Ce que j'ai pu galérer avec ce couple/texte ! Techniquement, je n'ai joué à aucun des jeux dont ils sont tirés, ha ha...
Ceci est donc le premier Linkcest de la série, mais absolument pas le dernier (oui, c'est aussi l'un des buts du recueil).
Hyrule : The Legend of Zelda & The Adventure of Link / Wild : Breath of the Wild
Bonne lecture !
4- Wild x Hyrule – Jusqu'à la dernière miette.
Quand Wild rentra du travail, il fut surpris de ne pas l'être, alors qu'une fumée âcre et épaisse l'accueillait.
Retenant sa respiration, il tâtonnait jusqu'aux fenêtres pour les ouvrir en grand, s'y penchant pour y inspirer de l'air intact.
Son coloc le tuerait un jour. Espérons juste que ce soit un jour où la lessive avait été faîte…
Une fois l'atmosphère suffisamment dégagée pour retrouver son chemin, il soupira puis alla directement dans la pièce maudite : la cuisine.
Leur colocation ne datait pas de la veille, pourtant mais Hyrule semblait vouloir toujours plus repousser les limites du possible dans le domaine culinaire, les forçant à désactiver les différentes alarmes incendies dans l'appartement après avoir provoqué l'arrivée des pompiers une fois de trop – mais au moins purent-ils évacuer l'ignominie monstrueuse qui avait naquis dans leur four.
Après une rapide prière en direction de la première divinité passant dans le coin, Wild fit son entrée, carrant les épaules et redressant le dos, prêt à se battre contre la créature qui aura pris vie dans le cuisine commune.
Cette fois encore, il était surpris de ne pas l'être quand le champ de bataille se dévoila à lui, avec au centre de la pièce, le grand coupable qui le salua d'un large sourire enjoué, lui montrant… quelque chose. Bons points : aucun mouvement du truc en question et les couleurs n'avaient rien de surnaturel.
- Pile à temps ! S'égaya son ami.
Des étoiles plein les yeux, il se rapprocha de lui, lui pressant presque cette infamie sous le nez, le forçant à retenir sa respiration une fois de plus tout en mimant un air ravi d'être le spectateur involontaire de cet immondice.
À chaque fois, il se découvrait des ressources insoupçonnées dans le simulacre. Peut-être n'était-il pas trop tard pour se lancer sur les planches ?
- Tu n'étais pas obligé de cuisiner Hyrule, tu dois être fatigué de ta journée, articula-t-il en apnée.
Heureusement, le plat impie fut transporté ailleurs et il put remplir ses poumons d'oxygène salvateur.
- Cuisiner me détend, balaya son colocataire en ôtant ses maniques.
- Je suis sûr qu'il existe un monde complet d'activités que tu ignores, qui t'apporterait cette paix intérieure.
Comment lui faire passer l'envie de changer leur cuisine commune en zone sinistrée, sans le vexer ni l'encourager ? C'était une tâche ardue, une situation de funambule à plusieurs mètres de hauteur sur une corde minuscule.
Perdre son amitié ou sa part de loyer, Wild ignorait quelle perte serait la plus douloureuse. Et, au fond, il ne voulait pas le avoir ni l'expérimenter…
- Sans doute, mais je vais me concentrer sur celle-ci, pour le moment. Ça me reste accessible et nous pouvons le consommer après. C'est gagnant-gagnant.
Plutôt crever que porter ça à ma bouche.
Hélas pour lui, il n'y avait aucune alternative courtoise et il dut prendre sur lui pour parvenir à ne pas régurgiter chaque fourchette dans la seconde.
Les toilettes n'eurent pas autant de chance…
Pensif, Wild inspectait les légumes dans les bacs devant lui. Il mettait encore plus de soin dans ses courses qu'à l'ordinaire. Pourquoi cela ? Il avait juste envie de réaliser les meilleurs plats possibles afin que son colocataire s'avoue vaincu et ne lui laisse les pleins pouvoirs de la cuisine.
Ce n'était pas par dévouement, afin de le décharger du poids encombrant de cette corvée au milieu de ses journées surchargées, ce n'était pas non plus la preuve d'un ego surdimensionné, que lui seul méritait de fouler le sol sacré de la pièce.
C'était juste une question de survie.
Les capacités culinaires d'Hyrule étaient, au bas mot, des tentatives de meurtre et il n'en pouvait plus de souffrir de maux divers, tous liés à sa digestion mise à mal.
