Chapitre 15 : Répercussions

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* Langue des signes *

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« Ah ! » s'exclama le Survivant.

Harry s'arrêta soudainement en voyant une silhouette définitivement pas habituelle plantée à proximité de la demeure d'Hagrid. Sally-Ann qui discutait à bâtons rompus avec Hannah s'écrasa dans le dos du Survivant, les faisant s'écraser tous les deux au sol.

Hannah et Susan éclatèrent de rire avant de les aider tous deux à se relever. Harry leur tira la langue avant de trottiner vers la petite madame aux courts cheveux gris avec un long menton recourbé.

Il l'avait oublié celle-là.

« Allez, on se dépêche ! »

« Qui êtes-vous ? » demanda Ernie avec son tact légendaire.

« Je suis le professeur Gobe-Planche. C'est moi qui vous ferai provisoirement les cours de soins aux créatures magiques. »

Quelques regards surpris furent échanger parmi les étudiants. Harry grimaça. Il se doutait de la raison de l'absence de Hagrid.

« C'est l'article », souffla Sally-Ann en se glissant à ses cotés.

Harry hocha la tête. L'article de Rita avait profondément touché Hagrid, détruisant la confiance du professeur. La pétasse de journaliste s'était assurée que tous connaissent l'ascendance du Gardien des Clefs. Vu la méfiance voire la peur que les Géants déclenchaient chez les Sorciers anglais, il était étonnant qu'il y ait eu si peu de retombées.

« On va le voir ce soir », murmura Harry à son amie aux cheveux bleue tandis que la professeure invitait les étudiants à s'approcher de l'orée de la foret.

Une grande licorne à la robe si blanche que la neige paraissait grise était accrochée à un chêne sans feuilles. Un « Ooooohhh ! » admiratif s'éleva alors que la classe mi-poufsouffle, mi-serdaigle formait un demi-cercle autour de la créature.

« Comment avez-vous réussi à l'approcher ? Il paraît que c'est incroyablement difficile. » demanda un serdaigle.

Harry écouta d'une oreille distraite les explications du professeur. Alors que les filles étaient invitées à s'approcher de la licorne, le Survivant laissa ses pensées dériver. Il était nettement plus agréable de voir une licorne vivante plutôt qu'allongée sur le sol de la Foret Interdite en train de se vider de son sang. Il avait mis des semaines à se débarrasser de cette image et voilà qu'elle resurgissait.

« La délicatesse féminine », ricana Zacharia à ses cotés. « Comme si les filles étaient réellement plus délicates que nous. »

« C'est très sexiste. Moi aussi je veux papouiller une licorne. »

« Hagrid les caresse régulièrement », commenta Harry.

Les regards des garçons se tournèrent vers lui.

« Qu'est-ce qui a ? »

« Explique ! » aboya Zacharia.

« Hagrid est prof mais aussi Gardien des Clefs et Garde-Chasse. Il patrouille régulièrement dans la Foret Interdite. Les Licornes le connaissent et le laisse approcher sans problème. Sauf quand il y a de tout petits poulains. Les mères sont très protectrices. »

« Putain, mais c'est des conneries cette histoire de vierges pures. » marmonna Ernie.

Harry ricana. C'était effectivement une belle ânerie. Basées sur des faits réels, les explications avaient été dévoyées et le sens avait été perdu. C'était Harmony qui lui avait expliqué durant leur Première Vie.

« Les principes de virginité et de pureté ont été mélangés au fil des siècles. Ce qui importent pour les licornes, c'est la virginité du sang et non pas la virginité sexuelle. »

« Du sang vierge ? »

« N'ayant servi à aucun rituel. C'est d'ailleurs pareil pour les invocations démoniaques. Lorsqu'il est demandé du sang de vierge, c'est en réalité du sang vierge qui est souhaité. Y a pas mal d'invocation qui ont foiré magistralement à cause de cela. »

« Tes connaissances sont effrayantes Potter. »

« Passionnantes tu veux dire ! » s'exclama un des Bleu et Bronze.

« Merlin nous protège des Serdaigles », marmonna Justin.

« On peut revenir aux licornes ? » demanda Bruce qui sautillait sur place, excité comme un gosse au matin de Noël.

« Bruce, un jour toi et moi, on ira faire une virée dans la foret interdite et on ira voir les licornes camionneurs. » annonça Harry.

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« Cette visite fut un échec retentissant », commenta Sally-Ann en soufflant sur ses doigts.

Harry hocha la tête. Hagrid avait refusé de leur ouvrir la porte. A vrai dire sans les gémissements de Crocdur de l'autre coté de la porte, les deux élèves auraient pu douter que la maison était habitée.

Autour d'eux la neige s'était remis à tomber. Le temps semblait comme suspendu. Sur l'allée remontant au château un groupe d'étudiants de Beauxbatons avançait d'un pas vif. Plus loin deux silhouettes, une en rouge, l'autre en noir échangeaient des boules de neiges.

« On réessaye demain ? » demanda la poufsouffle aux cheveux bleus.

« J'enverrai Hedwidg demain. Et on reviendra à la charge dans deux jours. » proposa Harry.

« Ça me va. Maintenant, tu m'expliques cette histoire de licorne camionneur ? »

Le jeune Potter éclata de rire. Il secoua négativement la tête avant de détaler comme un lapin, poursuivi par Sally-Ann qui le bombardait de neige.

OK - Réunion professorale

Le bureau du directeur de Poudlard était une jolie pièce sur deux niveaux, percée de hautes fenêtres offrant une vue magnifique sur le parc et le Lac Noir. Olympe Maxime, Directrice de Beauxbatons, avait quand-même une préférence pour sa propre office. Elle adorait la vue sur les Pyrénées.

Malgré la taille du bureau de Dumbledore, la pièce commençait à être vraiment pleine. Les trois Directeurs ainsi qu'une bonne poignée de professeurs et les trois membres du Ministère anglais étaient réunis pour discuter de la future épreuve du Tournois des Six Sorciers.

Cela faisait longtemps que les Championnes française savaient qu'elles allaient devoir plonger dans le Lac Noir pour y chercher quelque chose. La mèche avait été vendu par Brice qui parlait couramment la Langue des Êtres de l'Eau.

Ce qu'elles ignoraient était la chose qu'elles allaient devoir trouver et remonter. Ou pour être exact, la personne qu'elles devaient trouver et remonter.

La réunion de ce soir portait sur le choix des individus que les Champions allaient devoir remonter ainsi que sur les conditions de plongeons. Ce clown de Verprey parlait et Olympe n'appréciait pas du tout ce qu'elle était en train d'entendre.

« J'ai du mal comprendre. » coupa la Directrice de Beauxbatons d'une voix glaciale.

L'homme au visage rond et suant comme un fromage de hollande tourna son regard bovin vers la Directrice.

