Tous mes titres tournent autour de la bouffe ces derniers temps ou c'est juste moi ? xD

J'ai eu un mal fou à l'écrire et il se peut que ça n'ait aucun sens, ayez pitié TT Je suis toujours coincée à cette foutue raffinerie de Lanelle, donc mes interactions avec Kiko et Hergo... sont très limitées.

Bonne lecture !


C'était un enfer.

Une lente agonie, une torture sans fin durant laquelle il avait l'impression de sentir ses neurones s'éteindre les uns après les autres, refusant d'assister plus longtemps à ce massacre.

Si seulement il pouvait les imiter…

Les yeux ne dépassant pas la hauteur de son verre d'eau, Link se concentrait uniquement sur son assiette à l'exclusion de tout autre chose, mâchant avec une application sortant de l'ordinaire, déglutissant avec un rythme de tortue.

Plus longtemps sa bouche était-elle occupée, plus longtemps il gardait le silence. Et s'épargnait ainsi la possibilité de prendre la parole.

Pas comme si son interlocuteur avait l'intention de lui offrir la moindre seconde pour donner son avis.

Link était arrivé en avance au rendez-vous, miracle dû à sa meilleure amie qui l'avait trompé sur l'heure, connaissant ses tendances retardataires, et avait donc plaqué son meilleur sourire pour accueillir l'inconnu avec qui elle lui avait arrangé le coup.

La seule raison pour laquelle il parvenait encore maintenant à le garder en place était parce qu'il imaginait tous les supplices qu'il pouvait faire vivre à ce bellâtre avec force de détails.

Ce n'était pas très sain mais c'était le secret de sa maîtrise de soi.

Visualiser l'écorchage des malappris qui vous postillonnaient en plein visage possédait un curieux potentiel de détente.

À la première seconde où ce gars avait posé ses fesses sur le chaise lui faisant face, jusqu'à l'instant présent, il avait à peine ouvert le bec, mastication incluse.

- C'est toi Link ? Je suis Hergo !

Et il avait enchaîné sur la difficulté à trouver le restaurant, une place de parking, la valeur du quartier, la maison qu'il rêverait d'acheter, les économies qu'il réalisait depuis son premier emploi, les différentes expériences qu'il avait eu à travers la vie…

Il discourait tellement en long, en large et en travers que Link avait l'impression d'être en thérapie.

Un instant, il hésita à lui facturer la séance.

Heureusement, les menus leur furent apportés et il put se concentrer sur les colonnes de plat et ainsi occulter le brouhaha.

Le service fut impeccable et rapide, lui permettant d'avoir un peu de plaisir dans cet échec.

On lui avait toujours répété qu'il était trop gentil et que n'importe qui pouvait prendre avantage de lui. Il l'avait vécu à de nombreuses occasions mais ça n'avait pas suffi pour le faire changer.

À la limite, il était devenu plus patient et s'était découvert une satisfaction cruelle à assister au retour de karma de ceux ayant tenté leurs chances.

Le regard dans le vide, il mâchait sa viande alors que son esprit vagabondait.

Le restaurant ne serait pas d'une telle qualité, peut-être aurait-il envisagé de le planter là avec la note.

Mais c'était Zelda qui avait choisi le lieu du rendez-vous, le candidat pour le rencard et même sa tenue.

Un jour, elle le réveillera pour l'amener à son propre mariage impromptu. Il l'en savait capable.

S'il partait avant le café, elle le poursuivra jusqu'à l'autre bout du royaume. Peut-être même sortirait-elle l'épée familiale pour l'occasion !

L'envie de sortir son portable le démangeait mais il la combattit.

Bien que leurs chemins ne s'étaient jamais croisés auparavant, Hergo et lui étaient amis avec Zelda. Peu importe son comportement, tout lui remontera aux oreilles jusqu'à la fin.

Et nul ne voudrait traiter avec son amie en colère.

