Chapitre 20
Les jours passant, Pocahontas et John s'arrangent pour parvenir à se voir tous les jours. Leurs absences agacent leurs amis, à qui ils refusent de se confier. Leurs sentiments se renforçant au fil des jours et Pocahontas commence même à parvenir à rallier John dans la croyance en Mère Nature.
Après tout, cela fait désormais un an qu'ils se côtoient quotidiennement. Nous sommes le 6 janvier 1482.
Un jour, Pocahontas décide même de lui présenter Grand-mère Feuillage. Elle le conduisit auprès d'elle, sans l'avertir de quoi que ce soit. Elle souhaite lui faire une surprise et que l'Esprit de la terre puisse observer John et se faire une opinion sur lui avant de les présenter l'un à l'autre.
L'existence de Grand-mère Feuillage n'est pas le secret de Pocahontas, elle espère que celle-ci ferait le choix de se dévoiler à l'homme, prouvant ainsi, une bonne fois pour toute à la Princesse indienne, qu'elle a raison de lui faire confiance.
Au cours de leur marche, leur discussion a dérivé sur la notion de maison.
-Mon père, mes amis et toute la tribu constituent ma famille. Je les connais depuis toujours et je sais que je peux leur faire confiance. Je les aime.
-Ils sont ta famille.
-Oui! Et toi, comment est-elle?
-De quoi?
-Ta famille!
-Oh! Je n'en ai pas.
-Tu n'en as pas?
-Non.
Ce que John ne dit pas est qu'il a perdu très tôt ses parents, qu'il a du apprendre à se débrouiller seul car ses deux parents étaient enfants uniques et que ses grands-parents étaient morts quelques temps avant sa naissance.
-Tu n'as donc pas de chez toi?
-Non. Je n'ai pas de racines et je ne suis pas parvenu à l'établir.
-Tu pourrais essayer de la construire ici.
-J'avoue que ce n'était pas mon projet, au départ. sourit-il. Mais en toute franchise, je ne me suis jamais senti plus à ma place que quand je suis avec toi.
-Quel beau couple vous formez. intervint la voix de Grand-mère Feuillage.
-Tu as entendu ? demanda John en fouillant la zone à l'œil.
-Tu as entendu un Esprit? sourit malicieusement la belle Indienne.
-Non. Non, j'ai cru avoir entendu, mais...
Son regard passe sur le visage de Grand-mère Feuillage. Quand son cerveau enregistre ce qu'il avait vu, il y revint, mais elle a disparu.
-Tu as vu?
-Tu as vu un Esprit? répète Pocahontas, ne perdant pas son sourire.
-Non. Non, j'ai cru que... Mais non. N'est-ce pas?
Il devint incertain face au ton de la jeune femme.
-Écoute et regarde bien. lui souffle-t-elle.
Et sous le regard écarquillé de John le visage qu'il avait entraperçu tout à l'heure réapparaît, dévoilant le visage d'une dame âgée.
-Bonjour John Smith. le salue Grand-mère Feuillage.
-Un arbre me parle...souffle-t-il ébahi.
-Si tu parviens à me voir et à m'entendre, c'est que ta croyance envers Mère Nature est déjà bien ancrée en toi. sourit-elle. Approche un peu, que je t'observe. Son âme est bonne et pure. conclut-elle. Et il est très joli garçon.
-Oh! Elle me plaît. chuchote-t-il, charmé, à Pocahontas.
-J'en étais sûre! se réjouit celle-ci.
Un coup de feu lointain retenti, les mettant tous les deux sur leurs gardes.
-Il faut que j'aille tout de suite voir ce qu'il se passe!
-Je viens avec toi! Il s'agit peut-être de mon peuple.
-Va déjà vérifier dans ton village, avant de te précipiter avec moi. Je ne veux pas prendre le risque que les autres te voient et te blessent si ce n'est qu'une fausse alerte.
Le souvenir de la presque mésaventure d'Oscar lui revient en tête, l'amusant grandement.
