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Partie 4 :

Chapitre 39 :

Dernière danse

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« Jurez-vous de servir notre pays avec honneur, sans répit ? »

« Je le jure. »

« Jurez-vous rester à l'écoute de notre peuple ? »

« Je le jure. »

« Que notre Mère nous prenne à témoin, accueillons notre nouveau Ministre de la Magie, Thomas Gaunt, figure d'une nouvelle ère ! » Déclara Amélia Bones à la foule. « Lord Gaunt, Monsieur le Ministre, relevez-vous ! »

Thomas sourit intérieurement mais garda un visage impassible, sérieux et déterminé. Il voulait montrer son envie profonde de servir et représenter le peuple magique anglais, Sorciers comme Créatures Magiques, au sein de ce nouveau monde. A genoux devant Amélia Bones, venant tout juste de prêter serment, il se releva sous les applaudissements de la foule. De nombreux êtres magiques envoyèrent des feux d'artifices, sous le regard impressionné et émerveillé des êtres non-magiques. Oui. Un nouveau monde s'offrait à eux, mélangeant magie et technologie, mêlant êtres magiques et non-magiques, quelque chose que personne n'aurait cru possible avant l'arrivée de Médée.

De nombreuses personnes vinrent le complimenter, d'autres vinrent lui faire les yeux doux dans le souhait d'obtenir un poste haut placé. Mais Thomas se fichait pas mal de ces beaux discours. Il voulait devenir Ministre de la Magie pour faire avancer les choses, pas pour qu'on lui lèche les bottes. Surtout que maintenant, il avait beaucoup à faire : il devait notamment réorganiser toute l'organisation du gouvernement magique pour donner une place aux Créatures Magiques, prendre en considération les relations avec le gouvernement non-magique anglais (il devait aider les anciens êtres magiques devenus non-magiques à s'intégrer à un monde non-magique), sans oublier que toutes les relations internationales seraient à reconstruire.

L'ONU s'arrachait les cheveux pour savoir comment considérer les peuples magiques : étaient-ils des « Etats » à part ? Ou faisaient-ils partie d'un seul Etat ? C'était la grande question : par exemple, le peuple magique anglais faisait-il partie du Royaume-Uni soumis à la politique du Premier Ministre anglais ou était-il soumis seulement au ministère magique anglais, formant deux entités parallèles ? Chaque Etat non-magique du monde devait engager des négociations avec leurs homologues magiques afin de savoir comment ils allaient être traités. Certains pays, notamment en Asie ou en Amérique Latine, proches de leurs folklore et de leurs croyances, avaient plus facilement pu s'approcher du monde magique et entamer les premières relations commerciales, économiques et politiques. Cependant, ces relations étaient plus difficiles à appréhender dans les pays occidentaux qui considéraient justement leurs mythes comme des histoires. Les ministres de la magie occidentaux devaient donc travailler plus férocement pour se faire accepter.

Dans tous les cas, si des personnes non-magiques avaient peur de la magie, des Créatures, des différences, aucune attaque raciste ou religieuse n'avait encore été notée (quelques insultes et tensions existaient mais c'était normal : des tensions concernant les différences avaient toujours existé). En effet, la menace que représentait Médée calmait rapidement le jeu. Personne ne voulait subir sa colère, le Jugement avait été très efficace sur ce point. L'arrivée de Médée avait notamment chamboulé toutes les croyances existantes et les religions étaient sens dessus-dessous. Mais Thomas ne croyait qu'en Médée, comme tous les êtres magiques. Il n'était pas là pour discuter religion, il avait suffisamment à faire avec la politique. Si un problème religieux entre leurs communautés survenait un jour, il enverrait un Muggle-Born ou un Sang-Mêlé connaissant les religions pour régler les tensions.

Thomas sourit donc à son entourage et décida de faire un léger discours (assez court : plus un discours est court, plus les gens s'en souviennent) afin d'expliquer son programme et ses ambitions d'intégration. Il indiqua que dans quelques jours, il nommerait les différents Directeurs de départements, les équivalents des ministères, qui l'épauleraient pendant son mandat. Thomas ajouta qu'il voulait inclure la diversité, autant au niveau des opinions que des races. Le ministère était celui de la magie, après tout. Ce n'était pas le ministère des Sorciers. Il fut de nouveau applaudi, notamment par les Créatures Magiques qui pouvaient enfin prendre part aux opinions les concernant.

Pour le moment, Thomas décida de ne pas inclure de non-magiques. Il travaillerait sur ce point accompagné par le gouvernement anglais non-magique. Peut-être qu'il devrait créer un Département chargé des relations non-magiques où le personnel serait un mélange d'êtres magiques et non-magiques. Oui, c'était une excellente idée. Mais chaque chose en son temps. Pour le moment, il venait tout juste d'être nommé Ministre de la Magie. Il devait juste fêter sa victoire.

Ses yeux tombèrent sur les membres de son parti politique qui applaudissaient fièrement. Étant des Lords et Ladies, ils restèrent dignes, le dos droit, immobiles derrière lui. Il préféra ne pas s'attarder sur ses alliés proches (peut-être qu'un jour il pourrait les considérer comme des amis ?). Un mouvement attira son attention. Entre Lady Claudia Nott et Nathaniel Morgan (en visite en Angleterre comme ambassadeur allemand : être membre du jury pendant le Jugement avait conféré une grande notoriété au pauvre paléographe), il aperçut Enki. Le voyant arborer un immense sourire heureux et fier de sa victoire, de l'aboutissement de son objectif. Thomas se sentit voler pendant un instant. Le soutien incommensurable de son meilleur ami l'avait vraiment fortifié. Il tâcherait de faire de lui son plus proche conseiller, il avait besoin de lui. Enki lui fit un geste de la main, lui demandant de le rejoindre.

Oui, décida-t-il, il s'occuperait de la politique demain.

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« Mes grands-parents m'ont conseillé ce restaurant. » Indiqua Blaise en pointant du doigt la devanture lumineuse d'un magnifique restaurant, le Vun Andrea Aprea, situé à Milan. « L'un des meilleurs d'Italie. »

Avec sa main droite, il tenait délicatement Harry, comme s'il était un précieux trésor. Le jeune Mage lui offrit un doux sourire, heureux d'être seul avec son petit-ami. Ah. Blaise soupira, soulagé d'être loin de Ron. A chaque fois qu'il était proche d'Harry, Ron n'était pas loin, à les surveiller. Pour cette raison, il avait demandé conseil à ses grands-parents qui l'avaient guidé vers un restaurant, dans un autre pays. Puis il avait « kidnappé » Harry sans que Ron ne puisse les suivre. Pour une fois, ils auraient un rendez-vous en paix ! Il pouvait même voir qu'Harry était excité d'être en tête à tête. Le petit brun serra sa main, heureux.

« Allons-y, j'ai réservé. » Indiqua Blaise, guidant Harry derrière lui.

« Vraiment ? » S'amusa Harry mais Blaise pouvait voir qu'il était embarrassé.

« Il faut bien que je mette à profit ma fortune. » Blaise répondit par un rire et Harry gloussa. « Après tout, si on peut bien manger, pourquoi se priver ? »

« Surtout que la nourriture italienne est réputée ? » Taquina Harry.

« Bien meilleure que la nourriture anglaise ! Beurk, le pudding…j'arrive toujours pas à en avaler… » Grimaça Blaise, tirant la langue comme un enfant, ce qui contrastait avec ses vêtements et sa posture nobles. « Comment fais-tu pour en manger ? »

« L'habitude, Blaise, l'habitude… » Harry ricana et poussa doucement Blaise vers le restaurant.

C'était toujours impressionnant de voir Harry se déplacer normalement malgré sa cécité. Blaise avait parfois du mal à croire qu'il était réellement aveugle. Puis, il se souvint des plaintes de Ron au sujet de peintures et Blaise comprit : Harry n'avait aucun mal à se déplacer mais il ne pouvait pas lire, écrire et encore moins peindre. Logique.

Le duo se retrouva devant le restaurant et un serveur les amena à leur table. Blaise remarqua, avec beaucoup d'admiration, que plusieurs clients n'étaient pas humains et que certains serveurs utilisaient la magie pour les aider dans leur travail. L'intégration de la magie au monde non-magique se déroulaient sous ses yeux. C'était…c'était une expérience qu'il n'aurait jamais cru observer un jour. Il n'avait cru que les deux mondes auraient pu coexister.

« C'est beau, n'est-ce pas ? » Murmura Harry dans son oreille alors que le petit Mage semblait voir des choses que personne ne pouvait voir, ce qui devait être le cas. « Toutes ces auras, cette magie…jamais le monde ne m'a semblé aussi clair, aussi…vivant… »

Ses yeux émeraudes étaient larges, brillants de joie, ce qui coupa le souffle de Blaise. Si le monde était devenu un rêve éveillé, les yeux de son petit-ami étaient autre chose, bien plus beaux. Blaise était totalement perdu, il était foutu (il pouvait déjà entendre Pansy et ses grands-parents le taquiner). Sa main serra un objet dans sa poche et se sentit un peu nerveux. Mais il ravala sa nervosité pour ne pas inquiéter Harry.

« Oui, c'est magnifique. » Finit par dire Blaise alors qu'il regardait le menu pour Harry et lui. « C'est…je n'aurait jamais pensé qu'un jour on vivrait tous de cette manière…que nos préjugés seraient autant confrontés à une réalité qui n'est pas celle que nous croyons… »

« Et tu aimes ça ? Cette nouvelle réalité ? » Demanda Harry en pointant un plat que venait de décrire Blaise.

« C'est déroutant. » Expliqua l'italien, cherchant à mettre des mots sur ce qu'il ressentait de toute cette situation inédite. « Il faut réapprendre à vivre, de manière différente. Tout est à refaire, à reconstruire, à réorganiser. Je suis souvent confus par la technologie non-magique mais c'est amusant. Je crois ? Je n'ai jamais vu ma mère ou mes grands-parents aussi enthousiastes. »

« Enthousiastes ? » Harry plissa des sourcils, curieux après qu'un serveur vint prendre leur commande.

« Oui. Ils peuvent élargir le business familial. » Blaise roula des yeux. « Autrement dit, ils sont heureux d'avoir plus de mains-d'œuvre et d'argent pour remplir nos comptes. »

Bianca avait même fait une fête privée lorsqu'elle avait compris que la mafia magique pouvait intégrer la mafia non-magique, aussi influente que leur réseau. Autant dire que de nouvelles relations entre plusieurs clans allaient faire des ravages. Blaise soupira et préféra ne rien dire. Pour le moment. Après tout, il n'hériterait pas du business familial avant un bon moment. Sa mère préférait tout gérer.

« Je préfère ne pas trop savoir. Tes secrets de famille sont tes histoires. » Sourit Harry qui ne voulait pas trop connaître ses relations mafieuses pour le moment : il avait bien trop de choses à faire. « Oh, merci. » Dit-il au serveur qui venait de déposer leur plat. « A quoi cela ressemble-t-il ? »

Blaise lui décrivit les plats, les couleurs, les formes. Et ils goûtèrent. C'était excellent. Blaise se félicita de les avoir amenés à Milan, pour un weekend. Un parfait weekend qu'il avait organisé dans les moindres détails. C'était son cadeau pour l'anniversaire d'Harry (officieusement, pour ne pas attirer l'attention de Ron, il n'avait jamais rien dit : c'était une surprise).

