C'était une matinée banale. Sa mère avait préparé son petit-déjeuner, il s'était habillé pour l'école, et avant qu'il ne finisse sa nourriture, sa mère lui faisait déjà ses adieux par un bisou. Izuku lui sourit en retour, puis, une fois la porte bien fermée, la voiture démarrée, il souffla longuement. Il prenait ses baguettes. Il n'avait vraiment aucune envie d'aller à l'école. Il savait ce qu'il allait se passer. Il se ferait embêter, dès les premières minutes, jusqu'aux dernières, et même parfois sur le chemin entre sa maison et l'école. Il gardait toujours des hauts à manches longues. Il termine son repas et met rapidement la vaisselle avant de partir. Il était anxieux, ne cessait de réfléchir et de répéter les mêmes scénarios dans sa tête. Toujours, les mauvais scénarios. Il entre dans la cour et se fit le plus petit possible, entre certains élèves, il réussit à passer et à se faufiler jusque dans sa classe. Mais, problème. Katsuki Bakugo était là. Il faisait ses devoirs le matin également. Leurs salutations se croisèrent, et Izuku n'eut même pas le courage de le soutenir. Il s'installe le plus silencieusement possible et trie ses cahiers. Certains étaient abîmés, pliés, d'autres étaient presque brûlés à certains endroits.
Mais il n'en démordait pas. Il savait qu'il pouvait devenir un héros en aidant les héros. Il confectionnerait des costumes en fonction des pouvoirs de chacun. Il avait, parmi ses croquis, plusieurs idées et concept pour le Quirk de Bakugo. Il le battait, certes, mais il ne restait pas moins fascinant pour autant. Il aimait se voir, plus tard, dans un atelier à confectionner et améliorer les équipements de héros professionnels. Oui, il voudrait être un héros, pour les héros. Il les aiderait et les sauverait grâce à ses analyses.
Aujourd'hui, ont lieu les inscriptions aux futures écoles. Izuku ne se laisse pas abattre par les ricanements et les moqueries sous le nez du professeur. Il écrit tranquillement le nom d'UA sur sa feuille. Il n'a rien à perdre, mais tout à y gagner. Le professeur annonce qu'il y a deux inscriptions pour UA, et Izuku est moqué. Il sait déjà qu'il aura une confrontation explosive après les cours.
Cela ne loupe pas.
« Fichu Deku ! » Entendit le vert dans son dos. Le son de pas lourds s'approche vite.
« Kacchan... »
« Tu crois pouvoir faire ce que tu veux ? Hein ? Devenir un héros sans Quirk ? » Cracha le blond. « Tu seras toujours celui qui sera sauvé. » Il continua. Izuku ne répondit pas. Les paroles étaient dures, tranchantes, il avait l'impression d'entendre des bombes dans ses oreilles. Mais il ne réfléchit pas. Il déglutit difficilement.
« Non... Je ne te ferais pas d'ombre. Je veux juste aider les héros ! » Izuku se remet à rêver. Il sort son cahier pour preuve et la pointe du doigt. « J'ai noté pleins de particularités sur les héros et leurs Quirk, leur équipement, comment les améliorer, je veux... » Il sentit sa poigne se vider.
Bakugo le regardait avec un sourcil levé. « Tu peux pas juste rester en dehors de tout ça ? T'es obsédé parce que t'as pas de Quirk ? » Il regarda le cahier, il en fit brûler un morceau. Izuku se précipita sur lui, ignorant la brûlure sur ses doigts. Il était par terre, assis, époussetant son papier chiffonné. Bakugo le regardait de toute sa hauteur. Tu ne seras jamais un héros, Deku. « Arrêté d'être obsédé, c'est comme ça que les gens deviennent des méchants. » Il eut un rictus moqueur et se retourna, il partit.