Il était épuisé, à la fois, par son emploi et par ses soucis de transit, et la charge supplémentaire des courses et de la cuisine n'était pas pour l'aider à se détendre, mais il ne pouvait pas non plus abandonner ces tâches.
Alors, il serrait les dents et fouillait plus fort les étals de légume.
Hyrule savourait avec plaisir le gratin qui reposait dans son assiette.
S'il avait été assez circonspect à l'idée d'une colocation, au début, elle avait fini par le gagner au bout de quelques jours, particulièrement quand il put goûter à son premier repas entièrement fait maison, réveillant ses papilles endormies depuis longtemps. Il comptait depuis des années sur des plats tous faits, de la malbouffe et des surgelés, oubliant rapidement le goût de fruits frais, noyé dans le sucre et les graisses saturées.
Bien sûr, il y avait un contrecoup à payer à ce retour au naturel et au bio, mais il sentait aussi l'énergie lui revenir, son sommeil s'améliorer…
Bref, une véritable résurrection pour seulement la moitié du loyer et des charges !
S'il n'était pas persuadé que le cœur de son ami était déjà pris, nul doute qu'il l'aurait demandé en mariage à la fin de leur premier mois de cohabitation !
- Tu est un véritable magicien, articula-t-il avec difficulté. Il y a une astuce, ce n'est pas possible !
Wild eut un sourire amusé mais ne répondit pas, mangeant en silence.
- J'aurai beau suivre tes recettes, jamais je n'atteindrai la perfection de ce goût, se plaignit-il faussement.
- À ce sujet… Que penserais-tu de me laisser l'entièreté de cette corvée ?
Hyrule se figea à cette proposition, y réfléchissant consciencieusement. Il est vrai que c'était tentant, mais…
- Je ne peux pas te laisser avec cette obligation supplémentaire…
- Ça ne me dérange pas, le coupa-t-il froidement. Ça me fait plaisir.
- Je vais y réfléchir, dans ce cas…
Malgré son sourire, Wild serra les mâchoires à l'absence de réponse positive.
Combien de temps devra-t'il encore souffler avant d'accéder à l'apaisement de son système digestif ?
Trop, sans doute…
Et ce fut ainsi que se poursuivit ce défi secret où l'un tentait de faire plier l'empoisonneur afin de régner en maître sur les plaques de cuisson, et l'autre continuait ses expériences mortelles – pensant bien faire et voulant ainsi remercier ce grand magicien des épices.
C'était sans fin.
Après, leur arrangement ne tournait pas uniquement autour et dans la cuisine. Les autres corvées comptaient aussi, mais aucune autre n'avaient d'aussi graves répercussions que celles de concocter le prochain repas, donc bien malgré lui, Wild bâcla certaines au profit de la cuisine, ce qui rendait parfois Hyrule inconfortable.
Comment lui reprocher de ne pas avoir lavé la salle de bain quand, en parallèle, il présentait une table débordant de victuailles ?
Ils jonglaient tous les deux avec les non-dits, valsant sur des reproches qu'ils s'asséneraient bien mais dont ils craignait les conséquences.
Jusqu'à ce qu'ils arrivent à leurs limites.
S'enivrer n'avait jamais été leur activité favorite, ni pour Wild, ni pour Hyrule, mais il y avait bien des exceptions et cette soirée fut l'une d'entre elles.
La fête avait été amusante, organisée par un ami commun, et ils en étaient revenus trébuchant et gloussant, s'écroulant sur le canapé de leur colocation, profitant d'une brève accalmie.
L'alcool avait toujours rendu Hyrule plus joyeux qu'à l'accoutumée et il n'était donc pas surpris e de son hilarité, s'accrochant au cou de son ami, comme pour l'inciter à l'imiter.
Il avait mal au ventre, aux zygomatiques et au crâne, mais il s'en moquait bien, pour le moment, ayant l'impression qu'il allait éclater sous la joie factice qu'il ressentait.
Bien vite, le hoquet s'invita, lui permettant de ralentir mais de peu, toujours accroché à Wild qui semblait amusé de la situation, le tenant par les hanches pour lui épargner une mauvaise chute.
Lui n'avait pas l'air affecté par sa consommation si ce n'était son regard un peu fixe et un sourire un peu flou en réaction à ses fous rires.
