AVERTISSEMENT : Ce chapitre contient la description de crise d'angoisse et fait mention d'addiction.


CHAPITRE 4 :

Mercredi 2 mai 2007

Elle n'était pas venue.

Draco fronça les sourcils en regardant son café et consulta de nouveau sa montre. Il essaya de se souvenir de leur discussion de la veille et si elle avait mentionné quoi que ce soit indiquant qu'elle ne pourrait pas venir ce matin là. Peut-être était-elle malade ? Même Granger pouvait prendre un congé maladie de temps à autre.

Quand il ne pu pas attendre plus longtemps de peur d'être en retard au travail, Draco souffla d'irritation et parti. Il piétina lourdement jusqu'à l'agence, malgré un temps particulièrement doux et ensoleillé. Il passa devant son patron en marmonnant un sommaire « b'jour » avant de continuer sa marche funèbre jusqu'à son bureau.

- Malfoy ?

Son patron passa la tête par la porte. Merde, peut-être avait-il été trop sec.

- Monsieur ?

- Tu n'es pas censé aller voir l'équipe remplaçante de Puddlemere aujourd'hui ?

Draco blêmi. Putain de merde. Il avait complètement oublié qu'il aurait dû transplaner là-bas il y a 15 minutes.

- Oh. Mh. Oui monsieur, je viens de me rendre compte que... j'ai oublié... Un de mes rapports... J'y vais de ce pas.

Draco n'était jamais en retard. Où avait-il la tête ?

- Tu te sens bien ?

Bellamy Wright-Johnson ne s'inquiétait que très rarement de la vie privée ou des sentiments de son personnel et Draco sut qu'il devait ressembler à un véritable mort vivant. Après avoir salué de nouveau son patron, Draco transplana jusqu'au terrain de Puddlemere.

Durant le reste de la matinée, et pour une grande partie de l'après-midi, Draco se plongea dans son jeu favori. Le Quidditch éveillait chacun de ses sens ; il observait les joueurs – volant et virevoltant rapidement autour et au-dessus de lui – notait ses observations et consultait les statistiques de la saison précédente. La saison démarrait officiellement le week-end prochain et les directeurs sportifs et les entraineurs n'avaient que jusqu'au milieu de la semaine pour solidifier leurs équipes titulaire et leurs joueurs remplaçants.

Le monde du Quidditch était idéal pour quelqu'un cherchant un emploie lucratif et ayant une histoire aussi obscure que celle de Draco Malfoy. Personne n'en avait rien à foutre de vos antécédents ou de vos surnoms tant que vous vous souciiez du sport, que vous étiez bien informé et que vous donniez de bonnes recommandations. Surtout si vous étiez aussi doué que Draco pour déterminer les meilleurs joueurs de chaque équipes à un poste spécifique.

Malgré la satisfaction qu'il ressentait, Draco était frustré qu'il suffise que Granger ne vienne pas ce matin là pour être complètement déstabilisé. Il ne savait pas comment accepter que ce soit la seule chose qui le tirait du lit chaque matin. Je suis en contrôle.


Jeudi 3 mai 2007

Draco n'avait que peu dormi la nuit précédente. Il avait rêvé du jour où il avait pris la Marque des Ténèbres. Une sensation de brûlure comme il n'en avait jamais connu lui avait parcouru le bras et s'était entendue jusqu'au reste de son corps. Et il se souvint, alors que les secousse le tirait du sommeil et qu'il s'agrippait le bras, que c'était la seule fois de sa vie qu'il avait vu la terreur dans les yeux de sa mère. Cela n'avait duré que quelques secondes avant que le masque lisse et impassible ne reprenne sa place. Mais Draco n'oublia jamais le regard de Narcissa Malfoy lorsque la peau de son fils unique brûla sous la trace d'un homme devenu fou.

Son reflet renvoyait toutes les caractéristiques d'une nuit au sommeil merdique. En dépit du fait qu'il ai passé la journée de la veille dehors sous le soleil, il commençait à ressembler au Baron Sanglant : décharné, livide, des cernes violets sous les yeux. Peut-être qu'il initierait un débat sur les fées avec Granger aujourd'hui, juste pour ressentir quelque chose.

Si elle daigne venir. Elle ne me doit rien.

