Bonjour à tous ! Et voici le chapitre 8 !
Ce chapitre m'a demandé pas mal de fil à retordre niveau scénario en plus de m'obliger à revoir la mythologie grecque. Surtout que ce chapitre possède pas mal de révélations sur Dionysos. Par exemple... pourquoi déteste-t-il autant les dieux et Athéna ?
Il y a également l'introduction de deux ménades dans ce chapitre, dont une qui se désigne par le pronom "iel" !
J'espère qu'il vous plaira !
Country sa : merci encore pour ta review ! Contente que le chapitre t'ai pris aux tripes ! Alors, pour répondre à tes différents points :
- Pour ce qui est de la représentation d'Athéna, vu que c'est une illusion envoyée par Dionysos, il faut noter que c'est avant tout la vision qu'il possède d'Athena à savoir une chef de guerre hypocrite qui pousse des hommes au meurtre.
- Pour ce qui est de Dionysos, effectivement il est compatissant et aimant mais il a son caractère aussi ;)
- Pour la légende suggérée dans le chapitre, c'est une légende arthurienne oui mais plus précisément celle de Sieur Gauvain contre le chevalier vert (je l'adore cette légende).
- Pour la phrase "la lame affûtée" ah d'accord, je ne l'avais pas ressenti comme ça ! C'était une illusion à El Cid dans Lost Canvas
J'espère que ce nouveau chapitre te plaira !
Pour Shun, la situation était beaucoup plus calme. Les sens aux aguets, il guettait la moindre perturbation dans cet environnement qui éveillait en lui une certaine terreur. Ce n'était pas une forêt comme les autres, elle semblait divinisée. Comme si la présence de Dionysos suintait du tronc des arbres. Il déglutit et, reprenant contenance, marcha davantage dans l'antre du dieu.
Il en profita pour observer ses chaînes qui tintaient légèrement contre son corps. Cela faisait cinq ans qu'il ne les avait pas utilisées, ou du moins très peu. Allait-il être à la hauteur aujourd'hui ? Allait-il être digne de son armure ? Le temps où il pensait avoir acquis suffisamment de légitimité pour se sentir chevalier lui semblait si loin maintenant, tel un rêve.
Il soupira et ferma les yeux, se concentrant sur les sons environnants. Il n'y avait pas de chants d'oiseaux, seulement un vague bourdonnement… Il avait aussi la sensation que quelque chose tirait sur son cosmos, comme une personne qui vous tirerait par la manche pour vous amener à un endroit. Il ouvrit les yeux, perplexe, et décida de suivre ce sentiment. Au fur et à mesure qu'il avançait, les arbres s'espacèrent et il distingua un mausolée, un de ces somptueux monuments funéraires. Shun s'arrêta, subjugué par cette imposante construction humaine au milieu de toute cette nature luxuriante.
- Pourquoi un mausolée ? murmura Shun
Le bâtiment en pierre grise comportait une entrée ressemblant à celle des temples grecs, un fronton sous un toit avec des feuilles de vignes, surmontés de colonnes corinthiennes. Juste derrière, le monument possédait une coupole Il réfléchit à y entrer ou non, puis, poussé par la curiosité, il pénétra dans l'enceinte.
Il faisait très sombre à l'intérieur. La salle avait un plafond haut. Des colonnes corinthiennes, dont le chapeau conservaient la splendeur des feuilles de lierre sculptées, créaient une allée menant à une porte. Shun prit cette allée et se retrouva devant la porte. Il mit la main sur la poignée et hésita à rentrer. Puis, poussé par la curiosité, il l'ouvrit…
Il se retrouva plongé dans une autre pièce. Cette dernière, plus petite, était jonchée d'objets et de meubles entreposés correctement, comme une habitation classique. À la vue de ces meubles, Shun en déduisit qu'il datait d'une certaine époque. Quand il vit des amphores superbement peintes à l'encre noire posées sur une grande table en marbre, il se demanda si ce mobilier ne datait pas de la Grèce Antique, voire des temps mythologiques. Il poussa un rideau sombre et se retrouva dans une autre pièce avec un grand lit en bois de chêne magnifiquement agrémenté lui aussi de feuilles de vignes. Toutefois, ce qui intriguait le plus Shun n'était pas ce lit … Mais plutôt le tableau juste en face.
C'était le portrait d'une femme. Ses longs cheveux blonds tombaient en cascade sur ses épaules. Ses yeux étaient d'un violet lilas foudroyant et son port était gracieux. Subjugué par ce tableau, Shun l'observa davantage et fronça les sourcils quand il tomba sur un élément particulier de la composition. Dans ses mains, la femme peinte avait une pelote de fil. Un fil blanc. La réminiscence d'un vieux mythe de la Grèce Antique vint combler cette interrogation quand un tintement attira son attention. Elle venait d'une autre pièce, cachée par un rideau de soie. Toujours poussé par la curiosité, Shun poussa délicatement le rideau et s'arrêta net face à ce qu'il voyait.
Devant lui, la femme du tableau gisait sur une immense table en marbre. Un cosmos vert l'entourait, préservant probablement la beauté de son être. Pourtant, elle ne respirait pas. Shun trembla d'appréhension en se disant qu'il avait en face de lui un cadavre. Un cadavre d'une grande beauté certes mais un cadavre tout de même. La curiosité lui permettant de bouger, il s'avança vers cette tombe curieuse.
Mais alors que, intrigué, il voulut toucher le cosmos, il entendit un cri venant de l'extérieur. Quelqu'un appelait à l'aide !
Cette voix… pensa le chevalier. Shunrei ?!
Il fit le chemin arrière et se précipita à l'extérieur. Guidé par les cris, il courut dans la forêt et, là, il tomba face à une scène pour le moins étonnante.
Shunrei était ligotée à un arbre, avec sa tresse et ses habits d'antan.
- Sh… Shunrei ?
