.

Fred se laissa glisser sur genoux, dans l'eau, à quelques pas seulement de son jumeau. Son cœur frappa violemment dans sa poitrine, si fort, avec une douleur si vive, que Fred s'imagina mourir, suivre son frère. Il regarda la forme immobile, pâle et fragile sans vouloir y croire. Son cerveau ne semblait pas être en mesure d'enregistrer la dernière seconde. Il devait être dans un cauchemar, se persuada-t-il. C'est cela, un cauchemar. George allait se relever, lui sourire et tout redeviendrait comme avant.

« Ge…George ? » Fred demanda, d'une voix si basse et brisée qu'il ne se reconnut pas.

Seulement, George ne se releva pas. Ses yeux ouverts étaient recouverts d'un voile fin et fixaient le splendide ciel étoilé sans le voir. Des larmes translucides couvraient un visage creusé par la faim. Pourtant, un sourire d'espoir et de sérénité contrastait l'image cassée et détruite de Fred. Le rouquin n'avait même pas la force de bouger, son cœur battait trop rapidement dans sa poitrine. Il était statufié, incapable de retirer son attention du corps de son frère. Il ne sentait même plus le froid, la douleur infernale qui s'emparait de ses membres ou même les larmes. Tout lui semblait lointain, endolori. Et enfin, son esprit se réveilla et percuta le drame.

« N…non… » Souffla-t-il, tout bas. « Non. Non. Non. Non ! »

Il cria le dernier mot si fort que sa gorge en souffrit. Mais Fred s'en fichait éperdument. Il se leva à moitié, s'écroulant contre George. Cette même douleur horrible dans son cœur l'empêcha de bien se mouvoir et l'obligea à tomber lamentablement. Le rouquin agrippa les épaules encore chaudes de George, si fort que les jointures des doigts de sa main devinrent blanches. Il secoua, d'abord gentiment, puis plus fort, avec ce maigre espoir vain qu'il puisse revenir.

« George ? Non, s'il te plait…reviens… » Murmura-t-il entre deux pleurs. « Je ne peux pas vivre sans toi, je t'en supplie, reviens… »

Sans surprise, George ne bougea pas. Il le secoua encore, suppliant pendant plusieurs minutes, répétant et appelant son nom. Fred fut pris d'un sanglot qui secoua l'ensemble de son corps. Sa vision se brouilla. Il ne voyait même plus devant lui, tout était trouble. Le rouquin se recroquevilla contre son frère, déposant son front contre le torse de George, respirant son odeur familière et réconfortante qui était toujours présente. Avec sa main il entoura son cou, pour le rapprocher le plus proche de lui. Son corps refroidissait déjà.

« George ? S'il te plait…je t'ai promis qu'on partirait d'ici, qu'on serait libres…ne me laisse pas ne pas tenir ma promesse… » Il pressa son front contre les vêtements mouillés de son jumeau, pleurant. « J'ai besoin de toi…laisse-moi tenir ma promesse… »

L'eau trémoussait autour de lui, à chaque fois qu'il se penchait sur son frère, vérifiant son état, le serrant entre ses bras maigres. Il espérait entendre la respiration de George revenir. Harry Potter avait bien survécu au sortilège de mort, non ? Pourquoi pas George ? Au fond de lui, Fred savait qu'il niait juste la mort de son jumeau, qu'il avait juste besoin de se raccrocher à quelque chose avant que la Mort ne vienne le prendre à son tour.

« Blablabla, que c'est pathétique. » Soupira Molly, méprisante, pas du tout affectée d'avoir assassiné son propre fils.

A vrai dire, Fred l'avait oubliée, tellement pris dans son chagrin. Il écouta les paroles horribles de cette femme, sans bouger, refusant de s'éloigner du corps de son frère. Mais son cœur douloureux battait non plus de tristesse, mais d'une rage affolante, meurtrière. Tous ses sentiments se mélangeaient, il ne savait plus comment les différencier. Douleur, rage, tristesse, déni, vengeance.

« Tu sais, il est connu, dans le monde magique, que lorsqu'un jumeau meurt, le second le suit. » Molly continua, s'avança vers ses fils, Fred garda son visage remplis de larmes, de morves et de salives contre son frère. « Vous devez aussi avoir ce lien, vous deux ? Donc, il te reste combien de temps à vivre ? Deux ou trois heures à agoniser ? »

Fred ne répondit pas. De toute manière, Molly n'attendait pas de réponse, elle savait parfaitement de quoi elle parlait. Et elle avait raison. Le rouquin sentait que la douleur dans son cœur ne venait pas que d'un sentiment de tristesse. C'était la douleur venant de son lien magique qui s'était brisé et qui le consumait. Combien de temps, il lui restait ? Au maximum, quatre heures.

