Chapitre 11

Très tôt dans la matinée Kekata a la satisfaction de sentir que Kocoum n'est plus atteint de fièvre, qu'il a retrouvé une température corporelle normale.

Loin du tipi de Kekata, un visage de vieille femme apparaît sur le tronc d'un arbre plusieurs fois centenaires.

✵Abeytu (1)? M'entends-tu?✵

-Ashaisha (2) quelle surprise! s'exclame agréablement surprise le visage végétal. Tu t'es souvenue de ta vieille amie?

✵Vieille pie!✵ éclate de rire Mère Nature. ✵Comme si je pouvais oublier ma meilleure amie!✵

La prénommée Abeytu sourit, fière de son effet. Elle sait mieux que quiconque qu'Ashaisha est très occupée avec la menace tapie dans l'ombre du prochain réveil de Chernabog, mais ce qui inquiète les deux amies est la présence de deux auras identiques au Mont Chauve.

L'une n'est pas à son plein potentiel alors que la seconde est endormie, mais ni l'une ni l'autre des deux amies n'est tranquille.

Elles ne comprennent pas comment il est possible que Chernabog puisse avoir deux auras, mais ce fait ne les rassure pas.

-Qu'en pensent Skän (3) et Kallisto (3)?

✵Ils ne sont pas sereins, mais qui puisse-je envoyer pour avoir des renseignements?✵ soupire Mère Nature. ✵Jack y a été par le passé, il est hors de question que je l'envoie. Le pauvre a eu beaucoup de mal à se désintoxiquer par le passé. ✵

Abeytu, connue sous l'appellation de Grand-mère Feuillage, grimace.

Elle ne connaît pas très bien les Esprits Saisonniers que son amie a choisi, mais la seule qui lui vient en tête est Dahlia.

De ce qu'elle sait de l'Esprit de l'Automne c'était une excellente traqueuse en plus d'avoir été une excellente chasseresse lorsqu'elle était humaine.

Dans son antre, Mère Nature réfléchit à qui elle pourrait envoyer au Mont Chauve.

Comme dit précédemment elle ne compte pas y envoyer Jack.

Les autres Gardiens ne connaissent pas l'emplacement exact du repaire de Chernabog malgré leur grand âge.

Un Esprit mineur peut-être? réfléchit-elle.

✵Et pourquoi pas Jafar (4)?✵ se fait entendre une voix masculine.

Mère Nature grimace. L'idée d'envoyer Jafar ne l'enchante guère. Jafar est un Esprit mineur assez arrogant qui n'écoute pas grand monde, y compris elle.

Jafar est un Éfrit ou Esprit du Feu assez têtu que Mère Nature avait créé dans ses jeunes années, de même que les créatures appelées Titans, les Hécatonchires et tant d'autres...

✵Tu as toujours la lampe?✵

-Oui, bien sûr. acquiesce-t-elle. Elle est en sécurité dans un endroit sûr.

✵Je ne pense pas qu'il soit sage de se rendre au Mont Chauve si tôt. Qui sait ce que cette aura endormie pourrait faire à ton envoyé?✵ se manifeste une voix de femme qui n'est pas celle de Grand-mère Feuillage.

Prenant le temps de réfléchir, Mère Nature, Grand-mère Feuillage et la voix d'homme pèsent le pour et le contre pendant quelques minutes.

✵Tu n'as pas tort Kallisto.✵ se fait entendre la voix d'homme. ✵Tes Élus ne sont encore que tes enfants il me semble, non?✵

-En effet Skän. sourit tendrement Mère Nature en caressant son pendentif. Heureusement que Kallisto nous aide à garder la tête froide.

✵Au plaisir.✵ sourit la prénommée.

Mère Nature visualise très bien Kallisto faire la révérence avec un sourire moqueur, un peu comme celui de Jack.

✵Prends le temps d'y réfléchir Ashaisha.✵ lui conseille Grand-mère Feuillage

-Merci Abeytu. acquiesce Mère Nature.

Un silence s'installe pendant lequel les quatre amis réfléchissent, jusqu'à ce que Skän reprenne la parole.

✵Et pourquoi pas le jeune Améthyste?✵

-Tu n'y penses pas sérieusement! s'exclame, horrifiée, Mère Nature. Ce n'est qu'un enfant!

✵Un enfant, à tes yeux, peut-être, mais tu sembles oublier que tu l'as choisi pour accomplir ce pourquoi il est né: Mettre un terme à l'existence de Chernabog.✵ lui rappelle Kallisto.

✵Ils ont raison Ashaisha. Ces deux auras pourraient causer bien des ravages✵ acquiesce Grand-mère Feuillage. ✵Le fait qu'il provienne du futur est un plus non-négligeable sur ce qu'il peut éviter de se passer.✵

Muette d'horreur, Mère Nature ne sait que dire.

Pesant le pour et le contre, il lui faut plusieurs minutes pour donner sa réponse définitive.

-Je...vous avez raison. soupire-t-elle, défaitiste. J'irais lui en parler ce soir.

Un autre silence s'installe, un silence marqué par la compassion que ni Skän ni Kallisto ni Grand-mère Feuillage ne savent exprimer, peinés pour leur amie.

✵Ne voulais-tu pas me parler de quelque chose, ma tendre Ashaisha?✵

en entendant la demande de Grand-mère Feuillage, Mère Nature secoue de la tête pour remettre de l'ordre dans ses pensées un brin chaotique.

-Oh, oui, c'est vrai! se frappe-elle le front du plat de la main. Où avais-je la tête!?

Grand-mère Feuillage éclate de rire pendant que Kallisto et Skän se retirent après avoir salués leurs deux amies.

Croisant les bras sous sa poitrine, Mère Nature se met à bouder, mais pas très longtemps car elle rejoint très vite sa meilleure amie. Bien que le cœur n'y soit pas, inquiète quant à la réaction du jeune Améthyste.

Quelques instants plus tard Mère Nature explique à Grand-mère Feuillage qu'elle souhaite savoir où en est l'entraînement de son Élu de l'Eau.

Grand-mère Feuillage a le visage radieux lorsqu'elle explique à son amie que l'Élu a été un élève des plus studieux, bien que les débuts n'avaient pas été faciles entre eux.

Mère Nature ou Ashaisha éclate de rire lorsque Grand-mère explique les débuts difficiles entre son Élu et sa meilleure amie. Après tout Abeytu est la gardienne du savoir de la branche maternelle de la jeune Pocahontas, promise elle aussi à un incroyable destin, mais moins prestigieux (mais quand même important) que le jeune homme choisi par Mère Nature.


Quelque part dans la forêt amazonienne

Tac! Tac! Tac!

Ce bruit répétitif ne semble pas être audible par les habitants de la forêt, mais pas par les animaux qui se dirigent vers le son où ils observent une jeune fille s'entraîner au tir à l'arc.

