CHAPITRE 6 :

Septembre 2007

Draco avait passé son week-end à répondre à des dizaines de hiboux et d'appels par cheminette de ses avocats et conseillés financier. L'un d'entre eux était contrarié au sujet des fonds alloués aux œuvres de charités. Apparemment, Draco et son équipe avaient loupé l'une des dotations lors de leur examen minutieux des coffres forts et des flux de revenus des Malfoy.

Lorsque Draco était officiellement arrivé à la tête de sa famille après la guerre – suite à l'emprisonnement de son père – la première chose qu'il fit, quand le Ministère lui avait rendu l'accès à tous les comptes de sa famille - fut de passer au peigne fin chacun des documents. A l'époque, c'était une mission parfaite pour un ermite avec une addiction à la potion et une petite amie acariâtre qu'il essayait d'éviter en permanence. Une noise ne pouvait pas disparaître sans qu'il ne sache où elle était passée. Même des années plus tard, c'était ainsi que Draco passait la plupart de son temps libre : en examinant de près des fiches financières et d'autres documents pour déplacer des fonds, en annuler certains ou investir dans des projets plus réputés.

Toutes les dotations politiques avaient directement cessé. Draco ne voulait plus que le nom des Malfoy soit redevable à un quelconque parti politique (qu'il soit associé au Ministère ou autre). Plus jamais. Ce fut un acte ingénieux de sa part : apparemment, on pouvait économiser beaucoup d'or s'il n'était pas dépensé en pot-de-vin pour des membres du Ministère ou qu'il ne remplissait pas les poches de lobbyistes politique louches ayant des fins néfastes. Ne pas avoir à financer les plans d'un mage fou et des dizaines de maisons pour des Mangemorts aidait aussi.

Draco avait mis fin à tous les contrats ayant à faire avec l'or de la famille Black et donné le contrôle de tous les biens et actifs de Bellatrix à sa mère. Le nom des Malfoy allait être aussi pur qu'une licorne nouvellement née – ou au moins sur le papier.

Il avait conservé les donations aux œuvres de charités, comme celle qui avait permis la reconstruction d'une grande partie de Ste Mangouste ou de Poudlard. Ce que venait de découvrir l'un de ses conseiller ne s'était pas produit depuis des années.

- Je ne sais pas comment nous avons pu le louper, M. Malfoy. Mais cela doit passer par un réseau sombre pour financer des excursions de braconnage de dragons.

Draco soupira et se massa l'arrête du nez.

- D'accord, je vois. Eh bien ce n'est pas vraiment surprenant. Beaucoup de ces organisations caritatives, ces « réserves naturelles », se sont révélées n'être que des façades pour que des riches connards puissent chasser du gibier. Mettez fin à la donation et redirigez l'or vers le coffre principal à Gringotts.

- Malheureusement monsieur, nous sommes très avancés dans l'année fiscale, je pense qu'il serait plus prudent de redistribuer les fonds d'une autre façon. Cet or a déjà été noté comme dotation dans votre budget annuel, donc mon conseil et celui du reste du groupe, serait de trouver un réseau de donation alternatif.

Le reste de l'appel par cheminette tourna principalement autour du choix de l'œuvre caritative qui obtiendrait l'argent. Ce fut compliqué de choisir où envoyer une telle somme. Donner trop d'un côté et ils attendront la même somme les années suivantes, sans parler du fait que cela pourrait paraître louche de distribuer autant d'argent d'un coup. Le public pourrait suspecter un motif alternatif à cause du nom de famille de Draco. Aucune décision ne fut prise et ils terminèrent l'appel alors que Draco promettait de faire des recherches pour trouver une œuvre vers laquelle rediriger l'argent.

En parlant d'argent, une question ne cessait de titiller l'esprit de Draco depuis sa conversation du mois dernier avec Granger, au sujet des enfants nés moldus.

- Comment peuvent-ils se le permettre ?

- Je ne suis pas un Legilimens, Malfoy. Comment qui peut se permettre quoi ?

Draco souffla avec impatience – ce qui, avec lever les yeux au ciel, pouvait passer pour une nouvelle forme de langage (uniquement pour discuter avec Hermione Granger) car ces gestes étaient une grande partie de ses moyens de communication avec elle.

- Comment ces enfants, dont les parents sont Moldus, font pour se permettre d'aller à Poudlard ?

- Poudlard est gratuit, dit-elle sans même lever les yeux de son carnet.

