Il courait sans se poser la question d'où il allait, abandonnant sciemment ses compagnons faisant fi des conséquences. Il en avait besoin de s'échapper de là. Ses méninges turbinaient comme jamais auparavant, ne pouvant croire ce qu'il venait d'entendre. Le mage de feu ne voulait pas savoir et encore moins écouter la suite. C'était tout bonnement impossible, inconcevable… et impardonnable. Encore ? Quelqu'un allait encore disparaître de sa vie ? Non, non, non et non. Plutôt crevé que de vivre cela encore une fois. Même si cela n'avait pas été affirmé à haute voix, plus rien en lui ne pouvait désormais ignorer ce que Lucy était ne train de confirmer.

Courant à travers les ruelles de Magnolia, le corps tendu, les dents et poings serrés, il n'arrivait pas à faire redescendre cette pression qui enserrait son cœur. Sans un regard en arrière, il fuyait : fuir ce qu'il aurait pu entendre s'il était resté une seconde de plus là-bas à la guilde, fuir une réalité qu'il voulait ignorer. Une ruelle, puis deux, s'en suivit une course sans réfléchir à travers Magnolia, l'amenant pour finir vers cet étang au-dessus de la ville qu'il appréciait tant, où il s'adonnait régulièrement à la pêche avec son plus fidèle compagnon : Happy.

Il n'osait pas imaginer l'état de ce dernier, certainement aussi dévasté que lui par cette annonce. Alors que lui, avait préféré détaler comme une souris et abandonner son ami… Peut-être que tout cela n'était pas réelle, peut-être que ce n'était qu'une vilaine plaisanterie de la part de Lucy, qui cherchait à se venger de lui et ses compagnons pour l'avoir forcé à la suivre, ou bien peut-être avait-il mal compris, tout simplement. Malade… Malade comment ? Malade ne voulait pas forcément dire trépas même si elle laissait sous-entendre le contraire, elle avait tort. Peut-être qu'elle avait voulu dire autre chose, peut-être que son ouïe qui ne l'avait jamais trompé par le passé lui avait fait défaut cette fois-ci. Oh mon dieu qu'il espérait que ce soit le cas, une simple défaillance de son ouïe et de son cerveau.

oOoOoOo

Lucy – Voilà, vous savez tout.

Le silence qu'offrait la guilde normalement si bruyante tétanisait Lucy. Sans relâcher la main de Cana, elle avait raconté son histoire, un récit très similaire à celui qu'elle avait fait à Wendy et Charuru, sauf que cette fois-ci, le secret était définitivement dévoilé. Elle croisait les regards de chacun, et comme attendu, elle y trouva un mélange de tristesse mais aussi lui semblait-il de la colère. Cette ambiance était si pesante que Lucy n'avait qu'une envie : que quelqu'un prenne enfin la parole pour mettre un terme à ce suspense latent qui lui tordait les boyaux. Pouvoir passer à autre chose et ne plus être le centre d'attention.

Lucy – Je comprendrais très bien votre colère. Je vous ai menti à tous mais j'espère que vous comprendrez un jour mes raisons. Je ne vous demande pas de me pardonner, je ne me permettrais pas de vous en demander tant. Juste de m'accepter et d'avancer... Si vous avez des questions, j'y répondrai autant que possible.

Personne ne s'avança ou ne fit un quelconque geste. Traumatisée, Mirajane était dans les bras d'Elfman en train de tenter de sécher ses larmes, Luxus semblait indigné tandis que le reste du Rainjustsu restaient estomaqués par la nouvelle pendant que Macao serrait fort son fils contre lui. Lucy avait en revanche lâché Cana qui s'était désormais mise à l'écart, reprenant sa place au comptoir, l'air morose à siroter sa chope de bière. Seuls le bruit des larmes, des reniflements étaient perceptibles, ce qui angoissait lentement la constellationniste.

Lucy – Ne faites pas cette tête... Dites quelque chose au moins, je commence à me sentir mal à l'aise.

Contre toute attente, ce fut Roméo qui s'avança en premier, enlaçant alors avec force la jeune femme blonde. Malgré son étonnement, elle répondit spontanément à cette étreinte qui la réconforta.

Roméo – Je m'en fiche de tout ça. Je serai toujours là pour toi Lucy.

Lucy – Tu es vraiment adorable...lui répondit-elle touchée par cette réponse.

Puis ce fut le tour de Happy qui lui arriva en pleure, obligeant Roméo à s'écarter pour prendre sa place au creux des bras de la mage aux esprits.

Happy – C'est une blague, hein Lucy ? C'est parce qu'on a été trop méchant pendant la mission, c'est ça ? Promis, je ne te jetterai plus jamais de poisson à ton réveil mais dit moi que c'est faux, dis-le-moi s'il te plait !

L'intervention de Happy lui retourna l'estomac, ne pouvant s'empêcher de sentir son cœur se serrer face à cette petite boule de poil bleue qu'elle affectionnait tant. Elle se maudissait de lui imposer cela, tout comme ce fut le cas avec Wendy et Charuru.

Lucy – Happy... Je suis désolée, je ne voulais pas te blesser... Je ne sais pas vraiment quoi te dire...

Luxus – Qu'est-ce que tu veux qu'on dise Lucy ? Le mal est fait.

Cette phrase acerbe du mage de foudre n'étonna pas Lucy, qui accepta sans rechigner cette remarque plus que justifiée, même si cela n'était pas l'avis de tous.

Mirajane – Comment oses-tu Luxus ? dit-elle en essuyant une larme. Lucy avait ses raisons de cacher cela aux autres. Avec tout ce qu'il s'est passé, ce n'est vraiment pas la peine d'en rajouter.

Luxus – Je ne suis pas le mieux placé pour faire la morale aux autres, se justifia-t-il avec tempérance. Je le sais Mira. Je dis juste que ça ne sert à rien de ressasser le passé.

Une autre personne s'avança, paressant tout aussi désemparée que les autres.

Laki – Je ne comprends pas, on est des camarades non ? Tu aurais pu nous en parler… Non, dit-elle finalement en secouant la tête. Tu aurais dû nous en parler.

Max – Tu nous fait aussi peu confiance que ça ? On aurait pu te soutenir Lucy.

