Chapitre 19
Kocoum porte Nomontak sur ses épaules, courant vers leur village. Son frère de lait a reçu un coup de ces armes crachant du feu et faisant un bruit de tonnerre, dans la jambe. Il se déplace cependant par automatisme, laissant ses jambes le porter.
Il ne peut s'empêcher de repenser à la voix de cet inconnu à la peau pale, qui s'est montré aux siens sous les tirs, avant qu'ils ne répliquent. Est-ce un coup de chance de leur part ou a-t-il fait exprès d'intervenir pour les couvrir?
Il est sorti de ses pensées par le cri de Lenmana :
-Namontak! Que s'est-il passé?
-Ils nous ont vu et nous ont tiré dessus.
-Vous avez répliqué? demande Nakoma
-Non. Un des leurs est sorti des bois et a couvert notre présence.
-Vous a-t-il vu? le questionne Wakunsunacock.
-Je l'ignore. C'est pourquoi je ne saurais dire si c'était volontaire de sa part ou pas.
-Dépose-le dans la tente de Ketaka. ordonne Wakunsunacock
Lenmana guide Kocoum sans prendre la peine d'écouter les hypothèses de ses amis, inquiète pour son mari.
Elle s'installe aux côtés de Namontak, pendant que Ketaka inspecte sa jambe. Ses mains tremblent trop pour qu'elle puisse l'aider, elle refuse de lâcher celle de son mari.
-Sa blessure est un mystère pour moi. conclut Ketaka. Mais ses signes vitaux ne paraissent pas compromis. Il va vivre. sourit-il à sa protégée.
Acquiesçant doucement, elle jette un coup d'œil à la blessure pour ensuite se tourner vers Namontak.
-Tu me fais confiance ?
-Sur ma vie.
Elle inspire un grand coup, reprenant son sang-froid et se redresse. Elle n'est pas du genre à perdre tous ses moyens, son mari a besoin d'elle. Elle récupère du linge, demandant un bol d'eau, saisit les petits instruments de Ketaka puis se penche sur la plaie. Elle parvint, finalement, à récupérer la balle et banda la jambe.
-Il faudra surveiller, pour prévenir toute infection, mais tu vas vivre.
-Tu vas encore devoir me supporter un moment. la taquine Namontak.
-Quel malheur! En plus ce sera assez littéral, car il est hors de question que tu t'appuies sur ta jambe.
-Je le soutiendrai jusque chez vous.
-Je te remercie Kocoum, mais pour ce soir, je pense qu'il est mieux qu'il se repose ici. Nous l'accompagnerons demain.
-En attendant d'en savoir plus sur ces étrangers, de déterminer à qui il est possible de se fier, j'interdis à quiconque de les approcher! proclame Wakunsunacock.
Pocahontas et John, totalement inconscients de tout ce qu'il vient de se produire et ses conséquences, passent un agréable moment à se connaître, se découvrir l'un l'autre, mais aussi à comparer leurs différentes cultures. Les noms, les vêtements, les façons de se saluer. Leur discussion fut interrompue par Meiko, surgissant du sac de John, la boussole entre les dents.
-Eh! Cela ne se mange pas! Heureusement qu'elle est solide. Mais qu'est-ce que tu fais?! s'agaça-t-il tout de suite après quand Meiko frappa à plusieurs reprise la boussole sur un rocher.
Il tenta d'attraper l'animal, mais ce dernier se réfugie sur une haute branche.
-D'accord, cela ne fait rien, je te l'offre.
-Mais qu'est-ce que c'est?
-Ma boussole.
-Ta boussole?
-Cela sert à retrouver son chemin, lorsque l'on se perd. Mais ne t'en fais pas, j'en achèterai une autre à Londres.
-Londres?
Ils comparent un peu leur façon de vivre, enclenchant une petite altercation. Face à l'insulte frappante de John à la traiter avec son peuple de sauvage, Pocahontas, avec l'aide de Mère Nature, décide de lui montrer toutes les merveilles dont elle se constitue et ce qu'elle peut apporter. Ils se séparent quand la nuit commence à tomber, apaisés, se promettant de se retrouver au même endroit, le lendemain.
