Voilà un petit OS qui m'ait passé par la tête. Il neigeait, et j'était comme une gamine. A la base, je voulait faire un truc un peu joyeux et mimi, mais lisez par vous même comment ça à finit. Et bien, c'est beaucoup moins joyeux...
Mais tout de même,
Bonne lecture.
Enlevant ses robes noires et son masque, il les rétrécit pour les mettre dans sa poche. Il prit une grande inspiration et souffla comme pour évacuer les dernières heures d'horreur qu'il venait de vivre et de détendre ses muscles endoloris par les quelques doloris qu'il avait subi. La nuit était bien avancée et il faisait un froid glacial. La neige tombée, parsème petit à petit l'herbe sous ses pieds d'une fine pellicule blanche. Il frotta ses mains puis souffla dedans pour les réchauffer. Il avança doucement vers l'entrée du château, faisant attention à ne pas glisser.
Il entendit alors quelqu'un éternuer juste à côté de lui. Automatiquement, il brandit sa baguette et se tourna vers l'origine du bruit. Incapable de différencier le moindre bruit d'une menace avec l'épuisement qu'il l'accablait. La petite silhouette sombre se détachait difficilement dans l'obscurité, mais il reconnut tout de suite ses cheveux puis l'insigne de préfète qui reflétait la faible lueur autour d'eux.
« Miss Granger… Souffla-t-il. »
Ce soir, il n'avait pas la force de la renvoyer sans ménagement. Ce soir, il était fatigué.
« Professeur, répondit-elle poliment.
- Que faite vous là ?
- Il neige. »
Il s'approcha d'elle. Elle était assise sur un petit banc, juste en dessous d'un arbre qui la protégeait un peu de la neige qui tombait de plus en plus fortement. Ses mains gantées étaient jointes entre ses cuisses les protégeant du froid. Il pouvait seulement voir ses yeux et le bout de son nez, le reste était emmitouflé dans son écharpe et dans son bonnet aux couleurs de sa maison. Elle regardait l'horizon, profitant du paysage et de la neige qui tombait pour la première fois de la saison.
Habituellement, il se mettait à neiger dès le mois de novembre dans cette partie de l'Ecosse, mais cette année, ils avaient attendu longtemps avant que les flocons n'arrivent. Ce ne fut qu'en ce début du mois de décembre que la pluie désagréable avait fait place à la douceur de la neige.
« Vous ne devriez pas rester la, vous finirez par mourir d'hypothermie. Lui dit-il. »
Il s'assit à côté d'elle, ressentant alors le sort de réchauffement qu'elle avait dû placer il n'y a pas assez longtemps pour qu'il ne s'efface complètement.
« La semaine dernière, c'était un rhume, celle d'avant la grippe ou alors une crève qui m'aurait cloué au lit. Si je vous écoute professeur, je devrais être morte il y a des semaines de cela. »
Étrangement, sa remarque le fit sourire. Mais son air se durcit à nouveau.
Le monde n'est pas sûr en ce moment, et même Poudlard présente des failles. Vous pourriez être en danger ou simplement me croiser.
- Si vous êtes le seul danger, je devrais pouvoir survivre encore une nuit.
- Je pourrais vous enlever une centaine de points et vous mettre en retenue jusqu'à la fin de l'année.
- Si vous vouliez le faire, vous l'auriez déjà fait. Répliqua-t-elle.
Il ne répondit pas. Il l'avait accepté déjà il y a plusieurs semaines qu'il ne pourrait pas la faire changer d'avis. Il ne savait pas comment elle était au courant des soirs où il sortait, mais à chaque fois, il la croisait assise sur ce banc. La toute première fois qu'il l'avait croisé, il l'avait renvoyé sans ménagement dans son dortoir. Elle n'avait rien dit de plus qu'un doux « bonne nuit ». La fois suivante, il s'était énervé, lui crachant au visage qu'elle n'avait rien à faire là. Mais à mesure que les semaines avançaient, plus il s'habituait à la voir peu importe le temps. Parfois, quand il arrivait, elle était trempée jusqu'aux dos et complètement frigorifiée. D'autres fois, ses cheveux avaient tellement été malmenés par le vent qu'il ne ressemblait plus qu'à une masse frisottante et informe. Il s'asseyait alors à côté d'elle, sur ce banc devenant le leur pour quelques instants. Quelques fois, ils parlaient, quand le temps le voulait bien et que la pluie ne battait pas trop fort sur leurs têtes. La plupart du temps, leurs conversations étaient futiles et sans sujet particulier : le temps, les cours, ou quelques fois elle osait lui demander s'il était blessé. Quand c'était le cas et qu'il osait avouer d'où venait sa douleur ou, où étaient ses plaies, elle le soignait un peu, lui permettant d'atteindre l'infirmerie sans trop vaciller.