Cette jeune fille au regard et aux cheveux couleur ocre (brun-jaune), le grain de sa peau couleur pêche.

Elle porte une chemise et un pantalon de lin brun de l'époque de Clovis Ier, pieds nus.

Il s'agit de Dahlia, l'Esprit de l'Automne.

La jeune fille s'entraîne d'arrache-pied lorsque Björn, Azora et ce vaurien de Jack sont au travail.

Penser à son collègue de l'Hiver fait grincer des dents et faire tendre son corps aussi sûrement que l'est son arc.

Lorsqu'elle décroche sa flèche cette dernière se plante au pied de sa cible, faisant hurler de rage et de frustration l'Esprit de l'Automne.

-MAUDIS SOIS-TU FROST! hurle-t-elle en serrant les poings.

Son cri fait fuir les oiseaux qui s'enfuient à tire d'ailes alors que d'autres animaux s'en font. Sauf un.

Rageant d'avoir raté sa cible, Dahlia n'a pas besoin de se retourner pour savoir qui la regarde.

-Qu'est-ce que tu fiches ici Hylonomé?

-Rien en particulier. répond la prénommée.

Aussi surprenant que cela puisse paraître Hylonomé est une Centauresse à la peau et au regard sombres, la poitrine nue pour une robe couleur palomino* alors que ses cheveux coiffées et les crins de sa queue sont de couleur blanc-argentés coiffés en une grosse tresse épaisse.

-Ton mépris vis-à-vis de Jack Frost te mènera à ta perte. De plus le jeune Jack n'est en rien responsable de ce qui est arrivé à Tavish (5).

En entendant ce nom, Dahlia se retourne avec brusquerie, ses flèches en main, les joues cramoisie de colère.

-Je t'interdis de prononcer son nom! feule-t-elle entre ses dents.

Hylonomé reste calme, bras croisés sous sa poitrine.

-Continue à nier la vérité, Dahlia Uisge, et tu sombreras dans l'oubli.

-Ça, ça m'étonnerait! Contrairement à lui, je ne prends pas plaisir à tuer des gens en les ensevelissant sous la neige!

Restant de marbre, Hylonomé laisse l'Esprit de l'Automne vider son sac.

Elle ne reprend la parole que lorsque l'Esprit de l'Automne s'est calmée:

-Tu te trompes lourdement sur Jack Frost. Ce n'est pas lui qui a provoqué la mort de ton frère et de tes nièces, mais Borée.

Borée était le prédécesseur de Jack dans la « fonction » d'Esprit de l'Hiver, mais contrairement au jeune Esprit décédé en se noyant dans un étang gelé Borée était un mauvais Esprit. Comme il était un être fourbe de son vivant et comme lorsqu'il était humain il avait su berné Mère Nature, l'Homme de la lune et Dame Soleil au moment de sa mort, leur jurant qu'il changerait s'il avait la chance de renaître.

Seuls Azora et Haru se méfiaient de lui comme la peste, mais pas Dahlia. Qui en était tombée amoureuse après qu'il ait su briser sa carapace.

Mère Nature s'en était rapidement rendue compte grâce au globe qui trône dans la pièce principale de son antre, ce globe lui permettant de savoir le nombre de Croyants pour chaque Esprits. qu'ils soient majeurs ou mineurs.

Avec peine, Mère Nature avait du effacer l'existence de Borée car comment accepter qu'un Esprit Saisonnier prenne plaisir à tuer des enfants et leurs familles?

-Qu...quoi? pâlit Dahlia avant de secouer de la tête, furieuse. N'importe quoi! Borée m'aimait, jamais il n'aurait fait ça! Il me l'a dit avant son exécution!

C'est sur ces mots que Dahlia s'envole sous le regard insondable de la Centauresse.

-Puisses-tu ouvrir les yeux très prochainement, petite fleur. murmure-t-elle.

Haut dans le ciel, le vent frais lui battant le visage, Dahlia serre les dents et des poings, les dernières paroles de la Centauresse tourbillonnant dans sa tête.

-C'est tout simplement faux! secoue-t-elle de la tête.

Accélérant son vol, Dahlia se dirige vers son pays natal: L'Écosse, plus exactement les Highlands.

Lorsqu'elle arrive à destination à savoir le rebord d'une fenêtre le soleil commence sa descente.

Grâce à la propreté des carreaux, Dahlia sent son cœur s'adoucir en voyant le tendre tableau qu'elle a sous les yeux:

Une mère borde sa petite fille, tire les rideaux puis quitte la chambre.

S'assurant que la mère est bel et bien partie, Dahlia frappe quatre coups ce qui attire l'attention de l'enfant.

D'un bond, la petite fille quitte son lit, se dirigeant vers la fenêtre qu'elle ouvre après avoir écarté un pan de rideau.

-Dahlia! s'exclame-t-elle, au comble de la joie. Tu es venue!

-Je te l'avais bien dit que j'essayerais de venir. sourit-elle en entrant dans la pièce.

S'installant sur le pied de lit, Dahlia invite l'enfant à retourner au lit.

Avec un immense sourire aux lèvres, l'enfant retourne dans son lit après avoir remis le rideau à sa place.

-Je t'écoute, Mérida. Racontes-moi ce que j'ai loupé.

La petite fille se met à conter ce qu'elle a fait depuis la dernière fois que son amie est venue la voir.

Depuis qu'elle est devenue l'Esprit de l'Automne Dahlia se rend sur ses terres natales car, de son vivant, elle était fille de Roi, morte sur le champs de bataille après s'être fait passer pour son frère.

Son sacrifice avait permis à son frère de devenir le nouveau Roi d'Écosse dont la petite Mérida est sa descendante directe.

Cependant c'est d'elle que lui vient l'amour du tir à l'arc, comme c'est elle qui compte bien lui apprendre les bases.

Elle lui fait la promesse, son premier cours aura lieu le lendemain matin après que l'enfant ait pris un solide petit-déjeuner.

-J'ai hâte d'être à demain! sourit Mérida avant qu'un puissant bâillement ne lui échappe.

-Endors-toi petite perle. sourit Dahlia en lui caressant les cheveux. Je veuille sur toi.

Se blottissant avec bonheur dans son lit, Mérida ferme les yeux qu'elle s'endort aussitôt, du sable doré tombant sur sa volumineuse chevelure.

Levant la tête vers le plafond, Dahlia fait un vague signe de la tête en voyant Sable sur son nuage lui faire un signe de la main avant de s'en aller.


À Arendelle Améthyste, Ruben et Clopin se rendent à la salle à manger où sont déjà installés Agnarr, Iduna, Arianna, Rubis et les de Châteaupers.

Amélie explique que les enfants sont dans les écuries, Christine leur ayant promis de leur montrer comment on s'occupe des chevaux, les cuisinières leur ayant préparé des victuailles.

Tout le monde remarque au premier coup d'œil qu'Améthyste a une petite mine.