Lucy – Je vous l'ai dit. Lorsque j'ai appris que j'étais malade, je ne voulais pas rajouter une couche supplémentaire à nos malheurs. Nous avions déjà bien assez à faire avec la disparition de l'équipe Tenro, l'apparition des spectres, ça faisait beaucoup à assimiler. Que ce soit pour vous…. Tout comme pour moi. Accepter tout ça n'a pas été facile. Ce n'est aucunement une question de confiance. De toute façon Max, tu sais très bien que les missions d'une rédemptrice sont trop dangereuses pour que vous veniez avec moi alors vous n'auriez pas pu m'aider.

Warren – Ce n'était pas plutôt une excuse pour ne pas nous dire la vérité ?

Alarmée par cette question, Lucy agita ses mains devant elle tout en lui indiquant le contraire.

Lucy – Non non ! Pas du tout !

Max – C'est tout de même dur à croire.

Malgré ses allures de macho, Macao essuya d'un revers de la main une larme sur sa joue et prenant sur lui pour ne pas fléchir, il se rapprocha avant de prononcer à son tour quelques mots :

Macao – T'as pas intérêts de nous lâcher Lucy, pas avant longtemps, sinon, ... Sinon je...

Les mots ne venant pas, Macao préféra faire demi-tour afin de ne pas dévoiler cet instant de faiblesse, partant s'installer dans un coin à l'autre bout de la guilde, seul à réfléchir aux effets de cette nouvelle. Face à cette sensibilité refoulée, Lucy ne put s'empêcher d'esquisser un léger sourire.

C'est alors que Max s'avança à son. Ce dernier ne pleurait pas contrairement à d'autres, mais Lucy remarqua son visage tendu marqué par l'incompréhension.

Max – J'ai vraiment du mal à comprendre Lucy, ne sommes-nous pas tous de Fairy Tail ? demanda-t-il d'une voix mal assurée. De la même famille ? Pourquoi n'es-tu pas venu nous voir ? Tu te rends compte, on aurait pu t'éviter d'utiliser ta magie en te soutenant. C'est sûr que pour les missions de rédemptrices, on aurait été un peu dépourvu mais pour le reste, tu allais faire des missions classiques en connaissances de cause alors que l'on aurait pu prendre le relai. Pourquoi ? On aurait pu le faire à ta place ! s'exclama-t-il. Explique-moi car en plus de me sentir idiot, je vais m'en vouloir jusqu'à la fin de mes jours.

Même si la disparition de l'équipe Tenro avait été pour tous une terrible épreuve, cela avait permis à Lucy de se rapprocher des membres restants de la guilde, dont elle s'était rendue compte à l'époque qu'elle ne les connaissait pas vraiment. Tout comme Laki était un être marginal mais exceptionnel, Max était celui qui l'avait le plus surpris. Il faisait partie de ses personnes qu'elle avait appris à connaître et qu'elle avait su apprécier à sa juste valeur. Max était quelqu'un de confiance et de loyal, qui savait toujours se rendre disponible pour ses amis. Elle ne comptait plus le nombre de fois où ce dernier avait fait le pitre lorsque la blonde avait le moral au plus bas, ni toutes les fois où ils avaient trinqué ensemble pour célébrer milles raisons toutes plus futiles que les autres. Elle l'avait profondément blessé, elle le lisait dans son regard et ça la rendait malade de savoir à quel point elle venait de le décevoir… de les décevoir.

Lucy – Tu sais Max, ta remarque me touche vraiment. Je sais que tu aurais tout fait pour m'aider, comme Laki, comme Kinana... comme tous. Je le sais. Mais il fallait déjà que j'accepte tout d'abord moi-même tout cela, et j'avoue que j'ai eu un peu de mal... Et puis, un mensonge en entrainant un autre, je me suis retrouvée piégée et j'ai préféré vous épargnez de tout ça et ne pas vous imposer plus de souffrance. A quoi cela aurait-il servi à part augmenter notre charge de malheur ?

Kinana – Ce n'est pas comme ça que ça marche Lucy. Dans une guilde, on est solidaire. On aurait pu t'aider, tu nous as privé de ce droit.

Lucy – Je sais, dit-elle en sachant pertinemment qu'elle avait raison. Mais comme le dis si bien Luxus, c'est trop tard. Et si je dois rester honnête avec vous jusqu'au bout…

Elle s'arrêta quelques secondes, marquant une certaine hésitation avant de dire finalement ce qu'elle pensait.

Lucy – Si j'avais pu, vous ne l'auriez sans doute jamais su.

Laki – Tu n'avais pas foi en nous ? demanda-t-elle.

Lucy – Bien sûr que si Laki, mais... Voir toute la peine que je pouvais causer me culpabilisait trop. Vous ne méritiez pas de vivre une autre épreuve.

Les yeux de Laki s'humidifièrent et la main sur le cœur, elle se retourna pour aller plus loin. Lucy put y lire toute la peine qu'elle venait de lui faire.

Sans plus attendre, un millier de murmures remplirent la salle. Les questions ayant cessé, chacun s'était regroupé dans son coin. Lucy put intercepter quelques bribes de conversation et toutes étaient bien évidemment centrées sur elle :

« Qui pourrait-on aller voir pour l'aider ? »

« Elle a dit qu'elle avait déjà vu Poliusska-san, n'y a-t-il pas un médecin renommé à Bosco ? »

« On va retirer toutes les missions classiques du tableau, comme ça, elle ne pourra plus y aller. »

« Wendy et Charuru vont trouver une solution, j'en suis sûr ! »

Les remarques fusaient de toute part, tout cela dans un calme des plus étonnants. Elle s'attarda sur le visage de chacun et elle s'étonna d'entrevoir de la détermination et du courage, les plus grandes valeurs qui marquaient cette grande guilde qu'était Fairy Tail. Elle ne s'attendait vraiment pas à ce genre de réactions aussi posé et réfléchi. Cela allait-il durer ?

