Note de l'auteure: Cette fois, je vous gâte mes chères lectrices et chers lecteurs! Cette fois je vous offre PLUSIEURS chapitres car je ne tiens plus en place! J'ai trop hâte de lire la surprise dans vos reviews lorsque vous allez découvrir l'identité de mon Élu(e?) de l'Eau!

Chapitre 7

Dans une taverne à Plessis-lèz-Tours, en France, un mois plus tôt.

Philippe de Châteaupers n'est pas tranquille.

Ayant participé au Siège de Beauvais, le troisième fils de Joseph et d'Amélie a su aiguiser son instinct et son sens de l'analyse où avec Phoebus il avait vaillamment combattu.

Cette expérience leur avait permis de solidifier leur lien si rare de jumeaux, bien qu'ils se trouvaient dans des postes opposés, mais aussi de monter en grade. Et de retrouver bien malgré eux l'assassin de Constance quelques temps plus tard.

Que voulait-il dire par "It was Mrs Hell who handed me the torch!" (1)?

-He ben, Châteaupers! Tu en tires une tête, gamin!

Battant des paupières, Philippe redresse la tête vers son supérieur, lui adressant un sourire d'excuse tout en acceptant la choppe de bière qu'il lui tend.

L'homme qui lui fait face a le double de son âge, le regard bleu-gris où brille la joie de vivre et la fierté d'être soldat sous les ordres de Louis XI pour des cheveux blonds grisonnant par endroits

Contrairement à celui de Phoebus, le sien est beaucoup plus amical avec ses hommes qu'il appelle affectueusement ses gamins.

Son nom? Hilaire du Motier de La Fayette (2).

À seulement 25 ans les jumeaux de Châteaupers ont été promu Lieutenants en recevant la Croix de Chevalier de l'Ordre de Saint-Louis (3) par les mains du Roi Louis XI en personne fait la fierté familiale, mais les jumeaux se virent très vite séparés par ordre du Roi. Cela fait un an qu'ils se sont quittés en mauvais terme, mais sans pouvoir se l'expliquer Philippe sait que Phebus va bien.

Son lien avec son jumeau leur permet de savoir quand l'autre va bien ou mal. Et ce depuis qu'ils sont en âge de parler.

Si lui reste sur le sol français, ce n'est pas le cas pour Phebus qui est parti Dieu seul sait où. Ce secret de la part de son jumeau avait été la source de leur deuxième grosse dispute.

-Tout va bien, Capitaine. s'exprime-t-il. Je réfléchissais.

-À propos de Tom Rolfe (4)?

Surpris, Philippe regarde son supérieur avec un pauvre sourire.

-Je suis si transparent que ça?

-Disons que je commence à bien te connaître. répond Hilaire avec un clin d'œil. Dis-moi.

Pendant une heure, Philippe met des mots sur son ressenti. Que leur découverte à son jumeau et lui-même du meurtrier des employées de Monsieur Bertin était trop facile, de même que les aveux de l'ignoble individu dans un mélange de français et d'anglais. Du moins de ce que lui a expliqué le bourreau Renard.

-Comprenez-vous ce que veut dire "It was Lady Hell who handed me the torch" ?

Bon, je sais très bien ce que ça veut dire, mais autant garder mes racines anglaises encore un peu secrètes.

Le visage jusque-là avenant du Capitaine de La Fayette fait place à un visage grave, presque sombre. Inquiétant Philippe qui sent qu'il ne va pas aimer la réponse, son estomac se nouant désagréablement.

Après un long silence à couper au couteau, les deux hommes ayant terminé leur choppe respective sortent de l'établissement, leur cheval à leurs talons. Seul bruit aux alentours.

-Tu dois savoir que Lady Hell n'est pas n'importe qui. prend la parole Gilbert. Bien qu'ayant perdu sa fortune en même temps que sa renommée de Styliste de notre défunte Reine Marguerite, elle n'en reste pas moins une femme dangereuse.

-Que voulez-vous dire Capitaine?

-J'ai entendu dire qu'elle aurait sacrifié son fils unique au Malin pour retrouver sa gloire et fortune perdues. Comme j'ai entendu dire que le Prêtre de Châteaupers souffre toujours de ses brûlures aux mains. Un cousin à toi?

-Mon frère aîné. corrige Philippe, étonné d'apprendre que des gens soient au courant des blessures de son grand frère.

Si Hilaire se questionne sur le nombre d'enfants que le Ministre Joseph de Châteaupers a, il ne le formule pas à voix haute.

Arrivés d'une fontaine éclairée par la pleine lune, les deux militaires laissent leur monture boire.

-Bref. reprend Hilaire en sortant un rouleau de parchemin de sa ceinture. Tout ça pour te dire que j'en ai parlé à Sa Majesté qui est d'accord pour t'envoyer sur le sol anglais pour l'interroger.

-C'est vrai? sourit Philippe en prenant le parchemin qu'il glisse dans sa ceinture. Oh, merci beaucoup Capitaine!

Dans d'autres circonstances Hilaire aurait sourit, mais pas ce soir. C'est avec un mauvais pressentiment au cœur qu'il voit son lieutenant parler à sa monture qui en hennit de joie.

Le lendemain matin voit Philippe quitter la France pour l'Angleterre.

Il lui faut deux semaines pour arriver à bon port où il débarque, son cheval le suivant docilement derrière, le teint vert dû à sa découverte comme quoi il n'a pas le pied marin.

-Monsieur de Châteaupers?

En entendant son nom, Philippe tourne la tête pour voir un gamin de l'âge de sa sœur Christ'. Ce dernier lui explique dans un très mauvais français qu'il a reçu la mission de le guider jusqu'à Hell Castel.

Le trajet se fait en silence, Philippe ayant bien remarqué que le gamin est terrifié lorsqu'il avait voulu avoir des détails sur Lady Hell.

Après deux heures de chevauchée et un repas dans une auberge, Philippe s'aperçoit que le temps change. Que d'ensoleillé le temps se couvre. Comme il n'y a pas d'habitations aux alentours...jusqu'à ce qu'il arrive devant la grille en fer forgé d'une bâtisse sombre. l'enfant ayant refusé de faire le reste du trajet, totalement terrifié.

Mal à l'aise, la monture de Philippe recule de quelques pas.

-Oh, doucement, ma belle!

Hennissant de peur, la jument de Philippe tente par tous les moyens de faire marche arrière, mais Philippe tient bon.

Après bien des efforts pour calmer son cheval, Philippe se retrouve à terre, regardant ce dernier s'enfuir à brides abattues.

-Andromaque! l'appelle-t-il en tendant la main. Attends! Andromaque!

Seul un hennissement de terreur lui répond au loin.

-Est-ce que tout va bien, Monsieur?

Tournant la tête vers la voix, Philippe voit de l'autre côté de la grille un homme d'une soixantaine d'années.

Un domestique. reconnaît-il sans mal.

Se relevant tout en se dépoussiérant, Philippe se présente dans un parfait anglais.

-Suivez-moi Monsieur de Châteaupers.

C'est ce que fait Philippe qui reconnaît en son fort intérieur ne pas être à l'aise à chaque pas qui le rapproche de la sombre bâtisse.

Si l'extérieur donne des frissons, l'intérieur n'est pas plus chaleureux. Lui donnant la sensation d'être à nouveau un petit garçon qui prendrait bien ses jambes à son cou pour s'enfuir le plus loin possible, mais il ne le fait pas.

Philippe s'est juré durant le voyage qu'il trouverait l'assassin de la fiancée d'Abraham et des collègues de cette dernière.

Partout où il pose les yeux, Philippe se sent mal. Regrettant la demeure familiale qui, bien que plus petite comparé à Hell Castel, est un endroit où il fait bon vivre.

Le domestique répondant au nom d'Edgar Balthazar (5) le conduit au Petit Salon.

Partout où il pose les yeux, Philippe sent son malaise augmenter. Il a la vague impression que Hell Castel devait être un endroit où bon vivre autrefois...lorsque la bâtisse ne s'appelait pas ainsi.

-Milady? Lord Châteaupers est là.

Philippe a bien tenté d'expliquer au domestique qu'il peut l'appeler par son titre de soldat, qu'il ne deviendra le chef de sa famille que s'il devait arriver malheur à son père et ses deux grands frères, chose qu'il ne souhaite pas. En vain.

C'est une femme squelettique au regard vert, les cheveux noirs d'un côté et blancs de l'autre, portant en guise de boucles d'oreilles deux grosses pierres vertes pâles, est vêtue d'une robe rouge qui lève la tête d'un livre volumineux pour la tourner dans sa direction.

Est-ce son apparence? Ou bien l'étrange éclat qui fait briller un bref instant les yeux de la femme? Philippe l'ignore, mais son malaise augmente davantage.

-Entrez Lieutenant. l'invite-t-elle à entrer puis donnant un ordre au vieil homme. Edgar, allez nous chercher de la cervoise!

-Bien, Milady. s'incline l'appelé.