-Encore. se fit-il la blague. Mais, retrouvons-nous ici ce soir. Je ne veux plus me cacher pour te voir. Nous chercherons un moyen de rallier nos deux peuples, je te le promets.
Il arrive en courant au camp et se retrouva face à Améthyste.
-Eh bien, s'il n'y a plus que ce moyen-là pour te faire rappliquer, je ne vais pas me priver d'en user. Bien que je sois contre les armes.
-Mais qu'est-ce qui t'a pris de tirer comme ça? J'ai cru que le camp était attaqué.
-Comme monsieur est introuvable et apparemment hors de porté de voix, quand on l'appelle, j'ai eu recours au seul outil qui peut produire un son qui porte davantage que ma voix: mon arquebuse. Et je peux savoir où tu étais encore passé?
-Et je peux savoir pourquoi tu as besoin de moi?
-Radcliffe et certains hommes s'impatientent de ne pas trouver d'or. Les tensions qui s'étaient légèrement apaisées entre nos deux nations commencent à se raviver. Les Anglais refusent de m'écouter, car je ne suis pas l'un des leurs. Pareil pour Renaud et, avec toi, j'ai l'impression que nous sommes les seuls sains d'esprit de tout le groupe.
-Tu exagères, Lon et Ben ne sont pas si mal.
-Certes, mais ce sont des suiveurs, pas des meneurs. Alors tu vas me faire le plaisir d'aller parler à tes petits camarades et les tenir en laisse. Renaud et moi nous nous chargeons de l'autre côté de la Manche.
-J'en tiens un! est le cri qui les interrompt. J'étais en train de fouiller la rivière, quand je l'ai surprise dans les fourrés.
Ils firent brusquement volte-face et virent un homme sortir des bois, tenant fermement Nakoma par le bras. Elle tente de s'exprimer, mais seuls Amethyste et John la comprennent.
-Une sauvage!
-C'est la première fois que l'on en voit un depuis des mois.
-S'il vous plaît, laissez-moi m'en aller. Je ne faisais que cueillir des herbes pour mon grand-père, le guérisseur de notre village. Un de nos hommes est blessé, il faut continuer ses soins.
-Une espionne! s'exclame Radcliffe. Sans aucun doute venue s'assurer que nous n'aillions pas encore trouver d'or ou nous l'arracher si c'était le cas. Elle aurait peut-être même tenté de vous noyer, si vous aviez trouvé la moindre pépite.
-C'est faux! contrent immédiatement Améthyste et John en son nom. Regardez, elle a une sacoche pleine de plantes.
-Elle venait nous empoisonner!
-Je suis convaincue que ce n'est pas vrai.
-Vous prenez la défense de cette sauvage?
-Je prends la défense d'un être humain! Elle n'a rien fait qui justifie ce dont vous l'accusez, outre d'avoir circuler sur sa terre.
-C'est MA terre! Je représente l'autorité est j'exige que cette sauvage soit ligotée dans une tente le temps que l'on trouve un moyen de l'interroger.
Dès que l'attention ne fut plus sur lui, John ne perd pas un seul instant à faire demi-tour. Améthyste le rattrape par le bras.
-Où est-ce que tu vas ainsi?
-Cette jeune femme est innocente. Le Gouverneur cherche juste un moyen pour rassembler nos deux nations de nouveau en lui trouvant un ennemi commun.
-Je le sais bien, mais tu ne peux pas faire grand-chose.
-Je dois essayer. Je connais un moyen, fais-moi confiance.
-Pas tant que tu ne m'auras pas dit de quoi il retourne.
John hésite avant de décider d'avouer.
-J'ai rencontré et fais la connaissance d'une jeune femme de ce peuple. Je dois la retrouver ce soir. Il faut que je la prévienne tout de suite que son amie est en danger.
-Très bien, je t'accompagne.
-Non. Elle me fait confiance. Elle se méfiera si tu te présentes avec moi. J'ai besoin que tu couvres mon absence ici.
-Crois-moi. Ils sont beaucoup trop agités pour remarquer notre départ. Tu m'as fait confiance pour me dire ton secret. Maintenant, aies la foi que ma présence ne fera que plaider favorablement ta cause auprès de son peuple, si elle t'amène à les rencontrer.
