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Partie 4 :
Chapitre 38 :
Le Jugement
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Pour une raison qu'il ignorait, Thomas se sentait obligé de courber l'échine, de s'incliner. Il haïssait cette sensation. Se soumettre à quelqu'un lui rappelait cette terrible nuit où Dumbledore avait séparé son âme pour créer Voldemort, l'enfermant dans un pauvre journal. Ce souvenir le faisait toujours frissonner d'effroi. Et il s'était promis de ne jamais s'incliner devant une autre personne : les autres s'inclineraient devant lui (et son souhait était presque accompli, il serait bientôt le nouveau ministre de la Magie anglais).
Mais rien ne l'avait préparé à ressentir une telle pression.
Rien.
Cette magie…d'où venait-elle ? Comment quelqu'un pouvait-il posséder une telle puissance magique ? Thomas n'avait jamais senti une telle magie. Jamais. Et le voilà, à courber la tête, incapable de fixer la splendide dame qui était apparue juste après une dizaine de personnes et de Créatures (dont Harry et Ron). Dire que sa propre magie tentait de le protéger de cette pression et n'y parvenait que difficilement... Thomas plaignait sincèrement les Sorciers ne possédant pas une puissance nécessaire pour se protéger. Mais pour l'instant, il préférait se concentrer sur sa respiration. De la sueur dégoulinait de ses tempes, ses mains moites tremblaient et sa bouche ouverte avalait goulument l'oxygène. Du coin de l'œil, il vit son parti, ses amis et Enki dans la même position que lui. En réalité, l'ensemble des Sorciers, des Créatures (et des Muggles) avaient du mal à respirer et luttaient pour ne pas tomber dans inconscients.
« Que le Jugement commence ! » Un claquement de mains résonna dans la salle.
La pression magique disparut soudainement et Thomas s'affaissa dans son fauteuil. Il savoura l'air qui entrait enfin dans ses poumons. Il se sentait revivre. Comment était-ce possible… ? Thomas l'ignorait pour le moment mais il voulait connaître le nouveau mystère se présentant à lui. Le Sorcier glissa ses yeux vers la nouvelle estrade où une longue table venait d'apparaître. Aucun des occupants de la table ne semblait avoir été affecté par la vague de magie. Tous s'assirent dans un mouvement similaire, synchronisés. C'était terrifiant. Notamment lorsqu'il suivit les mouvements de Ron et Harry, qu'il connaissait. Ils n'agissaient pas du tout comme il en avait l'habitude. Ils semblaient envoutés ou possédés. Il ne l'avouerait jamais, mais cette femme magnifique et les pouvoirs qu'elle possédait le terrifiait. Cette femme se dressait devant eux, les bras ouverts, souriante et aimante. Thomas, malgré lui, se trouva charmé par une telle vision. Mais il secoua rapidement la tête. Il ne devait pas perdre l'esprit, il devait rester vigilant. Il ignorait ce qu'il se passait et sa confusion augmentait de seconde en seconde.
« Jugement ? » Souffla Enki, à côté de lui, estomaqué. « Ma vision… »
Oh. Thomas se rappela cette fois où Enki avait eu une vision dans la même pièce que lui. Il avait parlé…Thomas écarquilla des yeux. Un Jugement ! Enki avait évoqué un Jugement ! Ses yeux ronds glissèrent sur le visage magnifique et doux de la femme comme si elle attendait quelque chose, puis vers les êtres assis derrière la table, immobile et impassible, pour regarder ensuite les Sorciers (Créatures et Muggles), paniqués, choqués, cherchant des réponses. Il termina son inspection sur son meilleur ami. Enki était anxieux, se mordant les lèvres, incapable de détourner le regard de la femme. Thomas posa une main sur son bras, pour le maintenir accroché à la réalité. Il refusait de voir Enki se perdre dans ses souvenirs de ses visions (il ne pensa même pas aux immenses écrans qui venaient d'apparaitre, il n'avait pas le temps d'y penser).
« Qui êtes-vous ? » S'écria une voix. « Qui… »
« Comment êtes-vous entrés ? » Une autre voix appela, terrifiée.
« Notre magie ? On ne peut pas utiliser la magie ! »
« C'est impossible ! Comment… ? »
« Magie noire ! Non, même la magie noire n'a pas cet effet ! »
« Comment est-il possible de posséder autant de pouvoir ? »
Thomas n'écouta que d'une oreille distraite les paroles, les questions et les peurs des Sorciers et des Créatures venant de tous les pays du monde. Non. Il avait mieux à faire. Il se tourna vers ses alliés. Ils étaient tous pâles mais hochèrent la tête lorsqu'ils virent son visage. Plusieurs sortirent leur baguette et jetèrent des sorts pour comprendre leur situation. Comme prévu, les portes étaient fermées par une puissante magie et il leur était impossible de transplaner. Cette femme…cette femme les bloquait. Et Thomas était certain que même en s'alliant, personne ne pourrait percer ses barrières. Même en s'alliant, personne ne pourrait vaincre cette dame. Thomas se sentit trembler face à cette réalisation. Qui était-elle ? Par Merlin, qui était-elle ?
« Silence. »
Une seconde vague de magie s'échappa, non pas de la dame, mais de l'autre être toujours debout, un être mi-homme, mi-serpent, magnifique et intimidant. Les traits de son visage se rapprochaient des traits de la dame. Ils devaient être de la même famille. La magie, presque aussi puissante que la dame, enveloppa les Sorciers. Une nouvelle fois, Thomas perdit son souffle. Il ferma les yeux pour ne pas se laisser emporter par ses émotions. La magie de cet étrange être ramena le silence dans la salle.
« La parole vous sera accordée au moment venu. » Continua l'être mi-serpent, toujours placé derrière les chaises de Ron et Harry. « Pas avant, pas après. »
Thomas voulait parler, crier, paniquer. Il voulait comprendre ce qu'il se passait. Qui étaient-ils ? Qui étaient ces personnes assises à cette table ? Pourquoi Harry et Ron étaient-ils présents ? Que pouvait bien être le Jugement ? Tant de questions tanguaient dans son esprit. Mais il ne pouvait pas ouvrir la bouche. Il avait l'impression que quelqu'un venait de lui coudre ses lèvres entre elles. Il prit une grande inspiration puis expira. Il devait se calmer. Paniquer ne l'aiderait pas. Un simple regard vers ses congénères lui fit comprendre qu'ils étaient tous dans la même situation que lui : personne ne pouvait parler sans l'autorisation de l'être.
« Pourquoi exiger des réponses quand les explications vont être données dans le calme ? » Ajouta l'être serpentin. « N'avez-vous donc aucune patience, petits Mortels ? Mmh ? »
L'être sourit, dévoilant des crocs acérés, dont deux canines longues et recourbées à la manière des serpents vénéneux. Ses yeux fendus brillèrent malicieusement. Thomas, malgré tous les crimes, les meurtres, les tortures et les horreurs de ce monde dont il avait été témoin (parfois même en tant que participant), ne put s'empêcher de frissonner. Lui. Thomas Gaunt, anciennement Tom Riddle, une partie de l'âme de Voldemort, avait peur de cet être inconnu.
La dame leva doucement sa main délicate pour interrompre l'être. Son intervention sembla soudainement adoucir l'atmosphère alors que l'être hochait respectueusement la tête. Il ne faisait aucun doute que la dame était bien plus puissante que lui, plus dangereuse mais aussi plus douce. A nouveau, Thomas s'étonna de la rigidité et des visages impassibles de Ron, Harry et des autres occupants de la table (il reconnut également Ragnarök, assis de l'autre côté de Ron, aussi impassible et immobile qu'eux).
« Notre Mère souhaite vous parler. » Présenta finalement l'être, désignant la dame avec un élégant geste de la main.
Mère ? Cette dame était leur mère ? Thomas fronça des sourcils. Il avait cette impression de faire face à un culte mais cela ne lui semblait pas être la bonne réponse. Quelque chose devait concerner cette femme, qui n'était très certainement pas humaine, pour que l'être la considère comme leur mère.
« Je vous présente Dame Médée, déesse de la Magie, Notre Mère à tous. » Termina l'être.
Cette fois, Thomas eut le souffle coupé face à la réalisation. Mais il n'eut pas le temps de méditer dessus. Les différentes personnes, dont Harry, Ron et Ragnarök assises derrière la table se levèrent d'un même mouvement avant de s'incliner, dans un même geste.
« Nous vous saluons votre retour parmi nous, Mère. » Firent ces personnes, en chœur, dans plusieurs langues, avant de se rasseoir, toujours impassibles.
C'était à la fois terrifiant et magnifique à voir. Cette synchronisation…ce n'était pas naturel. Mais ce n'était pas forcé non plus. C'était comme si ces personnes savaient exactement quoi faire et quoi dire à un tel moment, guidées par leur instinct. C'était…puissant. Thomas n'avait jamais vu ça.
« Mes enfants. » La voix de Médée (une déesse, ils étaient en présence de la déesse de la Magie en personne, réalisa Thomas, sous le choc). « Voilà bien des siècles que je n'ai pas foulé le sol des Mortels. Mais mon heure n'était pas venue pour intervenir. Les temps changent et me voici. »
Thomas n'avait pas d'autre solution que d'incliner à nouveau la tête face à la puissance de la voix de la dame, de la déesse de la Magie. Son corps entier tremblait et suait. Il avait du mal à dévisager son splendide visage. Il se sentait comme indigne. Il avait cette impression d'avoir déçu sa mère alors qu'il ne l'avait jamais connue. Que se passait-il ? Il était confus, choqué. Terriblement. A en juger du visage des autres Sorciers et Créatures, ils étaient dans le même état de choc que lui. Une déesse. La déesse de la Magie elle-même se trouvait devant eux.
Comment réagir ? Comment ? Thomas n'avait jamais cru en Dieu (il avait de douloureux souvenirs d'exorcismes foireux), il n'avait toujours cru qu'en lui (et en ses alliés). Il n'avait jamais cru qu'un dieu, ou une déesse, pourrait exister. Mais…c'était faux, se rendit-il compte. Il avait cru en la magie depuis qu'il savait ce que c'était. Et la magie était une part de la déesse de la Magie, de Médée. D'une certaine manière, indirectement, il croyait en une déesse. Leur Mère. La raison de leur existence.
