Notes de l'auteur : Une énorme erreur s'était glissée dans le chapitre précédent, mais cette dernière a été corrigée. En effet, sans faire attention, j'avais mis Haruhime en contact avec la familia de Takemikazushi sans que personne ne réagisse, ce qui était un énorme plothole, surtout que les retrouvailles ne sont pas pour tout de suite.
Chapitre 17 : La Fée Cinglée
Les choses avaient pris une tournure étrange, mais qui étaient finalement pour le mieux. Bell, Welf et Lili avaient fini par atteindre la dix-huitième étage et avaient même trouvé des gens pour les aider. Puis, ils furent rejoints par une équipe de sauvetage envoyée par Ishtar. Une équipé de sauvetage très particulière, à la composition des plus hétéroclites. Deux berberas, trois combattants de l'Est lointain, une elfe mystérieuse, deux divinités et une fabricante d'objets magiques.
Bell et son groupe ne mirent pas longtemps à reconnaitre les trois personnes qu'ils ne connaissaient pas comme étant des gens appartenant au groupe qui leur avait fait le pass parade. Comme l'avait suggéré Hermès, ils s'isolèrent dans une tente pour discuter.
Ce fut la femme aux cheveux noirs qui s'inclina en premier.
"Je suis vraiment désolée !" fit-elle, sa voix montrant sa totale sincérité. "Soyez sûrs que je ferais ce qu'il faut pour rembourser cette dette envers vous."
"Arrête Mikoto." L'interrompit Ouka. "C'était ma décision, je l'assume seul et je ne la regrette pas." Dit-il avec un ton plein de confiance, ce qui ne plût ni à Welf ni à Lili.
"Pardon ?" fit la porteuse prum avec un air outré.
"On a bien faillit crever à cause de vous !" lui fit remarquer Welf sur un ton rageur.
"Les miens aussi !" lui rétorqua Ouka. "Je devais les protéger, c'était mon devoir."
"Oui, c'est facile à dire vu qu'on est vivants et indemnes, t'aurais eu le cran de répéter ça devant nos cadavres ?"
"Croyez bien que je n'ai pas pris cette décision par plaisir, c'était nécessaire."
"Toi !" fit Welf en se levant, visiblement prêt à en venir aux mains pour passer sa colère. Et vu la tête que faisait Ouka, il semblait prêt à le recevoir. Chigusa se leva alors précipitamment et s'interposa entre eux.
"Je vous en supplie, pas de violence !" fit-elle alors qu'elle se retrouvait prise en sandwich entre les deux hommes alors que Welf venait d'attraper Ouka par le col. Coincée entre leurs torses, elle essayait de se convaincre qu'elle faisait ça uniquement pour les arrêter.
Le fait qu'elle ait un fantasme secret sur les grands hommes musclés et qu'elle se retrouve précisément coincée entre deux hommes correspondant à cette description n'était qu'une coïncidence.
Le plaisir coupable qu'elle prenait dans cette situation n'avait absolument rien à voir.
Rien du tout…
"Allons mes amis, gardons notre sang-froid." Fit alors Hermès pour tenter de calmer les choses. "Je comprends votre colère, mais je tiens à rappeler que nos amis ici présents n'ont jamais cherché à dissimuler leur faute. Ils ont immédiatement prévenue Ishtar, quitte à encourir sa fureur, et se sont portés volontaires pour vous sauver."
Bell s'approcha à son tour et posa sa main sur le bras de Welf.
"Welf, s'il-te-plait." Fit-il de sa voix douce. Le forgeron soupira, mais relâcha Ouka et recula. "Je suis désolé, les deux derniers jours ont été assez intenses et épuisants."
"Je comprends, ne vous en faites pas."
"Je comprends votre point de vue. Si j'étais à votre place, qui sait si je n'aurais pas pris la même décision pour protéger mes amis. Pour ma part, je vous ai déjà pardonné."
"Je… merci." Fit sobrement Ouka.
"Sir Bell, merci à vous !" fit alors Mikoto tout en lui prenant les mains. "Votre bonté vous honore, nous ne l'oublierons jamais."
Au moins, elle n'aurait pas sa mort sur la conscience et ne finirait pas hantée par son regard.
"Hmpf ! C'est un peu facile je trouve." Fit alors Lili. Sa vieille rancune contre les aventuriers n'avait pas encore disparue et elle n'avait pas le pardon aussi facile.