Lorsque le domestique les laisse seuls, Philippe s'avance vers son hôtesse pour lui baiser la main. Main que la Dame lui a tendu sans quitter son fauteuil.

-Alors Lieutenant? lui sourit sa vis-à-vis, charmeuse. D'après un courrier de Sa Majesté Édouard IV, vous souhaitez m'interroger?

-Oui, Madame. acquiesce Philippe.

-Voyons! Ne restez pas debout! Installez-vous.

D'un geste de la main qui se veut gracieux, Lady d'Enfer lui désigne un fauteuil faisant face au sien, une petite table basse les séparant.

Obéissant à son hôtesse, Philippe prend place tout en faisant attention à ce que son épée ne soit pas une gêne.

À peine est-il installé que son malaise augmente lorsque son regard tombe sur la gravure du livre que tient Lady d'Enfer sur ses genoux.

Une tête cornue au regard fendu qui sourit, montrant une rangée de crocs aiguisés comme des poignards, alors que dans son dos se déploient d'immenses ailes de chauve-souris.

Un mot traverse l'esprit de Philippe à cet instant précis:

-Chernabog...

Il se souvient des histoires que sa mère leur racontait à Phebus et lui-même sur l'importance de croire et de respecter Mère-Nature et les différents Esprits bienveillants, comme elle insistait sur le fait que si quelqu'un fait de mauvaises choses qui va à l'encontre des préceptes de Mère-Nature cette personne se verra entrer en contact avec Chernabog qui proposera un accord.

-Ce sont les êtres les plus vils, à l'âme la plus sombre, qui peuvent communiquer avec le Malin. Ces êtres malveillants verront leurs vœux exaucés, si vous en croisez un, faites très attention à vous. les mettait-elle en garde.

Elle terminait ses histoires en racontant les exploits des Cinq Gardiens contre le Croquemitaine. Tout en assistant sur l'importance de croire en eux à n'importe quel moment de leur vie.

Cruella a parfaitement entendu le murmure du soldat face à elle. D'aimable son visage prend un air dangereux.

-Vous ne deviez pas comprendre cela.

Battant des paupières, Philippe voit le changement sur le visage de son hôtesse.

-Plaît-il? demande-t-il.

-D'où connaissez-vous le nom de Chernabog?

Le sentiment de danger augmente, mais Philippe ne montre rien de son trouble.

L'arrivée d'Edgar lui accorde quelques minutes de répit puisqu'il dépose un plateau où se trouve deux choppes et quelques scones fraîchement sortis du four. La principale gourmandise de Philippe. Merci Mamie Lilibet (6).

Il ne faut que quelques minutes à Edgar pour servir sa maîtresse et le militaire.

-Disposez! congédie Cruella d'une voix sèche.

C'est dans un silence à couper au couteau que Philippe et Cruella s'alimentent.

Restant sur ses gardes, Philippe est attiré par la cheminée. Ou plus exactement par le portrait géant qui s'y trouve.

Y est représentée Lady Hell, son mari et un jeune garçon semblant âgé entre 13 et 17 ans au regard triste, les cheveux roux, ses parents ayant chacun une main sur chacune de ses épaules. Tous trois sont vêtus de rouge.

-Il s'agit de mes regrettés mari et fils, Jack (7) et Thomas (8). prend la parole Lady Hell.

Tournant la tête vers son hôtesse, Philippe ne sait si la Lady cherche à détourner son attention ou si elle cherche à se confier, mais quelque soit la réponse elle poursuit, le visage inexpressif, une main sur le cœur, la tête levée vers la toile.

-Ils ont tous les deux péris le même jour. Mon fils n'avait que 13 ans lorsqu'il a été retrouvé égorgé dans une ruelle alors que mon tendre mari venait de rendre son dernier soupir le matin-même après une longue maladie.

-Je compatis à votre chagrin, Lady Hell. s'exprime Philippe, sincèrement touché par la double perte de son hôtesse.

Un petit silence s'installe jusqu'à que Cruella lui repose la même question :

-D'où connaissez-vous le nom de Chernabog?

-Je suis à moitié Northuldra. est la réponse spontanée de Philippe.

Étonné de sa réponse qu'il ne souhaitait pas formuler ainsi, Philippe en lâche sa choppe qui tombe à terre, éclatant en morceaux.

Le bruit ne fait pas sursauter la Lady qui tourne la tête vers lui, un éclat de ravissement dans les yeux tout en reprenant sa place :

-Drôlement efficace, n'est-ce pas?

-Que...qu'avez-vous mis dans ma boisson?

Cruella lui sourit. Un sourire froid, les yeux brillants de victoire en lui montrant un minuscule flacon rempli d'un liquide rosé.

-Ceci s'appelle du Veritaserum.

Ayant toujours eu des difficultés à apprendre le latin, Philippe comprend néanmoins que le nom du produit est proche de "Vérité".

La tête lourde, Philippe porte ses mains à ses tempes, essayant de s'éclaircir les idées.

-Cette potion est une merveille! minaude Cruella. D'après ce livre elle force les gens à dire toute la vérité après l'avoir bue.

Par contre il n'était pas écrit que les buveurs se sentiraient mal. songe-t-elle en voyant le visage de son vis-à-vis être victime de maux de tête. Bah! Quelle importance?

Pendant une heure Cruella interroge Philippe qui répond honnêtement à toutes les questions posées.

C'est ainsi que Cruella apprend que la venue de Philippe sur le sol anglais est qu'il voulait l'arrêter et la conduire devant la justice française pour rendre justice à celle qui aurait dû devenir Madame Constance de Châteaupers.

Elle apprend aussi que Philippe croit en Mère Nature et que son Gardien favori est le Lapin de Pâques. Ce qui la fait rire aux éclats.

-Oooh, Lieutenant! rit-elle. Croire à l'existence d'Esprits protecteurs à votre âge? C'est tellement pathétique!

Si Philippe est obligé de dire la vérité, il parvient à faire parler son interlocutrice.

Il apprend qu'elle a eu la visite d'une mystérieuse jeune fille qui lui a parlé de Chernabog quelques années auparavant alors qu'elle était sans le sou. Et qui lui a remis l'ouvrage qu'il a vu tout à l'heure.

-Grâce à cette fille j'ai pu retrouvé ma renommée perdue! Je suis à nouveau sur toutes les lèvres comme la meilleure styliste!

Il apprend que le feu utilisé pour tuer les employées de Bertin n'est pas un feu ordinaire, mais un feu magique. Issu de la magie noire.

Ayant à nouveau les idées claires, Philippe se lève, son épée en main.

-Cruella d'Enfer, au nom du Roi Louis XI de France je vous arrête pour les meurtres de Constance Doigfées, Claudine Tempête, Anne-Marie et Sophie Du..

Se retournant vivement, le visage marqué par la colère, Cruella le foudroie des yeux pour ensuite lui lancer une boule de feu, mais un étrange feu de couleur noir et vert.

D'un bond, Philippe se retourne pour s'élancer par-dessus son siège...évitant l'attaque qui embrasse le meuble.

Se remettant debout, Philippe esquive les boules de feu que fait apparaître Cruella dans le creux de ses mains.

-Quelle est cette sorcellerie?! s'exclame-t-il au comble de la surprise.

-Je refuse de pourrir dans l'une de vos prisons! Bertin n'aurait jamais dû me voler ma place! Vous entendez Lieutenant!?

Profitant de la rage de son assaillante, Philippe en profite pour l'interroger, remerciant son étoile d'avoir laissé son armure à l'auberge.

-Qui est Tom Rolfe pour vous?

-Ce crétin n'a écouté que sa vengeance alors que je l'avais payé pour faire rôtir Bertin!

Ce n'est pas vraiment la réponse que voulait Philippe, mais elle lui permet de mieux comprendre les dernières paroles de Rolfe.

Folle de rage, Cruella court vers un pan de mur à sa droite où elle décroche une épée.

-En garde, Lieutenant!

S'élançant vers son adversaire, le regard fou, Cruella assaille Philippe de différents coups. Coups qu'évite habillement le jumeau de Phébus, mais il n'hésite pas à attaquer.

Le feu se propage lentement, mais sûrement.

Ni Philippe ni Cruella ne le voient, concentrés par leur affrontement à l'épée.

Par moments Cruella utilise son feu, lançant une boule de feu contre son adversaires qui est obligé de se jeter à terre ou de se cacher derrière un meuble assez haut en guise de bouclier pour éviter de se prendre l'attaque en pleine face.

Philippe tente de faire entendre raison à Cruella en lui disant que Chernabog n'est pas la bonne divinité, que si elle avoue ses crimes devant Sa Majesté Louis XI et Mère-Nature il lui promet un emprisonnement doux. En vain.

La température augmente au fil des minutes, faisant transpirer les deux opposants.

Philippe ne comprend pas comment Cruella peut manipuler le feu sans se brûler, il a le sentiment que l'ouvrage que lisait son assaillante est la clé.

Comme il espère que les domestiques aient pu s'enfuir à temps.