Draco pinça les lèvres et essaya de ne plus penser à la façon dont cette sorcière née moldue avait frayé son chemin dans sa routine pré-travail.

Granger arriva à son heure habituelle, mais Draco fut surpris par le fait que le sommeil ait l'air d'être un concept abstrait pour elle aussi.

- Bonjour, dit-elle joyeusement tout en retenant un bâillement.

- Granger.

Sans un mot, elle commença à sortir ses multiples livres et carnets et disparu derrière son journal. Draco s'éclaircit la gorge.

- Tu étais malade hier ?

Ses yeux se levèrent de son journal pour rencontrer les siens.

- Non, je n'étais pas malade.

Elle baissa les yeux pour lire et Draco senti cette pointe d'irritation familière.

- Tu avais un rendez-vous tôt au Ministère ?

Ses yeux se levèrent de nouveau mais son regard était à présent plus doux, presque compatissant. Il passait à côté de quelque chose.

- Non, je... Euh... J'ai pris un jour de congé, pour raisons personnelles.

Elle fronça les sourcils de manière étrange et baissa les yeux de nouveau. Et il aurait vraiment du laisser tomber à cet instant. Il aurait vraiment – vraiment – dû laisser tomber. Il aurait était poli et approprié de tenir compte de son comportement et des signaux qu'elle lui envoyait. Mais Granger n'avait jamais été aussi évasive et putain, qu'est-ce qu'il détestait qu'on ne réponde pas directement à ses questions.

- Eh bien, j'espère que c'était amusant au moins, et que tu es en gueule de bois Granger, parce que tu as la tête de quelqu'un qui a eu un Effort Exceptionnel au lieu d'un Optimal à ses BUSEs.

Granger laissa aller un soupire et replia son journal. Elle eu l'air si abattu que Draco eu un moment de panique et se demanda s'il n'avait pas fait quelque chose de terriblement affreux sans le vouloir.

- Tous les ans, le 2 mai, Harry et moi prenons un jour de congé et Ron ferme le magasin. Tout le monde passe la journée au Terrier avec les Weasley et on... Eh bien, on passe du temps ensemble et on essaie d'honorer la mémoire des gens que l'on a perdu... En étant tous ensemble et en se souvenant d'eux. Plus les années passent et plus c'est facile, mais c'est quand même... difficile.

Elle s'interrompit et avala une boule qui s'était formée dans sa gorge alors que Draco senti son estomac se serrer.

Comment avait-il pu oublier ? Hier était l'anniversaire de la Bataille de Poudlard. Normal qu'elle ne soit pas venue. Pourquoi aurait-elle voulu passer cette journée particulière avec un putain de Mangemort ? Non, Granger cherchait du réconfort auprès de la horde des Weasley et de Potter et de tous les héros de Gryffondor, trinquant à leur victoire sur le mal et discutant de leur sentiments et pleurant et se serrant et se rassurant que les gens comme Draco aient été vaincus. Et pourquoi aurait-elle voulu le voir ? Quel agréable souvenir pour elle que de se rappeler qu'il était dans le groupe de ceux ayant assassiné Fred Weasley et Lavande Brown et Remus Lupin et...

- Malfoy ?

Draco se redressa dans un sursaut et détourna les yeux.

- Je viens de me rappeler que j'avais un entrainement tôt à voir aujourd'hui. A bientôt Granger.

Il sorti du café sans un regard en arrière.


Vendredi 4 mai 2007

Un autre matin, un autre cadavre l'observant dans le miroir. La terreur dans son rêve de la nuit dernière avait prit la forme de Crabbe, tombant raide mord dans le Feudeymon dans la Salle sur Demande. Il pouvait encore sentir les flammes lécher sa peau et se réveilla dans une marre de sueur.

Ce fut donc pas une surprise lorsque Granger fit un commentaire sur son apparence ce matin là.

- Malfoy tu n'as pas l'air bien.

Draco haussa les épaules et essaya d'ignorer la sensation du café qui coulait dans son estomac vide. Il aurait probablement du manger quelque chose. Granger avait l'air elle-même aujourd'hui – pleine d'entrain et prête à rendre le monde plus juste. Elle fouilla dans son sac puis jeta un coup d'oeil subrepticement de droite à gauche avant de lui tendre quelque chose.