Lorgnant discrètement le cadran de sa montre, il se sentit sombrer plus loin encore en constatant que ça ne faisait même pas une heure qu'il supportait cette torture.

Il n'allait jamais s'en sortir…


Hergo passait un bon moment. Un très bon moment.

Quand Zelda, la belle Zelda qu'il aimait depuis des années, l'avait contacté, il avait eut envie de hurler de joie.

Quand elle lui avait parlé d'un ami célibataire, il s'était calmé, attentif.

Quand elle lui avait proposé de le rencontrer, et plus si affinité, il avait réfléchi.

Totalement à l'aise avec sa bisexualité, l'invitation de son amie ne le choquait pas, et même lui plaisait bien.

Contrairement à ce qu'il laissait croire, Hergo était loin d'être stupide et était conscient que la jeune hylienne ne s'intéressera jamais vraiment à lui, et qu'il était donc inutile de mettre sa vie amoureuse en pause en l'attente d'un regard de sa part.

Si Zelda lui présentait quelqu'un… Ce serait une aberration de refuser !

Et puis, c'était juste un dîner, il pourrait tout aussi bien ne pas y donner suite s'il ne lui plaisait pas !

Quand il l'aperçut de dos, il se sentit intrigué puis quand il lui fit face, il ne put réprimer un sourire satisfait alors qu'il découvrait à quel point Link était à son goût.

Parfait, la situation allait être plus agréable encore, il n'avait plus qu'à l'éblouir et il lui tombera dans les bras.

Du gâteau !


Si on fixe assez longtemps un verre d'eau, peut-on, à terme, développer la capacité de manier l'élément ?

Link avait l'impression d'effleurer un pouvoir endormi alors que son attention était rivée sur sa boisson à l'exclusion de tout autre chose. Il y avait plus de bulles, là, non ?

Tout le reste n'était plus qu'un bruit de fond à ses oreilles, il avait perdu pied avec la réalité aux alentours du plat principal.

Il y fut renvoyé brutalement quand quelque chose percuta sa jambe, la douleur – légère mais difficile à ignorer – irradiant l'arrachant de ses songes. Au moins évita-t-il de vocaliser tout son, serrant les dents tout en relevant la tête, à la recherche de réponses.

- Navré, je ne pensais pas que ta jambe était si loin.

Il tenta d'afficher ce qui devait être un sourire charmeur à ses yeux, mais le résultat était plus proche d'une grimace constipée, gelant d'autant plus Link.

Peut-être aurait-il dû prêter plus attention sur ce qu'il discourait plus tôt, ça lui aurait évité cette – mauvaise – surprise.

Les phalanges blanches par la prise qu'il exerçait sur ses couverts, il fixa toute son attention sur ce quidam au comportement sans limite.

Distraitement, il constata que non content de lui avoir asséné un vilain coup, le pied inopportun amorçait maintenant un lent mouvement de va et vient, froissant le tissu épais de son pantalon dans un bruit aussi audible que gênant. Difficile de jouer les innocents à ce sujet, quiconque à proximité savait exactement ce qui se déroulait sous la nappe en papier.

Cet impudent me fait du pied.

Ou il tentait d'essuyer sa chaussure sur son vêtement, c'était difficile à déterminer…

Link n'avait pas pour habitude de s'étaler sur ses histoires d'amour ou de plumard, préférant rester discret ou vague à ce sujet, ce qui avait sans doute conforté son amie sur un célibat prolongé et strict, et l'avait indirectement motivé à débusquer pour lui la fameuse perle rare.

Plus d'une fois avait-il cédé à ces discrètes avances, lui-même instigateur ou bien cible de l'attention.

Certaines s'étaient déroulées dans l'atmosphère feutrée de leur romance, d'autres avaient été si maladroites qu'elles s'étaient finalisées par des éclats de rire à se rouler par terre.

Mais rien ne pouvait être comparable à ce spectacle d'une gêne sans précédent.