« Harry, j'aimerais…as-tu un objet précieux appartenant à tes parents ? »

Le Mage et le Sorcier (Blaise avait été Jugé digne de garder sa magie par Médée) se promenaient doucement dans les rues illuminées de la ville. Des spectacles de rue, que ce soient de la musique, de la magie ou autres, et les rires et les applaudissements des passants rendaient la promenade vivante. Personne n'avait reconnu Harry, caché par sa magie. A son arrivée à Milan, il avait été reconnu par de nombreux passants (après tout, tout le monde avait subi le Jugement et vu les membres du Jury qui étaient devenus très connus, considérés comme des représentants de Médée). Alors Harry s'était protégé avec sa puissante magie, ainsi que Blaise, pour qu'ils puissent être tranquilles durant leur weekend.

« Un objet précieux ? » S'étonna Harry qui plaça un doigt sur son menton, en pleine réflexion. « Quel type d'objet ? »

« N'importe lequel, tant que c'était précieux pour tes parents. »

« Maintenant ? » Blaise hocha la tête en réponse à la question d'Harry. « Mmh. Je connais pas beaucoup la vie de mes parents mais d'après les histoire de Sirius ou encore de Snape, mon père adorait sa cape d'invisibilité ou une carte spéciale. Ma mère…ma mère adorait son livre de photos. »

Blaise sourit tristement en entendant la tristesse dans la voix d'Harry. Ne pas connaître ses parents, c'était douloureux. Blaise se rappelait de la mort de son père, la douleur que c'était de grandir sans lui. Doucement, il sera le bras d'Harry pour le consoler.

« Tu penses que tu peux invoquer l'un de ses objets ? » Demanda ensuite Blaise, après un moment de silence, alors qu'il dépassait un groupe de pixies jouant avec des enfants non-magiques.

« Je crois, oui. » Harry semblait confus. « Tu les veux maintenant ou… ? »

« Quand on sera bien tranquilles dans notre chambre d'hôtel. »

Le couple rejoignit rapidement ladite chambre d'hôtel, qui était plus une suite d'un grand palace. Harry se laissa tomber d'un l'un des fauteuils bien confortable et soupira d'aise, fermant les yeux. Blaise ricana et déposa ses affaires sur la petite table en verre et s'assit dignement à côté d'Harry.

« Parfois, j'aimerais bien voir là où je dors. » Soupira Harry réouvrant ses paupières. « Si ce fauteuil est aussi confortable, j'imagine que cette suite est superbe ! »

« Je peux te la décrire, tu sais. »

« Non, non, je veux laisser mon imagination travailler un peu. » Déclina Harry en secouant la tête. « De toute manière, je peux « voir » l'aura des meubles, je ne vais pas tomber, ça me suffit. »

« Mmh. » Blaise se contenta de sortir la petite boîte de sa poche, bien nerveux.

« Ah. » Fit soudain Harry en se redressant. « Tu veux un objet de mes parents. Un de mon père ou de ma mère ? »

« Peut-être ta mère ? »

Blaise savait que Lily Potter, d'après les histoires qu'il avait entendues, surtout de Snape, était très ouverte d'esprit, en plus d'être puissante et aimante, bien que ses colères soient légendaires. James Potter, également puissant, avait la réputation de maraudeur (et Snape semblait le détester), à la limite du harcèlement. Il semblait beaucoup plus fermé d'esprit. Mais Black, avant qu'il ne devienne totalement fou, avait indiqué que James avait été élevé dans un milieu très pro-Sorciers Blancs, ne voyant les autres que comme des Sorciers méchants. Son éducation l'avait formé à penser d'une telle manière. Mais avant sa mort, toujours d'après Sirius, plus mature à cause de la guerre, il avait commencé à se développer, à trouver ses propres idées. Il avait même l'intention de parler à Snape pour s'excuser (mais de quoi, Blaise ne savait pas). Dans tous les cas, Blaise préférait un objet de Lily Potter, il serait moins intimidé.

Harry hocha la tête, toujours confus, avant de claquer des doigts. Doucement, un album photo apparut entre les mains du jeune Mage. Blaise ne put que savourer et admirer la puissance magique que possédait un Mage. Faire apparaître un objet, sans baguette, qui devait se situer à plusieurs milliers de kilomètres était un exploit dont peu seraient capables. Absolument fascinant !

« Tu veux…regarder ? » Demanda timidement Harry en caressant l'album avec soin.

Blaise sourit et approuva. Les deux passèrent l'heure suivante à éplucher tout l'album qui contenait des photos non-magiques de Lily enfant (avec des photos de Snape, Pétunia et les grands-parents qu'Harry n'avait jamais connus). Il y avait également des photos de James, enfant, des photos de la période d'Hogwarts, avec la famille, les amis, parfois de simples connaissances. Puis, il y avait les photos du mariage des Potter, de bébé Harry. C'étaient des jours heureux, malgré la guerre contre Voldemort (il y avait même des photos de Dumbledore portant un petit Harry). Blaise décrivit les photos à Harry qui raconta les quelques histoires derrière les photos qu'il connaissait. C'était touchant et réconfortant (les deux avaient parfois les larmes aux yeux, de rire, de joie mais aussi de tristesse).

« Au fait, pourquoi un objet ? » Finit par demander Harry.

« J'ai 18 ans depuis quelques mois. » Informa Blaise à Harry qui hocha simplement la tête. « Je m'entraîne avec ma mère pour…pour utiliser le pouvoir de la Brume. »

« Oh… » Harry écarquilla les yeux, réalisant ce que voulait faire Blaise. « Tu veux… »

« Oui. Je le veux. » Blaise sourit.

Harry sanglota et se jeta dans les bras de Blaise, le remerciant encore et encore pour ce cadeau incroyable et improbable. Oui, Harry n'avait plus de souvenirs de sa mère, seulement des histoires. Même si le pouvoir de la Brume n'invoquait que l'âme d'un défunt, c'était suffisant pour beaucoup. Bien sûr, Blaise commençait tout juste à maîtriser son don. Il ne pourrait invoquer l'âme de Lily que pour un temps très court, seulement quelques minutes.

« Je veux invoquer l'âme de ta mère pour qu'elle puisse te parler ! Surtout…je veux lui demander… » Continua doucement Blaise en serrant Harry contre lui.

Blaise souffla, nerveux, tremblant, hésitant. Ses mains étaient moites et il était sûr qu'il transpirait abondamment. C'était le jour le plus stressant, bien plus que le jour où Azkaban avait été envahi, bien plus que le Jugement !

« Blaise ? »

« J'aimerais lui demander la permission de t'épouser… » Souffla Blaise agrippant la boite contenant une bague de fiançailles.

« Oui ! » S'écria Harry, fou de joie, pleurant et riant en même temps.

Oui, se dit Blaise avec un immense sourire heureux, c'était le plus beau jour de sa vie.

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« Tu sais, tu vas prendre racine si tu restes assis par terre. » Pesta Solange, la souris qui s'était liée d'amitié avec Ron pendant son entraînement.

Ron souffla, agacé par l'interruption de son amie ? Animal de compagnie ? Il secoua la tête pour continuer à fixer la tombe des jumeaux Weasley (et de Ginny), installée dans le cimetière familial des Prewett. Il ne voulait pas que ses frères et sœur soient associés à la trahison des Weasley. Aujourd'hui, un an après la mort de Fred (son cœur se serra de douleur et son esprit l'insulta de ne pas être arrivé à temps pour les sauver), il se recueillait sur leur tombe.

Ce n'était pas un jour joyeux mais il préférait se rappeler des bons moments qu'il avait vécus avec eux. Il ne voulait pas passer sa vie à pleurer, il devait avancer, aller de l'avant, comme Harry, qui préparait son mariage avec Blaise et la famille Zabini. Habituellement, il devrait rouspéter contre Blaise et aider à la préparation du mariage, qui devait se passer l'année suivante (la préparation prenait du temps à cause de toute la réorganisation du nouveau monde), mais Harry l'avait forcé à sortir pour prendre l'air ce jour. Son adorable petit frère, inquiet, lui avait demandé s'il devait l'accompagner, mais Ron avait secoué la tête. Harry avait raison, il devait prendre un peu de temps pour lui, seul, à se remémorer le passé. C'était la dernière étape de son deuil. Il devait aller de l'avant sans oublier le passé. Mais pour cela, il devait être seul. Il remercierait plus tard toutes les personnes ayant été présentes avec lui, pour l'accompagner.

« Solange, je dois prendre sur moi. » Indiqua Ron, passant ses mains sur le sol boueux. « Je viendrai honorer ma famille tous les ans, à cette date. Je ne resterai sûrement pas aussi longtemps. »

Sur la pierre tombale, des fleurs bien entretenues s'épanouissaient, se penchant à la venue de la brise. C'était paisible et reposant, comme on pouvait s'attendre d'un cimetière sorcier.

« Mais t'es vraiment obligé de m'embarquer ? » Se plaignit Solange en trottinant sur l'épaule de Ron. « J'aurais pu rester avec Sa'ha… »

Paradoxalement, Solange était devenue amie avec une vipère magique…Sa'ha semblait absolument heureuse de prendre le « thé » avec une souris. Ron était toujours perplexe face à cette amitié. Mais bon, il ne disait rien. En effet, le pouvoir d'invisibilité et le poison de Sa'ha avaient joué un rôle essentiel dans le combat contre Voldemort. Cela avait permis de sauver Harry, et Ron lui en était reconnaissant.

« Alors, pourquoi t'es avec moi ? » Rétorqua Ron, roulant des yeux.

« Parce qu'Harry semblait s'inquiéter pour toi. »

« Évidemment, tu préfères Harry à moi alors qu'il ne peut même pas te comprendre. » Ronchonna le jeune Mage, en faisant la moue. « Tout le monde préfère la bouille adorable d'Harry… » Continua-t-il en anglais.

« C'est parce que t'as un sale caractère. » Fit une voix venant de derrière lui, ce qui le fit sursauter. « Mais j'aime bien ce caractère. »

« Daphné. » Salua Ron avec un sourire en voyant la magnifique blonde s'approcher. « Ravi de te voir. Surpris, aussi. »

« Harry m'a contacté. » Expliqua la jolie blonde avec un très fin sourire, équivalent à un sourire resplendissant. « Il est inquiet pour toi et s'en veut de ne pas être avec toi aujourd'hui. Il m'a littéralement harcelée pour que je vienne. Bonjour Solange. »

Daphné posa un doigt sur la tête de Solange qui aurait pu ronronner si elle le pouvait. Ron soupira simplement. Évidemment qu'Harry s'inquiéterait pour lui quoiqu'il arrive et qu'il contacterait quelqu'un pour l'accompagner. Le sale gosse. Mmh. Daphné avait raison, il avait vraiment un sale caractère. Daphné s'approcha de lui, utilisa sa baguette pour faire apparaître un drap et s'assit proprement sur le tissu. Elle observa la tombe pendant un bref instant avant d'agiter à nouveau sa baguette et faire apparaître des fleurs.