- Ah Shun ! C'est toi ! Qu'Athéna soit louée ! J'ai voulu m'enfuir du repaire de Dionysos ! Il a fait une erreur en m'emmenant au Sanctuaire d'Athéna car je me suis souvenue de tout ! Malheureusement il m'a enfermée pour que je ne m'enfuis pas ! Libère-moi avant qu'il ne soit trop tard !
Shun était troublé. D'une part car c'était vraiment Shunrei en face de lui : c'était sa voix, son caractère et ses manières. Mais d'autre part, la partie défensive de sa chaîne tressautait, voulant l'avertir d'un danger en provenance de Shunrei. Comme si… Comme si… Ce n'était peut-être pas elle. Il se remémora alors son combat contre Kaasa et grimaça. Il fit taire ses doutes ainsi que son ancien lui et envoya directement la partie attaquante de sa chaîne contre Shunrei !
Cette dernière écarquilla les yeux et d'un bon prodigieux sauta en l'air et atterrit dans les arbres, un sourire mesquin sur le visage. Shun n'avait plus de doute : ce n'était pas Shunrei.
- Et bien… Tu es plus intelligent que je ne le pensais, répondit l'imposteur d'une voix d'homme. Mais dis-moi, comment tu as fait pour trouver ce mausolée dans cette forêt ?
- Je te retourne la question. Je n'en sais rien.
- Hm… Je dois t'avouer cela m'a énervé que tu viennes profaner ce lieu avec ton armure. Pour cela que j'ai dû bâcler ma mise en scène. Aaah…Peut-être que j'aurais mieux fait de me métamorphoser… Autrement.
Et aussitôt, Shunrei se métamorphosa en Seiya, un horrible sourire déformant son visage. Le sang de Shun ne fit qu'un tour en voyant ça : comment osait-on se moquer de sa douleur ?!
- Je vais te faire chanter une autre chanson… Nebula chain !
Et il lança à la vitesse de l'éclair la partie attaquante de ses chaînes. Le faux Seiya sauta en l'air alors que la chaîne perforait l'arbre. En retombant au sol, il se métamorphosa de nouveau et Shun reconnut le faune qui accompagnait Dionysos. De nouveau, le chevalier se demanda comment la nature pouvait produire une telle créature, à la fois homme et bouc.
- Ah oui, au fait : enchanté, Eliotis, dit-il dans un sourire goguenard en mettant sa main sur le cœur et en faisant une révérence forcée, ses cheveux bouclés fouettant son visage.
Shun lui lança un regard noir de colère.
- Ouh… Aurais-je touché une corde sensible ?
- Tu n'avais aucun droit de prendre l'apparence de mon meilleur ami.
- Tu comptes me faire quoi ?
- Te faire ravaler ta petite fierté.
- Oh j'ai peur… Je suis sans défense…
- Nebula Chain !
Le faune se transforma en guépard et courut ventre à terre en direction du chevalier, évitant à une vitesse folle les chaînes. Shun eut à peine le temps de riposter que le faune se métamorphosa en rhinocéros et vint l'encastrer dans un violent mouvement contre un arbre. Shun hurla sous l'impact. Il eut à peine le temps de reprendre son souffle qu'un tigre se jeta sur lui, toutes griffes dehors. Par réflexe, Shun tendit le bras pour protéger sa gorge. Le tigre planta ses crocs dans la manchette de son armure, déchiquetant le métal sacré. Shun serra les dents lorsqu'il sentit les crocs rentrer dans sa peau. Mais c'était quoi ce tigre à la force surpuissante ?! Il hurla et balaya l'animal avec un coup de poing violent. Le métamorphe partit sur le côté, emportant avec lui du sang, du métal et de la peau.
Tandis qu'Eliotis se remettait de son coup, Shun brandit ses chaînes et tenta de l'attraper. Peine perdue, le tigre se métamorphosa en colibri et échappa avec agilité aux chaînes qui tentaient de l'attraper. Il se transforma de nouveau en tigre et se précipita sur le chevalier.
Mais cette fois-ci, Shun avait anticipé !
- Rolling Defense !
Le tigre se retrouva derrière la chaîne de protection. Conscient qu'il était bloqué, il commença à faire le tour, lentement, les babines retroussées.
- Quelle ironie… entendit Shun. Voilà que l'humain est en cage.
Shun ne pouvait lui ôter cette remarque, il avait raison le bougre ! Alors que le tigre l'observait, il sentit naître en lui ses anciennes habitudes : celles de parler, de comprendre l'adversaire, afin de chercher une issue pacifiste sans blesser. Mais les choses avaient bien changé en cinq ans. Et ce fut plutôt une vague de colère qui naquit en lui. Une colère envers son ancien lui et ses valeurs qui l'avaient mené à être manipulé par les dieux. Oh que non cela ne recommencera pas ! Il poussa un cri et lança sa chaîne :
- Nebula chain !
Le tigre y échappa de nouveau en se transformant en oiseau mais Shun déclencha sa fureur au travers de ses chaînes. Ces dernières se mirent à suivre l'oiseau comme des missiles, cherchant à le pourfendre. Jamais Shun n'avait connu une telle colère envers quelqu'un qui voulait juste défendre son Sanctuaire. Et voilà que ses chaînes traquaient la créature comme un chasseur traquerait sa proie. Une des chaînes vint heurter une des ailes de l'oiseau et ce dernier s'effondra au sol. Reprenant sa forme initiale, Eliotis tenta de se relever malgré son bras blessé. Devant lui, le cosmos du chevalier virait presque au rouge. Et son regard était haineux…
- Et dire qu'on dit de toi que tu es le chevalier le plus pur… dit-il dans un rire.
- Tais-toi sale monstre !