Izuku reste quelques instants sur le bitume pour digérer les paroles de son ami d'enfance. « J'ai même des notes pour toi, Kacchan... » Lâcha t-il faiblement, avant de trouver la force de se relever et de rentrer chez lui. Il savait que la journée ne serait pas de tout repos, et qu'il devrait faire face à Bakugo, mais c'était chaque fois plus pénible. Chaque fois plus explosif. Il sentait que le blond se retenait de juste lui exploser le visage. Il sentait qu'il pesait lourd sur Katsuki.
Mais c'était réciproque. Katsuki pesait lourd sur Midoriya. Il l'avait dans les souvenirs, dans l'esprit, les habitudes. Il avait Katsuki partout où il allait, et il savait qu'il ne ferait que continuer d'alimenter ce cercle de rencontres en entrant dans la même école que lui.
Finalement, Bakugo avait eu des mots durs. Bien plus que d'habitude. Il avait suggéré l'impensable. Il avait proposé de cesser cette boucle. Il lui avait dit de sauter du toit. A ce moment, Izuku avait beaucoup pris sur lui. Il n'avait jamais voulu inquiéter sa mère, donner des indices à celle de Bakugo sur le traitement qu'il lui faisait subir au collège. Il avait tout pris pour lui, et avait continué de penser à son ami.
Mon ami. Celui qui venait de lui proposer de lâcher sa main, de se laisser tomber dans le vide. De s'écraser pour de bon. Ne plus jamais lui faire d'ombre, honte ou tort.
Izuku était resté sur place, les yeux dans le vide, la bouche sèche. Les groupies de Katsuki l'entraînèrent vers la sortie de la classe, pendant que le vert était debout, les bras mous, vidé. Le blond avait eu un dernier regard vers lui, comme intrigué par le comportement amorphe, puis il s'était laissé tirer hors de la salle.
Le soir, Izuku était sur le toit. Les jambes flottantes dans le vide. Il faisait bon, le vent était doux et le soleil qui commençait à descendre chauffait encore son dos. Il se demanda pourquoi il n'était pas venu ici plus tôt. C'était paisible. Il pensait que ce devait l'être même avec l'agitation des étudiants. Il vit une scène dans son esprit. Bakugo le tenait depuis le toit, et le vert était dans le vide. Ou plutôt, il s'accrochait péniblement au blond, qui refusait d'être entraîné avec lui dans l'ombre. Izuku comprenait cela. Il était une personne à part. Il était spécial en quelque sorte. Pas dans le bon sens, mais il l'était. Il rapproche ses jambes contre son torse, et renifla. Il ne voulait pas être un poids. Il ne voulait pas être si lourd qu'on ne pourrait le tirer. Il voulait flotter, voler dans un monde qui ne l'acceptait pas. Il avait espéré qu'il pourrait suivre la cadence. Que sa main restait liée à celle de Bakugo, et qu'ils s'aideraient autant que possible. Mais c'était faux. Cette image était fissurée.
Il avait pensé à d'autres métiers, mais ils étaient si secondaires qu'il ne rapportaient quasiment rien. Sa mère travaillait beaucoup pour eux deux. Il voulait la rendre fière, il voulait lui montrer que ce n'était pas de sa faute s'il était né sans Quirk. Il voulait qu'elle soit heureuse en le voyant faire ce qu'il aime. Mais tout ce qu'il rapportait, étaient des bleus, des marques, un esprit fatigué, un uniforme usé.
Izuku voulait flotter. Il voulait se sentir léger, sans parler de kilos. Mais d'apesanteur. Il aurait aimé connaître quelqu'un avec un tel Quirk. Mais au lieu de ça, il s'était levé, s'était tourné vers le soleil couchant en souriant, et avait laissé le vent le balancer à son gré. Il ne sentait plus rien. Le sol sous ses pieds n'existait plus, son corps n'était pas lourd, mais si léger qu'il ne le sentait pas. Les larmes aux yeux, il sourit doucement. Aussi longtemps qu'il avait été là, il avait gardé un sourire sur son visage, mais celui-ci le rendait heureux, il le rendait vrai.
Au revoir ~