Une légère douleur à la joue gauche le ramène sur la terre ferme, le faisant rouler sur le côté, mais alors qu'il a un genou à terre, il sent la pointe de la lame de son assaillante à quelques millimètres de sa pomme d'Adam.

-Alors? sourit Cruella, une boule de feu dans la main gauche. Vous comprenez mieux pourquoi Chernabog est mieux que cette Mère Nature de pacotille?

-Vous êtes folle! s'exclame Philippe. Chernabog représente le Mal dans toute son horreur! Il est encore temps de cesser cette folie!

-Vous n'êtes qu'un pathétique humain, que dis-je, un chien qui obéit aveuglément aux préceptes d'une divinité sans visage!

Philippe est obligé de reconnaître que Cruella n'a pas tort, bien qu'elle se trompe de cible. À 12 ans, il a cessé de se rendre à l'église car il essaie de se montrer digne de Mère Nature, ayant prétendu à son père qu'il est devenu athé.

D'un habile tour de jambes, Philippe parvient à reprendre le dessus, mais Cruella ne se laisse pas faire.

Il devient difficile pour Philippe de combattre, la température le fait transpirer alors que la fumée lui donne des difficultés à respirer.

Depuis combien de temps combattent-ils? Aucun des deux n'a la réponse.

Le reste est indistinct, mais jamais Philippe ne pourra oublier comment a péri Cruella.

Il la revoit, deux grosses boules de feu dans chaque main, s'avançant vers lui après qu'elle ait réussi à le désarmer et après l'avoir blessé au bras droit, prête à les lui lancer.

C'est l'odeur de chair brûlée qui attira leur attention. Alors que Cruella voulait lui lancer ses boules c'est avec stupeur qu'elle avait constaté qu'elle n'arrivait plus à les décoller!

La voir mourir brûlée est un spectacle qu'il aurait souhaité ne jamais voir...

Où a-t-il puisé la force de se relever? Il l'ignore, mais c'est le toucher de quelque chose d'humide sur sa joue et de quelque chose de doux sur sa joue intacte qui le tire du trou noir.

Difficilement, il ouvre les yeux pour plonger son regard noisette dans deux paires d'yeux. La première est vert émeraude alors que la seconde, sombre, appartient à sa jument.

Sa vision est floue, mais Philippe a l'impression que son interlocuteur a le visage recouvert de poils bleu-gris

-Hé, gamin! Respire!

Comme ordonné, Philippe respire un grand coup pour ensuite se mettre à tousser violemment.

-Qui...? murmure-t-il. Un vieil ami.

-Un ami, gamin. lui sourit son interlocuteur.

Le reste est flou dans sa mémoire, il est incapable de dire comment il a pu retourner au port. C'est le médecin personnel du Capitaine le ramenant en France qui s'est occupé de lui.

À son second réveil il se trouve dans sa chambre d'enfant, son père profondément endormi à son chevet.

Il faudra attendre bien des années avant que ses ses brûlures et celles d'Abraham ne cicatrisent tout à fait...


Royaume d'Arendelle après les aventures de Philippe

Agnarr est debout sur le balcon de sa chambre, réfléchissant.

He ben...quel sérieux, petit Agnarr! se manifeste Vent. Qu'est-ce qui te tracasse?

Battant des paupières en sentant ses cheveux être la proie du meilleur ami de sa femme, Agnarr adresse un petit sourire à l'Esprit invisible.

-Tout va bien, Vent. De simples tracas d'humains.

💧 C'est à propos de ton père?💧 reprend l'Esprit.

Devant la surprise de son interlocuteur, Vent explique que c'est Iduna qui lui en a parlé...et qu'il connaît l'assassin.

Muet par la surprise, le Roi d'Arendelle se sent mal lorsque Vent lui raconte que c'est lui qui a poussé le Roi Runeard après qu'il ait tué le prédécesseur et mari de Yelena*.

💧 Ton père a fait beaucoup de mal, tu sais?💧 s'explique Vent. 💧 Yelena et ton ami militaire t'ont expliqué la menace que représentait le pont. N'as-tu pas ordonné sa démolition peu après la disparition de la Brume?💧

Muet, les jambes tremblantes, le visage ravagé par le chagrin, de grosses larmes roulant sur ses joues, Agnarr tombe à genoux.

💧 Je... 💧 hésite Vent avant de se raviser. 💧 Je m'en vais.💧

C'est ce qu'il fait.

Combien de temps Agnarr reste-t-il seul avec son chagrin? Il l'ignore, mais lorsque Iduna voit son mari à genoux, elle le prend tendrement dans ses bras, l'écoutant lui révéler la confession de Vent.

Plus tôt dans l'après-midi Agnarr avait tenté de réconforter Améthyste, mais si ce dernier avait su retrouver contenance il n'avait pas répondu aux questions du père d'Elsa et d'Anna. Et encore moins à celles des autres.

Améthyste s'était rendu au cœur de la forêt, assez loin de la tribu des Northuldra et de l'endroit où s'est installée la Cour des Miracles.

Adossé contre le tronc puissant d'un arbre plus que centenaire, Améthyste ne voit pas le temps qui passe, ni la lumière blafarde de l'astre lunaire l'envelopper après que la lune ait chassé les nuages.

✵Tu es bien triste, petit.✵

Sans faire le moindre geste montrant qu'il l'entend, Améthyste laisse l'Homme de la Lune lui parler.

✵Tuer cet homme était nécessaire, bien que l'acte en lui-même te répugne. Tu le sais?✵

Améthyste ne bouge pas, mais l'Homme de la Lune sait que son vis-à-vis l'entend malgré son choc.

✵Les Anciens se sont trompés sur ton compte et bien que tu aies changé quelques faits grâce à ta venue dans le passé ta mission ne fait que commencer. N'aie pas peur de demander de l'aide. Si pas à tes amis, demande-la aux Gardiens.✵

Pendant une fraction de secondes, Améthyste imagine North, Fée, Sable, Jack et Bunny tuant un être humain. N'importe quoi...ils représentent l'Espoir. Non, il n'y a que moi pour mener à bien cette mission. Moi seul...

✵Ta mission est un bien trop lourd fardeau pour tes jeunes épaules. Vas demander de l'aide.✵

Améthyste ne bouge toujours pas, ni ne prononce un mot, le regard toujours hagard, laissant le vent jouer avec ses cheveux.

✵Améthyste?✵ s'inquiète l'Homme de la Lune.

Au lieu de répondre, Améthyste se met à chanter:

Distant moon, so big and bright
(Lune lointaine, si grande et brillante)

Cette chanson vient naturellement à Améthyste.

Softest silver glowing through the night

(L'argent le plus doux qui brille dans la nuit)

Enfant, Améthyste attendait avec impatience la nuit car il adorait regarder la lune.

High atop, the mountain gold

(Au sommet, l'or de la montagne)

Quelque soit la forme que prenait l'astre argenté, Améthyste en était émerveillé.

Sun unseen, the world is cold

(Soleil invisible, le monde est froid)

Pleine, Nouvelle, Premier Croissant, Dernier Croissant, Lune Gibbeuse ou autre, pour Améthyste c'était un spectacle dont il ne se lassait jamais.

Here I wait, and here I stand

(Ici j'attends, et ici je me tiens)

Lorsqu'il est devenu un voyou, Améthyste n'a jamais oublié ses rendez-vous avec la lune.

Early morning northern hour hand

(Aiguille des heures du Nord tôt le matin)

Avant aujourd'hui l'Homme de la Lune ne lui a jamais adressé la parole.

Studying in solitude

(Étudier dans la solitude)

Si enfant, ce silence le blessait, aujourd'hui Améthyste ne sait pas quoi en penser.

Looking for a hidden clue

(À la recherche d'un indice caché)

Cet indice pourrait le conduire au repaire de Chernabog. À savoir au Mont Chauve.

I wish to see this world through my own eyes
(Je souhaite voir ce monde à travers mes propres yeux)

L'autre passion d'Améthyste était d'en apprendre davantage sur la Troupe Bénie et leurs familles.

To calm the elders and silence their cries

(Pour calmer les Anciens et faire taire leurs cris)

Les Invocateurs ou les Anciens, si on veut leur montrer du respect, sont ceux qui ont établis les règles à l'époque d'Améthyste.

C'est eux qui avaient déclarés qu'il serait un poids mort pour ses parents.

Because of you, I now gaze up and sing

(À cause de toi, je lève maintenant les yeux et je chante)

The lullaby of the moon

Ce n'est que six mois avant la destruction de son monde qu'Améthyste avait surpris une conversation entre les Anciens et ses parents comme quoi c'est lui l'Élu.

Found at last, I steal away

(Trouvé enfin, je m'envole)

Cette révélation lui avait causé un tel choc qu'il n'avait pas su en parler à Raip'.

Moving faster through the silent shade

(Se déplaçant plus rapidement à travers l'ombre silencieuse)

Depuis qu'il connaît son don de thérianthropie, Améthyste a appris à se déplacer aussi silencieusement qu'un chat.