-La foi... Toi aussi tu crois en Mère Nature ?
-Et je ne suis plus le seul, j'ai l'impression.
-Ma vision du monde a beaucoup changé, dernièrement.
-Et tu n'es pas encore au bout de tes surprises.
Sans plus perdre de temps, les deux hommes se ruent dans les bois.
Ce soir-là, quand Kocoum voit Pocahontas s'éclipser discrètement du feu de camps, il en a assez. C'est la goutte de trop. Il doit savoir où elle va. Elle ne part pas ainsi sans raison. Pocahontas est comme une petite sœur pour lui et il se fait beaucoup de soucis pour elle, notamment avec les étrangers occupant le rivage. Il saisit donc sa lance et la suivit.
Au point de rendez-vous, auprès de Grand-mère Feuillage, Pocahontas et John sont les seuls à se mettre à découvert.
-Pocahontas!
-John!
-Malheureusement, je n'apporte pas de bonnes nouvelles. Mes hommes ont capturé une de tes amies qui cueillait des herbes médicinales.
-Nakoma?
-Il faut immédiatement prévenir les tiens et organiser un sauvetage. Elle est trop bien gardée, seul, je ne peux rien faire.
-Ils pourraient s'en prendre à toi, rien que pour avoir apporté cette nouvelle. s'inquiète la jeune femme.
-Pas s'il se rende compte d'à quel point tu m'as changé. Tu as bouleversé mon monde, ma croyance, mon être.
-Et pas si je suis à ses côtés. se dévoile Améthyste.
-Qui est-ce? s'inquiéta Pocanhontas en se réfugiant derrière John.
-Un ami. Il croit également en Mère Nature. Pocahontas, je te présente Oscar Colombe. Oscar, voici Pocahontas.
-En vérité, je me nomme Améthyste. Scorpion Améthyste.
-Quoi?! Tu m'as menti tout ce temps?
-Non, Oscar Colombe est une identité que j'emploie lorsque je veux être discret. Ce n'est juste pas celle avec laquelle je suis né.
-Et tes yeux! remarque soudain John abasourdi. Qu'est-il arrivé à tes yeux?!
-Ça serait trop long à expliquer, mais sache que ce sont leur couleur naturelle. élude Améthyste d'un geste de la main.
-Vous pensez vraiment pouvoir nous aider? les coupe Pocahontas, soucieuse du sort de son amie.
-Mieux que cela, je peux vous aider.
-Il ne faut pas perdre de temps, qui sait ce que Radcliffe prévoit de faire à ton amie.
-Oui, nous devons…
-Pocahontas! Éloigne-toi vite!
Kocoum émerge brusquement des bois et s'interpose entre la jeune femme et les deux hommes, lance pointée vers ces derniers. Améthyste se fige en reconnaissant le visage du bel inconnu.
-Holà, doucement!
-Nous ne voulons aucun mal.
-Kocoum, s'il te plaît, arrête! Ce sont des amis!
Kocoum aurait dû s'interroger sur le comment il parvient à comprendre les étrangers, mais il est assez intelligent pour comprendre que c'est Mère Nature qui leur permet, à Pocahontas et lui-même, de les comprendre.
-Vous faites partie de ceux qui se sont installés sur nos terres, vous avez blesser mon frère -...
-Il va bien?
Kocoum baisse un instant sa garde, déconcerté par la question d'Améthyste, mais la relève rapidement.
-Qu'est-ce que vous en avez à faire? C'est l'un des vôtres qui l'a blessé. Une chance qu'il soit encore en vie.
-Kocoum, souvient toi de ce que Ketaka nous a montré. Ils ne sont pas tous des ennemis. Ils croient également en Mère Nature.
-Nous n'avons pas le temps de nous quereller, il faut prévenir votre village, une des vôtres est en danger.
-Qui me dit que ce n'est pas un piège?
-Moi. s'avance Améthyste.