-Tout va bien Améthyste ? lui demande Abraham, assis face à lui.

-Je...ça va, acquiesce l'adolescent en se frottant les yeux. Mauvaise nuit.

Il ne se transforme plus en hermine? songent, surpris, Agnarr et Iduna en se consultant du regard.

-Est-ce que tu te sens assez en forme pour répondre à d'autres questions ?

-Sincèrement ? secoue le jeune garçon au nom d'une pierre précieuse. Non, mais je vais essayer.

Tendant un mug rempli de café à l'adolescent, Abraham lui demande pourquoi Mère Nature l'a choisie.

-À vrai dire, je l'ignore. hausse des épaules Améthyste en acceptant la boisson. Sa vie durant Klaus a été vue comme le représentant de Mère Nature lorsque les médecins ont vu sa tâche sur son front, cachée par sa frange. Il avait 3 ans.

-À quoi ressemble-t-elle ? demande, curieux, Leland.

Retenant un bâillement, Améthyste se frotte les yeux tout en s'excusant.

-À un soleil.

Un silence s'installe pendant lequel Améthyste et les adultes mangent avec appétit, permettant à l'adolescent de se réveiller.

✵Améthyste ? Est-ce que tu te sens assez en forme pour te rendre aux Landes ?✵

Est-ce que je dois partir aujourd'hui ?

✵Le plus tôt serait le mieux, en effet. Mais reposes-toi avant. Je sens ta fatigue jusqu'ici. ✵

Améthyste remercie Mère Nature, il lui promet de se rendre aux Landes dès qu'il aura récupéré assez d'énergie.

Tournant la tête vers Amélie, Améthyste s'excuse, mais suite à une demande de Mère Nature il ne peut partir avec Christine et elle.

-Je comprends, acquiesce Madame de Châteaupers. Faites bien attention à vous.

-Merci.

-Dis-moi gamin ?

-Hum ?

Tournant la tête vers Leland, Améthyste l'interroge du regard tout en découpant son poisson.

-Si ton frangin a une marque qui a fait tourner bien des têtes, est-ce que toi aussi tu en as une ?

-J'en ai une, oui, acquiesce Améthyste.

Fermant l'œil gauche l'adolescent montre une marque rose sur la paupière représentant une feuille de chêne.

-Elle est apparue dans la nuit de mon treizième anniversaire. explique-t-il en caressant son collier. Mes meilleurs amis, ma grande sœur et moi avons fait des recherches pour comprendre sa signification, mais nous n'avons rien trouvé.

Bao, Saphira, Lily, Raip'...vous me manquez tellement !

-Tout va bien Améthyste ?

Battant des paupières, le jeune garçon ôte de son cou son collier qu'il tend à Abraham.

-Vous trouverez le portrait des personnes qui m'étaient chers à l'intérieur.

Ouvrant doucement le bijou, Abraham et Blanche écarquillent des yeux en voyant le portrait.

-Ça par exemple! s'exclament le frère et la sœur en chœur. Bernard ?!

Le portrait représente Améthyste devant un gâteau d'anniversaire entouré d'un jeune garçon plus âgé que lui, de deux jeunes filles d'âge différents (la plus âgée portant des lunettes) et d'une jeune femme.

Tous portent un hanfu de différente couleur.

Le garçon plus âgé a le teint café au lait, portant une paire de lunettes carrées derrière lesquelles on voit la forme en amandes de son regard et aux cheveux noirs coiffés en de nombreuses et fines tresses.

Son habit est de couleur violet, il se tient derrière Améthyste qui a les cheveux relevés en un chignon haut, vêtu de vêtements bleu ciel, très reconnaissables grâce à ses bijoux, portant sur ses genoux la plus jeune des filles.

Cette dernière a la peau mate, le regard marron pour des cheveux très courts et ébouriffés de couleur blanche. Son vêtement est de couleur vert.

La seconde jeune fille est assisse à la droite d'Améthyste, est rousse au teint clair et au regard vairon (noir pour le gauche et bleu très clair pour le droit), vêtue d'un vêtement jaune.

La jeune femme à la gauche d'Améthyste est albinos (ses cheveux sont coiffés en une épaisse tresse), mais ce qui fait interroger Abraham et les autres est qu'elle a les yeux fermés, son vêtement est de couleur orange.

Le cri de surprise d'Abraham et de Blanche fait froncer des sourcils d'interrogations Améthyste en voyant Luc et sa mère accourir vers eux pour ensuite avoir les yeux écarquillés par le choc.

Amélie semble avoir une conversation fort animée avec ses enfants, mais à voix basse.

-Il y a un problème?

C'est Amélie qui répond alors que ses enfants le regarde, les yeux écarquillés.

-Comment connaissez-vous Monsieur Chrysanthèmes ? demande Amélie en reprenant doucement contenance en lui tendant son bien.

-Qui? fronce davantage des sourcils Améthyste en récupérant son bien.

-Le jeune homme à lunettes, explique Abraham après avoir bu son verre qu'Agnarr a rempli d'aquavit.

-Il a été notre précepteur à Phoebus, Philippe, Luc et moi avant que notre père ne lui change sa fonction lorsque notre grand-père est tombé sur lui. explique Blanche, encore un peu secouée.

-Il n'a pu reprendre son ancien rôle qu'à la mort de notre grand-père, termine Abraham.

Tour à tour, Améthyste regarde chaque membre de la famille de Châteaupers. Ils ne mentent pas. Comment se fait-il que Bao a pu faire un voyage dans le Temps ?

-Il ne s'appelle pas Bernard Chrysanthèmes.

-Vous en êtes sûr?

-Certain. acquiesce Améthyste. C'est mon meilleur ami : Il s'appelle Bao Júhuā.

Lorsque Christine, Anna, Esmeralda et Elsa retrouvent les adultes, Améthyste leur explique que dimanche matin il ne partira pas avec les de Châteaupers car il doit se rendre dans un endroit dangereux.

-Tu reviendras ? lui avait demandé Anna.

-Bien sûr, avait souri l'adolescent en lui ébouriffant les cheveux.

Pendant ces quelques jours Améthyste s'est amusé avec les enfants tout en essayant d'aider Esmeralda à maîtriser son don, mais à part moduler le sable et les petits cailloux la fille aînée de Ruben et Rubis n'arrive pas à faire mieux.

Améthyste s'était agenouillé devant la fillette, un sourire confiant aux lèvres.

-Ne baisse pas les bras, ma grande. Moi aussi, j'ai eu beaucoup de mal à maîtriser mon don.

Esmeralda s'était jetée dans ses bras, des larmes de soulagement.

-Merci grand frère !

Touché par l'appellation, Améthyste serre contre la petite fille, le cœur léger.


Nouvelle-Aquitaine en France.

Après des jours de voyage sous l'apparence d'un faucon pèlerin, à savoir une semaine, Améthyste fait face à un immense mur de ronces.