« Je propose de… » Sa voix mourut pitoyablement. Il dégluti et détourna le regard. « Non, rien. »

« Je préfère ça. »

La proposition du Directeur des Jeux et Sports Magiques était à la fois bonne (Il n'y avait rien qui comptait plus pour Fleur que sa sœur) et particulièrement débile. Gabrielle Delacours, fille cadette de la Présidente de la France Magique était la prunelle des yeux de ses parents et ils étaient incroyablement protecteurs. Jamais ils n'auraient accepté l'idée absurde de Verprey.

« Donc, » reprit Olympe, « maintenant que l'on a éliminé Gabrielle Delacours, qui a ONZE ans, et qui est en cours à Beauxbatons en FRANCE, de la liste des victimes. »

« On peut éviter de les appeler victimes ? » demanda Verprey « C'est dérangeant. »

« Vous mettez à la merci des Sirènes six humains inconscients en espérant que 6 gosses traumatisés les trouve en moins d'une heure. Mise à part victimes, vous voulez les appeler comment. » claqua Maître Brook, sa longue moustache vibrant sous la colère.

« Vous exagérez. » répliqua Dumbledore avec bonhommie.

Olympe détestait son ton de façon absolue. Le vieil homme les prenait vraiment pour des lapins de deux semaines. Ou des cons. Ce qui semblait revenir au même à ses yeux.

« Et vous n'avez jamais eu à récupérer des gens après que les Sirènes en aient fait leur proies. Donc silence maintenant. » rétorqua Richard Trocard qui lui, selon ce qu'en savait Olympe, avait manqué d'être tué par des Sirènes avant sa transformation en vampire.

« Mathilda Candy. » coupa Remus Lupin alors que le Directeur de Poudlard devenait écarlate.

La tension retomba comme un soufflet raté alors que les regards se tournait vers le lycanthrope. La pleine lune était la veille et il était évident pour Olympe que le loup était encore très, très proche de la surface.

« Qui ? » demanda Mr Weasley, l'Assistant de Mr Croupton.

« La meilleure amie de Fleur. » répondit Olympe.

« Oh, je pensais envoyer Roger Davies. Ils étaient si mignons ensemble au Bal. » commenta Mme Chourave.

« Et ? »

« On prends Mathilda Candy. » annonça haut et fort Minerva McGonagall, la sous-directrice de Poudlard.

« Fleur de Lys Gringore est la meilleure amie de Françoise… » commença Philippe Sacquebien

« On prends Fleur de Lys Gringore. » poursuivit McGonagall qui semblait définitivement blasée par toutes ces discussions tournant en rond.

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G-A avait terriblement mal à la tête. Il avait une grande envie d'étrangler la moitié des profs ainsi que les deux directeurs de département du ministère. C'était incroyable quel point ils étaient capable de sortir des conneries ! Idem pour Albus Dumbledore. Cet homme devait arrêter de se prendre pour le centre du Monde Magique. Il y avait des gens bien plus vieux, puissant, sachant que lui. Et qui avaient nettement moins d'égo !

Par la Mort, que cette réunion était longue. Et ils n'avaient couvert que la moitié du sujet.

Toussant un coup pour attirer l'attention défaillante du groupe, le Maître Nécromancien prit la parole.

« Maintenant qu'on a la liste des désignés volontaires pour la deuxième tache, on peut passer au second point : les spectateurs. »

« Les spectateurrrs ? » demanda Karkaroff.

Parmi toutes les personnes présentes dans cette salle, le Directeur de Durmstrang était de loin celle que G-A appréciait le moins. Il était malfaisant.

« Qu'est-ce qui est prévu ? » questionna le Nécromancien qui avait un très mauvais pressentiment.

« Prévu ? »

« Pour suivre l'épreuve. »

Un silence pesant s'installa dans le bureau. G-A frissonna.

« Sérieusement. Ne me dites pas que rien n'es prévu.. »

Rien ne rompit le silence qui pesait plus lourd qu'une chape de plomb.

« Vous allez sérieusement laisser des gens poireauter pendant une heure à regarder la surface du lac ?! »

Oh les cons !

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Le Bateau de Durmstrang était une merveille d'architecture et de magie. Malgré son aspect sinistre, il était grand, chaleureux, presque douillet. Pour avoir passer plus de dix années en mer, Ulysse connaissait bien les cabines des navires et celle qu'il avait ici était de loin la plus confortable. Sa chambre dans laquelle il avait remplacer le lit par un hamac (à la consternation des autres) était reliée à la suite attribuée à G-A Brook.

La pièce centrale servait de salon-bureau-bibliothèque. Y étaient trois chambres et une salle de bain que se partageait les deux hommes. Harmony avait refusé de partager avec eux et préférait traverser la moitié du pont pour utiliser la salle de bain de Mlles Tsuno et Hallberg. (Tout le monde avait prit l'habitude de la voir déambuler en pyjama avec un sac en toile où elle fourrait serviette, trousse de toilette et habits.)

Lors de leur première venue à Poudlard, Ulysse avait été l'assistant de Brook pour les cours de Défense contre les Forces du Mal (sachant que Brook était un mage noir, Ulysse trouvait hilarant qu'il ait enseigné cette matière). Cette fois-ci, Ulysse avait le déplaisir d'être enseignant à plein temps. Il détestait les corrections de devoirs ! C'était très très chiant. Heureusement en tant qu'instructeur de Duel Magique, il pouvait limiter très fortement le nombre de devoirs sur table (Hégora l'avait obligé à en faire un moins un par trimestre).

Cela lui libérait du temps pour flâner à d'autres occupations. Lire par exemple. Ou surveiller Harmony afin qu'elle ne déclenche pas un incident diplomatique. Heureusement qu'ils étaient à Poudlard et que Miss Weasley était là.

La petite rouquine était absolument insensible à l'aura de mort qui collait à Harmony et savait également résister à son regard de chien battu. Cela lui permettait de limiter le nombre de conneries dans lesquelles Harmony s'embarquait.

Elles passaient beaucoup de temps ensemble et la jeune anglaise était devenue une invité récurrente dans leur logement. Elle y était d'ailleurs peu de temps avant, n'étant retourner à Poudlard qu'une poignée de minutes avant le couvre-feu.

Depuis le départ de son amie, Harmony faisait ses devoirs. Elle était silencieuse. Suspicieusement silencieuse. Ulysse releva le regard du traité de pyromagie qu'il lisait.

Harmony était assise en tailleur sur le bureau de Maître Brook. Un épais livre de runes était ouvert sur ses genoux alors qu'elle prenait des notes sur un petit carnet à spiral. Elle s'était mise en pyjama (une immondice en polaire rose et bleue offerte par son parrain) et avait détaché ses cheveux qui formait un rideau devant son visage.

Elle avait presque l'air sage ainsi. Ulysse renifla. Harmony ? Sage ? Haha. Elle avait d'ailleurs de la chance que Brook soit à la réunion de l'organisation de la Deuxième Tache sans quoi il l'aurait déjà engueulée pour s'être assise SUR le bureau.

« Ulysse ? » demanda Harmony en relevant la tête.

Elle avait des traces d'encre sur les joues et le bout du nez. Elle avait la mauvaise manie de se gratter le visage avec son stylo quand elle réfléchissait et elle oubliait régulièrement de remettre le bouchon.