- Tiens. Prends ça, murmura-t-elle en tendant une fiole à moitié pleine à Draco.

Non.

Non.

- Granger, siffla-t-il entre ses dents serrées. Est-ce que c'est ce que je pense ?

Ses paumes commençaient déjà à devenir moites.

- Oui, c'est du Sommeil sans Rêve. J'en ai bu la moitié hier soir et je l'ai mise dans mon sac pour me souvenir de passer chez l'apothicaire au déjeuner.

Elle lui tendait toujours la fiole. Draco détourna les yeux pour regarder par la fenêtre et essaya de compter jusqu'à 10 dans sa tête.

- Ce n'est vraiment rien Malfoy, j'allais aller en chercher d'autre de toutes façons. Je crois que tu pourrais en avoir besoin ce week-end.

Il pourrait en boire un peu. Ce serait si facile. Ce n'était qu'une demie fiole.

Non. NON. Je suis en contrôle.

Draco essaya de calmer sa respiration mais son pouls ne ralenti pas. La pièce commença à devenir inconfortablement chaude et l'air autour de lui se raréfiait. Il n'avait pas réalisé que ses mains tremblaient jusqu'à ce qu'il tente de défaire le bouton de sa chemise.

- Malfoy, qu'est-ce qui ne va pas ?

Sa voix paraissait inquiète et éloignée. Elle lui tendait toujours la fiole pour qu'il puisse l'attraper. Un mouvement et sa main se refermerait autour. Il pourrait en prendre ce soir, dériver dans une obscurité merveilleuse et peut-être qu'il ne se réveillerait jamais.

Il parvint finalement à défaire le bouton du haut mais l'air lui manquait toujours. Il pressa ses paumes sur la table et leur ordonna de ne pas bouger – comme si elles étaient sous Sortilège de Collage Permanent.

- Granger, s'étouffa-t-il. Granger. J'ai besoin que tu ranges ça. Maintenant.

Ne regarde que la table, garde les yeux dessus. Ne la regarde pas. Ne la prend pas. Je suis en contrôle.

- Mais pourquoi – Oh ! Mon dieu !

Il entendit la chaise s'éloigner de la table en raclant le sol alors qu'elle partait rapidement. Il ne daigna pas lever la tête durant les minutes suivantes et ordonna à la fois à son pouls et sa respiration de se calmer. Eh bien, maintenant, elle savait. C'était un toxicomane et il ne pourrait plus jamais toucher à cette préparation. Il n'y avait qu'à l'ajouter à la liste des raisons pour lesquelles Hermione Granger devait rester loin – très loin – de l'affection de Draco.

S'il n'avait pas été au milieu d'une crise de panique, le verre d'eau qui apparu soudainement à côté de l'une de ses mains l'aurait fait tomber de sa chaise. Il fut suivi d'une assiette avec un énorme scone à la myrtille.

- Bois ce que tu peux, ça aide, déclara sa voix calme.

Draco leva lentement une main et agrippa le verre. Il bu une petite gorgée et senti l'eau tomber dans son estomac vide.

- Tu te sentiras mieux avec un peu de nourriture aussi, murmura-t-elle.

Draco hocha la tête mais senti qu'il ne pourrait rien garder qui ne soit liquide pour l'instant. Il prit son temps jusqu'à ce que le verre soit à moitié vide et constata que le poids dans sa poitrine s'était dissipé.

Avec un effort immense, Draco leva la tête.

- Qu'est-ce que tu en as fait ? Demanda-t-il, la voix rauque.

- Je l'ai vidée dans les toilettes, répondit-elle.

- Bien.

Il affronta son regard. Granger avait toujours l'air inquiet mais inébranlable aussi. Elle n'allait aller nulle part.

- Tu es clean depuis combien de temps ?

- Six ans et demi.

- C'est incroyable Malfoy.

Draco renifla et pris un morceau du scone. Son goût était toujours excellent, presque comme manger du chocolat après avoir fait face à un Détraqueur. Il le termina en deux bouchées.

- Oui, c'est foutrement formidable de devenir une épave tremblante à la simple vue d'une putain de fiole.

Au moins ses réflexes sarcastiques étaient intacts.