Si grand qu'il décourage par sa vue toutes personnes ayant l'idée de le franchir.

Du moins...toute personne ne possédant pas de don.

Deux jours avant son départ, Améthyste avait demandé à Abraham si quelque chose d'étrange s'était passé en France dont la responsable serait une Sorcière répondant au nom de Maléfique.

Le premier-né de Joseph et d'Amélie de Châteaupers lui avait appris qu'un étrange homme était venu à la cérémonie de présentation de la Princesse Anne alors qu'elle n'était encore qu'un bébé.

Cet homme répondait au nom d'Alberic.

FLASH-BACK:

-Nous, les Fées, dans ce berceau offrons à cette belle enfant chacune un don, avait pris la parole la Fée vêtue de rose. Petite Princesse, moi je vais te faire don de l'intelligence.

-Jolie Princesse, moi je vais te faire don du soutien fraternel, s'était exprimée la Fée vêtue de vert.

-Adorable Princesse, moi je vais te faire don de la ténacité.

-Charmante Princesse, je te fais don…

La porte menant au trône s'ouvre avec fracas alors qu'un vent inhabituel avait soufflé dans la pièce jusqu'à ce qu'un éclair retentisse avec fracas jusqu'à ce qu'une silhouette masculine fasse son apparition, un étrange objet en main.

-Mais il y a là tout le beau monde, Roi Louis : leurs altesses, leur noblesse, l'aristocratie et il y a aussi… la racaille.

Pimprenelle avait vue rouge, elle avait pris son envol, mais avait été retenue de justesse par ses amies. L'homme avait ricané, amusé.

-Qui êtes-vous ? avait pris la parole le souverain de France en se levant.

-Mon nom est Alberic, ancien serviteur du Roi Ivan III de Russie. s'était incliné le nouvel arrivant.

Tournant la tête vers le berceau, l'homme avait expliqué qu'il est venu bénir la jeune Princesse:

-La Princesse en grandissant aura la grâce et la beauté, chacun l'aimera et lui sera dévoué. Mais ma volonté est telle qu'avant l'aube de ses seize ans, elle se piquera le doigt à la pointe d'une quenouille...et en mourra!

Horrifiée, la Reine avait accouru vers le berceau, prenant son bébé dans ses bras sous le rire machiavélique.

-Arrêtez ce Sorcier!

De la fumée rougeâtre entoure le Sorcier qui disparaît tout en continuant de rire aux éclats.

Lorsque le calme revient après que les Fées Flora, Pâquerette et Pimprenelle aient su calmer la foule.

-Chère Princesse, une quenouille te piquera le doigt puisque Alberic a jeté ce sort sur toi, cependant, tu ne mourras pas et voici ce qui se passera. prend la parole la quatrième Fée. Tu tomberas dans un sommeil profond qui certes sera fort long, mais je te promets qu'au bout de cent jours, tu seras réveillée par le baiser de ton futur mari.

Cette quatrième Fée avait titillé la curiosité d'Améthyste.

Blanche lui avait fait un portrait des quatre amies, lui coupant efficacement le souffle!

Améthyste n'était peut-être pas le plus doué en dessin dans son groupe d'amis, mais jamais de ce que Lily avait peint de Maléfique ne ressemble au dessin de Blanche!

Hormis leurs cheveux gris que tout le monde se faisait des Fées, aucune des quatre n'en a.

Flora les a blonds comme les blés, Pâquerette châtains alors que Pimprenelle et Angelina les ont noirs.

Physiquement les trois premières ressemblent aux illustrations qu'Améthyste avait pu voir dans n'importe quels livres pour enfants ou d'affiches publicitaires.

Comme il reconnaît qu'il leur aurait donné 30 ans sans la moindre hésitation...avant de se souvenir que les Fées et autres créatures humanoïdes vieillissent beaucoup plus lentement que les humains ordinaires!

La Maléfique de cette époque, pardon la Fée Angelina !, a la peau pâle pour un regard de chat vert émeraude avec des fragments d'or éparpillés, les cheveux coiffés en une tresse lui battant les reins, vêtue d'une robe et un chapeau bleu nuit parsemés de minuscules étoiles blanches.

L'autre surprise pour le jeune garçon avait été de découvrir que Pimprenelle porte une robe jaune au lieu du bleu ciel que l'imagination collective lui avait associée.

Seules Flora et Pâquerette ont gardé le rose et le vert qui leur est associé.

Améthyste appris que dans un coin de France se trouve un mur de ronces qu'Alberic avait créé peu après que sa malédiction se soit réalisée.

De plus c'est le Duc Pierre de Beaujeu qui avait su sauver la fille aînée de Louis XI et de Charlotte de Savoie qu'il avait rencontrée alors qu'il s'était perdu en forêt, forêt dans laquelle les quatre Fées avaient élevé la Princesse dans une petite chaumière.

Comme c'est ce même Duc qui avait porté secours à la jeune fille et ainsi la libérer de sa malédiction après avoir su difficilement terrasser le terrible Sorcier.

Sorcier que connaît très bien Améthyste qui avait lu tous les livres parlant de ce personnage, mais ce qui l'avait fait questionner est que cet adorateur du Malin ne naîtrait que vers le 18ème siècle*, autant dire que le savoir vivant à cette époque n'est pas pour le rassurer.

Surtout s'il possède l'Orbe Magique avec lui…

L'Orbe.

Objet fascinant, mais terrifiant à la fois. Fascinant car elle offre à celui qui la possède de la magie brute, permettant à son utilisateur de faire tout ce qu'il souhaite, la seule contrainte est l'imagination.

Terrifiant parce que l'Orbe demande un mental d'acier sinon elle aspire l'énergie vitale des plus faibles.

Une femme, Mary Violet, avait fait des recherches sur Alberich et l'Orbe, affirmait que l'Orbe était autrefois un œil de Chernabog. Que le Malin n'avait pas hésité à s'arracher pour l'offrir au tout premier Sorcier. Son nom ? Hadès.

Cette même femme avait révélé des documents rarissimes attestant que les Dieux Grecs n'étaient que des hommes et femmes ordinaires avant que leur grand-mère, Gaïa, ne reçoive un don de Mère-Nature.

Les géants et autres créatures n'étaient que des créations de poètes en mal d'attention, mais pas pour Méduse, les Centaures et les Sirènes** qui existent réellement.

Hadès avait été le premier Sorcier Noir de l'humanité car il avait été la victime des moqueries de ses frères et sœurs parce qu'il était né sans don.

Où avait-il entendu parler de Chernabog ? Personne ne le sait, mais Mary Violet avait émis l'hypothèse que Pitch Black avait dû rencontrer Hadès dans sa quête de terreur internationale.

Hadès avait reçu comme cadeau de la part de l'Orbe le contrôle des morts, du feu et de décider qui vivrait de qui mourait.