Sea of stars, like flowers bloom

(Mer d'étoiles, comme les fleurs s'épanouissent)

L'image des epiphyllums à large feuilles en train d'éclore lui revient en tête.

Ces fleurs qui étaient les préférées de Raip' et de leur mère.

Looking for the hidden tomb

(À la recherche du tombeau caché)

Plus exactement la cachette de Chernabog. songe-t-il.

Here I found the crescent blade

(Ici j'ai trouvé la lame du croissant)

Comme pour illustrer ses paroles, des paillettes de lune se déposent sur les genoux d'Améthyste qui prend doucement forme.

Forged by Rakkor, surely lunar made

(Forgé par Rakkor, sûrement de fabrication lunaire)

Rakkor est le nom qu'Améthyste et ses amis ont donné à l'Homme de la Lune.

Shining down, upon the Earth

(Brillant vers le bas, sur la Terre)

Une minute s'écoule lorsque apparaît un chakram.

Now they'll see, I'll prove my worth

(Maintenant ils verront, je prouverai ma valeur)

Comme si ces mots avaient un effet magique, les yeux d'Améthyste reprennent vie.

I wish to see this world through my own eyes

(Je souhaite voir ce monde à travers mes propres yeux)

L'un de mes rêves s'est réalisé, mais à quel prix?

To calm the elders and silence their cries

(Pour calmer les Anciens et faire taire leurs cris)

J'espère que mon arrivée dans le passé va changé les choses! Si possible dans le bon sens!

Because of you, I now gaze up and sing

(À cause de toi, je lève maintenant les yeux et je chante)

The lullaby of the moon

Papa...maman. Êtes-vous fiers de moi?

Condemned me to death

(M'a condamné à mort)

J'ai peur de mourir, mais si c'est le prix à payer.

With my last breath

(Avec mon dernier souffle)

Alors...

Sorrow and anger

(Chagrin et colère)

Je le paierais.

Fill my head

(Remplissent ma tête)

Se souvenant de l'arrivée de Klaus à l'anniversaire des trois Sœurs Sacrées, d'Elsa et de Christine, Améthyste sent la colère faire bouillir son sang comme un fou alors que la dernière image qu'il a de Raip' et de leurs parents lui fait monter les larmes de chagrin aux yeux.

Distant moon, so big and bright

(Lune lointaine, si grande et brillante)

Mère Nature...pourquoi m'avez-vous choisi? songe-t-il en levant la tête vers l'astre argenté.

Softest silver glowing through the night

(L'argent le plus doux qui brille dans la nuit)

Mais surtout…

High atop, the mountain gold

(Au sommet, l'or de la montagne)

Pourquoi?

Sun unseen, the world is cold

(Soleil invisible, le monde est froid)

Oui, pourquoi Klaus me haït-il?

Now I know my chosen path

(Maintenant je connais le chemin que j'ai choisi)

Je ferais de mon mieux pour empêcher les Ténèbres de prendre possession de la Terre.

Higher calling they will know my wrath

(Appel supérieur, ils connaîtront ma colère)

Attrapant l'arme, Améthyste se lève d'un bond.

Raise my relic blade

(Lève ma lame relique)

Levant son bras armé, les yeux d'Améthyste luisent de détermination.

I will not be swayed

(Je ne serai pas influencé)

L'Homme de la Lune sourit, soulagé, bien que peiné vis-à-vis de son plus grand fan.

With the might of the moon by my side

(Avec la puissance de la lune à mes côtés)

Où que tu te caches, Chernabog, sache que j'empêcherais tes fidèles de te rendre ta réelle puissance!


Quelque part à Chambord, le même jour.

Une femme regarde sans le voir le soleil faire place à la lune par la fenêtre.

La pièce dans laquelle elle se trouve est une modeste chambre éclairée par endroits de chandeliers allumés.

À 30 ans, la femme est belle malgré la tristesse qui marque ses traits et son châle de deuil. Cependant ce qui surprend est l'étrange fauteuil (9) dans lequel elle est assisse.

-Quasimodo...murmure-t-elle, une cascade de larmes dévalant ses joues. Mon bébé...

FLASH-BACK :

La vie dans Notre-Dame est triste.

Oh, elle mesure sa chance d'être encore en vie, de même que son fils, mais Manolo et la vie de dehors lui manquent.

Danser aussi lui manque.

Détournant la tête, elle sourit en voyant que son bien le plus précieux dort profondément.

Contrairement à son père et à elle-même son fils a hérité du physique de son grand-père paternel, d'elle il a hérité son regard clair.

L'Archidiacre et le Juge Frollo sont ses seuls visiteurs.

Autant le premier tente à lui seul, malgré son emploi du temps chargé, de lui apporter des vêtements, de la nourriture et de quoi s'occuper à défaut de savoir lire. Tout pour la distraire et l'aider à alléger son morne quotidien.

Pour sa toilette, il a engagé une femme de son âge au regard aussi vert que celui de Ruben pour des cheveux blonds coiffés en une couronne-tresse...vêtue d'habits d'homme!

Son nom? Isabeau Renard.

Quant à Frollo...il prend plaisir à lui rappeler son prochain départ. Et la perte de ses jambes.

Isabeau lui avait posé des questions, mais jamais elle ne s'était moquée d'elle et de son infortune. Comme elle n'avait pas été dégoûtée par le physique de son fils.

Surprise, oui. Curieuse? Totalement. Mais pas horrifiée.

Lorsqu'elle avait répondu à toutes les questions d'Isabeau, cette dernière lui avait même avoué que son fils de 3 ans avait les deux pieds bot depuis sa naissance, mais que contrairement à d'autres époux le sien avait pris sa défense et ne l'avait pas répudiée.

Au fur et à mesure que le temps passait les deux femmes étaient devenues amies.

Lorsque son fils eut deux ans et se montrait capable de marcher seul, Frollo était venu le lui arracher alors qu'avec Isabeau elles avaient tenté de rallonger l'inévitable.

Comme promis, le Juge l'avait chassé de Notre-Dame, une chaude nuit d'avril, mais Mère-Nature merci Isabeau et son mari étaient là.

C'est eux qui l'ont pris avec eux alors qu'elle se débattait comme un beau diable dans les bras de Gilles Renard pour récupérer son fils, hurlant et pleurant sa douleur comme un animal blessé.

FIN FLASH-BACK :

Aujourd'hui 11 ans se sont écoulés depuis cette horrible nuit.

Vivre avec la famille Renard est quelque chose dont elle ne remerciera jamais assez Mère-Nature.

Certes, elle ne s'attendait pas à ce qu'Isabeau et deux de ses enfants décèdent de maladie quelques années plus tard, mais Gilles, elle-même et la petite Dina n'avaient pas attrapé la maladie.

En grandissant, Dina faisait la fierté de son père. Et la sienne, bien qu'elle n'aimait pas trop imaginer en quoi constituait le travail de sa filleule.

-Maman Carmen? Est-ce que tout va bien?

Détournant la tête de la fenêtre pour la tourner vers sa visiteuse, l'appelée lui sourit.

-Tout va bien, ma chérie.

La visiteuse de Carmen n'est nulle autre que Dina, portrait craché de sa défunte mère. La seule exception est l'azur de son regard qu'elle a hérité de son père.

Pas encore âgée de 12 ans, la jeune fille va bientôt être présentée au Roi Louis XI et bien qu'elle affiche un air suffisant, Carmen la connaît assez bien pour deviner qu'elle a peur.

Ouvrant les bras dans une invitation silencieuse, Carmen enlace tendrement Dina qui s'est installée sur ses genoux, se blottissant comme lorsqu'elle était petite fille.

Avec douceur, Carmen se met à caresser les cheveux de la jeune fille tout en entonnant le chant favori de cette dernière "La Llorona" (10).

Bien que ne comprenant pas l'espagnol, Dina adore ce chant. Elle le sent triste car n'avait-elle pas surpris sa marraine à le chanter un soir où elle n'arrivait pas à dormir?

-Je suis sûre qu'un jour Quasi' et toi serez à nouveau réunis. murmure doucement Dina en tentant d'étouffer un bâillement.

-Que Mère Nature t'entende, ma chérie. murmure Carmen. Que Mère Nature t'entende...

Au seuil de la porte se tient Gilles Renard qui observe de son regard bleu clair les deux femmes les plus importantes de sa vie.

Car oui, Carmen est depuis quatre ans reconnue comme la nouvelle Madame Renard, mais il n'y a pas d'Amour entre Carmen et Gilles, fidèles à leur époux et femme défunts.

Carmen porte un haut vert et jaune°, une jupe° et des chaussures mauves, portant un châle noir sur les épaules, parée de ses éternels bijoux gitans.

Fait exceptionnel pour qui connaît la famille Renard, Dina porte une robe, verte, mais Gilles sait que sitôt que sa fille sera présentée à Louis XI et reconnue comme son héritière qu'elle portera à nouveau une tunique et un pantalon.