Avant que Kocoum ne puisse répliquer la moindre parole, sous leurs yeux ébahis à tous, il se transforme en un petit raton-laveur, que Kocoum reconnaît immédiatement.
-Toi? Tu... Quoi?
-Un petit Élu de Mère Nature? s'incruste pour la première fois dans la conversation l'Esprit végétal.
-Bonjour. la salue Améthyste en reprenant forme humaine. Vous devez être Grand-mère Feuillage.
-Oh, elle t'a parlée de moi?
-Disons plutôt que votre réputation vous précède parmi les Esprits. sourit le jeune homme. Et dans les livres d'Histoires.
-Ah! Alors j'en suis encore plus fière! Ravie de te rencontrer, jeune Améthyste Scorpion.
-Mère Nature vous a parlé de moi?
-Et pas qu'elle! Il n'y a pas que ma réputation, qui me précède et font parler les Esprits. La tienne est pas mal non plus.
Grand-mère Feuillage lui adresse un clin d'œil.
-Sont-ils vraiment dignes de confiance, Grand-mère Feuillage ?
-Doutes-tu de moi, Kocoum? soulève-t-elle un sourcil à l'intention de son protégé.
-Jamais, tu le sais bien.
Il se tourne ensuite vers Améthyste.
-Tu es donc comme moi?
-Comme toi?
-Béni par Mère Nature.
-Tu es...
-Ce n'est pas que je prends plaisir à vous interrompre, mais nous avons toujours un sauvetage à organiser. les coupe John.
-Il a raison. se reprend Améthyste. Nous aurons tout le temps de discuter de cela une fois que votre amie sera sauvée.
-Comment cela?
-Une de vos amies a été prise par nos camarades, alors qu'elle cueillait des herbes médicinales.
-Nakoma.
-L'émissaire du Roi a fait monter à la tête de tout le monde qu'elle était là pour nous espionner et nous empêcher de trouver l'or.
-De l'or? Qu'est-ce que c'est?
-Cela n'a aucune importance. Le fait est qu'il veut l'interroger et m'est avis qu'il ne fera pas que lui poser gentiment des questions et se contenter de ne pas la comprendre.
-Vous n'avez pas tenter de la libérer?
-Gardée comme elle est, nous n'avions aucune chance contre l'entièreté du camp. Nous avons besoin d'aide.
-Retournons au village. Il n'y a pas une minute à perdre.
Ils partent au pas de course vers le clan Powhatans. Là, tous les membres de la tribu les écoutent d'une oreille attentive. Seuls Lenmana et Namontak ne sont pas présents.
-Nous ne pouvons laisser l'une des nôtres dans un tel péril! Que les guerriers se tiennent prêts. Nous mènerons une légère attaque contre ces hommes, pour laisser le temps à Pocahontas et Kocoum de libérer Nakoma.
-Nous pouvons très bien le faire, John et moi.
-Nakoma aura besoin de visages familiers pour savoir et être sûre qu'elle peut vous faire confiance. Nous vous accompagnons.
-Très bien. Tout ce que vous aurez à faire est de mettre Radcliffe hors service. Vous ne pouvez pas le manquer, il porte les vêtements les plus ridicules et les plus horribles que je n'ai jamais vus. affirme Améthyste.
-Soyez très prudents. Le but est de ne blesser personnes gravement, tout de même, si nous souhaitons qu'une entente et alliance soit encore possible à l'avenir. tempére John.
-Je vais envoyer un message rapidement à Renaud, pour qu'il soit sache de quoi il en retourne, grossièrement.
-Comment comptes-tu faire cela?
-Nous avons nos propres moyens, ne t'en fais pas.
-Bien. Retrouvons-nous au centre du village au lever du soleil pour le départ.
Quand Améthyste quitte la hutte, Kocoum tente de le suivre pour l'interroger sur son don, mais il ne le trouve nulle part. Le jeune homme a, en réalité, déjà pris la forme d'un oiseau et s'est envolé vers le camp des colons.
À son arrivée, il s'aperçoit qu'il y a encore plus d'agitation qu'il ne l'avait imaginé.
