Chapitre 2 : Objectif mariage.

- Lord Rogue…

Hermione se sentait perdue et en colère en même temps, à la suite d'une ascension émotionnelle s'étant finie par une chute libre impétueuse. Elle repensa au baiser, puis elle se souvint du lieu où elle se trouvait puis, plus généralement, du contexte et donc… de ce que cela impliquait !

- ESPÈCE DE CHIABRENA !

Le sorcier face à elle haussa un sourcil surpris face au langage de la jeune femme mais ce qu'il prit de plein fouet par la suite, ce fut bel et bien une gifle mémorable. Sachant à qui elle avait à faire, cela aurait dû la freiner, mais elle s'apprêtait déjà à lui donner un nouveau coup, visant en plein visage.

Rogue lui attrapa néanmoins le poignet et utilisa la propre force de la furie pour la faire basculer au sol. Enfin pas tout à fait, car il retint sa chute et se retrouva au-dessus d'elle comme s'il venait de terminer une de ces danses modernes. Il plongea son regard noir droit dans celui de la jeune femme et eut un de ses sourires mauvais :

- Vous devriez parler autrement à votre futur époux Miss Granger !

- Jamais je ne m'abaisserai à…

Des bruits de pas se firent entendre, ainsi que plusieurs exclamations et quelques murmures. Rogue semblait jubiler :

- Libre à vous de réduire à néant vos chances dans la société !

Il se redressa, après avoir murmuré ces menaces même pas camouflées, et l'aida à en faire de même avant d'observer les bonnes gens qui s'étaient retrouvés au mauvais endroit, au mauvais moment…

- Bonsoir Mme. Spavin, dit le sombre sorcier en s'inclinant devant la femme du ministre.

Hermione n'en revenait pas ! Peu importait qui les aurait vu, sa réputation aurait été bafouée quoi qu'il en fût, mais que ce soit la première dame de la société magique en particulier, avec ce qui devait être sa clique ministérielle…

- Lord Rogue, dit-elle en faisant fi des bonnes manières, mais que ce passe-t-il ici ?

- Oh, fit-il en feignant une gêne certaine, il s'avère Mme, que je viens tout juste de demander la main de cette jeune damoiselle. J'aurais préféré de loin vous l'annoncer officiellement et comme il se doit, mais au vu de la situation… j'ai l'honneur de vous informer qu'elle a accepté !

Il avait un talent certain pour le mensonge car même Hermione aurait pu le croire si elle n'avait pas été manipulée, elle aussi, de la pire des façons. Elle rêva de lui sauter dessus par derrière pour l'assommer pour de bon mais la première dame de la société magique la regardait déjà avec un air aussi stupéfait que joyeux :

- Est-ce bien vrai Miss Granger ?

- Je… eh bien… je…

Non, non, non et non ! Ce n'était pas vrai… cela ne pouvait être vrai. Et pourtant, la sorcière face à elle était bien là et attendait une réponse :

- Oui Mme Spavin… c'est bien cela…

- Ooooh, s'exclama-t-elle alors en se tournant vers ses dames de compagnie, ne vous avais-je pas dit que cette demoiselle allait nous surprendre durant cette saison ?

Toutes acquiescèrent et gloussèrent alors que Lord Rogue la regarda elle, un air aussi machiavélique que satisfait au visage. Puis la femme du ministre sourit et fit un geste inutile, mais se voulant raffiné, dans les airs :

- Voyez-vous Miss Granger, j'ai tout de suite vu à vos manières raffinées ce soir que vous pourriez obtenir la main d'un prétendant de haut rang. Ainsi donc, vous serez le premier mariage de l'année ! Il faut que j'aille quérir mon époux de la nouvelle, vite mesdames, nous aurons tout loisir de faire notre balade nocturne plus tard, la lune ne va pas se coucher de sitôt !

Aussi vite que ce qu'une dame centenaire pouvait prétendre, elle et les autres femmes quittèrent les lieux pour retourner au château. Hermione resta debout, le poing fermé en regardant le lac. Le reflet de la lune avait disparu. Rongeant son frein pour ne pas hurler et ne pas se mettre à pleurer, elle marmonna :

- Une balade nocturne hein ?... Vous saviez qu'elle serait ici… vous m'avez piégée…

- Piégée est un mot un peu fort, mais disons que je sais obtenir ce que je souhaite quand je le souhaite ! répondit Rogue en se tournant vers elle.

