Je me suis rendue compte que fanfiction ne me prévenait pas quand je recevais des reviews, notamment des reviews d'invité.

J'ai mis l'adresse de sur ma liste blanche et l'ensemble des commentaires devraient maintenant être acceptés de manière automatique, sans modération préalable. Ça devrait suffire à régler le problème.

Si tu as laissé une review par le passé et que celle-ci n'apparait pas sur le site car je ne l'ai pas validé à temps, sache que je suis désolée. D'autant plus que j'adore recevoir des commentaires !

(edit : le site a modifié le fonctionnement des alertes par e-mail récemment, ce qui explique sans doute une partie du bordel actuel. J'ai activé les alertes, j'espère que ça va fonctionner)


« Luna ! »

Drago se réveilla en sursaut, le corps en sueur, sa voix déchirant le silence de la nuit. La silhouette de la sorcière dont le nom animait ses lèvres tremblait encore sous ses paupières.

Cela faisait déjà plusieurs nuits que Luna s'invitait dans ses rêves. Sous la forme de son alter égo, dame Hécate.

Dame Hécate. Il n'arrivait pas à la nommer ainsi. Dans son esprit, elle finissait toujours par redevenir Luna. Simplement Luna.

Il se retourna dans ses draps, en quête d'un sommeil qu'il peina à retrouver.

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Le passage de Drago chez Luna n'avait pas eu autant d'effet qu'escompté.

Le jour, le moindre détail le ramenait à la nuit où il avait espionné ses parents. Craignant de se trahir par ses paroles ou ses actes, il était constamment sur ses gardes. La honte l'accompagnait à chacun de ses pas, plus proche de lui que sa propre ombre.

Mais la nuit, le sentiment de salissure qui l'habitait était sublimé par ses souvenirs avec Luna. Il ne pouvait pas dire s'il appréciait ou non ses passages chez elle. Mais, dans ces moments là, il ressentait. Intensément.

Après la guerre, Drago s'était habitué au désert en lui, cette absence totale d'envie et d'émotion. Mais Luna avait réveillé quelque chose. Tel un tremblement de terre un volcan en éruption un cataclysme au milieu d'une plaine terne, immobile et morte.

Et Drago se redécouvrait vivant après tant de vide.

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Le froid de l'hiver restait à la porte de l'atelier surchauffé et embrumé de Cythère & Fille. Au milieu de lourdes vapeurs violettes et roses, Drago s'activait au-dessus d'un chaudron de petite contenance. Il préparait une potion de Révélation, assez complexe et hautement volatile, mais très intéressante pour découvrir les potentiels magiques des objets les plus récalcitrants.

Alors qu'il était en train de verser dans le bassin bouillonnant dix-huit gouttes d'humeur de vampire, le claquement de la porte d'entrée le fit sursauter. Sa main pencha trop fort le flacon, renversant une partie de son contenu dans la préparation qui prit soudainement une couleur rouge sang, bien loin du gris d'orage attendu. Drago jura.

– Encore ? s'exclama Anthéa. Ça fait quoi, la troisième fois que tu la rates cette potion ?

Drago grommela. Effectivement, il s'agissait son troisième échec.

– Va faire un peu autre chose, Drago. Peut-être le nettoyage d'objets ne courant aucun risque si tu les lâches par inadvertance.

– Je suis capable de faire cette fichue potion.

– Pas aujourd'hui, visiblement.

Drago fit comme s'il ne l'entendait pas. Têtu, il fit disparaître d'un coup de baguette sa potion ratée, rinça sommairement le chaudron et recommença sa préparation depuis le début.

Anthéa, abandonnant son tournevis et sa loupe d'horloger, traversa l'atelier pour arracher le chaudron des mains de Drago.

– Ça suffit, Drago. Tu as gâché suffisamment d'ingrédients pour aujourd'hui.

– Je vais y arriver, s'obstina Drago, les dents serrés.

– Laisse tomber, je te dis. Tu sais que je n'aime pas faire ça, mais c'est un ordre, compris ? s'emporta Anthéa. Tu n'es pas assez concentré pour préparer cette potion. Et ça fait des semaines que c'est comme ça ! Il faut te reprendre, Drago.

Drago évita son regard. Il ne pouvait pas lui donner tort. De nombreux accidents avaient en effet émaillés son quotidien ces derniers temps. Il avait cassé un rare service à thé « Bonne Journée », s'était blessé un lançant un sortilège de Découpage et avait mis le feu à la robe de Poring Cythère. Pour ne citer que les cas les plus graves.

Anthéa s'installa près de lui, sur un tabouret pivotant, et s'accouda sur la table. D'un ton plus doux, elle demanda :

– Il y a quelque chose qui ne va pas, Drago ?

Le sorcier s'entêta à ne pas la regarder. Mais il finit par lâcher ce qu'il avait sur le cœur.