- Evidemment, mais je te parle des fournitures et des accessoires magiques.

- Est-ce que tu penses que tous les Moldus sont pauvres ? Demanda-t-elle en rencontrant finalement ses yeux, les sourcils froncés.

Draco haussa les épaules et détourna le regard. Bien sur, Lucius – comme son père avant lui – avait transmis cette croyance selon laquelle la vie des Moldus était inutile. Les moldus étaient des êtres immondes, belliqueux, peu fiables et indignes de respirer le même air que les sorciers – qui leurs étaient supérieurs. Aller dans ce coffee shop tous les jours pendant plusieurs années avait appris à Draco que tout cela était absolument faux. A de nombreuses reprises, Draco avait remarqué que certains hommes Moldus portaient des costumes aussi raffinés que les siens.

- Tu sais ce qu'est un dentiste ?

Draco secoua la tête et Hermione soupira.

- D'accord, bon. Tu vois à Ste Mangouste, certains guérisseurs sont spécialisés dans différents domaines ? Eh bien mes deux parents sont des guérisseurs moldus, appelés dentistes, qui sont spécialisés dans la guérison des maladies des dents et de la gencive. Leur pratique est à la fois médicale et cosmétique. C'est une profession considérée comme hautement qualifiée et qui s'avère être très lucrative, au delà de ça.

- Est-ce que c'est une façon détournée de me dire que tu viens d'une famille aisée? Très maladroit de ta part, Granger.

Elle rit devant autant de spontanéité et il senti son visage s'étirer en un large sourire à ce son.

- Laisse moi le formuler autrement : si je n'avais pas été une sorcière et que j'avais continué mon cursus en tant qu'étudiante moldue, mes parents auraient pu m'envoyer dans les meilleures écoles privées d'Angleterre et très probablement dans les universités les plus prisées du pays, ou même à l'étranger, si jamais j'avais eu envie de poursuivre mes études. Je n'ai jamais été matérialiste mais nous étions le genre de famille qui pouvait aller en vacances à l'étranger deux fois par an chaque année. Est-ce que ça répond à ta question ?

Draco eu un sourire suffisant et réprima l'envie d'éclater de rire. Il imaginait le visage que son père aurait eu s'il avait été vivant pour entendre Draco lui expliquer que la Reine des Né-Moldu Hermione Granger n'était pas issue d'une famille de démunis.

- Mh, j'imagine que je ne peux plus te qualifier de paysanne à présent. Mais est-ce que tu as eu un paon albinos ? Il n'y a que les animaux de compagnie les plus inutiles qui montre ton niveau de richesse.

- J'avais un bernard-l'hermite quand j'avais 6 ans.

- Pas assez exotique Granger, se moqua-t-il d'un air espiègle. Désolé mais je pense qu'en fin de compte ton statu de paysanne était assez approprié.

Elle répondit en levant les yeux au ciel avec amusement et retourna à ses notes. Après quelques instants, elle cessa d'écrire et regarda pensivement par la fenêtre, les sourcils légèrement froncés et la bouche fermée en une ligne fine. C'était une des expressions que Draco commençait à anticiper avec intérêt et une curiosité brûlante. Cette expression chez Granger signifiait qu'elle était sur le point d'avoir une idée – soit brillante soit stupidement bien pensante mais intrigante dans tous les cas – et qu'elle allait la partager avec lui, parmi tous ceux qu'elle connaissait.

- Ce dont les enfants avec des parents qui ne sont pas des sorciers ont réellement besoin, c'est un programme d'initiation au monde magique. Est-ce que tu imagines à quel point c'est un bouleversement d'apprendre ça, à peine quelques mois avant qu'on attende de toi que tu déménages dans un château isolé en Ecosse, loin de ta famille, pour une grande partie de l'année ? Tu fais parti de cette vaste et ancienne culture et tu ne sais même pas que les dragons ou les balais volant existent.

Hermione prit un autre de ses nombreux cahiers et son instrument à écrire moldu. Draco avait admiré cet outil à de nombreuses occasions et elle lui avait dit que ça s'appelait un « stylo » et qu'il fonctionnait comme une plume à encreur automatique. Il n'avait pas osé l'admettre à haute voix mais ça semblait beaucoup plus pratique que de devoir trimballer partout des plumes et des bouteilles d'encre, et paraissait présenter moins de risque d'en mettre partout. Elle commença à gribouiller furieusement et Draco se senti un peu mis à l'écart par le fait qu'elle préfère écrire ses pensées plutôt que des les partager à haute voix.