« La prophétie s'est manifestée et s'est réalisée. » Poursuivit doucement Médée. « Comme convenu, pour que la paix revienne, la Magie se doit d'être sereine. »
Médée inclina la tête sur le côté, pointant son regard étoilé sur Harry, Ron et sur l'être mi-serpent, avec insistance et gentillesse. Ses yeux glissèrent doucement vers le reste des personnes assis sur la table, avec un sourire doux. Thomas avala difficilement sa salive, la tête vibrante de questions et de confusion (et probablement de choc et d'incompréhension). De quelle prophétie parlait-elle ? Parlait-elle de la prophétie concernant Harry Potter ? La coïncidence était…non. Cette prophétie semblait insignifiante, juste centrée autour de Voldemort qui avait été battu par Thomas, Harry et Longbottom. Cela voulait dire que, d'une certaine manière, cette prophétie avait déjà été réalisée. Alors…une autre prophétie ? Laquelle ? Thomas tourna difficilement la tête vers Enki, très concentré sur toute la situation se présentant devant eux. Peut-être que son meilleur ami en savait un peu plus sur cette prophétie ? C'était possible.
« Il est temps de juger si vous êtes dignes de votre don. » Termina-t-elle, interrompant les pensées de Thomas.
Elle claqua des mains, l'onde sonore traversa la salle (et le reste du monde). Thomas voulut se boucher les oreilles mais son corps refusait toujours de lui obéir. Il était toujours muet et immobile, bloqué par cette pression magique de l'être mi-serpent. Juger. Encore ce terme. Un Jugement. Médée était de retour après des siècles pour les juger. C'était ce qu'avait vu Enki. Oui. Un Jugement mondial. Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi ? Il ne savait pas et il ne saurait probablement jamais. Mais il supposait que c'était en lien avec la prophétie. Peut-être que le Jugement ne pouvait avoir lieu, que le retour de Médée ne pouvait être possible, sans la réalisation de la prophétie ? Probablement. A nouveau, Thomas se demanda ce que concernait le Jugement. « Dignes de votre don. » C'est ce que leur Mère avait dit. Don. Elle était la déesse de la Magie. Le don. C'était sûrement de la Magie qu'elle parlait. Mais juger qui était digne de sa magie ? Thomas eut une soudaine idée et il préféra expirer tout son souffle. Non. Ce n'était pas possible…si ?
« Mon fils, Serpentaire, va vous expliquer le Jugement. » Elle sourit gentiment. « Ne paniquez pas, mes enfants, le Jugement est nécessaire pour la survie de notre planète. »
Ah. Donc l'être mi-serpent était également un dieu. Le fils de Médée. Cela expliquait leur ressemblance et sa grande puissance. Thomas ne savait plus où mettre la tête. Il se trouvait dans une situation qui lui était peu familière, lui rappelant des mauvais souvenirs, une période de sa vie où il n'avait aucun contrôle. Mais, en même temps, il ne se sentait pas agressé, ni même menacé. La pression magique l'entourant, l'empêchant de bouger et de parler n'était pas malfaisante. Ce contraste le dérangeait encore plus que l'idée même d'être jugé pour savoir s'il était digne ou non du don de Médée. Même si, apparemment, c'était pour assurer la survie de leur planète.
Serpentaire s'avança, tel un prédateur, faisant le tour de la longue table. Il se plaça aux côtés de sa mère. La ressemblance était frappante, malgré les écailles de Serpentaire. L'être divin leur offrit un nouveau sourire sauvage, plein de promesses.
« Petits Mortels… » Sa voix siffla, proche du fourchelangue. « Quel plaisir de vous voir aussi…sages. »
Médée lui lança un regard réprobateur et il caqueta pour poursuivre.
« Le Jugement, petits Mortels, touche tous les êtres vivants de cette planète, les Sorciers, les Créatures Magiques et les Non-magiques. » Expliqua doucereusement Serpentaire. « La Magie va vous évaluer individuellement. Si vous êtes dignes, la Magie vous récompensera. Si vous êtes indignes, le don vous sera retiré. »
Thomas ferma les yeux et souffla, tremblant. C'était bien ce qu'il pensait. Ceux jugés indignes perdront la magie. Médée allait les évaluer personnellement. Le stress fit battre son cœur. Était-il digne ? Il avait commis des horreurs, il avait agi pour son propre compte mais il comptait sauver ses alliés de la folie des hommes... Puis il secoua la tête. Il devait se reprendre. Ce n'était pas le moment de se questionner. Médée allait le faire pour lui.
Devant l'incompréhension, la surprise, la peur et le choc de la population, Serpentaire posa son index affuté d'une longue griffe sur sa lèvre inférieure et inclina la tête sur le côté. Il était clairement amusé.
« En d'autres termes, petits Mortels, si vous êtes dignes et que vous êtes un Non-Magique, vous deviendrez un Sorcier ou une Créature Magique, voire un Mage si vous vous le méritez réellement. Vous deviendrez…magiques ! Pour les Sorciers ou Créatures, si vous êtes dignes, vous obtiendrez des dons spéciaux, vous pouvez être un Sorcier et devenir une Créature si cela vous correspond davantage, et inversement. »
Serpentaire retira son doigt de sa bouche pour le pointer vers le ciel, toujours sous le regard amusé de sa mère et impassible des personnes assises derrière la table.
« Mais. » Le dieu claqua de la langue. « Mais si vous êtes jugés indignes, vous perdez votre Magie pour devenir un simple Non-Magique. Si vous êtes une Créature indigne, vous ne pourrez plus utiliser une seule de vos capacités. Par exemple : vous êtes un Vampire ? Vous resterez un vampire mais vous n'aurez aucune magie, aucune force, aucun pouvoir, vous serez normaux avec quelques spécificités propres à votre espèce. »
Doucement, Thomas se rendit compte que tout le racisme qui avait opéré pendant tant d'années n'avait juste aucun intérêt. La Magie jugeait sans discriminations : pour elle, les races, les espèces, les genres n'avaient aucune importance. Seule la dignité comptait. Intérieurement, Thomas rêvait de voir la tête d'Umbridge.
« Mais ne vous inquiétez pas, petits Mortels. » Poursuivit Serpentaire, la voix doucereuse, prenant plaisir de leur confusion. « La grande majorité d'entre vous êtes sans histoires, ni dignes, ni indignes. Si tel est le cas, vous resterez dans votre catégorie d'origine, sans aucun changement. » Il rit. « Astucieux, n'est-ce pas ? »
« Serpentaire, mon fils. » Interrompit gentiment Médée. « Je t'en prie, poursuis. »
« Oui, Mère. »
Serpentaire inclina la tête en signe de respect avant de tourner la tête vers son large public. Thomas comprit que le monde entier pouvait l'entendre : le monde entier subissait le Jugement.
« Mes chers Mortels. » Serpentaire écartement les bras, dans un geste théâtral, un peu exagéré et amusé. « La récompense ultime de ce Jugement est bien simple. Si vous êtes plus que dignes, ce qui est rare, vous deviendrez un Mage. Sachez qu'une Créature peut-être à la fois un Mage en plus d'être, par exemple, un Vampire. N'est-ce pas merveilleux ? Vous autres, les Sorciers, avez enfin la possibilité de vous racheter aux yeux de Médée pour vos crimes ! Vous pouvez vous libérer de votre malédiction ! »
Malédiction ? Quelle malédiction ? Quelle punition ? Thomas siffla, très confus. Les Sorciers…les Sorciers étaient maudits ? Pour quelle raison ? Pourquoi ? Qu'avaient-ils bien pu faire ? Comment avait-il fait pour ne rien remarquer ? Mais si la malédiction venait de Médée, il semblait normal que personne n'ait jamais remarqué la moindre malédiction.
« Quelle malédiction ? Bonne question, n'est-ce pas ? » Serpentaire se courba en avant, comme pour montrer une connexion entre eux. « Mais seuls les Mages pourront connaître la réponse à cette question. Personne d'autre. » Il leur adressa un clin d'œil joueur. « Il vous suffit de devenir un Mage. »
Thomas se sentait offusqué par le ton joueur de Serpentaire. Il jouait avec eux, avec leurs sentiments, leurs peurs. Il dominait totalement la scène. Cependant, Thomas ne pouvait lui en vouloir. Serpentaire était un dieu, le fils de Médée, la déesse de la Magie en personne, l'être divin qui leur expliquait le fonctionnement du Jugement. Comment ne pouvait-il pas se montrer joueur ? A sa place, Thomas s'amuserait beaucoup. Mais il n'était pas à sa place.
« Vous avez dû remarquer les personnes assises à cette table ? » Continua Serpentaire, désignant la douzaine de personnes, de genre, d'âge, d'ethnies et de races différents (difficile de les rater). « Il s'agit de votre Jury. »
Jury ? Les yeux de Thomas observa les visages toujours impassibles de Ron, Harry et Ragnarök. Leur rôle était donc lié au Jugement. Et à Médée et Serpentaire. Qui étaient-ils réellement ?
« Certaines personnes vont être difficile à Juger, même avec la Magie. Après tout, vous êtes Mortels et une déesse immortelle ne peut pas toujours comprendre votre raisonnement. » Serpentaire décida de s'asseoir sur la table. « Le Jury est présent pour assurer une impartialité. Chaque fois que la Magie aura un doute concernant une personne, celle-ci sera invoquée devant le Jury qui jugera personnellement son cas. »
C'était une excellente idée. Thomas approuva. Ce Jury, constitué de Mortels de toutes les races et venant des quatre coins du monde, devrait donc expliquer à Médée pourquoi une telle personne a agi de telle manière. Une déesse n'avait certainement pas le même mode de pensées que des Mortels. Ne pouvait-on pas dire que ce Jury servait un peu d'avocats de la défense pour les accusés ?
« Dernière petite information, le Jury est composé essentiellement de Mages, les seuls Mages existant actuellement. » Serpentaire pointa du doigt plusieurs personnes, dont Harry et Ron. « Cependant, pour plus d'égalité, certains membres du Jury sont des représentants de leur espèce, jugés en amont par Médée, les trouvant dignes de faire partie de ce comité. »
Cette fois, le dieu pointa Ragnarök, un Phoenix et d'autres Créatures, dont un homme que Thomas reconnu avec beaucoup de surprise. C'était Nathanaël Morgan ! Le meilleur ami d'Enki ! Quelle surprise de le voir présent à cette table ! Mais Thomas devait reconnaître que Médée avait fait un bon choix. Le Muggle était passionné de magie, était parvenu à tuer Peter Pettigrew d'une balle dans la tête et adorait aider les autres. Il représentait bien les Non-Magiques.