Bien malgré lui, Link sentit son visage passer d'un air neutre et légèrement souriant, à une grimace méprisante, alors qu'il se redressait et s'assurait d'éloigner tout son corps de l'emprise malhabile.

- Je crois qu'il y a un malentendu, déclara-t-il de sa voix la plus froide.

- Quel malentendu ? Tu es simplement timide, Zelda m'avait prévenu, tu n'as pas à te cacher sous de fausses excuses, ça ne me dérange pas.

Le clin d'œil appuyé qu'il ajouta était sans doute sa version de l'œillade charmeuse, mais il lui donna plutôt l'impression d'avoir quelque chose dans l'œil.

Comme son poing.

Se forçant à suivre des exercices de respirations pour se décontracter, il détendit ses articulations une à une, relâchant les couverts et agitant ses doigts pour en chasser la tension.

Il ne fallait pas se crisper trop ou il allait se faire mal.

- Oh, elle a dit ça ? Et qu'a-t-elle dit d'autre ? Je serais très curieux d'en savoir plus étant donné qu'elle n'a pas jugé utile de me rendre la politesse.

C'était plus fort que lui, tout son côté sombre et cruel semblait vouloir émerger, mettre les limites au clair et les points sur les i.

Et peut-être se venger de toutes ces minutes perdues à l'écouter déblatérer pendant qu'il se noyait d'ennui.

Malheureusement pour lui, Hergo ne parut pas prendre l'indice de son sourire tordu montrant trop de dents pour avoir l'air sympathique, s'avançant un peu plus sur la table, s'appuyant sur un coude et lui adressant un nouveau clin d'œil.

- Quelle importance ? J'ai toutes les réponses pour toi, il te suffit de me les poser. Tu peux aussi utiliser cette jolie petite bouche pour autre chose, hé hé.

Répugné, Link s'interdit le moindre mouvement de recul alors qu'il l'observait se lécher les lèvres avec insistance, ne laissant aucun doute sur sa pensée.

Presque inconsciemment, Link agrippa son couteau à viande et commença à jouer avec, tel un stylo, ignorant la sauce et le sang qui tacha la nappe en réaction.

Non Link, on ne tue pas les gens, c'est mal.

À la seconde où sa maîtrise de lui flancha suffisamment pour qu'il entame un mouvement ascendant du bras – et épingle ainsi une main bien malvenue au meuble – le contenu d'un verre entra dans son champ de vision, s'étalant sur le visage de son grossier compagnon, le liquide imbibant quelques mèches de cheveux et les habits.

L'expression coincée entre la séduction de tantôt et le choc était absolument délicieuse et Link s'offrit quelques micro-secondes pour la savourer, se permettant un sourire ravi avant de se reprendre.

Les apparences.

L'action était loin d'être passée inaperçue et des serveurs affolés se dirigeaient à leur table, les clients alentours hésitant entre la stupéfaction et le rire, mais il y avait deux personnes calmes au milieu de tous ces gens : Link lui-même et le lanceur de verre d'eau.

Celui-ci se tenait debout, vide comme la justice, le bras toujours tendu, le verre toujours dans sa main.

Link l'observait avec curiosité, oblitérant son interlocuteur précédent.

Il adorait les rebondissements, surtout quand ceux-ci étaient imprévisibles.

- Vous vous connaissez ? S'enquit-il, l'air de rien.

Il avait dû agir sous l'impulsion car il sursauta et fixa sa main coupable, retournant le verre comme s'il en découvrait l'existence.

- Monsieur ?

Tendant le bras, Link lui attrapa le poignet, attirant son attention sur lui.

- Tout va bien ? Vous vous connaissez ?

- Vous, comment allez-vous ? Lui rétorqua-t-il.

Il lâcha le verre sur la table sans y faire attention, lui prenant sa main libre, semblant s'assurer qu'il allait bien, à sa surprise.

Qui que fut cet inconnu, il avait déjà démontré plus de bienséance en trois secondes que l'autre hurluberlu aux cheveux rouges en toute une soirée.