Il devait attirer son attention de nouveau.

- C'est comme ça que ça s'est passé pour toi ?

Hermione termina sa phrase et leva les yeux vers lui, réfléchissant à sa réponse. Draco réalisa qu'il n'avait pas compris à quel point ce devait être déroutant d'apprendre que la magie existait alors que l'on avait déjà 10 ou 11 ans.

- Je savais que j'étais différente, murmura-t-elle avec révérence et Draco fut captivé. D'aussi loin que je me souvienne, la première fois j'avais 6ans. Ma mère et moi étions à la librairie et elle était occupée à discuter avec une de ses amies. Il y avait un livre très haut sur une étagère et je me rappelle que je voulais tellement ce livre à ce moment là que je ne pouvais pas attendre de demander à ma mère de me l'attraper. Il était au moins à un mètre au dessus de ma tête mais après il s'est agité tout seul entre d'autres livres et il a doucement flotté jusqu'à mes mains.

Ses yeux s'illuminèrent face au souvenir. Elle rayonnait de connaissance de sa propre magie.

- Des petites choses de ce genre ont continué de se produire à mesure que je grandissais. Tout d'un coup le bol de glace se remplissait de nouveau. J'avais un peu froid la nuit ? Mes couvertures s'enroulaient confortablement autour de mon corps sans que je bouge le petit doigt. Un garçon m'embêtait au parc ? Les bonbons dont il se gavait devenaient des scarabées.

- C'est vraiment dégoûtant, grimaça Draco. Je pense que je n'accepterai plus aucun scone de ta part à l'avenir.

- Comme si tu pouvais résister, répondit-elle avec suffisance.

- Oh Granger, susurra-t-il. Je peux résister à tout un tas de choses, mais je suis sûr que tu pourras trouver un meilleur moyen pour me tenter.

Une rougeur apparu sur ses joues et Draco cilla avant de détourner le regard. Qu'est-ce qu'il foutait bordel ? Venait-il de flirter avec elle ? Je suis en contrôle.

Draco s'éclaira la gorge et essaya de ramener la conversation sur un territoire neutre.

- Que s'est-il passé quand tu as eu ta lettre pour Poudlard ?

Ses joues étaient encore un peu roses mais ses yeux prirent une teinte rêveuse et lointaine.

- Je ne me suis jamais sentie aussi acceptée de toute ma vie. Mon père pensait que c'était complètement absurde, évidemment. Je crois qu'il a faillit appeler la police pour signaler qu'un taré envoyait des lettres étranges à sa fille à propos de magie et d'une pseudo école.

Elle fit une pause et Draco remarqua que ses yeux s'embuaient.

- Mais ma mère... Je crois qu'elle savait. Au fond d'elle, elle savait que j'étais une enfant différente. Qu'il y avait quelque chose qui n'était pas normal chez moi. Je me souviens que quand la deuxième lettre est arrivée, elle a lancé ce regard à mon père. Un regard plein de... de foi instantanée. Aussi fantastique et ridicule que c'était d'apprendre que sa fille était une sorcière, je pense qu'elle essayait de le convaincre que tout ça avait un sens au final. Au moment où McGonagall est apparue à notre porte pour tout nous expliquer, je sais que ma mère y croyait déjà. Même si McGonagall a dû se changer en chat pour que mon père fasse parti de l'aventure.

Draco rit à l'image d'une pragmatique McGonagall, si exaspérée qu'elle avait dû prendre la forme de son animagus pour prouver quelque chose à un Moldu.

- J'espère simplement que ces enfants n'ont pas peur ou ne sont pas trop intimidés. Ça mettrait n'importe qui sur les nerfs d'apprendre tout ça d'un coup, réfléchit-elle.

- Mais ce n'était pas ton cas, interrompit Draco. Je me souviens de toi qui traversait d'un pas assuré les wagons du Poudlard Express, une première année prude qui déversait ses connaissances sur la Métamorphose et les Sorts de Transformation.

Elle gloussa et Draco fit de son mieux pour retenir le sentiment d'euphorie qui grandissait en lui du fait de l'avoir fait rire.

- Oui, eh bien j'étais exceptionnelle, n'est-ce pas ? Exceptionnelle pour une Née-Moldue.

Non, tu es juste exceptionnelle.

