Chapitre 16

Au même moment, sur le Virginia Company, Améthyste pousse un soupir de soulagement, quand ils parviennent enfin en vue des côtes du Nouveau Monde. Les tensions ne faot que croître à bord, comme si les amitiés nées trois ans plus tôt avaient disparues. Dès leur retour à la mer, après leur naufrage, le gouverneur Radcliffe avait repris ses manières pompeuses et distantes avec le reste de l'équipage, se croyant supérieur. Renaud et Améthyste l'avait confronté à de nombreuses reprises et c'était tout juste s'ils n'avaient pas fini par le jeter par-dessus bord. Le jeune homme espérait vraiment que poser pied à terre leur ferait du bien à tous.

Le seul point positif à leur naufrage d'il y a trois ans est qu'il a permit à Améthyste de mieux connaître John Smith, les deux hommes se liant d'amitié grâce à l'esprit d'analyse de Renaud qui leur avait fait remarqué qu'ils ont quelques points communs.

Très vite les manœuvres sont faites, les canots jetés à l'eau et enfin, ils posèrent tous le pied sur le Nouveau Monde. Outre Améthyste et Renaud, ils sont tous stupéfaits de découvrir un deuxième pays entièrement vierge de la patte urbaine de l'homme. Tout ici n'est que nature. Le premier a l'envie folle de se changer en oiseau et de parcourir cette terre des cieux, mais il sait qu'il ne pourrait le faire qu'à la tombée de la nuit, s'il voulait éviter que le reste des hommes ne remarquent son absence.

Renaud, quant à lui, a plus que hâte de découvrir les richesses des lieux. Aussi bien les plantes que les animaux.

Ils ignorent que des éclaireurs Powhatans les observent depuis les arbres, avec, parmi eux, la curieuse Pocahontas, qui se retrouve fascinée par le grand capitaine Smith.

Le petit Meiko, sentant l'intérêt de sa maîtresse, voulut bien faire, se dirigeant vers l'homme pour engager le contact. Les éclaireurs, reconnaissant l'animal, se tendent, craignant qu'il ne dévoile la présence de leur Princesse et qu'ils ne doivent, à leur tour, se montrer, pour la défendre.

C'est Améthyste, se trouvant à côté de John et Renaud, qui remarque le premier l'animal et le montre à ses camarades, en souriant.

-Bonjour toi. sourit Smith en s'accroupissant. Tu es une bien étrange créature. Est-ce que tu as faim?

Il lui présente doucement un biscuit.

-Ôtez cela de ma vue! grommelle Renaud, en se détournant.

-Tiens mon vieux. continue Smith, l'ignorant. C'est un biscuit. Cela se mange.

Meiko hume le cadeau, incertain, puis, attiré par la bonne odeur, il n'en fit qu'une bouchée.

-Tu aimes cela. s'amusa Smith. Mais tu t'en lasserais au bout de quatre mois.

-Quelle tolérance! Je m'en suis lassé bien avant cela! s'en plaint encore Renaud.

Meiko agite alors le second biscuit, que lui avait offert le capitaine, vers les branchages.

-Tu as un ami, là-bas? demande John.

Les trois hommes se concentrent sur la direction, intrigués et impatients de découvrir d'autres races d'animaux, différents ou semblables à la petite créature qu'ils ont devant eux. John est le plus aventureux, s'avançant doucement pour être accueilli à coups de bec par un petit oiseau vert, à l'écartement des branches.

Son agitation pour lui échapper lui fit perdre des biscuits, Meiko se glissant entre ses jambes pour les récupérer, manquant à plusieurs reprises de le faire trébucher et tomber. Renaud et Améthyste, en bons amis fidèles, rirent de ses petites acrobaties, sans lui venir en aide.

Leur moment de détente est interrompu par le son du clairon, sonné par le serviteur de Radcliffe, pour signaler la descente du bateau de ce dernier. Ils n'ont alors pas d'autre choix que de repartir vers le navire.

Les éclaireurs indiens et leur Princesse firent également demi-tour. Ils avaient leur rapport à faire auprès de Wakunsunacock, leur chef, et des décisions à prendre face à ces étrangers très différents d'eux.

-Mes frères, avant de prendre toute décision, nous devons en apprendre plus sur ces visiteurs.

Il se tourne vers le sage du village.

-Kekata, que vois-tu?

Ce dernier effectue un petit rituel au-dessus du feu, pour appeler Mère Nature et obtenir sa sagesse.

Celle-ci, via la fumée, leur montre les formes d'Améthyste, Renaud et John, avec le premier bien mis en avant et en évidence. Les deux autres hommes s'effacent en arrière-fond, ne laissant qu'Améthyste, qui se métamorphose en différents animaux.

Lenmana, reconnaissant son ami, s'approche du feu, fascinée et ravie. Kocoum est également absorbé par les images, ébahi de voir que parmi ces étrangers se trouve un autre Élu de Mère Nature, quelqu'un comme lui. Cependant, juste après, apparaît la forme du Gouverneur Radcliffe, épée à la main, suivit d'hommes armés d'arquebuses.

-Parmi ces hommes se trouvent des envoyés de Mère Nature. Des alliés. Mais des ennemis se sont également glissés dans la masse, prêts à nous abattre avec leurs armes crachant le feu et le tonnerre. Il faudra se montrer très prudents pour distinguer les bons des mauvais.

-Améthyste...chuchote Lenmana.

-Qu'as-tu dit, ma chère? demande son mari, Namontak.

-Je ne sais pas. Ce nom m'est venu, avec cet homme se changeant en animal. J'ai l'impression que je le connaissais.

-D'où tu viens?

-Oui, je pense. Je ne suis pas sûre. Il faudrait que je le rencontre en personne. Peut-être que cela provoquerait un déclic.

-Tu ne vas pas à leur rencontre. Si tu tombes sur des ennemis, plutôt que des alliés...

Sa phrase reste en suspens, incapable de la finir.

-Nous ne prendrons pas le risque. termine-t-il.

Furieuse, Lenmana fait face à son époux, le regard luisant de colère.

-Tu ne me dis pas ce que je dois faire! De une, je suis assez grande pour prendre soin de moi. Et de deux, nous pouvons toujours les observer sans nous approcher. Nous faire une première idée de leurs caractères et de leurs opinions. Qui sait, nous n'aurons peut-être jamais à véritablement les rencontrer?

Kocoum appuie cette idée, approuvée par de plus en plus de membres de la tribu. Wakunsunacock finit par s'y rallier également et mis en place des tours de surveillance. Personne ne remarque Pocahontas s'esquiver de l'assemblée.