Ils restèrent encore quelques minutes dans le silence admirant la neige tombée.
« C'était une mauvaise soirée ? Demanda-t-elle, à moitié comme une question, à moitié comme une affirmation.
- Pire que ce que vous pourriez imaginer. Lui répondit-il.
- Vous pourriez m'en parler ? Proposa-t-elle.
- Je ne suis pas sûr que cela est utile.
Il tourna la tête vers elle. Elle ne bougeait pas, gardant son regard fixe, ses traits détendus. Il admira ses yeux dont il ne percevait que la lueur et l'humidité qui y était provoquée par le froid. Il détailla le haut de sa lèvre, seul morceau de sa bouche dépassant de l'écharpe dont la couleur était sombre par rapport au reste de son visage qui lui apparaissait presque blanc avec la lumière de la nuit. Puis le bout de son nez, sa courbe fine et élégante.
Il se demanda alors pourquoi une si jolie jeune femme passait son temps à l'attendre, lui, le vieux et gras maître des potions, Mangemort à temps partiel, agent double et redouté de tous. Dont les traits disgracieux en faisaient frémir plus d'un et qui répugnait les autres.
« Dites toujours, peut-être que cela aidera. Insista-t-elle sans pour autant lui adresser un regard. »
Il aurait aimé, peut-être, qu'elle fasse comme d'autres fois. Se tournaient vers lui, lui sourire doucement, ses yeux se plissant légèrement et sincèrement quand elle lui souhaitait bonne nuit. Mais cette fois-ci, elle ne le regardait pas. Et peut-être aussi, est-ce pour le mieux.
« Si je vous le dis, arrêtez-vous de vous mettre en danger chaque nuit quand je sors ?
- Pourquoi demandez-vous alors que vous connaissez déjà la réponse ? »
Il souffla par le nez agacé ou amuser, il ne saurait le dire. Mais de toute façon, avait-il vraiment envie de ne plus la voir, à chacun de ses retours ? Elle était une dose de douceur et de bonté alors qu'il revenait de l'enfer et de la dure réalité de sa vie.
« Ce soir, Miss Granger, le seigneur des ténèbres avait organisé une joyeuse fête, commença-t-il, pas de celle que vous connaissez avec des verres et de la musique, plutôt de celle qu'il apprécie. De la souffrance, de la torture et de la mort.
- Elle devait être vraiment joyeuse cette fête…
- Vous n'imaginez combien il l'a trouvé exquise.
- Avez-vous bu ? Demanda-t-elle toujours sur ce ton amical et doux.
- On n'est jamais sûr de ce qu'il y a dans les verres proposés dans ce type de soirée. Je vous conseille de ne jamais trop vous approcher des boissons qui y sont proposées.
- Un excellent conseil. Ironisa-t-elle.
- Vous m'avez coupé, si vous voulez savoir, il faut écouter.
- Désolée, continuez. »
Il la regarda à nouveau, elle s'était tendue légèrement, et il fut surpris d'être désolé lui aussi d'avoir été si brusque.
« C'était une soirée avec une activité proposée ce soir. Ou plutôt imposé. Des Mangemorts avaient eu la bonne idée d'attaquer une famille moldue, apparemment un passe-temps qui leur semble tout à fait acceptable. Le seigneur des ténèbres avait été ravi de nous présenter la seule survivante de l'attaque. Une petite fille qui d'après ses fidèles avait développé quelques divergences. De la magie coulée dans ses veines et comprenez que pour lui, évidemment, cela ne faisait aucun doute qu'elle n'en était pas digne.
- Évidemment. »
Chacune de ses phrases était finement choisie, dite sur le ton de l'humour et léger, parce que cette soirée n'avait été qu'une suite d'actions atroces.
« Il nous avait présenté l'enfant comme un cadeau. Une récompense pour nos loyaux services et la réussite de cette petite escapade. Nous pouvions faire ce que nous voulions d'elle. Je suis passé le dernier. »
Il prit une grande inspiration. Détaillant toujours Hermione, calant le rythme de sa respiration sur la sienne, tentant de garder son calme alors qu'il sentait une bouffée d'injustice monter en lui.
« Elle pleurait toujours mais sans bruit, même plus de gémissement ou de cris. Elle avait arrêté après plusieurs doloris et les sorts d'entailles, parce que, voyez-vous, ils n'aiment pas faire ça a main nue. Ils ne peuvent pas là toucher, pour eux elle est impure, indigne de leurs forces. Cela ne les empêche pas de la faire souffrir encore et encore. Alors que c'était mon tour, je me suis demandé si je pouvais l'emmener. La prendre et l'emporter loin d'eux. Elle ne devait pas avoir plus de 6 ou 7 ans et encore tellement de choses à vivre… »
Mais cette fois-ci, il eut plus de mal à garder son calme. Sa voix se brisa dans sa gorge, sa tête basse ses yeux fermés, il la revoyait encore et encore, ses grands yeux bleus, ses jolis cheveux bruns peignés et coiffés dans ces tresses qui avaient dû être faites avec soin et dont maintenant plusieurs mèches s'en échappaient.