-Vous voyez ce que ces peaux rouges sont capables de faire. Ils nous hypnotisent pour faire de nous leurs marionnettes. C'est ce que cette sauvage a fait au jeune de Châteaupers quand il lui a apporté à manger. Elle l'a envoûté pour qu'il la libère!
-Smith et Colombe sont également introuvables! s'exclame Ben.
-Tu penses qu'elle leur a causé du tort dans sa fuite et qu'elle reviendra nous infliger le même sort, pour se venger? demande Lon.
-Je ne sais pas, mais je ne compte pas patienter gentiment pour le savoir.
-Elle ne doit pas être loin. Trouvez-la avant qu'elle ne parvienne à rejoindre les siens pour les prévenir! Et au petit matin, pour notre sécurité à tous, nous irons exterminer ces vermines.
Matthieu veut s'opposer aux propos de Ratclife qu'il juge inhumains, mais il comprend que s'il veut rester en vie il doit se taire. C'est ce qu'il fait, à contre cœur.
Améthyste fait un rapide tour du fort pour trouver Renaud, qu'il découvre attaché à la place de Nakoma. Il n'a malheureusement pas le temps de rester surveiller les recherches de la jeune Indienne et s'assurer qu'elle revienne saine et sauve à son village. Il doit prévenir les Indiens que les colons prévoient également d'attaquer.
Il fait demi-tour, manquant le moment où Nakoma est reprise. Elle a entendu les hommes parler, tandis qu'ils la cherchaient, mais il y a deux mots qu'elle avait reconnue: Renaud, le nom avec lequel l'homme qui l'avait libéré s'était présenté et un autre qu'ils répétaient souvent en soulevant leur arme.
Pour elle, cela équivaut à tirer et donc à tuer. Même si elle craint ces hommes, elle ne peut pas vivre avec la culpabilité d'avoir laissé son sauveur mourir. Elle doit se montrer aussi courageuse que Pocahontas. Malheureusement, elle n'est pas aussi débrouillarde que sa meilleure amie.
Elle parvint à revenir dans le camp, mais s'égare au milieu de toutes ces tentes identiques. Elle finit par se faire encerclée.
-Nous la tenons!
-Excellente nouvelle! Elle servira d'exemple au reste de son peuple, quand nous les prendrons d'assaut, demain matin. Ils sauront alors qu'ils n'auront pas dû nous défier! s'enhardit Radcliffe.
-Que faites-vous là? Demande Renaud dès qu'ils l'amenent. Vous deviez vous être enfuie.
Nakoma est stupéfaite de parvenir brusquement à comprendre ce que dit Renaud. Un murmure lui apprend qu'il s'agit d'un présent de Mère Nature.
-Je ne pouvais pas les laisser te tuer pour m'avoir sauvé.
-Je connaissais le sort qui m'attendais quand je vous ai aidée.
-Alors pourquoi l'as-tu fait?
-Parce que c'était la chose juste à faire!
-Et c'est ce que j'ai fait à mon tour en revenant pour essayer de t'aider. Pas que ce fut un franc succès, mais j'ai essayé.
-Et je vous en suis tout de même reconnaissant...
-Nakoma. Les miens doivent s'être aperçu de ma disparition, de toute manière. Je ne prends pas autant de temps quand je vais chercher des herbes, d'habitude.
-J'espère tout de même qu'ils ne risqueront pas leur vie.
-Mère Nature guidera leur pas. J'ai foi.
-Vous avez raison. Mère Nature ne laissera pas une telle injustice se produire.
-Tu crois en elle?
-Quoi? Vous pensiez être les seuls privilégiés à qui elle s'est présentée? plaisante Renaud.
Ils discutent, jusqu'au matin, de Mère Nature et ses Esprits et toutes les histoires qu'ils connaissent en lien avec elle, pour éviter de penser à ce qui les attendait quand le soleil se lèverait. Comme Renaud finit par parler de sa famille, rendant muette de surprise Nakoma qui ne s'attendait pas à ce que son sauveur soit issu d'une aussi grande famille!