Isabeau, je te renouvelle ma promesse: Dina deviendra quelqu'un, comme j'aiderais Carmen à retrouver son fils.


Lorsque je retourne à mes appartements en ayant pris l'apparence d'un binturong et que j'ai repris forme humaine, ma nouvelle arme posée sur mon bureau et mon haut retiré, j'entends des pleurs de bébé.

Étonné d'entendre Esmeraldo pleurer, je sors de ma chambre pour me rendre dans celle de sa mère, mais chemin faisant je ne vois aucun adulte.

Arrivé dans la chambre, je vois Elsa et Esmeralda qui courent vers moi, le visage inquiet. La première tenant Esmeraldo dans ses bras.

-Améthyste! s'écrient-elles en chœur. Tu es revenu!

Surpris de les voir dans la chambre de Rubis, je pose un genou à terre pour prendre Esmeraldo dans mes bras, le calant contre mon torse tout en lui murmurant des paroles réconfortantes.

Lorsque Esmeraldo se calme, je reporte mon attention sur les filles qui sont collées étroitement l'une à l'autre.

-Les filles? les appelle-je d'une voix douce. Que se passe-t-il? Où sont les adultes?

Je ne demande pas où sont Yelena, Honeymaren, Ryder et leur père qui doivent être de retour dans leur tribu.

-Une épidémie de grippe sévit parmi la population. explique, inquiète, Elsa.

-Maman a demandé aux autres leur aide après s'être assuré qu'ils ne risquaient rien. reprend Esmeralda.

-Et ça fait longtemps? demande-je en fronçant des sourcils.

-Trois heures avant ton retour. acquiescent les deux cousines. Il ne va rien leur arriver?

-Je ne sais pas les filles. répond-je avec honnêteté. Je l'espère de tout cœur.

Me redressant, je propose aux filles d'aller dans la chambre d'Elsa et d'Anna où j'ai le soulagement de voir Anna et Christine profondément endormies dans le lit de la première.

M'asseyant sur le lit d'Elsa en gardant Esmeraldo dans mes bras, j'écoute les filles me raconter leur journée ce qui m'aide à penser à autre chose. De ne plus penser à ce matin.

Sursautant soudain, je baisse les yeux pour voir Esmeraldo me téter le téton gauche.

Je me sens tout chose, mais voulant apaiser la faim d'Esmeraldo, je fais "pousser" un sein après l'avoir écarté pour éviter qu'il ne s'étouffe.

Ça me fait étrange de donner le sein à celui qui fondera ma famille, mais en même temps c'est...comment dire? Spécial. Comme si par ce geste, je tissais un lien plus étroit avec Esmeraldo. Après m'être drapé avec un pan de couverture.

-Améthyste? m'appelle Elsa.

Levant la tête pour montrer à mes petites interlocutrices qu'elles ont toute mon attention, la fille aînée d'Agnarr et d'Iduna m'apprend qu'avec Esmeralda elle s'est entraînée, mais qu'elles ne comprennent pas pourquoi le don d'Esmeralda ne se montre pas plus puissant.

-Chaque don est différent. répète-je les paroles de Raip'. Le mien, qui est double, ne s'est manifesté que suite à une grande frayeur.

-Comment ça "qui est double"? hausse des sourcils, curieuse, Esmeralda.

-Vous savez que je peux me transformer en n'importe quel animal?

Les filles acquiescent après avoir retenu un bâillement pour l'une et s'être frottée les yeux pour l'autre. Trop mignonnes.

-Ce que je n'ai pas dis est que je comprends ce que dis un animal que je rencontre. explique-je. Que dites-vous de dormir tous ensemble ici?

Acquiesçant, les filles se faufilent sous les couvertures à ma droite après qu'elles nous aient embrassé, moi sur la joue et ma petite charge sur le haut du crâne, tout en nous souhaitant le bonsoir.

-Bonne nuit les filles. murmure-je doucement.

Baissant les yeux sur Esmeraldo, je constate qu'il est repu. Doucement, je lui fais faire son rot pour ensuite le caler contre moi après m'être allongé (sentant Elsa se blottir contre mon dos). Et que mon sein soit redevenu comme avant.

À peine ma tête touche-t-elle l'oreiller que je m'endors comme une pierre. Merci Sable.

Lorsque je me réveille, j'entends les voix de Dames Rubis et Iduna dans le couloir.

-Tu as fais tout ton possible, Rubis. Accordes-toi une pause.

-Je ne peux pas 'duna! s'exclame cette dernière. Le peuple d'Arendelle, le nôtre et la Cour comptent sur moi! Ces hommes, femmes et enfants espèrent que je puisse les soigner! Je ne veux plus voir le chagrin et la douleur briller dans les yeux de familles touchées par la douleur.

Me levant silencieusement après m'être assuré qu'Esmeraldo ne risque rien, je me dirige vers le mur à côté de la porte.

Je vois Dame Iduna, les mains posées sur les épaules de sa petite sœur, mais comme elle me tourne le dos, je ne vois pas ses expressions faciales, mais je distingue parfaitement celles de Dame Rubis qui est inquiète, ses dents mordant sa lèvre inférieure.

-Tu es une excellente Guérisseuse, petite sœur, mais tu ne dois pas oublier tes enfants. reprend la parole Dame Iduna en caressant le visage de sa cadette. Yelena, le médecin royal, Agnarr, les autres et moi-même pouvons te remplacer.

Frappant doucement au chambranle de la porte, Dame Iduna se retourne alors que Dame Rubis lève la tête.

-Améthyste! s'exclament-elles en chœur. Tu es revenu!

-Je suis désolé de vous avoir inquiéter. m'excuse-je après avoir retenu un bâillement. Que se passe-t-il?

Cinq minutes plus tard, dans la salle à manger, j'interroge Dame Rubis et les autres sur les symptômes des malades, les enfants dormant encore.

Lorsque j'apprends que les villageois et quelques membres de la Cour et des Northuldra souffrent de fièvre et de frissons, se sentent faibles, ont des maux de tête et des courbatures, les ganglions lymphatiques enflés et douloureux ayant fait leur apparition (ça varie selon les maladies) l'aine, le cou et les aisselles une explication du meilleur ami de mon père, qui était médecin, me revient en tête:

-La Peste bubonique est la forme la plus courante. Elle résulte de la morsure d'une puce infectée après s'être nourrie du sang d'un rongeur pestiféré, tel qu'un rat.

-La Peste! m'exclame-je en écarquillant les yeux. Il s'agit de la Peste!

Sous le regard surpris des adultes, je leur explique le danger de cette maladie.

Sous l'inquiétude, j'arrache une des perles de mon bracelet que je presse.

Dans un 'POUF' sonore et un petit nuage apparaît une pile de livres sur le sol sur laquelle je me jette dessus.

-Améthyste? m'appelle, curieux, Clopin. Qu'est-ce que tu fais?

Redressant la tête, je leur demande de retourner dans leur chambre et de ne surtout pas en sortir. Ni d'aller voir les enfants tout en leur recommandant de ne pas sortri de leurs chambres. Et de transmettre cette recommandation aux domestiques. Que je viendrais les voir plus tard.

Voyant que Ruben et les autres ne bougent pas, poussé par l'inquiétude.

-MAIS PUTAIN, ALLEZ-VOUS ENFERMER DANS VOS CHAMBRES! IMMÉDIATEMENT!

Replongeant dans ma lecture, je ne vois pas leurs expressions, mais je les entends s'éloigner.

-Je suis désolé...murmure-je.

Après 10 minutes et trois livres qui ne parlent pas de la Peste, mais des différents souverains dans le monde, de la vie et de la politique au Moyen-Âge, je trouve celui que je cherchais.

Me levant d'un bond avec le livre en mains, j'arrache la perle qui contient la pierre qui va m'aider et les médicaments. Parfait!

Pendant un mois, je tente le tout pour le tout.

Pendant la première semaine j'ai dû questionner tous les habitants du palais pour m'assurer que personne n'a attrapé la maladie tout en leur faisant caresser le saphir blanc que j'ai du porter en collier afin de pouvoir "diagnostiquer" les malades des bien portants.

Cette pierre précieuse change de couleur selon la nature des maux dont souffre les gens, mais à voir la couleur rougeâtre presque noire je reconnais qu'il s'agit bel et bien de la Peste...je sens à l'avance le mal de crâne que je vais avoir lorsqu'il me faudra répondre à toutes leurs questions.

Mon soulagement a été grand lorsque le saphir m'appris que parmi les adultes personne n'a contacté la peste, de même que les enfants, ces derniers pouvant les enfants retrouver les bras de leurs parents.

J'en ai profité pour leur présenter mes excuses tout en leur promettant de tout leur raconter plus tard.

Cette semaine a été très éprouvante car Kai et Gerda ont succombé à la maladie.

Comme le veut la tradition à Arendelle, les corps du couple ont été déposé dans un petit bateau, que l'on fait brûler tout en le laissant dériver au large sur le Fjord. Tout ça le lendemain de leur trépas.