- Pourquoi ? Pourquoi avez-vous fait ça ? demanda-t-elle en sentant ses membres trembler.

- J'ai bien peur que vous ne soyez seulement un dommage collatéral dans mon objectif principal.

- C'est-à-dire ? grogna-t-elle cette fois en redressant la tête vivement pour voir le monstre qui lui faisait face. Quel est votre satané objectif ?

Sa pâleur semblait identique à la lueur de la lune et donnait au sorcier un air quasi maladif. Le contraste avec ses yeux noirs fut une fois encore surprenant, ou terrifiant, mais ce fut le ton haineux qu'il employa qui fit frémir Hermione :

- Empêcher Black d'avoir ne serait-ce qu'une once de bonheur durant sa vie !

Elle aurait bien voulu lui demander pourquoi il était aussi cruel, mais la voix de Sirius retentit et son cœur se serra tandis que ses lèvres restèrent closes :

- Hermione… Hermione dites-moi que ce n'est pas vrai ?

Les yeux si joyeux de son Lord adoré semblaient ce soir sur le point de fondre en larme. Elle détourna le regard sans pouvoir répondre quoi que ce fut mais Lord Rogue se fit un plaisir de le faire à sa place :

- Je ne sais pas ce que vous voulez exactement, Lord Black, mais si vous avez besoin de vous adresser à ma fiancée, je vous demanderais de passer par moi !

- Toi… espèce… espèce de… grogna Sirius comme un chien enragé.

- Oh, pas la peine Black, je sais quelle espèce d'homme je suis, ma future femme me l'a déjà tendrement rappelé ! dit-il en riant presque.

- Je vais te tuer ! cria Sirius qui sortit sa baguette.

Rogue ne bougea pas, comme semblant étonnement serein. Il croisa les bras devant lui et arbora un sourire en coin :

- Vas-y Black, mais tâche de ne pas te rater cette fois !

- Ava…

- NON ! hurla Hermione qui sauta devant Rogue.

Sirius cessa aussitôt sa formule mais Hermione sentit tout de même une douleur étrange aux genoux. Quand elle retrouva ses esprits, elle était agenouillée au sol et des bras puissants, croisés sous sa poitrine, la maintenait à moitié droite. Relevant la tête, elle comprit que Rogue s'était jeté sur elle pour se mettre entre elle et Black, la faisant tomber en partie dans la précipitation. Elle n'eut pas le temps de se relever qu'il la redressa lui-même, telle une poupée de chiffon, tout en crachant entre ses dents serrées :

- Pauvre petite idiote sans cervelle ! Ne vous avisez plus jamais de vous interposer de la sorte entre deux gentlemen en pleine discussion !

- Vous avez une drôle de définition de discussion, dit-elle en repoussant le sombre sorcier avant de s'épousseter la robe. Et aussi de gentlemen d'ailleurs, ajouta-t-elle.

- Hermione, vous allez bien ? demanda Sirius qui tenta de s'approcher.

Rogue l'en empêcha en lui assénant un coup de poing dans l'estomac :

- Arrêtez ! ordonna Hermione.

Sirius se tint le ventre mais au moins Rogue s'était stoppé. Avec une tristesse infinie, la jeune femme s'approcha du sorcier qu'elle aimait tant et lui dit doucement :

- N'essayez plus jamais de blesser qui que ce soit Sirius, je vous en supplie. Votre place n'est pas à Azkaban, n'y retournez pas… surtout pas pour moi…

- Hermione vous ne comprenez donc pas, commença-t-il.

- Si, je comprends parfaitement, affirma-t-elle. Mais nos sentiments ne peuvent rien y faire dans une société comme celle-ci… mon destin est scellé et si je veux ne serait-ce qu'espérer suivre mon rêve de vie meilleure, alors je dois faire ce que l'on attend maintenant de moi ! Et on attend à ce que j'épousaille un homme que je n'aimerai jamais.