Cette phrase flotta dans ses pensées et presque jusqu'à ses lèvres, alors à la place, Draco bu précipitamment une gorgée de son café.

Granger rompit le silence par une douce question.

- Malfoy, pourquoi tu m'interroges au sujet des élèves Né-Moldu ?

Draco ne savait lui-même pas vraiment pourquoi donc il haussa les épaules et détourna le sujet.

- Qu'est-ce que tu notais tout à l'heure ?

Sa technique fonctionna.

- Je n'arrivais pas à arrêter de penser à ce que tu m'as dit le mois dernier. Sur le fait que je devais envisager un programme éducatif sur la vie Moldu à Poudlard. Mais je crois que quelque chose qui pourrait véritablement aider les élèves ayant des parents qui ne sont pas sorcier serait de correctement les familiariser avec le monde magique avant de les abandonner au Chemin de Traverse et de leur dire d'échanger de la monnaie avec un gobelin et d'acheter une baguette magique.

Elle tourna le cahier dans ses mains vers Draco et il vit enfin ce qu'elle avait écrit. Complet n'était pas assez suffisant pour décrire son plan.

- Granger c'est... Ambitieux, remarqua-t-il alors que ses yeux argentés scannaient les pages.

Elle rayonna si fort qu'il se demanda si son visage n'allait pas exploser.

- Je sais ! Je pense que ça serait une solution élégante, tu ne crois pas ? Si le Ministère pouvait fournir quelques représentants du Département des Relations Moldues en liaison avec le Département Educatif, ils seraient le premier contact avec les parents Moldus. Bien moins étrange que de recevoir une lettre par un hibou, tu vois ?

Il hocha la tête.

- Je vois. Et puis ça éviterait à McGonagall de courir partout.

- Oui, exactement ! Ce fardeau ne devrait pas reposer uniquement sur les professeurs. Maintenant, un budget commun pour quelque chose comme ça et qui inclurait également un représentant pour accompagner les familles jusqu'au Chemin de Traverse. Ça nous a prit des heures pour terminer notre première virée shopping et je crois que mon père se retenait la majeure partie du temps pour ne pas être malade. C'était vraiment le baptême du feu : devoir apprendre à changer de l'argent et trouver les bons magasins. Je parie que pas mal de commerçants nous on fait payer plus ce jour là, dit-elle platement.

- Qu'est-ce que c'est une orientation ? Demanda Draco en pointant une partie plus bas sur la page.

- C'est une idée que j'ai directement copié sur la plupart des Universités Moldues. En fait, tous les nouveaux étudiants, mais là on ne parle que des Né-Moldu de Première Année, sont invité à venir à l'école quelques semaines en avance. J'ai modifié cette partie par rapport au modèle d'orientation universitaire. Peut-être un mois et quelques avant le début du trimestre, ces étudiants prendraient le Poudlard Express et passeraient deux semaines à Poudlard pour apprendre ce qu'il faut au sujet du monde magique. Une sorte de cours sur l'Histoire de la Magie mais adapté.

- Pas enseigné par Binns, j'espère ?

- Par Merlin non ! Frissonna Hermione. Peut-être le professeur des Etudes Moldues ou alors chacun des professeurs pourrait passer à tour de rôle pour aider les élèves à comprendre ce que ça signifie que d'être un sorcier ou une sorcière. Pas seulement les dates des rébellions des gobelins mais des choses comme... Comme comment est-ce que les portraits bougent ! Ou que les fantômes existent ! Ou que les Dragées Surprises de Bertie Crochue ont réellement tous les goûts !

- Attends, les bonbons sont inclus dans ton programme d'éducation ?

- Tu les inclurais aussi si ta première dragée verte avait eu le goût de vase, grimaça-t-elle en se souvenant.

- Beurk, un point pour toi.

Les yeux de Draco scannèrent le reste de son programme. Elle avait clairement passé beaucoup de temps à réfléchir au meilleur moyen d'introduire ces enfants dont les parents étaient moldus à leur monde magique nouvellement découvert. Il remarqua qu'elle avait même noté des ébauches des premières leçons, qui incluaient des parties sur le vol et le Quidditch, la cuisine, les créatures et la culture populaire. Hermione Granger n'était que dévotion, surtout quand elle était passionnée par quelque chose.

- Granger, c'est une idée impressionnante et cetera mais est-ce que tu as pensé à la montagne d'or que tout ça va coûter ?