Et Shun lança de nouveau sa chaîne, comme le chasseur chargeant son fusil et tirant vers sa proie. Cette dernière s'enroula directement autour du cou d'Eliotis pour l'étouffer. Mais le faune ne semblait en avoir cure pour le moment. Au contraire, quelque chose que le chevalier avait dit l'interpellait, faisait aussi ressortir en lui les dernières valves de colère qui animaient son coeur :
- Tu m'as traité de quoi là ?
- De monstre. C'est ce que tu es non ? dit Shun avec un mauvais sourire qu'il se forçait à avoir pour contraindre ses relents pacifistes.
Il vit le faune grincer des dents, son regard devenir plus agressif.
- Personne ne me traite comme ça t'as compris ? Pas même un connard de chevalier comme toi !
Et en hurlant, il se mit à grossir. Surpris, Shun vit sa chaîne avec un mal de chien à retenir la créature en laquelle il se transformait. Avec effroi, il le vit grandir… Grossir… Se recouvrir d'une épaisse fourrure noire. Son visage se déforma en un museau composé de chair humaine et animale. La créature le regarda de ses yeux de prédateurs, prêts à le déchiqueter. Shun sentit ses jambes trembler.
La bête se tenait devant lui du haut de ses trois mètres. Ses crocs étaient sorties. Ses griffes acérées. En un coup, il pourrait lui arracher la tête ! Et c'est visiblement ce qu'il avait en tête alors que le monstre lança sa main. Shun le manqua de peu et vit des bouts de métal partirent de son plastron. Estomaqué, il recula et vit avec effroi que les griffes avaient entaillé l'armure sacrée. Mais l'heure n'était pas à l'incompréhension… Car la créature se jetait sur lui… Gueule ouverte.
Il eut juste le temps de mettre sa chaîne au travers de sa gorge pour se protéger. Le loup-garou avait refermé sa gueule démoniaque sur la chaîne et tentait de la détruire. Shun résistait tant bien que mal à cet assaut, priant pour que ses chaînes résistent à cette dentition horrible. Il finit par utiliser une autre technique : il enroula ses jambes autour de la bête et d'un coup de cosmos la propulsa sur le côté. La bête se délogea mais elle revint d'un coup, complètement enragée, et donna un violent coup de griffe sur la poitrine et sur les bras de Shun. Ce dernier tomba à la renverse, sonné. Du sang coulait des endroits entaillés. Il ouvrit les yeux d'effroi en réalisant que les griffes avaient bel et bien atteint son armure. Déglutissant, Shun vit de nouveau la bête s'avancer vers lui, toutes griffes dehors, les yeux rouge bordeaux. Bien qu'en sang, le chevalier se redressa, la colère l'animant toujours.
Il allait utiliser sa plus terrible attaque. Il plia les poings, les mit en croix devant lui et fit augmenter son cosmos. Le métamorphe se rua vers lui…
- Nebula storm !
La tornade cosmique s'échappa brutalement et vint heurter de plein fouet Eliotis. Ce dernier hurla sous la déferlante de cosmos qui bloquait chacun de ses membres, le faisant souffrir. En voyant ça, Shun eut un sourire mauvais et augmenta la force de son cosmos. Eliotis hurla de douleur : ses membres étaient atrophiés !
- Alors ménade, tu pensais me vaincre ? tenta Shun en s'avançant vers lui.
La pauvre bête criait de douleur. Elle avait mal, très mal.
- Tu croyais vraiment vaincre un chevalier d'Athéna ?
À sa grande surprise, Eliotis lui cracha à la figure :
- Qu'est ce que cela peut me faire de mourir ? Après tout, le vrai monstre ici, c'est toi chevalier.
- Comment oses-tu ?...
Mais alors que Shun allait briser les os de la bête avec son attaque, il se vit dans les yeux de cette dernière. Il vit son visage… Aussitôt, il eut un flash de son ancien rêve avec le loup-garou. Et remarqua un détail qui lui avait échappé : le loup-garou avait des yeux verts… Comme les siens…
C'était lui…
Les yeux exorbités, Shun défit lentement la puissance de son attaque. Eliotis finit par retomber au sol et tenta de reprendre sa respiration tandis que Shun, encore secoué, alla s'asseoir. Ses bras étaient en sang, son armure était détruite… mais il n'en avait cure. Car il revoyait son combat contre le loup-garou. Pas une seule fois il avait montré une once de bravoure ou de bonté. Il n'était que haine et colère. Il avait tellement cherché à être quelqu'un qu'il n'était pas qu'il avait été un monstre.
Oui, Eliotis avait raison… Son rêve avait eu raison… C'était lui le monstre.
Quel imbécile…
Le silence se fit dans la forêt pendant de longues minutes. Le loup-garou se transforma de nouveau et redevint le faune originel. Ce dernier se massa les membres et grimaça en sentant son épaule déboitée. Shun vit ça et, pour la première fois depuis le début du combat, laissa parler son ancien lui, ignorant ses propres blessures.
- Attends, laisse-moi t'aider.
Eliotis recula d'un coup sec, le regard méchant. Comprenant sa réaction, Shun mit immédiatement les mains en avant :
- Ne t'inquiètes pas. Je ne vais pas te blesser… plus maintenant. Je peux te soigner avec mon cosmos. Laisse-moi faire.
Mais Eliotis le regardait toujours avec un regard méfiant, les lèvres quasi retroussées. D'une voix qu'il ne pensait plus aussi douce, Shun se remit à lui parler :
- Ecoute je vais enlever mon armure d'accord ? Enfin, ce qu'il en reste. Comme ça tu n'auras rien à craindre de moi.
Eliotis le regarda stupéfait quand il vit l'armure d'Andromède repartir dans l'urne. Seulement vêtu d'un jean et d'un t-shirt noir déchiré, Shun s'accroupit en face de lui et avança de nouveau les mains, tout en rassurant Eliotis. Cela finit par porter ses fruits puisque le faune le laissa mettre les mains sur son épaule blessée.