« Puissiez-vous reposer en paix. » Annonça-t-elle doucement. « Et que Médée veille sur vous. »

Emu, Ron sentit des larmes se former aux coins de ses yeux. Rapidement, il les fit disparaître. Il en avait assez de pleurer. Il devait avancer, se répéta-t-il.

« Merci. » Fit seulement Ron. « Merci, Daphné. »

Elle lui répondit par un simple petit sourire. Puis les deux restèrent silencieux pendant les minutes suivantes. Le vent balayait leur visage. Ron ferma les yeux et imagina un monde où ses parents, sa famille serait en vie, unie et aimante. C'était un regret qu'il possédait toujours et difficile à avaler. Mais plus le temps passait, plus il se faisait à l'idée qu'il avait une autre famille, une meilleure famille. Il avait créé une nouvelle famille au détriment de l'ancienne. Il était le dernier Prewett, le dernier Weasley. Oh. Il comprenait vraiment la douleur d'Harry, de savoir qu'il était lui-même le dernier Potter. Le deuil était une chose complexe. Vraiment.

« Ron. » Daphné finit par rompre le silence. « Je suis désolée. »

« Pourquoi ? » Le rouquin fronça des sourcils. « Tu n'as pas à être désolée. »

« Non, s'il te plait, laisse-moi m'excuser. » Daphné se tourna totalement vers lui. « Je t'ai ignoré pendant que tu étais avec…avec Draco. » En disant son nom, elle trembla et Ron prit une grande inspiration. « J'étais, tu sais, jalouse. Contre toi, contre Draco. Mon combat contre Granger m'a remis les idées en place, j'ai compris que j'ai agi méchamment. Je voulais m'excuser mais quand je suis revenue à moi, dans la salle d'hôpital, c'était déjà… »

Daphné se tut, ne sachant quoi dire, les larmes aux yeux.

« Déjà trop tard. » Souffla Ron, compréhensif.

« Draco était mon ami. Il était plus proche de Théo que de moi mais il restait un ami proche que je connaissais depuis mon enfance. » Daphné baissa son visage vers les fleurs. « La jalousie…c'est stupide quand on y pense, non ? » Elle rit faiblement. « A cause de ce qu'a fait Granger et Longbottom à ma sœur, à ma famille, je me suis réfugiée derrière des murs de glace. Je ne voulais pas montrer mes sentiments de peur d'être trahie, restant cachée derrière mes amis. Mais, tu es apparu, chamboulant tout en seulement quelques mois… »

Ron approuva avec un petit « mmh », écoutant la jeune fille, la jeune adulte, avec attention. Elle se confiait à lui comme il s'était confié à elle après la mort de Draco, après le Jugement, pleurant sur son épaule pendant des heures, pleurant ensemble un ami, un petit-ami, perdu. Un an après, elle s'ouvrait enfin.

« Tu sais, je croyais rester seule après que notre famille s'est retrouvée rejetée par tous. » Continua Daphné. « J'avais mal, intérieurement. Ma sœur, mon adorable et innocente petite sœur, ne pouvait pas mettre le bout de son nez dehors sans se faire insulter, huer, harceler…un jour…un jour elle a voulu mettre fin à ses jours. » Une larme coula le long de sa joue. « Elle a survécu. Tu sais comment ? Draco l'a vu. Il l'a vue sur le bord de cette fenêtre et il n'a pas hésité à la sauver. Il l'a sauvée ! Sauvée ! Et je le remercie en faisant quoi ? En l'ignorant par simple et stupide jalousie ! Je m'en veux tellement, tu sais. Tellement. »

Ron se pencha en avant pour placer son bras autour de ses épaules, la laissant sangloter. Solange sauta sur ses genoux et frotta son petit museau contre elle. Ron ne dit rien, il la laissa parler, sa présence comme seul confort.

« Après cette tentative, mes parents ont retiré Astoria d'Hogwarts pour appeler des médecins à l'étranger. Personne, en Angleterre, ne voulait être associé à notre famille, hormis nos vieux alliés. » Elle passa une main sur son visage, retirant rageusement ses larmes. « Et Pansy, Draco, Blaise, Théo…ils m'ont tendu la main, intégrée dans leur groupe d'amis. Draco…je n'ai jamais vraiment su comment le remercier, tu sais ? Jamais. »

« Parfois ne rien dire, être seulement présent suffit pour montrer son respect. » Remarqua doucement Ron, ému de parler de Draco, ses yeux posés sur Daphné, il parlait avec expérience (Harry l'avait accompagné pendant toutes les étapes de son deuil).

« Oui, oui. » Affirma Daphné dans un souffle coupé. « Mais cela n'empêche pas que ton arrivée…m'a fascinée. Et quand j'ai vu que Draco te portait aussi attention et en retour tu as accepté son attention…je me suis sentie à nouveau seule, comme avant. C'est stupide, je sais, Pansy m'a suffisamment botté les fesses avec ça. » Elle rit, avec un reniflement peu flatteur à ce souvenir. « Mais de vous voir ensemble…j'ai cru avoir encore perdu…jalouse et immature, voilà ce que je suis. »

« Ce que tu étais. » Contredit Ron, ferme. « Tu as reconnu tes torts, tu as grandi. Tu ne peux pas continuer à t'en vouloir, cela va te ronger et te dévorer de l'intérieur…Connaissant Draco, il te pardonnerait… »

« C'est le pire ! » S'écria furieusement Daphné. « Il m'aurait très certainement pardonnée ! Mais je ne peux pas me pardonner ! Parce que c'est trop tard ! J'ai réalisé trop tard ! Et maintenant, maintenant… » Elle éclata en sanglots.

Rapidement, Ron sentit également les larmes lui monter aux yeux. Les deux se serrèrent, l'un contre l'autre, pleurant. Cela lui remonta en mémoire ce douloureux souvenir d'un an plus tôt, la mort de Draco, son corps, sa rage contre Voldemort, son enterrement, la douleur de Narcissa et Lucius Malfoy…

« Je n'étais même pas présente le jour de sa mort… » Pleura Daphné. « J'étais coincée dans cette chambre d'hôpital, inutile… »

« J'étais présent et je n'ai rien pu faire, tu sais. » Souffla Ron en revoyant la scène sous ses yeux. « Il est mort…comme ça…devant moi…je me sentais si inutile…et après…Fred… »

Il se stoppa, ravala un sanglot alors que Daphné tremblait contre lui. Ses yeux glissèrent vers la tombe familiale, bien jolie, entretenue par la magie. Un oiseau pilla, un insecte vola devant lui.

« Tu crois que je suis maudit, condamné à voir les gens que j'aime mourir devant moi ? » Demanda enfin Ron à voix haute, ce qui fit sursauter Daphné.

« Non, tu n'es pas maudit ! » S'écria Daphné avec force, agrippant ses épaules pour le secouer.

« C'est ce que m'a dit Harry. » Sourit tristement le rouquin. « Mais…parfois j'ai du mal à y croire. Lui comme moi…on a tout perdu…tout. Mais lui…Harry est bien plus brave que moi, il a su se reconstruire. Je n'aime pas Blaise mais…Blaise est bon pour lui. Et moi…je suis incapable d'avancer sans reculer. Je suis bloqué dans le passé. Un jour peut-être, je pourrais avancer ? Mais maintenant ? Non. Je ne pense pas que je pourrais entamer une relation… »

C'était dur à dire, difficile, même. Il aimait Daphné comme il avait aimé Draco. Daphné était belle, froide, intelligente, mais aussi jalouse et immature, elle-même le disait. C'était une combattante qui avait vu sa vie être détruite sur de fausses accusations. Sa vie sociale avait été un enfer. Mais elle avait affronté ses démons, combattu et gagné contre Hermione. Oui, Ron l'admirait. L'aimait. Cependant…cependant il n'était pas capable de commencer et entretenir une relation pour le moment. Il se pensait maudit, condamné à perdre ceux qu'il aimait. Tant qu'il penserait comme ça, il refusait de débuter une relation. Il devait guérir, mentalement. Harry avait raison, il devrait consulter un psychologue (son petit frère lui-même avait eu des séances de thérapie).

« Un jour peut-être. » Poursuivit Ron en se tournant vers Daphné pour la serrer tendrement dans ses bras. « Je t'aime, tu sais, Daphné. Mais pas maintenant. C'est trop tôt. »

« Je sais. » Sourit doucement Daphné, le serrant en retour. « Attendons le bon moment ensemble. On a le temps. »

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« Directeur Ragnarök, vous êtes attendu. » Un Gobelin, un messager royal, s'agenouilla devant lui. « Notre Roi vous réclame. Lui et ses conseillers veulent discuter des conséquences et des résolutions en ce qui concerne le crash boursier. »

« Très bien, merci. » Indiqua Ragnarök avec un sourire aiguisé. « Informe notre Roi que je serais là d'ici quelques minutes le temps de prendre tous mes documents. »

« Je les informe de ce pas, Directeur. » Le Gobelin se releva, s'inclina, et disparut par une porte dérobée derrière un pilier.

Ragnarök se redressa sur sa chaise pour agripper un sac-sans-fond et y placer délicatement les dossiers importants. Cela faisait plusieurs mois qu'il faisait des rapports précis sur la situation économique du monde magique. Il attendait seulement d'être appelé par le Roi Gobelin afin de soumettre ses rapports au débat. La qualité de son travail était évidente et suscitait l'admiration. Il avait donc eu la chance d'être promu. Lui, Directeur de la branche anglaise de la banque Gringotts, il était devenu Directeur de la branche suisse.

La Suisse était l'épicentre du pouvoir économique et politique Gobelin. La capitale des Gobelins, la grotte principale où se trouvait le palais, avait été construite sous la Suisse il y a bien longtemps. L'influence gobeline s'était répercutée sur la Suisse non-magique, expliquant la richesse et le pouvoir d'achat du pays. Ragnarök était honoré d'avoir la direction de la branche la plus prestigieuse du monde magique (et désormais non-magique : les non-magiques avaient appris la réputation inébranlable des Gobelins et voulaient donc y placer leur argent, en toute confiance). Gringotts, depuis sa réouverture depuis le crash boursier et le Jugement, avait gagné en popularité. Les Sorciers avaient pris conscience de l'importance des Gobelins dans leur économie : il était nécessaire pour eux d'entretenir de bonnes relations avec eux. Le fait que Ragnarök ait été un membre du jury lors du Jugement avait beaucoup contribué à la notoriété de leur race.

Une Gobeline entra, la sœur d'Ironteeth, le nouveau Directeur de la branche anglaise. Godteeth, une belle Gobeline, selon leurs critères, s'approcha de Ragnarök avec vigueur. Elle sourit machiavéliquement, une idée en tête. Ragnarök soupira. Godteeth était sa stratège, une véritable guerrière réputée autant pour ses envies de meurtre que pour ses envies de kidnapper tous les bébés, qu'importait la race, qu'elle croisait (elle adorait les bébés qu'elle chouchoutait mais dès que l'enfant dépassait les trois ans, elle ne le calculait plus).