Malheureusement, Agnarr et Dame Iduna n'ont pas le temps de les pleurer.

Les trois dernières semaines ont été tout aussi dures car d'autres personnes ont attrapé le virus et ont succombé à la maladie.

Parmi les défunts se trouvaient la Grosse Irma, Musclor et d'autres membres de la Cour de Tiago, dix soldats d'Arendelle (dont trois qui s'étaient retrouvés emprisonné par la Brume) et quelques Northuldras dont Yelena.

Qu'il s'agisse d'hommes, femmes ou enfants, la Faucheuse ne fait pas de différence.

La mort de Yelena a été un véritable choc pour les Trois Sœurs Sacrées qui ne s'attendaient clairement pas à perdre un membre de leur famille de cœur à peine retrouvé.

Si pour elles ce fut dur, pour Nahele ça a été un véritable déchirement car il est désormais le nouveau Chef des Northuldras, poste qu'il ne pensait clairement pas endosser avant quelques années.

Eux aussi ont eu droit à des funérailles de même nature que celles de Kai et Gerda.

C'est lors des premières funérailles que Ruben a pu rencontrer l'Esprit du Feu, l'attraper et le calmer après une course-poursuite pendant laquelle, dans sa colère, le petit Esprit avait voulu brûler les maisons, mais Ruben faisait disparaître efficacement les flammes.

J'ai toujours eu en horreur les cimetières. Bien avant mon traumatisme.

Comme n'importe quel gamin j'étais persuadé que Chernabog et ses sbires allaient sortir des ombres des tombes et/ou caveaux familiaux pour me faire du mal.

À 15 ans, je sais désormais que Klaus et d'autres frères et/ou sœurs plus âgés adoraient effrayer leurs cadets. Seule Raip' et ses amis étaient l'exception.

Pour en revenir à cette épidémie, j'ai attendu deux mois supplémentaires pour m'assurer que la peste ait bien partie.

Heureusement que Raip' m'a appris à tenir un journal!

Le soir après ces deux mois je réponds aux questions des adultes. Et autant dire qu'elles étaient nombreuses! Mère-Nature, merci que le livre sur la peste, celui sur le fonctionnement de la machine (qui m'a permis de faire les analyses) et le dictionnaire ont pu répondre à leurs questions.

Lorsqu'ils terminent leur lecture, ils se consultent plusieurs minutes entre eux. Par respect pour eux, je m'éloigne assez pour ne pas écouter leur conversation.

Ouvrant légèrement la fenêtre, je me transforme en coccinelle pour me rendre dehors.

Plus exactement sur le toit où je reprends forme humaine.

Ici, je suis sûr de ne pas écouter les conversations des adultes. Et puis il fait doux, autant en profiter.

Baissant les yeux sur la place, je vois les enfants jouer y jouer. Si je ne vois pas Elsa, Honeymaren et Ryder, que je sais être auprès de Yelena, j'aperçois la silhouette de Christine, les cheveux roux d'Anna et la robe colorée d'Esmeralda.

Les enfants ont l'incroyable capacité de nous aider à remonter la pente quelques temps après un deuil ou tout autre épreuves douloureuses, mais ce n'est pas pour autant qu'ils n'oublient pas les défunts.

Remarquant trois enveloppes et un petit colis voler dans ma direction, j'éclate de rire en sentant la brise me soulever de terre.

💧 Salut gamin!💧 me salue Vent, enjoué, en me re-déposant sur le toit. 💧 Y a une lettre pour Arianna, Amélie et tes amis Clopin et Ruben! Et un colis pour toi!💧

-Un colis? Pour moi? murmure-je, surpris, en prenant les trois missives.

💧 Ouais! Il est de North!💧

North? Le Père Noël? Pourquoi m'écrit-il? À part Sable, je n'ai pas encore rencontré les quatre autres!

Glissant les missives dans la poche intérieure de ma veste, je décachette le colis.

À l'intérieur se trouve une boule à neige et un petit mot.

Le message est assez court. Le Gardien des Merveilles m'explique le fonctionnement de l'objet, les autres Gardiens et lui-même souhaitant me rencontrer ce soir.

Me mordant le bout de l'index, j'écris une courte réponse avec mon sang. Rangeant la boule à neige dans l'une des poches de pantalon, je tends à Vent ma lettre en lui demandant de la donner à North. Tout en m'excusant de « l'encre » utilisée.

💧 J'y vais de ce pas!💧

Souriant, je reste quelques minutes supplémentaire sur le toit le temps que le colis contenant ma réponse disparaisse de ma vue pour ensuite retourner auprès des adultes.

-Améthyste?

Relevant la tête, je vois Ruben qui me fait signe de les rejoindre.

L'idée de se réunir à la salle de bal avec deux tables et plusieurs chaises est de Blanche afin d'être tranquille et à l'abri des oreilles curieuses des domestiques.

Prenant place entre Clopin et Luc, je tente de ne pas leur montrer ma peur.

Oui, je suis terrifié. Contrairement à Raip' et Klaus, je n'avais pas beaucoup d'amis. Et je ne suis pas à l'aise pour parler à autant de monde...bien qu'on pourrait croire le contraire jusqu'à présent.

Ma meute, comme on aimait s'appeler, n'était pas très grande, mais on s'entendait bien. On était uni.

Je suis incapable de dire si pour Ruben et les autres je suis un ami ou un atout pour leur éviter des problèmes futurs.

Le seul adulte avec qui je me suis senti proche était Gwen Quatrième du Nom du royaume de Corona.

Regardant l'adulte qui me fait face, à savoir Agnarr, je sens mon estomac se nouer malgré son sourire paternel. Presque...amical?

-Nous tenons à te remercier pour tout ce que tu as fait pour nous.

Ma gorge se noue, mais vaille que vaille je tente de ne rien montrer.

Allez, mon vieux! Reprends-toi! T'as qu'as imaginer que t'es chez le dirlo' ou le conseil de discipline lorsque tu jouais les sales gamins.

-Je...de rien.

Bon début, mais pas terrible comme réponse. Un rapide coup d'œil sur leur visage m'apprend qu'ils ont lu les livres.

-Je sais que ça fait beaucoup de choses à apprendre, mais je vous demande de garder toutes ces informations pour vous. Pour les domestiques, laissez-les croire que je suis un magicien ou quelque chose de ce genre.

Mieux. Beaucoup mieux.

-Si vous avez des questions, je vais tenter d'y répondre, mais sachez que ma venue à cette époque a dû changer beaucoup de choses.

-Et nous ne remercierons jamais assez Mère Nature pour ta venue. prend la parole Ruben dans mon dos.

Je sens ses mains sur mes épaules. Ce simple geste me fait chaud au cœur, mais aussi mal.

-Qui es-tu Améthyste? me demande Dame Iduna en me prenant les mains dans les siennes. Clopin, Ruben et ma sœur nous ont dit que tu viens du futur, mais qu'ils n'en savaient pas plus.

Regardant tour à tour chaque personne, je lis dans leurs yeux de la curiosité et beaucoup de bienveillance. Même Abraham les partage, preuve qu'il en est qu'il change.

-Je...ce que je vais vous dire devra rester entre nous.

Tout le monde acquiesce. Ruben prend place entre son épouse et Leland. Prenant une profonde inspiration, je me lance.

-Mon nom complet est Améthyste-Triton-Ruben Scorpion. Je suis né le 2 mai 2007 dans les Alpes-de-Haute-Provence, plus précisément au Plateau de Valensole en France. Je suis le quatrième enfant d'Oscar et d'A...nna Scorpion.

Pourquoi cache-je le véritable nom de ma mère? Je l'ignore.

Pendant deux heures je leur raconte ma vie, je ne parle cependant pas de la technologie* car je ne suis pas certain de pouvoir répondre à leurs questions.

Néanmoins j'hésite à parler de la raison pour laquelle j'étais vu comme un paria.

Lorsque je le dis, je suis surpris de découvrir leur colère dirigée contre mes parents et non contre moi.

Je suis tellement surpris que je ne trouve pas de mots pour défendre mes parents.

Lorsque les adultes se calment, Dame Arianna me demande le nom des trois autres enfants de mes parents. Je n'ai pas le choix, je dois leur parler de Klaus, Raip' et de Violette.

-L'homme qui est venu à la soirée d'anniversaire, Majestés, est mon frère aîné, Klaus. Il a reçu le don de télékinésie. Ensuite venaient nos sœurs Raiponce et Violette. Qui avaient reçu le don de soigner pour la première alors que la seconde avait le don de lire dans les pensées.

Violette est décédée 4 ans avant ma naissance. C'est Raip' qui m'a appris qu'elle avait eu un cancer qui l'a emporté très vite. Elle avait 3 ans.

Parler de Violette me fait étrange alors que je ne l'ai jamais connue, mais parler de Raip' m'est difficile.

D'une main tremblante, la tête basse, je serre avec force le collier où pend un bulot en porcelaine bleue, dernier cadeau de ma sœur avant...avant.