"Lili… s'il-te-plait."
"Arg… C'est cruel de votre part de me prendre par les sentiments maître Bell… D'accord, je pardonne."
"Merci Lili."
"Oui, tout ça est bien beau, mais même si Bell vous a pardonné, n'espérez pas qu'Ishtar se montre aussi clémente, elle va vous demander des comptes tôt ou tard." Dit alors Aisha, qui préférait les confronter à la dure réalité.
"C'est… C'est vraiment obligé ? Après tout ça…" fit alors Bell avec sa mine de chien battue, ce qui poussa Lena à reprendre les choses en main.
"Ne t'en fais pas Bell ! Vu qu'ils nous ont aidé, ce sera surtout quelque chose de symbolique. Genre quelques corvées ingrates pour la forme et on en restera là."
"Vraiment ?"
"O-Oui. Tout à fait. Ne t'en fais pas, ce ne sera rien de plus." Et maintenant qu'elle avait ouvert sa grande bouche, elle avait tout intérêt à faire en sorte que leur déesse s'en tienne à ça pour ne pas passer pour une menteuse aux yeux de Bell.
Mais comment ce gamin s'y prenait ? Dès qu'il faisait sa petite mine malheureuse, elle devenait incapable de lui refuser quoi que ce soit.
Une fois que tout le monde fut calmé et que la situation fut détendue. Le petit groupe ressortit pour expliquer la situation à la Loki familia qui invita l'équipe de sauvetage à se joindre à eux. Ce fut alors qu'ils se rendirent compte qu'ils avaient été interrompus au début du dîner et que tout le monde avait faim. Les membres de l'équipe de secours aussi après leur descente express dans le Donjon.
Le repas reprit donc dans la bonne humeur et permit même de fêter une conclusion heureuse à cette histoire, comment en témoigna le fait qu'il y eut une bonne dose de vin au repas, cadeau d'un certain nain qui voulait améliorer l'ambiance. Welf se retrouva donc de bonne humeur et Lili à moitié pompette, ce qui la rendit bien plus agressive, au grand dam de Bell qui devait maintenant jongler entre son amie prum qui le collait, Lena en mode grande sœur protectrice, Tiona qui voulait absolument lui faire la conversation, les regards en coin d'Ais, les regards remplis de jalousie de plusieurs membres de la Loki familia et les regards meurtriers que lui lançait Lefiya.
Aisha fut l'une des premières à s'éclipser. La raison était extrêmement simple. Tous ces membres de la Loki familia étaient coincés ici pour plusieurs jours, après une expédition stressante. Elle était sûre de trouver quelques mâles corrects à qui elle pourrait louer un peu de son temps pour quelques… prestations.
Berberas un jour, berberas toujours.
Du côté du repas, ce fut Tiona qui mit soudainement les pieds dans le plat quand elle comprit ce qu'Aisha était partie faire.
"Du coup Argonaut, j'ai une question ?"
"Euh… oui, laquelle ?"
Des questions, elle en avait eu des tas depuis le début de cette soirée.
"C'est un peu gênant à demander… mais juste par curiosité, tu prends combien pour tes prestations ?"
Bell recracha sa boisson sous l'effet de la surprise alors que Welf commençait à se marrer derrière lui. Chigusa et Mikoto, qui se trouvaient non loin, se mirent aussi à rougir en comprenant de quoi il était question. Ce fut alors que toutes les personnes présentes eurent comme une grande révélation et se souvinrent soudainement qu'il était un membre de la familia d'Ishtar.
"Comment ça mes prestations ?"
"Eh bien, oui, je suis curieuse, en plus, j'ai entendu des histoires qui parlent d'une bête et…"
"Mais de quelle bête on parle là ? Et je ne fais pas de prestations !"
Ce fut donc partie pour une énième explication sur la nature du Delebat, son rôle dans la familia, le fait qu'il ne vendait pas son corps ou autre. Ce qui, bien évidemment, surprit tout le monde. La première à reprendre la parole fut Hestia.
"Croyez-le ou non, mais il dit la vérité. Je sais, je sais, ça fait un choc, moi-même je n'y croyais pas au début."
Le silence n'était brisé que par les rires que Welf tentait désespérément de retenir.