« Directeur. » Salua-t-elle alors que Ragnarök allait sortir de son bureau. « Suivez-moi, il vaut mieux éviter les rues bondées de notre si belle capitale ! Nous ne voudrions pas arriver en retard. Nos chers Gobelins veulent un autographe venant du célèbre Ragnarök ! Pouah, ils vont juste crier dans mes oreilles. »

« Dans ce cas, passons par les passages. » Ragnarök préféra ignorer les plaintes de sa collègue. « Après vous. »

« Si galant. » Se moqua Goldteeth, sachant très bien que Ragnarök n'était pas galant. « Vous complétez toutes les cases d'un héros de prophétie. »

Elle quitta la pièce par la porte dérobée en caquetant joyeusement et Ragnarök soupira, agacé. Elle avait raison sur un point. Ragnarök était l'Élu de la célèbre prophétie gobeline indiquant qu'un Gobelin naîtrait pour suivre la fin du monde, le Ragnarök, pour voir la construction d'un nouveau monde. Et il avait été témoin : il était membre du jury du Jugement, considéré par beaucoup comme l'un de ses représentants. Il était célèbre dans le monde magique et non-magique, le héros national de son peuple. S'il aimait la reconnaissance pour les bénéfices (l'argent et sa position), il détestait les demandes incessantes d'autographes. Il devait apprendre à vivre avec pour le bien de la population gobeline, surtout lorsqu'ils étaient devenus une des races les plus puissantes, ayant tout l'argent magique entre leurs doigts crochus. Bientôt, l'ONU allait les convoquer pour discuter de la monnaie et de l'économie internationale afin d'interconnecter l'économie magique et non-magique.

Oui, Ragnarök sourit dans les sombres couloirs menant à sa capitale souterraine, il avait accompli la prophétie. Le Ragnarök était terminé.

OoO

« Pansy, pose ce couteau ! » Cria Blaise alors qu'il courait derrière sa meilleure amie. « Non, on n'assassine pas les invités ! Pansy ! »

« Mouahahahahahah ! Je suis un être démoniaque ! » Rit Pansy, un sourire vil au lèvre, couteau en main, prête à se jeter sur sa proie.

Blaise souffla, posa ses mains sur ses genoux, épuisé de courir derrière Pansy depuis plusieurs longues minutes. Elle avait volé un couteau à la cuisine avec l'intention d'assassiner Théo et sa fiancée adorée, Padma Patil, sous prétexte qu'ils étaient trop mignons. Ce n'était pas une bonne raison !

« Tiens. » Quelqu'un lui donna un verre d'eau.

« Merci. » Il but d'un coup avant de tout recracher. « C'est quoi ça ? Ron ! »

« Tu sembles avoir des problèmes de poumons pour être à bout de souffle aussi rapidement. » S'amusa Ron avec un sourire diabolique. « Je t'ai juste donné un petit remontant. »

« Petit… » Blaise grogna et mit sa tête dans ses mains. « Je ne peux pas avoir la paix le jour de mon mariage ? »

« Oh ! Je vois Pansy découper ton gâteau de mariage, mmh, quel dommage, il semblait si bon… » Souffla Ron en pointant du doigt une direction.

« Pansy ! » Cria Blaise en se remettant à courir, laissant Ron rire derrière lui, s'amusant de le faire souffrir. « Ne touche pas au gâteau ! Pansy ! Non, on ne plante pas les cuisiniers, on en a besoin ! Va plutôt enterrer Théo, il doit être en train de flirter avec Padma dans un coin ! »

Finalement, après beaucoup de supplices, Blaise parvint à retirer le couteau de la main de Pansy, qui bouda, déçue de ne plus pouvoir poursuivre les invités. Blaise en fut rassuré. Harry et lui avaient invité des figures importantes du monde magique, comme Thomas Gaunt, ministre de la magie ou encore Enki Mucha, son secrétaire le plus proche, et quelques membres du monde non-magique (Morgan). Si Pansy se mettait à les attaquer, ils allaient devoir stopper leur cérémonie de mariage ce que refusait Blaise. Pansy, parfois, était un peu trop malicieuse pour son propre bien.

« Ah ! Le marié est là. » S'écria Pansy avec joie. « Ou dirais-je, l'un des mariés ? »

« Pansy, je te poursuis depuis 15 minutes, bien sûr que je suis là ! » Pesta Blaise, levant les mains en l'air pour montrer son agacement. « Grâce à toi, Ron est encore intervenu pour m'empoisonner avant que je n'épouse son frère adoré ! »

« Bah… » Elle haussa des épaules. « Il va devoir t'accepter dans la famille, il n'a pas le choix. S'il veut te tuer, il le fera quand tu seras marié juste pour qu'Harry récupère tout ton héritage. »

« Hey ! Sois un peu plus compatissante ! » Protesta le pauvre Blaise, boudeur. « Un peu de respect pour moi ! »

« Respect ? Certainement pas ! Allez ! Zhou ! » Pansy le poussa vers le manoir et Blaise manqua de tomber dans les roses qui fleurissaient gentiment avec la venue du printemps. « La cérémonie va bientôt commencer, va te préparer ! Je t'accompagne, tu vas être le marié le plus classe de toute l'histoire des mariages ! »

« Dis…tu ne vas pas préparer un mariage cliché mafieux… » Blaise commença à sentir des gouttes de sueur couler lorsque Pansy ne dit rien. « Pansy ? Promets-moi que tu n'as pas ajouté des bricoles pour la cérémonie… Pansy ? »

Finalement, Blaise eut sa réponse lorsque des flammes s'échappèrent de bidons d'essence en arrière-plan, accompagnées d'une musique épique, des lunettes de soleil sur son nez, alors qu'il avançait sur le tapis rouge, entre les chaises remplies d'invités. Plus loin, il vit qu'Harry retenait son éclat de rire et beaucoup d'invités gloussaient, amusés. Sa mère et ses grands-parents levèrent même le pouce en l'air vers Pansy, bien fière de son coup, alors que Ron grognait à côté de Daphné. Blaise soupira mais apprécia la mise en scène.

Il allait s'en souvenir encore longtemps, se dit-il, heureux, lorsqu'il embrassa Harry, concluant le mariage.

OoO

La nuit tombait doucement. Harry ne pouvait le voir mais le vent devenait de plus en plus frais. La musique entrainante finissait par lui faire mal à ses oreilles sensibles. Décidant qu'il avait besoin d'un peu de calme, il toucha le bras de Blaise, après une énième danse.

« Je vais m'éloigner un peu…trop de bruit. » Murmura-t-il à l'oreille de son, désormais, mari.

« Tu veux que je t'accompagne ? » S'inquiéta Blaise, agrippant sa main ce qui réchauffa le cœur d'Harry : Blaise était adorable.

« Non, juste quelques minutes seul me feront du bien. » Nia Harry qui pointa ensuite la direction d'une aura familière. « Reste avec les invités, je crois que Pansy mijote quelques choses avec tes grands-parents. »

« Quoi ? Non ! Pansy ! Nonno ! Nonna ! Ne vous laissez pas influencer par cette vipère ! » S'écria Blaise qui embrassa Harry sur le front avant de courir en direction de sa meilleure amie et de ses grands-parents, faisant rire le petit brun.

Puis, le jeune Mage se retourna, esquiva les invités qui le complimentèrent et l'encouragèrent. Par bonheur, Snape et Lady Célia Parkinson, la mère de Pansy, qui discutaient de potions et de poisons remarquèrent son inconfort et le camouflèrent pour qu'il puisse fuir. Harry les remercia avec un grand sourire et disparut dans un coin plutôt calme du jardin. Il souffla, respirant l'air fruité du printemps, et s'assit sur l'herbe humide. Quelques minutes après, des bruits de pas se firent entendre et Harry remarqua trois auras bien familières. Il sourit à nouveau.

« Félicitation pour ton mariage, Harry. Tu dois être heureux ! » L'aura argentée de Salazar s'enroula autour de lui et Harry rit.

« Je le suis. »

« C'est génial, une excellente journée ! » Piailla Godric, excité.

« Génial ? Certainement pas ! Maintenant, je vais vivre seul au manoir ! » Se plaignit Ron, la voix tremblante. « Si Blaise fait une connerie, j'le butte. » Rumina-t-il.

« Ron, on ne tue personne. Ce n'est pas très civil. » Réprimanda Harry.

Il eut un bref moment de silence où tout le monde se rappela l'entraînement dans la Chambre des Secrets, puis le moment où Harry avait pris plaisir à torturer les Dursley, pour penser ensuite à cet instant où Harry avait tué pendant la bataille de Gringotts et d'Azkaban. Mmh. Harry resta impassible, prenant un air innocent. Les trois autres préférèrent abandonner.

« Harry, Ron. » Salazar brisa le silence et s'installa à côté d'Harry, dans sa forme humaine, forme qu'il avait retrouvée depuis que Serpentaire avait brisé la malédiction en retrouvant son corps. « On doit vous parler, Godric et moi. »

« Super, une conversation sérieuse pendant un jour joyeux. » Grogna Ron qui s'assit tout de même, prêt de Godric, lui aussi humain, qui lui donna une tape pour qu'il se taise. « C'est pour ça que vous nous cherchiez tout à l'heure ? »

« Oui, évidemment. » Harry imagina très bien Godric rouler des yeux en disant cette phrase. « Personne ne nous connaît, ici. Vous êtes les seuls avec qui on peut parler librement sans que les autres ne remarquent que nous sommes des Mages censés être morts depuis pas mal de temps. Je tiens à garder ce secret pour l'éternité. »

Le petit brun ne fit qu'hocher la tête, comprenant le désir de ses deux mentors de vouloir garder un tel secret, surtout après avoir retrouvé leur forme humaine, leur mortalité et leur liberté.

« Le jour du Jugement, Médée nous a fait une proposition. » Continua Godric, soudainement inquiet. « On a accepté. On voulait…on voulait vous en informer. »

« Quelle proposition ? » Demanda doucement Ron qui devait avoir un doute, comme Harry, qui sentit son cœur battre dans sa poitrine.

« Nous ne sommes plus immortels. » Dit simplement Salazar. « Nous sommes à nouveau humain. On peut enfin respirer l'air libre. C'est génial. » Harry pouvait entendre la voix excitée de Salazar. « Mais…mais nous n'appartenons plus à ce monde. Mille ans qu'on est enfermés…et maintenant…maintenant on doit s'habituer à un monde qui n'est pas, qui n'est plus le nôtre. Notre famille est morte depuis…longtemps et vous êtes les seuls à qui on peut se confier. Mais on ne peut pas reconstruire notre vie. C'est impossible. On est fatigués. Si fatigués de survivre dans un espace aussi restreint. Fatigués de réaliser que notre monde n'est plus. C'est… »

« Médée nous a offert une possibilité. » Poursuivit Godric, la voix lourde. « On peut continuer à vivre normalement chez dans le monde magique, incognito, avec vous. Mais… »

« Vous ne serez pas heureux… » Souffla Harry, tristement.

« Non. » Affirma doucement Salazar.