-Raip' était la seule qui m'a aimé sans le moindre jugement. Pour elle, j'étais tout aussi exceptionnel que n'importe qui. De plus, elle ne m'en a jamais voulu alors que c'est à cause de moi si elle a perdu la vue.

J'hésite longuement à révéler à Dame Arianna, Clopin et Ruben que je suis leur descendant, mais en fin de compte je ne le fais pas.

Je me mords la lèvre inférieure le plus fort que je peux pour m'empêcher de pleurer. Qu'est-ce que je peux détester mon émotivité!

C'est le bruit d'une chaise qui tombe violemment qui me fait lever la tête pour voir Ruben debout pour ensuite le voir enjamber la table pour me prendre d'autorité dans ses bras.

Malgré moi un hoquet de surprise m'échappe et bien que je sache que Ruben n'est pas mon père je me blottis contre lui, libérant mes larmes après qu'il m'ait expliqué qu'il n'y a pas de honte à exprimer son chagrin.

-...ce n'est pas moi qui aurais dû être envoyer ici. murmure-je d'une petite voix. Ce n'est pas moi qui aurais dû vous aider...

Après plusieurs minutes, je me reprends pour ensuite me rappeler les trois lettres que j'ai réceptionné.

Les tendant à leur destinataire, Clopin, Dame Arianna et Madame de Châteaupers me remercient.

-Par le sein nourricier de Mère Nature! s'exclame Madame de Châteaupers qui en sursaute de surprise après sa lecture.

-Maman? Est-ce que tout va bien?

C'est Luc et Blanche qui ont pris la parole. Tout le monde tourne la tête vers Madame de Châteaupers qui, légèrement pâle, tourne la tête en direction de son fils aîné. Pour ensuite lui prendre doucement les mains.

-Votre père m'apprend que Philippe s'est rendu dernièrement à Londres pour y trouver le véritable assassin de Constance et de ses collègues. Cet assassin répondait au nom de Lady Cruella d'Enfer. Il l'a affronté alors qu'elle utilisait la magie noire, mais elle a fini par mourir brûlée vive.

Mon sang se glace dans mes veines en apprenant qu'il y avait une sbire de Chernabog. Comment est-ce possible? Cruella n'était qu'une styliste reconnue comme folle après avoir tenté de tuer 99 chiots de la race des dalmatiens. De plus, elle a vécut au dixième-neuvième siècle!

-Magie noire? murmure-je.

Ma voix n'est pas plus haute qu'un chuchotis.

-Améthyste?

Il me faut quelques instants pour me reprendre.

-À mon époque, la magie noire est interdite. Quiconque l'emploie est condamné au retrait de ses pouvoirs alors qu'une personne sans pouvoirs risque d'être emprisonnée un certain temps selon la gravité de ses actes. Le moindre livre parlant de magie noire ou de Chernabog est très recherché pour être brûlé. La seule exception dans la pratique de cette magie est le Contrôle du Temps.

-Le Contrôle du Temps? répète, curieux, Agnarr. Que veux-tu dire?

-Trois personnes nées avec ce don peuvent moduler le Temps, mais jamais au-delà d'une heure. explique-je. Une fois ce délai passé ces personnes retournent à leur point de départ. Dans mon époque ces trois hommes se font appeler les Invocateurs ou plus respectueusement les Anciens.

-Pourtant ils ont réussi à t'envoyer à notre époque. fait remarquer Clopin.

-En effet. acquiesce-je. J'ignore comment ils ont réussi pareil exploit, je suis incapable de me rappeler s'ils ont utilisé des objets ou autres choses.

-Mais ton frère? Comment a-t-il fait pour ''voyager''? me demande Abraham.

-Sincèrement? Je l'ignore. Il avait fuit le pays dès qu'il a entendu la possession complète de Chernabog sur...quelqu'un.

Je ne développe pas davantage, mais personne ne me demande de le faire.

Du coin de l'œil, je vois Dame Arianna lire sa lettre pendant que les autres tentent de percer le mystère entourant Klaus.

Je suis curieux de savoir qui a écrit à Clopin et Ruben, mais les entendant se parler en espagnol je ne le saurais pas tout de suite. Dommage que je n'ai pas appris cette langue, mais bon. Ce n'est pas plus mal.

Reportant mon attention sur mon bracelet, j'essaie de réfléchir sur le moyen dont Klaus a fait pour voyager.

Une perle pour le Neptune, une deuxième pour le Détecteur, une troisième pour les livres, une quatrième sur la machine qui m'a aidé à rassurer les adultes. Une cinquième sur...

-Mes sœurs? Puis-je vous parler en privé?

Relevant la tête, je vois Dames Rubis et Iduna acquiescer pour ensuite se lever et quitter la pièce pour une autre.

Reportant mon attention sur mon bracelet, j'essaie de trouver une réponse sur l'arrivée plus qu'étrange de Klaus dans le passé.

À moins qu'il n'était caché dans un coin ombragé de la grotte (rien que de me souvenir de ce lieu me fait frissonner d'horreur) et qu'il aurait sauté dans le flash de lumière.

C'est une possibilité, mais Klaus n'a pas le don de papa.

-Améthyste? Que voulais-tu savoir à propos de la Princesse Blanche-Neige de Bavière?

Redressant la tête, tout le monde me regarde, curieux. Alors que je suis sur le point de répondre une douleur inattendue m'assaille le cerveau.

Portant mes mains à mon crâne, c'est avec horreur que j'entends la voix de Chernabog.

Fané et meurtri

Quand ça sera fini

Merde, pas encore!

Brise cet emprise et libère les Esprits

Dans tes rêves!

Pour qui est blessé

N'aie pas de pitié

Les seuls Esprits qui seront libres ne seront pas ceux que tu espères!

Alors...

Soumets les Seigneurs

Et libère les Esprits

Les Esprits…

FOUS LE CAMPS DE MA TÊTE!


Lorsque les trois sœurs reviennent auprès des autres, Arianna les informe que son mari lui a écrit pour savoir si elle-même et les autres vont bien, ayant entendu parler de la Peste ayant sévit à Arendelle et qu'il espère qu'elle va bientôt rentrer.

-Je vais rentrer à Corona. annonce l'aînée des trois sœurs puis tournant la tête vers sa benjamine. Rubis? N'hésite pas à venir, la Cour des Miracles sera la bienvenue.

Touchée par les mots de son aînée, Rubis acquiesce.

-Je n'y manquerais pas. lui sourit-elle.

-Nous ferons de même. acquiesce Amélie. Abraham? Luc? Souhaitez-vous toujours rester?

-Oui, Mère. acquiescent les deux frères.

-Nahele va m'apprendre à mieux comprendre la croyance en Mère Nature et à ouvrir mon esprit à son Amour et ses préceptes. s'explique Abraham.

-Fais bien attention à toi. sourit Blanche en prenant délicatement les mains de son grand frère. Et n'oublie pas de nous écrire.

Sur ce conseil, Blanche adresse un clin d'œil complice à Abraham. Tous deux sachant très bien qui écrira à la place du jeune homme.

Amélie caresse tendrement le bras de son quatrième fils le plus timide.

Se levant de table, Blanche contourne le meuble pour serrer son petit frère dans ses bras, lui murmurant quelque chose à l'oreille.

Personne ne loupe que le visage de Luc devient cramoisi, mais personne ne lui pose de questions.

-Je pourrais vous conduire à bon port, Majesté, Madame. prend la parole Leland en s'adressant à Arianna et Amélie.

-C'est très gentil, Monsieur Hope. acquiescent en même temps les deux femmes.

-J'ai justement des hommes qui souhaitent reprendre la mer. sourit Agnarr. Le temps de leur parler, ils seront les vôtres.

-Merci Majesté.

Fatigué par l'intrusion du Malin dans son esprit, Améthyste s'excuse auprès des adultes, que se sentant fatigué il compte se reposer.

Quittant la pièce, il se rend à ses appartements où il pose la boule à neige sur sa table de chevet pour ensuite se laisser tomber sur son lit, s'endormant sans l'aide de Sable.

-Quand souhaitez-vous repartir? demande Agnarr.

-Le plus tôt serait le mieux. répondent Arianna et Amélie en chœur.

Tournant la tête vers l'autre, les deux femmes éclatent de rire, amusées.

Iduna sourit en voyant son aînée rire ainsi, son amitié avec Amélie lui est bénéfique. Elle a même entendu que sa sœur aurait engagé Blanche comme future Dame de compagnie.

Remarquant le silence de sa femme, Ruben tourne la tête vers Rubis qui semble perdue dans ses pensées, caressant distraitement les fins cheveux de leur fils, debout devant la même fenêtre où Améthyste se tenait.

Se levant, il se rapproche d'elle pour ensuite coller amoureusement son torse contre son dos, nouant ses mains sur son ventre.

-Ma douce? Quelque chose ne va pas?

Ce n'est qu'un murmure, mais Rubis l'a parfaitement entendu.