« Moui ? »

« Je ne m'étais pas posé la question jusqu'à présent. J'avais déjà suffisamment à faire avec les runes nordique et sud-américaines et…

« Harmony. » coupa Ulysse qui connaissait la propension de l'Apprentie à partir en vrille. Elle tenait cela de son père. Le docteur Mallard était adorable, mais qu'est-ce qu'il était bavard !

« Vous utilisiez des Runes à ton époque ? » demanda l'enfant, plongeant son regard vert dans les yeux bleus du Revenant.

« Nope », répondit aisément l'ancien Roi ramené à la vie. « On n'utilisait pas les Runes que tu uses aujourd'hui. C'est l'alphabet des barbares. »

« Vikings »

Ulysse leva les yeux au ciel. Ça faisait certainement très « vieux con », mais à son époque, tous les peuples habitant hors des Cités Libres étaient des barbares. Et très franchement avec tous leurs pillages, les Viking méritaient cette appellation.

« Passons. On n'utilisait pas de runes nordiques. Par contre on utilisait de la magie écrite. »

Toute l'attention d'Harmony se fixa sur Ulysse.

« La magie runique » commença-t-elle.

« Est une magie écrite. » sourit Ulysse.

La catégorisation de la Magie ne cessait d'évoluer. Des catégories naissaient, disparaissaient, étaient scindées ou fusionnées. Il y avait cependant quatre catégories qui étaient reconnues par l'ensemble des être magiques depuis la nuit des temps.

« Toute magie, qu'elle soit basée sur les runes nordiques, les sinogrammes, l'écriture cunéiforme ou maya ou touts autre logogrammes et phonogramme est de la magie écrite à partir du moment où elle demande un support physique pour être activée. » expliqua Ulysse.

« Trop cool. »

« Yep. Sacrément cool. L'arithmancie est aussi une magie écrite d'ailleurs. Pénélope était excellente en arithmancie. C'est elle qui a enchanté mon armure et mes armes avant que je doive partir pour Troy. »

« La classe. »

« Ouais. Mais ça. ne nous a pas aidé à passer les murailles de la ville. Ils avaient renforcé les murs avec de la magie écrite. »

« Tu connais les textes ? » demanda Harmony avec excitation.

« Ça fait plusieurs millénaires ! » s'exclama Ulysse avant d'essayer de détourner la conversation « Et t'as pas des devoirs à finir ? »

« J'ai fini ! Et c'est nettement plus intéressant ! »

« Qu'est-ce qui est plus intéressant que quoi ? » demanda Brook.

Harmony sursauta et descendit rapidement du bureau. Ulysse salua son ami et patron. Il ne l'avait pas entendu entrer mais des années sur le front lui avait apprit à ne pas avoir de gestes parasites lorsqu'il était surpris.

« On discutait des logogrammes utilisés pour renforcés les murailles de Troy. » répondit le Pyromage tandis que le Maître Nécromancien quittait son long manteau en feutre.

« Intéressant. Tu t'en souviens ? »

Ulysse agita la main.

« Vaguement. Ils utilisaient un autre alphabet ces cafards. »

C'était entre autre chose pour cela qu'ils avaient AUTANT galérer à prendre la cité. Les Mages Protecteurs troyens étaient excellents. Mais les armées grecques avaient été meilleures (et plus malignes.)

« Comment était la réunion ? » demanda Ulysse en surveillant Harmony qui avait décidé de se percher en équilibre sur le dossier du canapé.

« Ereintante. Les Anglais sont idiots. »

« Papa le dit souvent. » commenta Harmony.

« Qu'est-ce qu'ils ont fait cette fois ? »

« Qu'est-ce qu'ils n'ont pas fait plutôt », répliqua Brook. « Harmony, j'ai enfin un sujet pour ton Épreuve Finale. »

L'enfant se tourna violemment vers son Maître d'Apprentissage et perdit l'équilibre.

« Quoi », glapit-elle allongée sur le tapis.

G-A Brook la remit sur ses pieds avant de reprendre la parole.

« J'ai enfin trouvé un bon sujet pour finaliser ton apprentissage. Tes deux apprentissages d'ailleurs. »

« Mais c'est trop tôt ! » glapit Harmony.

Ulysse renifla dédaigneusement.

Cela faisait plus de huit ans qu'Harmony l'avait arraché à Hellheim et rattacher son âme à son corps qu'elle avait reconstruit à partir de poussière. Cela faisait autant de temps qu'Harmony était une Maîtresse Nécromancienne de la Guilde et que G-A Brook était devenue une figure habituelle de la famille Mallard.

Cela faisait plus de six ans que Harmony était devenue l'Apprentie de Brook en Runes et Arithmancie. Elle avait commencé à ses 5 ans. Elle avait su lire et écrire les runes nordiques avant de maîtriser l'alphabet romain ! Elle avait également maîtriser l'alphabet grec avant le latin et Ulysse en était très fier.

« Tu es mon Apprentie depuis bientôt sept ans Harmony », annonça Brook.

« ET ?! »

« La durée moyenne des Apprentissages est de quatre ans et deux mois. » commenta Ulysse qui savait déjà depuis quelques temps que Brook réfléchissait à un sujet final pour Harmony.

« C'est une moyenne. », répliqua l'enfant

« Avec un écart-type de dix mois. »

« MAIS ! »

« Harmony, tu es prête. » coupa le Maître d'Apprentissage.

Harmony était une force de la nature. Elle était vive et intelligente. Elle était un feu-follet qui semblait intouchable. Et pourtant, alors qu'elle relevait ses grands yeux écarquillés par la panique, Ulysse songea qu'il ne l'avait jamais vu aussi fragile.

Brook devait partager son opinion car il attrapa la petite et la serra contre lui.

« Tout va bien se passer Harmony. Tu es prête. Tu es prête depuis longtemps. »

« Je veux pas partir. »

« Oh… Je ne vais te lâcher tout de suite poussin. Mais tu es prête pour tes Épreuves. Je sais que tu vas réussir. Et après cela, tu pourras concentrer sur tes études à la Nouvelle-Orléans. »

Blottie contre son maître d'Apprentissage, Harmony marmonna à voix basse. Le Nécromancien sourit.

« Je sais. Mais j'ai été égoïste de te garder avec moi. Bien que formateurs, les voyages ne sont pas la meilleure place pour des enfants. Tu dois pouvoir te poser suffisamment longtemps pour créer des liens et je t'ai privé de cette opportunité trop longtemps. »

Brook souleva son Apprentie avec quelques difficultés. Elle commençait à être grande. Il alla l'installer dans son lit. Ulysse qui les avait suivi regarda son ami border l'enfant. Harmony était au bord des larmes. C'était déstabilisant.

« Qu'as-tu en tête ? » demanda le Pyromage après que les deux hommes soient revenus dans le salon.

« C'est en lien avec la deuxième tache. »

« La deuxième tache est dans un mois. »

« Je sais. J'espère que la Confrérie des Maitres-Runes et le Conseil de la Tour répondront rapidement. »

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CLAC !