« Alors on approuve votre choix. Quel qu'il soit. » Ajouta Harry avec un sourire. « Vous méritez d'être heureux, après tout ce temps dans l'obscurité, à attendre deux Élus d'une lointaine prophétie pendant près de mille ans…oui, vous le méritez. »

« Vivez pour vous votre vie. » Approuva Ron, le ton de sa voix tremblait.

« Merci. » Salazar s'assura de serrer les deux jeunes Mages dans ses bras, son aura vibrante, heureux d'être soutenu. « Merci. »

« Seulement… » Godric souffla et Harry comprit que la proposition avait une contrepartie. « Seulement, on a fait un choix égoïste. » Harry secoua la tête, refusant de considérer le choix de ses mentors comme égoïste. « Médée nous a autorisé à finir nos jours sur son île sacrée. Le problème… » Sa voix se brisa.

« Le problème est que personne ne peut quitter son île. » Reprit Salazar et Harry sentit son souffle se couper et des larmes monter à ses yeux (des larmes de joie et de tristesse, des larmes douces-amères). « Une fois à l'intérieur, on perdra tout contact avec le monde extérieur jusqu'à notre mort. C'est le prix à payer pour entrer dans le domaine de notre Mère. »

« Seuls Médée et Serpentaire peuvent sortir sans problème. » Précisa doucement Godric. « Nous…nous sommes mortels, deux anciens Mages au bout de notre vie. On ne peut tout simplement pas sortir. Et on a accepté. »

« Et Médée… » Murmura Ron et Harry devina que son frère se retenait de pleurer.

« Médée nous a donné deux ans pour nous préparer à partir, pour dire adieu à ce monde. » Expliqua Godric, l'air émerveillé. « Deux ans pour redécouvrir ce monde qu'on avait perdu, deux ans pour arpenter librement ces terres…deux ans pour vous préparer à ce qu'on parte, à ce qu'on vous dise adieu. Et maintenant… »

« Les deux ans sont presque écoulés. » Comprit Harry. « Dans moins de six mois. »

« Oui. » Affirma Salazar. « On voulait passer du temps avec vous, les derniers moments de notre vie dans ce monde mortel. Vous êtes nos adorables apprentis, après tout. » Salazar passa une main dans les longs cheveux d'Harry qui gloussa en reniflant, les larmes aux yeux. « Je suis désolé de t'apprendre ça le jour de ton mariage mais on devait…te le dire maintenant. »

« On casse un peu l'ambiance. » S'empressa de dire Godric. « Mais ce n'est pas pour te rendre malheureux ! On veut forger un maximum de souvenirs pendant la période qu'il nous reste ! Ton cadeau de mariage arrivera à la fin de ces six mois ! Ne pleurez pas, tous les deux ! » Godric se dépêcha de les rassurer, de les consoler alors que les deux frères pleuraient. « Ne soyez pas triste ! »

« Je ne suis pas triste. » Renifla Harry, passant une main sous ses yeux pour chasser les larmes. « Je suis heureux qu'on puisse passer les derniers mois ensemble. Je suis heureux que vous puissiez vivre heureux et tranquilles. Je suis heureux que vous me le disiez le jour de mon mariage. »

« Vous êtes les meilleurs mentors qu'on ait pu avoir. » Ron se jeta dans les bras de Godric et enveloppa Salazar et Harry dans son étreinte. « Vous êtes des membres de notre famille. Ne l'oubliez pas. »

« Oui. » Sourit Salazar. « Nous sommes une famille. »

Pour Harry, le jour de son mariage était le plus beau. Il vivait avec un homme adorable qu'il aimait. Il avait une famille détraquée mais très soudée, un frère qu'il adorait et deux mentors avec qui il avait tout appris. Il honorerait leur apprentissage tout au long de sa vie et le transmettrait aux générations suivantes. Il ferait en sorte de corriger les écrits historiques pour honorer leur mémoire. Harry prendrait soin des souvenirs formés avec ses mentors. Il remercia Médée de leur offrir un tel cadeau. Ils le méritaient.

Le jour de son mariage était un jour aussi joyeux que triste. Une véritable sensation douce-amère.

OoO

« Fais chier… » Gronda Severus, agacé.

Il oubliait, encore une fois, qu'il lui manquait son bras gauche. Lorsqu'il brassait ses chères potions, bien trop concentré, il avait la fâcheuse habitude d'oublier qu'il ne pouvait plus attraper des ingrédients avec son bras gauche. Son thérapeute lui rappelait que c'était normal, un réflexe. Un réflexe qui énervait Severus qui détestait montrer sa faiblesse. Son agacement profond le fit songer. Lucius lui avait conseillé de mettre une toute nouvelle prothèse inventée par des êtres magiques et non-magiques afin d'améliorer la vie des personnes handicapées comme lui. Les inventions mêlant technologies non-magiques et magie étaient en vogue depuis la commercialisation des premiers produits. Les deux mondes convergeaient de plus en plus rapidement vers une seule direction.

Peut-être devrait-il l'écouter ? Cela faisait trois ans qu'il se baladait avec un unique bras. Il aurait probablement besoin d'avancer et d'arrêter de se maudire pour ne pas avoir été assez rapide pour défaire le sort de Voldemort. Bah ! Au moins, sa blessure n'était que physique contrairement à Black (il était perturbé d'admettre qu'il était désolé pour son ancien harceleur).

« Tss. » Tiqua Severus en agrippant une feuille de papier pour faire une liste de ce qu'il devait faire (heureusement, il était droitier). « Acheter de nouveaux ingrédients…encore ! Et demander une prothèse. Peut-être que je vais pouvoir faire une invention phénoménale après ! »

« Tu parles seul, maintenant ? » Fit une voix, Célia Parkinson. « La sénilité commence à toucher ton cerveau ? »

« Tu voudrais bien. » Rétorqua froidement le potionniste. « Tu viens chercher ta commande ? »

« Pourquoi je serais là, sinon ? »

« Par bonté de cœur ? » Ironisa Severus en se tournant pour attraper une petite fiole et la tendre à son amie. « Je ne veux pas savoir qui tu veux empoisonner mais ne te fais pas prendre, cela va faire de l'ombre à mon business. »

« Comme si j'allais me faire prendre. » La Lady roula des yeux, visiblement amusée. « Tu fais bien. »

« Mmh ? »

« Mettre une prothèse. » Expliqua-t-elle. « Peut-être qu'avec, tu arrêteras de déprimer et tu sortirais. Ministre Gaunt a besoin de ton intelligence et de ton influence. Tu es Lord Prince et l'un des meilleurs potionnistes du monde. Et pourtant, tu restes dans ton labo, à ruminer ! Tu as trop de temps libre ! »

« Bien sûr que j'ai du temps libre ! Je ne suis plus prof ! Enfin ! » Severus était heureux de se consacrer pleinement à son art et de ne plus supporter des mômes braillards. « Ne t'en fais pas, Célia, je devrais participer à une conférence de chimie-potions dans un mois. »

Les non-magiques avaient découvert les potions. Les chimistes, les physiciens et les pharmacologues s'étaient passionnés pour cette discipline variée. Les potionnistes étaient, après tout, les scientifiques par excellence du monde magique. Severus était, d'ailleurs, en contact avec plusieurs chimistes discutant et comparant leur discipline pour faire avancer la science à un autre niveau. C'était passionnant de découvrir une autre facette de la magie en utilisant la technologie et les connaissances des non-magiques ! Severus avait tant de choses à apprendre !

« Ne te perds pas dans ton travail, Severus. » Célia dit une dernière fois en se dirigeant vers la porte. « Tu n'es pas seul. »

Elle évoquait Draco, son filleul. Mais Severus se sentait mieux. Il était vrai, qu'après le Jugement, il s'était enfermé dans son labo. C'était d'ailleurs Narcissa qui l'avait sorti de sa dépression (comme elle l'avait fait avec Lucius, lui-même déprimé). Elle l'avait remis sur pied. Mais s'il avait eu trois ans pour faire son deuil, gardant les souvenirs de son filleul avec beaucoup de bonheur, il restait tout de même un introverti préférant rester chez lui. Néanmoins, si Thomas avait besoin de lui dans le département scientifique du ministère de la magie, peut-être devrait-il sortir un peu plus ?

Comme disait Célia, il avait un avenir à construire.

OoO

Les pas de Ron crissaient dans la fine couche de neige. Il n'avait pas froid, loin de là : son corps était bien plus chaud que la normale et chacun de ses pas faisait fondre la neige. Le bonheur de maîtriser le feu. Le jeune homme de 22 ans fit apparaître une petite flamme dans le creux de sa main pour illuminer son visage. La soirée était froide mais le ciel était dégagé et les étoiles brillaient. Ron passa à côté d'une petite famille de Muggles (ou de non-magiques), l'un des enfants le pointa du doigt, émerveillé par sa magie. Ron lui sourit et fit apparaître un petit dragon et le fit voler autour des enfants. L'un des enfants poursuivit le dragon, le second tenta de faire la même chose que lui.

Oh. Un petit Sorcier, songea Ron. Les parents le remercièrent chaleureusement et Ron continua son chemin, croisant des Créatures Magiques, des Sorciers et des non-magiques également venus participer au festival de Yule, se passant trois jours avant Noël (les deux mondes avaient décidé de célébrer les deux fêtes traditionnelles : ils voulaient partager leur culture).

Finalement, le rouquin se stoppa, observant les stands et attractions installés dans la vallée, grouillant de monde et de rire. C'était très chaleureux et Ron sourit. L'intégration des deux mondes se passait sans vraiment de problèmes, avec de très rares attaques de temps à autre mais les gouvernements tentaient d'éviter le moindre conflit (l'aura de Médée était puissante et continuait d'agir quatre ans après le Jugement).

« Ron ! Te voilà ! » Daphné, habillée chaudement mais élégamment, arriva fermement, une barquette de frites dans les mains. « Je te cherchais ! Tu m'as faussé compagnie ! » Bouda-t-elle.

« Désolé, j'ai vu Lady Malfoy, je devais lui parler. » S'excusa-t-il un peu penaud de l'avoir abandonnée.

« Je vois. » Elle s'adoucit un peu avant de se reprendre. « Bon ! Mangeons, j'ai faim ! Ces frites m'ont l'air délicieuses ! Elles sentent bons aussi ! Je devrais les recommander à ma sœur. »

Daphné utilisa sa baguette pour faire apparaître un banc et s'assit. Ron la rejoignit et alluma un petit feu devant eux, pour les réchauffer (même s'ils avaient la magie pour se réchauffer, un feu de camp était bien plus romantique).

« Elle est là ? »

« Astoria est venue avec des amis. » Expliqua Daphné en mâchonnant une frite avant d'en présenter une devant la bouche de Ron. « Je crois qu'elle cherche à éviter mes parents. Elle veut plus de liberté. »

Ron avala la frite et hocha tout simplement la tête. Il avait un frère, plus jeune de quelques mois. Et Harry avait parfois besoin de calme, de solitude, loin de sa famille. En ce moment, Harry semblait particulièrement heureux de vivre avec Blaise. Après le départ de Salazar et Godric pour l'île de Médée (le cœur de Ron se serra dans sa poitrine en pensant aux six merveilleux mois qu'il avait passés avec ses deux chers mentors), Harry et Blaise avaient organisé leur lune de miel.