Dès que John pose un pied au campement, il est tout de suite saisi au col, par Améthyste, avant que quiconque ne le remarque, tous concentrés à hisser la dernière palissade.
-Où étais-tu?!
John avait envie de se mettre des baffes. Il avait complètement oublié son camarade.
-Oscar! s'exclama-t-il, tentant de paraître ravi et rassuré. Tu étais donc rentré au camp? Je t'ai cherché partout!
-Non! C'est moi qui t'ai cherché partout et j'aimerai bien savoir où tu étais passé! Tu t'arrêtes pour te rafraîchir, je couvre tes arrières et quand je me retourne, Monsieur a disparu. J'ai cru que tu étais tombé à l'eau et que trop distrait, je ne t'ai pas entendu. J'ai donc suivi le courant, mais absolument rien! Aucune trace! Au nom de Mère Nature, sais-tu à quel point j'étais inquiet?!
-Mère Nature?
-Quoi?
-Tu as jurer selon Mère Nature?
-Quel importance sur quoi j'ai juré?! Réponds-moi!
-J'avais cru voir quelqu'un de l'autre côté de la rivière, alors j'ai traversé, mais je me suis perdu. Ce n'était qu'une fausse alerte.
-Cela t'aurait-il tué de me prévenir?
-Je ne voulais pas prendre le risque que la personne m'entende. Au final ce n'était que des branches et des pierres qui formaient une silhouette.
-Et cela t'a pris toute la journée pour retrouver ton chemin?
-Vous voilà enfin Smith! les interrompt Radcliffe, qui les avait remarqués après que la dernière palissade soit fini d'être levée. Nous nous faisions du souci pour vous et nous apprêtions à envoyer une équipe à votre recherche. Nous sommes heureux que ces immondes créatures ne vous aient pas dévorer.
-Immondes créatures, Monsieur?
-Colombe nous a prévenu que vous aviez été attaqué par un groupe d'étranges créatures peuplant cette terre et que vous aviez dû vous séparer. Une chose est sûre, il faudra procéder à l'extermination de toute cette vermine avant de pouvoir établir une véritable colonie.
-Tu sais bien. intervint Améthyste. C'était le même animal que celui a qui tu as donné un biscuit.
-Oh, oui! Excusez-moi, je n'avais pas fait le rapprochement, puisque je ne les ai pas trouvés immondes, comme vous dites. Un peu agressifs, peut-être, mais nous les avions dérangés sur leur territoire. Où peut-être que c'est leur petit camarade qui a prévenu sa famille que j'avais des biscuits, car ils m'ont totalement laissé tranquille quand j'ai laissé tomber mon sac. Malheureusement, j'ai ainsi perdu ma boussole, ce qui explique mon retard, et je m'en excuse, Monsieur.
-Tant que vous êtes là et que nous n'avons pas à vous chercher, c'est le principal. Et les sauvages?
-Je n'en ai pas croisé un seul. Et toi, Oscar ?
-Je n'en ai pas vu.
-Évidemment, pour cela il faudrait qu'il se regarde dans un miroir, le taquine Lon.
-Tu vas arrêter avec ça! s'agace Améthyste.
-Qu'est-ce qu'il raconte?
-Quand vous vous êtes séparés, raconte Ben, Colombe est revenu directement. Mais il a fait peur au chien de Radcliffe, qui l'a pris pour un sauvage et a déclenché une fausse alerte, dans tout le camp.
-Percy t'a pris pour un Indien? sourit, amusé, John, en lançant une œillade à son ami.
-Tu ne vas pas t'y mettre aussi!
Tout ce beau monde rentre dans la sécurité de la palissade, plaisantant les uns avec les autres, pour partager un bon repas autour du feu avant de rentrer dans leur tente respective se reposer. Cela a été une longue journée