Su releva la tête de son bol de céréales et cligna des yeux. Il était 7h30, un dimanche matin et elle n'avait pas encore eu son thé et son jus d'orange.

*Léo ?* signa-t-elle

Le sourire trop grand pour être honnête fut sa réponse alors que le Serpentard s'asseyait en face d'elle. Il était bien trop en forme pour l'heure impie qu'il était. Très franchement, si Su avait réussi à se rendormir après avoir été réveillée par son cauchemars, elle ne serait pas ici.

Sa couette lui manquait tellement…

Sachant pertinemment que Léo ne bougerait pas tant qu'elle ne lui aurait pas donner toute son attention, elle tenta d'analyser ce que le Serpentard avait posé brutalement juste à coté de son bol.

C'était un flacon en verre de trois ou quatre centimètres de diamètre et dix de haut bouché par un bouchon ciré.

*Sang ?* signa Su, ses doigts glacés ne lui permettant pas de demander plus.

« De manticore très exactement », répondit Léo sans se départir de son sourire.

Su sourit à son tour. Elle comprenait mieux l'excitation du frère de son meilleur ami.

*Je t'aime*

« Je sais. »

*Comment ?*

« Il se trouve qu'une cousine Black nouvellement revenue dans la Famille travaille dans un élevage de créatures magiques. Elle m'a trouvé du sang de première qualité. »

Su gloussa. Soudainement sa couette lui manquait beaucoup moins. Elle se frotta les mains en ricanant. Elle allait se faire plaisir. Cette connasse de journaliste allait souffrir.

*Harry. Toi. Moi. Cachot. 10H.*

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Harmony était en colère. Elle en voulait terriblement à son maître d'apprentissage de l'avoir mise ainsi au pied du mur. Mais d'un autre coté, elle le comprenait. Elle était même reconnaissance qu'il pense qu'elle était prête. Mais ça. l'énervait d'avoir le moindre sentiments positifs envers ce traître et argh ! Voilà qu'elle tournait en boucle ! Et qu'elle s'énervait de plus en plus !

Ulysse était déjà venu trois fois pour l'aider à redescendre lorsque sa magie lui échappait. C'était désolant. Il fallait qu'elle se calme. Mai c'était compliqué ! Elle en voulait au Maître et elle stressait terriblement ! Elle n'avait que trois semaines ! Il était impossible qu'elle réussisse avec cet emploi du temps !

Elle devait l'alléger.

Oui.

C'était la solution.

Forte de cette résolution Harmony sortit de sa chambre où elle s'était enfermée depuis le début la réception des lettres de la Confrérie et de la Tour. Maître Brook, dans son éternel costume trois pièces gris, était assis à son bureau, le nez plongé dans sa correspondance.

« Maître Brook. » interpella l'enfant.

« Harmony », répondit-il. « Bonjour à toi aussi. Comment -vas-tu ? »

« Toujours en colère. »

« Moins. Cela fait au moins quatre heures qu'aucun mort ne s'est réveillé. »

Harmony plissa les yeux. Le Maître avait raison. Elle était moins en colère qu'initialement. C'était pénible qu'être aussi prévisible. Il fallait qu'elle gagne en impassibilité. Mami pourrait l'aider là-dessus. Mais avant cela il fallait négocier.

« Je refuse d'aller en Métamorphose », annonça fermement Harmony sans le moindre tact.

« D'accord. »

OK, c'était louche cette acceptation immédiate.

« Ni en sortilèges », continua l'Apprentie

« OK »

« Potions. »

« OK. »

« Botanique. »

« OK. »

« Astrono... »

« Harmony, » coupa Maître Brook avec un regard amusé. « Tu es en Épreuve depuis que tu as reçu tes lettres. C'est ton seul objectif. Tu gères ton temps comme tu veux. Tu ne veux pas aller en cours, très bien pour moi. Tu veux faire des nuits blanches à la bibliothèque de Poudlard, je te trouve un laisser passer. Tu fais ce que tu veux. »

Harmony se figea sous la surprise. C'était…

« Tu pouvais pas me le dire avant ?! » explosa-t-elle en levant les bras au ciel. « Maître indigne. Du coup j'irai au cour de Mr Sacquebien. Taper sur Morgan me permettra de me détendre. »

« Comme tu veux Lapin. » répondit l'homme au costume gris.

« Et je veux ce laisser-passer ! » exigea Harmony alors qu'elle quittait la suite pour se rendre à la bibliothèque.

Elle avait du boulot.

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La Chambre des Secrets était une pièce très très grande. Su était systématiquement étonnée par la taille des lieux. L'endroit était magnifique et majestueux. Cela lui faisait toujours quelque chose de venir ici.

Elle se souvenait de la première fois qu'elle y était descendue avec Harry en deuxième année. Elle lui avait fait penser à un énorme temple avec des piliers et des serpents sculptés. Le plafond était noyé dans l'obscurité tandis que les colonnes projetaient leurs ombres noires dans une atmosphère étrange et verdâtre. La salle était glauque, à peine illuminée par quelques torches en fin de vie et puait l'eau croupie. Même la colossale statut de Salazard Serpentard faisait peine à voir.

Aujourd'hui la salle avait bien changé d'aspect. Harry et Léo avaient réactivé les runes de protection des lieux au début de leur troisième année et cela avait fait un bien fou.

Le Hall principal était imposant et luxurieux avec ses grandes statues de marbre noir illuminées par des chandeliers en or incrusté de pierres précieuses. Les deux canaux entourant l'allée centrale étaient propres et l'eau n'y était plus stagnante. Elle courait claire et propre, dévoilant les mosaïques incrustées au fond des canaux. Quant à la statue de Salazard, elle avait retrouvé ses couleurs d'origines et Su avait éclaté de rire la première fois qu'elle avait vu que la longue barbe du Fondateur était verte.

Le plus grand progrès était cependant, selon Su, la disparition de l'humidité. Située au niveau du Lac Noir, il y avait toujours des infiltrations dans la Chambre des Secrets. Harry et Léo avaient passé plus d'un an à réfléchir à une solution. Et ils avaient trouvé. La nouvelle couche de protections qu'ils avaient installé durant les vacances de noël avait permis d'assécher les lieux. C'était diablement agréable !

Accompagnée de Harry et/ou Léo, Su avait passé de nombreuses heures dans le complexe qu'était la Chambre des Secrets. Elle avait admiré l'armurerie et le laboratoire de potion, mais son lieu favori était la bibliothèque. Les livres en fourchelangue lui étaient inaccessibles, mais elle avait quand même largement de quoi lire.

Les connaissances du Fondateur était impressionnantes. L'homme avait été un Mage Noir dans le sens antique du terme. (Dans le sens asiatique du terme.) Il avait été un maître de la Magie Mortuaire, de la Magie de l'Âme et de l'Esprit, de la Magie de la Vie et du Sang.

Su était une Apprentie Exorciste. Elle étudiait les Magie de l'Esprit et celle de l'Âme. Et en Angleterre toutes ces connaissances étaient illégales. Mais pas un millénaire auparavant. Même si elle ne pouvait n'étudier qu'un tiers des ouvrages du Fondateur, c'était quand même une source incroyable de connaissances uniques.