- Je suis sérieuse Malfoy, dit-elle d'un ton sévère. Tout ne le monde n'a pas cette force. Tu devrais être fier de toi.

Il laissa aller un autre reniflement moqueur.

- Granger, je ne manque pas de fierté. Je pense d'ailleurs que cette qualité m'a valu pas mal d'ennuis au fil des années, pas toi ?

- Oh prends simplement le compliment, espèce de crétin, dit-elle en levant les yeux au ciel.

- Eh bah Granger, c'est ainsi que tu traites quelqu'un qui a eu une crise de panique en publique ? Tu les achèves pendant qu'ils sont encore au sol, hein ?

Draco parvint à sourire narquoisement ce qui la fit de nouveau lever les yeux au ciel mais avec bienveillance cette fois-ci. Il regarda soudainement sa montre.

- Tu ne devrais pas y aller ?

- Je peux être en retard de temps à autres, dit-elle en haussant les épaules. Je vais juste m'assurer que tu arrives à ton agence.

- Je n'ai pas besoin de chaperon pour aller au travail.

- Non, c'est pour ma protection.

Il haussa un sourcil face à sa réponse.

- Eh bien, si tu t'effondres en chemin je serais la dernière personne que tu aies vu, n'est-ce pas ? Il ne t'en faudrait pas beaucoup pour convaincre ton avocat de me poursuivre pour avoir manigancé une opération malveillante contre toi.

Elle ne pu retenir ses lèvres qui se plièrent en un sourire malicieux. Et, en dépit du fait qu'il ai été prêt à briser six ans de sobriété à peine quelques minutes plus tôt, Draco se retrouva à sourire narquoisement pour la deuxième fois de la matinée.

- S'il te plait Granger, ça serait trop simple. Tu sais que je n'emploie que les meilleurs avocats. Je t'accuserai de tentative de meurtre en un rien de temps.

Elle laissa échapper un gloussement.

- Tu peux te lever ? Je ne veux pas aussi être accusée de ne pas avoir aidé un homme blessé.

Ils quittèrent le café ensemble et partirent dans la même direction. Leur chemin se séparèrent alors que Draco atteignait l'entrée du Chaudron Baveur et qu'Hermione continuait quelques pâtés de maison vers le Ministère.

- Granger !

Il l'appela quand elle fut à une dizaine de mètres. Elle se retourna, regarda en arrière et Draco avala une dernière fois avant de lâcher un « Merci » et de se retourner rapidement, n'attendant pas sa réponse.

Et c'est ainsi que commença une nouvelle routine. Du lundi au vendredi Draco et Hermione marchaient à présent quelques pâtés de maison ensemble depuis le café en direction de leurs lieux de travail respectif avant de se séparer.


Juin 2007

- Joyeux anniversaire vieux !

Théodore Nott fit tinter son verre de bière contre celui de Draco et bu une longue gorgée. Draco en bu une également, savourant le goût plaisant de l'alcool, la compagnie de son ami et le fait d'être vendredi. Il se sentait presque comme une personne normale, capable de ressentir du contentement.

- Quoi de neuf ? J'ai vu que les Guêpes avaient déjà une petite avance dans le championnat, certainement grâce à toi.

Oui, le Quidditch, un sujet prudent. En effet, Draco n'était pas sûr de savoir comment discuter – même avec son ami le plus proche – du fait que, depuis plusieurs mois, avant d'aller au travail, il passait chaque matin en compagnie d'Hermione Granger, par choix.

Ils discutèrent pendant un moment puis Draco s'intéressa au travail de Théo au Département des Finances du Ministère.

- Ils doivent te tenir occupé, je ne t'ai pas vu depuis des mois.

Théo acquiesça mais quelque chose passa sur son visage et il termina son verre. Draco remarqua que son ami s'était tût et avait à présent les sourcils froncés.

Après un instant, Théo répondit.

- Est-ce que tu penses que nos parents avaient tort ?

Draco baissa lentement son verre.

- Tu vas devoir être plus précis, j'en ai peur.

Théo soupira et passa une main dans ses cheveux.

- A propos de... Tout, en fait. Toutes ces conneries de Sang-Pur.

- D'où ça sort Théo ?