Puis, elle croisa alors tour à tour le regard de deux personnes qui étaient restées extrêmement discrètes depuis le début de cette conversation : Grey et Erza. Chacun se tenait non loin de Lucy, digérant tant bien que mal cette atroce nouvelle. Erza essaya de cacher le plus possible la tristesse qui la transperçait de toute part. Elle voulait être forte, voyant bien que le reste de ses camarades pouvaient s'effondrer à tout moment, ne souhaitant pas rajouter un autre poids sur les épaules de Lucy. Qu'il y avait-il de pire dans une guilde que de perdre un compagnon ? Erza avait pris sur elle, la mâchoire serrée. Elle ne voulait pas juger son amie, ne sachant pas elle-même ce qu'elle aurait fait à sa place. Même si leur histoire était différente, elle se sentait proche de la constellationniste. Cette dernière, désireuse de protéger ses amis, avait embrigadé ses sentiments pour le bien de tous. Même si cette démarche était maladroite, il n'empêche que ce choix respirait la sincérité, une preuve du profond amour qui liait Lucy à ses camarades. Paraître forte, solide, pour que tout le monde puisse avancer en se disant que tout allait bien et que tout finirait par s'arranger. Il était évident que derrière cette protection que Lucy s'était bâtie se cachait une infinie tristesse… Tout comme elle. C'est pourquoi Erza lui apporterait tout son soutien.

Pour le mage de glace, l'épreuve était tout aussi difficile. Lucy le voyait maintenir ses poings serrés, se retenant certainement aussi de ne pas crier sur elle comme ses camarades et lui envoyer en pleine face ses quatre vérités.

En effet, Grey se sentait très mal. Tout s'expliquait maintenant, notamment le départ inopiné de Wendy et Charuru. Il comprenait maintenant à quoi le Maître faisait allusion lorsqu'il avait été convié à cette discussion avec Erza à Crocus. Cette chose bizarre dans la magie de Lucy, tout s'éclairait maintenant. Est-ce que le Maître savait déjà de quoi il retournait ? Grey n'en savait strictement rien. Une chose était sûre, c'est qu'il aurait dû être plus attentif à ce qu'il se passait. Lors de la première cérémonie spectrale auquel il avait assisté, il avait raccompagné Lucy jusqu'à chez elle. Il avait bien vu l'état de fatigue de la constellationniste, et pourtant, il n'avait rien fait… Il s'en voulait, terriblement, mais on ne pouvait pas avancer en s'enfermant dans ses regrets, une chose qu'il avait appris grâce à Fairy Tail. Alors lui aussi décida de prendre sur lui, préférant épauler Lucy plutôt que de l'enfoncer un peu plus.

Tous les trois échangèrent un regard complice, un regard qui suffisait à exprimer la peine qu'ils ressentaient mais aussi tout le soutien que ses compagnons lui accordaient. Leurs compassions et ce compromis silencieux soulagea Lucy. C'était amplement suffisant. Lucy ne s'attendait pas à ce que ses amis restent aussi passif dans leurs réactions. Elle repensa alors à Natsu, qui était parti avant qu'elle n'ait pu lui donner des explications. Le caractère sanguin de son ami n'allait pas lui rendre la tâche aussi facile.

Ne voyant plus de question venir, Lucy décida qu'il était temps d'affronter cette dernière épreuve.

Lucy – Je crois... que je vais aller voir Natsu maintenant, dit-elle.

Erza – File, nous allons réfléchir à tout ça tranquillement.

Lucy – Très bien...

Toujours dans ses bras, Happy n'avait plus décroché un mot, les larmes s'estompant au fil des minutes malgré la tristesse qui l'habitait toujours. Il restait à Lucy une chose à faire, une tâche délicate. Elle devait retrouver le mage de feu mais elle se voyait mal aller le voir en ayant Happy dans les pattes.

Lucy – Happy, tu veux bien rester ici ? demanda-t-elle avec douceur.

Happy – Non ! s'écria-t-il. Je veux venir avec toi. Natsu a besoin de moi.

Lucy – Ecoute, j'ai besoin de lui parler seul à seul, tu comprends ?

Happy – Hum...

Déçu, il n'insista pas et s'envola en direction de Lisanna, se sentant abandonné par son amie. Lucy aurait voulu le consoler mais à l'heure actuelle elle avait un autre chat à fouetter. En le voyant atterrir dans les bras de la cadette des Strauss, Lucy fut prise subitement par une vision d'horreur qu'elle avait déjà vécue, celle du cadavre décomposé de la jeune Strauss, revivant la scène comme un flash fulgurant. L'image s'effaça aussitôt, laissant place au doux sourire de Lisanna. Ne réfrénant pas sa réaction spontanée, Lucy se précipita alors vers elle et l'enlaça chaleureusement, sous le regard incompréhensif de ses camarades, et surtout de Lisanna qui répondit malgré tout gentiment à cette étreinte.

Lisanna – Je suis très flattée Lucy, mais pourquoi ?

Lucy – Et pourquoi pas ? répondit-elle simplement.

Puis, elle relâcha Lisanna, lui adressant un sourire tendre. Puis, Lucy jetta un dernier regard à tout le monde, voyant que personne ne la sollicitait, elle se décida à sortir de la guilde.

Elle s'arrêta quelques mètres plus loin devant l'entrée du bâtiment. Prenant quelques secondes pour elle, elle inspira profondément, relâchant la pression. Elle avait eu beau imaginer des milliers de fois ce jour, elle n'avait jamais osé penser que cela serait aussi facile. Non pas que leurs réactions ne l'affectaient pas, mais il était plus facile de gérer le chagrin d'une personne plutôt que de la colère.

Le premier orage était passé, il n'en restait plus qu'un. Elle regarda le ciel un instant, le silence emplissant son esprit. En observant le bleu azur qui s'estompait, elle réalisa qu'elle ne savait absolument pas où Natsu avait pu aller. Chez lui ? Peut-être mais elle n'en était pas vraiment convaincue. Chez elle ? Pour le coup, c'était certainement le lieu le moins probable. Elle essaya de se remémorer dans ses souvenirs si un lieu sur Magnolia pouvait servir de refuge à Natsu à part la guilde. Qu'aimait-il faire ? Manger, mais pas sûr qu'il ait un grand appétit après tout ça. Se bagarrer avec Grey ? Oui mais Grey était encore à la guilde. Pêcher ? Oui, c'était une possibilité. Peut-être était-il là-bas.

Se laissant guider par son intuition, la constellationniste traversa Magnolia en direction de ce fameux étang où Happy et Natsu aimaient par le passé pêcher. Elle y était elle-même retournée quelques fois après leur disparition, comme au bon vieux temps, pour reprendre des forces et du courage dans ce lieu si calme et paisible, lui permettant de se ressourcer. Aujourd'hui, elle y allait pour une tout autre raison.