Dès l'instant où il avait posé la question, Draco souhaita ne jamais avoir parlé. Elle parut souffler tout l'air autour d'eux d'un soupire résigné.

- Oh crois moi, je sais. Il n'y a certainement pas assez d'argent dans les fonds de Poudlard pour ça. Et je n'imagine pas que le Ministère intervienne en faveur d'un programme qui bénéficierait directement des enfants Né-Moldu. C'est dommage qu'ils ne voient pas à quel point ça les aiderait. Ils mettraient tous les Premiers années sur le même pied d'égalité et les enfants Né-Moldu n'auraient pas l'impression d'arriver dans une nouvelle école en devant rattraper tout ce retard avant même d'avoir eu leur premier devoir.

Elle referma son cahier et termina son thé.

- Ce n'est qu'une idée sympa que j'ai eu. Merci de m'avoir écouté. J'ai besoin d'un autre thé à emporter si je veux venir à bout des tonnes de parchemin qui m'attendent ce matin. Besoin de quelque chose ?

Draco secoua la tête alors qu'Hermione s'éloignait pour récupérer sa commande à emporter.

Il ne pourrait dire ce qui le poussa à agir de manière si impulsive. Pendant qu'Hermione était occupée au comptoir, dos à lui, Draco plongea sur son cahier ouvert et arracha doucement les pages avec son programme éducatif et les fourra dans la poche intérieure de son costume.

Il lui tendit son cahier fermé ainsi que son sac alors qu'elle s'approchait et Hermione rangea son carnet pendant qu'ils quittaient le café, sans être au courant du vol de Draco.


Huit parchemins froissés, trois verres de Firewhisky et un Philtre de Paix plus tard, Draco pouvait dire qu'il était raisonnablement satisfait par la lettre qu'il avait écrite à la Directrice Minerva McGonagall. Alors qu'il regardait son Grand-Duc s'envoler dans la nuit, il essaya d'ignorer le sentiment maussade mais omniprésent de terreur qui lui traversa l'esprit.


Draco savait qu'elle serait à ce match parce qu'elle le lui avait dit, deux jours plus tôt, au café. Mais ça n'a pas empêché son pouls de s'accélérer de surprise lorsqu'il espionna Hermione à travers ses multiplettes, de l'autre côté du stade, dans la loge Potter-Weasley.

Elle riait à quelque chose que Potter venait de lui dire. Il enchaîna rapidement avec quelque chose d'autre mais elle l'observait avec sévérité cette fois et lui donna un grand coup sur le bras. Ses mains s'agitaient vivement alors qu'elle s'énervait sur son ami au sujet d'une quelconque critique qu'il lui avait fait, et Potter eu l'amabilité d'avoir l'air penaud. Granger avait-elle déjà fait ça avec lui ? Non, il n'y avait eu aucun contact physique entre eux. Jamais. Sauf l'autre matin avec le parapluie mais ça ne comptait pas comme un contact volontaire pour l'un comme pour l'autre.

- Tout va bien Malfoy ?

Draco sorti presque de sa peau en sursautant et trifouilla ses multiplettes. Les battements de son cœur ralentirent lorsqu'il se retourna pour faire face au visage familier qui l'avait salué.

- Macnair, dit Draco d'une voix traînante – en espérant avoir l'air normal.

Le vieux sorcier s'appuya contre la large barre qui bordait la loge vitrée de l'agence Whisp&Wright. Le match venait à peine de commencer et la plupart des collègues de Draco étaient accroupis, les coudes sur la barre, les yeux dans leur multiplettes, observant les actions.

- Comment ça va ? Je dois avouer que je suis surpris de te voir à ce match. Pas ton terrain habituel, hein?

Draco haussa les épaules. Il n'était lui-même pas certain de la raison qui l'avait poussé à venir, mais Macnair n'avait pas besoin de le savoir.

- Je voulais m'assurer que tout allait bien pour ton équipe cette année. Tu as rassemblé une liste impressionnante cette saison.

Macnair lui sourit largement avec courtoisie et secoua la tête.

- C'est pas faux, mais on sait tous les deux que mes Tornades vont très certainement rencontrer une mort prématurée en play-off, et tout ça à cause de toi, petit merdeux.