"Alors, maître Bell ne vend pas son corps, pourtant il est suuuuuuuuuuper doué avec ses mains." Fit alors une Lili qui avait visiblement bu beaucoup trop de vin.
"Lili ! Arrête de dire des choses comme ça !" lui dit alors un Bell bien en panique.
"C'est vrai, maître Bell, vous massez troooooop bien, ça rend Lili toute chose à chaque fois."
"Des massages ?" demanda alors Tiona avec un air curieux.
"C'est rien ! Juste une idée idiote de ma déesse, Lili exagère."
"Oh non, je suis même en deçà de la réalité, vous avez tellement de talent maître Bell."
Ais fut bien tentée de confirmer les choses, mais elle se souvint alors que Loki lui avait demandé de garder le secret sur cette histoire d'entrainement et que de ce fait, elle ne pouvait pas dire à tout le monde que Bell l'avait massé et qu'il était réellement aussi doué que Lili le disait.
"Dans ce cas, Argonaut, tu veux bien me masser ? Maintenant je suis vraiment curieuse. En plus, toute cette expédition a vraaaaaaiment été difficile et j'ai envie de me faire dorloter un peu."
"Je… je ne suis pas sûr…"
"Aller, s'il-te-plait." Dit-elle en s'approchant toujours plus de lui, le visage presque collé au sien. Finalement, devant son regard suppliant, il fut obligé de capituler.
"Bon… juste un peu alors…"
"Super ! Aller, on fait ça de suite !"
Et sans demander s'il était d'accord ou non, elle attrapa Bell par la main et l'entraina avec elle, prenant tout le monde de court.
De son côté, Ais était déçue. Elle aussi avait envie d'un massage. Après y avoir goûté une fois, on pouvait facilement y devenir accro. Seulement, elle n'avait pas trouvé un seul instant pour placer un mot et s'était fait couper l'herbe sous le pied par Tiona, bien plus proactive qu'elle.
Aisha venait de finir sa dernière prestation et cela n'avait pas duré bien longtemps à son grand malheur. Un homme qui avait bien plus de gueule qu'il n'en avait dans le pantalon, l'affaire fut vite expédiée. Elle sortait de la tente tout en finissant de rajuster sa tenue quand elle vit que quelqu'un l'observait. Un prum blond au regard bien trop curieux.
"Tiens, le Braver, il y a un soucis ? J'espère que mes petites prestations ne dérangent pas ?" fit-elle avec un ton qui sous-entendait clairement qu'elle se fichait bien de son avis.
"Pas du tout. Tant qu'ils suivent les ordres et ne font rien qui pourrait nuire au groupe, nos membres sont tout à fait libres de s'amuser comme ils le désirent sur leur temps libre."
"Dans ce cas, est-ce que vous voudriez vous-même passer un bon moment ? Je connais la réputation du Braver au combat ou au commandement, mais je serais curieuse de voir comment il s'en sort dans ce genre d'affrontement."
Mais elle n'eut pas le temps de continuer à faire sa pub qu'une autre amazone apparut et attrapa son précieux capitaine par le bras tout en envoyant des regards noirs à Aisha et en grognant.
"Chasse gardée on dirait." Fit la berberas avec un amusement. Mais elle était elle-même une amazone, elle savait donc comment pouvait être une de ses sœurs quand elle était à fond sur un homme. Finn fit de son mieux pour ignorer le pot de colle qui s'accrochait à son bras et poursuivit sa conversation.
"Non, ce n'était pas le sujet Antianeira. J'étais juste surpris que dame Ishtar envoie une de ses meilleures berberas pour sauver deux nouveaux venus dans sa familia. Cela ne ressemble guère à ses habitudes, tu comprendras que je suis un peu curieux."
"Inutile de chercher bien loin, elle s'est simplement entichée du gamin. Les dieux sont comme ça après tout, ils se contentent de suivre leurs envies. Votre déesse n'a jamais fait preuve de favoritisme ?"
"Effectivement." Répondit-il alors qu'il se rappelait que Loki pouvait effectivement favoriser certaines personnes quand elle s'y mettait. Tout le monde dans la familia savait qu'Ais était sa favorite du moment, même si cela changeait parfois au gré des circonstances. "Donc, Ishtar n'agirait que par favoritisme ?"
"Aussi fou que cela paraisse, je commence même à croire qu'elle est sincèrement amoureuse de lui. Mais même elle ne sembla pas capable de l'admettre."