- J'ai beaucoup réfléchi à la façon dont nous avons été élevé ces derniers temps, dit-il en soupirant de nouveau. Ce... Ce n'était pas saint, n'est-ce pas ?

- Je suppose que non, répondit sèchement Draco en l'observant avec envie – car Théo, n'ayant jamais pris la Marque des Ténèbres, pouvait remonter ses manches en public.

Théo et Draco avaient été amis bien avant Poudlard et leur amitié avait continué après que le monde se soit effondré. Même si à Poudlard Draco s'était révélé être le leader de ses camarades Serpentard et que Théo préférait rester hors des projecteurs et excellait dans ses études, ils étaient resté en bons termes.

Mais avec Voldemort parti, il s'avéra qu'ils avaient plus en commun qu'ils ne s'en étaient rendu compte. Leurs pères avaient tous deux adhéré aux idéaux des Mangemort et l'avaient payé de leurs vies. Leurs mères, veuves, existaient toutes deux en tant qu'héritières fantomatiques, conservant toujours leurs positions de Sangs-Purs dans leurs cercles sociaux d'Europe.

Draco et Théo avaient tous les deux continué leurs traitements après les séances obligatoires. Aucun d'entre eux ne se souciaient de revoir certains de leurs vieux camarades de Serpentard – qui n'avaient pas l'air de vouloir la fermer à propos du « bon vieux temps ». N'avaient-ils pas vu assez de torture et de morts parmi ceux dont le sang était le plus pur ? C'était extrêmement fatigant d'écouter des idéologies dépassées de manière aussi fanatique. Donc Draco et Théo avaient commencé à s'isoler de plus en plus jusqu'à finir par ne se retrouver que tous les deux quasiment toutes les semaines pour boire et discuter, mais surtout pour boire.

En tout cas jusqu'à l'année dernière, avant que Théo ne devienne quasiment plus qu'un fantôme pour Draco. Peut-être avait-il une petite amie à présent ? Draco tenta de combattre le sentiment de jalousie qu'il ressentait contre l'avant bras immaculé de Théo qui avait pu lui ouvrir tant de portes qui lui restaient fermées : un boulot au ministère et l'opportunité d'une relation normale.

Théo était encore dans son tournant philosophique quand Draco revint à lui.

- Ce que je veux dire c'est que... Toutes ces inepties au sujet des Moldus... Ça n'a pas d'importance. Les Moldus ne sont pas pauvres ou sales ou des espèces d'animaux étranges. Ce sont juste des gens... Et je ne suis pas sûr que... Je pense simplement que nos parents avaient tort, c'est tout.

Draco haussa les épaules, pas certain d'avoir compris ce qui avait ramené ces sentiments à la surface chez Théo. S'il y réfléchissait vraiment, Draco devait admettre qu'il était plutôt d'accord. Il ne connaissait pas grand chose au monde des Moldus – hormis le coffee shop – mais s'il avait tiré quelque chose de la guerre, 9 ans auparavant, c'était que l'on tombait de la même façon quand on était touché par un Sort Mortel – quelque soit la quantité de magie dans le sang.

- Tu vois toujours ton guérisseur ? Grommela Draco.

- Ouaip. Et toi ?

- Une fois par mois.

Les deux vieux amis plongèrent dans un silence pensif et bercèrent leur verre.

Je suis en contrôle.


Draco faisait les cents pas devant la cheminée dans la pièce juste à côté du vestibule de sa maison. Pile à l'heure, l'âtre s'alluma de vert et, l'instant suivant, la mère de Draco s'époussetait gracieusement en venant embrasser son fils.

- Joyeux anniversaire mon chéri.

Elle lui caressa la joue et fit un pas en arrière pour l'observer. Draco senti qu'il valait mieux couper court à toute remarque concernant sa maigreur ou l'aspect fatigué de ses yeux.

- Merci Mère. Le thé est servi dans le jardin.

Le grand jardin derrière la maison de Draco était en pleine floraison à ce moment de l'année, mais ce n'était qu'une pale imitation de ce que fut le majestueux paysage qui soulignait les terres du Manoir Malfoy.