C'est sa fratrie, le cœur lourd, qui eut la lourde tâche de l'exterminé pour empêcher la destruction de l'espèce humaine.

Après le terrible affrontement ayant provoqué pertes et fracas dans les deux camps, l'orbe et Pitch n'ont jamais été retrouvé malgré des recherches minutieuses.

Si Hadès et Pitch firent des ravages à eux seuls, Zeus et sa fratrie reçurent l'aide des tous premiers Gardiens dont l'Histoire ne leur a pas rendu hommage en n'ayant pas conservé leur nom. Sauf : Celui de Sandy, le Marchand de Sable.

Cette déchirure fratricide donna naissance à la mythologie grecque. Les Poètes se chargeant de l'embellir et/ou de l'enlaidir selon leur imagination.

À son époque, Améthyste avait lu dans l'un des livres d'Histoires que Maléfique tirait sa magie d'une mini-réplique de l'Orbe ornant son bâton. Bâton qu'elle aurait reçu des mains-même de Chernabog quelques semaines après la perte de ses ailes. De ce fait son apparence physique avait complètement changé. Apparence qu'Améthyste connaît très bien.

Perdu dans ses pensées, Améthyste sursaute en sentant quelque chose lui chatouiller le cou!

Battant des paupières pour reprendre pieds avec la réalité, le jeune garçon laisse la tige parsemée d'épines le « renifler ».

Après un certain temps, Améthyste voit le mur de ronces s'ouvrir devant lui.

Prudent, Améthyste sait que ce qu'il s'apprête à faire est dangereux. Que sans la lumière solaire de la Princesse Raiponce et du pouvoir de glace de Jack formant l'Éclipse, rien ne pourra pas l'aider s'il devait rencontrer des obstacles.

Il s'enfonce dans un sous-bois extrêmement dense. Comme pour se défendre elle-même la nature semble se resserrer sur son passage. Elle semble également bouger… L'ouïe la plus aiguisée du meilleur animal au monde à son actif, Améthyste entend le mouvement de quelque chose fonçant dans sa direction.

Se retournant, Améthyste tranche net la liane qui fonçait sur lui grâce à ses ongles qu'il a transformé en griffes. Plus exactement à celle du Casoar à casque.

À nouveau ce même bruit de quelque chose qui fonce sur lui. Améthyste tranche aussi nette que tout à l'heure.

-Vous ne me connaissez pas, Landes, mais je ne suis pas un intrus!

Comme pour lui répondre, il entend des bruits de feuillages et de branches qui cassent. Légèrement inquiet, mais ne voulant pas le montrer, Améthyste se tient sur ses gardes. Soulagé quelque part de ne pas sentir l'une de ses crises se manifester.

Bien que n'étant pas doté de la meilleure mémoire du monde, Améthyste a tellement étudié la carte que North lui a donné qu'il peut certifier à deux cents pour cent qu'il doit continuer en ligne droite.

Prenant la forme d'un guépard, tout en conservant le tranchant des griffes de l'oiseau bleu, Améthyse se met à courir.

Son choix de transformation n'est pas anodin car le félin est aussi agile que rapide, lui permettant d'esquiver les branches ou lianes qui cherchent à le frapper ou à l'attraper. De même que les racines au sol, où, d'un bond, Améthyste se change en un rouge-gorge.

Une ombre au-dessus de lui le cloue au sol, mais si Améthyste réussit à reprendre forme humaine pour éviter de se faire gober tout cru, c'est son bras qui fait la rencontre avec les crocs de son assaillant.

Criant de douleur, Améthyste ne reconnaît pas tout de suite le feulement de la bestiole qui l'a attrapé. Des étoiles tanguant devant ses yeux, Améthyste tourne la tête...pour asséner un puissant coup de poing à son agresseur. Agresseur qui miaule de douleur.

Se redressant, une main sur sa blessure, Améthyste a la surprise de voir que, par l'apparence, son agresseur fait penser à un chaton. Non, pas un chaton. Il est beaucoup trop imprégné de magie noire pour être un chaton sauvage ordinaire.

Si le petit félin fait la même taille que les chats rubigineux ordinaires, la ressemblance s'arrête là.

L'animal, très vite rejoint par d'autres, a un pelage aussi sombre qu'une nuit sans astres hérissé au maximum dans une attitude menaçante, un regard couleur sang, les lèvres retroussées révélant des dents pointues et des griffes effilées comme un couteau fraîchement aiguisé.

Comme pour leur donner un coup de main d'autres créatures les rejoignent avec l'intention de faire du mal à l'adolescent imprudent.

Des caribous ayant des dents aussi acérées qu'un vampire, leurs bois luisant d'un éclat menaçant, des tigres aux poils hérissés… et même une dizaine de gorilles à dos argenté dont les mâchoires maculées de sang ne rassurent pas Améthyste qui sent son cœur et son corps trembler comme une feuille.

Par la compassion et l'Amour sans faille de Mère-Nature, je suis vraiment le Roi des imbéciles!

Jetant un coup d'œil à son bras blessé, Améthyste grimace. Ce qu'il s'apprête à faire est contre toute logique, mais il n'a pas le temps de se saisir d'une perle afin de faire apparaître une trousse de premier secours afin de se soigner.

Reprenant forme d'un guépard, Améthyste file à travers bois, feulant de douleur chaque fois que son membre blessé touche le sol, mais il aurait été folie de prendre l'apparence d'un oiseau.

Dans son dos, Améthyste entend les animaux se lancer à sa poursuite. Grognant, criant, crachant, ils bondissent d'arbres en arbres qui les poussent vers les intrus. Arbres qui continuent de lui barrer !

D'un bond sur le tronc d'un arbre duquel il grimpe.

Arrivé à une certaine hauteur, Améthyste change de forme pour prendre l'apparence d'un gibbon à trois bras ! Pour mieux reprendre sa route en sautant de branches en branches.

Merde ! Mauvais calcul ! songe-t-il en attrapant une branche. Quoique...

Pendant plusieurs minutes, Améthyste réussit à distancer ses assaillants, se pensant hors de danger. Mal lui en prend.

Un coup vicieux de la part d'un gorille le ramène sur terre où, étourdi, Améthyste papillonne des yeux, mais c'est le contact de doigts poilus sur sa gorge qui le ramènent à la réalité.

Tenant de repousser l'animal qui tente de le priver d'air, Améthyste ne sent pas qu'il reprend sa forme première.

Non ! Je ne peux pas mourir ici ! Pas alors que les autres m'attendent !

Comme un film au ralenti, Améthyste voit sa vie défiler sous ses yeux.

Sa naissance, la première fois qu'il a entendu la voix de ses parents et de ses aînés, l'Amour débordant de ses parents, leur isolement à sa mère (cette dernière devait porter des vêtements spéciaux) et lui alors qu'il était encore bébé car ses défenses immunitaires étaient inexistantes à sa naissance.