- Je te remercie Eliotis. Maintenant je vais actionner mon cosmos pour remettre ton épaule. Ce que tu vas ressentir c'est une immense source de chaleur. Il y aura une douleur mais je te promets de tout faire pour que tu n'aies pas mal.
Eliotis leva un sourcil mais se laissa faire. Une lueur rose apparut sur son épaule et le réchauffa instantanément.
- Voilà c'est bien… murmurait Shun, toujours à l'opposé de ce qu'il avait été. Maintenant, je vais remettre l'épaule.
Il y eut un craquement sonore et Eliotis fit la grimace. Mais rien de très douloureux, c'était comme un pincement. Puis, il sentit qu'il pouvait bouger de nouveau l'épaule.
- Et voilà, c'est fini, dit Shun dans un sourire.
Eliotis ne répondit rien. À toute vitesse, il se releva et se transforma en loup pour s'enfuir dans la forêt.
Laissé seul, Shun regarda son état : des traces de griffures sur sa poitrine, les bras sanguinolents, il était dans un piètre état. Il marcha quelques instants dans la forêt quand il tomba de nouveau sur le mausolée. N'ayant plus rien à perdre et voulant avoir des réponses à ses questions, il y entra de nouveau.
Il retrouva son chemin dans le noir et se dirigea vers le tombeau ouvert. Le cosmos vert entourait toujours la femme. Alors, comme avant son combat contre Eliotis, Shun tendit la main et toucha ce cosmos.
Aussitôt, il sentit un crépitement. Puis, ce fut comme s'il partait dans un autre monde. Quand il rouvrit les yeux, il vit qu'il était sur une plage de sable fin. Au loin, il voyait un navire. Un navire en bois et à voile… pas du tout moderne. Shun fronça les sourcils : mais où avait-il donc atterrit ? Était il dans les souvenirs de la femme ? Il sursauta quand il entendit un cri : quelqu'un pleurait. Il se tourna et vit un homme avancer vers le navire. À juger à son allure et sa démarche, il était de noble lignée et il semblait le savoir. Shun écarquilla les yeux quand il vit la femme du mausolée courir en sa direction. Elle était en larmes et désespérée.
- Attends ! Thésée ! Qu'est ce que je vais devenir sans toi ?! Je t'aime ! Tu ne peux pas m'abandonner !
- Ma chère Ariane, je m'en soucie comme d'une guigne.
La dite Ariane s'effondra alors que l'homme partait sur son navire. Touché par ses larmes, Shun voulut s'approcher d'elle. Mais alors qu'il la touchait du bout des doigts, l'environnement changea brutalement. Il se retrouva dans une pièce aux murs de calcaire. Ariane était assise dans la pièce, devant un homme âgé. Ce dernier se rapprocha d'elle et lui asséna une claque violente. Shun frémit en voyant cela.
- Tu t'es déshonorée… Tu as déshonoré ta famille.
- Je l'aimais…
- Tu as ouvert les cuisses ! Tu te rends compte de la honte que tu nous fais peser ? Heureusement qu'il n'a rien semé en toi. Bon sang… Aider ce Thésée à échapper au Minotaure, s'enfuir avec lui… Tu me fais honte… Honte aux rois de Crètes… Tu n'es qu'une traînée ma fille…
Shun réalisa alors ce qu' il avait en face de lui. Mais oui ! Voilà pourquoi cela lui disait quelque chose ! Le fil d'Ariane… La légende du Minotaure… Thésée…
Mais pourquoi Dionysos aurait un mausolée d'Ariane dans son Sanctuaire ?
L'environnement changea de nouveau et Shun se retrouva dans une rue bien animée. Une rue d'une ville antique, telle qu' il l'avait imaginée en visitant des ruines grecques. Il en fut troublé un instant. Soudain, une musique retentit et tous les individus s'arrêtèrent pour regarder ce qu'il se passait. Un cortège arriva. La foule, choquée, vit défiler des femmes à moitié nues et des faunes le sexe dressé. Il crut reconnaître dans ce défilé la naïade Saor ainsi qu'Eliotis. Le tout accompagné d'une musique cacophonique. Au centre de ce cortège, marchait avec un sceptre le plus bel homme que Shun n'ait jamais vu. Avec ses longs cheveux bouclés, son regard vert intense et son visage fin, il en charmait plus d'un. Il sentit un mouvement à côté de lui. C'était Ariane, accompagnée de quelques serviteurs. Elle regardait le cortège également d'un œil curieux.
Le décor changea encore et Shun se retrouva sur un salon à ciel ouvert, recouvert de tapis. Ariane se tenait sur un pouf, le regard perdu sur la ville. Shun vit s'approcher le bel homme avec deux coupes en argile et une amphore sous le bras. Il servit le vin à Ariane et s'assit à côté d'elle.
- Si c'est pour me faire la cour Dionysos, je préfère vous prévenir : cela ne sert à rien, dit-elle d'un ton sec.
Shun tressaillit en entendant le nom du dieu : c'était donc lui…
- Vous êtes charmante Ariane. Mais je suis venue pour voir autre chose. Connaissez vous Sémélé ?
- Séme… Mais bien sûr ! C'est l'ancienne reine de Thèbes.
- Que connaissez vous d'elle ?
- Et bien… On m'a raconté qu'elle était morte foudroyée à cause de Zeus. Tout le monde dit que c'est parce qu'elle a été punie en disant qu'elle avait eu un enfant avec lui.
- Et trouvez-vous cela vrai ?
- Vous voulez mon point de vue ? Personnellement, je trouve cela un peu étrange qu'elle ait été foudroyée comme cela. J'ai la sensation qu'il y avait une part de vérité. Mais si cela se trouve je me trompe complètement et…
- Elle ne racontait pas de mensonges, Ariane. Car cet enfant c'était moi.
Ariane le regarda, bouche bée.