Finn devait-il se contenter d'une telle explication ? Le comportement étrange d'Ishtar serait simplement dû à des sentiments non maîtrisés et pas à un quelconque plan tarabiscoté ? Certes, l'amour était une émotion qui pouvait changer les gens, voire les pousser à des comportements irrationnels, mais là, on parlait d'une divinité. Cherchait-il forcément trop loin ? La réponse était-elle simple et évidente ? Au final, il n'avait pas tiré la moindre information d'Aisha, mais il ne comptait pas trop dessus à la base. Ishtar resterait donc une énigme pour le moment.
Mais il n'eut pas le temps de continuer à y penser que d'étranges gémissements commencèrent à se faire entendre non loin de là.
Ailleurs dans une tente, une certaine amazone qui n'avait pas été autant gâtée par la nature que sa sœur était en train de passer entre les mains expertes d'un jeune homme qui n'était pas vraiment sûr de l'utilité d'un tel don.
"Oui… Juste là… Argonaut… C'est… divin… Je crois que je vais… je vais…"
Le reste ne fut qu'un long gémissement de plaisir alors que Tiona sentait tous ses muscles se détendre un par un. Quant à Bell, il était rouge de honte, comme à son habitude.
"Merci beaucoup Argonaut. Ton amie avait raison, je ne me suis jamais sentie aussi bien." fit-elle tout en rajustant le morceau de tissu qui lui servait de haut. Les deux quittèrent la tente, Tiona avec un sourire bienheureux et Bell un regard gêné. Dehors, Finn, Tione et Aisha les attendaient. Le prum avait juste des yeux ronds, pas tout à fait sûr de ce qu'il se passait, l'amazone avait l'air choquée et la berberas avait un petit sourire amusé. Le quiproquo était déjà visible à des kilomètres.
"Tiona !" Fit sa soeur en lui mettant les mains sur les épaules. "Dis-moi que je rêve, tu… Tu viens à peine de le rencontrer et tu es déjà allée bien plus loin que moi !"
"Eh bien, eh bien, mon petit lapin. Tu commences donc à prendre les bonnes habitudes de la familia ?" fit alors Aisha avec un ton taquin.
"Pas du tout, je ne faisais que la masser !" se défendit Bell.
"Un massage ? Juste un… massage ?" Demanda alors Finn qui avait un peu de mal à y croire.
"Oui ! Je jure devant toutes les divinités que je n'ai rien fait d'indécent !" tenta-t-il alors en espérant être cru.
"Vous avez vraiment les idées mal placées, Argonaut ne faisait que me masser."
En réponse, elle n'eut droit qu'à trois regards qui sous-entendaient qu'elle ne s'était pas entendu gémir avant d'oser faire une remarque pareille.
"En tout cas, ça m'a fait trop de bien. Je crois que je n'ai jamais senti mes muscles aussi détendus. J'en avais bien besoin après tout ça. Franchement Tione, tu devrais essayer, ça te ferait du bien à toi aussi."
Un peu perdue, l'amazone se tourna alors vers son capitaine qui se contenta de lui sourire.
"Tu n'as pas besoin de ma permission Tione, si mr Cranel est d'accord, vous êtes libres de faire ce que vous voulez."
Et si au passage, elle pouvait un petit peu le lâcher, il en serait très reconnaissant.
"C'est… c'est vrai que c'est tentant. Mais capitaine, même si ce ne sont que des massages, je ne peux décemment laisser un autre homme que vous me faire gémir de cette manière." fit-elle avec un petit air timide et les joues rouges. Tant pis pour Finn, il ne se débarrasserait pas d'elle comme ça.
"Moi. Je veux bien d'un massage." fit alors la voix calme d'une personne qui était apparue derrière Bell.
"Tiens, même toi tu t'y mets Ais ?" demanda alors Tiona avec amusement, ce à quoi la blonde ne lui répondit que d'un signe de tête. Mais cela n'était pas aux goûts de Lefiya, à ses côtés, choquée à cette idée.
"Ais, vous n'y pensez pas ! Vous ne pouvez pas laisser cet humain vous toucher de la sorte !"
Cependant, les protestations de Lefiya restèrent lettre morte alors que la Princesse à l'épée s'approchait du jeune homme.