Mais il n'avait pas envie de mourir maintenant. Pas parce qu'il voulait vivre, non. Perdre son jumeau signifiait qu'aucune raison de vivre ne pouvait le maintenir à la surface de la Terre. Non, il ne voulait pas mourir avant d'avoir tué, détruit, tous les Weasley. C'était un de ses projets, une fois libre. Mais ce n'était qu'un rêve éphémère. Fred sanglota à nouveau. Il détestait se sentir aussi impuissant. Surtout devant cette femme qui avait été autrefois une mère aussi aimante.

« Je dois dire que je me désole de votre mort. » S'agaça la rouquine, derrière lui. « Déjà que nous avons dû sacrifier mon adorable petite Ginny pour assassiner cet agaçant Sorcier Noir de Ronald, maintenant, je dois me débarrasser de deux Sorciers Blancs…sans oublier la disparition inquiétante de mon Percy. » Elle soupira.

Fred ne savait plus quoi penser de cette femme. Seule la rage l'envahissait. Une rage aveugle et bouillonnante, si forte qu'elle surpassait sa douleur. Oui, il avait toujours su que les Weasley étaient plus ou moins liés à la mort de Ron, Harry et Ginny. Mais Molly avouait son implication directe ! Devant lui ! Son adorable petite sœur…son agaçant petit frère…et l'innocent petit Harry…morts à cause de cette…femme, de ces Sorciers qui se pensaient supérieurs parce qu'ils étaient de nature « blanche » ! Maintenant qu'il avait la preuve de la responsabilité de Weasley dans ce meurtre, Fred éprouva dans son corps, dans son cœur une envie de meurtre. Il sentait son esprit sain s'effiler, la mort de son jumeau semblait le rendre fou, instable. Et Molly n'arrangeait pas les choses.

« Toi… » Grogna Fred, d'un ton presque inhumain, relevant sa tête.

Ses yeux embués de sang, de larmes et de colère rencontrèrent ceux de Molly. Fred rêvait de l'égorger sur le champ. Et il se maudit de ne pas posséder la force physique et magique nécessaire. Alors, il mit tous ses sentiments dans ses yeux, tuant la femme de son regard. Cela dû l'effrayer suffisamment, car elle recula d'un pas, sa main se resserrant autour de sa baguette.

« Je jure sur mon existence même que je te tuerai, toi, ton mari, tes fils… » Poursuivit Fred, rétractant les lèvres pour montrer ses dents abimées par le manque de soin, il ressemblait à une bête sauvage. « Je te jure que je te tuerai de mes propres mains. JE LE JURE ! »

Fred savait qu'il n'avait pas la force de se lever et d'exécuter sa menace, mais rien ne l'empêchait de terrifier cette femme. L'image qu'il renvoyait de lui ne devait pas être rassurante. Assis dans l'eau, tremblant, les yeux brillants de rage, la bave au coin de la bouche, accompagnée de quelques gouttes de sang et de larmes, serrant le corps amaigri de son frère dans ses bras. Voilà l'image pitoyable mais pourtant inhumaine qu'il renvoyait.

Et Molly prit peur. Elle recula une nouvelle fois, à la plus grande satisfaction de Fred, qui ne put s'empêcher de lui adresser un sourire bestial. Oh, qu'est-ce qu'il avait toujours rêvé de recevoir un jour une telle réaction à son égard ! Quitte à mourir, il allait offrir à Molly un cauchemar qui la hanterait jusqu'à la fin de sa vie. Alors il rit, il rit et il rit. Son rire fou, sauvage s'éleva et raisonna dans les marais, tel un écho terrifiant. Son esprit s'était brisé, ne supportant le lien détruit des jumeaux, ne supportant ni la douleur, ni la révélation sur la mort de ses jeunes frère et sœur.

Fred n'était plus qu'une coquille vide qui était sur le point de mourir. Et il en avait parfaitement conscience, ce qui le brisait encore plus. Et il continuait de rire et de pleurer, insultant cette femme, sous son regard terrifié. Il berçait en même temps le corps de George, voulant gentiment le réconforter et l'accompagner dans la mort.