Du moins, c'est ce qu'il pensait jusqu'à ce qu'il se penche et ne l'embrasse sur la joue, gloussant à son tour.
Ils échangèrent un regard puis, dans un élan maladroit où ils se cognèrent d'abord le nez, il s'embrassèrent. Puis une autre fois. Et encore.
C'était loin d'être leur initiative la plus intelligente, mais au réveil, Hyrule regretta plus la douleur dans son crâne et derrière les yeux que celle sourdant dans son fondement.
Il eut juste une pensée rapide sur l'utilisation d'un préservatif avant de retourner à son auto-apitoiement sur sa gueule de bois, les mains plaquées contre les yeux, obturant le plus petit rayon de soleil.
Quand un râle d'agonie se fit entendre à ses côtés, il ne changea pas de position, serrant un peu les dents aux mouvements du lit, loin d'être confortable dans son état.
- Toujours vivant ? Marmonna-t-il.
- J'crois bien.
Écartant un peu les doigts, il jeta un œil vers lui pour le trouver tentant de se retourner, gêné par sa longue chevelure blonde qui semblait se coincer un peu partout. Quand il échoua finalement sur le dos, le râle de tantôt se fit de nouveau entendre.
- Comment on est rentré, déjà ?
- Je t'ai traîné jusqu'ici. Heureusement que ce n'était pas loin, je n'aurais jamais pu te ramasser si tu étais tombé.
- Navré, mes amis me le disent souvent. Je peux être un vrai boulet quand je suis bourré.
Rire faisait encore plus mal alors il s'arrêta rapidement.
- On a vraiment couché ensemble ? Reprit-il.
- Aucun souvenir.
- Moi non plus. Ça compte quand même ?
Au lieu de lui répondre, Wild se tourna vers lui, grimaçant, se frottant les yeux.
- On peut repousser cette conversation à plus tard ?
- Gueule de bois ?
- Ça te surprend ?
- J'avais un doute sur si tu avais bu ou non.
- Moins que toi, si ma mémoire est bonne, mais t'étais loin d'être sobre.
Ils gardèrent le silence, somnolant un peu, avant de se sentir prêts à se lever et à attaquer la journée qui restait, à leur rythme personnel.
- J'ai la dalle, soupira Wild. Faut qu'on mange un truc.
- Je m'en charge !
- Non non, je vais le faire !
Mais il eut à peine le temps de l'attraper par le bras qu'une plainte franchit ses lèvres et qu'il se saisisse la tête entre ses mains.
- On a juste besoin d'un truc à grignoter, pas d'un festin digne du guide Michelin, je peux me débrouiller.
Affectueusement, il le força à se rasseoir, lui tapotant l'épaule, avec un sourire tendre.
Mais Wild l'attrapa par le poignet, l'attirant à lui, l'air aussi féroce que détruit.
- Rentre encore dans cette putain de cuisine pour autre chose que te servir un verre d'eau, et je te sers au prochain repas, compris ?
- Euh…
- Je n'arrive pas à croire que tu n'as jamais dit que tu détestais ma cuisine, bouda Hyrule.
- Je ne la déteste pas, nuança Wild distraitement. Je l'abomine. J'ai pensé un moment que tu voulais m'assassiner pour récupérer l'appartement.
À cette réponse, il croisa les bras, clairement boudeur, avant de souffler, dépité.
- Et qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?
- Ton sourire. Tu étais honnêtement heureux de réaliser ces horreurs et de me les faire manger, mais il y avait beaucoup trop de candeur pour être mal intentionné.
Faisant toujours la moue, il l'enlaça par derrière, enfouissant son visage entre ses omoplates.
- Mais tu ne veux vraiment pas me laisser réessayer…?
- Chéri, frôle seulement les spatules et je te fous dehors à coups de pied dans le cul. Et ce n'est pas une menace mais une promesse.
Sagement, Hyrule n'ajouta rien et se contenta de garder le silence, l'accompagnant dans sa réalisation du repas.
On disait que l'amour pouvait vous faire prendre du poids, mais ne plus avoir à subir sa cuisine hasardeuse y participer grandement.
"C'est ton tour de préparer le repas mais le goût est vraiment affreux et nous sommes maintenant engagés dans une bataille de cuisine incroyablement unilatérale, mais je ne peux pas me résoudre à te dire que tu ne t'améliores pas, alors je passe de plus en plus de temps malade, aux toilettes"
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