– Tu avais raison. Concernant mon père. J'étais plus heureux avant de m'intéresser à ses activités.

– Alors, en quoi consiste-t-elle, ces activités paternelles secrètes ? s'enquit Anthéa avec une curiosité gourmande.

– En des choses que je n'imaginais pas. Et que j'aurais préféré ignoré, répliqua-t-il froidement.

Drago ne semblait pas disposer à s'étaler sur les détails de l'histoire, laissant Anthéa sur sa faim. Elle n'insista pas.

– Maintenant que tu as ouvert la boîte de Pandore, tu ne peux pas la refermer, déclara-t-elle.

Drago la regarda enfin, lui jetant un regard interrogatif.

– Je vois bien que tu ne veux pas me parler de ce que tu as appris. Ça me vexe un peu, car on peut estimer que je suis à l'origine de tes découvertes, mais d'accord. Cependant, plus tu t'efforceras de faire comme si ça n'existait pas, plus ça rongera ton esprit, crois-moi. Il faut que tu acceptes ce que tu as appris. Ou que tu modifies ta mémoire. D'ailleurs, je sais où me procurer de la Poudre Noire d'Effacement et j'aimerais bien en tester l'efficacité. Prêt à être mon cobaye ?

Anthéa avait évoqué l'effacement de souvenirs sur le ton de la rigolade, mais, un instant, Drago considéra sérieusement cette option. Une méthode radicale pour retrouver une forme d'apaisement. Mais, outre les dangers inhérents à toute manipulation de l'esprit, ça ne serait que reculer pour mieux sauter. Un jour ou l'autre, il risquait à nouveau de découvrir… ça.

Le timbre grave, le ton sérieux, la voix d'Anthéa s'éleva à nouveau :

– Ça ne peut plus continuer comme ça, Drago. Ta distraction te rend inutile et potentiellement dangereux. Si tu veux garder ta place ici, il va falloir que tu agisses.

– Je ne pas quoi faire, murmura Drago. J'ai l'impression que mon père m'est devenu inconnu.

– Tu lui en as parlé ?

Le long silence qui suivit constituait une réponse en soi.

– Tu as admis que j'avais raison quand je t'ai dit de laisser tomber cette histoire. Sache que j'ai aussi raison maintenant : parle à ton père, Drago. C'est la mission que je te confie. Tant qu'elle ne sera pas accomplie, tes tâches se résumeront à trier les éponges par niveau d'usure et passer le chiffon sur des bibelots en bois.

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Drago faisait les quatre cents pas dans son petit salon, sous le regard agacé de Sombressence, dérangé par le frottement incessant des semelles de son maître contre le tapis. Le jeune homme se préparait à discuter avec son père. Mentalement, il construisait le discours qu'il comptait lui tenir.

« Papa, je voudrais te parler. J'ai appris des éléments de ta vie personnelle qui me mettent mal à l'aise et que j'aimerais évoquer avec toi. Je sais que tu as eu affaire avec Luna Lovegood. Je ne souhaite pas avoir de détails – surtout pas le moindre détail – seulement échanger un peu avec toi sur le sujet. »

Drago ne savait pas trop à quoi pouvait bien aboutir une telle discussion. Mais puisque son sac devenait trop lourd à porter, autant le vider et advienne que pourra.

Drago inspira longuement, espérant puiser dans l'air qui l'entourait suffisamment de courage pour faire face à son père, et partit d'un pas décidé en direction des appartements paternels.

Lucius, assis derrière son bureau, était absorbé par le parchemin qu'il avait sous les yeux et qu'il biffait régulièrement de larges traits, indifférent à la présence de son fils. Drago laissa passer quelques secondes, puis toqua contre la porte ouverte pour attirer son attention. Lucius releva un instant le regard.

– Drago ! Que me vaut le plaisir de ta venue ? C'est bien rare de te voir par ici.

Drago tenta de chasser les souvenirs de la dernière fois où il était entré dans cette pièce, la première nuit de cauchemar qui avait enfanté toutes les autres.

– Papa, je voudrais te parler.

Un sourire étira les lèvres fines de Lucius

– Mais bien sûr, Drago. Installe-toi, prends un siège. Ça fait si longtemps que nous n'avons pas discuté. J'ai l'impression que, depuis que tu as débuté ton nouveau travail, nous ne faisons que nous croiser. C'est à peine si je me souviens encore du son de ta voix. Quel métier exigeant, accaparant, que celui de la vente. N'est-ce pas ?

Depuis son premier jour à Cythère & Fille, les remarques de Lucius à propos de son poste cachaient, sous des apparences bienveillantes, des propos acerbes. Drago s'assit lentement sur la chaise à accoudoirs désigné par son père, dont la plume parcourait toujours le parchemin posé devant lui. Le jeune homme déglutit difficilement, sa salive soudain encombrante, et répondit avec prudence.