- Non ce n'est pas…
- Zeus l'a foudroyé oui mais parce qu' elle avait été victime d'un complot d'Hera.
- Je ne comprends pas ?
- Elle s'était fait passé pour sa servante et lui avait suggéré l'idée que l'homme qu'elle côtoyait n'était en fait pas Zeus. Ma mère a alors confronté mon père et lui a ordonné de révéler sa vraie apparence. Malheureusement… Les dieux ne se montrent jamais sous leur vraie forme pour une bonne raison : car les hommes en meurent foudroyés.
- Vous… vous voulez dire que…
- Oui. Contraint, mon père a montré sa vraie apparence. Et ma mère en est morte. Elle était enceinte de moi à ce moment précis. Et mon père m'a sauvé en me mettant dans sa cuisse jusqu'à ce que j'arrive au bout des 9 mois. Mais ma mère… ma pauvre mère qui n'avait rien demandé a été traînée dans la boue comme vous l'avez démontré.
- Oh… Je suis désolée… Je…
- Vous voyez pourquoi je suis de retour ? Demanda-t-il d'un air sous-entendu
Ariane le regarda surpris. Puis, elle eut un sourire en coin.
- Vous êtes là pour venger votre mère ?
- Et oui !
- Vous avez besoin d'aide ?
- À vrai dire je pense que…
- Parce qu'un membre d'une famille royale serait sûrement très pratique pour vous aider dans votre tâche. Même si cette personne vient de Crète.
Cette fois-ci ce fut Dionysos qui la regarda surpris. Puis il eut un demi-sourire.
- On marche donc Ariane ? Dit-il en lui tendant sa main
- On marche.
De nouveau le décor changea. Shun assista à la chute du roi de Thèbes et des membres de la famille royale. Il les vit s'agenouiller et se prosterner devant Dionysos, lui réclamant pardon. Ariane était à ses côtés. Au fur et à mesure, Shun vit le regard de Dionysos changé auprès d'Ariane : d'un regard qui la considérait seulement au départ comme un atout de choix et une joli femme naquit le regard d'un personne débordant d'amour et d'admiration pour l'autre. Shun en était troublé.
- Ariane ? Que fais-tu ? J'ai appris que tu souhaitais t'en aller.
- Mon rôle auprès de toi est fini Dionysos.
- J'aimerais que tu reste auprès de moi.
- Qui voudrait d'une fille qui a déjà servi ? Répondit Ariane tristement. Je ne pense pas que c'est ce que tu veux.
Dionysos éclata de rire en entendant ça, un rire franc et joyeux. Ariane se tourna vers lui, outrée.
- Excuse-moi Ariane mais je pensais que tu me connaissais mieux que ça.
- Mais Dionysos…!
Elle ne peut rien dire d'autre de plus car Dionysos , en quelques enjambées, était juste auprès d'elle. Il avait posé délicatement sa main sur sa joue et la regardait comme s'il la voyait pour la première fois.
- Ariane… Le passé est ce qu'il est oui. C'est une chose que seul Chronos peut modifier. Et il est enfermé dans le Tartare. Tes amours, tes actes manqués, tes regrets, tes désirs, tes rêves, sont ce qui te constituent toi. Et c'est toi que j'aime. Toi Ariane. Toi toute entière… Alors j'aimerais que tu restes.
- Mais Dionysos, tu vas devenir un dieu… Je risque d'être un frein pour toi… Et puis… Je vais vieillir. M'aimera tu toujours autant ?
- Ariane, je veux devenir un dieu oui mais je veux faire en sorte que tu me rejoignes. Parce que tu n'imagine pas à quel point ce monde est plus ivre et joyeux depuis que tu y es.
Shun vit alors leur joie, leur rire, leur bonheur, leur amour. Il les voyait danser au son de différentes musiques. De la femme triste qu'il avait vu sur la plage, il voyait une femme rayonnante de joie. Mais il vit la tristesse arriver. Il vit Dionysos entouré des dieux et frissonna quand il reconnut le cosmos d'Athéna. Elle était vêtue de son casque et portait son bouclier et sa lance. Cette dernière prit la parole alors que Dionysos plaidait sa cause et celle de sa femme.
- Dionysos. Avant de rejoindre notre rang, tu devras t'acquitter d'une tâche auprès de nous : nous aider à combattre le titan Typhon. A cette issue seulement, nous t'accorderons le rang de Dieu.
- J'accepte les termes du contrat. Mais je rajoute une mention comme quoi Ariane sera à mes côtés en tant que déesse.
- Les humains n'ont rien à faire parmi les dieux ! S'exclama Hera
- Ariane sera à mes côtés, je ne reviendrai pas là-dessus.
Visiblement, ce choix irritait Hera mais aussi d'autres dieux et déesses. La scène changea et Shun regarda Dionysos embrasser tendrement Ariane avant de partir en guerre. Il vit ensuite pêle-mêle les combats de Dionysos et des dieux contre le titan Typhon. Et surtout il vit Ariane qui l'attendait. Ariane qui commençait à se tordre de douleur… À cracher du sang… Shun sentit la panique le gagner alors qu'il voyait Dionysos remporter la bataille et murmurer le nom d'Ariane :
- Ariane… bientôt je serai à tes côtés. Bientôt je te retrouverai mon amour.
Il vit Eliotis se précipiter dans la chambre d'Ariane alors que cette dernière avait quitté son lit et s'étouffait avec son sang.
- Dame Ariane ! Tenez bon !
Mais cette dernière poussa un énième hurlement de douleur et s'effondra au sol. Shun eut les larmes aux yeux en la voyant les yeux inertes… sans vie.
Le décor changea une dernière fois, et Shun se retrouva dans une salle immense revêtue d'or qui comportait des cruches et de la nourriture dans des grandes assiettes. Le corps d'Ariane reposait au sol, les yeux fermés. Il entendit une porte s'ouvrir et vit Dionysos. Ce dernier, essoufflé, regarda le centre de la pièce comme s'il ne voulait pas voir la réalité en face. Agard, il s'avança et s'agenouilla devant sa femme.
