Auteure : Elfelmira

Genre : Mystère, Amitié, Famille

Résumé : Fin de la deuxième année, Ginny a été enlevée dans la Chambre des Secrets. Lockhart, Ron et Harry partent à sa recherche. Or le professeur, afin de s'accaparer toute la gloire, brise les baguettes des deux amis et les emprisonne dans la Chambre. Se retrouvant au centre d'un complot, ils vont devoir apprendre à survivre, seuls ou presque. Ils vont apprendre à voir au-delà des apparences et de la Magie elle-même... L'année du Serpentaire arrive...

Bashing : Dumby, Hermione, les Weasley (on les aime ceux-là) sauf les jumeaux, pour eux je ne pourrais jamais y arriver... Alors je sais, je fais pas mal de bashing sur ces personnes tout simplement parce que je ne suis pas très fan d'eux. Il y a une exception pour Hermione, j'adore ce personnage mais je trouve que le nombre de bashing concernant Hermione sont peu nombreux et que Ron s'en prend toujours plein la gueule. Alors j'inverse, Ron sera un gentil et si ça ne vous plaît pas…bah…pas grave !

Attention : Les événements de la première et deuxième année (sauf la fin) correspondent aux livres ou films. Les passés d'Harry et Ron seront modifiés à ma façon, donc pas de cris. Il est possible qu'il y ait de l'humour sarcastique comme je l'aime. Et enfin, pour les couples, je ne sais pas encore. Mais ce qui est sûr c'est que c'est un slash. On verra. Risque de spoil mais bon, comme tout le monde connaît Harry Potter, on s'en fou un peu…

Couple : BZ/HP, je ne sais pas encore pour Ron, j'hésite pour un RW/DM ou un RW/DG, ça reste à voir. En vrai, maintenant je sais ce que je vais faire mais je vais pas vous le dire héhéhé !

Alors, petite information supplémentaire, je remercie ma Beta, Cuicuit, pour m'avoir corrigée et relue. Pour l'instant pub, je vous invite à aller lire ce qu'elle a écrit sur wattpad, c'est magnifique !

Ni Harry Potter (le livre et le film) ni les personnages ne m'appartiennent, ils sont à JKR. Voilà voilà.

Je tiens à tous vous remercier pour vos reviews et vos votes ! Je ne peux pas répondre forcément, c'est impossible, mais je les lis toutes avec grand bonheur. Merci !

« Parole »

« Fourchelangue »

« Langage des animaux »

OoO

Partie 4 :

Chapitre 37 :

Derrière la porte

OoO

« Tu ne pouvais rien faire, tu le sais. »

Agenouillé sur le sol boueux après le passage d'une légère pluie, face à une pierre grise, Ron observait le vide. Un soleil timide d'un hiver anglais caressait son visage. Ses doigts jouaient avec une fleur resplendissante, illuminant le décor triste de ses couleurs chatoyantes. Un nuage blanc vaporeux s'échappa de la bouche de Ron, discrètement, témoin du froid mordant de ce début d'après-midi.

Les yeux figés sur les inscriptions de la pierre tombale, Ron ignora le soupir attristé de son frère. Au fond de lui, le rouquin s'en voulait d'ignorer Harry qui tentait seulement à le réconforter et à être présent pour lui mais…il ne pouvait pas s'empêcher de rester silencieux. Il ne se voyait pas de parler pour l'instant. Il ne savait plus comment articuler les mots les plus simples. Un simple « oui » s'étranglait au fond de sa gorge et sa langue devenait si lourde dès qu'il tentait de s'exprimer. Pourquoi n'arrivait-il plus à parler ? Ron avait une petite idée mais il préférait ne pas y penser. D'instinct, il savait qu'il pourrait à nouveau ouvrir la bouche normalement dans quelques jours.

Ron faisait son deuil.

Et il s'en voulait.

Beaucoup.

« Ron... » Il sentit Harry s'asseoir à côté de lui et se presser doucement contre lui pour le réconforter. « Il a fait son choix. Tu ne peux pas t'en vouloir d'être arrivé en retard. »

Harry avait dû lire l'aura dépressive qui l'entourait, conclut Ron. Mais son frère avait tort. C'était de sa faute, non ? Si seulement il avait réussi à battre ce sorcier tibétain, Kalden, plus rapidement. Peut-être aurait-il pu être auprès de son frère plus tôt ? Peut-être aurait-il pu le sauver ? Ou du moins lui parler plus longtemps avant qu'il ne trouve la mort ?

Kalden…son combat…Ron pouvait-il lui en vouloir ?

Ce sorcier étranger était également une victime de Voldemort et de Peter Pettigrew, puissant et résistant, un adversaire coriace. Ron l'avait battu difficilement, épuisé par le combat contre Voldemort. Sa rage s'était doucement dissipée, reprenant ses esprits. Voldemort avait tué Draco, pas Kalden. Il haïssait Voldemort. Pas Kalden. En réalité, il ne l'avait pas réellement battu. Kalden s'était subitement écroulé, en larmes, au milieu de leur combat. Ron avait été confus avant de comprendre. Voldemort était mort : Kalden et sa famille étaient désormais libres. Lui et les autres sorciers tibétains avaient été pris en charge par les autorités. Depuis, Ron ignorait ce qu'ils étaient devenus. Le gouvernement magique tibétain devait être dans une sacrée colère. Franchement, il espérait qu'ils allaient bien. Ces personnes ne méritaient pas leur destin et ne méritaient pas d'être enfermées à Azkaban. Ils étaient des esclaves au service d'un maître cruel. Ron ne voulait pas les voir souffrir : ils méritaient de vivre en paix et de se soigner doucement.

Malheureusement, Ron avait perdu beaucoup trop de temps en décidant d'accompagner Kalden voir des Médicomages. Beaucoup trop. Il ne regrettait pas son geste. Kalden semblait perdu, blessé. Il ne pouvait pas l'abandonner sur le champ de bataille. Mais…mais cela l'avait empêché de retrouver Fred. Qu'aurait-il dû faire ? Abandonner son frère ou un homme perdu ? Existait-il une bonne réponse ? Un choix moral à son dilemme ? Le seul point était…il ignorait totalement que son frère était aux portes de la mort. Il ignorait totalement que George était déjà mort. Il croyait vraiment…il pensait vraiment que les jumeaux étaient encore en vie, emprisonnés par le reste des Weasley. Il pensait les revoir un jour…il croyait, espérait…mais non. Non.

Une fois devant les Médicomages, qui couraient d'un patient à l'autre, il déposa Kalden et il trouva Bianca Zabini, légèrement blessée, qui constatait les dégâts (elle savait que son fils était en vie, blessé, mais qu'il s'en sortirait sans séquelles). Alors que Ron cherchait son frère, inquiet, ainsi que Lucius Malfoy, l'Italienne l'aborda. Elle venait de recevoir le rapport de l'un de ses espions : elle avait des informations sur les jumeaux Weasley et sur le manoir Weasley. Depuis l'arrestation de Dumbledore, le manoir avait été mis sous surveillance. Mais les Aurors n'avaient pas pu y entrer : les barrières entourant le manoir avaient été installées par Dumbledore lui-même. Mais l'espion de Bianca venait de lui annoncer que les barrières étaient tombées et qu'un homme roux avait été aperçu sur le palier de la porte. Un homme dont la description se rapprochait de celle de l'un des jumeaux.

Harry, arrivé à ce moment précis, fut attrapé par Ron et les deux disparurent vers le domaine Weasley. Ils y découvrirent un spectacle macabre (mais satisfaisant, songea l'esprit sadique de Ron). Les souvenirs de Ron voltigèrent soudainement.

Du sang, des cadavres de personnes qu'il avait considérées comme sa famille, torturés et impossibles à reconnaitre, jonchaient le sol et les murs. Et au centre de ce désastre (spectacle magnifique), se trouvait Fred, assis sur le fauteuil, mourant, pâle, suant, ensanglanté, les yeux fermés et respirant difficilement.

Et Ron n'avait rien pu faire.

Rien.

Il avait juste assisté à la mort de son dernier frère de sang, impuissant. Il avait accompagné ses dernières minutes de souffrance. Et il n'avait que pu regarder en pleurant, désespéré de trouver une solution. A quoi bon avoir tous ces pouvoirs ? Être un Élu d'une vieille prophétie, être un Mage pouvant utiliser l'Ancienne Magie, s'il ne pouvait absolument rien faire ? Ron avait bien tenté mais rien à faire. C'était comme si une masse sombre entourait Fred, l'empêchant de guérir. Et Fred était juste mort.

Comme ça.

Entre ses doigts.

C'était surréaliste.

« La vie est fragile, Ron. » Murmura Harry, qui déposa son front contre son épaule. « Beaucoup trop… »

Ron constata que Harry pleurait doucement. Son petit frère ne connaissait pas réellement les jumeaux, mais en deux ans, à Hogwarts, il avait pu se lier d'amitié avec eux. Un début d'amitié. Et Harry devait se rappeler des histoires de Ron, des anecdotes, des blagues…Ron lança un bref regard vers le plus petit. Puis ses yeux retournèrent sur la pierre tombale. La pierre de Fred. Et de George. Les Aurors, après une inspection, avaient retrouvé le cadavre décomposé de George dans les marais, enseveli par les plantes et la boue. Terrible. Il était mort d'un Avada. Cela remplissait Ron de rage. Comment osaient-ils ? Non seulement les Weasley avaient réduit leurs propres fils en esclaves mais ils en avaient assassiné froidement un pour abandonner son corps dans la brousse !

Le Mage se calma instantanément. Pourquoi rager ? Cela n'en valait plus la peine. Tous les Weasley étaient morts. Sauf lui. Il était le dernier. Le dernier Weasley. Le seul survivant d'une famille autrefois heureuse (une illusion). Sa sœur, les jumeaux, ses traitres de parents et de frères, sa tante…même les Flamel (étaient-ils en vie ? Ou la destruction de la Pierre Philosophale avait accéléré leur décès ?)…et Draco…en seulement quelques mois il avait pratiquement perdu toute sa famille. Seul Harry restait avec lui. Et Ron allait tout faire pour que rien ne lui arrive. Il refusait d'être seul. Son regard se leva vers le ciel alors qu'il s'accrochait fermement à son frère, les larmes aux yeux. Il se promit qu'il ferait tout pour protéger sa famille. Plus jamais il ne perdrait un proche. Plus jamais.

Et la tombe des jumeaux serait le seul témoin de sa promesse.

OoO

« Apophis ! » Appela une voix.

Ron se figea en entendant son pseudonyme. Clignant des paupières, le rouquin se tourna. Il fut surpris de se retrouver face à Enki Mucha et son ami Muggle, Nathaniel Morgan. Il n'avait jamais encore eu l'occasion de rencontrer Morgan. Mais Ron lui en était reconnaissant : c'était lui qui avait réussi à deviner que ses frères étaient en danger.

« Je suis désolé de ne… » Commença doucement Mucha.

« Non. » Ron leva une main, le coupant. « Ce n'est pas de votre faute. Vous êtes voyant, pas omniscient. »

Ledit voyant baissa la tête vers le carrelage blanc de l'hôpital Sainte-Mangouste. Ron devina sans mal qu'il s'en voulait. Pourquoi ? Parce qu'il n'avait pas reçu de visions l'alertant de la mort des jumeaux ? Parce qu'il avait concentré tous ses efforts pour se battre contre Peter Pettigrew ? Comment Ron pouvait-il lui en vouloir ? Mucha n'avait aucun lien direct avec les jumeaux. Lui, si. Ron aurait dû se douter de leur destin funeste. Après tout, ses propres parents avaient orchestré son assassinat…

« Ce n'est pas non plus votre faute, my Lord. » Le Muggle, Morgan, interrompit ses pensées destructrices.