- D'aucun dirait qu'il ne faut point dire 'jamais', se moqua Rogue. Pas la peine de jouer une si grande tragédie pour si peu Miss Granger, nous ne sommes pas dans une pièce de Shakespeare.

- Promettez-moi de trouver le bonheur auprès d'une autre, intima Hermione sans faire attention à la raillerie.

- Je ne…

- Promettez-le-moi et il perdra là où il est certain d'avoir déjà gagné !

- Je… je vais essayer… soupira Sirius.

- Que c'est touchant, soupira Rogue. Mais clairement, j'ai déjà gagné… je gagne toujours !

La nouvelle des futures noces avait fait le tour de l'Angleterre en un temps record. En même temps, c'était bien ce qu'avait prévu Rogue en se mettant sur le trajet de la plus grande et la plus célèbre des commères de la société sorcière.

Depuis l'annonce des fiançailles, Hermione était retournée vivre chez Minerva mais ses parents l'y avaient rejointe. La vieille sorcière était toujours aussi gentille et attentionnée mais elle était clairement éberluée face au choix de sa protégée. La jeune femme lui aurait bien dit la vérité, mais dans les faits, il valait mieux que le moins de monde possible soit au courant de la manœuvre.

Si le fait qu'elle avait été manipulée venait à s'ébruiter, elle passerait pour une moins que rien, stupide et minable, et qui voudrait alors d'elle dans son département ministériel ? Son statut sanguin était une difficulté déjà suffisante pour ne pas se rajouter un tronc d'arbre sur le chemin ! Enfin à vrai dire, si elle préférait garder le secret, c'était surtout pour une autre raison :

- Et quand rencontrerons-nous l'homme que tu as choisi ? demanda sa mère.

- Oh eh bien… je suppose… bientôt…

- Il aurait au moins pu venir me demander ta main avant, grognait son père dans un coin du salon.

- Ça s'est fait très vite papa, c'est pour ça.

- Je sais, soupira-t-il, et de toute façon, je ne me serais pas opposé à ton choix. Est-ce un homme bien ? Sera-t-il gentil et attentionné avec toi ?

- Je suppose que oui.

- Tu supposes ? s'inquiéta sa mère.

- Oh, ne vous en faites pas, intervint Minerva qui sourit aux Granger avec tendresse. Je connais Severus depuis longtemps et, même s'il a un mauvais caractère, il sait se montrer agréable et très protecteur envers ses proches.

Ce n'était pas ce que la jeune femme avait pu remarquer ! Enfin, si, il s'était montré agréable en apparence quand il avait eu à parler à la femme du ministre, mais c'était son plan depuis le début. Bon, il s'était montré protecteur aussi, mais il avait surtout été très brutal en la lançant presque au sol pour rien ! Ce n'était pas comme si Sirius aurait vraiment lancé un sortilège interdit de toute façon.

- En tout cas, j'aimerai beaucoup le voir quand-même ! répéta M. Granger en regardant sa fille. Il est fort gentil de sa part de nous laisser carte blanche pour les préparatifs du mariage, mais ce n'est pas uniquement sa participation financière que j'aurai souhaité.

- C'est déjà la preuve indéniable qu'il aime ta fille, fit remarquer sa femme. Tu connais beaucoup de gentleman qui refuse une dote et qui refuse catégoriquement que la famille de la mariée participe aux frais ? Même toi tu as été bien heureux de l'aide pécuniaire de ma famille.

Ses parents se chamaillèrent alors gentiment sur l'intérêt des dots et leur impact sur une relation. Hermione aurait bien été tentée d'ironiser et d'expliquer à tout le monde qu'il s'agissait, pour Rogue, d'un acte de rédemption ridicule et pas d'un acte d'amour, mais elle se tut. Si elle avait décidé de ne rien dire, ce n'était pas pour finalement exploser de colère et tout gâcher auprès de sa famille. Pourtant, de la colère, elle en avait à revendre. Il pouvait bien jeter par la fenêtre une quantité astronomique d'argent, cela n'apaisera pas la haine de sa future épouse.