Or, une autre pensée l'envahit. Des Mages. Ils étaient en présence de Mage. Thomas ignorait la différence entre un Mage et un Sorcier : il n'avait jamais entendu parler de Mages auparavant. Mais si être un Mage était la récompense ultime de la Magie, alors cela devait être très important. Les Mages devaient être très puissants et très fidèles à Médée (et à Serpentaire). Cela devait expliquer les étranges pouvoirs d'Harry et Ron, mais aussi leurs connaissances qu'ils ne devraient pas posséder, leurs capacités, leurs handicaps…C'était étrange. Très étrange. Et Thomas ne pouvait que se demander quelles étaient les différences entre être un Mage (ou une Créature étant également un Mage) et un Sorcier (ou une simple Créature). Il voulait réellement interroger les deux garçons mais il savait qu'il ne le pourrait pas avant un bon moment.
Serpentaire, ravi de ses explications, retourna s'installer derrière Harry et Ron, le dos droit, la tête haute, un rictus inscrit sur ses lèvres. Sa position confirma les suspicions de Thomas : Serpentaire connaissaient les deux adolescents.
La magie voltigea dans la salle (et dans le monde). Elle devint visible à l'œil libre, formant des filaments multicolores et des petites bulles brillantes, comme des bulles de savon. C'était splendide. Au centre de ce phénomène, Médée se dressait de toute sa hauteur, imposante et bienveillante, entourée par la magie. Les filaments lumineux de magie l'entouraient à la manière d'une tornade, les bulles de lumière se posaient délicatement contre sa peau transparente et ses cheveux.
Médée frappa des mains.
Tout mouvement de la magie cessa. Tout était immobile, comme si le temps s'était stoppé. Les filaments et les bulles ne bougeaient plus.
« Que mon Jugement commence. » Déclara solennellement Médée, toujours munie de son éternel sourire bienveillant.
Elle frappa à nouveau des mains. Une fois. Deux fois. Trois fois. L'onde de choc frappa Thomas de plein fouet. Ses yeux se fermèrent pendant quelques instants avant qu'il ne puisse les rouvrir, les oreilles vibrantes. Médée, à la manière d'un chef d'orchestre, manipulait les filaments de magie et les bulles de lumières. Thomas observa, fasciné, les filaments se rattacher à ses bras, ses jambes et ses tempes. Une bulle vola devant son visage, tournoya autour de sa tête, avant de se déposer sur son crâne. Thomas jeta un coup d'œil autour de lui : tous les Sorciers et Créatures (et probablement tous les êtres vivants pensant du monde) étaient accrochés aux filaments et aux bulles de la même manière que lui. Probablement pour une sorte de scan ?
« Débutons. »
Médée frappa du pied, le sol craqua sous son talon, et une autre vague de magie s'échappa d'elle. A la différence des autres fois, la magie se focalisa seulement sur les filaments et les bulles. Doucement, la magie s'infiltra dans les filaments et les bulles. Et lorsque la magie entra en contact avec sa peau, Thomas se sentit aspiré dans un kaléidoscope de lumières et de souvenirs.
Des flashs brouillèrent sa vision. Là ! Il était jeune, 5 ans, harcelé par un groupe d'enfants plus âgés de l'orphelinat. Ici, il se vengeait, vers ses 8 ans. Il avait pris plaisir à tuer le lapin de compagnie de son harceleur fétiche. De l'autre côté, c'était lui, à Hogwarts, suppliant Dumbledore de ne pas retourner à l'orphelinat. Dans ce flash, il utilisa sa magie pour ouvrir la Chambre des secrets. Oh. C'était le jour où il avait enfin été reconnu comme l'Héritier par ses camarades. Derrière ce flash, il se retrouva tourmenté par la dirigeante de l'orphelinat. A présent, elle avait peur de lui. Il s'était vengé. Mais il avait des projets pour aider le monde magique. Muggles et Sorciers ne devaient pas être ensemble. Ce souvenir…oh… Dumbledore l'avait piégé, attrapé, emprisonné. Non. Non. Il ne voulait pas être enfermé dans ce journal, dans son journal. Il appelait à l'aide, personne ne vint. A la place, un rituel sombre coupa douloureusement son âme en deux. Dumbledore. Hypocrite. Ah, ce souvenir. Il n'était qu'un journal. Un simple journal perdu dans la pénombre pendant des années, seul. Il allait sombrer dans la folie Oh. Une lectrice. Cette enfant allait lui servir. Il avait un espoir. Enfin libre ! Libre de partir ! Il avait de la peine pour l'enfant, elle n'avait rien demandé…mais lui non plus, il n'avait rien demandé. Le voilà de retour, sous un autre nom, avec un véritable ami, son tout premier. Enki l'avait sauvé de sa folie, de sa solitude. Merci. Il avait réellement un espoir, une vision de l'avenir.
La magie traversait doucement parfois, violemment d'autres fois, le corps de Thomas, visionnait ses souvenirs, ses pensées, ses ressentis. Il se sentait violé dans son intimité, mais en même temps, il savait que jamais Médée n'allait se servir de ses souvenirs contre lui. Il se sentait drogué, trop de magie circulait dans son corps. Cette magie le jugeait. Serait-il digne ou indigne ? Il l'ignorait. Mais il voulait que l'expérience cesse : il ne voulait pas revoir en boucle son enfance.
« Des crimes, tu as commis… » Murmura une voix dans son esprit en fourchelangue (Médée ?). « Tu t'es vengé des injustices qui t'ont frappé. Tu as été trahi et enfermé. Tu as tué et torturé. Tu es un homme complexe, Tom Riddle. »
« Ce n'est plus mon nom. » Rectifia Thomas, malgré lui.
« Non, en effet, ce n'est plus ton nom. » S'amusa Médée dans sa tête. « Mais Tom Riddle fait partie de toi autant que Thomas Gaunt est une part de ton être. »
Thomas crissa des dents, ne sachant quoi répondre. La magie continuait à circulait dans son corps, dans son esprit.
« Tom Riddle. Thomas Gaunt. » Médée chantonna. « Comment te juger ? Tu n'es ni digne, ni indigne. Tu as commis autant de crimes que tu as été victime de crimes. »
Qu'en était-il de Voldemort ? Ce n'était pas lui. Voldemort était une création de Dumbledore à partir d'un rituel sombre. Mais il restait une partie de son âme qui avait commis de terribles crimes, bien pire que ce qu'avait accompli Tom ou Thomas. Thomas avait toujours refusé de tuer des innocents par plaisir, il ne tuait que s'il n'avait pas le choix (sauf s'ils étaient ses ennemis). Mais Voldemort…il prenait plaisir à torturer, à tuer…non. Voldemort n'était pas lui.
« Thomas, Thomas, Thomas. » La déesse soupira, exaspérée. « Voldemort est une part de toi. Une part créée par un homme aussi complexe que toi. Peut-être même plus complexe que toi. Mais Voldemort est devenu un être à part entière, différent. Tu es Voldemort et tu n'es pas Voldemort. Tu as été Voldemort. Lorsque vous ne formez qu'un. Vous êtes deux entités distinctes. Il voulait la destruction et le pouvoir, tu veux le pouvoir pour aider. »
Oh. Oh ! Cela le rassura. Thomas s'était toujours senti un peu coupable d'avoir donné naissance à un être aussi déplorable que Voldemort, même si c'était malgré lui. Savoir que la déesse ne lui en voulait pas lui faisait tellement de bien.
« Je prononce ton Jugement, Thomas Gaunt, Tom Riddle. » La voix de Médée résonna dans son esprit et la magie pulsa dans ses veines, il en était étourdi. « Tu n'es pas digne de devenir un Mage, tu n'es pas digne d'être récompensé, de recevoir des dons. Mais tu n'es pas indigne de perdre ma Magie. Tu es puissant, Thomas, probablement l'un des plus puissants Sorciers de ta génération. Tu n'as pas besoin de bénédiction. Tu resteras un simple Sorcier, sans dons supplémentaires. Tu resteras tel que tu es. Ainsi soit-il. »
D'une simple phrase, son Jugement fut prononcé et définitif. Thomas était un Sorcier et il le resterait. Il ne méritait pas de recevoir plus de magie, de dons, de pouvoirs, il avait ce qu'il lui fallait. Thomas n'avait pas besoin de plus. Il était satisfait. Cela lui suffisait. Enfin, il se sentit réellement en paix avec lui-même. Dumbledore, Voldemort…ils étaient loin. A présent, il pouvait se concentrer sur ses objectifs : devenir ministre de la Magie anglaise et rétablir une égalité qui n'existait plus. Là, était son devoir.
« Bonne chance, Thomas. » Termina gentiment Médée.
La magie de Médée s'écarta doucement de lui, le quittant avec délicatesse. Thomas frémit face à la disparition de la magie réconfortante et intrusive de Médée. Les filaments se détachèrent de son corps, retournant dans le rythme du flot de la magie. La petite bulle lumineuse resta sur sa tête, lui envoya de brèves vagues magiques pour le réconforter, le stabiliser.
Autour de lui, les Sorciers, les Créatures (et les Non-Magiques qui ne se trouvaient pas dans cette salle) étaient jugées de la même manière que lui par Médée. Pour certaines personnes, le Jugement était long, pour d'autres, c'était court. Thomas pouvait voir certains pleurer, d'autres rire, hystériques, d'autres sourire et remercier Médée, d'autres étaient blasés. Il était facile de savoir qui avait perdu sa magie, qui avait « évolué », qui n'avait subi aucun changement.
Thomas tourna la tête vers Enki, inquiet pour lui (il était également soucieux du reste de ses connaissances, de son parti, mais il savait qu'ils s'en sortiraient, qu'ils se soutenaient : ils n'avaient pas besoin de lui. Enki était sa priorité). Il ne faisait aucun doute qu'Enki soit récompensé, il le méritait. Mais cela ne l'empêcha pas de s'inquiéter. Il souffla, rassuré, lorsqu'il remarqua l'expression détendue d'Enki. Il n'avait rien. Il semblait juste apaisé. Toujours incapable de parler et de bouger (Médée les maintenait toujours immobiles et muets avec sa magie), il mima les mots avec ses lèvres espérant que son ami puisse le comprendre.