« Je le sais bien… » Soupira Ron en faisant un pas de côté pour laisser passer des Médicomages. « Mais la douleur ne diminue pas pour autant… »

« Je comprends… » Morgan déposa une main réconfortante sur son épaule. « Crois-moi, jeune homme, je comprends ta douleur et ton sentiment d'impuissance. »

Ron voulut pleurer une nouvelle fois. Le pouvait-il ? Avait-il encore la force de pleurer ? Lui restait-il des larmes ? Il avait tellement pleuré ces derniers jours qu'il se sentait vidé. Mais le réconfort dans la voix de ce Muggle, son ton compréhensif…Morgan n'avait pas pitié de lui. Non. Il comprenait. Ron ignorait le passé de cet homme mais il accepta ses paroles. Le jeune Mage lui adressa un petit sourire.

« Il faut… » Ron pointa vaguement le couloir blanc du doigt.

« Oui. » Morgan hocha simplement la tête et se déroba sur le côté pour le laisser passer. « Bonne chance, jeune homme. Vous en avez besoin. Vous comme votre frère. »

Ron inclina la tête. Il fit seulement quelques pas avant que Mucha ne le stoppe.

« Apophis. » Ron tourna sa tête. « Thomas m'a demandé de vous dire que votre frère et vous n'étiez pas obligés de vous rendre à la réunion du ministère et de la Confédération internationale des sorciers. Il vous laisse du temps pour…vous savez… » Mucha termina, un peu mal à l'aise.

Mais Ron comprit ce que voulait dire Mucha (et Thomas Gaunt). Il leur laissait du temps pour pleurer leurs morts et aider leurs blessés à se réadapter. Le rouquin leur en était reconnaissant même s'il se sentait un peu inutile. Thomas Gaunt et ses partisans (ainsi que les Créatures magiques et tous ceux ne s'étant pas opposés directement aux traditionalistes) réorganisaient l'ensemble du gouvernement britannique et la crise. Ils étaient lien direct avec la Confédération internationale des sorciers : Azkaban était la prison européenne. La bataille avait engendré un véritable phénomène géopolitique (sans compter les Gobelins qui refusaient toujours l'accès aux Sorciers à leur compte bancaire : la plupart des gouvernements magiques commençaient à céder et à se plier à leurs exigences pour relancer leur économie).

« Je vous recommande également de prendre du repos. » Poursuivit Mucha, inquiet. « Vous êtes sur le point de vous effondrer. »

« Vous aussi, Monsieur Mucha. » Ron répondit poliment. « Vos visions semblent vous agiter récemment, d'après ce que j'ai entendu. »

« D'étranges rêves, je fais dernièrement. » S'amusa Mucha et Morgan secoua la tête pour une raison qui échappait au rouquin. « Cela dit, je suis loin d'être le seul voyant à recevoir ces visions. La directrice de l'école de voyance de Delphes, Nadia Morgan, nous a contacté pour nous informer que l'ensemble de ses élèves et de ses professeurs recevaient ces mêmes visions. »

« Nadia Morgan ? » Ron fronça des sourcils. « Votre sœur, je suppose ? » Morgan hocha seulement la tête : cela expliquait son amusement. « Quels types de vision. »

« Un Jugement. »

Et Ron frissonna en sentant le pouvoir venir de ce simple mot innocent. Le Jugement. Le Jugement tant attendu par Serpentaire et par Médée. Le Jugement que Ron et Harry préparaient depuis des années. Il était proche. Très. Ron pouvait le sentir dans l'air, dans la magie, dans ses veines. Une vague douce, maternelle, l'entoura un petit instant.

« Je serai bientôt présente pour répondre à vos questions… » Une voix douce mais ferme souffla dans l'oreille de Ron qui frissonna.

Ron connaissait cette voix. Médée. Leur Mère. Il sourit malgré lui, réconforté. Elle était toujours là. Quelles que soient les tragédies, les douleurs et les joies, elle était présente pour ceux le méritant. Et cette vague magique de sérénité calma son cœur brisé et son chagrin. Ron reprit ses esprits. Mais jamais il n'oublierait ses frères et Draco. Il devait faire son deuil pour se préparer pour la suite. Il pleurerait après. Son deuil venait après. Il avait déjà eu plusieurs jours de « repos ».

« Qu'est-ce que… » S'écria Mucha, surprenant quelques Médicomages, patients et visiteurs. « Cette voix…celle de mes visions ? Comment ? » Morgan cligna seulement des yeux, n'ayant rien entendu.

Le rouquin secoua seulement la tête. Il voyait bien que Médée avait grandement perturbé le pauvre voyant. Mais Ron n'allait pas lui répondre. Comme l'avait dit Médée, ce n'était pas encore le temps des réponses.

« Vous comprendrez le jour du Jugement, Monsieur Mucha. » Ron inclina à nouveau la tête vers eux. « Bonne journée. Transmettrez mes salutations à Lord Gaunt. »

Et Ron laissa deux hommes perturbés par ses paroles énigmatiques. Le rouquin devait rejoindre son frère dans la chambre d'hôpital de Sirius. Il croisa plusieurs personnes qui lui lançaient des regards intrigués voire admiratifs (tous savaient qui il était désormais). Il haussa un sourcil lorsqu'il aperçut nul autre que Severus Snape discutant avec son Médicomage devant la porte de son cabinet. Le regard du rouquin descendit sur le bras gauche manquant. Il grimaça un instant en se rappelant que son petit frère lui avait dit que Snape avait perdu son bras pendant le combat contre Voldemort. Mais le potioniste semblait bien se porter malgré sa blessure.

« …juste faites attention. » Ron entendit le Médicomage dire à Snape alors qu'il les dépassa. « Vous devrez ressentir le manque de temps à autres, rien de bien grave. Ce sont des douleurs fantômes. »

« Je sais, je connais. » Snape rétorqua plus ou moins poliment. « Mais rien ne m'empêche de retourner travailler. Je suis malheureusement un Lord et je dois rejoindre Lord Gaunt à cette importante réunion… »

Bientôt, Ron n'entendit plus leur voix. Il tourna dans un autre couloir : un couloir réservé pour les malades mentaux sévère. Il soupira et grimaça lorsqu'il entendit des cris, des pleurs, ou même du silence. Il passa la chambre des parents de Neville Longbottom mais il n'y prêta aucune attention (ses parents seraient tellement déçus de Neville, se dit Ron, heureusement que celui-ci avait pu diminuer sa peine en aidant à vaincre Voldemort). Enfin, il arriva devant la chambre de Sirius. Il ouvrit la porte.

« …non Sirius, on ne lance pas la nourriture qu'on n'aime pas sur le plafond. » Ron entendit Harry dire tristement.

« J'aime pas les haricots verts ! » S'écria Sirius. « Je veux de la purée ! De la purée ! »

Ron entra dans la chambre. Contrairement aux autres chambres blanches d'hôpital, cette chambre était colorée, avec des images d'animaux magiques et non-magiques. C'était une chambre d'hôpital spéciale. La chambre était en désordre : des livres en plastique, des jouets et des peluches trainaient sur le sol. Blaise était installé silencieusement contre le mur, observant juste le spectacle avec douceur et tristesse. Ron ne pouvait pas lui en vouloir. Il venait de perdre l'un de ses meilleurs amis et il voyait son petit ami dans un état lamentable. Pour une fois, Ron n'était pas en colère contre lui. Il était juste heureux que Blaise soit une présence constante aux côtés d'Harry pendant que lui pleurait la perte de ses frères et de Draco.

Le rouquin porta son regard sur le lit, au centre de la pièce. Sirius était assis, boudeur, refusant de manger la nourriture que lui tendait désespérément Harry dans une cuillère. Des haricots verts entouraient les deux personnes. Harry semblait avoir du mal à nourrir son parrain. Et sa cécité l'empêchait de bien localiser la bouche de Sirius pour le forcer à manger.

« Je promets que je te donnerai un peu de purée juste après. » Harry esquissa une tentative de sourire. « Encore une bouchée. Pour moi. »

« Promis ? » Demanda timidement Sirius, tournant la tête vers son filleul.

« Évidemment ! » S'empressa de dire Harry. « Je préviendrai les infermières pour le repas de ce soir. Et si t'es sage, tu auras le droit à un peu de chocolat. Mais pas trop. Il ne faut pas que tu aies mal au ventre ! »

Sirius piailla joyeusement et prit une bouchée de haricots verts. Il mâchouilla sereinement, distrait par la petite peluche en forme de loup qu'il tenait entre ses doigts. Ron décida de ne pas gêner les efforts de Harry. Il savait que son frère l'avait repéré depuis le moment où il avait posé un pied dans l'hôpital mais pour Sirius, Ron (tout comme Blaise) était un objet du décor, inintéressant et sans amusement. Le Mage s'assit dans le coin de la pièce et observa Harry nourrir doucement Sirius. Dès que son parrain refusait de manger, le petit brun inventait une excuse. Plusieurs minutes passèrent avant que Sirius parvînt à presque terminer son assiette. Le Sorcier bailla grandement et cligna des yeux pour chasser les petites larmes.

« Allez… » Harry dut entendre son bâillement car il pressa gentiment Sirius dans son lit. « C'est l'heure de la sieste. »

« J'suis pas fatigué… » Grommela Sirius, boudeur.

« Je sais, je sais. » S'amusa Harry. « Tu veux une histoire ? »

« Oui ! » Sirius tapa dans ses mains, surexcité. « Une histoire ! Une histoire ! Je veux une histoire ! »

D'un mouvement de la main, Harry fit apparaitre des petits bonhommes avec l'eau de l'air. Avec la glace, il forma le décor et il se mit à jouer les marionnettistes avec ses petites poupées en eau.

« C'est l'histoire de quatre enfants. » Débuta Harry, faisant bouger les poupées. « Padfoot, Moony… »

Le rouquin écouta l'histoire des Maraudeurs revisitée par Harry. Harry enleva les parties sombres, comme le harcèlement de Snape et la trahison de Peter menant à la mort de tout le groupe d'amis. Ron sourit et il vit Blaise se détendre également, regardant le petit spectacle de marionnette avec douceur et amusement. Un conte idéal. Harry devait espérer, inconsciemment, cette vie utopique. Rapidement, Sirius s'endormit profondément, accrochant ses peluches amoureusement et suçant son pouce. Harry pressa sa main dans les cheveux ébouriffés de son parrain avec de balayer l'air de sa main. Les bonhommes et le décor de glace disparurent.

Ron se leva lorsqu'Harry et Blaise furent proche de lui. Silencieusement, pour ne pas réveiller Sirius, les frères et Blaise sortirent dans le couloir. Son petit frère lâcha un soupir attristé et il pressa son dos contre le mur froid du couloir. Ses yeux émeraudes aveugles étaient fixés sur un point du plafond. Blaise se laissa simplement glisser contre le mur pour s'asseoir sur ses fesses. Il n'était peut-être pas spécialement proche de Sirius mais voir un homme de quarante ans dans cet état, un homme proche de son petit ami, devait être difficile à supporter. Ron pouvait comprendre son état.

« Il ne va pas mieux… » Ron brisa finalement le silence pesant.

« Non… » Harry ferma les yeux et Ron remarqua qu'il retenait ses larmes. « Il n'ira jamais mieux d'après les Médicomages. Jamais. »

Ron s'approcha de son frère et le prit dans ses bras, le forçant à placer sa tête contre son torse. Il laissa Harry sangloter, désespéré par l'état lamentable de son parrain.