Il sentit quelque chose chaud sur sa cuisse. Hermione avait décroisé ses mains pour en poser une sur lui, le supportant silencieusement dans sa douleur.
« Puis j'ai compris. Que ferait-elle sans parents ? Sans famille ? Comment survivrait-elle après avoir vécu tant de souffrance en si peu de temps ? J'ai levé ma baguette et j'ai prononcé un sort, priant pour que ce soit le dernier de la nuit. Et elle est morte sous ma baguette. Moi non plus, je n'ai pas voulu me salir les mains mais j'ai tout de même l'impression qu'elles sont recouvertes de son sang. »
Il regarda le visage de la jeune femme à ses côtés. Une larme unique s'échappa de ses yeux et se perdit dans l'écharpe.
« Je voulais la sauver. Mais je ne pouvais pas. Sachez que je me suis fait punir pour l'avoir tué. Pas parce qu'elle est morte, mais parce qu'elle est morte trop vite. Trop vite ? S'exclama-t-il. Bien sûr qu'elle est morte trop vite, elle aurait dû vivre. J'ai reçu quelques doloris de mon maître parce qu'ils n'avaient pas pu refaire une partie avec elle. Comme si toit cela n'est qu'un jeu… »
Cette fois-ci, elle le regarda mais c'est lui qui détourna les yeux. Incapable d'affronter son regard qu'il pensait rempli de colère.
Deux doigts se posèrent cette fois en dessous de son menton, le poussant à relever la tête. Quand il avait décidé de lui expliquer, il pensait qu'elle l'arrêterait, la scène trop dure à écouter. Mais elle n'avait rien fait de tel et avait continué à prêter attention à ses paroles.
Ce qu'il vit dans ses yeux ne fut que de l'acceptation et cette éternelle douceur.
« Vous faites la seule chose que vous pouviez faire. Lui dit-elle. Vous avez eu raison de la tuer, Monsieur. »
La certitude dans son regard lui fit peur.
« Comment pouvez-vous dire cela ? Il se leva d'un coup, brisant le contact entre eux, le faisant perdre la chaleur de ses mains. N'avez-vous pas peur de moi ? De ce que je pourrai vous faire ?
- Ce n'était pas une vie pour elle. Que lui auraient-ils fait s'ils avaient décidé de la garder en vie ? »
Elle de leva a sa suite. Se tenant droite devant lui. Son écharpe glissa, dévoilant ses lèvres et ses mots furent plus impactant alors qu'il pouvait les voir sortir de sa bouche.
« Je n'ai pas peur de vous, car vous ne ferez pas de mal simplement parce que je suis une née-moldu. Lui dit-elle. Je n'ai pas peur de vous car vous avez eu pitié de cette petite fille et j'aurais pu être cette petite fille.
- Je ne connais même pas son nom… »
Cette fois-ci sa voix se brisa totalement dans un sanglot retenu.
La main d'Hermione se posa sur la joue.
« Vous avez fait tout ce que vous pouviez pour elle. Vous avez fait tout ce qu'il était possible de faire. Vous ne pouviez pas la sauver.
- J'aurais pu essayer.
- Vous savez aussi bien que moi que c'était impossible. »
Sa voix ne cesser d'être calme et il ne comprit pas comment elle ne pouvait pas le repousser. Comment elle était toujours capable de le toucher après toutes les horreurs qu'il avait été forcé à faire. Il n'avait jamais voulu cela.
« Ne voyez pas que je suis un monstre ? Lui chuchota-t-il si près d'elle qu'elle pouvait sentir son souffle.-
- Je ne vois qu'un homme, je n'ai jamais vu un monstre. »
Brisé et au bord du gouffre, il colla ses lèvres dans un élan de désespoir. Il posa une de ses mains contre sa nuque et une autre sur sa taille. Il pensait qu'elle le repousserait mais tout ce qu'elle fit, c'est de poser ses deux mains sur son visage et approfondir leur baisait.
« Hermione… Dit-il en chuchotant, se décollant un peu tout en gardant son front contre le sien.
- Severus… Répondit-elle.
- Elle aurait pu vivre encore des années. Si vous aviez pu voir ses yeux…
- Chut, souffla-t-elle. Ce n'est rien. Allons nous coucher, il est tard. Nous profiterons de la neige demain. »