« Tout va bien ? » demanda Thomas du bout des lèvres.
« Oui. » Thomas lut sur les lèvres d'Enki qui ajouta. « Médée m'a offert un don. Je te dirais plus tard. »
La discussion silencieuse prit fin aussi rapidement qu'elle avait commencé. En effet, Médée s'était redressée de toute sa hauteur, les sourcils froncés. Quelque chose n'allait pas. Leur Mère murmura quelques mots, bien trop bas pour que quiconque ne puisse l'entendre, en dehors de ceux présents sur l'estrade. Puis elle frappa des mains (elle aimait beaucoup frapper dans ses mains, réalisa Thomas, l'effet était vraiment convaincant, peut-être devrait-il faire la même chose ?). Les filaments tourbillonnèrent devant elle, doucement, puis de plus en plus rapidement. A la surprise de Thomas, les filaments commencèrent à prendre une forme concrète, ressemblant à une silhouette, à une forme humaine. Enfin, les filaments se dispersèrent dans l'air, ne laissant qu'un être humain. Non. Ce n'était pas un être humain. Il était grand, massif, à moitié animal, à moitié homme. Un Loup-Garou. Mais Thomas ne le reconnaissait pas.
« Loup-Garou, je ne parviens pas à te Juger. » La voix de Médée résonna dans la salle silencieuse, bourdonnante de magie. « Mon Jury va m'éclairer. »
La déesse se tourna vers son Jury alors que le Loup-Garou, agressif, crachait des insultes (il n'était pas silencieux comme les autres), exigeait qu'on le libère, qu'il se fichait pas mal que la déesse de la Magie veuille le Juger, qu'il était un être libre. Thomas le trouva très déplaisant.
« Silence. » Ordonna Serpentaire, ses yeux fendus se plissèrent férocement, obligeant le Loup-Garou inconnu à s'interrompre. « N'aggrave pas ton cas, Loup-Garou, ton avenir est en jeu. »
Le Loup-Garou montra les dents et se leva, faisant mine d'attaquer (abruti, songea Thomas, comme s'il pouvait vaincre un dieu). Mais d'un simple geste de la main, Serpentaire maîtrisa la Créature qui fut pressée au sol, comme soumise à une gravité qui n'était pas celle de la Terre.
« Quetzalcoalt. » Appela Serpentaire sans quitter le Loup-Garou des yeux. « Tu es celui qui ayant le plus d'expérience avec les Loups-Garous, que peux-tu nous dire à son sujet ? »
Un des membres du Jury, un homme d'une cinquantaine d'année, venant d'Amérique Latine, si Thomas pouvait en croire son physique et son style vestimentaire, se redressa doucement de sa chaise. Il était étrange, il ne semblait pas humain. Il était totalement couvert d'écailles et de plumes rouges, vertes et jaunes. Il était intimidant et son visage impassible n'aidait pas à se sentir en sécurité.
« Il s'agit du Roi des Loups-Garous, connu sous le nom de la Bête du Gévaudan. » Expliqua Quetzalcoalt, lissant ses plumes. « Son règne a débuté au XVIIIe siècle, en France, après avoir gagné son trône en combat d'honneur contre l'ancienne Reine des Loups-Garous. »
Les regards se tournèrent vers le Loup-Garou qui renâclait, au sol. Le Roi des Loups-Garous ? Lui ? Il était pathétique, songea Thomas, mais il se dégageait de son corps une certaine puissance. Le Sorcier observa le membre du Jury qui donnait tous les points positifs du règne de la Bête. Apparemment, ce Roi n'avait pas toujours été un mauvais Roi, au contraire. L'ancienne Reine des Loups-Garous avait perdu la tête, sombrant dans la folie, tuant les siens par plaisir, allant presque jusqu'à les anéantir. Pour empêcher leur extinction et les protéger, la Bête du Gévaudan s'interposa et demanda un combat d'honneur, revendiquant le trône. Il gagna. Malheureusement, il se condamna.
En effet, le premier Roi des Loups-Garous, le Roi Lycaon, fut maudit à cause d'une erreur (personne ne savait pourquoi il avait été maudit). Lycaon avait également sombré dans la folie. Depuis, la malédiction touchait les Rois et Reines Loups-Garous. Sans surprise, après des années à lutter contre la folie en aidant son peuple à se cacher, à vivre, la Bête en fut la victime. Mais sa volonté perdura : il ne tua aucun membre de son peuple, refusant de leur faire du mal, mais il commença à tuer des humains, à les mordre (notamment en France). Ses crimes se répercutèrent sur son peuple, leur donnant une terrible réputation. A cause de lui, les Loups-Garous développèrent des mécanismes terribles, devenant des criminels, mordant des innocents par plaisir (comme le faisait Greyback). C'était pour cette raison que Médée avait dû mal à Juger la Bête : il était soumis à une malédiction à cause de son trône, devenant un meurtrier, mais il avait accompli tout ceci pour protéger son peuple (il savait qu'il allait sombrer dans la folie en battant la précédente Reine).
Thomas ne pouvait qu'incliner la tête face à cette Créature à la fois dégoûtante et honorable. Il fallait croire qu'un criminel pouvait cacher tellement de douleur en lui.
« Quetzalcoalt, que nous conseilles-tu ? » Demanda Médée, alors que la Bête se débattait toujours contre ses liens. « Comment dois-je le Juger ? »
« Je pense, Mère, qu'il a accompli un exploit en luttant contre sa malédiction dans le but de sauver son peuple. » Les plumes de l'homme se redressèrent sur sa tête, alors qu'il réfléchissait. « Pourtant, sa folie ne peut excuser les crimes, la douleur qu'il a engendrée. Je demande simplement de la compréhension pour lui. Oublier ce qu'il a fait pour son peuple serait là un crime bien plus important, cela serait oublier ce qu'il a été autrefois. »
« Nous n'oublierons pas. » Affirma Médée, souriant doucement. « Les Mortels n'oublieront pas son sacrifice. N'est-ce pas ? » Son regard galactique glissa vers les Mortels qui frissonnèrent. « Je veillerais à ce qu'il ne soit pas oublié. »
Thomas serra des dents lorsque qu'une magie glissa le long de son esprit, imprégnant des souvenirs qui ne lui appartenaient pas. D'un clignement de paupières, il fut témoin des évènements importants de la vie de la Bête et il comprit pourquoi il ne devait pas être oublié, pourquoi la Bête devait être honorée, avant qu'il ne devienne la Bête. Thomas n'oublierait pas. Et les autres Mortels non plus.
« Cependant, autant la Bête ne sera pas oubliée, ses crimes ne peuvent être justifiés. » Soupira Médée en regardant tristement la Bête qui gémissait désormais au sol.
« Je suis de votre avis, Mère. » Approuva Quetzalcoalt en passant ses doigts dans ses cheveux couverts de plumes. « C'est pour cette raison que je vous conseille de lui retirer son statut de Roi, que je vous conseille de lui retirer son don de Magie, que je vous conseille de faire de lui un simple Loup-Garou inoffensif, sans pouvoir. »
Médée porta un doigt sous son menton, un air contemplatif inscrit sur son magnifique visage. La Bête s'était figée, semblant enfin comprendre la situation dans laquelle il se trouvait. Plus étonnant encore, la Bête arrêta totalement de se battre, acceptant son destin. Il ferma les yeux, douloureusement. Thomas ne pouvait qu'admirer cette acceptation.
« Cette punition lui donnera la chance de guérir. » Continua Quetzalcoalt, avec toute la sagesse qu'un homme de son âge pouvait avoir. « D'avancer, de continuer. Cette punition n'est là seulement pour qu'il puisse trouver la paix, une paix qu'il a perdu avec cette malédiction. »
« Ta voix est d'un bon conseil, Quetzalcoalt. » Sourit tranquillement Médée. « Un des membres du Jury veut-il ajouter quelque chose ? »
« Non, Mère. » Firent-ils en chœur. « Le Jugement de Quetzalcoalt nous convient. »
« Qu'il en soit ainsi. »
Médée s'agenouilla devant la Bête, gentiment, délicatement. D'un doux geste de la main, elle caressa la joue de la Créature. Son expression bienveillante se rapprochait de celle d'une mère qui devait punir son enfant bien-aimé. Elle déposa ensuite le bout de son doigt contre le front de la Bête. Elle prononça quelques mots mais Thomas ne put entendre ce qu'elle disait. Mais cela sembla détendre la Bête qui, pour la première fois, offrit un véritable sourire reconnaissant et fatigué. Il ferma les yeux et la magie de Médée entoura la Bête. Les filaments volèrent de plus en plus rapidement autour de lui et Thomas fut forcé de détourner le regard. L'instant suivant, l'estrade était vide. Médée avait accompli son Jugement pour la Bête du Gévaudan. Elle se redressa et observa l'audience.
« Passons au prochain Jugement qui me fait douter. » Annonça Médée et sa magie répondit à sa demande, ses filaments faisaient apparaitre l'accusé suivant.
OoO
« Mmh. Voilà une personne qui me pose bien des difficultés. » Admit Médée, un léger sourire aux lèvres, ses longs cheveux multicolores flottaient derrière elle. « Je ne pense pas que j'ai besoin de vous présenter Albus Dumbledore. »
Thomas parvint à se redresser sur sa chaise en entendant le nom de son ennemi qui avait séparé son âme créant une crise d'identité qui perdurait (était-il Voldemort ? Son frère ? Un autre être ?), qui l'avait enfermé pendant des années, un homme qu'il haïssait. Malgré tous les crimes de Dumbledore, cela ne l'étonnait pas de le retrouver convoqué devant Médée. La déesse avait dû voir clair dans les pensées, l'âme de Dumbledore. Elle avait dû voir quelque chose qui méritait de douter sur la moralité du vieil homme. Et Thomas le haïssait mais il comprenait que Dumbledore voulait faire le bien. Mais il l'avait mal fait.
« Voyons voir ce que mon cher jury en pense ? » Médée s'inclina légèrement vers eux alors que d'un geste de la main, elle fit apparaître le vieil homme.