Juste après le café fraîchement moulu, la seconde odeur que Draco avait reconnu lors de sa brève entrevue avec l'Amortencia était le parfum de la roseraie de sa mère en été. L'odeur des fleurs y était si forte, qu'elle avait l'air de s'infiltrer dans les sols et Draco l'associait au souvenir de l'été, au moment où il avait appris à voler sur un balais ou encore au temps où il rentrait se cacher après avoir volé des bonbons dans la cuisine avec Théo et Crabbe.

Mais les jardins du Manoir avaient été détruits l'été après sa Sixième Année. Entre les Mangemort qui pratiquaient des maléfices un peu partout sur le domaine ou Fenrir Greyback et les membres de sa meute répugnante qui préféraient dormir dehors, les roses sublimement cultivées de sa mère n'avaient eu aucune chance.

Qui savait de quoi avait l'air aujourd'hui l'autrefois tant convoité et opulent Manoir Malfoy ? La saisie par le Ministère fit que Draco ne reçut que les artefacts, des objets de famille ainsi que quelques documents - après qu'ils soient passés par une inspection rigoureuse du gouvernement, pour s'assurer qu'aucune magie noire ne retrouve son chemin vers Draco ou Narcissa.

Draco ne pouvait pas moins s'en soucier. Qu'ils brulent ce putain d'endroit. Chaque centimètre de cette demeure autrefois majestueuse était corrompu, et si quelqu'un d'autre voulait la magnifique tabler à manger sur laquelle un serpent géant avait dévoré une femme, alors qu'il l'ait.

Draco avait à peine effleuré la surface de son héritage en achetant Franklin House – un impressionnant manoir de campagne dans le Berkshire - même si la demeure était bien loin des dimensions de sa maison d'enfance. Narcissa avait une aile pour elle toute seule quand elle lui rendait visite, mais elle avait également sa propre maison anglaise lorsqu'elle daignait retourner dans son pays natal.

- Comment était Vienne ?

Draco avait posé la question pour être poli. Sa mère détaillait ses nombreuses aventures dans ses lettres hebdomadaires depuis son départ après le nouvel an – mais il se doutait qu'elle aurait envie de papoter dans tous les cas. Alors que Narcissa se lançait dans un compte rendu minutieux des nombreux galas auxquels elle avait assisté avec ses lointains parents Black, Draco autorisa son esprit à vagabonder.

Granger avait mentionné, lors de leur discussion du vendredi matin, que sa déclaration pour restructurer les frontières des terres assignées aux centaures était toujours à l'arrêt. Bien sur, étant une Gryffondor sentimentale, sa tactique politique était de faire appel à l'humanité des législateurs. Et quand Draco lui avait rappelé – plutôt sévèrement il devait l'admettre – que la plupart des sorciers considéraient les centaures comme des bêtes sauvages, elle avait été sur le point de lui arracher la tête.

- Du calme Granger. Comment comptes-tu t'attirer les bonnes grâces de n'importe quel politicien si tu t'enflammes alors que je ne fais que souligner un fait ?

Cela lui avait valu un sombre commentaire indiquant pourquoi elle n'avait pas besoin de « leçons sournoises de Serpentard, merci beaucoup ». Néanmoins, il l'avait convaincu d'au moins le laisser lire le préambule de sa déclaration et, en tant que regard neuf, il avait déjà noté quelques sections où la formulation –

- Draco !

Il sursauta légèrement lorsque la voix tranchante de sa mère coupa court à ses pensées. Il eu au moins la décence d'avoir l'air un peu penaud.

- Désolé Mère, que disais-tu ?

- Je m'inquiétais de la façon dont tu occupes ton temps libre ses derniers temps quand tu ne volettes pas à des matchs de Quidditch. Je suis sûre que tu es au courant que les sœurs Greengrass sont de retour en Angleterre ?

Draco s'autorisa à lever les yeux au ciel. Sa mère avait autant de tact qu'une Beuglante.

- Je n'ai aucune idée de ce qu'elles font mais j'ai vu Théo hier soir.

Narcissa s'éclaira à la mention de Théo – celui-ci ayant toujours eu son affection.

- Oh tu dois inviter Théodore et sa mère à dîner tant que je suis là.