Arrivant enfin à destination, elle remarqua rapidement que son intuition féminine avait visée juste. L'apercevant au loin, Natsu se tenait debout, de dos et immobile, semblant regarder intensément l'étang. Elle avança jusqu'à se retrouver à quelques mètres derrière lui. Ne faisant pas la même erreur qu'à Tahori, elle n'avait cette fois-ci pas oublié son odorat si fin. Il savait qu'elle était là, mais Lucy ne dit rien pendant quelques minutes, laissant la possibilité au mage de feu de s'exprimer en premier s'il le souhaitait. La fin de la journée approchait. Lucy se rendait compte que celle-ci était passée à une vitesse folle, sans savoir combien de temps elle était restée à la guilde pour ses explications. Elle avait complétement perdu la notion du temps, probablement à cause de l'émotion. Le soleil révélait ses lueurs orangées tandis que les oiseaux gazouillaient encore quelques mélodies. Le léger ruissellement de l'eau, accompagné d'une légère brise donna un frisson à la jeune femme, faisant virevolter une mèche rebelle de sa chevelure.

C'était le moment où ses rêves, son cocon, allait définitivement voler en éclat. Le monde, sa bulle de protection qu'elle avait battit durant toute ses années s'étaient si rapidement écroulé qu'elle avait du mal à assimiler tout ce qu'il venait de se passer aujourd'hui. A aucun moment elle n'avait pensé en se levant au matin que ce serait pour elle le grand jour. Si elle était arrivée juste quelques minutes avant à la guilde ou si tout simplement elle avait finalement suivi ses coéquipiers au leu de rentrer chez elle, elle aurait pu éviter tout cela, ou tout du moins, retarder l'échéance jusqu'à l'arrivée de Wendy et Charuru. La vie ne se jouait qu'à peu de chose.

Natsu n'avait toujours pas bougé. Son écharpe flottait très légèrement au gré du vent. Ses bras étaient étendus le long de son corps, sans que rien ne vienne perturber son implacable immobilité. Elle prit une profonde inspiration avant d'entamer la conversation qui lui semblait la plus difficile qu'elle n'eut jamais eu, même si elle préféra ne pas y aller par quatre chemins.

Lucy – J'ai découvert cette maladie il y quatre ans. C'est,...

Elle prit quelques secondes de réflexion essayant de trouver les mots les plus simples pour le dragon slayer, souhaitant ne pas s'embarrasser de tout ce qui pouvait être superflu.

Lucy – J'ai hérité de cette maladie. Ma mère en a été victime elle aussi. C'est d'ailleurs comme ça que j'ai compris que j'en étais atteinte.

Volontairement, elle s'interrompis, laissant la possibilité au mage de feu de l'interrompre s'il ne désirait pas qu'elle aille plus loin. Face au silence qu'il imposait, Lucy poursuivit alors ses explications.

Lucy – En fait, cette maladie rend mon flux magique instable. Tu sais que la magie est un élément vital pour nous les mages, c'est un flux constant qui existe en nous et qui s'amenuise lorsqu'on l'utilise mais se recharge par la suite. Pour moi, ce flux varie en fonction de l'utilisation de ma magie. C'est un peu comme si ma magie s'échappait de mon corps, comme une fuite, et que mon système de recharge était défaillant. Si je n'utilise pas de magie, tout va bien, à l'inverse, c'est assez douloureux. Mon corps se fatigue à essayer de récupérer ce quota de magie que je consomme en surplus. Plus j'utilise ma magie, et plus je raccourci mon temps de vie. Il n'y a pas vraiment d'avancée médical à ce sujet et avec mon activité de rédemptrice, j'ai dû me résigner à accepter cette réalité tout en sachant que j'ai déjà pas mal entamé mon capital vie. Je... Je sais que ses derniers temps, je n'ai pas toujours été... très sympa avec toi, mais j'avais mes raisons et celle-ci en faisait partie. Je ne cherche pas à me dédouaner mais peut être que ça t'aidera à comprendre. On m'a reproché d'avoir gardé cela pour moi, ce que je peux entendre. Néanmoins, je n'avais pas vraiment envie de faire subir tout ça à quiconque. Par le fruit du hasard, Cana s'est retrouvée à porter ce secret, parce que je lui ai fait promettre de garder cela pour elle.

Toujours de dos, elle ne vit aucune réaction de la part de Natsu. Devant ce silence soutenu, elle sentit la tristesse émerger en elle. Elle ne savait pas vraiment à quelle réaction elle s'attendait, mais le fait est qu'elle avait menti et apprendre ce genre de chose n'était jamais agréable pour personne.

Lucy – J'imagine que tu n'as pas très envie de me parler avec tout ça. Je comprends.

Toujours muet, le mage de feu avait écouté docilement la constellationniste, oscillant entre l'envie de l'écouter et celle de lui dire de se taire. Son regard était porté sur l'eau extrêmement calme de l'étang, croisant un ou deux poissons virevoltant à la surface de l'eau. Il l'avait entendu, mais c'était comme si un vide avait pris place en lui, comme des paroles vides de sens qui effleuraient à peine son esprit. Il n'arrivait absolument pas à se concentrer, que ce soit sur ses paroles ou sur ses propres pensées, à tel point qu'il n'avait même pas remarqué de suite que sa camarade avait cessé de parler, attendant certainement une réaction de sa part mais à ce moment-là, il en était incapable.

Puis Natsu sursauta en sentant les bras de Lucy enserrer sa taille. Cette dernière se plaqua dans son dos contre lui, l'enlaçant d'une étreinte chaleureuse et douce. Ce geste le crispa, le faisant tressaillir jusqu'au plus profond de son âme, partagé entre la rage, la tristesse et la douceur de ce contact. Ne voulant pas céder à ses sentiments fulgurants, il serra les poings.

Lucy – Merci Natsu… d'être celui que tu es.

Savourant cet instant, Lucy en profita encore quelques secondes, comme si cela allait être la dernière fois, avant de se s'écarter de lui. Elle n'attendait pas spécialement de réaction de sa part, elle était juste venue lui donner des explications, chose qu'elle avait faite. Elle pouvait très bien comprendre qu'il n'avait peut-être pas envie de lui parler après ce qu'elle lui avait fait subir depuis son retour. Alors elle fit demi-tour et rebroussa son chemin jusqu'à la guilde, laissant ce dernier seul.