-Je n'ai pas oublié ton rêve de découvrir Paris, mais...

-Mais tu souhaites rester ici afin de soutenir ton peuple. Nahele ne doit-il pas devenir le nouveau Chef des Northuldras?

-Normalement, si, mais la mort de Yelena est si...inattendue qu'il m'a confié ne pas se sentir prêt. Qu'il souhaite s'occuper de ses enfants avant de devenir Chef suite à une promesse envers sa femme défunte.

Ruben ne peut qu'acquiescer. Il s'imagine un court moment à la place de Nahele en perdant son joyeux éternel. Lui aussi aurait confié la gestion de la Cour à quelqu'un d'autre. Clopin, sans la moindre hésitation.

-Yelena était-elle la seule Chamane?

Rubis secoue de la tête puis reprend:

-Avant la colère des Esprits elles étaient deux. Pétunia, sa demi-sœur, est décédée avant les affrontements ayant opposé les soldats d'Arendelle à mon peuple.

-Tu souhaites rester le temps de former le prochain Chaman?

Tournant la tête vers son époux, Rubis acquiesce.

-Je comprendrais que rester ici et non à Paris n'est pas dans tes pro...

-J'accepte.

Écarquillant des yeux, Rubis fait entièrement face à son mari, surprise.

-Je n'ai pas oublié les paroles d'Améthyste comme quoi il serait dangereux pour nous de nous rendre à Paris. Quoi de mieux que de rester ici où tu as vu le jour? Esmeralda n'a pas beaucoup d'amis parmi les enfants vivant à la Cour alors qu'ici elle s'entend à merveille avec ses cousines.

-Oh, Ruben! Merci beaucoup, mon Amour!

Se dressant sur la point des pieds, Rubis pose ses lèvres sur celles de son mari, les parents d'Esmeralda et d'Esmeraldo s'embrassent fougueusement sous le regard attendri des Reines de Corona et d'Arendelle.

Attrapant la lettre lui étant adressée, qu'il avait laissé sur la table, Clopin reconnaît l'écriture brouillonne de l'expéditeur.

Ouvrant l'enveloppe, il lit attentivement la missive. Yeux plissé, il parcourt lentement les mots écrits.

Le destinataire est connu de Clopin pour être un homme fiable, incroyablement agile et discret, mais son écriture est une horreur à décrypter tellement il écrit mal...

Pâlissant dangereusement tout au long de sa lecture, Clopin tremble de la tête, mâchoire serrée de colère. Je comprends pourquoi Améthyste ne voulait pas que nous prenions la route pour Paris.

-QUOI?! hurle-t-il de surprise en se levant d'un bond.

Son hurlement fait sursauter tout le monde qui tourne la tête dans sa direction. Esmeraldo se met à pleurer.

-Ruben! s'exclame, en espagnol, Clopin en se mettant à courir vers son meilleur ami. Kale! Kale m'apprend l'incroyable: Carmen est vivante!

Ouvrant de grands yeux, Ruben attrape la lettre.

《Clopin! Ruben! Ne venez pas à Paris! Le Juge Frollo nous traque, cherchant à nous exterminer...Il y a 12 ans Manolo et Paco ont été capturés par ce fou qui était accompagné de soldats. À l'époque je ne savais pas ce qu'il était advenu de Carmen.

Je suis désolé de t'apprendre que Manolo a été torturé pendant cinq ans avant de mourir sans avoir répondu aux questions de ce juge de malheur!

-Oh, Manolo...mon frère. murmure Ruben la voix tremblante, le cœur serré.

《Mais ce n'est pas tout! Carmen est en vie! Le Rat l'a vue un jour de marché alors qu'il montrait ses talents dans un autre coin de France!

Il m'a envoyé ce dessin la représentant avec une gamine.》

Clopin sort de l'enveloppe une feuille de parchemin pliée en deux qu'il déplie. Ruben et Rubis se plaçant à la gauche et droite du parrain de leur fille.

Le dessin, réalisé au charbon, représente Carmen assisse dans un fauteuil roulant avec à ses côtés une enfant habillée en garçon et aux cheveux coiffés en une tresse-couronne.

-Kale sait où se trouve Salali? demande Rubis après avoir calmé son bébé.

Reprenant sa lecture, Ruben apprend avec tristesse que Le Rat ne fait pas mention de son neveu de cœur.

-Non. secoue de la tête Ruben. J'espère de tout cœur que Mère Nature veuille sur lui.

-Que Mère Nature t'entende, mon chéri. murmure, inquiète, Rubis. Que Mère Nature t'entende...

Lorsque les enfants reviennent au palais c'est avec tristesse que Christ', Anna, Elsa et Esmeralda apprennent le prochain départ de la famille de Châteaupers et d'Arianna accompagnée de Blanche.

-Pourquoi je ne peux pas rester moi aussi? s'écrit, indignée, Christine. C'est pas juste!

-Tu es trop jeune, ma chérie. lui sourit sa grande sœur. Ton éducation n'est pas terminée, les garçons et moi te promettons de t'écrire le plus souvent.

-Je continue de penser que c'est pas juste! Je vais me retrouver seule avec les nunuches! Moi aussi, je veux vivre de grandes aventures en dehors de la France!

En entendant sa fille cadette hausser le ton face à son aînée, Amélie intervient.

-Christine-Artemis-Pelipa (11), ça suffit!

Contrairement à son mari, Amélie ne hausse que très rarement la voix. En 31 ans de mariage, elle a pu remarqué que certains de ses enfants ressemblent à leur père, mais c'est plus flagrant chez Christine qui n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds.

Après tout n'avait-elle pas clamé haut et fort lors de son cinquième anniversaire qu'elle ferait de sa passion son futur métier?

En entendant sa mère l'appeler par son prénom entier, Christ' comprend qu'elle est allée trop loin.

Amélie ne montre aucun signe de colère, mais la jeune fille connaît assez bien sa mère pour comprendre qu'elle est mécontente de son comportement.

-Présentes tes excuses à ta sœur. Maintenant.

-Pardon, Blanche. s'excuse, tête basse, Christ'.

Posant genoux à terre après avoir disposé sa robe de façon à ce qu'elle ne présente aucun plis disgracieux, Blanche ouvre les bras dans une invitation claire.

Christ' se blottit tendrement contre sa sœur aînée.

À cet instant, la jeune de Châteaupers mesure à quel point elle a de la chance d'avoir une grande sœur aussi douce et aimante que Blanche.

Le mariage désastreux et la douleur du deuil de ses aînés ne lui donne pas envie de tomber amoureuse.

Elle renouvelle sa promesse de toujours veiller sur ses sœurs. Aussi bien sur ses deux autres grandes sœurs que sa petite sœur.

Note de l'auteure: Alors? Qu'en avez-vous pensé?

1) Pour les non-anglophones, voici la traduction: "C'est Lady Hell qui m'a remis la torche!"

2) Clin d'œil à Gilbert du Motier de La Fayette

3) On trouve cette récompense sous Louis XVI, mais pour le bon déroulement de mon histoire je la fais apparaître plus tôt dans l'histoire comme j'ai décidé de la « couper » en deux (dont vous trouverez ici le premier morceau)!

Il s'agit d'une croix d'or à huit pointes émaillées de blanc cantonnée de quatre lys d'or.

Le centre représente, sur fond d'émail rouge, l'image de Saint-Louis en pied avec armure dorée et manteau royal sur un tertre d'émail vert, tenant de la main droite une couronne de lauriers d'émail vert, le tout entouré d'un cercle d'émail bleu avec la légende d'or "Pour services rendus à la Couronne".

4) Clin d'œil à Tomas Rolfe, fils unique de Pocahontas et de John Rolfe.

5) Clin d'œil au Disney « Les aristochats ».

6) Surnom d'enfance de la regrettée Reine Elizabeth 2 d'Angleterre!

7) Clin d'œil au personnage de Jack Shortbottom, je n'en dis pas plus

8) Personnage qu'on voit normalement dans le film d'animation « Pocahontas, une légende indienne »

9) Pour vous aidez à visualiser le fauteuil roulant de Carmen, tapez "Chaise roulante du xviiie siècle".

10) Chanson du film Coco, bien que j'ai hésité avec ''La Roza Enflorece'' de Dafné Kritharas.

11) Prénom féminin amérindien signifiant "Amoureuse des chevaux" !

°Tapez "Disney esmeralda different hairstyle fanart" vous la trouverez facilement!

*Par "technologie" je veux dire l'invention de la lumière grâce à l'électricité, l'ancêtre de la radio, du Dagerréotype, les différents vaccins et médicaments (dits chimiques, mais ils emploient des huiles essentielles et autres médicaments plus naturels), des rayons X et sûrement d'autres choses que j'oublie, MAIS sachez que le pétrole n'a jamais été découvert et que le Congo et d'autres pays colonisés ne l'ont jamais été! Pour ces trois points je vous laisse imaginer comment ça a put ne pas avoir lieu dans l'Histoire!