Nouvel épisode bonus ! (Beaucoup moins explicite que celui avec Lucius)
Comme l'indique le titre du chapitre, il s'agit de l'origin story de dame Hécate.
Bonne lecture !
L'anniversaire d'Arthur Weasley approchait à grand pas et Ginny était en quête du cadeau idéal. Elle en était certaine, ce cadeau se trouvait quelque part dans une boutique moldue. Et faire les boutiques n'est pas une activité solitaire !
Voilà pourquoi, lors d'une froide journée de janvier, venteuse mais sans nuage, Ginny et Luna se retrouvait dans les rues de Londres, emmitouflées dans d'épais manteaux de laine.
Chaque objet passant entre leurs mains suscitait interrogations et rires. Après avoir traversé une boutique d'électroménager, un magasin de prêt-à-porter et un opticien, elles pénétrèrent dans une épicerie de quartier faisant presse et librairie.
– Regarde ça ! s'exclama Ginny. On dirait le Déluminateur de Dumbledore.
Elle tenait entre les mains un briquet en plastique fluo. D'un doigt, elle pressa un bouton qui fit jaillir une étincelle, donnant naissance à une petite flamme qu'elles regardèrent un instant avec fascination, avant que Ginny ne repose l'objet sous le regard courroucé de la vendeuse.
Les jeunes filles vagabondèrent d'un rayon à l'autre avec un enthousiasme débridé, en décalage avec la morosité ambiante. Parvenues au niveau des revues, elles se mirent à pointer du doigt les couvertures en papier glacé. Les remarques fusèrent :
– Tu as vu cette robe ?
– Oulala. Comment peut-on se mouvoir avec un truc pareil ?
– « Les vernis du moment : nos couleurs coups de cœur ». Ça, ça doit être l'équivalent de Sorcière Hebdo.
– Elle aime les tenues colorées leur reine. Elle aurait été bien assortie avec Dumbledore.
Tandis que Luna feuilletait un magazine, s'arrêtant pour parcourir un article sur les différents types d'extraterrestres, Ginny s'empara d'une revue un peu en hauteur. Elle la plaça sous le nez de Luna qui put admirer une photographie légèrement gondolée représentant une jeune femme statique portant très peu de tissu, assise sur une chaise, les jambes excessivement écartées.
– Ça ne me semble pas être une tenue adéquate pour la saison, constata Luna.
Cette remarque n'empêcha pas Ginny de repartir avec le magazine.
Les deux sorcières traversèrent encore un magasin de jeux et de jouets envahi d'enfants aussi surexcités qu'elles, une boutique de chaussures qui sentait le cuir et la naphtaline, une pharmacie où elles furent accueillies par des froncements de sourcils suspicieux et un marchand de meuble dont elles testèrent tous les canapés, avant de finalement clore cette folle journée de shopping.
Des années plus tard, Luna gardait en mémoire de nombreux détails de leur épopée, comme son essayage de baskets à semelle lumineuse ou bien le moment où Ginny avait activé tous les batteurs électriques et les micro-ondes d'un rayon d'électroménager, créant une véritable symphonie de « zzzzz » et de « ping » . Elle ne se rappelait pas en revanche ce que Ginny avait finalement offert à son père.
.
Quelques joues après cette escapade dans le monde Moldu, Ginny invita Luna a passé l'après-midi au Terrier. Après avoir salué rapidement Molly et Arthur Weasley, Luna grimpa l'escalier jusqu'à la chambre de son amie. La porte s'ouvrit avant même qu'elle y ait toqué, laissant apparaître le visage souriant de Ginny.
– Entre vite, je veux te montrer un truc.
Luna s'avança dans la petite pièce et s'installa sur le lit de Ginny. Le sol ressemblait à un champ de bataille sur lequel aurait combattu de valeureuses armées de chaussettes. Les fantassins, écroulés les uns sur les autres, jonchaient le sol dans un fatras de laine multicolore.
Ginny tenait serrée entre ses mains la revue à la jeune femme dénudée. Elle s'installa à côté de Luna et se mit à tourner les pages. Luna entraperçut beaucoup de photos de femmes nues, ainsi que quelques hommes.
– Tout le magazine tourne autour du sexe, expliqua inutilement Ginny. Mais je crois que ma partie préférée, c'est… là.