– Je suppose. En tout cas, je m'y implique avec sérieux.

– Tant mieux, tant mieux. Je suis heureux de te voir t'épanouir et prendre des responsabilités. Tout le monde me parle sans cesse de l'excellence de ton commerce. Évidemment, de moi-même, je ne t'aurais pas incité à te focaliser sur des frivolités comme les farces et attrapes, mais force est de constater que c'est une activité florissante…

Drago se raidit, sentant le souffle du couperet sur sa nuque. Lucius se tut un instant, détaillant le visage de son fils, s'attardant plus particulièrement sur le haut de son crâne

– … Oh, pardon ! Le propriétaire de la boutique dont je parle est un de ces infâmes rejeton Weasley, reconnaissables à leur chevelure rousse. Rien à voir avec toi. Je n'ai pas face à moi un dirigeant, mais un simple employé.

Une digue céda à l'intérieur de Drago, emportant au loin, dans un torrent bouillonnant de colère et d'amertume, les propos calmes et modérés qu'il avait modelé dans son esprit.

– Qu'est ce que tu reproches à mon emploi chez les Cythère ? Demanda Drago avec hostilité.

Lucius releva un sourcils, mais pas sa plume, qui continuait de glisser sur son parchemin.

– Rien en soi, répondit Lucius en haussant les épaules, les yeux toujours penchés sur ses papiers. J'espère seulement que mes mots garderont ton ambition éveillée. Je ne veux pas que tu te contentes de rester toute ta vie le larbin d'une famille de seconde zone. Les Malefoy sont des maîtres, pas des esclaves.

– Ah oui ? Peut-être qu'on me rémunère pour être un larbin comme tu dis. Mais au moins, je ne paye pas quelqu'un pour être traité comme un larbin.

Lucius arrêta d'écrire. Sa plume, une magnifique plume d'hyppogriffe crème rayé d'amples bandes chocolats, quitta le papier pour reposer dans l'encrier proche. Drago avait finalement réussi à piquer son intérêt.

– Alors, on n'a plus rien à dire, père ?

– J'attends de voir où cette discussion nous mène. Tes propos ne sont pas très clairs, Drago.

Ce dernier éclata d'un rire froid, sans joie.

– Laisse-moi être plus explicite alors. Je sais que tu t'es déjà rendu chez Luna Lovegood. Et je sais quel genre de services elle offre.

Tout le corps de Drago se contracta, ses mains serrées en poings nerveux, ses muscles crispés à en être douloureux, sa voix rendu grave par l'émotion. Il était prêt à en découdre.

En face de lui, son père se cala plus profondément dans son fauteuil et s'autorisa un léger sourire.

– Ah ! Tu as rencontré Luna ? Très douée cette petite, tu ne trouves pas ?

Drago ne s'était pas attendu à ça. Ce ton détendu, détaché. Comme si tout était normal. Il reprit, la voix pleine de hargne :

– Tu passes ton temps à me parler d'honneur et de devoir. Mais où ils sont, cet honneur et ce devoir, quand tu te traînes par terre ? Quand tu te fais frapper et ligoter ?

– Ce qui se passe dans l'intimité d'une chambre ne définit pas l'intégralité de ma personne. Il ne s'agit que d'un rôle, ni plus, ni moins. Une illusion construite pour prendre du bon temps, et qui s'évanouit une fois ce bon temps pris.

Drago ne comprenait pas. Juste un rôle ? Comment pouvait-il dire ça ? Comment pouvait-il dire que ce n'étaient que des parenthèses sans conséquence, alors que Drago, lui, était ressorti de chez Luna bouleversé, à chaque fois.

– Tu m'as menti. Tu prétendais mener des affaires importantes. Au lieu de ça, tu te rendais chez elle.

– Pas la peine de monter sur tes grandes licornes, Drago. Ces rendez-vous relevaient de l'ordre de l'occupation personnelle. Je n'avais pas de raison d'en parler avec toi. Mais maintenant que tu es dans le secret, et si c'est que tu veux, nous pouvons en parler. De sorcier à sorcier.

Lucius lui parlait comme à un homme, alors que Drago se sentait comme un gamin pris en faute. Et ça lui était insupportable.

Il secoua la tête, sentant des larmes lui monter aux yeux. Il aurait voulu mettre son père en colère, le faire sortir de ses gonds, le confronter à ses manquements et ses contradictions. Au lieu de ça, son père s'adressait à lui avec calme, assumant ses actes sans honte.

Comme si tout était parfaitement normal.


Pfff... Elle m'en a donné du fil à retordre, cette scène de dispute !

Mais au bout d'une longue bataille contre ma feuille blanche, plusieurs réécritures douloureuses et beaucoup de questionnements, je suis finalement parvenue à un résultat qui me plait bien.

Et j'espère qu'il vous plaît aussi !