- Ariane… mon amour… dit-il doucement en la prenant dans ses bras.
Certains dieux étaient présents dans la salle, dont Athéna.
- Elle est morte à cause d'une maladie, déclara Zeus
- C'est le souci avec les humains : ce sont des mortels avant tout, dit Héra sur un ton dédaigneux et méprisant.
- Ce n'est pas possible… dit Dionysos, toujours agard.
- Tu ne peux pas la faire revenir, dit Arès. Son âme est déjà tombée dans le Puit. Elle est aux Enfers. Comme tous les humains.
En entendant cela, Dionysos poussa un hurlement de douleur et de colère mêlée. Il se releva et renversa avec violence les amphores.
- Alors c'est ça ce que j'obtiens ?! C'est ça ce que j'obtiens après avoir tout fait pour accomplir vos volontés de pourritures d'immortels ?!
- Dionysos ! Calme toi ! cria Athéna sur un ton assez paniqué.
- Je vous renie Dieux de l'Olympe ! Je te renie pere ! Hurla-t-il en frappant les murs.
- Dionysos ! Tu offenses les dieux ! s'exclama Artémis
Dionysos était en rage. Sa colère était comparable à un ouragan infernal prêt à tout détruire autour de lui.
- Je me relèverai de ma propre mort… répondit entre ses dents le futur dieu en s'avançant vers Zeus son père. Je deviendrais moi-même un dieu. Avec les pouvoirs du chaos ! Vous m'avez entendu ?! Avec les pouvoirs du chaos !
Et alors qu'Athéna se mettait en face de lui pour protéger son père, Dionysos se précipita, saisit son épée et, d'une violence rare, lui donna un violent coup dans les côtes et l'envoya contre un mur.
- Dionysos, tu vas trop loin ! hurla Zeus.
Dionysos, ivre de rage, s'avança près d'une immense corbeille de raisins et planta l'épée dedans. Du vin s'écoula lentement de la vigne. Rapidement, il devint de plus en plus grand. Un malaise saisit Shun en voyant le nectar s'écouler : ce liquide rouge… C'était… comme du sang… Le liquide se transforma en torrent, inondant le sol. Des racines apparurent sur les murs, profanant le lieu. Dionysos mit ses mains dans le torrent de vin et Shun frémit quand il regarda en sa direction, les mains en coupe :
- Le sang de la terre. Le sang, source de vie… Et ce sang sera mien.
Un hurlement de bête monstrueuse retentit et força Shun à se boucher les oreilles. Quand il rouvrit, il vit qu'il était de retour au mausolée. Il fondit en larmes alors qu'il comprenait ce qu'il s'était passé.
Athéna n'est qu'une hypocrite… maintenant les mots de Dionysos prenaient sens à ses yeux.
OoOo
Hyoga était avec Ikki dans une partie plutôt rocheuse de la forêt. Avec tous ces grands espaces, le chevalier du Cygne se demandait combien d'hectares cette forêt faisait. Ikki quant à lui était inquiet de ne plus être avec son frère. Il avait peur qu'il ne s'en sorte pas.
- Bon après, on est face à des ménades… normalement ça devrait le faire.
- Tu disais ?
- Je… parlais à moi-même
Hyoga n'insista et remarqua qu'ils avaient de la visite.
- Ikki, on n'est pas seuls.
Le Phénix se retourna et vit, assis sur un rocher, une nymphe androgyne avec des ailes de libellules dans son dos. D'une beauté stupéfiante, iel les regardait d'un air nonchalant. Ses cheveux étaient bruns et courts, complètement ébouriffés, et ses iris étaient aussi blancs et lumineux que la Voie Lactée.
- Salut moi c'est Cilia. Donc c'est vous qui venez nous importuner sous prétexte qu'on aurait enlever Shunrei ?
- Vous l'avez enlevé. Donc oui ? Fit Hyoga en se mettant en position de combat.
- Et il ne vous est jamais venu à l'esprit qu'elle nous a rejoint délibérément ?
- On en doute. Ce n'est pas l'attitude de Shunrei, fit Ikki.
- Elle est la plus chère aux yeux de notre ami. Et elle lui était dévouée. Jamais elle n'aurait… Eh vous nous écoutez ?!
- Désolée la fourmi qui passait devant moi était plus intéressante que vous.
- Non mais je rêve !
La sylphe eut un rire narquois puis se leva, faisant gonfler ses ailes translucides.
- Sachez que mon dieu ne tolérera pas plus longtemps votre présence sur ses terres.
- Ça tombe bien, on ne compte pas rester, fit Ikki dans un sourire.
Et il décida de ne pas perdre de temps en envoyant son poing du Phénix. L'attaque fusa et l'éclair lumineux vint frapper le front de Cilia.
- Eh ! tu ne me laisses pas l'attaquer ! Répliqua Hyoga
- Comme ça on ne perd pas de temps, dit Ikki avec un sourire de conquérant. De toute façon, à leur qu'il est, cette sylphe doit voir les flammes de l'enfer.
Mais Cilia restait debout, le regard nonchalant, les mains dans les poches. Comme s'iel était … dans les nuages.
- Que… Que se passe-t-il ? Fit Ikki
- Hein ? Quoi ? Fit Cilia en reprenant les pieds sur Terre
Ikki était stupéfait. C'était la première fois que l'on réagissait de la sorte.
- Ah vous êtes là ? Ah oui c'est comme si ça ne m'avait rien fait.
- Mais comment ?!
- Oh très simple…
Et iel se mit à s'envoler devant eux.
- Je suis une sylphe, une nymphe des airs. Et on peut dire que je suis une vraie tête… en l'air.