Ses premiers pas, les différents traitements jusqu'à sa guérison complète, la présentation à la famille, sa découverte de son foyer, l'amour et la tendresse sans fond de Raip' qui prenait son rôle d'aînée très à cœur.

La visite obligatoire chez le Chercheur afin de connaître son futur don, le visage grave du spécialistes annonçant à ses parents qu'il n'a aucun don, le changement dans l'altitude de ses parents (bien qu'il était trop jeune pour remarquer le dit-changement).

Le soutien sans faille de Raip', la mauvaise blague de Klaus et de son ami, son traumatisme, la découverte de sa phobie à son réveil à l'hôpital, les moyens mis en place pour l'aider, sa scolarité dans une école pour Non-Bénis, sa rencontre avec Bao et Lily dont l'amitié est née très vite, leurs quatre cents coups ensemble, la découverte de ce qui sera son deuxième don.

C'était lors d'une sortie scolaire pour aller voir un parc animalier où Lily l'avait trouvé en train de papoter avec une maman tigre!

Son don de thérianthropie s'était manifesté à nouveau alors qu'il essayait juste d'imiter vocalement un diable de Tazmanie sur le chemin du retour... se retrouvant transformant en l'animal en question !

Paniqué, il avait essayé de reprendre forme humaine, à la place il prenait l'apparence de tous les animaux qu'il avait durant la journée !

C'est Bao qui l'avait aidé à retrouver son calme, empêchant une crise d'angoisse d'avoir lieu, tout en l'aidant à redevenir humain !

Lorsque ses parents apprirent la réelle existence de ses dons ils l'inscrivirent dans une école pour Bénis.

Ce brusque changement et la séparation d'avec ses meilleurs amis avaient été horribles pour Améthyste qui écrivait tous les jours à ses amis. Tout en faisant en sorte de se voir les mercredis et week-end.

Dès son arrivée, il avait été placé à côté de Saphira Plume.

La petite fille était vue comme la descendante directe de Saphir Lopez-Sanchez, mais aussi comme l'enfant parfaite. Toujours aimable, polie, serviable, meilleure de sa classe, toujours bien habillée, etc...une vrai Miss-Je-Sais-Tout !

Autant dire que les deux enfants ne s'entendaient pas, Améthyste était vue comme un trouble-fête et autres quolibets peu glorieux. Merci qui ? Merci Klaus !

C'était par le plus grand des hasards qu'Améthyste avait découvert que Saphira souffrait du poids de la perfection que ses parents l'obligeaient à être.

Alors qu'il entrait dans le parc près de l'école pour se vider la tête, il avait vue Saphira en larmes.

Poussé par l'inquiétude, Améthyste avait été la voir. Sa voisine de bureau lui avait tout raconté.

La pression de ses parents a être la meilleure en tout, faire honneur à ses ancêtres alors que contrairement à sa mère elle n'est pas le Lien.

C'est ce jour-là que leur amitié a vu le jour.

Les changements voulus par Saphira dans son altitude quotidienne ont été longs et douloureux, mais grâce au soutien tendre de Bao, celui maladroit d'Améthyste et celui sarcastique de Lily (connue pour sa franchise légendaire) Saphira avait pu changer.

Bien qu'au tout début Lily refusait d'adresser la parole à "Miss Parfaite" et d'être son amie.

Du haut de ses 5 ans, Lily montrait un caractère bien trempé, ne se laissant pas marcher sur les pieds par les autres.

Qu'est-ce qui avait se rapprocher les fillettes ? Mystère, mais à partir de ce jour les quatre enfants formèrent une petite bande de chenapans, mais sans jamais commettre le moindre délit grave. Les mensonges de Klaus lui pourrissant assez la vie comme ça, merci, mais non merci.

Bien que les quatre amis étaient scolarisés dans deux écoles différentes ils arrivaient à maintenir leur amitié jusqu'à l'annonce du Roi leur apprennent l'existence d'une nouvelle école pour les Bénis et les Non-Bénis. Ils avaient 11 et 9 ans.

Deux de leurs passions communes étaient la musique et le chant : Lily jouait de la batterie, Bao de la guitare solo, Saphira de la basse alors que lui-même jouait de la Guitare rythmique !

Aussi surprenant que cela puisse paraître c'était son grand-père et Raip' qui les avaient encouragés à créer un groupe de musique.

Groupe qui avait cartonné même pas un mois après sa création !

Le succès répondait toujours présent, le public ignorant que l'un des membres du groupe est Améthyste, son visage caché par un masque.

Jusqu'à ce fameux soir où il surprit une conversation entre ses parents et les Invocateurs sur le fait que c'était LUI, l'Élu !

Ce défilé de souvenirs cesse aussi brutalement qu'il a commencé.

Au bord de l'asphyxie, Améthyste repense à sa sœur, ses parents, son grand-père et à toutes les autres personnes qu'il a rencontré depuis son voyage dans le passé.

Comme il ne se rend pas compte qu'il prend l'apparence de Chernabog.

Ouvrant grand ses ailes d'un mouvement brusque, le gorille qui était en train de l'étrangler et les autres se font projeter violemment sur des arbres ou à terre suite à la violence de l'air.

Jappant ou gémissant de douleur, les animaux se cachent dans les buissons et les arbres, craintifs.

Toussant fortement afin de permettre à l'oxygène de retrouver le chemin de ses poumons, Améthyste reprend son apparence première.

Lorsque les étoiles cessent de danser devant ses yeux et qu'il est sûr qu'il a assez récupéré assez d'air, Améthyste se lève tout en se massant la gorge.

-Défenseurs des Landes ! Comprenez-vous que je ne suis pas votre ennemi ? Je n'ai pas le don de vous désenvoûter, mais je connais des gens qui sauront vous ramener à votre état normal.

Déchirant un pan de sa chemise, Améthyste l'emploie pour panser sa blessure.

S'assurant que les animaux aient bien compris, Améthyste prend l'apparence d'un Outarde.

Bien que son bras lui fasse mal, Améthyste bat des ailes pour s'élever vers le ciel.

Il lui faut une heure et demie et plusieurs pauses pour arriver à destination. À savoir à côté d'une petite rivière.

Améthyste n'a pas le temps d'admirer la beauté du paysage qu'il s'effondre. Terrassé par la douleur.


-Ce garçon est fou ! s'exclame à voix basse une voix de femme.

-Fou, je l'ignore, mais inconscient sans le moindre doute ma chère Pimprenelle. répond une seconde voix.

-Il est l'Élu, sa marque ne trompe pas !

-C'est vrai. De plus il possède un don sans ça, il n'aurait jamais pu entrer.

-Je vous entends, vous savez ? murmure-t-il.

Ouvrant difficilement les yeux, Améthyste voit deux femmes d'une trentaine d'années. Il les reconnaît aisément.

-Où suis-je ?

-Vous êtes en sécurité dans l'Arbre-Monde. lui sourit celle répondant au nom d'Angelina.