« Comment… » Molly se secoua et se reprit. « Comment oses-tu me traiter de cette manière ? Moi ? Ta mère ? »

Elle s'approcha vivement de lui, mais Fred ne fit que sangloter et ricaner en réponse, s'amusant de la colère qu'il avait provoqué chez cette excuse pitoyable de femme. Molly pointa sa baguette sur lui, tremblante de rage, ses traits plissés et les yeux sévères.

« Tu me dois le respect ! »

Un sort jaune pâle se détacha de sa baguette et le percuta. Fred grogna et lâcha George, agrippant son ventre. Une atroce douleur le traversa. Il sentit un liquide se verser entre ses doigts et il comprit qu'il saignait. Plusieurs fois, Molly lui renvoya le même sort, son corps saignait abondamment maintenant, l'eau était pourpre autour de lui. Il cria, pleura, insulta et rit. Pour le rouquin, la douleur n'égalait pas la perte de son jumeau. Il était en train de se vider de son sang et de mourir, étalé dans le marais. Soudain, plus aucune douleur ne le traversa. Les sourcils froncés, Fred tourna faiblement la tête sur le côté. Sa vision était trouble et des étincelles noires l'empêchaient de voir les couleurs. La silhouette de Molly apparut au-dessus de lui. Il ne pouvait apercevoir son visage et ses formes mais il devina sans mal qu'elle souriait, amusée ou heureuse, il ne savait pas.

« Voilà qui est mieux, je préfère quand tu es silencieux. » La voix lointaine de la femme raisonna douloureusement dans son crâne. « Tu sais, je dois avouer quelque chose… »

Fred ferma un instant les yeux, sentant son esprit brisé devenir blanc. Il ne sentait plus le bout de ses doigts et de ses orteils. C'était mauvais signe. Il sentit une main froide se poser sur son front. Clignant des paupières, il reconnut plus ou moins Molly accroupie à côté de lui. Faiblement, il inclina la tête pour se décaler de sa présence néfaste et de son toucher.

« Vous croyiez vraiment qu'on n'allait pas remarquer votre petite escapade ? » Fred se demandait effectivement, dans un coin de son esprit fatigué, comment avait-elle su qu'ils s'enfuiraient. « Vous pensiez vraiment qu'on avait mis toutes ces poupées seulement pour la décoration ? Non, elles servaient à vous espionner. Tout ce qu'elles 'voyaient', on le voyait aussi. Tout ce qu'elles 'entendaient', on l'entendait aussi. »

Le rouquin écarquilla les yeux, il ouvrit la bouche mais ne parvint pas à émettre le moindre son. Pendant quatre ans, les jumeaux s'étaient crus en sécurité dans cette cave, le seul lieu où ils pouvaient se reposer et se calmer. Ce n'était qu'une illusion. Les horribles poupées occupant le coin de la cave n'étaient que des 'espionnes'. Depuis le départ, ils n'avaient eu aucune chance de fuir, de retrouver la liberté. Tout cela n'avait été qu'une mascarade pour les détruire. Fred ferma les yeux, défait. Il n'arrivait même plus à rire, à rager, à crier vengeance. Il réalisa tout ce que cela impliquait.

« Je savais parfaitement que George était innocent. » Fit Molly, fière d'elle. « George n'a pas le courage de produire le moindre plan d'évasion. Je t'ai entendu formuler ton petit plan et convaincre ton jumeau. » La femme se pencha vers lui, alors que Fred pleurait. « Vraiment très amusant de voir George se désigner comme coupable. Hilarant, je dois dire ! C'est un souvenir que je vais devoir partager avec les autres ! Vos visages et vos expressions sont inoubliables ! »

Comment pouvait-on être aussi horrible ? Comment pouvait-on trouver de l'amusant dans une telle torture ? Comment pouvait-on rire de la mort de ses propres fils et frères ? Fred ne savait pas quoi penser. Ses larmes coulaient sans interruption, sa haine augmenta et sa douleur envahit la moindre parcelle de son corps. Ils n'avaient été que des jouets pour Molly, un divertissement. Rien de plus. Elle avait toujours su. Elle s'était amusée d'eux, elle avait ri de leur espoir de liberté, elle s'était moquée de leur plan. Et elle allait se jouer de leur mort.