Draco lui rendit son sourire et retourna finalement ses multiplettes vers le terrain de Quidditch. Macnair était le chef des agents de recrutement pour les Tornades de Tutshill, les plus gros rivaux des clients de Draco, les Guêpes de Wimbourne. Le match du jour était entre les Tornades et les Holyhead Harpies, donc Draco n'avait pas réellement besoin d'être présent. Mais les employés de sa compagnie étaient acceptés dans cette loge pour n'importe quelle rencontre, et pourquoi ne pas saisir l'occasion pour voir du Quidditch gratuitement quand sa propre équipe était de repos ?

Tout en regardant le match, Draco devait l'admettre – même si ça l'écorchait intérieurement – Ginny Weasley était une bonne voltigeuse. Elle avait marqué la plupart des points pour son équipe cet après-midi là et avait fait d'excellentes passes à ses collègues Poursuiveuses. Au bout d'une heure de match cependant, Draco repéra le maillon faible de l'équipe. Aussi talentueuse qu'elle pouvait être en Poursuiveuse, la Weaslette avait été déjouée dans sa volonté de marquer un but à plusieurs reprises par un cognard particulièrement habile de l'équipe adverse. Les Batteuses des Harpies semblaient largement surpassées aujourd'hui et les Tornades étaient superbes.

- Ta défense de front est particulièrement bonne, je dois l'admettre, lança Draco à Macnair alors qu'un autre cognard habilement battu faisait tomber un souaffle hors des mains d'une Poursuiveuse des Harpies.

- Ouaip. Si tu penses qu'ils sont bons, traine un peu après le match. Tu verras quelque chose d'assez spectaculaire.

Draco releva un sourcil avec intérêt mais Macnair n'élabora pas et il retourna son attention sur le match. De temps à autre son collègue plus âgé laissait échapper quelques jurons mais semblait globalement satisfait par le jeu de son équipe.

Wesley Macnair était trop vieux pour que Draco le considère comme un ami. Et Draco n'était pas assez sentimental pour le voir comme un « mentor » non plus, même s'il s'avérait que ce soit le terme le plus approprié.

Quand Draco venait d'être embauché par Whisp&Wright il y a des années, la plupart des gens de l'agence l'avait évité comme la Dragoncelle. Macnair en particulier avait semblé méfiant, mais un jour, quelques mois après que Draco ai commencé, il s'était approché de lui dans la loge de l'agence, lui avait tendu une bière et s'était présenté officiellement.

Après quelques discussions polies, Macnair avait révélé ses véritables intentions.

- Je crois que tu connais mon frère aîné ?

Draco avait senti ses entrailles se congeler. Oh oui, il avait connu Walden Macnair. Ce vieux salaud de Mangemort avait affiché une passion particulière pour l'éviscération de ses victimes moldues comme si elles n'étaient que des porcs, et avait, en de multiples occasions, coincé Draco pour se vanter de toutes les choses méprisables qu'il avait fait à des troupeaux de centaures.

- Et ? Avait dit Draco, sur la défensive.

- Je crois savoir que tu étais présent la nuit où il est mort, fut sa réponse énigmatique.

Draco avait plissé les yeux, incertain du jeu auquel s'adonnait le jeune Macnair. Draco ne l'avait pas vu de ses propres yeux mais avait entendu dire que Walden avait été dévoré vivant par une Acromantule à la bordure de la Forêt Interdite lors de la Bataille de Poudlard, et très honnêtement, il avait apprécié la poésie de cette disparition, pour quelqu'un qui s'était révélé dans la destruction de créatures.

- Si vous cherchez des excuses ou des condoléances pour ma présence dans les parages la nuit où ce vicieux connard a disparu, vous n'en entendrez pas de ma part, aujourd'hui ou à n'importe quel autre moment dans un avenir proche, avait bouillonné Draco.

Macnair l'avait observé pendant un long moment et Draco avait pensé qu'il lui aurait jeté un sort ou un verre à la figure. Etrangement, le visage du vieil homme s'était fendu d'un sourire.

- Tu te méprends, mon garçon. Mon frère était une sombre merde, je voulais juste savoir si tu avais pu voir son horrible visage quand il a rendu son dernier souffle.