Sa grand-mère l'avait félicitée lorsque Su avait fait une démonstration de ce qu'elle avait apprit dans la Chambre des Secrets. Et elle l'avait encouragée à continuer.

C'était dans la formidable collection de Serpentard que Su avait mis la main sur un ouvrage traitant des malédictions. Et c'était cet ouvrage qui était ouvert sur le sol à coté d'elle alors qu'elle traçait d'une main sûre des symboles à la craie sur le sol de marbre noir.

« Non pas que je veuille t'empêcher de te venger, mais tu es sûre de vouloir maudire Skeeter ? » demanda Harry en tendant à Su un ramequin remplit d'os broyés.

La Serdaigle s'en empara et fit couler le sang de manticore dessus. Elle mélangea la poudre blanche et le liquide rouge, obtenant un onguent pâteux.

« Cette femme est toxique. », expliqua-t-elle en trempant ses doigts dans la mixture.

« Oui. » répondit Harry

« Elle insulte tout le monde du moment qu'elle peut en grappiller quelques onces de gloire. » poursuivit Su en traçant le premier symbole.

« C'est vrai. » confirma le Poufsouffle

« Elle prend plaisir à infliger du tord aux autres. » continua la Serdaigle en complétant son diagramme d'idéogrammes.

« Effectivement. »

« Et je veux me venger de ce qu'elle a dit sur moi. »

« Compréhensible. »

« Donc oui, je suis sûre de moi. »

« Très bien. Combien de temps avant qu'elle meure ? Histoire que je puisse m'assurer que personne ne remontera jusqu'à toi. »

« C'est adorable Harry. Mais je ne vais pas la tuer. »

La moue boudeuse du Survivant fit rire Su. Il semblait presque déçu de sa réponse.

« La mort est trop douce pour cette catin. »

« Qu'as tu prévu Su ? »demanda Harry avec son sourire annonciateur de catastrophes. Un sourire que Su commençait a apprécier.

« La poisse. La loi de Murphy. La loose intégrale. » répondit-elle.

« Magnifique. »

« Oui. Je sais. »

« Vous êtes terrifiants tous les deux », commenta Léo depuis l'alcôve où il s'était perché pour bouquiner.

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Bathsheba Babbling, enseignante de Runes à Poudlard depuis plus de deux ans, regardait avec un rien de suspicion l'homme qui était assis de l'autre coté de son bureau.

G-A Brook était un homme qui attirait les regards, non pas par son physique mais par son aura. L'homme possédait un magnétisme indéniable tout en dégageant une sensation de danger non négligeable. Et Brook était un homme dangereux.

Bathsheba avait eu l'occasion de travailler avec lui avant Poudlard. Ils s'étaient croisés régulièrement lorsque la Maitre-Runes siégeait à la Confrérie. Brook était l'un des meilleurs Maitre-Runes du Monde. Il avait sa place dans l'instance dirigeante de la Confrérie, mais il déclinait régulièrement les sièges proposés, préférant vadrouiller à travers le monde.

Cependant, si Brook était un excellent Maitre-Runes, il était surtout et avant tout un foutu Nécromancien. C'était cette partie de lui qui mettait Bathsheba mal à l'aise. La nécromancie était une magie demandant un prix terrible.

« Que puis-je pour vous Maître Brook », finit par demander Bathsheba.

L'homme au visage sans âge sourit et l'enseignante frissonna. Ce n'était pas un sourire chaleureux. C'était un sourire de prédateur. Et le pire était que Bathsheba était persuadée que l'homme ne s'en rendait pas compte.

« Je viens vous informer Maître Babbling du début des Épreuves de mon Apprentie. »

« Vous jugez Miss Mallard apte ? » demanda Bathsheba avec un rien de surprise. Elle avait eu Harmony en cours deux ans auparavant et il était certain que l'enfant était brillante. Mais elle était si jeune.

« Harmony est prête depuis au moins un an. Mais je manquais d'inspiration pour son Épreuve. Le sujet que j'ai proposé et qui a été validé par la Confrérie et le Conseil de la Tour permettra à Harmony d'obtenir sa maîtrise en Runes et en Arithmancie. »

Bathsheba hocha la tête. Ce n'était pas sa place de commenter, mais elle trouvait Brook ambitieux sur ce coup. Obtenir une Maîtrise était dure. En obtenir deux d'un coup était autrement plus complexe.

« Je suppose que vous me proposez d'être Juge. »

« En effet. Votre réputation n'est plus à faire Maître Babbling. Et vos connaissances en runes exotiques seront très certainement utiles. »

Bathsheba hocha la tête. Il était agréable que ses capacités soient reconnues.

« J'accepte d'être Juge de l'Épreuve de votre Apprentie Maître Brook. » répondit l'enseignante. « J'enverrais les documents nécessaire à la Confrérie. »

« Merci. »

« Savez vous qui d'autre sera dans le juré ? » demanda Bathsheba.

Obtenir une Maîtrise en Runes n'était pas simple. Il fallait que le Maître d'Apprentissage propose un sujet, que celui-ci soit approuvé par la Confrérie. L'apprenti avait ensuite un maximum de trois mois pour préparer son sujet et sa soutenance. Il était alors jugé par trois Maîtres Runes (autre que son Maître d'Apprentissage.) sur une soutenance orale et une démonstration pratique. Et si les trois Juges étaient d'accord, alors l'Apprenti était reconnu Maitre-Runes.

« La Tour envoie une équipe pour juger la partie Arithmancie. Pour les Runes… Je voulais vous demandez en priorité. Politesse professionnelle. »

« Je vous en remercie et suis honorée d'avoir l'occasion de voir les talents de Miss Mallard. » commenta Bathsheba.

« Les deux autres places seront ouvertes. » poursuivit Brook.

« Ne me faites pas rire Brook. Nous avons tous les deux que vous avez un réseau relationnel immense. Qui de vos amis sera présent ? » demanda l'enseignante.

L'homme en costume moldu lissa sa moustache d'un geste mécanique.

« J'ai beaucoup d'amis il est vrai. Et il est également vrai que je n'ai demandé qu'à vous. Mes amis n'ont qu'à être réactifs et proposer leur candidature en premier à la Confrérie. »

Bathsheba gloussa. La Confrérie informait régulièrement les Maitre-Runes des futures Épreuves. Les Volontaires pouvaient alors se proposer à la Confrérie qui choisissait alors qui était digne d'être juge. C'était une grande marque de prestige. Certains s'était d'ailleurs spécialisés là dedans guettant les annonces de la Confrérie comme des vautours.

« Vous n'avez vraiment prévenu personne ? »

Il était courant que le Maître d'Apprentissage prévienne son entourage avant la Confrérie. Exactement comme l'avait fait Brook avec Bathsheba. Ainsi l'entourage en question pouvait postuler avant même l'annonce de l'Épreuve.