Cela faisait plusieurs heures – voire plusieurs jours – que les êtres vivants de ce monde, magiques et non-magiques, observaient le Jugement des personnes faisant douter Médée (Thomas en avait perdu le compte : plusieurs personnes, comme la célèbre criminelle russe Baba Yaga, l'ennemie jurée du Mage russe Mrazikov, un membre du jury, perdirent leur magie. D'autres devinrent des Sorciers, des Créatures. Cependant personne n'obtint le statut de Mage, les conditions pour l'obtenir semblaient spécifiques). Il était impossible de déterminer le temps exact : le temps semblait figé. Thomas, comme tout le monde, n'avait ni faim, ni soif, ni sommeil, pas besoin de se soulager…il était aussi frais qu'il pouvait l'être en se réveillant après une bonne nuit de sommeil. Et Thomas sentait le travail de Médée à l'œuvre, sa magie couler le long de ses veines pour le maintenir en bonne santé. C'était une magie extrêmement puissante.
Thomas redirigea son attention sur la nouvelle apparition sur l'estrade. Dumbledore faisait son âge, un vieil homme fatigué, habillé humblement. Malgré son procès et les scandales l'entourant (attisant l'animosité de la population magique), Dumbledore garda le dos droit, digne. Devant Médée, devant Serpentaire, il s'inclina, une main sur son cœur, soulignant son respect pour la déesse.
« My Lady. » Salua le vieil homme sans chercher à masquer son respect et son admiration pour elle. « C'est un honneur d'être en votre présence. »
« Tss… » Murmura Thomas pour lui-même.
Même jugé, sans alliés, Dumbledore possédait un charisme indiscutable. C'était dans ces moments-là que Thomas pouvait apercevoir ce qu'aurait pu être Dumbledore s'il ne s'était pas perdu dans son idéologie. Une icône, un grand homme, une bonne personne. Voilà ce qu'il aurait pu être. Et Thomas se sentit vibrer de colère. Pourquoi cet homme avait-il perdu de vue ses objectifs ? Pourquoi avait-il dû payer pour ses choix ? Pourquoi Thomas avait-il souffert pour l'idéologie d'un homme perdu ? Pourquoi ? Il ne méritait pas ça, il ne méritait pas ce rituel…tellement de familles, d'inconnus, d'innocents avaient soufferts de l'idéologie mal placée de Dumbledore…
« Quel plaisir de faire ta connaissance, Albus. » S'amusa Médée invitant le vieil homme à se redresser. « Mais ton respect pour moi ne va pas te sauver de ton Jugement. C'est la règle de ce monde. »
« Je le sais, My Lady. » Dumbledore hocha tout simplement la tête. « Je connais mes crimes, le monde les connait. J'ai des regrets, certes, mais mes agissements m'ont permis de sauver des vies. C'est ce que je souhaite plus que tout, la paix et la sécurité du monde magique et non-magique. »
« Tuer des innocents n'est pas une bonne façon d'assurer la paix. » S'interposa doucement Harry, ses yeux aveugles semblaient voir au-delà de l'apparence fatiguée et humble de Dumbledore. « Beaucoup ont souffert de vos agissements, moi y compris. »
Tout comme Thomas, Harry était l'une des personnes ayant subi les manipulations et la trahison de Dumbledore. Il le comprenait. Il méritait de parler au nom des victimes du vieil homme.
« J'en suis conscient. » Assura Dumbledore avec un fin sourire fatigué. « Je regrette les conséquences mais pas mes choix. C'est pour cette raison que j'ai été jugé coupable à mon procès. C'est pour cette raison que j'accepterai sans discuter le Jugement de My Lady. »
Il inclina à nouveau la tête vers Médée, puis vers Harry et Ron, comme pour s'excuser de ses actions passées. Mais si Harry resta impassible, Thomas aperçut le sourcil de Ron tiquer, probablement de colère (il crut même voir une petite flamme danser autour des doigts du rouquin), ce qui semblait normal : le jeune Mage avait perdu toute sa famille à cause des actions de Dumbledore, soit par trahison, soit en ayant été assassinée, sans oublier que le vieil homme avait envoyé Lockhart les tuer. C'était difficile d'excuser Dumbledore.
« Le Jugement est juste, quel soit son choix. » Assura Médée avant d'ajouter de manière solennelle. « Albus Dumbledore, je ne parviens pas à te Juger. Mon Jury va m'éclairer. Ronald Weasley, Harry Potter, vous êtes les deux Mages ayant le plus de liens avec Dumbledore. »
Et Thomas écouta à nouveau les crimes de Dumbledore à travers la bouche de Ron et Harry. Mais contrairement au procès, ils apportèrent une nuance à l'idéologie du vieil homme. Rien n'était que noir ou que blanc. Le passé de Dumbledore, à l'image de la Bête de Gévaudan et des autres personnes Jugées de cette manière, fut décortiqué, que ce soit la mort tragique de sa sœur, sa relation avec Grindelwald, mais aussi son dévouement pour la paix (il avait tout de même préféré se battre contre son amant, malgré le fait qu'il l'aimait encore, pour sauver le plus de monde possible), ses nombreux crimes pour atteindre le pouvoir dans le but de devenir un bon leader (mais il interdit les tortures au-delà du nécessaire et les viols, Dumbledore avait un certain code moral qu'il respectait à la lettre), son amour pour sa famille qu'il avait perdu, ne restant que la jeune Granger (il avait tout fait pour la protéger), son implication dans la famille Weasley (s'il avait accompli un rituel d'esclavage sur les jumeaux Weasley et sur Severus Snape, Dumbledore n'avait jamais voulu que les jumeaux soient traités de cette manière, il voulait simplement les aider, mais il s'y était mal pris, encore)…
Dumbledore était un homme complexe, bien plus complexe qu'il ne l'avait réalisé. Mais cela n'empêchait pas de haïr cet homme. Thomas n'oublierait jamais que Dumbledore avait réellement voulu protéger le monde qu'il connaissait mais…le vieil homme avait détruit sa vie et celles de tellement d'autres. Non. Non, il ne lui pardonnerait jamais. Mais il comprenait. Après tout, lui-même n'était pas un ange.
« Comment pourrais-je le Juger de manière juste ? » Demanda calmement Médée aux membres de son jury.
Pendant tout le relevé des faits, Dumbledore n'avait pas bougé, entouré par le halo magique de Médée. Il répondait même à quelques questions. La position de son corps indiquait qu'il accepterait son Jugement.
« My Lady, Albus Dumbledore a déjà été jugé lors d'un procès sorcier, le plaçant à Azkaban à vie. » Étonnamment, ce fut Ragnarök, également membre du jury, qui répondit. « Je pense qu'il serait intéressant de lui retirer sa magie pour qu'il puisse réfléchir à ses actions pleinement, impuissant. Il a déjà conscience de ses actions mais ne les regrette pas. »
Les autres membres du jury hochèrent simplement leur tête, silencieux, acceptant la proposition de Ragnarök.
« Très bien. » Médée ferma ses yeux étoilés pendant un bref instant. « Qu'il en soit ainsi. »
Elle souffla et la magie entoura Dumbledore. De son corps, des filaments dorés s'échappèrent pour rejoindre le tourbillon magique de Médée. Albus soupira, tremblant, avant de s'incliner à nouveau devant Médée, respectueux, alors que son corps commençait à disparaitre pour retourner en prison.
« Je respecte votre choix, My Lady, membres du jury. » Dumbledore releva la tête une dernière fois. « Je n'oublierai jamais vos conseils… » Et la silhouette du vieil homme disparut de l'estrade.
Thomas observa, silencieux, Ron et Harry discutaient doucement entre eux, quelques autres membres du jury s'invitèrent dans la discussion. Probablement en train de parler de traumas, réalisa le Sorcier en observant le visage agacé de Ron.
« Tu vas bien ? » La voix d'Enki le fit sursauter. « Je sais que Dumbledore est une source de conflit pour toi… »
« Je le hais pour ce qu'il m'a fait, pour l'avoir créé…lui… »
Thomas ne voulait pas dire à voix haute qu'il était à l'origine de l'existence de Voldemort au cas où l'un de ses alliés ou ennemis l'entendraient. Seul Enki savait comment Voldemort avait été créé (et peut-être les membres du jury et les deux dieux mais Thomas savait qu'aucun ne partagerait son terrible secret). Mais il n'était pas Voldemort. Non. Il refusait de l'être. Il n'était pas ce monstre qui était une partie de son âme. Ce n'était pas lui.
« Thomas. Tom. Ecoute-moi. Tu n'es pas lui. Tu ne le seras jamais. Jamais. »
Enki ne pouvait pas bouger, bloqué comme tout le monde par Médée, mais sa voix réconfortante fit penser à Thomas qu'ils étaient enlacés dans une étreinte rassurante. Il sursauta néanmoins à l'emploi de ce nom maudit qu'il l'avait hanté pendant toute son enfance. Il détestait le nom de Tom mais pourtant, il ne pouvait réellement s'en défaire. C'était pour cette raison qu'il avait choisi un dérivé de ce prénom : Thomas. Il était une version améliorée de Tom, bien loin de Voldemort.
« Tu es Thomas Gaunt, leader du parti traditionaliste et futur ministre de la magie anglais. Je n'ai pas besoin de vision pour savoir qui tu es. » Poursuivit Enki, férocement. « N'oublie pas qui tu es réellement. »
Thomas sourit. Il voulait rire et pleurer, il voulait entrainer son meilleur ami, son premier ami, dans une étreinte, le remercier de son soutien inébranlable. Que serait-il sans lui ? Probablement un être sans émotions. A cause du rituel et d'avoir été enfermé si longtemps, il avait refusé de montrer ses émotions jusqu'à sa rencontre étrange avec le voyant. Il était toute sa vie. Il avait construit sa nouvelle vie, sa nouvelle personnalité autour d'Enki.
« Et tu es mon meilleur ami, Thomas. » Murmura enfin Enki. « Toi. Pas lui. Pas Tom. Toi. »
Que pouvait dire Thomas ? Que pouvait-il ajouter face à une telle sincérité ? Il se sentait insignifiant face à la confiance et l'amitié d'Enki. Il ignorait comment gérer une telle relation. C'était la toute première de sa vie. Mais…mais Enki le comprenait et l'aidait à appréhender le monde avec une nouvelle approche, une approche plus humaine. Thomas refusait de verser quelques larmes (il avait une réputation à tenir !) mais dès qu'il serait seul avec Enki, après le Jugement, il le remercierait. Il le méritait (pas étonnant que Médée lui offre un don).