« Tu sais, Harry, un jour peut-être, on aura fait des avancées suffisamment importantes pour soigner ton parrain. » Souligna Blaise qui venait de se lever pour caresser doucement le dos de Harry. « Qui sait… »

« Mais la magie de l'esprit reste mystérieuse… » Renifla Harry sans vouloir se libérer de l'étreinte de son frère. « C'est probablement l'une des magies les plus complexes, Blaise. Comment…quand pourra-t-on soigner mon parrain ? » Cette fois, Harry plaça ses yeux larmoyants dans ceux de Blaise. « Est-il condamné à rester toute sa vie dans un corps d'adulte avec un esprit d'un enfant de quatre ans ? »

« Oh, Harry… » Blaise murmura seulement.

Il était difficile de réconforter quelqu'un se trouvant dans une telle situation. Quand une personne était morte, bien que ce fût terrible, tout le monde savait qu'elle ne reviendrait pas. Il fallait faire son deuil, ce qui pouvait prendre plus ou moins de temps en fonction des personnes (Ron avala difficilement sa salive à cette pensée). Mais les personnes dans l'état de Sirius ou des parents de Longbottom…on ne pouvait pas vraiment faire son deuil. Leurs blessures mentales et psychiques faisaient qu'ils étaient toujours vivants mais…ils n'étaient plus eux-mêmes. Comment réconforter un proche d'une telle victime ? Ron l'ignorait. Et Blaise aussi.

« Peut-être… » Ron pensa à Médée et au Jugement. « Peut-être qu'elle pourrait nous aider ? »

Si Blaise lui lança un regard confus, Harry le comprit immédiatement. Le petit brun lui lança un pauvre sourire et secoua simplement la tête.

« Elle ne peut pas tout régler, Ron, et tu le sais. » Harry annonça avec tristesse. « J'aime mon parrain. Beaucoup. Mais Sirius…Elle ne le soignera pas. C'est ma mission. La mienne. Je le sais. Je le sens. » Harry dit les derniers mots en Fourchelangue. « Tu comprends ? »

« Oui. » Ron hocha simplement la tête.

Pour Harry, soigner son parrain serait le travail d'une vie. La magie de l'esprit était la branche de la magie la plus complexe qui puisse exister. Tous les êtres magiques (Sorciers, Mages ou Créatures) avaient de grandes difficultés à maitriser cette branche. Et même si un être utilisait la magie de l'esprit, cette branche restait très mystérieuse. Mais Ron pouvait comprendre l'ambition de son petit frère. Une fois le Jugement accompli, la prophétie serait réalisée. Si tel était le cas, ils n'auraient plus d'objectifs. Harry venait de se trouver le rêve d'une vie : trouver un remède pour son parrain. La lecture d'aura serait une capacité très pratique pour comprendre un tel pouvoir. Harry pourrait devenir un véritable Mage de l'esprit, un médecin pour soigner des blessures aujourd'hui impossibles à soigner. Mais pour Ron…que fera-t-il une fois son rôle terminé ? Il l'ignorait encore. Il trouverait bien. Il ne voulait pas être vide.

« Moi je n'ai pas compris. » Ronchonna Blaise, faisant la moue. « Mais si tu veux trouver un moyen de soigner Sirius, je t'aiderai ! »

« Merci Blaise. » Harry sourit et embrassa gentiment l'Italien. « Merci…d'être là… »

« C'est normal. » Répondit Blaise en douceur, avec une pointe de tristesse. « J'en ai besoin…sinon je ne fais que penser à…à lui… »

Harry gémit doucement et les deux se réconfortèrent. Ron préféra tourner la tête, refusant de voir le chagrin dans les yeux de Blaise et la tristesse de Harry. Penser à Draco, comme à ses frères, faisait mal. Très. Il venait tout juste de commencer sa relation avec Draco et elle était partie en éclats en un instant. Ron avait déjà vu des morts. Par Médée, il avait même tué ! Et torturé ! Et il avait pris beaucoup de plaisir. Beaucoup. Mais voir le cadavre d'un proche, d'un frère et d'un petit-ami, c'était différent. Bien différent. Il ne pouvait que se réconforter du fait que Draco était mort d'un coup. Il n'avait pas souffert (contrairement à ses frères).

Devant lui, à la place d'un couloir blanc, il revit le corps sans vie de Draco reposant sur le sol boueux, alors que Voldemort jetait des sorts mortels. Il se revoyait crier de tristesse et de rage. Il se revoyait jurer vengeance. Il se revoyait perdre l'esprit avant de se reprendre. Il revoyait le visage décomposé des Malfoy devant le corps de Draco. Il se rappelait le cri de Narcissa et les sanglots de Lucius. Il se rappelait avoir dit quelques mots mais il ne se souvenait plus ce qu'il avait dit aux pauvres parents détruits par le chagrin. Depuis, Ron n'avait aucune nouvelle des Malfoy. En deuil, ils s'étaient enfermés dans leur manoir et Gaunt leur avait laissé du temps (comme pour eux).

« Ron ? » La voix d'Harry le ramena à la réalité. « Tout va bien ? »

Le rouquin savait que Harry savait qu'il n'allait pas bien. Il le savait mais il respectait sa douleur.

« Je pense que je vais avoir besoin d'une thérapie… » Souffla doucement Ron. « Je pense qu'on a tous besoin d'une thérapie… »

« Un jour, on ira mieux. » Promit simplement Blaise. « Un jour. »

Avant que l'un d'eux ne puisse répondre, une Médicomage apparut avec des médicaments. Elle cligna des yeux, surprise de les voir, mais elle sourit gentiment une fois qu'elle les reconnut.

« Madame Allison, un plaisir de vous voir. » Salua Ron en inclinant la tête. « Vous êtes-là pour le traitement de Sirius ? »

« Exactement. » Elle les regarda. « J'en conclus qu'il dort. » Elle reçut des hochements de tête. « Je vois…je passerai plus tard alors. »

« Madame… » Appela Harry avec une petite voix. « Comment va-t-il, réellement ? Je sais qu'il est impossible de le soigner pour le moment, mais je veux savoir… » Il le dit à moitié en Fourchelangue, à moitié normalement, faisant frissonner les deux non-Fourchelangues.

« A vrai dire… » Elle soupira. « Il est réduit à l'âge mental d'un enfant de quatre ans. Le sort qu'a utilisé Peter Pettigrew est impossible à contourner. Il touche directement une partie inaccessible du cerveau. »

Ron grimaça en repensant à Peter Pettigrew. Le combat entre ce traitre, Sirius et Mucha (et Morgan) était désormais légendaire, bien que moins que celui contre Voldemort.

« Le fait que Pettigrew soit un Voleur d'Âme aggrave le cas de Sirius. » Continua Madame Allison. « En réalité, le sort utilisé par Pettigrew ne devrait pas avoir un effet aussi dévastateur. Malheureusement, il a réussi à voler la magie de ses adversaires. Il a amplifié son sort. Cela explique l'état particulier de Lord Black. »

Ron tiqua lorsqu'il vit Harry baisser la tête et serrer les poings de colère. Personne n'aimait Pettigrew. Encore moins lorsque ses crimes étaient devenus connus du grand public : un Voleur d'Âme, violeur, pédophile, prêt à réduire les autres en esclavage pour son propre intérêt. Sa seule évocation donnait l'envie de rappeler son âme pour le tuer à nouveau. Peut-être pourrait-il demander à Blaise d'utiliser la Brume pour invoquer et tourmenter l'âme de Peter ?

« Oh. » Fit simplement Blaise.

« Hormis son état mental déplorable, Lord Black est en parfaite santé. Il n'a reçu que quelques dégâts physiques, comme deux côtes cassées et une foulure, lors de son combat. » Ajouta Madame Allison. « C'est presque un exploit, je dirais. Pettigrew est devenu très puissant après avoir avalé la magie d'autres Sorciers. Monsieur Mucha a reçu beaucoup plus de dommages physiques : il est resté alité plusieurs jours et a l'autorisation de sortir depuis aujourd'hui seulement. »

« Oui, je l'ai croisé dans les couloirs… » Indiqua Ron en hochant la tête.

« Mmh. » Madame Allison lut quelques notes sur son calpins. « Je dois dire, je remercie Merlin que ce Muggle, Morgan, ait pu tuer Pettigrew avant qu'il ne tue plus de monde. Qui l'eût cru ! Un Muggle parvenant à tuer un Sorcier ! »

Madame Allison ricana du malheur de Peter avant de continuer sa tournée des chambres. Ron la regarda partir. Il devait avouer, elle avait raison. Le pouvoir de Peter était sacrément embêtant pour les Sorciers, un véritable handicap. Les dégâts et les morts causés par ce dernier étaient colossaux. Même en attaquant à deux contre un, Sirius et Enki Mucha n'étaient pas parvenus à le vaincre. Peter aurait probablement gagné s'il ne s'était pas laissé emporter par l'hubris.

Apparemment, d'après les témoins, Peter venait de révéler qu'il était l'auteur du meurtre de Remus Lupin, le meilleur ami de Sirius. Fou de rage, Sirius s'était lancé sans réfléchir sur Peter. Ce dernier en avait profité pour lancer ce terrible sort, détruisant le mental de Sirius. Mucha avait été grandement affaibli par ce combat épuisant, et était vulnérable. Peter, croyant sa victoire proche, avait baissé sa garde. Il s'était lancé dans un discours, racontant ses nombreux crimes avec joie (admettant qu'il avait violé Nadia Morgan de son propre gré : Dumbledore détestait les viols et n'avait jamais su pour le viol de cette pauvre voyante). Et dans son dos, un Muggle était sorti de sa cachette. Nathaniel Morgan avait tué Peter avec une arme à feu, vengeant sa sœur adorée. Personne ne sut comment il était arrivé là. Peut-être Mucha ? Ou même sa sœur ? Un vrai mystère qui permit la mort d'un homme abjecte. Ron aimait l'ironie : Peter, connu pour avoir tué de nombreux Muggles, s'était fait tuer par un Muggle. Le karma était parfois bien satisfaisant.

« J'aurais bien aimé tuer Pettigrew… » Murmura Harry en se callant contre Blaise. « Pour tout le mal qu'il a fait…pour tout le mal qu'il m'a fait, il le mérite. »

« Peut-être bien… » Ron soupira. « Mais je ne vais pas me plaindre de sa mort pitoyable. »

« Dire qu'un type comme lui était un Voleur d'Âme… » Ajouta Blaise en secouant la tête. « Un tel pouvoir entre les mains d'un traitre de la pire espèce… »

« Les dons magiques ne sont pas toujours offerts à ceux qui le méritent depuis bien longtemps. » Ron pensa à Médée et à sa colère contre Jason ainsi qu'à la malédiction des Sorciers. « Bientôt la magie pourra récompenser seulement les personnes dignes. »

Harry approuva juste avec un petit hochement de menton.

« Vous et vos phrases mystérieuses… » Soupira Blaise, sans vraiment leur en vouloir.

« Bientôt tu comprendras, Blaise. » S'amusa Harry avec un léger sourire et Ron fut heureux qu'il ne pensait plus à Sirius pour le moment.

« J'espère bien… » Ronchonna l'Italien, de bonne humeur.

Avant qu'un des frères ne puissent répondre, un Patronus corbeau apparut. La voix de Pansy s'en dégagea :

« Blaise, nous avons besoin de toi. Disons plutôt que…mmh…alors Théo, Daphné et moi sommes chez les Malfoy. » La voix de Pansy se brisa un peu et Ron sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. « Ils ont besoin de notre support pour les funérailles et pour se remémorer le passé. » Blaise, Pansy, Théo et Daphné étaient les plus vieux amis de Draco. « Si tu croises Ron, dis-lui qu'il peut venir s'il veut mais je sais que lui-même doit se remémorer ses frères…il n'est pas obligé de venir tout de suite s'il a besoin…prends pas trop de temps avec Harry avant de venir. » Pansy termina sa dernière phrase sur une pointe d'humour.