« Je suis prêt à jurer sur ma magie que je n'ai prévenu personne », sourit Brook. « Mais je ne peux pas en dire autant de mon Apprentie. »

« Intéressant. Et qui aurait-elle prévenue selon vous. »

« Ra's Al Ghul. »

« PARDON ? » glapit Bathsheba.

« Il est très probable que Harmony l'ai prévenu du démarrage de son épreuve. Il était également probable qu'elle m'ai insulté dans cette lettre. » commenta négligemment Brook alors que l'enseignante tentait de calmer les palpitations de son cœur.

« Ra's Al Ghul », répéta-t-elle avec une pointe de terreur dans la voix. « C'est un putain de Seigneur Liche ! » siffla-t-elle.

« Oui. Et un Maître Runes réputé. »

« Une liche ! »

« Personne ne peut douter de ses connaissances. »

« A Poudlard ! »

« Il a siégé à la Confrérie pendant de nombreuses décennies. »

« Un Seigneur Liche à Poudlard ! » clama Bathsheba

« Un Maître Runes à Poudlard venu juger une Épreuve. » répliqua G-A Brook.

Bathsheba serra les mâchoires. Elle avait voyagé à travers le monde et aimait penser qu'elle était ouverte d'esprit. Elle avait rencontré tellement de gens, tellement de cultures, de magies, de visions du monde différentes… Mais elle admettait volontiers qu'elle avait un gros blocage avec la Nécromancie et une peur (saine) des Seigneurs Liches.

« Le directeur ne va pas être content », finit-elle par dire.

« Il n'a pas besoin de le savoir », répondit Brook. « La présence de Maître Al Ghul n'a rien a voir avec Poudlard ou le Tournoi des Six Sorciers ».

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Ron avait prit l'étrange habitude de squatter des salles communes qui n'étaient pas la sienne. Il était le premier de sa fratrie à le faire. C'était son petit exploit personnel, son argument à lui lors des débats passionné qu'avait la fratrie Weasley de temps en temps.

Les Jumeaux avaient le plus de détention, Bill et Percy avaient été Préfet en Chef, Charlie était pote avec Brûlopot et Hagrid. Ron avait visité toutes les salles communes et avait une invitation permanente chez les Poufsouffle et les Serdaigle.

(Ça énervait toujours Bill. C'était très satisfaisant.)

En ce soir de février, Ron était vautré sur le lit de Harry, jouant avec Bob, le petit Magnard à Pointes animé. La bestiole, quasiment aussi vicieuse que son modèle géant, sautait sur les couvertures à la poursuite du bout de laine que Ron tenait entre deux doigts. Ses petites dents aiguisées comme des aiguilles finirent par attraper leur cible et arrachèrent la laine qui s'effilocha.

« Au fait, Harry, tu m'expliques pourquoi tu tenais absolument à ce que je récupère ça ? »

Le meilleur ami de Ron était assis en tailleur sur son oreiller. La poupée de Krum tentait d'escalader le genou du Survivant dans grand succès. Son bras manquant l'handicapait.

Le Gryffondor toussa pour attirer l'attention de son ami qui était hypnotisé par le parchemin qu'il tenait dans ses mains.

« Tu m'a demandé de voler un morceau de parchemin vierge dans la malle des jumeaux. Tu sais ce que Fred et Georges vont me faire lorsqu'ils l'apprendront ? »

« Je te protégerais », déclara Harry en ayant l'audace de rouler des yeux.« Ceci, très cher, est la carte du Maraudeur. » finit-il avec son expression annonciatrice de catastrophes.

Ron lança un regard de dédain au bout de parchemin usé que Harry agitait. Le Survivant attrapa sa baguette et la posa sur le parchemin.

« Je jure que mes intentions sont mauvaises. »

« Ça je m'en doute. » marmonna Ron

« Homme de peu de foi. » répliqua Harry en dépliant le parchemin.

Sur la peau jaunie, des lignes noirs avançaient telles des centaines de fourmis, zigzagant, ondulant et formant des formes définitivement familière.

« Putain, mais c'est Poudlard », s'exclama Ron en se précipitant vers Harry.

« Ouais ! Et c'est pas le plus dingue ! »

Penché sur la carte, Ron écarquilla les yeux lorsqu'il vit les petits points accompagnés de noms qui se déplaçaient sur le papier.

« Par les tétons de Morgane, c'est nous ! »

Harry sourit de toutes ses dents.

« C'est nous. Et Beauxbatons », fit-il en pointant le tas d'étiquette dans le parc, « et Durmstrang, et la salle commune des Serpentards et le bureau de Dumbledore et... »

Fasciné Ron laissa ses yeux courir sur la carte. C'était absolument incroyable. Mais il y avait tout de même des limites à ce miracle magique. Le carrosse de Beauxbatons ou le navire de Durmstrang n'apparaissaient pas, pas plus que la Chambre des Secrets dont Harry lui avait parlé (et où il ne l'avait jamais amené, faux frère) ou encore la salle cachée au Septième étage en face du tableau avec les Trolls en tutus.

« Comment savais-tu… La carte ? Fred et Georges ? » demanda Ron, soufflé par la trouvaille de son ami.

« La carte a été crée par mon père, Sirius Black, le professeur Lupin et leur ami décédé Peter Pettigrow. »

« LUPIN ?! »

« Yep. »

« Mais… Mais… Dafuk ? »

« Je sais. Ça m'a surprit aussi quand je l'ai appris. Et pour les jumeaux… Coup de poker. Sirius m'a parlé de la carte et de ses pouvoirs. Tes frères sont trop bons pour échapper aux profs et aux préfets. J'étais quasi certains qu'ils avaient de l'aide. »

C'était presque une explication normale pour Harry.

« Et tu cherches quoi ? », demanda Ron sans lâcher des yeux le bureau de Dumbledore qui se remplissait rapidement.

« Maugrey. »

« Maugrey ? »

« Je veux vérifier qu'il soit bien qui il dit être. »

« Tu penses que quelqu'un imite Maugrey ? Qui serait suffisamment fou pour faire ça. ? »

« Un Mangemort. »

Et c'était une explication normale et logique pour Harry.

« Haha ! Là ! Maugrey. Putain, c'est Maugrey. »

Ron haussa un sourcil. Harry était visiblement mécontent de trouver le nom d'Alastor Maugrey sur la Carte du Maraudeur. Tandis que le Survivant maugréait de son coté, le Gryffondor continua de regarder la carte.

« Hey, mais c'est Chourave avec Maugrey. »

« Pardon ?! »

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Depuis toujours Léo Potter dormait peu. C'était quelque chose qu'il avait hérité de sa première vie. En tant que Draco Malfoy, il avait fait des erreurs lourdes de conséquences. Il était jeune et idiot. Il pensait fermement à la thèse de la pureté du sang, il voulait faire plaisir à son père, il pensait devoir redorer le blason de sa famille aux yeux du Seigneur des Ténèbres. Il avait été prit dans un engrenage terrible.

Il devait tuer Dumbledore. Tache impossible. Le Seigneur des Ténèbres jouait avec lui et avec sa famille. Il avait été trop aveugle pour le voir.