Le surlendemain, Hermione eut néanmoins de quoi sourire un peu. Sa mère avait apporté sa vieille robe de mariée et la jeune femme put alors l'essayer. Elle était magnifique… simple, élégante et féminine. Oh bien entendu, il était clair qu'elle ne datait pas de la veille et qu'elle sortait d'une malle qui avait séjourné dans un grenier, mais elle reflétait parfaitement ce qu'avait été le mariage de ses parents, un mariage sans froufrou mais sincère. Le sien serait différent, mais elle aurait au moins une partie de bonheur sur elle. D'ailleurs, une fois dedans pour l'essayage, ce fut à peine si Hermione reconnut son reflet dans le miroir :

- Tu seras la plus belle des mariées ! dit alors sa mère en déposant un baiser sur son front. Elle te va bien mieux qu'à moi.

- Tu sais très bien que tu es beaucoup plus belle que moi, maman.

- Tu dis ça uniquement parce-que tu ne t'es encore jamais vu au travers des yeux de ton mari.

- Je ne vois pas en quoi cela changerait mon apparence, fit remarquer Hermione.

- Tu comprendras quand ça arrivera ma chérie ! Bien, en attendant, retire donc la robe qu'on ne l'abîme pas d'ici le jour J. Il faudra la faire bouillir pour essayer de lui rendre un peu son éclat, mais j'ai bien peur que cela ne soit difficile… c'est pour cela que l'on voit si peu de vêtements blancs…

- Ne t'en fais pas maman, elle est parfaite. Encore mieux que celle de la reine Victoria elle-même !

- J'ai bien peur que tu ne sois pas très objective ma chérie, s'amusa sa mère.

La jeune femme sourit et sa mère la laissa alors qu'elle pendit la robe à son armoire, l'observant ensuite pendant un long moment. Bientôt, elle serait mariée… cela ne l'aurait pas dérangée, encore quelques mois plus tôt. Qui que puisse être son époux à l'époque, seul importait le titre qui allait avec, mais aujourd'hui, des larmes se mirent à couler en pensant à l'homme qu'elle aurait tant souhaité rejoindre à l'autel. Un mariage sans amour était ce qu'elle avait toujours imaginé, voilà qu'elle allait être servie.

Hermione sursauta quand un elfe de maison apparût à sa porte. Elle essuya furtivement ses larmes pour cacher ses pleurs et regarda la créature qui s'excusa une bonne centaine de fois de l'avoir effrayée. Quand enfin l'elfe put dire ce qui l'amenait, la jeune femme fut étonnée d'apprendre que Rogue était là…

Sans prendre le temps de se recoiffer, bien trop effrayée à l'idée que le sorcier ne dise toute la vérité à ses parents, elle descendit en courant. Elle accéléra d'autant plus en entendant un bruit de verre brisé. Il n'aurait quand-même pas osé attaquer ses parents en présence de Minerva quand-même !

S'imaginant ses parents en sang ou les os en morceaux, elle entra en trombe dans le salon. Se figeant à la porte, elle vit Rogue qui tenait la main légèrement tachetée de rouge de sa future belle-mère.

- Eh bien, je n'ai pas souvent vu ma fille courir, s'amusa son père.

- J'ai moi-même dû courir le soir de nos fiançailles, plaisanta Severus avec son ironie habituelle.

- Voyez-vous cela ? s'étonna l'ainé.

- Oh vous savez John, demander une femme en mariage est comme une course à laquelle il vaut mieux ne pas arriver second. Voilà Jane, votre coupure n'est plus qu'un vilain souvenir, mais prenez garde en ramassant du cristal la prochaine fois.

- Je n'y manquerais pas, dit-elle en souriant et en rougissant légèrement comme une jeune fille.

Était-elle endormie ? Car visiblement, elle était en plein cauchemar. D'où Rogue appelait ses parents avec une telle familiarité ? Et comment osait-il plaisanter avec eux sur cette satanée demande en mariage qui n'était qu'un piège odieux ! Quand le sombre sorcier se tourna vers elle, il pencha la tête pour la saluer :

- Bonjour Miss Granger, ravi de vous voir en si bonne forme.

- Que faites-vous ici ? demanda-t-elle en parvenant à reprendre son souffle.

- J'ai cru bon de venir apprendre à connaître mes charmants futurs beaux-parents.