Elle ouvrit l'exemplaire sur une double page dont le titre était « Une maîtresse pour les dominer tous ». S'ensuivait un long texte, accompagné de photos. Ces dernières mettaient en scène une femme, toujours la même, dans des tenues de cuir noir, tenant le plus souvent un fouet entre ses mains. Sur la plus grande photo, un homme se traînait à ses pieds. Agenouillé, cagoulé, il la regardait avec une dévotion intense.
– Lis, lui intima Ginny avec empressement.
Luna se laissa glisser le long du lit, se retrouvant les fesses par terre et le dos contre le matelas. Et elle lut. L'article était un récit, écrit à la première personne, détaillant les aventures de Madame Dona, la Marquise de Sode.
La lecture fut laborieuse, Ginny ne cessant de l'interrompre, ne pouvant retenir les remarques qui lui trottaient dans la tête depuis qu'elle avait parcouru l'article.
– Jamais je n'aurais imaginé que la sexualité pouvait comprendre ce genre de pratiques ! J'ai l'impression de toucher de l'orteil un nouveau continent. C'est à la fois bizarre et fascinant ! Tu crois que c'est un truc de moldu ? Ou qu'il y a aussi des sorciers qui aiment ce genre de chose ? Je me demande comment va réagir Harry quand je vais proposer de le promener en laisser...
Luna était bien incapable de répondre aux interrogations de son amie. Pour elle aussi, le texte dévoilait quelque chose de nouveau. Elle finit par mettre le doigt sur ce qui la déstabilisait et lu certains passages en murmurant :
– « De mes mots, j'appuyais là où ça faisait mal. Qu'il se rappelle qu'il n'était rien et que je le savais. Que chaque seconde que je lui accordais était une faveur immense. En qu'en échange, j'exigeais la plus totale dévotion ». « Je ne connaissais pas encore Nicolas. Devais-je froidement décrire son comportement ou violemment l'insulter ? Quelle vérité allait le briser, le faire se traîner à terre pour embrasser mes pieds ? »… Quand elle parle, elle met les gens mal à l'aise, constata Luna. Et ses « soumis » aiment ça. Ils la paient même pour ça.
– Oui, elle leur parle mal, acquiesça mollement Ginny. Mais ce n'est pas la seule chose qu'elle fait ! Tu as lu le passage avec la cage de chasteté et les aiguilles ?
Luna ne pouvait pas contredire Ginny. La liste des sévices que la Marquise infligeait à ses prétendants était longue et inventive. Mais son éloquence résonnait en Luna d'une manière particulière. Comme la voix d'une grande sœur cachée et sulfureuse.
.
Plus tard, alors que Luna, allongée dans son lit, les bras derrière la tête, fixait intensément le plafond de sa chambre, le texte de la Marquise résonnait toujours en elle. Combien de fois ses propos avaient déjà mis des gens mal à l'aise ? Luna aurait été bien incapable de fixer un nombre. Presque à chaque conversation, en réalité.
Luna aimaient observer. À Poudlard, quand les élèves discutaient entre eux, ils semblaient le plus souvent à l'aise, voire heureux. Sauf quand Luna ouvrait la bouche. C'était ainsi et elle l'acceptait. Mais parfois, – oh, pas tout le temps, juste une fois de temps en temps – elle aurait aimé que ses mots ne fassent pas fuir ou ricaner ses camarades.
Y avait-il dans le monde des personnes qui prendraient plaisir à écouter ce qu'elle avait à dire d'eux ? Dans le texte de la Marquise, les personnes aimaient être humiliées et frappées. Et cela passait notamment par les mots. Pas exactement le genre de mots que Luna avait l'habitude d'utiliser, mais leur effet était proche des siens : un sentiment de malaise face à une vérité crue, que la Marquise attisait sans cesse.
Luna se surprit à rêver d'hommes réclamant ses paroles et se délectant de leur vérité d'hommes rendus humble par la blessure infligée à leur égo et avides d'une humilité plus grande encore. Il y avait quelque chose de grisant dans cette idée. D'excitant.
.
Luna et Neville, les doigts dégoulinants d'un mucus rosâtre, trayaient des Pis-en-Couette. Dans la lumière du soleil couchant, qui nimbait l'air de la serre d'une aura dorée, Luna partageait avec son ami sa nouvelle source de fascination : les récits de madame Donna.