Mais Draco avait plongé tête la première dans cette mission. Il y avait passé des jours et des nuits, échafaudant plans improbables sur plans improbables. Puis il avait trouvé cette armoire à disparaître. Et il y avait passé des heures et des heures, des soirées et des soirées, des nuits et des nuits… Puis le Seigneur des Ténèbres s'était installé au Manoir Malfoy. Et c'était pour d'autres raisons que Draco avait perdu le sommeil.

Il ne s'en était jamais remis. Il n'avait jamais retrouvé un sommeil correct. Il grappillait quelques heures à droite, à gauche. Ça s'était amélioré depuis que son âme s'était réincarnée liée à celle de Harry. Mais Léo savait qu'il ne dormait pas bien.

Si Harry faisait des nuits de huit heures sans problèmes, Léo peinait à dormir plus de cinq heures d'affilées. Soit il n'arrivait pas à dormir avant extrêmement tard, soit il était éveillé à des heures bien trop matinales.

Il était actuellement dans une phase où il ne parvenait pas à dormir avant une ou deux heures du matin. Cela lui laissait du temps pour faire ses devoirs puis potasser des ouvrages avancés en métamorphose et potion. Et après cela, si le sommeil ne venait pas, Léo prenait la cape de leur père et déambulait dans les couloirs de Poudlard.

C'était paisible.

Léo aimait marcher la nuit, au milieu de rien, sans personne autour de lui. Il était aussi témoin de choses amusantes.

Chourave et Maugrey qui marchaient dans le patio sud.

Un préfet qui courrait après des deuxièmes années en vadrouille.

Percy Weasley qui observait le ciel étoilé.

Les journalistes sous-couvertures qui se rendaient à la volière pour envoyer leurs articles.

Karkaroff qui sortait du bureau de Severus d'un pas furieux, sa main pale cachant mal la trace noire sur son avant-bras.

Karkaroff qui… merde.

Résistant à la terrible envie qui venait de l'envahir de gratter son avant bras jusqu'au sang, Léo s'approcha de la porte restée entre-ouverte. Severus était appuyé sur son bureau, les deux mains posées à plat sur le bois. L'une de ses manches était relevée.

Le crane et le serpent d'encre qui avaient toujours été si pales qu'ils étaient presque invisibles sur le bras de Severus avaient retrouvés des couleurs. Ce n'était pas encore les teintes que Léo avait vu sur sa propre peau, mais bientôt, bientôt, ce serait le cas.

Le Serpentard réincarné frémit. Ils avaient peut-être moins de temps que prévu. Et ils avaient surtout un très gros problème. Il était temps d'aller chercher Harry. Et tant pis pour le sommeil chéri du Survivant.

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Severus était inquiet. Depuis des semaines la marques des Ténèbres qui était réduite à une vague trace grise depuis une grosse douzaine d'années reprenait des couleurs. Les teintes étaient de plus en plus profondes et les détails étaient de plus distincts.

Voldemort reprenait de la puissance.

Severus refusait de retourner sous sa coupe. Il avait déjà beaucoup trop d'erreurs à rattraper, inutiles d'en rajouter ! Et c'était sans compter Alice et leurs enfants.

Sa femme avait bien remarqué le réveil de la marque sur le bras de Severus. Et elle aussi était inquiète. Severus voulait mettre Alice et les enfants à l'abri du Mage Noir et de tous ses serviteurs. Alice voulait mettre son époux à l'abri, loin de la folie du fou furieux.

Malheureusement pour le potioniste les recherches qu'il avait mené n'avait abouti à rien. Mis à part se trancher le bras, il ne pouvait pas se débarrasser de la Marque des Ténèbres.

C'était du moins ce que pensait Severus jusqu'au moment où les jumeaux Potter avaient débarqué à deux heures du matin dans son bureau.

Voyant la détermination dans les yeux des deux enfants qui étaient trop intelligents pour leur bien, le Potioniste avait dit adieu à son lit. Heureusement que c'était une de ses nuits de garde et qu'Alice ne l'attendait pas.

Léo avait exigé de voir la marque et Severus n'avait même pas tenté de négocier. Il avait remonté sa manche et tendu son avant-bras.

Les deux enfants étaient terrifiants. Ils connaissaient des choses que peu connaissait.

L'exorcisme de Miss Ginny Weasley était encore frais dans la mémoire de Severus. Le Serment Inviolable qu'il avait fait juste après l'était encore plus.

Le Seigneur des Ténèbres n'était pas mort. Il était au mieux en repos. Et vue la marque sur le bras de Severus, le Mage Noir reprenait des forces. La question était de savoir quand il allait frapper et si Severus parviendrait à lui échapper.

« C'est de la très grande magie. » annonça Harry avec une mine dégoûtée. « Voldemort est une horrible personne, mais il est aussi un très grand sorcier. »

Léo hocha la tête. Il était soucieux. Levant ses grands yeux qui étaient désormais plus argentés que verts, il signa rapidement.

**Il a utilisé des glyphes de fourchelangue. Ça va être l'enfer à annuler**

**Les matrices qu'il a placé au sein de la marque dépasse mes connaissances.** rajouta Harry

**On va avoir besoin d'aide. Tu penses que Babbling pourrait regarder ?**

Récupérant son bras des mains glacées du Survivant (qu'est-ce que ce cornichon faisait pieds-nus dans les cachot au mois de février ? ) Severus s'immisça dans la conversation.

**Même si mes collègues connaissent mon passé, je préfère éviter de rappeler que j'ai été un Mangemort.**

Léo hocha la tête tandis que Harry se tapotait le menton, pensif.

**Harmony pourrai aider. Et vu sa spécialisation, elle ne va pas commenter ton passé.**

**Miss Mallard a menacé d'arracher la tête des jumeaux Weasley avant-hier car l'un des deux à tousser à la bibliothèque** commenta Severus. **Je doute qu'elle soit en état d'aider en ce moment.**

Bien que cela le dérange de demander de l'aide à une enfant de onze ans, il fallait avouer que Harmony Mallard était une bonne candidate. De plus ses capacités de nécromancienne naturelle et ses études en sanguimagie offraient une ouverture différente sur le problème.

**Pas faux** reprit Harry avec une grimace. **Elle est vicieuse lorsqu'elle est stressée. J'ai entendu dire qu'elle avait manqué de décapiter le prof d'escrime de Beauxbatons.**

**Harry, reviens sur le sujet initiale s'il te plaît** intervint Léo. **On attends la fin de sa seconde tache pour contacter Harmony. Et en attendant on doit faire un tour dans la Chambre des Secrets. C'est quasi certain que Tommy s'est servi des textes de Serpy stockés en bas pour pondre cette horreur. **

Severus cligna des yeux. En bas ? Chambre des Secrets ? Textes de Serpy ?

**Est-ce que vous êtes en train de me dire que vous accès à la Chambre des Secrets ? Et qu'il y a des livres de Salazard Serpentard ?**

Un ange passa. Puis deux et finalement tous le chœur.