"Massage. Maintenant." dit-elle en l'attrapant par le bras avant de l'entraîner à sa suite, sans vraiment lui demander son avis au passage, laissant tout le monde médusé et Aisha en train de rire.
"Je la pensais froide telle une poupée sans émotion comme le disait sa réputation, mais je me trompais, elle a l'air de parfaitement savoir ce qu'elle veut dans la vie."
"Noooooooon !" cria Lefiya. "Corrompue ! Mlle Ais a été corrompue par cet humain pervers !" fit-elle en tombant sous les regards blasés des sœurs Hiryute.
"Sérieusement Lefiya, t'en fais des caisses là…" lui fit Tione avec un soupir.
"Tout à fait. Aller, viens aussi Lefiya, ça te fera du bien !"
"Je n'ai pas envie que ce gigolo me touche !"
"Ah ? Et voir la tête que va faire Ais ?" fit alors Tiona, devenue incarnation de la tentation aux yeux de l'elfe qui ne pouvait nier qu'une part d'elle mourrait d'envie de voir la tête d'Ais en de telles circonstances.
"Eh bien… je-je-je suppose qu'il vaut mieux que je reste à côté… pour m'assurer que cette humain ne fasse rien d'indécent !"
Ca ne trompait absolument personne et encore moins les sœurs Hyriute, mais cela restait amusant à voir.
Loin de tout cela, plus ou moins au même moment, à la surface, Ishtar continuait de s'inquiéter. Mais elle savait aussi qu'elle ne pouvait rien faire si ce n'était espérer. Elle avait confiance en Bell et en Lili, elle les savait assez doué pour s'en sortir, même s'il y aurait de la casse. L'aide d'Hestia était providentielle et la rassurait un petit peu. En revanche, elle ne savait pas trop comment interpréter celle offerte par Hermès. Devait-elle vraiment croire qu'il ne faisait ça que pour coucher avec elle ? La réponse était-elle vraiment aussi simple ? Avec beaucoup d'autres dieux, elle l'aurait cru, mais Hermès… Ce type inspirait autant confiance qu'un courtier en assurance. Toujours avec ce sourire en coin, à la fois trompeur et narquois. Un manipulateur qui jouait beaucoup trop à l'innocent, mais qui ne trompait certainement pas quelqu'un comme elle.
Mais c'était là tout ce qu'elle pouvait faire pour le moment, avoir des soupçons. Hermès et sa familia, du fait de leurs activités, avaient des autorisations spéciales qui leur permettaient d'aller et venir en ville comme bon leur semblait. Le réseau des courtisanes était peut-être très puissant dans les murs d'Orario, mais quand il s'agissait d'avoir des informations de l'extérieur, cela prenait plus de temps. Ce n'était pas impossible, juste plus compliqué. Et vu la manière dont Ishtar avait traité sa familia ces dernières décennies, elle ne pouvait pas vraiment compter sur des excès de zèle de ses membres.
De plus, elle devait maintenant gérer un problème bien plus urgent. Les Fils de la Nuit se tenaient encore tranquilles, mais Kali commençait à devenir de plus en plus insistante. Quelle idée aussi que de faire appel à cette tarée… C'était dans ses moments-là qu'Ishtar prenait conscience de ses propres changements et à quel point sa haine l'avait poussé à des décisions stupides. Kali était une foldingue et sa familia ne valait guère mieux. Le fait de ressembler toutes les deux à des amazones et d'en avoir beaucoup dans leurs rangs étaient là leurs seuls points communs.
Certes, les berberas aimaient se battre, mais recherchaient avant tout le défi et le frisson du combat tout simplement parce que cela les excitait. Mais les enfants de Kali ne cherchaient que des bains de sang et des massacres. Aucun défi, juste la mort, le tout avec la bénédiction d'une déesse ressemblant à une enfant. Ce n'était pas pour rien qu'avant l'arrivée des dieux, les mortels la représentaient comme une créature terrifiante à quatre bras, avec un collier de crânes, un pagne de bras coupés et tenant une tête décapitée.
Le problème étant que la morveuse des massacres commençait à se montrer vraiment insistante et demandait une rencontre avec Ishtar. La déesse avait repoussé le problème autant qu'elle le put, mais elle allait devoir accepté cette entrevue et tenter de régler le soucis.