« Merci Enki… » Souffla doucement Thomas à Enki, évitant son regard, un peu gêné de dévoiler ses émotions et sentiments. « Tu es…tu sais…jamais personne…je ne sais pas…ah… » Il ne savait pas comment annoncer ce qu'il ressentait. C'était difficile.
« Ne t'inquiète pas, Thomas, je comprends. » Enki lui sourit. « Je sais. »
Oui, réalisa Thomas, Enki était vraiment la meilleure personne. Vraiment. Il n'avait pas besoin de parler pour qu'il le comprenne. Et cela lui suffisait.
Soudainement, Médée se redressa à nouveau. Ah. Une autre personne suscitait un doute. Elle avait à nouveau besoin d'être éclairée par le jury avant de prononcer son Jugement. Curieux, Thomas se demanda si cette nouvelle personne serait une Créature Magique, un Muggle ou un Sorcier. Mais le Jugement durait depuis si longtemps qu'il ne savait plus combien de personnes étaient passées. Il ne gardait en tête que les plus spéciaux.
« Comme c'est intéressant. » Annonça Médée alors qu'elle passa une main sur ses épaules nues. « Très intéressant. J'ignorais que cette personne, si on peut appeler ça une personne, pouvait être Jugée. »
Bien sûr, sa phrase attira la curiosité des observateurs. Plusieurs voulaient parler, poser des questions, mais ils étaient bien trop intimidés par la déesse et son fils (et des membres du jury). A vrai dire, seuls la Bête de Gévaudan, qui avait tenté d'attaquer Médée, et Dumbledore, n'avaient pas été intimidés par sa présence. Thomas attendait le prochain Jugement avec beaucoup d'intérêt.
« Serpentaire, mon fils, apporte-moi cette boîte. » Demanda Médée en se tournant vers le second être divin.
Serpentaire, positionné derrière Nathaniel Morgan probablement par intérêt pour l'unique membre du jury Muggle, grommela doucement entre ses crocs. Il se dirigea patiemment vers Harry. Le petit brun claqua des doigts pour faire apparaitre une étrange boite en bois de chêne, finement sculptée, devant lui, sur la table, une petite boite familière, qu'il tendit à Serpentaire. Le dieu s'en empara et se téléporta directement devant sa mère, la boite entre ses longs doigts crochus. Médée toucha délicatement la boite, comme si elle la scannait. Puis, elle tapota trois fois dessus.
La boite s'ouvrit et une fumée noirâtre, malade, en sortie. Cette fumée renvoyait une onde malfaisante et familière, donnant à Thomas une envie de vomir et de l'attaquer sur le champ. Furieusement, la fumée prit une forme humanoïde. Et devant une foule horrifiée, seulement pour les êtres magiques, les Muggles ignorant l'identité de cet être, un homme pâle, sans nez, chauve, vêtu d'une robe d'un noir sale, apparut.
Voldemort.
« Thomas… » Souffla Enki, inquiet pour lui, et il fut reconnaissant de son soutien.
Thomas eut le souffle coupé devant la vision de son double maléfique. Voilà pourquoi la boite lui était familière ! C'était avec elle que Harry avait enfermée l'âme séparée de Voldemort pendant leur combat ! Sa vue…rien que sa vue ramena ses doutes. Oui, Thomas n'était pas Voldemort. Médée elle-même lui avait assuré qu'ils étaient la même personne à l'origine. Enki l'avait également rassuré sur ce point. Mais cela ne l'empêchait pas de frémir de colère et d'incertitude face au Dark Lord. Oh. Il avait envie de se lever pour se battre à nouveau contre cette forme psychopathe de lui-même, bien plus puissante que lui (il avait eu besoin de l'aide de Severus, qui avait perdu son bras, de Ron, qui était parti combattre ce tibétain, d'Harry, qui avait lancé une étrange magie, de Longbottom, pour distraire Voldemort, pour vaincre ce monstre : seul, il n'avait aucune chance).
Mais l'incertitude le rongeait…Voldemort…que se passera-t-il si Voldemort mourrait ? Allait-il mourir ? Et s'il perdait sa magie ? Allait-il perdre la sienne ? Si Voldemort était jugé ? Allait-il être jugé également même s'il n'avait jamais commis les crimes de Voldemort ? Le fait d'avoir « donné naissance » à ce monstre allait-il faire de lui un criminel ? Ah. Il fallait croire, malgré les rassurances d'Enki et Médée, qu'il était toujours victime d'une crise identitaire. Il espérait un jour trouver la paix. Une véritable paix.
« Voldemort. » Présenta seulement Médée. « Enchantée de faire ta connaissance. »
Médée déposa la boite dans les mains de Serpentaire qui la redonna ensuite à Harry pour ensuite s'asseoir sur la table, un magnifique Phénix s'installa sur son épaule. Voldemort, dans les premiers temps, intrigué, tourna sa tête dans toutes les directions. Les observateurs frémirent face à son regard rouge de sang brillant de méchanceté. Il regarda le « public » comme s'il n'existait pas (Thomas soupira de soulagement en comprenant que Voldemort ne le remarquerait pas pour cracher ses secrets).
Finalement, les yeux de Voldemort se portèrent vers l'estrade, vers les Mages, les Créatures Magiques et les Muggles composant le jury. Ses yeux glissèrent sur eux pour tomber sur Harry.
« Toi ! » Cracha-t-il avec rage. « Potter ! »
A nouveau, beaucoup de Sorciers et de Créatures Magiques grimacèrent de terreur (les Muggles se posèrent seulement des questions mais comprirent que cet homme était dangereux et s'attaquait à un membre du jury, protégé par la déesse). Si Thomas vit Ron grincer des dents, personne ne bougea. Harry lui-même resta calme, offrant un léger sourire alors que ses yeux aveugles semblaient dévisager Voldemort. Thomas savait qu'Harry, seul, ne pouvait battre Voldemort pourtant, à ses yeux, Harry était en position de pouvoir. Et Voldemort ne l'avait pas encore remarqué, bien trop perdu dans sa haine.
« Bonjour, Voldemort. » Harry posa sa tête contre sa main. « Quel plaisir de te revoir dans des circonstances bien plus sereines. Ton repos a-t-il été confortable ? »
« Tu oses… ! » S'écria le Dark Lord, toujours soumis à sa folie meurtrière. « Je suis Lord Voldemort, tu me dois le respect ! »
Sa magie vola en éclat, la fumée noire l'entourant se dispersa, présentant une pression malfaisante. Les plus proches de Voldemort gémirent, ayant du mal à le supporter. Les autres Sorciers et Créatures Magiques grognèrent et se tendirent, se préparant à être menacés ou à attaquer, même s'ils ne pouvaient bouger. Thomas serra simplement ses poings, fusillant son double du regard. Oh. Qu'est-ce qu'il voulait le détruire une bonne fois pour toutes.
« Vraiment ? » Harry ne semblait pas décomposé par la démonstration de magie du Dark Lord. « Le respect se mérite. Et je ne te respecte pas. »
Plusieurs membres du jury ricanèrent, bien amusés de l'air outré du Dark Lord. Le visage de Voldemort se décomposait de plus en plus devant l'irrespect de ses étranges personnes. Thomas pouvait comprendre son incompréhension. Son double avait perdu son combat, s'était retrouvé enfermé dans une boite, avant de se retrouver sous les yeux terrifiés du monde qui le connaissait et pourtant…pourtant les personnes sur cette estrade n'avaient pas peur de lui. Bien au contraire. Thomas se retint de ricaner de plaisir, satisfait de le voir aussi perturbé.
« Potter ! » Cria Voldemort, appelant ses pouvoirs à lui, prêt à jeter un sort sur le Mage bien détendu. « Cette fois, rien ne m'empêche de te tuer ! »
« Ne te prive pas. » L'invita tranquillement Harry. « Je t'en prie. »
A nouveau, les membres du jury ricanèrent et Thomas aperçut Ron soupirer et secouer la tête devant la nonchalance de son petit frère. Médée n'intervint pas, pour le moment. Elle avait placé ses mains derrière son dos et observait toute la scène avec insistance. Oh. Thomas comprit. Harry manipulait Voldemort. Médée voulait voir comment Voldemort réagirait pour le Juger. A priori, à en juger le visage exaspéré de la déesse, elle ne semblait pas satisfaite (mais elle semblait s'y attendre). Cela devait être la raison pour laquelle elle n'avait pas encore bloqué sa magie.
Voldemort, sans baguette, utilisa ses mains pour envoyer un sort directement sur Harry qui ne bougea pas. Si certaines personnes du public crièrent de surprise, le petit brun soupira et ferma les yeux. Avant que le sort n'atteigne Harry, une immense main griffue, couverte d'écailles et de plumes vertes, bleues et jaunes l'intercepta. Quetzalcoalt, assis de l'autre côté d'Harry, venait d'intervenir. Thomas cligna des yeux, surpris par sa rapidité. Puis il se rendit compte que Quetzalcoalt n'était plus un homme d'une cinquantaine d'année. Non. Il était devenu une vieille femme amérindienne, bien conservée par le temps. Il ignorait si Quetzalcoalt était un/une métamorphomage ou s'il/elle possédait un pouvoir particulier lié à sa compétence de Mage.
« Allons. » Quetzalcoalt annonça avec son fort accent amérindien. « Soyons civilisés, Voldemort, tiens-toi, tu es ici pour être Jugé, pas pour perdurer une quelconque vengeance. »
« Jugé ? Personne n'a le pouvoir de me juger ! » Cracha Voldemort, assassinant Quetzalcoalt des yeux.
« Tu serais surpris. » S'amusa Nathaniel Morgan.
« Il n'a juste pas encore remarqué la situation dans laquelle il se trouve. » Ajouta Ragnarök en secouant sa petite tête. « Son arrogance l'empêche de voir plus loin que le bout de son nez. »
« Il n'en a pas. » Soupira le Phénix séjournant toujours sur l'épaule de Serpentaire avant de piailler lorsqu'il réalisa la pique d'humour noire du Gobelin. « Pas mal. »
« J'essaie de vivre au-delà de mon sérieux. » Assura le Gobelin satisfait de sa remarque et Quetzalcoalt ricana.