**On ne t'en a pas parlé ?!**

**Je savais bien qu'on avait oublié un truc.**

« Bordel, entre vous et Hermione, je vais avoir des cheveux blancs avant mes quarante ans ! »

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Assise au bar des Trois Balais, Ginny dégustait une bierre-au-beurre en compagnie de Héméra Malfoy et Luna Lovegood. Les jeunes filles s'étaient installées là en début d'après-midi, fuyant le blizzard. Elles jouaient à la bataille explosive tout en commentant ce qui se passait dans la salle.

Vu que c'était le week-end de la Saint-Valentin, de très nombreux étudiants étaient en couple. Certains étaient attendus, comme le frère de Héméra avec sa fiancée. D'autres étaient plus surprenants. C'étaient ces couples là que les trois amies commentaient.

Pour l'instant le plus croustillant qu'elles aient vu était le couple formée par l'étudiante de Durmstrang qui avait des airs de guerrière viking et le jeune homme de Beauxbatons qui avait l'énergie d'un bébé labrador. Quoi que le couple formé par le professeur Lupin et cette Aurore aux cheveux roses était pas loin dans le classement.

C'était une activité sans prise de tête et amusante que Ginny aurait volontiers partagé avec Harmony. Malheureusement la brunette vivait dans une bulle depuis quelques semaines. Ginny la croisait en coup de vent les rares fois où l'Apprentie sortait de sa tanière cachée au milieu des rayonnages de la section interdite de la Bibliothèque pour aller manger un morceau aux cuisines.

Ginny ricana en voyant Rita Skeeter avec son manteau vert fluo se gameler juste à l'entrée du bar, dérapant sur la plaque de verglas que tout le monde enjambait depuis le début de la journée.

Plus que neuf jours et Harmony passerait sa soutenance. Après cela, qu'elle réussisse ou échoue, elle serait libre et Ginny pourrait la tirer aux Trois Balais pour essayer une bierre-au-beurre.

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Peter accroché dans son dos comme un bébé koala, Jack se déplaçait dans les Ombres, son Patriarche servant de phare dans la nuit. Le Second de la Ruche de Londres déchira le voile de la réalité et apparu sur un toit enneigé aux cotés de Mordred. Ils étaient à Pré-au-Lard, bien trop proche de Poudlard au goût de Jack, mais passons. Il y avait plus de chance que les Troll se découvrent un cerveau qu'un sorcier pense à regarder sur les toits. Surtout avec ce blizzard.

Mordred, le teint coloré de s'être nourrit peu de temps auparavant, regardait avec un grand sourire l'attroupement de personnes devant le bar des trois balais.

« C'est la connasse ! » chuchota Peter en se redressant.

« Langage ! » répliqua Jack par automatisme.

Il n'était pas le géniteur (biologique ou vampirique) de Peter, mais il avait régulièrement l'impression d'être le parent du mioche.

« C'est bien Skeeter », confirma Mordred avec un grand sourire.

« Je pensais que vous ne partagiez pas vos chasses », commenta Jack qui savait qu'il était passé à deux doigts de la décapitation quelques semaines auparavant lorsque Mordred avait décidé de chasser SEUL la journaliste ayant insulté les Grangers.

« Je ne chasse plus. » annonça le Patriarche de la Ruche de Londres.

« Pardon ? »

« Regarde ! »

Jack s'approcha du bord de la toiture et analysa la journaliste en vert fluo. Elle faisait toujours preuve du même mauvais goût vestimentaire. Mais en quoi cela avait-il convaincu Mordred de ne pas la tuer ?

Rita Skeeter, inconsciente des Vampires perchés au-dessus d'elle avançait à grands pas dans le blizzard. Elle se prit les pieds dans une branche cachée sous la neige et s'étala de tout son long. La neige glissa du toit sous lequel elle était et une épaisse couche la recouvrit.

Peter ricana t Jack sourit largement. Bien fait.

« Quelqu'un a maudit Skeeter. » annonça Mordred.

« Pardon ? »

« Cela fait longtemps que je la suis en m'amusant un peu à lui faire peur. Depuis quelques temps j'ai l'impression que l'univers s'est ligué contre elle. Cela a commencé par des petites choses, mais ça. gagne en intensité tous les jours. »

« Diabolique. »

« Extrêmement vicieux surtout. »

« J'adore. » s'exclama Peter avec des étoiles dans les yeux.

« Moi aussi. »

« Et c'est une punition suffisante ? » demanda Jack, surprit de la magnanimité de son Patron.

« Bien sur que non », déclara Mordred, souriant de toutes ses dents trop longues, trop blanches et trop aiguisées. « On va continué à la terroriser. »

« Preum's ! » s'exclama Peter en sautant des épaules de Jack avant de bondir autour de leur Patriarche.

« Fais-toi plaisir. Mais interdit de la tuer ! »

Le gamin serra Mordred dans ses bras avant de bondir du toit avec beaucoup trop d'entrain.

« Il va lui faire faire une crise cardiaque. » commenta Jack.

« Possible. »

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« Je hais la magie. »

Pétunia passa la tête par l'embrasure de la porte, jetant un œil sur son fils vautré sur le canapé. Il s'était posé là en rentrant des cours une heure auparavant et n'en avait pas bouger depuis. La face enfoncée dans un coussin, il était resté muet jusqu'à présent.

« Ça va poussin ? »

« Nan », grinça le jeune homme blond. « J'ai la tête comme une pastèque et pas la soirée fun qui précède. »

« Dudley ! »

« Maman ! »

« Tout va bien ? » intervint Marc en sortant la tête du bureau où il triait les dossiers de ses patients.

« Nan. » répéta Dudley.

Il se redressa lentement et se frotta les tempes. Son père lui tendit une boite d'aspirine et Pétunia apporta un verre d'eau.

« Vision ? » finit par demander la gérante du Black Bee en s'asseyant aux cotés de son premier né.

Dudley hocha la tête après avoir avaler un cachet et bu une gorgée.

« Vision », confirma-t-il. « Vision de merde que je n'arrive pas à VOIR ! C'est… Le futur est un gigantesque sac de nœuds. Les fils vont et viennent, rien n'est fixe. Sauf ce truc ! Il est là, juste là, je peux le sentir, quasiment le toucher mais bordel, je ne sais pas ce que c'est ! »

Pétunia pinça les lèvres. Elle compatissait avec son fils même si elle n'avait pas la moindre idée des tourments qu'il endurait. Elle n'appartenait pas au monde magique (même si Mordred soutenait le contraire).

« Il va se passer quelque chose », reprit Dudley. « Quelque chose de Capital qui va impacter un très grand nombre de vies dont celles des Jumeaux. Mais je ne sais pas où, quand ou comment. C'est pénible. »

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Notes d'auteur :

J'ai parlé de lancer une malédiction à Skeeter dans un chapitre précédent. Le 14 ou le 14bis. Et je suis incapable de remettre la main sur le passage en question…

Appel aux lecteurs :

Est-ce que Severus garde la marque ou pas ? Est-ce qu'il reprend son rôle d'espion ou pas ?

Ya du temps avant que la décision soit prise, mais elle va impacter l'histoire assez fortement.