Les pensées de la déesse furent interrompues par le bruit de quelque chose tombant au sol. Elle leva les yeux et fit Haruhime qui venait de faire tomber le plateau de thé qu'elle lui amenait. Ishtar ne mit longtemps à comprendre que quelque chose n'allait pas du tout.
"Haruhime, tout va bien ?" demanda la déesse en se levant de son bureau.
"O-Oui… tout va bien déesse." lui répondit alors Haruhime d'une voix fatiguée.
En s'approchant, Ishtar se rendit compte qu'elle respirait rapidement et avait les joues rouges. Instinctivement, elle lui mit une main sur le front et le constat fut sans appel.
"Tu es brûlante de fièvre !"
La déesse lui fit arrêter immédiatement son travail et la guida jusqu'à sa chambre avant de faire venir l'un des médecins privés de la familia. L'attention accordée à la santé d'Haruhime ne surprit pas spécialement les gens, après tout, elle était une pièce maîtresse de leur plan, il fallait donc en prendre soin jusqu'à la date butoir.
Cependant, Haruhime n'était pas du tout en danger et pour cause, elle avait juste une bonne grippe, rien de bien méchant et qui passerait avec des médicaments et quelques jours de repos. La Falna était une bénédiction puissante, elle améliorait les facultés physiques et magiques, accordait des skills et autres pouvoirs spéciaux et pouvait même ralentir le vieillissement, surtout chez ceux de haut niveau. Mais à moins d'un skill particulier, elle ne protégeait pas des maladies, même si elle rendait le corps plus résistant.
Voilà comment la gentille renarde se retrouva clouée au lit avec sa déesse en train de prendre soin d'elle.
"Je… suis… désolée, déesse." fit la renarde de sa petite voix fatiguée.
"Ne le sois pas Haruhime, tu es malade, c'est là le lot commun des mortels. Repose-toi et concentre-toi sur ta guérison."
"Merci, déesse… Est-ce que… vous avez des nouvelles… de Bell et des autres ?"
Malgré son état, elle trouvait encore le moyen de s'inquiéter pour les autres, car c'était là sa vraie nature.
"Non, mais je garde espoir, il nous reviendra. Alors fais en sorte d'être en forme pour le saluer à son retour."
"Oui… merci déesse."
"Tu l'aimes n'est-ce pas ?"
"Je… mes sentiments… je n'étais pas sûre, mais maintenant… il est gentil, tellement mignon, j'aime passer du temps avec lui… j'aime parler de contes et de légendes pendant des heures, assises à ses côtés…"
Sous l'effet de la fièvre, Haruhime devenait plus ouverte et se confiait bien plus naturellement.
"Je veux… je veux passer du temps à ses côtés… je veux parler plus avec lui… je veux me rapprocher de lui… me donner à lui… et porter son enfant…" termina la renarde avant de finalement s'endormir.
Ishtar fut assez surprise par la fin. Elle savait que Bell plaisait à Haruhime, mais elle n'avait pas imaginé à ce point. Elle rêvait d'avoir un avenir avec lui, d'avoir des enfants, ce qui était… une perspective absolument adorable.
"Je serais très curieuse de voir le mignon petit renard blanc que vous pourriez faire tous les deux." Fit la déesse avec amusement.
Mais elle se rendit aussi compte que la renarde commençait à rêver d'une vie à elle, une qui n'incluait pas de finir en sacrifice. Une nouvelle fois, Ishtar prit conscience de ce que sa haine et sa jalousie avaient fait comme dégâts. Haruhime méritait-elle vraiment de finir ainsi ? Non, elle en était maintenant convaincue.
"Tu auras ce futur auquel tu aspires. Dors ma jolie renarde, je veille sur toi maintenant." Murmura la déesse avant de se pencher pour embrasser le front d'Haruhime, laquelle sembla soudainement se détendre dans son sommeil.
Ishtar quitta la pièce pour la laisser se reposer en paix. Une nouvelle détermination dans le regard, elle retourna à son bureau. Prochaine étape : se débarrasser du problème Kali.
Au dix-huitième étage du Donjon, le jour venait de se lever. Enfin, disons plutôt que la luminosité de l'étage avait progressivement augmenté, permettant aux résidents de savoir que c'était le matin.