« Vous m'ignorez ? » Rugit Voldemort qui lança un autre sort vers le jury qui resta totalement impassible face à la menace qu'il représentait.
Cette fois, Médée intervint. Elle en avait assez vu. Elle tapa dans ses mains et la magie de Voldemort s'évapora, son sort disparut comme s'il n'avait jamais existé et des liens agrippèrent les pieds et les mains de Voldemort pour le restreindre et le forcer à s'agenouiller au sol. C'était une position bien humiliante pour un homme qui ne vivait que pour le pouvoir. Thomas tremblait de satisfaction en le voyant souffrir d'humiliation. Oui. C'était tout ce qu'il méritait. Cet homme n'était pas lui.
« Comment… ? » Demanda Voldemort, perturbé par un tel niveau de puissance.
« Bien le bonjour, jeune homme. » Salua Médée. « Bloqué dans ta boite, tu as manqué quelques informations nécessaires. Ne t'inquiète pas, je vais tout te transférer, cela va nous gagner du temps. Même le pire criminel mérite de connaître ses droits pour mieux se défendre. Telle est la justice. »
Médée posa délicatement son index sur le front de Voldemort. Un léger jet de lumière pénétra sa peau et les yeux de Voldemort virèrent du rouge au blanc pendant un bref instant alors qu'il ouvrait la bouche, stupéfait. Puis Médée se rétracta, laissant l'homme reprendre son souffle.
« C'était…quoi ça ? » Voldemort murmura, désemparé de ne plus être en position de contrôle. « Médée, la déesse de la Magie…mais… »
Thomas pouvait voir les méninges de Voldemort tourner à toute allure. Il devait descendre de son égo-trip en quelques secondes. Rencontrer une véritable déesse immortelle et toute puissante alors qu'il se prenait lui-même pour un dieu, oui, cela devait faire un sacré choc.
« Ton cas est bien différent des autres. » Indiqua Médée en l'analysant attentivement. « Vraiment différent. »
Pendant un bref instant, Thomas sentit les yeux étoilés de Médée se poser sur lui et il frissonna, comprenant ce qu'elle insinuait. Oui, Voldemort était différent des autres personnes Jugées auparavant car il n'était pas complet. Il souffla, cherchant à reprendre son calme. Médée l'avait déjà Jugé, lui indiquant qu'il n'était pas Voldemort. Mais pour Voldemort…Voldemort était une infime partie de lui, il était incomplet là où Thomas pouvait vivre sans problème sans lui. Voldemort ne pouvait pas vivre sans lui, seulement survivre, perdu dans sa folie.
« Je suis Voldemort ! » Contredit férocement l'homme mais Médée l'ignora.
« Mes chers membres du jury, vos recommandations ne me semblent pas nécessaire. » Médée se tourna vers le jury avec un fin sourire. « Avez-vous des choses à me présenter ? »
« Je me plie à votre volonté, My Lady. » Annonça Harry en inclinant la tête. « Je me suis vengé de Voldemort, j'ai gagné. Je ne souhaite pas poursuivre une haine contre lui en proposant une solution. »
« Je ne pense pas être la personne la mieux placée pour répondre. » Ajouta Ron avec un soupir fatigué.
Les deux frères se serrèrent la main, comme pour se soutenir de faire le choix de ne pas prendre part à la décision de punir Voldemort. Ils ne voulaient pas le Juger car ils avaient déjà obtenu ce qu'ils voulaient : ils avaient battu Voldemort et l'avait mis hors d'état de nuire.
« L'âme de Voldemort est incomplète. C'est contre-nature… » Indiqua le Mage nigérien Oro, également membre du jury alors que le Mage russe, Mrazikov, l'approuvait. « Il ne peut être pleinement Jugé sans l'accord de l'autre partie de son âme. »
Ils savent. Ils savent tous, trembla Thomas. Extérieurement, il ne montra pas son inconfort, il ne montrait rien. Mais intérieurement, il paniquait. Ils savaient que Voldemort était une part de lui, comme il s'en doutait. Cependant, il espérait qu'aucun ne dise à voix haute qu'ils ne faisaient, autrefois, qu'une seule personne. Sinon, tout ce pourquoi il avait travaillé s'écroulerait en un instant.
« Ne t'inquiète pas, Thomas. » Murmura Enki à son oreille. « Je te suis, quoiqu'il arrive. »
Et Thomas reprit ses esprits face à la voix rassurante d'Enki. Non. Il ne devait pas paniquer. Il ne le pouvait pas. Il devait faire confiance à Médée. Elle l'avait déjà Jugé digne de garder sa magie. Il n'avait rien à craindre, ils ne diraient rien.
« Merci Oro, Harry, Ron. » Médée inclina la tête alors que Voldemort protestait en affirmant qu'il était une âme complète. « Je prends part de vos choix et remarques. » Elle se tourna vers Voldemort, pathétique sur ses genoux. « Je ne peux te Juger complètement sans l'accord de ton âme complète. Si cela ne tenait qu'à moi, tu cesserais d'exister sur le champ. Ton existence est tout simplement contre-nature. »
« Non ! » S'écria Voldemort. « Non ! Je suis moi-même ! Un grand Sorcier, le plus grand Dark Lord de l'histoire ! »
Mais ses cris furent ignorés, tandis que le reste des spectateurs se demandaient de quoi Médée parlait. Ils espéraient obtenir des réponses. Mais Médée n'en donnerait pas. Ce n'était pas à elle de fournir des réponses.
« Bonjour, Thomas Gaunt. » La voix de Médée résonna dans la tête de Thomas et il sursauta : il aurait dû s'y attendre. « Tu m'as entendu, je ne peux Juger Voldemort sans conditions préalables. »
« Quelles sont-elles ? » Demanda Thomas, bien curieux mais un peu inquiet.
« Écoute bien ce que je vais te proposer, ton avenir dépend de ton choix. L'avenir de Voldemort dépend de ton choix. »
« My Lady, je ne suis pas un membre du jury. » Thomas commenta, inquiet de devoir faire le travail des membres du jury qui avaient refusé de répondre à la demande de Médée.
« Je ne te demande pas de Juger Voldemort. » Il entendit la douce voix de Médée éclater de rire. « Tu n'en as pas le pouvoir. Cependant, Voldemort et toi ne formaient qu'un à l'origine. »
« Mais…vous disiez plus tôt que je n'étais pas Voldemort. Vous m'avez déjà Jugé ! » Protesta Thomas, le cœur battant, terrifié que Médée le rejuge à nouveau et le traite d'indigne à la magie à cause des actions de Voldemort.
« J'ai déjà Jugé Thomas Gaunt, tu n'as rien à craindre. » Thomas soupira, rassuré. « Seulement, selon ton choix, je pourrais être amenée à te rejuger. »
« C'est-à-dire ? » Murmura doucement Thomas, prêt à paniquer à nouveau.
« Tout va bien, Thomas ? » La voix d'Enki intervint. « Tu me sembles bien pâle. »
Du coin de l'œil, Thomas vit Enki tourner la tête vers Médée, bien silencieuse, vers Voldemort, qui insultait tout le monde, rageur, puis vers lui, pâle comme un linge. Il comprit.
« Thomas, tu… »
« Enki. » Souffla Thomas, presque tremblant. « Je dois faire un choix. Un choix qui pourra tout changer, en bien comme en mal… »
« Je te l'ai dit, Thomas, quel que soit ton choix, je te suis. » Rassura Enki avec un petit rire. « Crois-moi, si tu deviens mégalomane ou sans magie, je serais à tes côtés. »
Thomas ferma les yeux, de nouveau prêt à affronter Médée et les choix. Le soutien inconditionnel d'Enki le faisait vibrer. Il n'avait jamais connu ça. Il devait protéger ce lien. Il le devait.
« Je suis prêt à vous écouter. » Assura Thomas à Médée.
« Tom Riddle était un psychopathe. » Commença Médée et Thomas devait reconnaître qu'elle avait raison.
Dans sa jeunesse, il n'avait pas hésité à torturer, tuer, manipuler, s'amuser du malheur, de la douleur des autres. Et pour lui, ce n'était pas un problème. Pourtant, à présent, il ne ressentait plus vraiment ces envies, ces pulsions meurtrières (même s'il n'hésitait pas à tuer si la situation l'obligeait).
« Paradoxalement, le rituel d'Albus Dumbledore, incomplet, a eu pour effet de séparer la partie de psychopathe de ton âme et ta partie rationnelle, humaine. » Médée poursuivit. « Je te laisse deviner quelle partie de ton âme est laquelle. »
Voldemort était sa partie psychopathe, cela ne faisait aucun doute. Il ne savait pas s'il devait être rassuré ou non d'avoir été guéri d'une maladie mentale à cause d'un rituel incomplet d'un vieil homme rempli d'idéologie foireuse. Il fallait croire qu'il existait des côtés positifs et négatifs un peu partout. Peut-être que si Dumbledore n'avait jamais séparé son âme, Tom Riddle serait devenu un Dark Lord bien plus dangereux, plus fou que Voldemort. Qui sait ? Personne ne pouvait savoir.
« Mais un problème subsiste… » Continua Médée, attristée. « Séparer une âme de cette manière engendre de terribles répercussions sur les deux âmes. »
« Quelles sont ces répercussions ? » Murmura Thomas, la peur rongeant son ventre.
Allait-il mourir ? Était-il malade à cause de ce rituel ? Avait-il perdu une partie de sa mémoire ? Il l'ignorait et cela le terrifiait de ne rien savoir.
« Ton espérance de vie a été réduite de moitié. » Expliqua Médée. « Ta mort sera prématurée si tu restes Thomas Gaunt. Si tu veux retrouver ton espérance de vie, il te faudra réabsorber l'âme de Voldemort et tu redeviendras Tom Riddle. »
« Mon choix est… »
« C'est exact. Ton choix est de savoir si tu ne veux faire qu'un avec Voldemort. Toi seul peux choisir. »
Thomas avala difficilement sa salive . Depuis qu'il avait fait face à la mort humaine la première fois de sa vie, pendant son enfance, lorsqu'il avait poussé son harceleur du toit, il avait compris à quel point la vie était fragile. Doucement, cette petite peur enfantine de la mort se développa. Mais que pouvait-il faire ? Il n'était qu'un enfant fragile avec des dons étranges. Mais…mais le monde magique lui avait ouvert les yeux. Quelque part, il devait exister un moyen de vivre éternellement, de ne plus craindre sa propre fragilité ! Et cette peur, cette envie d'immortalité, était devenue une obsession. Cette obsession avait continué pour Voldemort, lorsque Dumbledore avait séparé son âme.