Aidé par cette dernière, Améthyste se redresse en position assise.

Jetant un œil à son bras, le jeune garçon est heureux de le voir mieux bandé que tout à l'heure.

-Quel est le but de votre visite, jeune homme? demande Angelina.

-Et quelle folie vous est passée par la tête d'entrer dans les Landes alors qu'elles sont infectées ! s'exclame la Fée grassouillette.

Invitant les deux Fées à s'asseoir, ce que font les deux femmes, Améthyste explique qu'il souhaite consulter le Miroir Communicateur (7) afin de repérer les Sbires de Chernabog.

En entendant le nom du Malin les deux Fées pâlissent.

-Je ne sais pas à quel moment il compte se manifester, mais deux de ses Sbires se promènent librement.

-Qui sont-ils ? s'inquiète Pimprenelle.

-Mère Gothel et Blanche-Neige. répond, le visage sombre, Améthyste.

Après s'être redressé en position semi-assisse, Améthyste explique aux deux Fées qu'il vient du futur, choisi par Mère Nature pour empêcher le retour de Chernabog à son époque, mais il ne sait pas comment il est persuadé que le Chernabog de son époque l'a suivi dans le passé.

-Je comprends mieux l'inquiétude de Mère Nature, réfléchis Angelina, une main sous le menton.

-Que voulez-vous dire ? Demande, curieux, Améthyste.

-Suite à une conversation avec Grand-mère Feuillage, l'Homme de la Lune et Dame Soleil il y aurait 2 Chernabog, s'explique la Fée vêtue de bleu : Une en sommeil et une autre plus instable, comme hésitante à se manifester.

Est-ce que ça voudrait dire que son bracelet serait encore intact ? Ou bien... ?

-Le mieux à faire serait que Mère Nature trouve quelqu'un pour éliminer le Chernabog endormi, réfléchis Pimprenelle.

-Exact, mais qui ? approuve une troisième voix.

Tournant la tête vers la gauche Améthyste voit s'avancer deux autres Fées vêtues de rose pour l'une et de vert pour l'autre.

Angelina explique aux nouvelles arrivantes ce qu'Améthyste leur a appris pendant leur absence.

-Je n'ai jamais appris à me battre avec des armes, mais je suis plutôt bon au corps à corps, hausse des épaules l'adolescent lorsque Flora explique que l'arme qu'il a reçu de l'Homme de la Lune le désigne comme l'un des adversaires du Malin.

-Je peux t'enseigner si tu le souhaite. Après tout tu es celui qui vaincras le Chernabog de ton époque.

Apparaît dans l'embrasure de la porte Hylonomé, rangeant son arc par-dessous son épaule droite.

Constatant que la nouvelle venue, une Centauresse, est poitrine nue, Améthyste détourne la tête, le visage cramoisi.

De tous les défauts qu'il possède, Améthyste n'est pas voyeuriste. Il respecte beaucoup trop l'intimité féminine, même quand il avait discuté avec Rubis il y a quelques mois il avait fait en sorte de tjrs la regarder droit dans les yeux.

Si regarder un homme torse nu ne l'a jamais dérangé, ce n'est pas le cas pour les filles et femmes.

Même quand Lily osait retirer ses chemises, Améthyste était incapable de continuer ce qu'il faisait. Saphira avait plus de retenue, Mère Nature merci.

Cependant la deuxième phrase de la nouvelle venue fait s'interroger Améthyste. Il n'a pas le temps d'ouvrir la bouche que Mère Nature lui apprend télépathiquement qu'effectivement il est celui qui devra vaincre le Chernabog endormi, mais que lorsque ce jour viendra elle priera pour sa victoire.

✵Je suis tellement désolée de te confier une telle tâche, mon cher Améthyste.✵

Entendre Mère Nature pleurer étouffe dans l'œuf toute colère que l'adolescent aurait pu nourrir envers sa déité. Se sentant coupable de faire pleurer celle dont il honore la mémoire et les bien-faits depuis qu'il est enfant.

Je...Mère Nature, ne pleurez pas! Cela fait un moment que je sais que ma vie ne sera pas simple, mais s'il vous plaît ne pleurez plus!

-Hylonomé, voyons ! Un peu de décence, je te prie !

L'exclamation indignée de Flora ramène Améthyste au temps présent après que Mère Nature l'ait remercié, des sanglots plein la voix.

Sortant sa baguette, la Fée vêtue de rose l'agite doucement en direction de la Centauresse qui se retrouve vêtue d'une tunique sans manches qui s'arrête à la taille.

-N'importe quoi, lève les yeux au ciel Hylonomé.

Un prude ! Ça promet !

Puis les posant sur le jeune garçon.

-Ne me dis pas que tu n'as jamais vu de seins avant aujourd'hui ?

-Si...grommelle, toujours aussi rouge, Améthyste. Et sachez que ça s'appelle de la pudeur.

-Combien de temps lui faut-il pour que son bras guérisse ?

-Deux mois. répond Angelina.

-On peut commencer l'entraînement maintenant. Je suis ambidextre.

Toutes les têtes se tournent vers Améthyste qui s'est levé, le regard empli de détermination.

-Parfait ! sourit la Centauresse, mains sur les hanches.

Cependant, Angelina fait remarquer à la Centauresse qu'Améthyste doit se reposer, mais ce dernier demande à avoir le Miroir Communicateur, surprenant Flora, Pâquerette et Hylonomé.

Plaçant le miroir face à son visage et d'une voix claire et précise ordonne ces mots:

-Miroir, montre-moi les Sorcières Mère Gothel et Blanche Neige.

La surface du miroir prit vie, des volutes de lumière verte se dessinèrent, illuminant son visage. De micro-secondes s'écoulent desquels le visage du jeune garçon disparaît pour laisser apparaître ceux de deux femmes d'une trentaine d'années, toutes deux très belles, aux cheveux noirs et aux regards bleu acier pour l'une et noir pour la seconde.

Les deux femmes se trouvent quelque part, une taverne peut-être?, mais l'espace restreint du miroir ne permet pas d'en savoir plus. Comme il est impossible de savoir de quoi elles peuvent bien parler que déjà leur image se trouble pour faire place au verre poli du miroir qui reflète le visage d'Améthyste.


Il faut deux années entières à Améthyste pour apprendre à se battre avec son arme tout en utilisant son don de thérianthropie devenu métamorphose.

Chaque matin il écrivait aux enfants, mais aussi aux adultes, s'excusant de ne pas pouvoir rentrer, mais leur racontant tout ce qu'il vit avec les quatre Fées et son maître d'armes. Tout en envoyant quelques dessins et petites sculptures en bois réalisés par ses soins.

Pour Rubis, il lui envoyait ce qui lui manquait comme plantes. Comme il put admirer l'unique Luxicae, auprès de laquelle il a appris la méditation.