Ce qu'elle ne savait pas, c'était qu'à une seconde près, si elle avait décidé de rester plus longtemps contre le dragon slayer, elle aurait senti tomber sur sa main une larme que le mage de feu n'avait pas su retenir. Ce geste, cette embrassade, avait fait ressortir des émotions qui le torturaient.

Lorsqu'il sentit que Lucy était suffisamment loin, il essuya rageusement les larmes de sur son visage, énervé de se sentir ainsi. Ce sentant de plus en plus possédé par la rage, Natsu serra les dents au point d'avoir la mâchoire complétement crispée. Il avait ce regard plein de colère, cette colère qui était remonté en lui dès le moment où il avait senti Lucy contre lui. Pourquoi ? Pourquoi avait-elle caché cela ? Avait-elle au moins essayé de se soigner ? Il était rongé par l'incompréhension de cette décision, l'incompréhension face à son inaction. Avait-elle fait tout ce qui était possible pour envoyer balader cette putain de maladie ? Il était en colère, en colère contre elle, car elle l'avait laissé croire que tout ça, sa mauvaise humeur, son dédain, sa nonchalance n'étaient qu'une passade alors qu'il n'en était rien, que c'était plus profond. Il lui en voulait car malgré qu'elle sût qu'elle mettait sa vie en jeu, elle continuait à utiliser régulièrement sa magie sans réelle raison. Encore que la chasse aux spectres représentait un motif tolérable, que pouvait-il dire du fait qu'elle puisse aller en mission pour payer son loyer alors que littéralement ça la tuait ? C'était comme abandonner ouvertement ses amis en se laissant mourir, et ça à Fairy Tail, c'était inacceptable.

Oui à Fairy Tail, on accordait de la valeur à ses compagnons, jamais on ne songerait une seule seconde à subir ça à ses amis. C'était quelque chose de bien trop terrible de perdre ses compagnons de guilde, un ami, et il ne voulait pas vivre cela. La vie et la mort était un cycle qu'il connaissait. La mort était une fatalité qui était normal mais il y avait une différence entre perdre un être chère par la vieillesse et le perdre de façon inattendu. Il ne voulait plus perdre de compagnon, il ne voulait plus perdre qui que ce soit, il ne voulait pas la perdre comme il avait perdu Lisanna ou Igneel autrefois… même s'il sentait aujourd'hui une différence. Il sentait que c'était encore autre chose sans savoir quoi. Toujours à cran et dans la confusion de ses sentiments, il se retourna et pris la direction de l'appartement de Lucy, ce dernier étant en quête de réponse.

oOoOoOoOo

La constellationniste poussa la porte de la guilde, où un calme olympien y régnait. Etant à nouveau l'objet de tous les regards de la part de ses compagnons, Lucy chercha un point d'appui où elle pourrait se réfugier. Elle savait vers qui se tourner et elle savait pertinemment où chercher pour la trouver : au comptoir de la guilde.

C'est ainsi qu'elle prit donc la discrétion du bar mais elle fut arrêtée au bout de quelques pas, sentant quelque chose s'agripper à elle dans son dos.

Levy – Un jour, je t'aiderai à trouver le bon.

Serrant d'une main frêle le t-shirt de son amie, Levy détaillait le dos de Lucy, ressentant le besoin d'aller vers elle. Lucy avait reconnu la voix de la mage aux mots mais également cette fameuse phrase qu'elle lui avait dite il y a de cela une semaine. Malgré son ébriété avancée ce soir-là, comment pouvait-elle ne pas se souvenir de ces mots qu'elle avait prononcé lorsqu'elle avait ouvertement dragué Gajeel devant Levy, ayant dans l'idée de lui faire ouvrir les yeux mais surtout ceux du dragon slayer d'acier.

Levy – Lorsque tu m'as dit ces mots, je n'avais pas compris sur le moment. Puis en te voyant faire… J'avoue que j'étais fâchée. Toutefois…

Lucy sentit la pression sur son vêtement se défaire. Aussi, elle se retourna, préférant discuter en face à face avec la petite bleue. Levy regardait désormais le sol. Lucy pouvait deviner la tristesse qui habitait son amie, avant que quelques larmes ne viennent s'échapper de ce doux visage.

Levy – Toutefois même si c'était un peu déplacée, je sais que tu as fait tout cela pour moi. Tu as toujours été une vraie amie pour moi et je veux te rendre la pareille. Je te jure sur mon honneur que je mettrais tout en œuvre pour trouver un moyen de te guérir. J'en fais le serment !

Ce petit bout de femme était décidément une perle. C'était au tour de Lucy d'être émue aux larmes mais elle fit un effort pour ne pas se laisser aller. Après tous les efforts qu'elle avait pu faire aujourd'hui, elle ne voulait pas craquer maintenant. Cette ferveur que dégageait la mage aux mots lui rappelait Wendy qui lui était apparu tout aussi déterminée que la bleutée qui se tenait face à elle. Lucy comptait parmi son entourage des amis vraiment merveilleux.

Lucy – Tu es vraiment une amie extraordinaire. Après ce que je t'ai fait, tu ne devrais même pas m'adresser la parole.

Levy – Tu ne mérites pas ce qui t'arrives.

Dire qu'elle trouvait la vie injuste était quelque chose qu'elle trouva superflu, tout le monde à la guilde pensait la même chose que Levy. Alors elle serra Lucy dans ses bras, qui en fit de même, prenant quelques instants pour elles. Puis, Levy jeta un regard sur le côté, apercevant Gajeel qui l'observait. Lucy n'eut pas de mal à voir l'intensité que le dragon slayer portait dans son regard, alors elle relâcha son amie, la laissant libre d'aller où elle le souhaitait.

Adressant un dernier sourire à Levy, Lucy repartit s'asseoir à côté de celle qui avait été son pilier durant toutes ses années. Exténuée par les émotions, elle s'assit lourdement sur un tabouret du bar.

Cana – Alors, comment ça s'est passé avec Natsu ? demanda-t-elle d'un ton neutre.

Elle répondit dans un profond soupir, ne sachant pas vraiment ce qu'elle devait penser de cette entrevue. Lucy attrapa un verre derrière le comptoir et se servit elle ainsi que son amie avant de répondre à la brune.