Le Patronus disparut dans un feu d'artifices de poussière blanche. Le trio resta silencieux pendant un instant. Blaise passa une main sur son visage, épuisé. Il secoua la tête après un moment et sa main retomba le long de son corps. Il leur lança ensuite un regard résigné et attristé.

Ron sentit son cœur se briser en pensant à nouveau à Draco. Leur relation était nouvelle mais elle progressait bien. Il s'était attaché au blond, devenu plus mature. Draco commençait tout juste à comprendre le monde, à le découvrir avec ses propres yeux et non par ceux de ses parents. Il s'ouvrait à d'autres cultures, il découvrait que les Sorciers Sang-Purs n'étaient pas les seuls à mériter la magie. Le blond était prêt à accepter une relation avec Ron, un ancien rival. Et Ron ne pouvait qu'admirer sa volonté d'évoluer. Cependant, le rouquin n'avait pas pu développer cette relation. Il ne le pourrait jamais. Jamais. Ron baissa doucement la tête. Il ne voulait pas que Blaise ne remarque ses larmes. Il se dépêcha juste de les essuyer.

« Ron ? » Blaise demanda, gêné, coupant ses pensées sombres. « Tu veux venir, ou… ? » Il vit l'Italien se mordre ses lèvres. « On ne t'en voudra pas si tu préfères, tu sais, ne pas venir. »

Ron sentit ses doigts se serrer d'eux-mêmes contre la paume de sa main. Il hésitait. Il voulait venir. Il voulait se remémorer Draco comme il l'avait fait pour ses frères. Le problème était qu'il ne connaissait pas Draco avant ce début d'année. Il connaissait son image, son masque. Ils avaient été rivaux, voire ennemis. Pendant leurs deux premières années à Hogwarts, ils s'étaient même détestés, immatures. Mais il voulait se remémorer également ce passé. Il ne voulait pas l'oublier. Seulement, la seule pensée de faire face aux Malfoy dévastés lui faisaient mal. Vraiment. Quels parents voulaient voir leur enfant mourir avant eux ? (Ron refusa de penser à Molly et Arthur Weasley : ils n'étaient pas ses parents, seulement ses géniteurs).

« Je… » Ron hésita, il pouvait sentir ses flammes bouillir à l'intérieur de son corps.

« Quoique tu choisisses, je te suis. » Harry posa doucement sa main sur son bras. « Il n'y a pas de mauvais choix. »

« Harry a raison. » Ajouta Blaise avec un mince sourire. « Les Malfoy comprendront et les autres aussi. »

Ron était vraiment reconnaissant du soutien qu'il avait. Malgré ses nombreuses envies de meurtre (Blaise l'agaçait ! Il était trop proche de son petit frère !), il pouvait reconnaitre que Blaise était une personne parfaite pour Harry.

« Je pense que… »

Ron ne termina pas sa phrase. Il cligna doucement les yeux et il sentit la main d'Harry se resserrer violement sur son bras, tout aussi surpris que lui. Une vague intense de magie entoura les deux frères. Médée. Elle les pressait de la suivre. Elle voulait qu'ils suivent sa magie.

« Un problème ? » Demanda Blaise, curieux de les voir se tendre.

Blaise ne semblait pas sentir la magie de Médée, comprit Ron. Mais aucun des deux ne lui répondirent. Ils se laissèrent envahir par la magie réconfortante de leur Mère. Ron ferma même les yeux pour savourer cette embrasse. Médée s'éveillait de plus en plus. Bientôt, elle serait là. Elle arrivait. Et ils devaient être là pour elle.

« Blaise. » La voix d'Harry le força à rouvrir les yeux. « Nous sommes attendus. »

« C'est…soudain ? » Répondit l'Italien, surpris. « Tout va bien ? »

« Oui. Tout est absolument parfait. » Souffla Harry, avec bonheur, un sentiment bien étrange après les conséquences terribles de la bataille mais Médée les réconfortait toujours : elle avait ce pouvoir. « Notre magie…elle nous demande…c'est une sensation merveilleuse ! » Harry posa ses mains contre les joues de son petit-ami. « Un jour, peut-être, tu pourras sentir cette magie comme je la ressens… »

« J'adorerais… » Murmura Blaise, fasciné de voir le visage heureux d'Harry (et de Ron). « Allez-y. Je leur dirais que vous ne pouvez pas. Ils comprendront. »

« Merci Blaise. » Harry embrassa Blaise avec beaucoup de gentillesse avant de s'écarter pour attraper le bras de Ron, qui le guiderait même s'il n'en avait pas besoin.

Blaise ébouriffa seulement ses longs cheveux noirs en réponse. Ron fit un simple mouvement de la tête, reconnaissant.

« Blaise, pourras-tu dire aux Malfoy que je passerai dans la soirée, s'ils veulent bien m'accueillir, bien sûr. J'aimerai beaucoup présenter mes hommages avant… » Dit Ron avec le cœur serré par la tristesse malgré le réconfort de Médée. « Je voudrais juste dire au revoir à Draco… »

Le rouquin cligna des paupières lorsque Blaise posa sa grande main sur son épaule avec un sourire.

« Ne t'inquiète pas, je leur dirais. » Il les poussa ensuite vers le bout du couloir. « Allez-y, vous êtes attendus ! » Puis Blaise se tourna vers Harry qui jetait un 'regard' inquiet vers la chambre de Sirius. « Harry, j'irais passer un coup d'œil à Sirius pour voir s'il dort toujours avant de partir. » Harry sourit. « Allez-y ! Allez ! »

Les deux frères quittèrent finalement le couloir, sans un regard en arrière. Ils faisaient confiance à Blaise pour passer leur message. Ron guida Harry dans les nombreux couloirs. Certes, Harry pouvait utiliser sa lecture d'aura mais Sainte-Mangouste était rempli de vie, de blessés, de Médicomages et de visiteurs. Il était parfois difficile de s'y déplacer sans manquer de se cogner, même lorsqu'on voyait. Ron ne voulait pas voir Harry se cogner.

La magie de Médée les guida jusqu'à la sortie de l'hôpital. Elle les entoura avec amour et impatience. Médée semblait surexcitée. Peut-être l'idée de quitter son île et de revoir son fils après mille ans lui donnait espoir. Ron sourit à cette pensée.

« Où devons-nous aller ? » Murmura Ron en fourchelangue.

« Nous suivons votre demande, my Lady. » Ajouta Harry, ses yeux aveugles se levèrent pour fixer le ciel gris.

Cette étrange et puissante magie divine les embrassa, voltigea autour d'eux et les enveloppa. Ron comprit instinctivement ce qu'elle voulait. Il ne savait pas comment il avait compris mais il savait qu'ils devaient transplaner vers un lieu inconnu. Médée les attendait là-bas. Du moins, il l'espérait.

« Allons-y. »

Et les deux frères disparurent main dans la main, avec un sourire, sans savoir où ils allaient apparaitre. Ils s'abandonnèrent tout simplement à la magie réconfortante de leur Mère.

OoO

« Bonjour mes enfants. » Une voix féminine, puissante, vibrante de pouvoir les accueillit.

Ron ouvrit soudainement les yeux, écarquillés par la surprise. Une force pressait contre son torse, l'empêchant de respirer. Il tenta de prendre une inspiration mais la magie était beaucoup trop dense pour lui. Sa main vola vers sa gorge, tentant de se dégager de cette masse. Il voulait respirer. Il n'y arrivait pas ! Il paniqua et il tomba à genoux sur un sol meuble. A côté de lui, il vit son frère dans le même état. Que se passait-il ?

« Respirez, mes enfants. Respirez. » Reprit gentiment la voix. « Si vous voulez vivre, vous devez juste respirer cette magie pure. Respirez »

Mais comment pouvait-il respirer ? Ron ne savait pas comment respirer dans cette magie dense. Elle l'étouffait. Il ouvrit sa bouche en grand et se força à prendre des grandes inspirations. C'était douloureux. Sa gorge, ses cordes vocales semblaient être sur le point d'imploser sous la pression. Il voulait pleurer. Il savait qu'il n'allait pas mourir mais il se sentait mourir.

« Chut, mon enfant, tout va bien. » Une présence apaisante caressa gentiment son dos. « Il te suffit de respirer normalement, sans penser à la magie. Juste, respire calmement. »

Calmement. Normalement. Voilà ce qu'il devait faire. Ron ne devait pas paniquer. Il ne devait pas remettre en cause cette magie divine puissante et dense. Non. Il devait juste l'accepter dans son corps comme si c'était de l'air. C'était tout ce que la voix lui demandait. Alors Ron appliqua à la lettre ce conseil. Il respira. Normalement. Calmement. Comme s'il allait s'endormir. Et soudainement, le Mage put à nouveau respirer. Il sentit l'oxygène rempli de magie entrer dans ses poumons et traverser son corps. Il se sentit revivre et il savoura cette sensation inconnue et bienfaisante. La dernière fois qu'il avait ressenti une telle magie c'était quand Harry et lui avaient reçu la bénédiction de Serpentaire pendant le Rituel.

Ron se releva et sentit ses jambes trembler un peu. Harry était dans le même état que lui, voire un peu mieux. Ses yeux étaient écarquillés sous le choc : sa lecture d'aura devait être quadruplé dans un endroit aussi magique. Après s'être assuré qu'Harry se sentait parfaitement bien, Ron prit connaissance du lieu où ils se trouvaient.

C'était…Ron n'avait jamais vu un paysage aussi splendide et étrange. Il ne put s'empêcher de souffler sous le choc et sa bouche refusait de se fermer. Tout respirait la magie. Tout. L'herbe sur laquelle ils avaient atterri était bleue, les arbres violets, rouges, roses, oranges et blancs fluorescent. La végétation brillait de mille feux, renvoyant les rayons du soleil sur un sol coloré. Les animaux eux-mêmes avaient évolués pour s'adapter à cette végétation magique. Absolument merveilleux. Le rouquin tourna autour de lui, incapable de tout imprimer dans son cerveau. Il voulait tout retenir ! La clairière où ils se trouvaient était entourée par une forêt et un ruisseau contenant l'eau la plus limpide qu'il n'ait jamais vue.

« C'est…magnifique… » Murmura Ron et encore : il ignorait sincèrement comment et avec quels mots décrire un tel lieu.

« La magie…je n'ai jamais rien ressenti d'aussi splendide. » Rajouta Harry, émerveillé par les auras. « Où sommes-nous ? »

« Vous êtes sur mon île, mes enfants. » La voix, Médée, annonça. « Ma maison. Mon paradis. »

Ron sursauta et regarda autour de lui, cherchant leur Mère. Cette voix ne pouvait qu'être Médée, isolée sur son île depuis la trahison de Jason et sa malédiction jetée sur les Sorciers, les empêchant de devenir des Mages. Le rouquin ne vit personne. Hormis la magie de Médée et sa voix, elle n'était pas là, invisible à leurs yeux.

« My Lady. » Harry s'inclina et Ron l'imita. « C'est un plaisir d'être invités sur votre magnifique île. C'est si soudain. »

Médée lâcha un rire cristallin qui résonna dans l'ensemble de la clairière. C'était comme si elle était partout et nulle part à la fois. Ron avait l'impression qu'elle était devant lui, derrière lui et à ses côtés.

« Mes enfants, je vous ai choisis, il y a mille ans pour préparer ce monde à accueillir le Jugement. » Annonça Médée, sa magie circulant librement entre eux. « Les Sorciers méritent de connaitre l'Ancienne Magie et de devenir des Mages. Il est temps de briser la malédiction. »

« Quel est notre rôle pour le Jugement ? » Demanda Ron, bien curieux. « On a aidé les Créatures magiques à s'affirmer. On a montré que les Muggles et les Créatures valaient autant que les Sorciers mais… »

Une main invisible caressa doucement ses cheveux roux et Ron ferma les yeux, savourant le geste maternel qui lui avait tellement manqué (il haïssait Molly mais pendant les premières années de sa vie, il avait vraiment aimé sa mère : elle lui manquait).