Iel ponctua ses dires en croisant les bras. Aussitôt une violente bourrasque de vent vint frapper les deux chevaliers qui durent se protéger sous la violente déferlante. Jamais ils n'auraient pensé qu'un vent puisse leur être aussi violent. Malheureusement, une énième bourrasque vint les faire décoller du sol et atterrir violemment contre la roche.
Hyoga grinça des dents et décida d'envoyer la poussière de diamant. Le blizzard s'abattit sur la nymphe mais cette dernière ne bouge pas. Au contraire… Au milieu de la bourrasque de vent, la sylphe semblait s'approprier cette tempête. La glace recouvrait ses ailes et son corps, la transformant en une créature de givre parfaitement intégrée dans un environnement glacial. Iel les regarda de ses yeux blancs et renvoya la vague de froid en dix fois plus puissant. Ikki sentit ses membres se congeler. Il en était même pour Hyoga bien qu'il résiste davantage ! Puis la vague de froid se fit plus forte et ils hurlèrent sous la déferlante.
Ikki parvint à se rattraper et grinça des dents : hors de question qu'il perde !
- Par le jugement des flammes impériales !
De son poing, un tourbillon de flammes partit pour heurter le cosmos et l'âme de la sylphe. Cilia eut un sourire narquois et s'évapora en un clin d'œil.
- Hein ?! cria Ikki, se demandant où elle avait pu partir.
- Derrière-toi ! fit une voix.
Ikki eut à peine le temps de voir Cilia dans le coin de son œil qu'elle lui envoyait un coup de pied tellement fort (probablement aidé par le vent) qu'il percuta violemment le sol. Tandis que la sylphe flottait dans les airs les bras croisés, Ikki se releva et tenta de nouveau une autre attaque. Cilia eut un sourire en coin et s'éloigna immédiatement dans les airs. Au loin, des nuages noirs commençèrent à s'amonceler.
- Oh tu ne m'échapperas pas ! cria Ikki alors qu'il fit l'erreur de la rejoindre.
Aussitôt, des dizaines de tornades aussi noires que les ténèbres déchirèrent le ciel et s'abattirent avec puissance sur le chevalier du Phénix qui hurla en se faisant emporter. Il fut alors éjecté et jeté de nouveau contre le sol.
- Ikki ! cria Hyoga.
Par un miracle de la Nature (Ikki en étant déjà un toutefois), le Cygne vit le Phénix se relever. Avec certes beaucoup plus de difficultés que la dernière fois mais il tenait encore sur ses jambes. Et avait encore de l'énergie à en revendre. Hyoga, qui venait tout juste de se remettre de la précédente attaque grimaça : comment immobiliser l'air ? Soudain ! Il eut une idée.
- Elle commence à me faire chier la libellule, dit Ikki
- Justement, j'ai une idée pour qu'on s'en sorte.
- Vas-y.
- Bien que cette sylphe soit à l'aise dans le givre, je doute qu'elle puisse résister au zéro absolu de l'Exécution de l'Aurore. Après tout, l'air aussi est composé d'atomes.
- Et tu prévois quoi ?
- Essaye de faire en sorte qu'elle se concentre au maximum sur toi. Et dès que ce sera bon, j'actionne mon attaque !
- Hm… Entendu !
Ils se mirent en position de combat alors que Cilia redescendait du ciel.
- Bon personnellement, j'en ai déjà marre de me battre contre vous. Venez, on rentre chacun de notre côté et on en parle plus ?
- Cela se voit que tu n'es pas un combattant. Un chevalier ne quitte jamais un combat.
- Mais j'ai pas envie…
Voyant que les chevaliers n'allaient pas abandonner l'idée de le battre et d'enlever Shunrei, Cilia soupira. Hyoga vit la sylphe écarter les bras et les nuages au-dessus d'eux tourbillonner. Ça ne sentait rien de bon.
- Bon et bien… Il est temps de penser grand alors.
Le vent se leva brusquement et les deux chevaliers durent s'arc-bouter pour résister.
Ne me dites pas que ça va être ça… pensa Hyoga
Il risque un œil et malheureusement ce qu'il vit confirma ses craintes : une tornade gigantesque se préparait autour de Cilia. Et elle allait les emporter et les détruire. Sauf s'ils agissaient.
- Ikki, attaque maintenant !
- C'est comme si c'était fait !
Et il se lança de lui-même dans la tornade, sous le regard surpris de Cilia.
- Espèce d'idiot ! Pourquoi tu te jettes dedans ?!
- Je ne perds jamais un combat ! Par le tourbillon des flammes infernales !
La tornade se transforma en tornade de feu et Hyoga vit la sylphe grimacer, concentrée sur Ikki.
- C'est le moment. Ikki ! Stoppe tes flammes à mon signal !
Il joignit les mains, les leva au-dessus de sa tête. Son cosmos blanc s'élève tout autour de lui comme une immense tempête glaciaire.
- Maintenant !
Ikki stoppa son attaque et se laissa emporter par le vent. Les flammes s'arrêtèrent d'un coup et Cilia eut à peine le temps de réagir que l'attaque du chevalier du Cygne était projetée sur iel.
- Par l'exécution de l'Aurore !
Un froid infernal tomba sur la nymphe dont le cri resta bloqué dans la glace. Comme le reste de son corps. Elle devint plus pâle qu'ordinaire et ses ailes se figèrent. La tornade s'arrêta et la sylphe tomba au sol. Le temps restait toutefois très nuageux.
- Finalement, il fallait juste bien s'y prendre, dit Hyoga dans un demi-sourire.
- Quelle blague quand même ce type de combattant. J'ai vu mieux.
- Espérons que cela reste comme cela jusqu'à ce que l'on sauve Shunrei.
Ils s'en allaient quand leur cosmos les avertit de quelque chose. Ils retournèrent près de la sylphe avec hâte et ce qu'ils virent les frappa de stupeur et d'incompréhension.