Lucy – Bof, il n'a rien dit alors je ne sais pas trop.

Cana – Il doit accuser le coup... Tu sais le temps que ça monte au cerveau.

N'imaginant pas que Cana allait si tôt faire de l'humour dans ce contexte si particulier, Lucy lança un regard désapprobateur à son amie.

Lucy – Cana...dit-elle d'un ton réprobateur.

Cana – Hey ! Il n'y a encore pas si longtemps que ça, tu aurais dit pareil.

Lucy – Sans doute. Je t'avoue que je suis un peu perdu avec tout ça.

Cana – Et avec Wendy et Charuru, ça s'était bien passé ?

Lucy – On peut dire que oui. Elles étaient affectées bien sûr mais elles sont parties aussitôt après notre conversation, persuadées de pouvoir trouver un moyen de me soigner.

Cana – Qui ne l'ai pas.

Lucy – De quoi ? demanda-t-elle sans comprendre.

Erza – Elle dit que l'on est tous affectés.

Surprise par sa voix, Lucy se retourna et trouva la mage aux armures, assise à côté d'elle en train de tranquillement siroter une boisson, comme si de rien n'était.

Lucy – Erza ! Mais je ne t'ai même pas vu t'installer à côté de nous.

Erza – La discrétion est un art fondamental et indispensable à tout bon mage.

Lucy – Tu es sûr que l'on a la même définition de discrétion Erza ? demanda-t-elle sceptique en songeant à quelques exemples de « discrétion » vécus dans le passé.

Cana – C'est vrai que dans notre guilde, la discrétion, ce n'est pas vraiment notre fort, dit-elle en pouffant de rire.

Erza – Il y a toute forme de discrétion.

La mage aux armures fit un clin d'œil aux filles. Cette conversation si banale fit un bien fou à Lucy. Voir perturber son quotidien était ce qu'elle appréhendait le plus. Le regard de ses compagnons de guilde était ce qui pouvait être le plus dur à supporter. Elles restèrent là, entre amis, pendant un bon moment, discutant de chose et d'autres, agrémentés par la suite de la subtile conversation de Mirajane et de l'innocence de Kinana, une bonne vieille discussion entre filles qui ravit Lucy.

Par la suite, elle vit Cana lui jeter des œillades, lui montrant un endroit précis de la guilde. Lucy regarda dans la direction indiquée par Cana et trouva alors Macao, assit seul à une table, les sourcils froncés, faisant tournoyer un cigare entre ses doigts. Le voir se morfondre ainsi, hésitant devant un des seuls plaisirs qu'il s'accordait, lui brisa le cœur. Alors la blonde décida de délaisser ses amies, posant une main amicale sur l'épaule d'Erza avant d'aller à la rencontre de l'ancien Maître de la guilde.

Une fois devant lui, elle put constater que ce dernier était en profonde réflexion, ne remarquant pas son arrivée. Son visage renfrogné l'obligea à essayer d'apaiser sa peine.

Lucy – Arrête de te faire du mouron.

L'intéressé releva les yeux, croisant le regard marron de la femme blonde qui lui adressait un tendre sourire. Malgré la différence d'âge, Lucy était devenue une aide précieuse pour la guilde, quelqu'un qu'il affectionnait particulièrement, notamment par la relation qui s'était instaurée entre elle et Roméo. A maintes reprises, il s'était reposé sur elle dans son rôle de Maître et au fil du temps, elle en était venue à le connaître par cœur. Pourtant, tout ce qui se passait aujourd'hui était un calvaire pour lui, Macao se sentant aussi médiocre qu'incompétent.

Voyant que ce dernier gardait le silence, semblant ruminer intérieurement, la constellationniste soupira. Elle s'était préparée à ce genre de réaction, qu'on lui reproche sa décision mais voir Macao ainsi la peinait terriblement. Ce qui était le plus difficile dans cette décision de tout dissimuler à ses amis, c'était d'accepter l'idée qu'un jour où l'heure des révélations seraient venues, ils n'auraient probablement plus jamais confiance en elle.

Mal à l'aise, il commença à trépigner du pied, puis il se décida à allumer son cigare, tirant une grande bouffée de fumée afin d'essayer de dissimuler sa nervosité.

Lucy – Je suis désolée Macao. Je n'ai pas été à la hauteur de tes attentes.

Elle inclina la tête, à la fois honteuse et respectueuse de cet homme qui avait tout donné pour eux ces sept dernières années. Mais elle fut surprise par le poing de ce dernier qui frappa violemment le socle de la table, renversant sans faire le vouloir par la même occasion le cendrier qui se trouvait là. La jeune femme sursauta et affronta les yeux coléreux de Macao.

Macao – Je suis fâché Lucy ! Exulta-t-il enfin.

Etant étonnée de ne pas avoir eu plus ce genre de réaction parmi les membres de sa guilde, Lucy en fut presque soulagée de voir Macao réagir ainsi. Même si elle ne regrettait pas sa décision, elle convenait largement qu'elle méritait leur colère.

Lucy – Je comprends... se désola-t-elle devant cette souffrance qu'elle lui infligeait.

Macao – Pas contre toi idiote, je suis en fâché contre moi !

Elle arqua un sourcil interrogateur, stupéfaite par la réponse de Macao.

Macao – Pendant sept ans, j'ai été le Maître de cette guilde. J'ai essayé de faire de mon mieux et être un Maître à l'image de Maître Makaroff, tout en sachant que je ne lui arriverais jamais à la cheville. Un Maître doit prendre soin des membres de sa guilde, se soucier d'eux, au point qu'il se doit de connaître ses membres comme ses propres enfants. Tel un père qui connait les faiblesses de sa progéniture, qui sait lorsqu'elle ment, lorsqu'elle a peur, lorsqu'elle souffre... J'ai cru que j'avais été à la hauteur, mais tout cela démontre que non.

Lucy – Qu'est-ce que tu racontes ? s'offusqua-t-elle. Bien sûr que tu as été à la hauteur. C'est grâce à toi qu'on s'en est sorti.

Macao – Tu parles…

Lucy – Qui est allé plaider auprès du conseil pour ne pas abandonner les recherches pour nos membres disparus ? Qui a défendu Fairy Tail lorsque tous pensaient que nous allions nous effondrer il y a sept ans ? C'est toi Macao, ne dévalorise pas tout le travail que tu as fait pour la guilde.