Minerva avait raison, il savait y faire pour paraître agréable. Pourtant il ne la trompait pas, son regard disait la vérité là où ses lèvres proféraient des banalités auxquelles il ne croyait nullement. Ses lèvres… L'espace d'un instant, elle se souvint du baiser qu'il lui avait donné et, juste après, son agacement laissa place à sa haine :

- Eh bien maintenant que vous les avez vus, je suppose que vous avez beaucoup à faire et qu'il va vous falloir vaquer à vos occupations. J'étais ravie de vous voir en si bonne forme Lord Rogue.

- Oh, mais non ma chérie, s'exclama son père, ne t'en fais pas, tu vas pouvoir profiter un peu de ton fiancé, il ne part pas tout de suite.

- Tiens donc… souffla-t-elle en observant le susnommé.

- J'ai l'immense joie d'avoir été invité à dîner ici par votre hôtesse, répondit-il avec un sourire mauvais avant d'ajouter avec un mouvement de sourcil condescendant. J'étais sûr que cela vous plairait !

Mais quel pétoule celui-là, il jouait avec ses nerfs et il le savait pertinemment. Hélas, piégée de nouveau, elle dut se faire violence pour sourire et se joindre aux autres. L'après-midi et la soirée promettaient d'être longues.

Ce fut en effet le cas mais pas pour les raisons qu'elle eut cru de prime abord. Rogue s'était montré agréable avec ses parents et Minerva et, pire encore, prévenant avec elle. Il avait pris la peine de demander où en étaient les préparatifs du mariage comme s'il en avait quelque chose à faire, et même de demander ce qu'elle attendait de cette journée infernale. Elle répondait vaguement à chacune de ses interrogations, cachant sa haine sous couvert d'une timidité qui n'était pas sienne.

À un moment, alors qu'elle se retrouva un peu isolée avec lui, ses parents et Minerva étant occupés à parler festin de mariage, Rogue se pencha vers elle :

- Vous pourriez montrer un peu plus d'intérêt à notre mariage approchant, fit-il remarquer. À moins que vous ne souhaitiez que tout le monde sache que vous n'appréciez guère votre futur époux.

- Ne pas vous apprécier est un doux euphémisme, répondit-elle discrètement pour que lui seul entende, tout en le regardant droit dans les yeux. Je vous hais Lord Rogue, vous êtes un monstre aussi vil que cruel et votre réputation me semble en deçà de la réalité ! Vous ne valez pas mieux que votre grand-père.

Il ne répondit rien mais son regard sembla plus assassin que jamais. Avait-elle touché le point sensible du Lord à ses côtés ? Elle n'en avait cure, ou au contraire pouvait-elle être fière d'elle car, ne méritait-il pas d'être remis à sa juste place ? Que pouvait-elle craindre de lui de toute façon ? Qu'il la violente ? Cela serait finalement presque la meilleure chose qu'il pourrait faire.

- Dites-moi Lord Rogue, aimez-vous les rôtis de cerfs ? demanda Jane en souriant.

- C'est probablement mon plat favori, répondit-il sans pour autant relâcher son regard de la jeune sorcière.

Bien que sa voix eût répondu de façon neutre, Hermione sentit la tension nerveuse qu'il cherchait à contrôler. Il finit par reporter son attention sur Minerva qui s'exclama avec joie :

- Eh bien voilà, ce sera parfait pour le repas !

Les conversations continuèrent ainsi à propos du mariage pendant un bon moment, puis dévièrent sur le travail des Granger et l'équivalent sorcier de ceux-ci. Le soir venu, après le dîner, il partit enfin ! Du moins, ce fut ce que tout le monde pensa mais quand Hermione monta dans sa chambre, elle le retrouva assis dans son fauteuil, devant sa coiffeuse, à jouer nonchalamment avec sa brosse à cheveux :

- Je ne comprends pas l'intérêt d'avoir une brosse alors que vos cheveux semblent ne jamais se plier à sa volonté, constata-t-il.

- Sortez de ma chambre ou je hurle ! menaça-t-elle.

- Vous pouvez crier autant que vous le souhaitez, personne ne vous entendra, dit-il simplement. Mais si vous aviez vraiment envie de le faire, vous l'auriez déjà fait non ?