-John! John! crie Améthyste, dès qu'il revint chez les Powhatans.
-Oscar! Qu'y a-t-il?
-Radcliffe est parvenu à rallier tout le monde! Ils ont l'intention d'attaquer la tribu au matin!
-Comment le sais-tu?
-Peu importe comment je le sais. Je le sais!
-Nous devons nous préparer, alors.
-Ce ne sera plus une diversion simple que nous devront faire. Nous aurons à faire face à un affrontement.
Quand John se dirige de nouveau vers la hutte de Wakunsunacock pour le prévenir, Kocoum se glisse derrière lui.
-Tu t'es transformé en animal pour aller les espionner, n'est-ce pas?
-Si je disais oui, qu'est-ce que cela ferait?
-Cela me confirmerait ce qu'il s'est passé le jour où Namontak a été blessé. Tu nous as vu et quand les tiens ont commencé à nous tirer dessus, tu nous as couvert.
-Je voulais éviter le combat et ce qui aurait sans doute signer le début d'un massacre.
-Ce faisant, tu l'as sauvé. Si les événements s'étaient déroulés autrement, mon frère de lait serait peut-être mort.
-Il a été gravement blessé?
-Seulement à la jambe. Sa femme a pu le soigner et ses jours ne sont pas en danger.
Kocoum reste un moment silencieux à contempler Améthyste avant de se décider.
-Suis-moi. Je suis sûr qu'ils voudront tous les deux te remercier.
Tandis qu'ils traversent le village, Kocoum ne peut s'empêcher de poser de multiples questions à son interlocuteur sur son propre don, sur comment les autres Blancs et lui-même ont fait pour arriver jusque ici, son pays, les éventuelles différences qu'il y a entre leurs Nations.
À chaque réponse, il est de plus en plus fasciné par les paroles de son vis-à-vis. Leur discussion est interrompue par une exclamation, quand ils passent le rideau à l'entrée de la demeure de Lenmana et Namontak.
-Améthyste!
L'interpellé se tourne vers la voix, découvrant un visage adoré, mais que, comme beaucoup, il pensait perdu à jamais.
-Lily!
Elle se précipite dans ses bras et l'étreignit de toutes ses forces.
-Oh, comme je suis heureuse! Je pensais ne jamais te revoir!
-Tout comme moi! Mais que fais-tu ici? Comment y es-tu arrivée?
-Vous vous connaissez? demande Namontak, qui tente de se redresser sur sa couchette.
-Namontak, Kocoum, je vous présente l'un de mes plus chers amis: Améthyste. Mon ami, voici mon mari Namontak et Kocoum, son frère de lait. Même si j'ai l'impression que vous vous connaissez déjà, tous les deux.
-Nous nous sommes rencontrés, en effet, sourit Améthyste à sa taquinerie. Tu m'as terriblement manquée, je t'ai crue morte ! Ainsi donc tu es mariée?
-Ne sois pas si surpris, je vais me vexer. Mon caractère peut plaire, tu sais?
-La mémoire t'est revenue? lui demande Kocoum.
-Comme l'avait dit Ketaka : « Il faut juste attendre le bon déclencheur. » Oh, tu as tellement de chose à me raconter!
-Toi aussi! Malheureusement, je crains que nous ne disposions pas d'autant de temps. Une des vôtres a été prise par les colons. Au lever du soleil, nous devons aller la chercher, d'autant plus qu'ils prévoient d'attaquer.
-Oh, non! Nakoma. C'est moi qui l'ai envoyé.
-Tu n'y es pour rien. Nous la sauverons demain matin et tout ira bien.
-Tu as raison. Mais pour se faire, vous devez tous les deux être bien reposés. Venez.
Elle leur installe deux petites couchettes côte à côté, dans un coin de sa hutte.
-Voilà! Reposez-vous. Je vous réveillerai au matin.
Améthyste et Kocoum se sentent tellement fatigués par toutes les émotions de la journée, qu'ils n'ont même pas la force de protester, tout en sachant que c'est bien inutile de résister à Lily/Lenmana. Personne n'est aussi têtu qu'elle.