C'était rafraîchissant.

Il sentit un vif intérêt en son encontre, oblitérant petit à petit tous ceux qui les entouraient, ayant déjà commencé avec la présence de l'autre sans gène.

Distraitement, il regretta d'être déjà en rendez-vous – même si clairement subie – pour ne pas pouvoir l'inviter à prendre un verre ensemble afin de faire plus ample connaissance. Peut-être pourrait-il le croiser une autre fois dans des conditions plus adéquates au jeu de la séduction.

Connectés par leurs mains liées, ils se dévoraient mutuellement du regard avant d'être grossièrement interrompus, ce qui ne les surprit nullement, pas plus que par son auteur.

- J'exige des réponses ! D'abord vous m'aspergez sans explication ni excuse et maintenant vous monopolisez mon rencard !

Link ne chercha plus à cacher ses véritables sentiments, ses yeux roulant dans ses orbites alors qu'il soupirait, exaspéré. Ne pouvait-il donc pas lire l'atmosphère et ainsi conclure que sa présence était à peine tolérée ? Ils frôlaient des doigts un superbe coup de foudre, là !

Après, il est vrai que lui aussi était curieux de cette surprenante initiative. Qui déciderait de s'immiscer dans un repas pour vider sa boisson à la face d'un pur inconnu ?

Car ils ne se connaissaient pas, n'est-ce pas ? Ce n'était pas une fumisterie, un coup monté créé de toutes pièces pour le pousser dans les bras de l'entre eux ?

Ou peut-être Link devrait-il arrêter de traîner sur Internet les nuits d'insomnies…

- Je m'appelle Kiko, se présenta-t-il.

- Link.

- Je n'ai pas pu m'empêcher de vous observer alors que je dînais. Et encore moins d'intervenir. Mais peut-être ai-je mal interprété votre situation ?

Mâchonnant nerveusement sa lèvre, Link analysa rapidement le contexte, clairement hésitant.

Cet inconnu – Kiko – était clairement à son goût, il ne pouvait pas le nier, et il était tout aussi clair que planter Hergo ne lui provoquait pas trop de culpabilité. À la limite, il craignait plus l'appel que son amie lui passerait demain, mais c'était loin. Il avait le temps de faire bien des bêtises jusque là !

Ce fut peut-être cette pensée qui lui donna l'impulsion nécessaire pour se lever subitement, manquant de peu d'entrer en collision avec son sauveur, puis de l'entraîner avec lui jusqu'à l'entrée, réglant les repas et récupérant leurs manteaux respectifs.

Rapide et efficace, le personnel le fit à peine attendre et tous deux retrouvèrent bien vite les rues refroidies par la nuit s'installant.

- Navré, j'ai gâché votre soirée.

- Oh, ne vous en faîtes pas, il y parvenait très bien tout seul !

Maintenant qu'ils n'étaient plus que tous les deux, dans l'anonymat de la ville, Link se sentit de nouveau sourire, le cœur léger.

- Une idée de comment nous occuper ? Lança-t-il effrontément.

- Eh bien, pour commencer pourquoi par un vrai rendez-vous ?

Il avait un sourire espiègle qui creusait ses fossettes et faisait briller ses yeux, des promesses indicibles dans les airs qui faisaient battre la chamade à son pauvre cœur alors qu'il s'empourprait, émoustillé.

Finalement, cette soirée serait peut-être plus animée que ce qu'il l'aurait cru.

Quand Kiko porta sa main à ses lèvres, embrassant le dos de ses doigts, il ressentit une étrange reconnaissance à l'encontre de son amie, mais aussi du butor. Sans leur ingérence, comment et quand auraient-ils fait connaissance ?


"J'assiste à un blind date vraiment merdique et tu en as marre du connard avec qui je suis. Tu lui jettes de l'eau au visage et me propose de m'emmener à un meilleur rencard. J'accepte totalement."

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