Disons qu'il leur avait fallu presque un an et demi pour se mettre d'accord sur la destination. Ils avaient donc décidé d'aller au Tibet pour aider la pauvre communauté de Sorciers et de non-magiques qui avaient été réduits en esclavage par Peter Pettigrew et Voldemort (en plus de visiter le Tibet). L'intention était vraiment honorable. Cela faisait deux mois qu'ils étaient partis et les deux époux devraient encore y passer quatre mois. Le temps était à la fois court et long. Son petit frère lui manquait !

« Franchement, je n'aurais jamais cru que des frites puissent être aussi bonnes ! » Daphné se goinfra de frites sans élégance. « Je n'aurais jamais cru un jour manger de la nourriture Muggle ! Leurs inventions sont parfois géniales ! »

« Mange pas tout ! » Protesta Ron avec un rire en tendant le bras pour attraper une frite. « Laisses-en pour moi ! »

« T'es bien trop perdu dans tes pensées pour en avoir ! » Daphné se leva d'un bond et sautilla pour éviter que Ron ne puisse en attraper. « A moi ! »

« Tss ! »

Ron se prit au jeu. Il se leva à son tour pour poursuivre Daphné, et surtout, la barquette de frites qu'elle tenait précieusement entre ses mains. Daphné dansa autour de lui, évitant ses tentatives. Mais aucun des deux n'utilisa la magie. Où serait le jeu ? Au bout de quelques minutes, à bout de souffle après avoir tant ri, ils finirent par se rasseoir, Daphné pressée contre le torse de Ron, observant les étoiles (Ron parvint à manger quelques frites).

« C'est une belle soirée. » Murmura Ron, sa main passant sur les cheveux blonds de la jeune femme. « Calme. »

« Oui… » Souffla Daphné. « Après tout ce remue-ménage, on a besoin de ce repos, de ces joies. Surtout lorsque qu'on commence tout juste notre carrière politique… » Marmonna-t-elle.

Ron renifla, amusé. Si Ron possédait une influence importante, en tant que Lord Weasley, Prewett et Gryffindor, il n'aimait pas la politique. Homme d'action, il s'était tourné pour devenir Mage de guerre, une branche spéciale de l'armée britannique (qui mélangeait maintenant êtres magiques et non-magiques). Encore jeune mais brillant, il était un petit officier car il avait déjà fait ses preuves. Il avait une belle réputation. A l'inverse, Daphné avait débuté sa carrière de femme politique, gagnant une réputation de femme froide, prête à tout pour atteindre ses ambitions. Elle avait le but ultime de suivre les pas de Thomas Gaunt et devenir ministre de la magie.

« Tu penses que tu es prêt ? » Demanda finalement Daphné, de la vapeur d'eau sortit de sa bouche. « A passer à l'étape supérieure ? A entamer une relation amoureuse ? »

Le rouquin pensa à la dernière fois qu'ils avaient parlé de relations amoureuses, ce jour-là, dans le cimetière. Les deux s'étaient mis d'accord : bien qu'ils s'aimaient, ils préféraient se soigner avant de commencer quoi que ce soit. Deux ans après, à construire, développer leur amitié, à apprendre à se connaître, à faire leur deuil, Ron estima qu'il était temps d'avancer.

« Oui. » Affirma Ron en se tournant vers Daphné pour l'embrasser tendrement sur ses lèvres. « Je me sens prêt. »

OoO

« Calme-toi, Thomas, ce n'est qu'une vision. » Soupira pour la énième fois Enki alors que Thomas tournait en rond dans son bureau.

« Une vision ! Une vision que tu as eue en plein milieu d'une séance du Magenmagot ! Une séance importante en plus ! Pour faire passer une loi pour autoriser le ministère magique anglais à entrer dans la Chambre des Communes pour former des lois pour l'ensemble du Royaume-Uni ! La première loi aussi importante depuis 5 ans ! Tout le monde a les yeux rivés sur nous ! Heureusement que la loi est passée… » Thomas passa une main dans ses cheveux parfaitement bien stylisés. « Toutes les presses et les réseaux sociaux vont en parler d'ici demain ! »

Thomas ne savait pas vraiment si l'introduction des réseaux sociaux, qui commençaient à se développer depuis le début des années 2000, était une bonne chose pour leur politique. Tous leurs gestes et paroles étaient éviscérés par ces derniers. Et il avait peur qu'Enki ne subisse la critique.

« Thomas, c'est noté dans mes papiers que je suis un voyant, ce n'est pas un secret. » Enki ne semblait pas vraiment embêté par la vision qu'il avait eue en pleine séance. « Cela peut même aider ma carrière lorsqu'on ne sera plus au ministère ! Avoir un voyant comme avocat de la défense, c'est plutôt bon pour les affaires ! »

« Pour le moment, tu n'es pas avocat mais mon secrétaire général et mon plus proche conseiller. » Stressa Thomas en posant ses mains sur les épaules d'Enki pour qu'il réalise le problème. « On est en politique, Enki. La moindre petite faiblesse peut être fatale. »

« Le parti traditionaliste est majoritaire, Thomas, ils nous soutiennent, tout ira bien. » Enki le rassura avec un sourire. « Et ma meilleure amie n'est autre que la Pythie de Delphes. Personne ne veut se mettre à dos Nadia, elle est bien trop flippante. »

« Très bien ! » Rouspéta Thomas en s'asseyant derrière son bureau. « Mais les autres pays pourront s'attaquer à toi à cause de tes visions. » Marmonna-t-il mais Enki ne semblait pas du tout inquiet.

« Arrête de paniquer, tout va bien. » Rouspéta gentiment Enki. « Tiens, on peut aller rendre visite aux Malfoy pour te détendre ? J'ai entendu Lady Greengrass dire qu'ils voulaient fêter la formation d'une conférence internationale pour les potions et la chimie. Severus a travaillé dur pour qu'elle soit acceptée. Apparemment, il bataille pour créer l'équivalent de prix Nobel dans les différentes catégories magiques. »

« Je sais, je sais. » Soupira Thomas en pensant à Severus qui avait décidé de ne pas se mêler à la politique, sauf si cela concernait des questions scientifiques liées aux potions ou autres inventions. « Je soutiens l'idée de créer des prix Nobel magiques. Je voudrais en parler avec mon ambassadeur siégeant à l'ONU pour faire une stratégie. »

« Commence déjà par évoquer l'idée par-ci, par-là. » Conseilla Enki. « Les non-magiques et les magiques sont toujours très enthousiastes à l'idée de nouveauté, surtout maintenant. Il faut juste envoyer un message au reste du monde. »

« C'est pour cette raison que tu veux que j'aille à la fête des Malfoy ? » Demanda Thomas en haussant un sourcil. « Pour que je montre que je soutiens l'idée de créer des prix, des festivals ou autres événements culturels alliant magie et non-magie ? »

« Que veux-tu ? Ma vision perçoit des choses dont tu ignores même l'existence. » S'amusa Enki avec un clin d'œil. « Allons-y ! »

Et Thomas rit. Voilà presque six ans qu'il était Ministre de la Magie, agissant au niveau politique et économique, au niveau local et international, afin de bien suivre l'intégration des deux mondes. Il était fatigué de la politique mais son objectif de créer un monde meilleur avançait. Il était loin d'être le seul acteur à agir, mais savoir qu'il y participait l'aidait beaucoup.

Peut-être devrait-il songer à prendre sa retraite ? Dans quelques années ? Après un deuxième mandat ? Dans tous les cas, la relève était assurée.

OoO

« Haaaaaarryyyyyy ! Je m'ennuie ! » Piailla la voix de Sirius.

Harry imaginait très bien son parrain se rouler sur le sol, faisant un caprice. D'après son auro, Sirius semblait être à plat ventre sur le tapis du salon du manoir de Blaise et lui. Sirius était en visite pour deux jours avant de retourner dans sa chambre d'hôpital spécialisée pour les personnes ayant un trouble mental ressemblant à son cas. Harry n'était, en effet, pas capable de s'occuper de l'état de son parrain.

Alors il payait une assistante infirmière non-magique spécialisée dans le domaine. Hélène Opéra était une gentille française qui semblait particulièrement aimante. Sirius était son seul patient car il représentait un boulot à plein temps : on ne pouvait pas laisser un adulte ayant mentalement 4 ans seul et Hélène méritait un weekend de repos, d'où la présence de Sirius aujourd'hui. Malgré les avancées de la médecine, autant magique que non-magique, les blessures liées au cerveau restaient les plus complexes. Sept ans après le Jugement, l'état mental de Sirius ne s'était pas amélioré ni dégradé, à la grande tristesse d'Harry. Son parrain était condamné à avoir 4 ans pour le restant de ses jours (Peter Pettigrew avait réellement détruit tous ses anciens amis pour le pouvoir).

« Tu veux que je te raconte une histoire ? » Demanda gentiment Harry en s'agenouillant sur le tapis à côté de Sirius. « Ou qu'on joue avec des lego ? Blaise vient d'en acheter ! Rien que pour toi ! »

« Vraiment ? Je veux empiler des blocs verts ! Oh ! On peut faire un arbre ? Dis oui, dis oui, dis oui ! » Sirius semblait réellement excité et Harry n'avait pas le cœur de lui dire non.

« Allons-y ! »

Les deux construisirent une tour de lego et d'autres bâtiments. A plusieurs reprises, Sirius geignit car Harry mélangeait les couleurs et les blocs. Pas de sa faute s'il ne voyait pas ! Mais Harry ne disputa pas Sirius, il se contenta de s'excuser et de continuer à jouer. Et finalement, Sirius s'endormit sur le tapis. C'était l'heure de la sieste, il était épuisé. Le petit brun, âgé de 24 ans, passa doucement une main dans les cheveux ébouriffés de son parrain, attristé de le voir dans un tel état. C'était douloureux de voir un adulte qu'il avait appris à aimer se comporter comme un enfant.

C'était encore plus douloureux de devoir s'occuper de lui alors que cela aurait dû être l'inverse. Mais Harry ne pouvait pas lui en vouloir. Ce n'était pas de sa faute. Il devait juste aider Sirius, il le méritait. Blaise rentra une heure plus tard, après avoir visité Pansy et Daphné, qui sortait avec Ron depuis deux ans (ils ne voulaient pas se marier pour le moment) pour discuter du mariage de Théo et Padma, le mois suivant. Blaise tomba sur la vision d'Harry prenant soin de Sirius.

« Encore ! » Se plaignit Sirius, boudeur, assis sur une chaise dans la cuisine, c'était l'heure du goûter. « J'en veux encore ! »

« Qu'est-ce que qu'on dit ? » Fit gentiment Harry. « Le mot magique ? »

« Mmh… » Sirius posa un doigt sur son menton avant de sautiller, excité. « Je peux avoir du yaourt, s'il te plait ? »

« Bien sûr ! » Sourit Harry et avec la magie, il appela un pot de yaourt, l'ouvrit et posa la cuillère devant Sirius. « Tu veux que je t'aide ou tu manges tout seul ? »

« Tout seul ! » S'écria Sirius, l'air sérieux. « Sirius est un grand garçon maintenant ! »

« Oui… » Fit tristement Harry en passant une main dans les cheveux bouclés de son parrain. « Un grand garçon indépendant… »

Il voulait pleurer le sort de son parrain mais il ne voulait pas le paniquer. Alors il se retint et garda le sourire. Harry se détendit lorsque la main de Blaise se posa autour de sa taille. Sa présence était vraiment réconfortante. Blaise l'embrassa doucement avant de s'écarter.