Draco acquiesça et laissa son esprit dériver vers la déclaration de Granger qui l'attendait dans son bureau pendant que Narcissa poursuivait son long monologue au sujet des mérites de la cuisine anglaise par rapport à la cuisine viennoise. Sa mère ne devait jamais savoir comment il occupait son temps libre.


- Tu as laissé ce sale furet étudier ton travail ? Tu ne l'as jamais fait avec moi !

Hermione leva les yeux au ciel face aux pleurnicheries de Ginny.

- Ginny, depuis quand tu t'intéresses aux droits des centaures ?

- A l'instant !

- Mais je t'ai déjà parlé de cette déclaration. Tu t'es endormie au bout de deux minutes !

- Pas du tout ! Je... Reposais simplement mes yeux ?

Les deux jeunes femmes gloussèrent face à ce mensonge évident. Hermione prit un des morceaux restant de sa part de tarte au mûres (y avait-il un seul plat que Molly Weasley ne maîtrisait pas?) et regarda Ron et Harry courir après Teddy et Victoire dans le verger. Les enfants n'étaient autorisés à monter sur des balais qu'en présence d'adultes – et uniquement quelques mètres au dessus du sol – mais Hermione n'était jamais rassurée.

- Et tu as suffisamment confiance en lui pour partager ton travail ?

Hermione haussa les épaules, non certaine que le mot « confiance » soit approprié.

- Il est suffisamment intelligent et ne mâche pas ses mots. Son point de vue m'intéresse et je sais qu'il n'édulcorera pas la vérité.

Elle se tourna pour faire face à Ginny et remarqua que sa cadette mordillait sa lèvre inférieure avec inquiétude.

- Qu'y a-t-il ?

Ginny secoua légèrement la tête.

- De quoi il avait l'air ses derniers jours ?

Hermione avait compris que dormir une nuit complète était toujours un défi pour lui, bien que ça ai eu l'air de s'améliorer. Après leur petit désagrément au sujet de la potion de sommeil, il se laissait de plus en plus aller avec elle, ou verbalement en tout cas. Hermione ne pensait pas avoir déjà vu quelqu'un d'aussi impeccablement bien habillé dans un coffee shop auparavant, ou quiconque avec une posture aussi parfaite. Même si cela aurait valu à Draco quelques points de sympathie auprès de Ginny, Hermione ne lui dit rien – ou à quiconque – au sujet de son addiction ou de la réussite de sa sobriété.

- Il avait l'air bien, répondit-elle et les sourcils de Ginny pointèrent vers le ciel.

- Oh il a l'air bien, hein ?

- Ginny Potter, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire et tu le sais.

Ginny sourit sournoisement et agita ses sourcils malgré tout.

- Ne me dit pas que tu ne le trouves pas un peu attirant ?

- Parce que toi oui soudainement ?

- Eh bien, dit Ginny en haussant imperceptiblement les épaules, je ne le vois que de loin à des matchs de Quidditch, donc j'imagine que je ne peux pas juger. Mais tu ne peux pas nier que c'était l'un des plus beaux mecs de ta promo.

Hermione s'étouffa presque avec son morceau de tarte.

- Tu quoi !? Ginny, ne me dis pas que tu viens juste admettre avoir fantasmé sur Draco Malfoy quand tu étais à l'école ?

Elle haussa imperceptiblement les épaules de nouveau et Hermione regretta l'époque où il était facile d'embarrasser Ginny quand elle avait 12ans. Maintenant, elle avait l'air de ne plus avoir honte de rien.

- Je n'ai pas dit que je fantasmais sur ce connard. Simplement qu'objectivement il est plutôt beau. Dommage qu'il ai une personnalité horrible et que mes pensées soient tournées vers quelqu'un d'autre.

Elle jeta un regard affamé vers Harry et Hermione fronça le nez.

- Je suis toujours là tu sais, garde tes idées lubriques pour quand tu seras seule à la maison avec ton mari, s'il te plaît.

Ginny renifla mais continua de fixer Harry. Les pensées d'Hermione dérivèrent vers le fait que Draco portait des costumes parfaitement ajustés chaque matin et qu'il n'y avait certainement pas de mal à apprécier la façon dont un homme s'habillait. Absolument pas de mal.


- Bon week-end ?