Chaque jour Améthyste est témoin des efforts des Fées et d'Hylonomé pour repousser le mal qui ronge doucement, mais sûrement les Landes.

C'est finalement le matin de son seizième anniversaire qu'Hylonomé lui apprend que son entraînement est terminé. Qu'il peut retourner auprès de ses amis.

Genou à terre, tête haute, Améthyste offre un large sourire à la femme Centauresse.

-Je vous remercie pour votre enseignement Maître Hylonomé. Je saurais m'en montrer digne.

-File, tes amis t'attendent. acquiesce Hylonomé. On se revoit dans 9 ans.

Cette promesse de se revoir est le résultat d'une longue conversation entre maître et élève afin que la Centauresse puisse prendre sous son aile Esmeralda lorsqu'elle sera plus grande.

Se redressant, Améthyste salue les quatre Fées puis se transforme en faucon pèlerin. Direction : Arendelle !


Lorsqu'il arrive à Arendelle, Améthyste voit que la place centrale est bombée. Grâce à la vision d'aigle, il voit Clopin, Ruben, Esmeralda et quelques Gitans réaliser différents numéros.

Changeant d'apparence pour une mésange bleue, Améthyste se pose sur le haut de la fontaine, appréciant le spectacle.

Ruben fait apparaître des animaux de feu tout en marchant sur un fil alors que Clopin jongle tout en étant debout sur le dos d'un renne.

Les autres Gitans offrent différentes représentations qui émerveillent tout autant que ceux des deux meilleurs amis.

Il n'a yeux que pour les numéros de Clopin et Ruben.

Lorsque les différents numéros prennent fin, la foule jette quelques pièces dans le chapeau lors du passage de Rubis.

Une fois la foule dispersée et les autres Gitans partis après avoir reçus les félicitations de leur Chef.

Une idée lui vient en tête, il la met aussitôt en pratique !

Tournant autour de Clopin, il s'amuse à le faire tourner en bourrique jusqu'à se saisir de sa plume jaune.

Ce moment de jeu permet à Améthyste de se vider la tête, d'oublier les cicatrices qu'il a obtenus durant son affrontement contre Chernabog.

Parfois il se demande comment il a pu gagner aussi ''facilement'' contre le Malin.

Entre l'arme offerte par l'homme de la Lune, l'enseignement d'Hylomoné et sa connaissance des poisons (connaissance transmise par son grand-père paternel) Améthyste reste sceptique sur sa victoire.

-Ha ha ! s'exclame Clopin. Je te tiens !

Reprenant pieds avec la réalité, Améthyste remarque qu'il se trouve coincé délicatement entre les mains du parrain d'Esmeralda.

Tournant la tête vers le Gitan, la plume de ce dernier toujours dans son bec, Améthyste lui adresse un clin d'œil...avant de reprendre forme humaine, sa plume en bouche!

-Améthyste?! s'exclame Clopin en faisant en sorte que son jeune ami ne tombe pas par terre.

-Je t'ai manqué ? sourit ce dernier après avoir ôté la plume.

Quelques instants plus tard Esmeralda, son père, Clopin et Améthyste se retrouvent au palais où le jeune garçon est très vite entouré par Elsa, Honeymaren, Anna, Esmeralda et Ryder.

-Améthyste est revenu ! Améthyste est revenu !

Après avoir confié le garçonnet à Iduna, les enfants encerclent l'adolescent pour se mettre à danser dans une folle farandole tout en chantant leur bonheur de revoir leur ami.

Touché par la joie des enfants, Améthyste pose un genou à terre, les attrapant tous pour les serrer dans ses bras.

Les tenir dans ses bras permet à Améthyste de chasser pour quelques instants ses doutes.

Une heure plus tard tout ce beau monde se retrouve à la salle à manger devant un véritable festin après qu'Agnarr ait fait appeler Leland et Ann qui sont ravis de son retour.

C'est Ann qui remarque que les vêtements d'Améthyste sont différents. Plus couvrant. De même qu'une mèche de cheveux cache la partie droite de son visage alors que le reste est libre de toutes entraves.

Améthyste porte une tunique à manches longues vert feuille, des protèges-poignets en métal et un pantalon recouvrant les deux jambes couleur écorce.

Un rapide coup d'œil à Iduna et Rubis lui apprend qu'elles aussi ont remarqué le changement.

Comme promis Améthyste raconte tout ce qu'il a vécu dans les Landes, omettant volontairement les détails sur la mort de Chernabog.

Esmeralda est ravie d'apprendre qu'Hylomoné lui apprendra à maîtriser son don dans le futur.

-Elle te conseille de continuer de t'entraîner, sourit Améthyste. C'est un maître sévère, mais juste.

-Dame Hylomoné connaît-elle quelqu'un qui pourrait m'aider ? demande Elsa.

Curieux par la demande, Améthyste questionne la fille aînée d'Iduna et d'Agnarr.

Elle lui explique qu'en jouant avec Esmeralda, Honeymaren, Anna et Ryder dans la forêt avec Vent lorsqu'en éternuant Elsa avait touché sa cousine au bras.

La ''blessure'' n'avait pas mis en danger la santé d'Esmeralda car son père avait su réchauffer son membre sans aller voir les Trolls.

-Dis-moi Améthyste ?

-Oui ?

-As-tu une dent contre les Trolls ?

La question attire l'attention de tout le monde qui tourne la tête vers Agnarr et Améthyste.

-Oui.

La réponse surprend Agnarr et sa femme, mais ils n'ont pas le temps de questionner davantage leur jeune ami qu'il s'explique, le visage sombre.

-Ils avaient promis de guérir mon grand-père. Ils ont échoué. Lamentablement.

Le jeune garçon explique que son grand-père souffrait d'une tumeur au cerveau depuis quelques années lorsqu'il a été voir les êtres de pierre qui lui avaient promis de le guérir.

-Excusez-moi tout le monde, mais le voyage a été long. Je vous revois plus tard ?

Saluant tout le monde tout en promettant aux enfants qu'il jouerait avec eux à son réveil, Améthyste quitte la pièce pour ses appartements où après avoir retiré ses protèges-poignets et ses vêtements révélant une multitude de cicatrices parcourant son corps.

Se glissant dans les draps, Améthyste s'endort rapidement.


Note de l'auteure: Alors? Qu'en avez-vous pensé?

1) Prénom féminin signifiant "Feuille verte"

2) Prénom féminin signifiant"Espoir protecteur"

3) Clins d'œil au film ''Les enfants de la pluie''. Devinez qui est qui!

4) Rien à voir avec le personnage des Disney Aladdin.

5) Ancien prénom écossais signifiant « Jumeau ». Je vous laisse imaginer l'arbre généalogique de Mérida!

6) Sa couleur de robe est de couleur fauves clairs plus ou moins dorés.

7) Pour vous aider à le visualiser, pensez au miroir dans « La Belle et la Bête » (le dessin animé, pas le live-action) !