« Tu as besoin d'aide ? » Demanda l'italien.

« Tu pourras lui lire une histoire et le coucher ? Je suis épuisé… » Murmura Harry en fermant les yeux, écoutant Sirius jouer avec la nourriture, inventant une histoire avec son pain et son yaourt (heureusement que les Elfes de maisons nettoieraient ce massacre).

« Bien sûr. » Approuva Blaise en posant sa tête sur son épaule. « Tu sais…tu veux des enfants ? Tu sembles beaucoup t'amuser avec Sirius mais ce n'est pas totalement la même chose. »

Harry prit la peine de réfléchir, surpris par une telle demande. Voulait-il des enfants ? Voulait-il voir la maison pleine de vie lorsqu'il rentrait de son travail (il était professeur de magie élémentaire à Hogwarts, une nouvelle discipline) ? Voulait-il s'occuper de petits bébés adorables ? La réponse était évidente.

« Quand tu veux. » Et Harry sourit lorsqu'il vit l'aura de Blaise s'illuminer de joie.

OoO

Le vent frais glissa entre les failles des murs de la célèbre prison de Nuremberg. Il faisait humide. Normal, c'était l'automne en montagnes, il ne faisait pas chaud. La lumière du soleil passait à travers les barreaux donnant sur l'extérieur, illuminant les cellules. A cet étage de la prison, seules deux cellules étaient occupées (les autres prisonniers étaient placés bien plus bas, plus proches des gardiens, mais la magie veillait sur les deux prisonniers). Deux hommes âgés étaient assis l'un près de l'autre. Ils parvenaient à se toucher, leur tête posée l'une contre l'autre, malgré les barreaux qui les séparaient. Cette journée était spéciale.

« Tu penses que je vais bronzer un peu ? » Demanda le premier vieil homme alors que le soleil illuminait son visage et qu'il savourait sa douce chaleur, les yeux fermés.

« Albus, c'est vraiment une bonne question à poser ? » Réprimanda le deuxième. « Surtout aujourd'hui ? Le jour de notre anniversaire de mariage ? »

« Bah, il fallait que je pose la question ! » Albus haussa les épaules, amusé. « Tu sais bien que je ne suis pas aussi beau qu'avant ! Maintenant, je suis tout ridé et affaibli. »

« Mais ton esprit est toujours aussi vif. » Rétorqua l'autre, fermement. « Je t'aime comme tu es, pourquoi chercher à bronzer ? »

« Ah, Gellert, ton compliment me va droit au cœur ! » Albus annonça joyeusement, tellement joyeusement qu'il était difficile d'imaginer qu'ils étaient en prison, privés de leur magie à tout jamais depuis le Jugement, huit ans plus tôt. « Moi aussi je t'aime ! »

Albus entendit Gellert grogner avec beaucoup de grâce pour un homme âgé, emprisonné depuis 1945, sans magie. C'était particulièrement amusant et il se retint de rire. A la place, il se laissa bercer par la lueur du soleil qui devrait disparaître d'ici une vingtaine de minutes.

« Mes rhumatismes me gênent. » Pesta Gellert en gigotant. « Médée aurait pu au moins me laisser la magie juste pour que je puisse me débarrasser de ces rhumatismes ! »

« Si tu avais gardé ta magie, mon cher Gellert, ce ne serait pas une punition divine mais un simple jugement humain. » Contredit Albus qui, en effet, pensa à la magie : elle lui manquait même s'il comprenait pourquoi il n'en était pas digne (il respectait Médée et sa décision).

« Je sais, je sais ! » Marmonna Gellert avant de se tourner vers lui. « Je suis jaloux de toi ! Lorsque Médée m'a Jugé, elle m'a juste parlé dans mon esprit. Toi, elle t'a fait apparaître ! Tu l'as vue en vrai ! Chanceux ! »

« Tout simplement parce qu'elle avait des doutes sur moi et mes intentions. »

« Un doute ! Tu agis pour le plus grand bien, comme moi ! »

« Toi, mon cher mari, tu voulais assassiner plusieurs milliards de non-magiques pour aucune raison valable. Ce que tu voulais faire, c'était un génocide. » Albus était parfois agacé par l'idéologie terrible de son mari. « Je ne dis pas que je n'ai fait que le bien. J'ai tué, assassiné, manipulé…mais jamais je n'ai voulu commettre un génocide ! Je voulais seulement le bien de notre peuple. »

« Il faut croire qu'on s'y est mal pris… » Souffla finalement Gellert. « Le monde s'est réorganisé sans nous, intégrant Muggles et Sorciers. Je n'aurais jamais cru cela possible… »

« Réjouissons-nous que nos descendants puissent vivre dans un monde en paix, comme on l'a toujours rêvé. » Albus attrapa la main de Gellert pour la serrer avec amour.

« Oui, c'est tout ce qui compte. » Gellert affirma enfin. « Nous appartenons à un passé révolu, à un monde qui n'est plus le nôtre. »

Il eut un bref silence où Albus ouvrit enfin les yeux pour observer la petite fenêtre. Le soleil venait de passer et il pouvait voir les nuages glisser sur le ciel bleu. Il avait tant de choses qu'il regrettait. Tant de choses qu'il ne pourrait jamais réparer. S'il croyait à la réincarnation, il espérait faire d'autres choix : comme soutenir son mari, sa famille, ses amis…il ne regrettait pas d'avoir agi pour le bien de son peuple mais Médée lui avait dit qu'il s'y était mal pris, il avait fait trop de mal autour de lui dans l'espoir de trouver un monde meilleur (pauvre Harry et Ron, ils ne méritaient pas ce qu'il leur avait fait…pauvres Fred et George, pauvre Ginny…il aurait vraiment dû s'excuser auprès de toutes ses victimes). Albus avait tellement à faire pour se repentir, une chose qu'il ne pourrait jamais faire.

« J'aurais aimé voir Hermione. Peut-être une dernière fois. » Soupira Gellert avec tristesse. « Elle ne mérite pas d'avoir des grands-parents comme nous. Elle aurait pu avoir une carrière, une vie mais on l'a attachée à nous pour la protéger… »

« Elle est intelligente, Gellert, elle s'en sortira. » Albus annonça, fier de sa petite-fille. « Je crois en elle. »

« On a vraiment fait les mauvais choix. » Rit nerveusement l'ancien Dark Lord. « On aurait pu vivre en famille, heureux, loin de toutes les emmerdes politiques et nous voilà, ici, en prison, sans magie, punis pour nos crimes ! » Albus savait que Gellert voulait pleurer mais il ne le ferait pas.

« On mérite notre punition, Gellert. » Albus souffla. « Je n'ai pas envie de revenir là-dessus. On le mérite. »

Un autre moment silencieux s'installa dans la prison. Puis Gellert bougea pour attraper une petite fiole, cachée entre deux boîtes envoyées par Hermione. Les prisonniers avaient le droit à de très rares visites de leur famille. Il était aussi possible d'envoyer des lettres ou des cadeaux aux prisonniers tant que ce n'était pas dangereux. La fiole venait du dernier cadeau d'Hermione.

« Cela vient d'Hermione. » Dit Albus et ce n'était pas une question. « Elle a enfin écouté notre souhait après tant d'années à refuser... »

« Elle nous aime et nous l'aimons, c'est tout ce qui compte. » Répondit Gellert en manipulant la petite fiole entre ses doigts. « C'est étrange de voir quelqu'un qui compte encore sur nous après toutes ces années… »

« Hermione est une jeune femme forte. » Albus se mit sur ses genoux douloureux. « Elle mérite toute notre considération. » Puis il sortit une lettre de sa poche. « Tiens, je lui ai écrit une dernière lettre. Tu veux ajouter quelque chose ? »

« Oui. » Gellert s'empara du papier et d'un vieux crayon à moitié utilisé pour écrire. « Elle a besoin de savoir qu'on l'aime, qu'on la soutient, qu'on la remercie pour tout ce qu'elle a fait pour nous. »

Gellert déposa ensuite la lettre sur le sol, délicatement pour ne pas l'abîmer, la mettant bien en évidence. Puis il sourit tendrement à Albus. Doucement, sans quitter des yeux Albus il but la moitié de la fiole. Il la passa ensuite à l'ancien directeur qui but le reste. La fiole se brisa sur le sol alors que les deux époux s'agrippaient, ne voulant pas partir seuls.

« On le mérite. » Murmura Gellert, se laissant glisser sur le sol, affaibli.

« Dans une autre vie, on pourra se repentir… » Ajouta Albus, lui-même mal en point, alors que son corps vibrait douloureusement. « C'est notre fardeau à porter. »

Gellert parvint à caresser tendrement la joue d'Albus alors que ses yeux devenaient vitreux et Albus sourit amoureusement en réponse.

« Je t'aime. »

« Moi aussi. »

Les deux plus grands Sorciers d'une ère révolue moururent le jour de leur anniversaire de mariage, main dans la main, prêts à affronter leurs erreurs dans l'autre-monde.

OoO

Le coucher de soleil était splendide. La lumière orangée illuminait la plaine de bruyères, se reflétant dans les quelques étangs visibles. Les animaux s'amusaient à parcourir la lande et les oiseaux vibraient de joie. C'était une belle soirée de printemps qu'Hermione savourait, un livre à la main, assise sur une toile blanche, sous un arbre vert, proche de sa maison (ou de sa prison).

« Hermione, tu es là ! » Elle leva la tête de son livre pour apercevoir Neville courir vers elle. « Je t'ai cherché partout dans la maison mais tu es dans le jardin ! »

« Bonsoir Neville. » Sourit-elle, heureuse de voir son meilleur ami, posant un marque-page et déposant son livre sur le tissu. « Viens, viens, assis-toi. Viens admirer le coucher de soleil avec moi. »

« Ah ! »

Neville se laissa tomber dramatiquement sur la toile et souffla. Hermione le regarda passer une main dans ses cheveux avant de cueillir un brin d'herbe pour le manipuler entre ses doigts. Il avait l'air détendu mais Hermione le connaissait bien. Ses larges épaules étaient légèrement tendues, signe qu'il voulait probablement discuter de choses sérieuses. Hermione se contenta de patienter gentiment, attendant que son ami s'ouvre à elle.

« Hermione. » Finit-il par dire. « Il ne t'arrive pas, parfois, de te poser et juste te dire que tu as fait une connerie irréparable ? »

Hermione posa doucement ses mains sur ses genoux et soupira.