« Ne t'inquiète pas, mon enfant. » Rassura Médée, gentiment. « Vos actions préparent le terrain du Jugement. »

« Comment nos actions ont-ils pu préparer le Jugement, my Lady ? » Intervint timidement Harry, qui se mordait les lèvres. « La seule chose qu'on a fait est de montrer que les Gobelins ont le pouvoir sur l'ensemble de l'économie du monde magique sorcier…et les Muggles, avec Morgan, ont pu montrer leur pouvoir d'eux-mêmes, sans notre intervention directe. »

« Ne doutez pas, mes enfants. » Reprit Médée. « Vos actions permettent de savoir quel Sorcier, quelle Créature, quel Muggle méritent d'être jugés. Grâce à vous, je peux savoir qui est digne de ma magie. »

« Que voulez-vous dire, my Lady ? » S'enquit Ron qui tourna sur lui-même pour suivre la vague réconfortante de magie.

« Les Sorciers ayant acceptés leurs erreurs pourront devenir des Mages, les autres… » Médée siffla avec colère les derniers mots faisant frissonner Ron : il ne devait pas oublier que leur Mère était une déesse. « Il en va de même pour les Créatures et les Muggles. Chacun a le devoir de reconnaître ses fautes. Si un Sorcier ne reconnait pas le pouvoir des Gobelins, il n'est pas digne, si un Gobelin ne reconnait pas le pouvoir des Sorciers, il ne sera pas digne. Le Jugement est aussi simple que cela. »

La magie de Médée traversa les arbres et la clairière. Les oiseaux piaillèrent joyeusement en réponse. C'était une chanson merveilleuse.

« Que comptez-vous faire, my Lady ? » Harry porta sa main vers ses tempes, probablement éblouit par la magie les entourant. « Quel est notre rôle dans ce Jugement ? »

« Vous, mes enfants, serez mes juges. » Médée rit, amusée par leur choc. « Je suis une déesse isolée sur cette île pendant des millénaires. Si je garde un œil sur le monde extérieur, certaine chose m'échappent, comme la folie de mon pauvre fils. Je ne vois pas tout. J'ai besoin de vous pour m'aider à distinguer ceux qui sont dignes ou non. »

« My Lady ! Cette responsabilité est énorme ! » S'écria Harry, affolé. « Nous ne pouvons pas vous aider ! Il existe bien trop de Créatures, de Sorciers et de Muggles en ce monde ! Comment pourrons-nous les juger si nous ignorons s'ils sont dignes ? »

Ron se sentit paniquer également et il attrapa la main de son frère pour la serrer. Comment pourrait-il juger des êtres qu'il ne connaissait pas ? En si peu de temps ? Il était juste impossible de distinguer un être digne d'un être indigne ! Il ne pouvait rien faire s'il jugeait une Créature chinoise ou brésilienne !

« Ne vous inquiétez pas mes enfants. » Médée s'adoucit pour effleurer leur aura et les rassurer. « Vous n'êtes pas les seuls juges que je vais invoquer : il existe d'autres Mages éparpillés dans le monde et des Créatures dignes de juger. Vous êtes mes principaux. »

« Pourquoi ? » Souffla à nouveau Harry. « Nous sommes trop jeunes pour juger… »

« Mes enfants…ce Jugement n'est pas un simple jugement judiciaire. C'est un Jugement qui juge l'âme des personnes, à l'image de la déesse égyptienne Maât. » Expliqua Médée, amusée par leur peur infondée. « Et vous avez une place importante pour la simple et bonne raison que vous avez été choisis par Serpentaire, mon fils. »

« C'est…mais Godric et Salazar ont également été choisis par lui… » Murmura Ron qui ne voulait pas d'une telle responsabilité.

« Mes enfants… » Soupira Médée. « Serpentaire a choisi Godric et Salazar avant sa corruption. Mille ans que dure sa punition, mille ans qu'il attend des candidats dignes. Des candidats qui lui permettront de se racheter aux yeux de la magie, à mes yeux. Il vous a choisis. Il a fait de vous ses Mages et non les miens. Vous êtes les seuls à pouvoir libérer mon fils de sa punition. Et pour ce simple fait, vous êtes, à mes yeux, les juges principaux de mon Jugement. »

Sa voix résonna puissamment dans la clairière. Ron ne put s'empêcher de courber l'échine, reconnaissant son pouvoir et sa volonté même s'il ne le voulait pas. Ron serait un juge parce que sa Mère le voulait. Elle les savait dignes.

« Nous acceptons. » Dirent les frères en cœur.

La magie de Médée les caressa, reconnaissante. Ron ferma les yeux et se pressa contre son frère. Cette magie était addictive. Il ne s'en lasserait jamais. Comment le pourrait-il ? En présence de leur Mère, il en oublia tous ses problèmes. Ou plutôt, il les minimisa. Il avait cette impression que le deuil de ses frères et de Draco remontait à des années. Le rouquin avait cette sensation d'avoir guéri émotionnellement. Il savait qu'il ne les oublierait jamais mais cette magie le soignait de ses souffrances psychiques.

« Serpentaire attend son Jugement. » Annonça Médée d'une voix puissante qui résonna dans l'ensemble de l'île. « Il sera le premier ! »

« Nous attendons son retour, Mère ! » Plusieurs voix s'élevèrent en réponse.

Ron cligna des yeux et prit une grande inspiration, surpris. Ces voix étaient masculines, féminines, jeunes et vieilles. Aucune ne parlait anglais mais Ron comprit inconsciemment ce qu'elles disaient. C'était magnifique mais étrange.

« Mon ami m'a bien manqué. » Une voix souffla à l'oreille de Ron (et d'Harry) qui sursauta. « Cela fait bien longtemps que je ne l'ai pas vu. » Cette personne, un homme, parlait en ancien anglais et semblait surexcité.

Ron se retourna pour apercevoir un homme grand, dans la cinquantaine, qui disparaissait joyeusement entre les arbres.

« Je te remercie, Merlin. » Rit Médée. « Allons-y ! »

Attendez une minute ! Ron sentit son cœur sortir de son corps. Merlin ? Merlin était toujours sur cette île ? Le premier Mage de l'histoire depuis la trahison de Jason ! C'était…un rêve devenu réalité ! Incroyable ! Il voulait courir derrière cet homme mystérieux et lui poser tellement de questions. Mais ce n'était pas le moment. Son admiration pour Merlin attendrait. Médée voulait juger son fils, son enfant. Sa magie, comme tout à l'heure, les entourait. Ils allaient de nouveau transplaner.

Ron attrapa la main d'Harry et sourit. Le Jugement commençait.

OoO

« Où sommes-nous ? » Demanda Harry, les sourcils froncés. « L'aura qui se dégage de cet endroit est étrange…cela ressemble à la mort ? Je ne serais comment le décrire… »

Ron regarda autour de lui. Ils étaient dans une immense salle vide et peu illuminée. Au centre, une grande arche (une porte ?) trônait, menaçante. Cette arche semblait « fermée » par un voile noir mouvant. Qu'est-ce que c'était ? Ron ressentait cette étrange envie de toucher l'arche.

« Étrange… » Murmura Harry en pointant l'arche d'un mouvement de la main. « Ma magie m'attire par-là. L'aura magique y est très concentrée, comme lorsqu'on était sur l'île de Médée. »

« C'est une arche ou une porte. » Informa Ron, examinant cette structure sous toute ses coutures. « Je suis également attiré par elle. »

« Qu'est-ce que c'est ? » Demanda Harry, inquiet. « Je croyais que l'on devait juger Serpentaire ? »

« Je l'ignore, Harry. » Répondit le rouquin, attendant des indications de Médée. « Peut-être devons-nous toucher l'arche ? »

La magie de Médée les poussa gentiment vers l'arche pour toute réponse. Ron engloutit sa salive. Apparemment, ils devaient réellement toucher cette étrange chose. Cela ne lui inspirait pas confiance mais il savait une chose. Il devait suivre la volonté de Médée. Il devait lui faire confiance. D'un commun accord, les deux frères s'avancèrent doucement. Devant l'arche, ils levèrent leur bras en même temps. Au moment où leurs doigts touchèrent le voile, une vague magique ressemblant à Médée, mais n'étant pas Médée, les attaqua. Cette magie voulait les engloutir dans le voile, les emporter avec elle. Instinctivement, Ron savait qu'il devait se battre contre cette magie. Ils ne devaient pas entrer dans le voile, ils devaient juste le toucher. Ils devaient pousser.

« Ron ! » Cria Harry alors que la magie ennemie agrippait fermement leurs bras. « Maintenant ! Pousse ! »

Ron se braqua et courba son dos vers l'arrière. Il écarta les jambes pour avoir un meilleur appui et pour éviter d'être déstabilisé. Puis, il poussa vers l'arrière, en même temps qu'Harry. Avec sa magie, il attrapa cette magie ennemie. Il ne devait pas céder. C'était un jeu de pouvoir. Mais c'était insuffisant. Leur adversaire était bien plus puissant. Si cela continuait, ils allaient être emportés dans le voile. Ron pouvait sentir ses pieds bouger, il n'arrivait pas à se maintenir sur place malgré tous ses efforts. Il grimaça. La magie adverse ne lui faisait pas mal, au contraire. Elle semblait ne leur vouloir aucun mal, juste les amener à elle. Mais il ne voulait pas la suivre. Une idée germa dans son esprit et il tourna la tête vers Harry, qui avait plus de mal que lui étant plus petit et ayant moins de force.

« Harry ! Utilise ta glace pendant que j'utilise mon feu ! » Cria Ron et Harry lui sourit sauvagement, comprenant ce qu'il voulait faire.

Avec sa main libre, Ron activa ses flammes. Avec un rictus, il s'entoura rapidement de flammes. Puis, il envoya ses chères flammes vers la magie ennemie. A côté de lui, l'air devint glacial. Harry faisait la même chose que lui : il s'entourait de glace pour percer l'ennemi invisible. Ron manipula ses flammes pour qu'elles entourent la magie adverse. Et il poussa. Une fois. Il pouvait sentir que leur adversaire avait du mal à reculer, à contrer le feu et la glace. Une deuxième fois. La magie se débattait pour se libérer mais Ron ne lâcha pas : il recula d'un coup, amenant leur ennemi avec eux. Une troisième fois. Un cri perçant résonna dans leurs oreilles. Ce n'était pas un cri de douleur, seulement de colère. L'être n'arrivait pas à ses fins et perdait. Une quatrième fois. C'était la bonne. Harry et lui plaquèrent leurs mains fumantes et glaciales sur le voile. Le froid et la chaleur ne faisaient pas bon ménage. Le voile se brisa et la magie se dissipa.

Ron fut ébloui pendant quelques secondes et recula sous le choc. Il passa ses mains sur son visage pour s'éclaircir la vision, surpris. Et son regard tomba sur un étrange spectacle. Là où se trouvait le voile, le corps d'un être volait et la magie de Médée le redescendait doucement sur le sol. Cet être ne ressemblait à aucune Créature que Ron avait étudiée. C'était indéniablement un être de sexe masculin. La moitié de son corps était recouvert d'écailles vertes, noires et argentées : ses bras, ses jambes, une partie de son cou et de son visage. La peau de son torse et des parties non recouvertes par les écailles étaient transparentes, ses veines étaient visibles. Il possédait des griffes acérées. Ses très longs cheveux noirs, verts et argentés encadraient un visage aux traits durs et dangereux. L'homme ne possédait pas une beauté à laquelle on pourrait s'attendre. Non. Mais il possédait une beauté divine et une aura dangereuse.