– … et j'ai bien envie d'essayer de faire ce que la marquise de Sode fait, conclut-elle en rebouchant un flacon rempli à ras-bord et en le rangeant dans une caissette, au milieu d'autres flacons semblables.
Neville fronça les sourcils. Cette contraction ne devait pas être due au fait qu'il se concentrait sur sa récolte, car une pression imprécise sur une baie tachetée lui valut de recevoir un épais jet de mucus en plein visage. Il pesta contre sa maladresse avant de s'essuyer avec un pan de son tablier. Quand le tissu retomba, il dévoila un visage résolu, bien qu'encore un peu gluant.
– Il y a quelques semaines, quelqu'un s'est confié à moi. Des confidences d'ordre sexuel. Et je crois que ses fantasmes pourraient bien compléter les tiens. Je peux le contacter, si ça tu n'y vois pas d'inconvénient.
Luna n'en voyait aucun.
.
Neville avait diligemment fait son œuvre. Deux jours après son entrevue avec Luna, cette dernière reçue un hibou d'invitation assez formel de la part d'Olivier Dubois.
Elle avait hâte. Elle avait peur. Elle accepta.
.
Luna et Olivier étaient assis côte à côte dans un canapé qui avait déjà dû connaître des nombreuses autres maisons. Ils se trouvaient dans l'appartement qu'Olivier Dubois partageait avec Andrew Kirk. Ce samedi, Olivier profitait de l'appartement pour lui seul, son colocataire travaillant ce jour-là en tant que vendeur dans une boutique de balais de course.
Après les politesses d'usage, ils discutèrent un peu, de tout et de rien, n'évoquant pas immédiatement la raison de leur réunion. Gênés, aucun ne parvenait à soutenir le regard de l'autre.
Ils s'étaient mis d'accord pour apporter tous les deux des objets qui pourraient leur être utile dans leurs jeux. Pas des objets achetés spécifiquement pour l'occasion, plutôt des choses qu'ils possédaient déjà et dont ils pouvaient imaginer un nouvel usage. Luna finit par se lancer :
– Voilà ce que j'ai trouvé.
Elle se leva et ouvrit le sac qu'elle avait abandonné dans le couloir. Elle en sortit une longue tige flexible, qui avait servi quelques années auparavant dans la quête familiale du Ronflak Cornu, et un martinet dont son père se servait parfois pour dépoussiérer ses capes.
De son côté, Olivier revint de sa chambre avec dans ses bras un balai de course et un fagot de bois ayant certainement appartenu à un balai hors d'usage.
Ils éparpillèrent leurs biens sur la table, comme l'exposition d'autant de trésors.
Un silence emprunté s'installa. Il était l'heure de passer aux choses sérieuse et ni Luna, ni Dubois ne savaient par où commencer.
– Eh bien, il est temps d'y aller. De siffler le début du match, comme on dit. Je pense qu'il faudrait que je me déshabille un peu. Je… je t'attends dans la chambre.
Luna hocha la tête en guise d'assentiment et compta cinq respirations avant de s'emparer du matériel qu'ils avaient sélectionnés et d'entrer dans la pièce où l'attendait Dubois.
Il était assis au bord du lit, le bas du corps découvert, mais le torse toujours habillé d'un maillot un peu long. Luna déposa les objets qu'elle tenait sur le matelas. Elle se saisit du martinet, qu'elle s'amusa à faire siffler dans l'air en souriant.
– Que veux-tu que je fasse ? lui demanda Olivier.
Luna tapota son index contre sa joue tout en réfléchissant.
– Tu pourrais commencer par… coller ton torse contre le lit.
Dubois s'exécuta. Luna examina la position. Oui, ça lui semblait bien pour commencer.
Le haut du jeune homme remontait un peu, dévoilant le bas de ses fesses. Ce qui, de l'avis de Luna, n'était pas suffisant. Elle remonta le tissu jusqu'au milieu du dos du sportif, malgré son « Eh ! » de protestation surprise, mettant la zone complètement à nu.
– Prêt ? s'enquit-elle en faisant claquer les lanières de cuir.
Ce bruit lui plaisait vraiment beaucoup
– Prêt, répondit Olivier.