D'un geste de la main, la porte de la chambre se ferma à clef. Hermione était prise au piège pour la troisième fois en bien trop peu de temps. Pourtant, elle garda son calme comme elle savait si bien le faire. Elle s'était battue et avait fait arrêter un vampire, sans craintes, ce n'était donc pas un simple mage noir qui allait la faire frémir !

- C'est fascinant, dit-il cette fois en se levant.

- Quoi donc exactement ? demanda-t-elle.

- Vous n'avez absolument pas peur de moi, répondit-il comme s'il s'agissait d'une évidence. Enfin, plus peur, ce n'est plus comme lors de nos premières rencontres.

- Pourquoi aurais-je peur d'un fiancé si prévenant que vous ? ironisa-t-elle.

Rogue s'approcha jusqu'à être juste devant elle. Là, il lui attrapa le menton et lui releva la tête pour la regarder en face :

- La lionne sort à nouveau ses griffes hein ? Je sais aujourd'hui ce que le cabot vous trouve… vous êtes aussi insupportable et grande gueule que lui. Mais il ne faudrait pas que vous oubliez que rugir face à moi ne servira à rien, à part vous mettre en porte-à-faux. Je ne suis pas un toutou apprivoisé, moi, et même si mon seuil de tolérance peut sembler élevé, je ne tolèrerai pas longtemps la véhémence avec laquelle vous me parlez !

- Et qu'allez-vous me faire si jamais je continue ? M'arracher la langue ou me briser les os ? Sachez, Lord Rogue, que je vous invite à le faire ! Je pourrais ainsi demander le divorce pour maltraitance, c'est bien le seul droit qu'on laisse aux femmes après tout !

- Vous avez raison, c'est votre seul droit, accorda-t-il d'une voix doucereuse. Et je vous en priverais car jamais je ne vous ferais de mal à proprement parlé.

- Me voilà rassurée, se moqua-t-elle.

- En revanche, reprit-il comme si elle n'était pas intervenue, je peux détruire vos espérances en refusant tout bonnement de vous laisser travailler !

Cette fois Hermione ne trouva pas de répliques cinglantes. Elle se recula juste, tout en repoussant la main du sorcier qui lui tenait jusqu'alors toujours le menton :

- Vous n'oseriez pas ! hésita-t-elle.

- Vous croyez ? ironisa-t-il. Ne suis-je pas comme feu le Lord ténébreux ?

C'était donc bien pour cette réplique qu'il se montrait maintenant si menaçant ? Pour le coup, elle se sentait réellement en danger, pas physiquement certes, mais psychiquement. Que lui resterait-il s'il décidait réellement de gâcher son avenir de la sorte ?

- Je vous l'ai dit Granger, vous êtes seulement un dommage collatéral et je n'ai rien contre vous. Néanmoins, si vous vous obstinez à vous montrer aussi virulente en mon égard, je vous le ferais regretter.

- Vous avez déjà ruiné mes espoirs d'une vie maritale heureuse, ne me prenez pas aussi mon rêve…

- Cela ne tient qu'à vous Granger ! Je vous ai certes privé d'un mariage avec un époux que vous aviez choisi, en échange de quoi je vous apporte la possibilité d'avoir la vie active dont vous rêvez. Mes relations avec le ministère sont bien meilleures que celles de cet ex prisonnier d'Azkaban !

- Il était innocent…

- Peut-être pour ce crime-là, oui, marmonna-t-il avant de se redresser et de la regarder de haut pour reprendre avec force. Bref, la seule chose que je veux de ma future épouse, c'est de la cordialité, je ne crois pas vous en demander trop en échange d'un statut social et d'un poste que vous convoitez tant.

Hermione retint ses larmes, il était hors de question qu'elle craque devant ce monstre sans cœur… et il était aussi hors de question qu'elle lui dise ce qu'elle pensait de lui. Rogue se tourna alors dos à elle, prêt à partir, mais s'arrêta et observa un instant un point dans la chambre. La jeune femme silencieuse comprit qu'il regardait la robe de mariée pendue à l'armoire :

- Comptez-vous réellement porter ça ?