Draco avait réalisé pourquoi Macnair avait été si froid envers lui, au début. Il n'avait pas été certain de Draco et de ses aspirations. C'était un test pour voir si Draco soutenait toujours les enseignements de Lucius (et du Seigneur des Ténèbres). Bien que Draco n'ai pas demandé à connaître l'histoire personnelle de cet homme, Wesley s'était avéré être une sorte de mouton noir dans le clan Macnair. Quand la première guerre des sorciers avait éclaté, il s'était envolé pour l'Amérique, s'enfuyant pour se marier avec son amour née moldue et rompant tous les liens qu'il avait avec ses relations de Sangs-Pur. Il avait raconté à Draco que, même en mettant un océan entre lui et son fou de frère, ça n'avait pas semblé une distance suffisante. Même si sa femme l'avait supplié de retourner en Angleterre après la défaite initiale de Voldemort par un enfant nommé Harry Potter, Wesley avait insisté pour rester aux Etats-Unis. Ils n'étaient revenus dans leur mère-patrie qu'après la Bataille de Poudlard, une fois la mort de Voldemort et de Walden Macnair confirmée.

Wesley avait confirmé que ce n'était pas tant le Seigneur des Ténèbres que son grand frère qui l'avait effrayé.

- Quelques lettres avaient trouvé leur chemin vers nous. Les choses que ce timbré avait dit au sujet de ma femme, sur ma Lara... Je ne les lui ai jamais montré, mais j'espère que mon frère pourri quelque part, avait terminé Wesley d'un air sombre.

Une fois que Wesley Macnair s'était rapproché de lui, le reste de l'agence avait fait de même. Même si personne n'était aussi amical que Wesley envers Draco, une distance polie entre collègues était plus acceptable que des regards ouvertement méprisants.

Quelques années plus tard, et seulement après quelques pintes, Draco se souvint demander à Wesley pourquoi il s'était approché de lui. Wesley avait sourit avec une sorte de mélancolie et avait répondu :

- Ouaip, mon garçon. J'avais mes doutes, mais j'avais besoin d'être sûr.

- Des doutes à quel sujet ? Que je n'étais rien de plus qu'un jeune Mangemort ?

Macnair avait secoué la tête et s'était gratté sa courte barbe.

- Non, fiston. Que tu étais une version plus jeune de moi-même, en quelques sortes.

Le regard de Draco s'était écarquillé.

- Bien sur que non ! Tu as ouvertement défié ta famille ! Tu as fuit et évité tout... tous les..., avait-il bredouillé avant de s'interrompre.

Draco n'avait pas trouvé les mots pour décrire toutes les horreurs que Wesley Macnair avait évité en quittant l'Angleterre lors du règne de Voldemort.

Macnair avait calmement secoué la tête.

- Je n'ai pas dit : une version parfaite. Par Merlin, il faut que tu écoutes mon garçon !

Macnair avait terminé son verre et passé une autre main dans sa barbe.

- Tu viens d'une famille incroyable. Une famille avec un gros héritage. Et avec ce nom vient un fardeau et un chemin stricte, tracé devant toi. Je dis juste que je comprends ce que c'est que de ne plus rien en avoir à foutre de ce chemin familial de Sangs-Pur. Tu as tracé ta propre voie, c'est tout ce que je dis, et que je comprends ce sentiment.

Draco n'avait pas répondu et ils s'étaient tous deux plongés dans un silence pensif. Wesley n'en avait jamais plus reparlé.

Des acclamations enthousiastes suivies de cris de déception ramenèrent Draco au présent. Visiblement l'attrapeuse des Harpies avait presque chipé le Vif d'Or, seulement pour se faire une nouvelle fois arrêter par un cognard bien envoyé de la part du batteur adverse.

Retournant son attention vers le jeu, il eu un sourire suffisant en se concentrant sur le visage de la Fouine et en voyant sa frustration grandissante vis à vis de la piètre performance de son équipe. La subtilité n'avait jamais été le point fort de cette famille. Alors que la poursuiveuse aux cheveux roux se rendait de l'autre côté du stade, le regard de Draco à travers son outil se posa sur la loge dans laquelle il savait que Granger se trouvait.

Elle était penchée en avant sur la barre devant elle et avait l'air de regarder le match attentivement. Mais quand Draco zooma pour voir, son regard semblait perdu dans le vague. Alors que les autres autour d'elle s'agitaient et bavardaient – leurs yeux regardant partout pour suivre le match – Granger continuait d'avoir le regard absent. Ses doigts dessinaient les contours de son verre à moitié bu, d'une manière lente et méthodique, un peu comme Draco avec sa tasse de café le matin.