Et maintenant ? Voulait-il toujours vivre éternellement ? Devait-il toujours craindre la mort ? En avait-il peur à l'image de Voldemort ? Thomas se retrouvait pour la première fois depuis longtemps face à sa propre fragilité : son espérance de vie était réduite de moitié. Il ne vivrait jamais vieux. Jamais. Il se rendit compte que la recherche d'immortalité n'était plus une obsession pour lui, juste un désir lointain, semblant provenir d'une autre vie. Alors…devait-il réellement redevenir Tom Riddle ? Il devait savoir…il devait en savoir plus…il était difficile de faire un tel choix : sacrifier son espérance de vie ou devenir un homme qu'il avait abandonné des années plus tôt afin de vivre pleinement ?
« Je…si je choisis de redevenir Tom Riddle, que je choisis de redevenir celui que j'aurais dû être, que se passerait-il ? » Demanda Thomas en clignant des yeux.
« Tu es perspicace. Ton choix a bien des conséquences. » Le complimenta Médée avec un fin sourire. « J'ai Jugé Thomas Gaunt, je n'ai pas Jugé Tom Riddle. Si tu redeviens Tom Riddle, les crimes de Voldemort deviennent les tiens, tu redeviendras le psychopathe que tu étais. »
Le sous-entendu était suffisamment clair : s'il devenait Tom Riddle, il serait à nouveau Jugé et sa magie lui sera probablement retirée. De la sueur coulait le long de son front. Pour son espérance de vie…pour retrouver toute son âme…il redeviendrait un psychopathe pour perdre instantanément sa magie. C'était une punition plus qu'autre chose…mais…cela en valait-il le coût ? S'il obtenait de nouveau toute son espérance de vie, même sans magie, il pourrait tout reconstruire. Et s'il en croyait la volonté de Médée, le monde magique et non-magique ne feraient plus qu'un, comme elle le souhaitait. Sinon pourquoi faire un tel Jugement ?
Alors, Thomas pourrait reconstruire sa vie et trouver un moyen de devenir ce qu'il souhaitait : arriver dans les plus hautes sphères du gouvernement et changer le monde. Et Enki…Enki avait promis de rester avec lui quel que fût son choix, même s'il n'avait plus de magie, plus rien. Cependant, il restait un problème. Tom Riddle était un psychopathe isolé, sans amis ou famille. Juste seul et sans attache. Paradoxalement, le rituel de Dumbledore l'avait sauvé de cette situation (peut-être que Tom Riddle serait tout de même devenu Voldemort avec son obsession pour l'immortalité ?). S'il redevenait Tom Riddle…n'abandonnerait-il pas Enki ? Ne lui ferait-il pas du mal ? Non. Thomas refusait de faire du mal à son seul et unique ami. Non, il ne pourrait pas. Mais…en refusant d'être Tom Riddle…que deviendrait Voldemort ? Perdrait-il sa magie ?
« Et si je décide de rester Thomas Gaunt et de renier Voldemort ? » Souffla difficilement Thomas en repensant à son espérance de vie réduite. « Hormis mon espérance de vie. »
« L'existence de Voldemort est contre-nature. » Expliqua gentiment Médée. « Contrairement à toi, son âme ne peut vivre normalement. Toi, Thomas, tu es l'âme principale, sans la part de Voldemort, tu peux vivre. Mais lui…lui a perdu toute notion et compréhension de la vie. Son existence détruit la balance de la magie. Si tu refuses de ne faire qu'un avec lui, l'âme de Voldemort sera tout simplement éradiquée. C'est pour cette raison que ton espérance de vie sera réduite car Voldemort reste une partie de ton âme. » Elle fit une brève pause. « Choisis bien, mon enfant. »
Si Thomas redevenait Tom Riddle…il redeviendrait un psychopathe avide de pouvoir. Et Enki…non…Thomas ne voulait plus être seul. Plus jamais. Qu'importe si son espérance de vie est en jeu. Il avait Enki. Enki qui lui avait promis de rester avec lui quoiqu'il arrive, Enki qui avait fait en sorte qu'il redevienne humain, Enki qui lui avait permis de se reconstruire, de prendre du recul sur ses traumas…Et redevenir Tom Riddle signifiait une chose : détruire ce qu'il était devenu et abandonner cette amitié lui étant si chère. Non. Non. Thomas prit une grosse inspiration et il regarda Médée dans les yeux. Ses yeux étoilés omniscients semblaient le transpercer. Elle connaissait déjà son choix depuis le départ, réalisa Thomas. Elle n'avait fait que le tester. Oh. Thomas sourit enfin. Il avait fait son choix.
« Je suis Thomas Gaunt et je resterai Thomas Gaunt. » Affirma-t-il avec férocité.
« Ainsi soit-il, mon enfant. » Rit Médée. « Tu es Thomas Gaunt. »
L'affirmation de Médée lui fit un bien fou. Thomas souffrait d'une légère crise d'identité depuis sa « résurrection » (il remerciait toujours la pauvre Ginny Weasley pour son sacrifice). Était-il Voldemort ? Tom Riddle ? Ou Thomas Gaunt ? En fonction des jours, il se questionnait. Le point culminant était l'attaque de Voldemort à Azkaban et son combat contre lui. Lorsque ce monstre avait été battu, il s'était cru libre, prêt à affronter une nouvelle vie. Apparemment, il n'avait pas encore vaincu sa crise identitaire : le Jugement avait tout remis en question. Mais maintenant…maintenant Médée affirmait qu'il était Thomas Gaunt. Il était bien lui. Il n'était pas Tom Riddle, il n'était pas Voldemort. Il était lui. Lui. Même s'il ne vivrait pas vieux, il se sentait libre. Réellement libre d'un point qui pesait sur ses épaules.
Ah. Quand tout serait fini, il câlinerait Enki (en faisant en sorte que personne ne le voit : il avait une réputation à préserver). C'était grâce à lui, grâce à ses efforts que Thomas commençait à guérir. Thomas se promit de tout faire pour rester celui qu'il était pour honorer Enki. Oui. Il le ferait pour lui.
« Tu possèdes une très belle amitié, jeune homme. Tu dois en prendre soin. » S'amusa Médée avec tendresse.
« Je le ferai, n'en doutez pas. »
« Oh, mais je n'en doute pas. Pas du tout. »
Et la voix de Médée, sa présence, disparut de son esprit et Thomas se retrouva à nouveau seul, savourant sa victoire face à lui-même, savourant sa liberté.
« Thomas ? » Il tourna la tête vers Enki, inquiet pour lui. « Tu as fait ton choix ? »
Thomas voulait rire et pleurer devant l'inquiétude sincère de son meilleur ami. Oui. Oui, il était bien libre du cauchemar qu'était Voldemort. Il était lui-même et personne d'autre.
« Oh, Enki. Oui, j'ai fait mon choix. Le bon. »
« Bien. » Fit simplement Enki comme s'il n'avait jamais douté de son choix, ce qui devait être le cas.
Enki avait tellement foi en lui. Thomas sourit. Oui, il devrait le remercier. Il écouterait Médée et chérirait son amitié pour toujours. La question de son espérance de vie serait pour un autre jour. La moitié d'une vie. Il avait le temps de faire tellement de chose et d'accomplir son objectif en restant en compagnie d'Enki. C'était tout ce qui comptait.
« Le choix a été fait. » Clama Médée qui avait tourné son regard sur la forme agenouillée de Voldemort, qui continuait à se débattre. « L'autre partie de ton âme ne veut pas de toi. Ton sort est scellé. »
« Non ! » Cria Voldemort. « Je suis Lord Voldemort ! Personne ne peut… »
« Ton existence n'est pas nécessaire. » Coupa la déesse. « Va, que ton âme soit éradiquée. Ainsi soit-il. »
Médée frappa dans ses mains. Thomas observa avec intensité et satisfaction la forme de Voldemort disparaitre petit à petit, en commençant par ses jambes. Avec horreur, Voldemort cria, se débattit, hurla. Thomas se rendit compte que Médée, par une sorte de couverture magique chaleureuse l'entourant, le protégeait de la douleur de voir une partie de son âme se faire éradiquer sous ses yeux.
« Non ! Non ! »
Et juste comme ça, il disparut à tout jamais. L'estrade était vide. La menace que représentait Voldemort n'était plu. Et Thomas était libre. C'était fini. Son âme était en paix. Il pourrait débuter sa nouvelle vie sans crainte.
Le Jugement marqua la fin d'une ère et le début d'une nouvelle.
OoO
Et voilà ! Ce chapitre a été un enfer à écrire, bien plus que tous les autres. Je ne savais pas comment écrire une scène de Jugement sans la rendre ennuyeuse. Je pense avoir réussi. Ma bêta m'a beaucoup aidée pour ce chapitre ! Ses conseils ont été très instructifs !
J'espère que l'apparition de Médée a été suffisamment classe ! J'ai adoré écrire le choix de Thomas ! Le pauvre souffre d'une crise identitaire !
En ce qui concerne les membres du jury, j'écrirai un petit bonus afin de vous donner une petite explication de leur histoire ! J'ai tout ce qu'il faut ! Certains membres du jury n'ont pas été évoqués mais ils sont intervenus pendant les très nombreux Jugements. Beaucoup de personnes, autant des Créatures, des Muggles et des Sorciers ont été jugés de cette manière. Je trouve que mes membres du jury sont très classes ! Pour cette simple raison, je ne veux pas qu'ils soient oubliés donc voilà ! Le bonus sera mis en ligne avec l'épilogue ou après. Qui sait ?
Il ne reste qu'un chapitre puis l'épilogue ! L'histoire touche à sa fin après tant d'années ! Youpi ! Le prochain chapitre sera un peu spécial : on va suivre plusieurs personnes après le Jugement, voir ce qu'ils deviennent dans ce nouveau monde !
A bientôt !