Macao – Tssss… Je n'ai même pas été foutu de voir qu'un membre de la guilde était souffrant. Comment vais-je pouvoir me regarder en face par la suite ? Je suis la honte de toute l'histoire des Maîtres de guilde.

Lucy – Jamais je ne te laisserai dire ça.

Mavis – Et moi non plus.

Une ombre lumineuse fit son apparition juste à côté de Macao, qui tomba à la renverse de peur devant cette figure fantomatique.

Macao – Premier… Maître ?

D'un petit rire innocent, elle tapa doucement sur le front de Macao comme on se fâcherait gentiment avec un enfant.

Mavis – Notre fierté est de pouvoir compter sur des membres comme toi, qui malgré les difficultés on sut reprendre le flambeau et maintenir la barque à flot.

Le sourire bienveillant du premier Maître réchauffa le cœur de Macao qui ne put contenir plus longtemps ses larmes. La morve s'écoulant à flot de ses narines, il se laissa aller complétement, remerciant gracieusement le premier Maître pour tous ses compliments.

Trouvant que la soirée était déjà bien entamée et se sentant exténuée, Lucy fit ses adieux à ses camarades tout en leur promettant d'être vigilante sur le chemin du retour vers ses appartements. Sur la route, elle songea à tout ce qu'il s'était passé ces dernières semaines : le retour de l'équipe Tenro, la rencontre avec Zeref, la perte de Plue, cette annonce imprévue... Il y avait de quoi perdre la tête dans ce flot d'évènement. C'était tout à fait dans ce genre de contexte où elle se serait permise d'appeler Plue pour l'accompagner dans les ruelles de Magnolia, pour papoter de tout et de rien, quitte à souffrir un petit peu dans la nuit. L'avantage d'une clef d'argent, s'était qu'elle était beaucoup moins consommatrice de magie. Cela permettait à Lucy non seulement de ne pas se sentir seul mais aussi de rester en contact avec le monde des esprits.

Dorénavant, elle se retrouvait seule avec ses réflexions en tout genre. Qu'allait-elle faire par la suite ? Mise à part chasser les spectres et surveiller les grands jeux magiques évidemment. Alerter par le son grinçant de ses marches d'escaliers, elle se rendit compte qu'elle était déjà arrivée chez elle. La nuit était tombée depuis un certain temps, mais elle n'avait aucune idée de l'heure qu'il était. Toutefois, la perspective de rejoindre son lit était une source de réconfort qu'elle serait heureuse d'enfin pouvoir retrouver.

Tournant la clef de chez elle pour déverrouiller la serrure, Lucy ouvrit la porte mais elle fut tout de suite interpellée par la lumière qui éclairait son palier. Le doute et la peur la tiraillèrent, étant certaine de n'avoir pas éclairé la lumière à son départ en fin de matinée. Se pouvait-il qu'un mage d'une guilde noire ait pénétré son lieu de vie ? La peur au ventre, elle posa une main sur son trousseau, prête à appeler de l'aide avant de pousser la porte en plein, découvrant alors le capharnaüm qu'était devenue son logement. En vrac, des dizaines de vêtements jonchaient le sol, des livres étaient éparpillés sur son lit ensevelit sous une autre montagne de vêtements, les tiroirs de ses commodes et autres meubles étaient tous ouvert et divers objets se retrouvaient dispersés un peu partout dans son appartement.

Lucy – Mais que s'est-il passé ici ?

Puis son regard se posa sur cette masse immobile qui semblait avoir élu domicile dans son salon. Elle reconnut tout de suite cet homme aux cheveux roses, assis impassible à côté de son précieux coffre qui contenait toute sa vie, entouré par des centaines de lettres qui étaient toutes destinés à sa mère, toutes ouvertes, notamment celle que Natsu était en train de lire. Furieuse, elle se précipita sur lui avec la ferme intention de lui arracher son bien, criant comme une furie devant cette intrusion dans son intimité :

Lucy – Non mais ça ne va pas bien dans ta tête ou quoi ?! C'est privé et très intime ! Rends-moi ça Natsu !

Elle eut juste le temps d'effleurer du bout des doigts la lettre, avant que Natsu n'esquive son geste tout en poursuivant sa lecture, concentré. Elle recommença, une fois, deux fois, sans succès quand dans sa fureur elle se jeta sur le mage de feu, quitte à lui faire du mal mais elle comptait bien récupérer cette lettre et mettre fin à ce massacre.

N'arrivant pas à récupérer son bien, elle commença à le frapper dans son dos, essayant de lui faire lâcher prise, pendant que Natsu se mit sur la défensive, maîtrisant tranquillement la constellationniste sans pour autant déchirer le bout de papier qu'il tenait toujours fermement dans sa main. Il sentait Lucy lui frapper le bras, le bousculer mais il ne comptait pas du tout se laisser faire.

Natsu – Arrête Lucy, lui ordonna-t-il d'un ton sec.

Lucy – C'est à toi d'arrêter Natsu ! Rends-moi ça immédiatement. Ce sont les lettres que j'ai écrit à ma mère ! C'est personnel, tu n'as pas le droit de les lire.

Natsu – Je sais très bien ce que c'est.

Horrifiée par cette aveu, Lucy sorti de ses gongs, ne comprenant pas comment et pourquoi ce dernier était en train de lire ce qui contenait toutes ses pensées les plus intimes.

Lucy – Arrête ça tout de suite, tu n'as pas le droit de...

Brusquement, il se redressa et la bouscula, faisant tomber à la renverse la belle blonde qui ne s'attendait pas à cette réaction. Il s'emporta, complètement frustré d'avoir été interrompu dans ses recherches :

Natsu – Je n'ai pas le droit ?! C'est toi qui me dis ça ? C'est toi qui n'avais pas le droit de tout nous cacher ! De ne pas nous dire pour ta putain de maladie ! Tu n'as rien à dire Lucy !

La rage de Natsu contrastait complètement avec son attitude léthargique quelques heures plus tôt, ce qui déstabilisa complètement la constellationniste.

Lucy – Natsu, je...