« Serpentaire. » Souffla Ron, comprenant enfin pourquoi le voile les avait attaqués. « Le voile, cet arche…c'était sa prison. »

« Du moins, ce n'est que le corps de Serpentaire. » Harry informa en plissant ses yeux. « Son âme n'est pas dedans. »

« On sait déjà que son âme est enfermée à Hogwarts. » Le rouquin indiqua alors que le corps était doucement déposé sur le sol. « Il faut croire qu'on était les seuls à pouvoir libérer le corps de Serpentaire du voile. Médée a mis une protection sur le voile et Serpentaire semble avoir bloqué l'entrée volontairement. »

Ron s'approcha du corps du demi-dieu pour l'examiner. Il s'accroupit et manipula ses bras, ses jambes, ses doigts. Tout fonctionnait normalement. Doucement, il appela sa magie pour faire léviter le corps.

« Je crois que nous devons amener le corps de Serpentaire à son âme. » Ron s'approcha de son frère, le corps suivant ses pas. « Tu crois que Médée va le juger pour savoir si son âme est digne de retourner dans son corps ? »

« Non. » Harry porta un doigt sur ses lèvres et il tapota doucement. « C'est à nous de le juger. Médée l'a bien dit : nous sommes ses Mages. Cela dit, Médée est toujours présente, même faiblement. Elle nous surveille. Ou plutôt, elle nous attend. »

Ron observa autour de lui. Il ne sentait pas la présence de leur Mère. Il n'avait, après tout, pas la même sensibilité à la magie qu'Harry. Mais il croyait son frère. Il savait également que Médée était présente. Elle voulait probablement revoir son fils.

« On doit aller à Hogwarts. » Affirma Harry. « On doit aller dans la Chambre, dans le cœur de l'école, là où repose l'âme de Serpentaire. »

« On va pouvoir revoir Godric et Salazar ! » Fit joyeusement Ron, ravi de revoir leurs mentors. « Ils vont être bientôt libres ! »

La magie de Médée les caressa à nouveau et Ron remarqua qu'elle s'attarda gentiment sur le corps de son fils. Malgré les erreurs passés et dévastatrices de Serpentaire, Médée l'aimait toujours autant. Ils transplanèrent à nouveau, aidés par Médée.

OoO

La magie familière d'Hogwarts envahit l'ensemble de son corps et Ron frissonna de joie. Il avait l'impression de retourner à la maison. Il avait passé quatre ans dans cette Chambre, à apprendre la magie et les arts martiaux avec des mentors fantastiques, mais pas très sains d'esprit. Harry et lui ne se trouvaient pas dans les appartements ou dans la Chambre en question. Non. Ils étaient actuellement dans cette pièce spéciale où résidait l'âme de Serpentaire. Cette âme permettait à Hogwarts de vivre depuis un millier d'années. Il fut ravi de voir qu'ils n'étaient pas seuls.

Perché sur la tête de Salazar, Godric piailla un bienvenu, heureux de les revoir. Ron déposa délicatement le corps de Serpentaire au centre de la pièce avant de se dépêcher vers ses mentors et amis. Harry était déjà en pleine discussion avec Salazar, excité et joyeux. Son frère racontait tout ce qu'il s'était passé au cours des derniers mois.

« Salut le piaf ! » lança joyeusement Ron, toujours prêt à énerver Godric.

Cela ne manqua pas : le phénix s'enflamma, outré. Il voleta autour de sa tête, en colère, comme toujours.

« Sale gosse ! Je suis toujours ton prof ! Montre un peu de respect ! » Cingla l'oiseau de feu qui se calma rapidement. « Je suis heureux de te revoir, sale gosse. »

Le phénix se posa sur son épaule et ronronna, presque comme un chat. Ron rit et caressa les magnifiques plumes de son maitre. Godric, son humour et son entrainement complexe lui avaient réellement manqué. Même s'il avait souffert. Rien que d'y penser le fit grimacer.

« Tu m'as aussi manqué. Ton humeur un peu moins… » S'amusa Ron.

« Mon humeur est parfaite, comme toujours ! » Piailla l'oiseau, agacé par l'insulte de son élève.

« Avoue-le, Godric, t'es toujours de mauvaise humeur. » Intervint Salazar qui s'approcha d'eux avec Harry. « Mais nous ne sommes pas là pour reprocher la mauvaise humeur de Godric. Même s'il est de meilleure humeur depuis que Dumbledore a été battu. »

« Je n'ai plus à écouter ses discours mégalomanes ! C'est un soulagement ! » Soupira Godric, visiblement soulagé de ne plus être traité comme un animal de compagnie par un homme qui ne le méritait pas.

Ron ricana, amusé par le malheur de son maitre. Harry lui donna un bref coup dans les côtes pour qu'il reprenne son sérieux. Mais son petit frère souriait également.

« C'est étrange de revoir le corps de Serpentaire. » Remarqua enfin Salazar en observant ledit corps. « La dernière fois que je l'ai vu, il nous maudissait à vivre sous cette apparence… »

Ron se mordit les lèvres en repensant au passé de Salazar et Godric, rempli de trahisons et de tristesse mais aussi de joie. Aujourd'hui, ils allaient réparer cette trahison et juger son auteur. Le rouquin remarqua l'âme de Serpentaire pulser, heureux de revoir son corps. Mais l'âme ne bougeait pas : elle attendait leur accord pour retourner dans son corps. C'était étrange de se dire qu'un demi-dieu, beaucoup plus puissant qu'eux, attendait leur autorisation.

« On devrait le juger. » Harry s'avança, ne parlant plus en Fourchelangue. « Mais comment ? »

« Je dirais que tu devrais te plonger dans la magie de Médée. » Conseilla Salazar, bougeant son énorme corps. « Médée te guidera ensuite. »

Le rouquin décida également de suivre le conseil. Il ferma les yeux. Il se rappelait des heures d'entrainement avec Godric. Il se rappelait de comment il avait réussi à maitriser ses flammes et son don pour parler aux animaux. Il devait juste se laisser aller dans sa magie, suivre le courant. Et pour appliquer le Jugement, il devait faire la même chose. Sauf qu'il ne devait pas plonger dans sa magie mais dans celle de Médée.

Alors, le Mage chercha la magie de Médée, toujours présente autour d'eux, toujours aussi aimante. Doucement, sa magie s'approcha de celle de sa Mère. Il demanda l'autorisation pour entrer dans celle-ci. Médée rit et l'autorisa. Et Ron se retrouva entourer dans un champ de magie, semblable à celle de l'île. Mais il pouvait la respirer. Normalement. Calmement. Enfin, il rouvrit ses yeux.

S'il pouvait voir l'âme de Serpentaire avant – simple masse colorée – à présent, il pouvait lire les sentiments et les pensées de l'âme. Il avait l'impression d'être l'âme, d'être Serpentaire. Il sentait toutes ses émotions, ses regrets, ses joies et ses tristesses. C'était l'expérience la plus étonnante qu'il ait vécue.

Ses yeux bleus brillaient dans l'obscurité de la pièce. Ceux d'Harry brillaient également, mais ils étaient verts.

« Ouah ! C'est…vraiment bizarre ! » S'exclama Godric, impressionné. « Je n'ai jamais vu ça ! » Salazar lui répondit seulement en lui donnant une légère baffe du bout de sa queue.

Ni Ron ni Harry ne parlèrent. Toute leur attention était portée sur l'âme et le corps de Salazar. Médée n'apparut pas en personne, ce n'était pas encore le moment, mais sa magie voltigea dans la salle, excitée, enthousiaste. Elle les entoura tous. Puis sa magie se figea juste au-dessus des deux frères (les plus jeunes). Elle supportait leur choix quoiqu'il arrive. Cela réchauffa le cœur de Ron de voir la confiance que leur Mère leur accordait.

« Serpentaire, fils de Médée et de Jason, vous êtes jugés pour avoir déstabilisé le monde magique et non-magique par jalousie et arrogance. Vos choix ont entrainé une guerre entre les non-magiques et les êtres magiques, obligeant Médée à séparer les deux mondes. Vous avez créé le premier Sorcier maléfique. » Harry débuta, la voix ferme, sans une pointe d'émotion.

« Pour votre crime, votre Mère, Médée, a séparé votre corps de votre âme, les enfermant dans deux endroits différents. Votre âme a été obligée d'assister à l'éducation de jeunes Sorciers et d'aider deux de vos victimes, Godric Gryffindor et Salazar Slytherin. » Continua Ron, également sans émotion.

Ron savait qu'il était celui qui parlait mais il sentait que la magie, Médée, parlait à travers lui. Et étrangement, il n'était pas manipulé par elle. Médée guidait seulement ses mots. C'était tout.

« Vous ne niez pas vos crimes ? » Reprit Harry, calmement.

L'âme ne broncha pas. Elle brilla seulement. Mais Ron « lut » que Serpentaire affirmait son crime. Serpentaire reconnaissait ses erreurs et ses crimes. Mais il regrettait le passé et voulait absolument se racheter. Depuis mille ans, il faisait son possible pour apporter son aide aux nouvelles générations, à s'excuser et à attendre les deux Élus.

« Vous regrettez. » Harry poursuivit et l'âme acquiesça. « Et vous nous avez choisis pour vous juger, comme Mages. » L'âme approuva à nouveau, heureuse.

« Pendant le combat avec Albus Dumbledore, vous avez aidé Severus Snape et Thomas Gaunt à le battre. » Ron affirma et l'âme brilla de joie, repensant la satisfaction qu'elle avait eu en rejetant Dumbledore hors de son territoire.

« Et vous avez protégé cette école pendant mille ans. » Harry dit, toujours dans ce même ton. « Vous avez aidé Salazar et Godric, et nous. » L'âme se réjouit de son choix : c'était la meilleure décision de sa très longue vie.

Tout était clair. L'âme de Serpentaire montrait tout son regret, ses terribles choix. Serpentaire n'oublierait jamais ses crimes. Jamais. Mais il avait évolué, appris et compris. Il vivrait toute sa vie avec ses erreurs et ferait tout pour se racheter, pour éviter qu'il ne recommence. Mais son amour pour sa mère, pour les enfants qu'il avait protégés et pour Salazar et Godric était vrai. La magie de Médée s'agita de joie.

« Serpentaire, fils de Médée et de Jason, votre devoir est de poursuivre vos efforts. » Commença Harry.

« Aidez et apprenez. Vous êtes sur la bonne voie. Réparez vos erreurs. » Continua Ron.

« Votre regret est pur et vos efforts sont vrais. » Reprit Harry. « Votre âme et votre corps peuvent faire à nouveau un. »

« Que notre Jugement soit éternel. » Les deux frères terminèrent dans une même voix.

La magie de Médée explosa dans un concert de joie, de bonheur. Plusieurs vagues magiques pulsèrent, ayant le corps de Serpentaire comme épicentre. Ces vagues se propagèrent dans la salle (et probablement dans l'ensemble du monde, rendant tous les êtres magiques et non-magiques confus). Ron se sentit être propulsé loin des profondeurs de la magie spéciale de leur Mère. Il redevint Ron. Il redevint lui-même et ses yeux ne brillaient plus. Il se retrouva assis sur le sol, le dos pressé contre le corps écailleux de Salazar, à côté d'Harry. Les deux frères, Salazar et Godric observèrent le spectacle. La magie elle-même entoura l'âme et le corps de Serpentaire. Doucement et sûrement. L'âme pulsa joyeusement et pénétra la poitrine du corps.

Dans une pulsion lumineuse qui éblouit tout le monde (sauf Harry et Salazar qui se prirent une vague puissante de magie), l'âme termina sa fusion. Avec curiosité, Ron observa le corps de Serpentaire convulser et son dos s'arqua. Sa bouche, puis ses yeux dorés aux pupilles verticales s'ouvrirent d'un coup, dans un cri invisible. Médée était présente, accompagnant son fils dans toute la procédure.