« Bon. » Molly se leva et s'épousseta tranquillement. « On m'attend. Je ne peux pas laisser Lord Gryffindor trop longtemps. » Elle commença à marcher vers le manoir avant de se tourner dans sa direction. « Je vais te laisser là, te vide de ton sang et vos corps vont pourrir. Ne t'inquiète pas, grâce à vous, les marais vont pouvoir se nourrir. Il est dit que les corps possèdent de nombreux nutriments. »

Sur ces derniers mots, Molly sortit de son champ de vision et bientôt ses bruits de pas disparurent. Fred était désormais seul, dans le froid hivernal. Il ne lui restait plus qu'à mourir. De quoi allait-il mourir en premier ? Se demanda-t-il. D'hémorragie ? Ou du lien magique brisé des jumeaux ?

Fred regarda le splendide ciel étoilé et trouva un certain réconfort à observer la lueur blanche des étoiles. Ah, il aperçut et reconnut la constellation d'Orion. C'était beau. Il sourit presque, se détachant de toute pensée parasite. Mais apparemment, la douleur ne voulait pas qu'il s'efface sans avoir mal. Il trembla et son dos s'arqua, il avait mal. Il avait si mal. Pouvait-il mourir maintenant et échapper à la douleur ?

Ses yeux tombèrent sur le visage pâle de George, reposant à côté de lui. Doucement, sa main unique vint se resserrer autour de celle de son frère. Même dans la mort, ils étaient ensembles. Maintenant, on les oublierait ensemble. Personne ne retrouverait leurs corps dans ces marais, c'était peine perdue. Fred gémit et cracha un peu de sang. Il avait beaucoup de regrets, de choses qu'il n'avait pas pu faire, des promesses non tenues, une vengeance impossible. Mais au moins, il resterait avec George pour toujours.

« J'aurais…b…bien vou…lu les…tuer… » Parvint à souffler difficilement Fred, entre deux maigres sanglots.

Il ferma les yeux, attendant la mort avec impatience, serein. Il comprenait maintenant pourquoi George avait été aussi calme. Au moment de la mort, plus rien ne servait de lutter, on savait juste que c'était la fin. Fred écouta le lointain clapotis de l'eau contre son corps, il ne sentait plus le froid mordant sa peau et la douleur semblait être un souvenir éphémère. Seule la main de George le raccrochait encore à la réalité et à la vie.

« Besoin d'aide ? »

Une voix inconnue, grave et amusée ronronna contre son oreille. De surprise, Fred ouvrit les yeux et sursauta, envoyant une douloureuse vague dans ses membres. Frénétiquement, le rouquin chercha l'origine de cette voix. C'était juste impossible que quelqu'un puisse être présent ! C'était un domaine privé et gardé au milieu de nulle part ! Personne ne pouvait les trouver ici ! Et pourtant…

« Tu sembles mal en point. » Constata l'inconnu, cette fois, le son venait de l'autre côté. « Si tu le veux, je peux t'offrir mon aide. »

« Q…qui… ? » Murmura Fred, tournant la tête dans la direction de la voix.

« Devant toi, petit Sorcier. »

Fred sursauta à nouveau, le son venait de se téléporter au-dessus de lui. Le rouquin plissa les yeux et se concentra, sa vision troublée ne l'aidait pas. Il fut surpris par ce qu'il vit, il n'avait jamais rien croisé de semblable, ni même entendu parler. Un brouillard fait de fumées noires volait au-dessus de lui. Cette fumée semblait vivante, répondant à une volonté propre. Mais ce qui le frappa était autre chose. Deux petits cercles blancs lumineux, contrastant avec la fumée noire, le fixaient sans sourciller. Fred admit que cela devait servir de prunelles pour la Créature.

« Tu…es…qu…quoi ? »

« Il y a bien longtemps, ma race a été nommée 'Ombre' par vous autres, Sorciers. » Informa la fumée en se mouvant doucement dans l'air. « Seule la Mère connait notre véritable nom. »

« M…mère ? »

« Notre Mère à tous, Médée. »

Fred fixa la fumée sans comprendre. Médée ? Il ne la connaissait pas, il n'avait jamais entendu parler d'elle. Pas plus des Ombres. Était-elle importante ? La fumée dut comprendre son désarroi car il laissa échapper un petit rire amusé.