Ntasu – Tu n'as rien à dire Lucy ! répéta-t-il. On est des amis, non ? On ne cache pas ce genre de chose à ses compagnons de guilde ! Comment peut-on mentir aussi sciemment à autant de monde ? C'est vraiment ignoble ce que tu as fait. Quand je repense à la dernière fois où l'on est parti en mission à Onibus et que tu as utilisé ta magie pour un connard de voleur, ça me met hors de moi ! Ça aurait changé toute la donne si tu me l'avais dit, tes amis ont si peu de considération pour toi pour que tu nous ignore comme ça ? Tu crois que ta vie ne vaut pas assez ? Si on était vraiment des amis, tu nous aurais tout dit. Tu m'aurais tout dis ! insista-t-il. A croire qu'à Tahori, te jeter dans le vide était une volonté inconsciente de ta part… En nous cachant cela, tu as mis ta vie en danger et la nôtre par la même occasion. On te pensait capable de te défendre, en pleine possession de tes moyens mais avec cette histoire de baisse de magie et de je sais pas trop quoi, ce n'était clairement pas le cas ! On aurait pu être tous en danger ! Et là, vraiment la seule chose qui peut calmer ma colère, c'est de savoir que tu n'as pas abandonné Lucy. Ouai car à part nous dire que tu vas mourir, il n'y a rien ! Pas un seul moment tu as dit que tu cherchais un moyen de te guérir ou je sais pas moi, que la recherche est en cours, qu'ils ont fait des progrès… Je ne sais pas mais n'importe quoi qui me montrerait que tu n'as pas abandonné de lutter Lucy !

Il se rapprocha, la tira par le bras afin de l'obliger à se relever et de lui faire face. D'un geste brusque, il lui attrapa son poignet droit qui portait la marque de la guilde, la plaçant bien devant son visage.

Natsu – Tu es une mage de Fairy Tail ! A Fairy Tail, on n'abandonne pas ! Ni sa vie, ni ses camarades. Alors même si toi tu as abandonné, moi, je trouverais une solution, et ça, tu ne m'en empêcheras pas !

Avec brutalité, il relâcha son poignet et parti en claquant la porte avec un telle rage que les murs du salon tremblèrent, faisant tomber au passage un cadre photo.

La main encore devant son visage et abasourdie par les propos du dragon slayer, Lucy resta plantée dans son salon, désemparée et encore secouée par cette virulente réaction. Il lui semblait bien que cette annonce ne pouvait pas être aussi facile à digérer pour tout le monde. Cela s'était passé trop facilement à la guilde pour être aussi beau, mais elle ne s'attendait pas à tant de violence de la part de Natsu, ou tout du moins, elle n'y était manifestement pas assez préparée.

D'un geste mal assuré, elle se pencha et ramassa l'ensemble de ses lettres qui gisaient sur le sol, d'une main tremblante, encore sous le choc du moment passé, lorsque ses yeux se posèrent sur une feuille plus à l'écart des autres, complètement froissée et en boule au coin de son bureau. Elle se leva pour attraper cette feuille et délicatement, elle déplia le papier chiffonné, comprenant rapidement de quelle lettre il s'agissait. C'était cette fameuse lettre, la lettre qu'elle avait écrite à l'équipe Tenro deux ans auparavant. Cette lettre, elle l'avait écrite pour faire ses adieux à ses amis, au cas où ces derniers ne reviennent qu'après sa mort. Elle approcha la lettre contre son cœur, comprenant la peine qu'avait dû ressentir Natsu en lisant ses dernières doléances.

Elle resta là pendant un temps indéterminé, puis se décida à ranger. La fatigue et la nervosité la faisait trembler comme une feuille, rendant ses mouvements gauches. C'est alors que la porte s'ouvrit, et en découvrant l'état de l'appartement ainsi que celui de son amie, Cana s'assit à côté d'elle en lui saisissant les mains afin que Lucy s'arrête. Réalisant qu'elle n'était plus seule, Lucy s'accrocha désespérément au regard de Cana, comme une perche lui tendait. Elle s'agrippa à ses épaules, se retenant difficilement de pleurer sous le poids de la charge émotionnelle.

Cana – Je suis désolée Lucy, tout est de ma faute.

Lucy – Non, bien sûr que non. Rien n'a jamais été de ta faute. Tout vient de moi.

La peine avait gelée son cœur, le surplus d'émotions de ses dernières semaines remontant en elle comme une lame qui brûlait chaque partie de son corps.

Lucy – Cana... A cause de moi, j'ai fait du mal à nos compagnons, à Tahori… Ici… Et Plue, j'ai été si négligente... Cana, en mission, ils ont été obligés de...de faire un bûcher. Je leur ai imposé ça et en plus, la clef de Plue est brisée... J'ai perdu lamentablement contre Zeref... Je n'ai plus rien... Plus rien.

Elle essayait de s'exprimer, entre deux sanglots, lâchant complément prise dans les bras de son amie. Sous pression constante, Lucy se perdit dans un flot de larme, se retrouvant désormais sans filtre, sans barrière, perdant le contrôle de tout ce qu'elle avait construit jusque-là.

Son amie s'enfonçait dans le chagrin, laissant Cana démunie devant cette descente aux enfers qu'elle ne pouvait contrôler. Elle voulait lui dire qu'elle était là, qu'elle n'était pas sans rien, mais elle savait que ce n'était pas ce à quoi Lucy faisait allusion. Cana connaissait très bien les objectifs de Lucy et celle-ci venait tout perdre en l'espace de quelques jours. Se désolant de voir son amie ainsi, elle enlaça Lucy, la serrant très fort dans ses bras.

Cana – On est là, nous. On va trouver une solution, ne t'inquiète pas.


Bonsoir, bonsoir !

C'est avec plaisir que je publie enfin la suite. J'ai looooongtemps tergiversé sur la question de scinder ou non ces deux chapitres et alors qu'il y a 24h je pensais tout publier en un, j'ai finalement changé d'avis. Mais je ne vous ai pas fait l'affront d'attendre pour publier le deuxième chapitre.

Je suis doublement heureuse car mes statistiques sont enfin revenues ! ça fait du bien au moral :) surtout que j'ai aussi publié tardivement car j'ai rencontré des problèmes de publications sur le site il y a deux semaines, problèmes qui touche également d'autres auteurs pour en avoir parlé avec eux.

Bref, bonne lecture et n'hésitez pas à donner votre avis, ça fait toujours plaisir !

...

Ah, et puis bonne année à tous ;)