Ce n'était pas habituel pour Draco de la voir habillée autrement qu'avec ses élégantes jupes ou pantalons de tailleurs pour aller au travail. Aujourd'hui, elle portait un jean, un pull bleu marine en maille et une écharpe des Harpies, préférant le confort à la mode. La plupart des sorciers ou sorcières dans les loges premium utilisaient cette opportunité pour être vus dans les dernières robes à la mode, mais pas Granger. Draco sourit avec suffisance et se demanda si son dressing ne contenait que des vêtements confortables de moldus et ses tailleurs ou robes de travail et rien d'autre.

Granger continua son chemin autour du bord de son verre puis posa son menton sur son autre main, semblant inconsciente de la discussion animée qui se déroulait juste derrière et à côté d'elle. Lentement, l'un de ses doigts se déploya et entama une douce danse de va-et-vient le long de sa lèvre inférieure. Draco laissa ses propres doigts ajuster la vision des multiplettes pour zoomer sur son visage. C'était un chemin lent et délibéré à travers la seconde moitié de ses lèvres entre-ouvertes, qui suivait le même rythme que ses doigts le long du verre. Draco tenta d'avaler sa salive et senti que sa gorge était devenue sèche. Sa lèvre inférieure semblait incroyablement douce tandis que son doigt délicat en traçait les contours.

Des cris rauques tout autour de lui et à travers tout le stade firent que Draco arracha ses multiplettes de son visage. L'attrapeur des Tornades venait de capturer le Vif d'Or, garantissant la victoire à son équipe. Macnair agita son poing en l'air à plusieurs reprises triomphalement.

- Félicitations. J'ai hâte de voir les Guêpes effacer ce sourire satisfait de ton visage, lança Draco d'une voix traînante et Macnair lui fit un doigt d'honneur.

Les Tornades commencèrent leur vol de victoire autour du stade tandis que les joueuses des Harpies retournaient à leur vestiaire. Puis, la loge d'en face s'alluma et Draco réalisa que toute l'attention était à présent tournée vers celle des Potter-Weasley car Ginny avait rejoint son mari et sa famille extrêmement connus. Ce qui semblait être des centaines de flash se déclenchèrent, toute l'attention tournée vers le sauveur du monde magique et sa belle-famille. Potter et sa femme firent des signes de mains penauds à la foule puis s'éloignèrent. Ginny avait un air renfrogné à peine dissimulé sur son visage et Draco se demanda ce qu'elle détestait le plus : que son équipe l'ai déçue ou qu'elle soit obligée de faire face à tout ce battage médiatique entourant son mari sur son lieu de travail.

La foule commença finalement à quitter le stade mais Draco repris ses multiplettes pour trouver Granger, qui discutait avec Ginny seule à seule.

Draco observa Granger et Ginny discuter avec animation près du bord de leur loge. Il regarda la rousse pointer vaguement de l'autre côté du stade, en direction de la loge de l'agence de Draco, mais pas directement vers lui. Il regarda Granger se redresser et scanner avec impatience les loges du côté du stade de Draco. Qu'avait donc pu bien dire la Fouine pour la faire regarder tout autour avec autant d'enthousiasme ?

Il regarda Granger sembler incapable de trouver ce qu'elle cherchait et faire demi tour avec un petit froncement de sourcils de déception pour aller discuter avec la matriarche des Weasley. Et puis, il vit avec horreur le regard de Ginny Potter se connecter – on ne sait comment – directement au sien, lui sourire puis lui faire un clin d'oeil.

Il lâcha les multiplettes comme si elles lui avaient brûlé la peau. Elles s'écrasèrent par terre et il se pencha pour les ramasser rapidement. Je suis en contrôle.

- Tout va bien fiston ? S'inquiéta Macnair.

Draco savait que son visage était rouge et il lutta pour maintenir une voix égale.

- Oui, parfaitement. Je viens juste de me souvenir que je devrais être ailleurs.

Macnair le regarda avec curiosité alors que Draco se tournait pour partir et rentrer à la maison et boire le plus de Firewhisky qu'il puisse trouver dans son placard à alcool.

- C'est dommage. Ecoute, à notre prochain match, tu devrais vraiment rester après la fin. J'étais sérieux quand je disais qu'il y a quelque chose de spectaculaire que tu devrais voir.

Draco hocha la tête avec absence et transplana à la maison, loin de Macnair, de toute la foule et le regard complice de Ginny Potter. Je suis en contrôle.


Je teste un nouveau rythme de publication et il y aura pour cela un nouveau chapitre dimanche. N'hésitez pas à me poser vos questions et faire vos remarques en commentaires sur vos préférences! J'ai hâte de vous lire.

A bientôt!