« Souvent. » Répondit-elle. « Très souvent. » Son regard se porta sur l'horizon. « Pourquoi me poser cette question maintenant ? »

« Ma grand-mère est souffrante. » Neville dit, la voix tremblante et Hermione se rapprocha de lui pour poser une main réconfortante sur son épaule. « D'après les Médicomages et les médecins non-magiques, elle ne survivra pas la semaine. Je…je ne sais pas comment lui faire face. Je me sens honteux… » Il respira douloureusement. « Et puis…j'ai pensé à toi, tu sais avec tes… »

Hermione ferma les yeux, repensant à ses grands-parents. Le visage souriant, chaleureux et aimant d'Albus s'imprima dans son esprit. Puis elle revit le visage tout aussi aimant mais grimaçant de Gellert. Oui, ils lui manquaient. Beaucoup. Elle se sentait coupable de les avoir laissés tomber, de ne pas avoir été là pour eux, jusqu'au bout, d'être enfermée ici sauf exception. Elle s'en voulait d'avoir cédé à leurs attentes et de leur avoir envoyé la fiole pleine de poison.

Elle s'en voulait tellement mais à la fois, elle était soulagée, libre de leur ombre pesante. La lettre qu'ils avaient laissée pour elle était remplie d'amour, d'espoir, de souhaits. Ils lui demandaient de vivre, de ne pas les oublier mais de faire ses propres choix. Et Hermione les écouterait, preuve de son amour. Une fois libre de sa prison, elle parcourrait le monde, se dit-elle. Elle parcourrait le monde pour aider ceux étant dans le besoin. Elle devait se racheter. Elle devait réparer ses erreurs et celles de sa famille. Et peut-être pourra-t-elle rencontrer une femme qui l'accepterait ? (Elle s'en voulait pour ce qu'elle avait fait à Luna, la fille qu'elle avait tant aimée dans son adolescence. Elle espérait qu'elle vivait bien).

« J'aimerais entendre tes conseils. » Termina doucement Neville, tentant de ne pas la froisser. « Pour…surmonter ce deuil…cette faiblesse…tu sais, savoir que tu ne peux rien faire pour une personne que tu aimes. »

« Oh, Neville… » Hermione attrapa ses épaules pour qu'ils puissent se regarder dans les yeux. « Tu n'as pas à t'en vouloir. Pas du tout. J'ai lutté pendant des années contre l'envie de mes grands-parents de quitter ce monde. J'étais égoïste, je ne voulais pas les voir partir. Pas du tout. Ce sont les derniers membres de ma famille. Mais, j'ai fini par comprendre que je les faisais souffrir. J'ai cédé et ils sont partis, ensemble. C'est tout ce que je pouvais faire pour eux pour les aider. En fin de compte, même s'ils étaient à Nuremberg, j'avais l'impression de les accompagner, d'être là pour eux. » Elle s'arrêta un instant pour reprendre son souffle. « C'est tout ce qui compte, Neville. D'être là, présent, pour accompagner les derniers instants de ta grand-mère. Augusta t'aime et tu l'aimes. Tu n'as pas à t'en vouloir, c'est normal, c'est le chemin de la vie. C'est tout ce qui compte. »

Hermione remarqua que Neville tremblait. Inquiète, elle se pencha en avant et comprit qu'il sanglotait silencieusement. Avec un fin sourire, elle attrapa son meilleur ami pour le serrer dans ses bras alors qu'il cherchait du réconfort. Elle lui donnait le même réconfort qu'il lui avait donné lorsqu'elle avait appris le suicide de ses grands-parents. Il avait été là pour, elle serait là pour lui.

« Merci…merci…merci… » Chuchota-t-il en boucle entre deux sanglots. « Je ne sais pas comment je ferais sans toi, vraiment pas… »

Le soleil était presque totalement couché à présent. Des filaments orange et rose parcouraient le ciel qui se noircissait, dévoilant la lune et des étoiles. Les deux amis restèrent enlacés, allongés sur la toile, à observer le soleil qui disparaissait doucement à l'horizon. Les oiseaux se calmaient et les grillons commençaient à chanter. Les minutes passèrent tranquillement alors que Neville se faisait conforter par Hermione. Même sans magie, depuis le Jugement, elle pouvait calmer son meilleur ami.

« Pour répondre à ta première question, oui, je regrette beaucoup de mes choix. » Hermione brisa le silence agréable en évoquant la première question de Neville, avant qu'il ne s'effondre sur la mort prochaine de sa grand-mère. « Je regrette tant de mes actions et pourtant…pourtant je ne regrette pas d'avoir soutenu mon grand-père jusqu'au bout. Je ne regrette pas. C'est normal ? »

« Je l'ignore… » Neville secoua la tête, pensif. « Certains te diront que cela fait de toi une petite-fille loyale à sa famille. D'autres te diront que tu es stupide d'avoir choisi de suivre une telle idéologie. D'autres, encore, seront admiratifs de ton talent et de ton intelligence, d'autres se méfieront de tes mots…comment déterminer si c'est normal ou non ? »

Neville se tourna vers elle, roulant sur son ventre pour poser sa tête contre ses bras. Hermione se sentit frémir face à la répartie de son meilleur ami. Elle se sentait étrangement mieux. Tant de regrets la tailladaient de l'intérieur : ses choix, son arrogance…sa défaite face à Daphné Greengrass, le procès de son grand-père, le Jugement et son emprisonnement l'avaient changée, l'avaient forcée à réfléchir, à méditer sur ses actes, à comprendre ses choix, son amour pour sa famille…elle devait repenser à tant de choses, reprendre en considération toute son éducation.

Albus lui avait conseillé, dans sa dernière lettre, de s'ouvrir au monde, de ne pas reproduire ses erreurs. C'est ce qu'elle ferait. Mais elle avait du mal à se détacher totalement de son passé, d'une éducation qui avait bercé son enfance, entourée par des êtres chers. Hermione avait besoin de se confier à quelqu'un (autre que sa psychologue qui suivait son état mental). Neville était le parfait candidat pour comprendre ses tourments. Il était dans la même situation qu'elle. Il n'avait plus de magie mais il n'était pas enfermé dans une prison. En effet, son intervention pendant le combat contre Voldemort lui avait permis de retrouver sa liberté et de reconstruire sa vie avec sa grand-mère, qui n'avait également plus de magie.

« Il n'y a pas de honte à soutenir le mauvais camp. » Poursuivit Neville, d'une voix étonnamment sage. « Il faut deux camps pour mener une guerre. Tu peux toujours regretter certaines de tes actions mais toujours soutenir l'idéologie qui se cache derrière. L'idéologie n'est pas forcément mauvaise. Agir pour le plus grand bien. » Il marqua une pause. « J'aime bien cette phrase. J'ai aimé savoir que mes actions, aussi mauvaises soient-elles, contribuaient à construire un monde meilleur pour notre peuple. Seulement… »

« Seulement, on s'y est mal pris. » Murmura doucement Hermione, ses yeux glissant vers le soleil qui avait pratiquement disparu. « Vraiment mal…comment ai-je pu être aussi stupide de croire que réduire des personnes en esclavage allait aider notre cause ? Comment ? »

Elle s'en voulait de connaître le sort des jumeaux Weasley. Elle pensait que c'était de sa faute. Non. C'était de sa faute. C'était elle qui avait informé son grand-père et les Weasley de la supposée trahison des jumeaux. Comment avait-elle pu croire que les réduire en esclavage pouvait les aider ? C'était des enfants, réalisa-t-elle. Des enfants ! Trahis par leurs parents, leur famille et amis ! Comment avait-elle pu être aussi horrible ? Détestable ? Et elle avait reproduit ces crimes à plusieurs reprises. Sur la petite Astoria Greengrass, sur Luna Lovegood, sur d'autres innocents et vulnérables enfants…

« Je me pose la même question tous les soirs… » Continua Hermione, la voix tremblante. « Tous les soirs, je revoie mes actes et je me demande que se serait-il passé si j'avais choisi de les aider. De poursuivre le plus grand bien de notre monde d'une manière différente… »

« On ne peut refaire le monde avec des si, Hermione. » Dit tout simplement Neville, avec le même regret qu'elle inscrit sur les traits de son visage.

« Si seulement c'était possible… » Hermione se redressa légèrement sur ses avant-bras. « Tu sais ce que je regrette le plus ? C'est d'avoir détruit mon amitié avec Ron et Harry. Je ne pense même pas que je puisse les appeler de cette manière… »

« Oui, ces deux-là sont de bonnes personnes. » Neville approuva se rappelant les interactions qu'il avait eues avec eux, avant et après la trahison. « J'aurais bien aimé être leur ami. »

« Je ne pense pas que tu aurais apprécié toutes leurs aventures foireuses. » Renifla Hermione, amusée par ses souvenirs avant de reprendre son sérieux. « Mais je suis heureuse de voir ce qu'ils sont devenus. »

« Oui, moi aussi. » Approuva Neville. « Ils méritent d'être ce qu'ils sont devenus. »

« Tu sais, le jour de leur pseudo-mort, j'étais heureuse. Je pensais m'être débarrassée de deux boulets…mais après des années de réflexion dans ce manoir et avec ma psy, j'ai compris que j'avais tort. » Hermione soupira, observant le ciel étoilé. « Je crois que j'ai réagi de cette façon car c'était la première fois que je me retrouvais complice d'un complot pour assassiner deux enfants. A 12 ans. C'était… »

« Beaucoup trop jeune. » Termina Neville, compréhensif, sachant que lui-même avait été trop jeune pour prendre le rôle de l'Élu d'une prophétie : il n'avait été qu'un acteur.

« Oui, trop jeune. » Approuva Hermione. « Je suis, j'ai été considérée comme étant une génie, mais…même une génie ne peut pas encaisser l'idée d'orchestrer la mort de deux proches. Pour moi, Harry et Ron étaient véritablement mes amis. J'ai juste…enterré mes sentiments pour ne pas perdre la tête… »

« Tu peux le dire, non, on a merdé. » Rit doucement Neville. « Bien merdé. On a détruit notre vie pour si peu… »

« Mais on peut être heureux, non ? Nous avons bien atteint notre objectif, nous vivons dans un monde meilleur où magie vit avec la non-magie. On peut dire que le plus grand bien a triomphé. » Ce fut les derniers mots que prononça Hermione ce soir-là, entourée par la dernière auréole lumineuse du soleil.

Ses mots illustrèrent une idéologie oubliée de tous qui se poursuivait toujours dans l'ombre. Après tout, quel que soit le camp vainqueur, le plus grand bien avait triomphé.

N'était-ce pas là la volonté du Signe du Serpentaire ?

OoO

Bien le bonjour, nobles personnes ! Vous êtes arrivées au dernier chapitre du Signe du Serpentaire. Le dernier chapitre correspond à l'épilogue et il pourrait y avoir des bonus ! Mais nous avons atteint la fin de l'aventure d'Harry et de Ron ! PS : Ron et Daphné ne se marieront jamais, ils aiment vivre ensemble en concubinage. À cause de leur passé et des morts, ils ne peuvent pas passer le cap. Je me suis beaucoup amusée à écrire le point de vue de Dumbledore et d'Hermione ! Ils ne sont pas méchants mais ils ne sont pas gentils ! Ils ont une vraie raison pour avoir agi d'une telle façon ! Personnellement, je les aime beaucoup et ils méritent une bonne fin !

A bientôt !