Allait-il, maintenant, la priver aussi de son choix de robe ? Sa tristesse se mélangea à un regain de crainte et surtout de colère :

- Oui, dit-elle en serrant son poing.

- Elle est d'une simplicité surprenante, fit-il remarquer. Mais elle semble surtout venir d'un grenier. N'ai-je pas précisé que vous aviez le budget de votre choix pour les préparatifs ?

- Elle vient d'un grenier, répondit Hermione sans la moindre honte. C'est celle de ma mère et…

- Soit…

Coupée dans son élan, elle fut étonnée de ne pas avoir à justifier son choix auprès du sombre sorcier. Une nouvelle crainte l'envahit néanmoins quand elle le vit tendre sa main devant lui. D'un seul geste de sa part, la robe de sa mère retrouva un aspect neuf et ce malgré les fameuses années passées dans une malle. Le blanc était plus éclatant et le tissu semblait plus soyeux que jamais :

- La simplicité vous siéra, mais pas n'importe comment pour autant ! Bonne nuit Granger, dit-il sans la regarder.

L'instant d'après, il disparut dans un pop sonore et le loquet de la porte de la chambre s'ouvrit. Hermione laissa ses larmes glisser le long de ses joues, en silence, alors qu'elle s'approcha de la robe de sa mère. Elle ne l'avouera jamais, mais la magie employée pour une telle restauration était aussi belle qu'impressionnante, surtout sans baguette ni incantation…

« Soit », il voulait une épouse cordiale, il l'aurait… mais le dommage collatéral qu'elle était se promit néanmoins qu'il n'aurait jamais rien de plus de sa part.

- Tu as vraiment bien choisi ma chérie, ton futur mari est charmant, proclama sa mère au petit déjeuner le lendemain matin.

- Et il semble bien au fait de beaucoup d'aspects de notre « monde », pas comme ton ami Ronald, ajouta son père en riant.

- Le père biologique de Lord Rogue était un moldu, comme vous, expliqua alors Minerva.

Hermione regarda son ancienne directrice de maison, surprise. McGonagall s'en rendit compte apparemment car elle continua avec un air triste :

- Il n'a pas dû vous en parler, il faut dire que ce n'est pas un sujet simple à aborder. Mais il le fera sûrement en temps voulu, ne vous en faites pas.

- Vous semblez bien le connaître, fit remarquer Jane.

- Oui, cela fait plusieurs décennies maintenant, le temps passe si vite. Je me revois lui déposer le choixpeau magique sur la tête lors de son premier jour à Poudlard ! C'était un jeune garçon si timide, je pense qu'il aurait bien aimé disparaître dans ce bon vieux couvre-chef lors de la cérémonie, s'amusa-t-elle avec nostalgie. Il a été envoyé à Serpentard après de longues minutes de réflexion, mais le choixpeau s'est tout de même décidé un peu plus rapidement que pour moi.

Un serpentard, elle se souvint que Sirius lui en avait parlé en effet. Le contraire aurait été surprenant en même temps, vu le caractère ambitieux et malin de ce sorcier de malheur.

- Que fait-il exactement dans la vie ? demanda Hermione.

- C'est vrai qu'il reste toujours assez vague là-dessus, accorda Minerva. Il déteste parler du succès que rencontrent ses entreprises. Mais c'est un gestionnaire talentueux et travailleur. Il ne ménage jamais ses efforts, quels que soient les projets qu'il entreprend !

- Oh ça, ça me rappelle quelqu'un, n'est-ce pas ma chérie ?

Jane ricana à la blague de son époux, suivi de près par Minerva qui semblait d'accord avec eux. Hermione leva les yeux au ciel… mais ils avaient raison au fond. C'était d'ailleurs pour cette raison, pour le plus gros projet de sa vie, qu'elle se trouvait aujourd'hui dans cette situation. Le sujet changea autour du petit déjeuner. La future mariée continua en revanche de penser à son avenir, espérant simplement qu'elle ne regretterait pas ses choix et les efforts à venir.

OoOoOoOoOoOoOoO

Note :

Merci pour votre lecture.

J'espère que ce début d'histoire vous plait.

A bientôt pour la suite.