Mais elle n'osa pas se servir tout de suite du martinet. Elle n'était pas sûre de pouvoir correctement doser ses coups avec. Elle préféra commencer par faire usage de sa main pour mettre une claque sur la fesse de Dubois. Une claque pas suffisamment puissante pour faire réagir sa peau, mais d'une très belle sonorité.
Luna enchaîna plusieurs petites fessées, se servant du cul de Dubois comme d'un tambour, ravie du son qu'elle créait. Jusqu'à ce qu'il se retourne pour la regarder, d'un air interrogatif et amusé.
– Je teste mes instruments, lui expliqua-t-elle.
– Et le son te convient ?
Ils rirent, d'un rire léger qui effaça la gêne qu'ils ressentaient encore un instant auparavant.
– Il me convient. Je vais maintenant essayer de jouer d'autres mélodies.
La main de Luna prit un peu d'élan et frappa vivement l'arrière-train d'Olivier. La sorcière sentit une intense chaleur se répandre le long de sa paume et de ses doigts.
– Ça va, Olivier ?
– Très bien, tu peux continuer, la rassura Dubois avec un empressement dans la voix qu'elle ne lui connaissait pas.
Alors, elle continua. Après quelques tapes supplémentaires de la main, elle se décida à faire réellement usage de son martinet. Elle arma son coup, abaissa son bras dans un claquement sec et le releva à nouveau, prête à recommencer.
– Arrête ça ! C'était... terriblement douloureux... Seulement douloureux.
Luna, confuse et gênée, suspendit immédiatement son geste. Son bras tremblaient.
– Désolée.
– Pas la peine de t'excuser, Luna... Contente-toi juste de frapper un peu moins fort, répondit Olivier, un léger sourire dans le creux de la voix.
Un peu hésitante malgré les propos d'Olivier, Luna décida de troquer le petit fouet contre le fagot de bois, plus confiante en sa capacité à le manier. Pour le reste Luna ne savait pas trop comment se comporter. Alors, elle se concentra sur les réactions d'Olivier pendant qu'elle lui assénait des coups sur le cul et les cuisses.
Le sorcier semblait à la fois plus détendu et plus concentré quand elle était sûre d'elle. Elle supposa que c'était la voie à suivre.
Elle ferma un instant les yeux et puisa dans les forces de son esprit. Elle s'imagina être la marquise de Sode, confiante et autoritaire. Sa voix se fit plus ferme, surprenant ses propres oreilles, et son dos se tint plus droit. Et elle remarqua que son changement de posture trouvait un écho chez Olivier. Un long frisson traversa son corps, lui donnant la chair de poule. Son regard se fit plus vague. Son ton, un peu plus obéissant. Ce qui réjouissait étrangement la sorcière.
Tous les instruments qu'ils avaient sélectionnés passèrent entre les mains de Luna. La baguette à Ronflak Cornu, cinglante et sifflante, lui plut particulièrement.
Après une pluie de coups qui fit haleter le jeune homme, Luna s'exclama :
– Alors, tu aimes ça, hein, vile fripouille !
Olivier tourna un visage surpris vers elle.
– Vile fripouille ?
Un rire les traversa tous deux.
– Je voulais dire une insulte salace. Je ne suis pas encore tout à fait, au point je crois.
Peu après, d'un commun accord, la séance prit fin. Luna avait testé tout ce qu'elle avait en tête et Olivier ne ressentait plus le moindre plaisir à recevoir des coups.
Ils se rafraîchirent, Olivier se rhabilla et ils se retrouvèrent sur le canapé, bien plus détendus qu'auparavant, sirotant chacun une bouteille de Bièraubeurre et discutant de ce qu'il venait de vivre – un échange qui devint ensuite une habitude pour Luna.
Celle-ci avait passé un moment fascinant. Imparfait, tâtonnant, mais fascinant. Par contre, elle ne savait pas si l'échange avait répondu aux attentes d'Olivier.
– Ça allait ? demanda Luna, incertaine. Ce n'était pas trop étrange ?
– Il y a eu des moments bizarres. Mais, ce n'était pas désagréable. Et dans l'ensemble, c'était bien. Vraiment bien. Ça me plairait bien de remettre ça, conclut-il en lui lançant un clin d'œil canaille.