« Je n'ai pas le temps de t'expliquer petit Sorcier, mais notre Mère est notre déesse, la Magie. Nous, les Ombres, sommes ses premières créations. »

L'esprit fatigué et embrouillé de Fred comprit l'essentiel. Un être supérieur, une déesse, était à l'origine de la magie, donc des Sorciers, et de cette Créature. Tout ce qu'il avait appris à Hogwarts se brisa d'un coup. Tout était faux, comprit-il. Et il resta avec tant de questions.

« Je te propose un marché, petit Sorcier. » Continua l'Ombre, rendant Fred curieux. « Tu n'as pas beaucoup de temps devant toi mais je peux ralentir le moment de ta mort. »

« C'est…quoi ? » Cela intéressa beaucoup le rouquin.

« Je t'observe depuis des années, petit Sorcier, et jamais je n'ai été autant amusé et diverti. Je t'aime bien et cela m'attriste de te laisser partir comme cela. » Sa voix ancienne et puissante se désola et Fred ne savait pas comment se sentir face à cette sorte de compliment. « En passant un marché, tu seras en mesure de vivre jusqu'à ce que ta vengeance soit accomplie. Une fois ta vengeance faite, tu mourras. En contrepartie, je me nourrirais de toi, de ta magie et de de ton âme. Tu m'appartiendras, je dois dire. »

Fred ouvrit la bouche mais il toussa et crachota du sang. Il regarda l'Ombre voler doucement autour de lui, attendant sa réponse. Mais le rouquin ne savait pas vraiment quoi choisir. Il ne connaissait rien des Ombres, rien de Médée, qui lui disait que la Créature ne lui mentait pas ? Après tout, si cette Ombre le suivait depuis des années, pourquoi ne l'avait-elle jamais aidé jusqu'à maintenant ? Mais d'un autre côté, Fred ne voulait pas mourir ici. Il voulait venger George, Ron, Ginny et Harry. Et l'Ombre lui offrait cette possibilité. Une sorte de pacte avec le Diable, conclut-il.

« Et…si…j'accepte…il se passera quoi ? » Demanda Fred, fixant les yeux blancs et brillants de l'Ombre.

« En dehors du fait que ton âme m'appartiendra, tu auras la chance d'être jugé innocent par Médée et Serpentaire ! » L'Ombre sembla presque excité par quelque chose qui dépassait complètement Fred.

« Euh… »

« Non, non, je t'expliquerai plus tard ou peut-être jamais ! » La Créature hésita un instant. « De toutes manières, tu ne vivras pas jusqu'au Jugement. Donc, je suppose que cela règle le problème. Alors ? Ta décision ? »

Fred souffla. Pourquoi hésiter ? Il savait la réponse. Il était résolu et prêt à tout. Vendre son âme ? De toutes manières, il était condamné. Son choix était : mourir maintenant ou plus tard. Sincèrement, il avait l'espoir de tenir ses promesses. Il se fichait de savoir qui était Médée, qui était Serpentaire, ce qu'était le Jugement. La seule chose qui l'animait était son brûlant désir de vengeance. Et l'Ombre voulait l'aidait. Son regard se posa un moment sur George et il sourit tristement. Ils auraient pu être libres…si seulement…

Si seulement les Weasley ne vivaient pas.

« J'accepte. »

OoO

Hello mes chéris ! Ah ! Vous devez me détester maintenant ! Avec raison, je dois dire. Les pauvres jumeaux...tellement d'horreurs les entourent...Je vous assure, dans mon plus grand sadisme, je les adore ! Et J'adore faire souffrir mes personnages préférés ! Mouhahahahaha !

Enfin bon, ce chapitre est probablement un de mes préférés ! Ecrire du point de vue de Fred est toujours un plaisir pour moi ! Et j'ai hâte d'écrire la suite de ses aventures – ou de ses mésaventures. Espérons qu'il obtienne vengeance avant de mourir ! Il le mérite !

J'espère que vous aimez bien l'introduction de l'Ombre. Cela fait plusieurs chapitres (du point de vue de Fred) que je laisse des indices sur son arrivée. Vous savez, à un moment, on voit ses yeux blancs dans le salon des Weasley, dans l'ombre de Fred, mais personne ne le voit.

Pour les plus observateurs, j'ai repris la légende originale de Médée pour ce chapitre. Molly assassine ici ses enfants, comme Médée le fait dans le mythe. C'est juste un petit clin d'œil symbolique (je remercie ma bêta pour m'avoir donné cette idée !)

A dans deux semaines, pour un retour du point de vue de Ronny ! Si vous ne me haïssez pas trop…