Draco n'avait pas eu un très bon week-end mais il ne préférait pas l'admettre à Granger. Il avait passé ses journées avec sa mère – qu'il aimait profondément, mais ses piques sur le fait de trouver une épouse convenable commençaient à devenir pénibles. Ajoutez à ça ses terreurs nocturnes sur sa mère se faisant torturer – chose qui se produisait souvent lorsqu'elle revenait de ses longs voyages – et il devait reconnaitre que ça n'avait pas été un de ses meilleurs week-end d'anniversaire.

- Ça va, je dirais. Ma mère est de retour au pays pour quelques temps.

C'était une réponse plutôt honnête.

- C'est chouette, elle doit te manquer quand elle est à l'étranger. Elle reste chez toi ?

- Non, elle a sa propre maison.

C'était la vieille propriété des Lestrange, mais Draco laissa ce détail de côté.

- Elle revient souvent en Angleterre ?

- Deux fois par an normalement, pour quelques mois à chaque fois. Elle revient pour la saison de Noël et du Nouvel An et toujours pour mon anni – pour l'été.

Il n'avait pas voulu le dire. Il ne voulait pas qu'elle sache. Ses yeux s'écarquillèrent.

- Oh mon dieu, c'était ton anniversaire ce week-end ?

- Non.

- Espèce de menteur. C'est le cas n'est-ce pas ? Je n'arrive pas à croire que tu ne m'aies rien dit !

- Et pourquoi te l'aurais-je dit ? Demanda-t-il en levant un sourcil.

Pourquoi est-ce que tu en as quelque chose à faire ?

Mais Granger était déjà en train de faire ce truc où elle râlait et marmonnait en même temps.

- … J'aurais du le savoir... Pense jamais à... Normal que... Eh bien je vais devoir... Tu aurais vraiment dû me le dire tu sais !

- Pour quoi faire Granger ? Ricana-t-il. Quoi ? Tu vas m'offrir un cadeau c'est ça ?

Nous ne sommes pas amis. Nous sommes... Peu importe ce que nous sommes.

Elle lui sourit sereinement et quitta la table. Avant qu'il ne comprenne ce qu'il était en train de passer, elle était de retour avec un scone à la myrtille qu'elle laissa tomber devant lui.

- Joyeux anniversaire Malfoy ! Dit-elle joyeusement, et beaucoup trop fort à son goût.

Elle se rassit et lui lança un autre sourire. Il la fixa avec le regard le plus glacial qu'il puisse afficher mais sa main se tendait déjà vers la pâtisserie.

Hermione gloussa avec triomphe et commença à farfouiller dans son sac. Draco se figea.

- Granger, je jure sur Merlin que si tu sors une bougie de ce sac-qui-contient-toute-ta-vie je me fiche du nombre de personne que je vais devoir oublietter, je teindrai tes cheveux en violet.

- Relax Malfoy, je sors simplement une copie de ma déclaration sur les centaures, mais je pourrais te chanter « Joyeux anniversaire », si tu veux ?

Il lui lança un nouveau regard furieux et dévora le scone en deux bouchées avant qu'elle ne trouve un autre moyen pour l'embarrasser publiquement.

Granger regarda sa montre et fronça les sourcils.

- Tout bien réfléchi, peut-on discuter de ça pendant qu'on marche ? J'ai une présentation devant le département ce matin.

A la surprise de Draco, Hermione fut réceptive à chacune de ses suggestions sur le préambule de sa déclaration. La plupart de ses remarques concernait le phrasé émotionnel qu'elle était trop encline à utiliser, il lui conseilla de faire appel au bien public et de rappeler que les sorciers avaient à gagner de ses propositions.

Elle acquiesça pensivement alors qu'ils atteignaient leur point de séparation.

- Hmm c'est certainement quelque chose auquel je penserai pour mon prochain brouillon. Je veux toujours connaître les résultats que va donner la version actuelle. On se voit demain ?

- Au revoir Granger.

Il attendit qu'elle se soit un peu éloignée avant de l'appeler.

- Au fait Granger, mon anniversaire c'est le 5 juin.

Je suis en contrôle.


J'espère que ce nouveau chapitre vous aura plu, et j'attends vos retours avec impatience.

J'en profite pour vous souhaiter une belle année 2024, mes meilleurs voeux et tout ce qui va avec!

A bientôt