Rapidement, Serpentaire se laissa retomber sur le sol. Son torse prit de grandes respirations et ses yeux fixaient le plafond, reprenant conscience du monde pour la première fois depuis mille ans. Doucement, Serpentaire s'assit. Il observa ses propres mains, son corps, comme s'il découvrait qui il était. Il ouvrit et ferma ses poings, palpa ses écailles, huma l'air…

Ron sursauta lorsque ses yeux dorés glissèrent sur eux soudainement. Pendant un bref instant, personne ne bougea. La magie elle-même resta silencieuse, patiente. Serpentaire tenta de se redresser pour se lever. Il tomba une première fois, peu habitué de réutiliser ses jambes. Harry voulut l'aider mais le demi-dieu leva une main. Serpentaire voulait le faire seul. Doucement, il se redressa, il se mit d'abord à genoux, il s'appuya sur ses bras, posa un premier pied puis un deuxième et il poussa. Une fois debout, Serpentaire trembla, peu stable. Il fit un premier pas vers eux et il manqua de tomber. Mais la magie de Médée le rattrapa gentiment. Serpentaire sourit, dévoilant des crocs acérés mais Ron n'avait pas peur de lui. Il avait vu son âme, il savait ce que voulait réellement le demi-dieu. Il fit un deuxième pas, cette fois plus stable. Il en fit encore un et encore. A chaque pas, il devenait beaucoup plus gracieux et sûr de lui.

Enfin, Serpentaire s'arrêta devant eux, un sourire aux lèvres. Il inclina la tête en remerciement. Et Ron répondit simplement par un mouvement gêné de la tête. C'était la première fois qu'il voyait leur bienfaiteur, celui qui l'avait lié à jamais à Harry en les bénissant de son Signe.

« Je ne serais comment vous remercier. » Murmura doucement Serpentaire avec une voix cassée par le manque d'utilisation. « Je vous en suis éternellement reconnaissant. »

« Vous… » La voix d'Harry se brisa un instant. « Vous n'avez pas à nous remercier, my Lord. Vous nous avez sauvés, cette fois. » Harry parlait de la tentative d'assassinat de Lockhart.

« C'est mon devoir, mes jeunes Mages. » Affirma le demi-dieu en observant sa propre main avec intérêt. « C'est ce que j'aurais dû faire depuis le départ au lieu de me perdre dans mon arrogance. »

« J'aimerai vous en vouloir, mais je ne le peux vraiment… » Salazar baissa son énorme visage pour observer Serpentaire. « Mille ans ensemble, enfermés dans un même château crée des liens. »

« N'est-ce pas. » Rit Serpentaire, rempli de tristesse et de regrets pour la malédiction qu'il avait lancée à ces deux personnes.

« Moi, je lui en veux toujours… » Piailla Godric, ronchon.

« Je n'ai pas dit que j'oublierai, je pardonne. Je passe à autre chose. Telle est ma volonté. » dit simplement Salazar. « Je suis fatigué d'être en colère. Je veux juste être libre. »

« De sages paroles, Sal. » Intervint Harry avec un sourire, caressant le museau de son mentor. « My Lord…vous allez les libérer de leur malédiction, n'est-ce pas ? » Les yeux aveugles du jeune Mage implorèrent le demi-dieu.

« Ma volonté est de me racheter, jeune Mage. » Serpentaire annonça. « Je ne pourrais me racheter si je n'enlève pas ma malédiction. Néanmoins… » Il regarda Godric et Salazar. « Une fois que j'aurais enlevé votre malédiction, votre immortalité disparaitra et toutes vos années vous rattraperons et vous mourez sur le champ. »

« Non ! » Cria Ron, levant la main pour refuser l'offre.

Les yeux grands ouverts, le rouquin sauta sur ses jambes pour observer ses deux mentors avec beaucoup d'attention, les larmes aux yeux. Ils ne pouvaient pas partir comme cela ! Ils ne pouvaient pas ! Pas quand ils pouvaient enfin revoir la lumière du jour ! De sentir enfin l'air frais et la liberté. Ron refusait de voir encore un membre de sa famille mourir sous ses yeux. Pas encore ! Ron lâcha un sanglot. Du coin de l'œil, il vit Harry à genoux, accroché à Salazar, refusant de lâcher ses écailles.

« Vous ne pouvez pas nous laisser maintenant… » Murmura Ron entre ses larmes.

« C'est notre volonté, Ron. » Répondit Godric en frottant sa tête contre la joue du rouquin. « La mort est un autre voyage. Ce n'est pas la fin. »

« Mais… » Tenta Harry, la voix cassée.

« Respectez notre choix, jeunes gens. » Coupa gentiment Salazar. « Nous avons besoin de cette liberté, de quitter ce corps et cette immortalité qui nous pèse. »

« Il n'y a pas une autre méthode ? » Ron se tourna vers Serpentaire.

Il comprenait la volonté de leurs mentors. Vivre enfermés dans un corps n'étant pas le leur pendant des années étaient une terrible malédiction. Mais peut-être pouvaient-ils vivre encore quelques années, juste pour apprécier leur liberté ? Juste un peu. Il savait que les deux plus âgés avaient besoin de mourir, de rejoindre leur famille. Mais…

« Si. » Fit Serpentaire en regardant un coin de la pièce, là où se trouvait la présence de Médée. « L'île de ma mère est spéciale. Elle protège les âmes et les corps. Merlin y réside depuis des milliers d'années. Mais s'il quitte les protections de l'île, il mourra. » Godric et Salazar restèrent choqués. « Tout dépend de la volonté de ma mère. »

En réponse, la magie de Médée entoura le groupe, aimante, rassurant Ron. Médée acceptait d'héberger ces deux mentors sur son île. Même s'il ne les verrait peut-être plus jamais s'ils vivaient sur cette île, Ron se sentirait moins accablé par la tristesse.

« Peut-être pourrons-nous profiter de quelques années sous le ciel et libre avant de rejoindre notre famille. » Proposa Salazar à Godric. « Il est vrai que j'aimerais voir le ciel et sentir le vent avec mon propre corps. »

« My Lady, je vous remercie de votre offre. » Godric ajouta. « Nous n'abuserons pas de votre hospitalité trop longtemps, seulement quelques années. »

Cela soulagea Ron. Même si ses deux mentors mourraient bientôt, ce n'était pas pour aujourd'hui. Ils pourraient profiter encore un peu de leur liberté. Ron soupira de joie et sourit. Son frère s'accrocha à lui, heureux.

« Dans ce cas… » Serpentaire se tourna vers le groupe. « Je vais détruire la malédiction. Seulement, à l'instant où la malédiction sera détruite, ma mère vous transportera directement sur son île. Je vous conseille de vous dire au revoir maintenant. »

Serpentaire recula pour leur laisser un peu d'intimité. Ron savait que les adieux (ou les au revoir s'ils se revoyaient un jour) seraient brefs. Personne ne voulait pleurer, après tout, le groupe était heureux d'avoir accompli leur tâche. Ron s'approcha de Salazar et de Godric. Le phénix vola jusqu'à son épaule et se frotta contre lui, affectueux.

« Ne t'inquiète pas pour nous, sale gosse, on s'en sortira très bien sans vous. » Ronchonna Godric.

« Attention Godric, je sens de l'affection dans ta voix. » Taquina Ron, tapotant sa tête. « Tu deviens gentil ! »

« Je t'interdis de m'insulter, sale gosse ! » Godric agrippa une mèche rousse pour la tirer férocement mais Ron ne fit que rire.

« Godric… » Soupira Salazar, agacé, alors qu'il entourait Harry de son long corps serpentin (Harry pressait silencieusement son front contre la tête de Salazar, les yeux fermés). « Mais il a raison. Tout se passera bien. On peut dire qu'on est enfin à la retraite ! »

« Officiellement ! » Ajouta Godric. « Enfin un peu de paix loin de tous ces gosses ! Enfin ! »

Il semblait sur le point de sangloter de bonheur : un vrai drama king, s'amusa Ron. Mais il pouvait les comprendre de vouloir enfin du repos. Un vrai repos dans une île paradisiaque aussi longtemps qu'ils le souhaitaient.

« Vous nous manquerez… » Murmura finalement Salazar, et Harry agrippa plus fermement les écailles de son mentor. « On n'est pas encore morts, vous savez. Peut-être que Médée vous autorisera à nous rendre visite de temps à autre. »

La magie de Médée souffla gentiment, approuvant. Ron sourit, heureux. Cette séparation serait de courte durée. Il les reverrait avant qu'ils ne meurent : il pourrait réellement leur dire adieu, tranquillement, sans aucune contrainte, le cœur en paix. Il pleurerait leur perte mais cela sera moins douloureux en pensant qu'ils passeraient une fin heureuse et libre.

« Vous allez nous manquer aussi. » Dit Harry, en caressant le museau du Basilic. « Juste…passez du bon temps tranquille. Reposez-vous…et profitez. »

« Évidemment, Harry, on va en profiter ! » Piailla Godric en volant autour d'eux. « On pourra s'arranger pour vous envoyer des cartes postales. » Le groupe rit.

« C'est dommage, vous allez louper tout le fun. » Intervint Ron, malicieux. « Vous n'allez pas pouvoir participer au Jugement. »

« Pas faux… » Gémit Godric, malheureux de rater tout le spectacle. « Envoyez-nous vos souvenirs ! »

« De toute manière, nous avons assisté, grâce à vous, au Jugement de Serpentaire. » Salazar inclina la tête vers le demi-dieu qui sourit. « Cela me suffit amplement. »

Les deux frères se pressèrent pendant un instant contre leur mentor. Ron les considérait comme des membres de leur famille. Mais il ne pouvait pas les obliger à rester plus longtemps. Il s'écarta, attrapant la main d'Harry. Le petit brun serra sa main, cherchant du réconfort. Les deux observèrent Serpentaire se rapprocher de Salazar et Godric. Les deux maudits suivirent le trajet du demi-dieu avec intérêt mais sans méfiance.

« Je m'excuse de tout le mal que je vous ai causé. » Murmura Serpentaire. « Rien ne pourra réparer mes crimes, pour avoir détruit vos familles. C'est ma faute. »

« On pardonne mais on n'oublie pas. » Répéta Salazar. « Rachetez-vous, my Lord. Mais n'oubliez jamais. »

« J'y compte bien. » Serpentaire leva ses mains griffues et écaillées. « Ma rédemption ne fait que commencer. Un jour, peut-être, je me pardonnerai. »

Une magie verte et argentée sortit des mains de Serpentaire. Ron en fut émerveillé par sa couleur. D'un mouvement de ses mains, le sort s'enroula doucement le long des bras du demi-dieu tandis qu'il se mettait à chanter dans une langue inconnue mais splendide. Ron se surprit même à taper du pied en rythme. Lorsqu'il fut satisfait de la puissance de son sort, Serpentaire écarta soudainement ses mains, ses doigts se courbèrent pour contrôler la magie comme un marionnettiste.

« Au revoir les enfants. » Lança Salazar, prêt à recevoir le contre-sort de sa terrible malédiction. « Prenez soin de vous ! »

« Surtout ne faites pas de conneries pendant le Jugement. » Gronde Godric. « Je t'ai à l'œil, sale gosse ! »

« Pourquoi toujours moi… » Chuchota Ron, mécontent, au plus grand amusement d'Harry.

« Bon voyage ! » S'écria Harry avec un signe de la main, heureux pour eux.