Shun était agenouillé auprès de la nymphe, les bras en sang et sans armure, en train d'utiliser son cosmos pour la réchauffer.
- S… Shun ? Fit Hyoga
- Mais qu'est ce que tu es en train de faire ?! Enchaîna Ikki
- Je la réchauffe, ça se voit bien non ? Répondit Shun d'un ton aussi froid que la poussière de diamant.
- Qu'est ce qu'il te prend ? Tu vois bien que c'est notre ennemi ?! Cria Ikki
Il voulut le lever quand Shun se redressa brusquement devant la sylphe, le cosmos particulièrement agressif. Ikki recula un peu : jamais il ne l'avait vu dans cet état.
- Mais enfin Shun… Qu'est-ce qu'il te prend ? Tu vois bien que si tu la réchauffe, tu ressuscites notre ennemi.
- Ce ne serait pas la première fois que je fais foirer une mission alors ? Dit son frère d'une voix blanche.
- Hein ?
- Oh allez, ne fait pas ton hypocrite. Je vois bien ton regard envers moi depuis la guerre contre Hadès. Tu me méprises ! Comme tous les autres !
- C'est faux Shun ! Je ne t'ai jamais…
- « Tu me fais honte Shun », c'est tes mots !
- Je… Attends ! Tu mélanges tout ! D'abord, tu vas arrêter de faire ce que tu fais à cette nymphe !
- Non ! Elle, comme toutes les autres ménades, n'ont pas à subir nos attaques. C'était une erreur de venir ici… Une erreur…
- Shun, ressaisis toi… dit Hyoga. Nous devons sauver Shunrei.
- Ça, c'est vous et Athéna qui vous vous êtes mis ça en tête. Elle est sans nul doute très bien ici !
- Shun… Tu délires ce n'est pas possible… fit Ikki, sidéré.
Il vit son petit frère trembler et ses yeux se remplir de larmes. Il eut un mouvement de recul alors qu'il voyait son cosmos s'intensifier, en proie à une colère intense. Et il martela ses mots tel une série de coups de tonnerre.
- Tu n'as pas vu ce que j'ai vu Ikki. Tu n'as pas vu ce mausolée dans la forêt. Ce mausolée dédié à la femme de Dionysos, Ariane…
- Hein ?... Quoi ?...
- Dionysos avait raison depuis le début… Athéna est une hypocrite.
- Shun ! Qu'est ce qui te prends ?! Cria Hyoga.
- Athéna est une hypocrite ! Je l'ai vu de mes yeux ! Elle et les dieux… ce qu'ils ont fait à Dionysos… Ils ont laissé mourir sa femme car elle était humaine ! Et Athéna… Elle se prétend protectrice des hommes… Comment veux tu que je me sente après avoir vu ça Ikki ?!
- Shun, calme toi !
Hyoga serra les dents : la situation était complètement en train de déraper. Jamais il n'avait vu Shun aussi tremblant de colère et de rancœur. Mais ce fut pire quand il aperçut un mouvement d'ailes juste derrière Shun…
La sylphe ! La sylphe avait bougé !
- Les gars ! On a plus urgent !
- Quoi ? Dit Ikki
Mais Hyoga eut à peine le temps d'en placer une que la sylphe s'était déjà élevée dans les airs à une vitesse folle. Iel prit une grande inspiration, déployant davantage ses ailes, écarta les bras…
Et poussa le cri le plus puissant que les chevaliers d'Athéna entendirent de leur vie. Ce cri était si fort qu'ils voyaient presque les ondes se propager dans les airs tel une tornade de son. Leurs tympans menacèrent d'exploser sous la pression. Les roches explosèrent également ou s'effritèrent. Le sol de la falaise s'effondra sous l'impact des ondes dévorantes. Il était si puissant qu'ils volèrent tous en l'air sous la force du souffle.
Ikki vit avec horreur Shun tomber dans le vide, entraîné par les rochers. Il tendit sa main, pour le rattraper. Mais son bras resta bloqué par le son. Il voulut hurler le nom de son frère mais son cri se mêla à celui de la sylphe.
Et c'est ainsi qu'ils chutèrent tous dans le vide.
La sylphe et le faune avaient finalement gagné leur combat.
OoOo
Les bruits de combat avaient perturbé son sommeil. C'est donc complètement agard et somnolent qu'il sortit de sa grotte.
- Hmpff… Je croyais que la forêt de Dionysos était tranquille d'habitude… Pas moyen de faire une sieste.
Il s'étira, bailla de nouveau et passa les mains sur ses cornes.
- Bon, je vais aller voir ce qu'il se passe. Si cela se trouve, Dionysos a décidé de combattre sa soeur.
Et il sortit de sa grotte avec son imposante stature et son apparence qui, d'après la légende, provoquerait un certain état… de panique.
Et pif ! Fin du chapitre 8
Que de révélations mes aïeux ! Mais qui va donc rejoindre le combat ?
Pour la partie de Dionysos, pour votre information, toute la partie avec Ariane, c'est sa vraie histoire dans la mythologie grecque. On retrouve ses origines dans la pièce de théâtre des "Bacchantes" d'Euripide qui a pour sujet le retour du dieu Dionysos à Thèbes et la vengeance qu'il tire de ses tantes, qui ont insulté sa mère, et du roi Penthée (son cousin) qui refuse de reconnaître son culte. Comme quoi, il a la colère et la vengeance facile notre Dionysos !
Et toujours selon la mythologie grecque, il a vraiment été le mari d'Ariane. Alors est ce que cette dernière avait été abandonnée par Thésée ou bien celui-ci a dû obéir aux dieux qui lui disait "De toute façon, elle va se marier avec Dionysos", j'ai pris la première option pour l'histoire ;)
J'espère que le chapitre vous aura plu. Sur ce, à très vite pour le chapitre 9 !