Serpentaire sourit doucement et lâcha le sort. Celui-ci toucha Salazar et Godric. Les couleurs vertes et argentées entourèrent les deux êtres comme une tornade, tournoyant, d'abord doucement puis de plus en plus rapidement. Ron perdit de vue ses mentors. Il ne pouvait rien voir avec toutes ses couleurs, la puissante magie et le vent qui s'en dégageait. Puis la tornade s'estompa et deux silhouettes parfaitement humaines apparurent sous leurs yeux. Celui qu'il identifia comme Salazar était bien plus grand que Godric, et avait les cheveux noirs tandis que Godric possédait des cheveux grisonnants. Mais Ron n'eut pas le temps de les analyser. Leurs corps se mirent à vieillir, comme l'avait prédit Serpentaire. Médée intervint à cette seconde et sa propre magie les entoura pour les forcer à transplaner sur son île, permettant d'arrêter leur vieillesse imposée. Harry se pressa contre lui et Ron passa un bras autour de ses épaules. Les deux partageaient les mêmes sentiments.

L'instant suivant, la pièce ne contenait que Serpentaire, qui baissait les mains, Harry et lui. Salazar et Godric étaient désormais en sécurité, libres de leur malédiction, capables de profiter de quelques années de paix. Ron leva la tête vers le plafond gris et souris. Il était heureux pour eux. Vraiment. La liberté faisait rêver. Mais. Mais Ron ne pouvait s'empêcher de ressentir un vide. La Chambre avait toujours connu les deux êtres. Ron et Harry avaient vécu avec pendant si longtemps. Le rouquin comprit que cet instant marquait la fin d'une ère : il entrait dans le monde adulte, loin de ceux qui l'avaient élevé. Une unique larme coula le long de sa joue.

« Ils vont enfin pouvoir profiter de leur vie… » Murmura Harry, lui-même ému.

« Je l'espère bien. » Répondit Ron qui continuait de fixer l'endroit où ses mentors avaient disparu. « Ils le méritent. »

Pendant mille ans, le duo avait veillé sur le bien-être des enfants, les avait protégés. Même si une malédiction les maintenait emprisonnés, ils avaient persévéré à accomplir leur tâche, sans jamais céder. En y pensant, Ron constata qu'ils avaient vraiment dû souffrir : de la solitude, de l'immortalité, de la perte de leur famille, de la trahison mais aussi des nombreuses rumeurs fausses qui dépeignaient Salazar comme un Sorcier maléfique. Ron souffrait pour eux.

« Mes enfants. » La voix douce de Médée attira l'attention du trio. « Mon fils, mon bébé… »

La magie de Médée étreignit avec amour son fils et Serpentaire ferma les yeux, savourant l'embrasse de sa mère. Ron comprit ce qu'il devait ressentir. Le demi-dieu avait été privé de toute chaleur corporelle et de tout amour depuis mille ans. Tout le monde l'avait oublié et pour beaucoup, il n'était que l'esprit d'Hogwarts. Serpentaire profitait seulement de la présence bienveillante de sa mère. Ron se surprit à ressentir de la jalousie. Sa propre mère le haïssait pour la simple raison qu'il était un Sorcier « noir ». Pourtant, Médée acceptait son fils malgré ses crimes et l'avait puni malgré tout. N'était-ce pas là le véritable amour d'une mère ? Mais la jalousie de Ron disparut aussi vite. Pourquoi être jaloux ? Il n'avait plus besoin d'être jaloux.

« Il est temps pour nous de juger le reste de notre monde. » Médée interrompit son moment avec Serpentaire et ce dernier rouvrit les yeux. »

« Où irons-nous ? » Demanda Ron, curieux de savoir où le Jugement prendra place.

« Par chance, l'attaque d'Azkaban et la crise économique mondiale ont réuni de nombreux dirigeants de différents pays dans le monde pour une conférence internationale dans le ministère anglais. » Expliqua Médée, satisfaite.

Ah. C'était vrai. Ron se rappela ce qu'avait dit Mucha : Thomas Gaunt était en réunion pour réorganiser le gouvernement. Le rouquin ignorait juste qu'il y aurait plus de monde venant de différents États.

« Il est temps d'y aller. » Comprit Serpentaire.

Ce dernier claqua des doigts et il se retrouva habillé d'une toge blanche et rouge, maintenue par une amulette dorée au niveau de l'épaule. Il ressemblait à un romain. Sûrement son héritage qui parlait. Il leur jeta un rapide coup d'œil et fut satisfait de les voir présentables.

« Mère, nous sommes prêts. » Indiqua Serpentaire.

« Parfait. »

Si Médée avait une forme physique, Ron imagina qu'elle arborait un rictus. Elle était prête à enfin montrer qui elle était. Elle était prête à prouver au monde magique qu'ils avaient négligé leur Mère. Et cette dernière était en colère. En colère mais pleine d'espoir pour un avenir meilleur. Ron sentit la présence de Médée autour d'eux, autour de lui, l'enveloppant à nouveau dans une étreinte. Et il se sentit à nouveau flotter pour réapparaitre devant une assemblée de Sorciers (et de quelques rares Créatures magiques) terriblement confus et choqués. Logiquement, il était impossible de transplaner dans un tel lieu de rassemblement aussi important. Mais Médée était spéciale. Ron atterrit gracieusement aux côtés de son frère et de Serpentaire. Ils se tinrent droits et immobiles, attendant les instructions de leur Mère. Ron sentit et vit d'autres êtres apparaitre les uns après les autres. Il devina qu'il s'agissait des autres juges, composés des rares Mages vivants et de Créatures magiques dignes.

« Qui êtes-vous ? » Cria une voix.

« Comment êtes-vous entrés ici ? » Hurla une autre.

« Mais, je les reconnais, ces deux-là ! »

« Lord Gaunt, qu'est-ce que cela signifie ? Comment des Sorciers britanniques ont pu envahir cet espace ? Un coup d'Etat ? »

« Une Créature ! Ils viennent nous attaquer ! »

« Calmez-vous ! Ils nous veulent aucun mal ! »

« Comment osez-vous interrompre une réunion aussi importante ? »

« Taisez-vous ! Ecoutons-les avant de juger ! »

Ils ignorèrent les différentes réactions, autant positives que négatives, les cris de surprise, les baguettes levées vers eux, les ordres et les demandes pour savoir comment ils étaient arrivés ici. Ron reconnut les membres du parti traditionaliste, aussi choqués que le reste de la salle. Le rouquin leur adressa un rapide sourire et posa un doigt sur ses lèvres, comme s'il leur demandait de maintenir le silence. Lord Gaunt comprit et hocha la tête. Il ordonna aux représentants britanniques de se taire et d'attendre la suite.

Soudainement, une immense vague magique très puissante envahit l'immense salle. Cette vague obligea des Sorciers à se rasseoir, d'autres tombèrent au sol, ayant des difficultés à respirer, d'autres encore écarquillaient les yeux, cherchant le responsable de cette vague. L'assemblée fut réduite au silence en un instant. Les rares qui voulaient parler en furent tout simplement incapables et Ron en fut satisfait. Il ne voulait pas écouter leurs pitreries qui lui détruisaient les oreilles. Les regards furent attirés par un tourbillon magique multicolore qui se développa juste devant le trio. Puis le tourbillon disparut.

Et Ron resta bouche bée. Certes, il sentait la présence de Médée depuis qu'ils avaient été choisis comme des Élus et sa présence devenait de plus en plus puissance au fur et à mesure de leur mission mais c'était la première fois qu'il voyait Médée en personne.

Sa beauté inhumaine était à couper le souffle. Et Ron n'avait pas les mots pour la décrire. Comment le pouvait-il ? Il faisait face à une déesse, à leur Mère. Ses très longs cheveux changeaient de couleurs à intervalle régulier, passant d'un rose clair à un bleu cyan, pour devenir un vert émeraude, ondulant et brillant alors qu'il n'y avait ni soleil ni vent. Ses cheveux encadraient un corps élancé, aux formes placées comme il fallait et bien plus grand qu'un être humain normal. A l'image de son fils, elle portait une toge blanche et bleu cyan, maintenue par une ceinture argentée au niveau de la taille. Sa peau était aussi transparente que Serpentaire mais ses veines luisaient d'une douce lueur violette et bleue réconfortante. Son visage était hypnotisant : elle avait des traits fins et délicat, maternelle. Médée inspirait la confiance. Et ses yeux…ses yeux luisaient également. Mais elle n'avait ni prunelle, ni iris. Ses yeux ressemblaient à une galaxie : complètement noir avec des lueurs blanches semblables à des étoiles parsemant le ciel. Pour combler sa beauté divine, sa magie surpuissante l'entourait tel un manteau. Son aura imposait le respect. Instinctivement, les êtres magiques devinaient qui elle était et ils courbèrent l'échine. Seuls Harry, Ron, Serpentaire et les autres juges restèrent immobiles.

Médée frappa dans ses mains et le son résonna dans la grande pièce. Doucement, des écrans géants apparurent. Le Jugement serait retransmis en direct dans le monde entier, autant magique que non-magique (les Muggles aussi seraient jugés dignes ou indignes mais Ron ignorait si Médée allait séparer à nouveau leur monde, modifiant les souvenirs des Muggles, une fois le Jugement terminé). Médée refrappa dans les mains. Une longue table apparut devant les juges. Chacun s'assit dans un même mouvement. Tous leurs mouvements étaient synchronisés, que ce fût pour s'asseoir ou pour tirer leur chaise. Harry et Ron s'installèrent au centre et Serpentaire resta debout derrière eux. Il n'était pas un juge.

Médée sourit gentiment et ouvrit ses bras, comme si elle était une mère accueillant son enfant dans ses bras.

« Que le Jugement commence. »

OoO

Enfin la première partie du Jugement postée ! Ouah ! Je suis choquée, il ne reste que trois chapitres ! Je ne vois pas le temps passer ! J'espère que l'apparition de Médée a fait sensation ! Moi, oui !

J'ai même versé quelques larmes pour le deuil de Ron…ne vous inquiétez pas, il va avoir une fin heureuse. Peut-être…Pour vous dire, oui, Sirius est vraiment bloqué à l'âge mental d'un enfant de quatre ans et il a peu de chances d'être soigné. Il faut savoir que Sirius était déjà bien abimé mentalement par son séjour à Azkaban. Il avait l'âge mental d'un adolescent et parfois, il avait une réflexion adulte mais maintenant…Merci Peter !

En parlant de Peter, Nathaniel Morgan s'est vengé du viol de sa sœur, Nadia ! Pour ceux qui s'en rappellent, Peter a crié à tous qu'il avait violé Nadia sous les ordres de Dumbledore, ce qui explique la haine qu'ont Enki Mucha et Nathaniel pour Dumbledore. Mais retournement de situation : Dumbledore est innocent dans l'histoire ! Si Dumbledore a commis pas mal de crimes, il hait le viol et le condamne (il pense à sa sœur). Peter a reçu une mission par Voldemort lui demandant de lui apporter un voyant. Peter a juste décidé de se faire plaisir. Donc, la mission vient de Voldemort et non de Dumbledore ! Je voulais juste préciser ceci au cas où !

Prochain chapitre : Médée qui détruit tout le monde ! Plus ou moins. C'est juste le Jugement partie 2 ! On va voir qui est digne ou non de garder ou de recevoir de la magie et de devenir un Mage ! Et on va découvrir qui sont les autres juges !

Instant promo : Chers lecteurs, allez lire absolument la fantastique histoire de Cuicuit, The Good Snake ! Vous pouvez la retrouver sur Wattpad, AO3 et . C'est l'histoire d'un étudiant Russe transféré à Poudlard et il est réparti à Serpentard. Il est un maître des illusions, prêt à tout pour embêter tout le monde, poursuivi par un passé mystérieux. Entre humour et tragédie, vous y trouverez votre compte !

A bientôt !