Un petit groupe se dirigeait présentement vers la petite bourgade des lieux, la ville de Rivira. Quand Bell apprit son existence, il devint rapidement curieux de l'endroit et Ais lui proposa alors de l'emmener visiter l'endroit afin de le remercier pour le massage. Mais ils ne furent pas seuls. Lefiya les colla de près, car après ce qu'elle avait vu la veille et les réactions d'Ais à son massage, elle estima devoir surveiller toute potentielle action indécente. Tiona était aussi de la partie, simplement parce qu'elle n'avait rien de mieux à faire.
Welf et Lili étaient aussi venus, car durant leur fuite désespérée, ils avaient laissé derrière eux une grande partie de leur équipement, dont le sac à dos de Lili et tout ce qu'il contenait, du coup, ils devaient essayer de racheter un peu de matériel en urgence. Aisha était restée au camp, elle faisait la grasse matinée après une nuit très occupée, mais Lena était venue, tout comme Hestia qui voulait profiter de sa visite (totalement interdite) du Donjon pour assouvir sa curiosité.
Hermès et Asfi étaient également présents, bien qu'un peu en retrait.
Le jeune homme fut donc surpris de découvrir cette ville faite de bric et de broc, mais totalement fonctionnelle, ainsi que l'histoire mouvementée de ses multiples destructions et reconstructions. Il se rendit compte à quel point la communauté des aventuriers pouvait se montrer ingénieuse pour avoir bâtie cette ville. Et à quel point elle en profitait aussi.
Il crut tourner de l'œil quand il vit les prix sur les étals. Il s'était attendu à ce que cela soit un peu plus cher, mais pas à ce point. Certaines choses se vendaient même jusqu'à dix fois le prix de la surface ! Où était donc l'autorité de régulation des marchés quand on avait besoin d'elle !
Cela n'empêcha pas Lili et Welf de faire leur marché, bien qu'ils durent utiliser tous leurs talents de négociateurs. Mais même ainsi, le peu qu'ils achetèrent fut absolument hors de prix.
"Quelle horreur… dire que le Delebat commençait à peine à avoir des finances correctes…" fit le jeune homme avec dépit. Bien que Lili s'occupait désormais des comptes, il gardait toujours un œil dessus.
"Ne t'en fais pas Bell." Lui dit alors Lena sur un ton rassurant. "Après tout, notre familia est super riche !"
"Je sais… mais je ne veux pas dépendre trop de notre déesse, le Delebat est censé être le plus autonome possible."
"En temps normal oui, mais là, c'est une situation d'urgence, il n'y a pas de honte à demander à la familia d'être un peu solidaire. Ce n'est pas comme si deux ou trois achats à Rivira allaient faire un trou dans les comptes. Je peux gagner cinq à dix fois ça en une seule nuit si je suis vraiment motivée."
En réaction, Bell se mit à rougir, comprenant ce à quoi Lena faisait allusion. Oui, elle agissait avec lui comme une sorte de grande sœur délurée, mais elle restait une berberas, une prostituée-combattante. Elle n'était pas seulement une guerrière, elle était également une fille de joie qui avaient dû couché avec tant d'hommes qu'elle en avait certainement perdu le compte.
Mais maintenant qu'il était dans la familia depuis un moment et grâce aux conversations qu'il avait eu avec Ishtar et Neela, il acceptait mieux ce fait et savait que cela n'était pas la seule chose qui les définissait. Le fait qu'elle soit une prostituée n'enlevait rien aux qualités de Lena. Elle était toujours elle-même, adorable, joyeuse, exubérante, pleine de vie et il l'adorait pour tout ça.
Comme en témoignait le grand sourire qu'il eut ensuite en la regardant. Chose qu'elle ne manqua pas.
"Eh bien Bell, pourquoi cet air heureux. Ne me dis pas… ça y est, tu succombes enfin aux charmes de grande sœur Lena ?" fit la joyeuse berberas en venant lui appuyer sur la joue d'un doigt taquin.
"Pas du tout… enfin, pas exactement, je me disais…"
"Oui ? tu te disais quoi Bell ?"
"Juste, reste toi-même, tu es parfaite comme tu es Lena."
"Oooooh ! Bell, espèce de vilain charmeur !" fit-elle en l'attrapant pour un gros câlin.
"Vous avez fini de vous donner en spectacle ? On n'est pas à la Demeure Astrale ici." Fit remarquer Hestia sur un ton moralisateur. Même si, au fond, elle aussi avait appris à apprécier Bell et son entourage, y compris ce diablotin à ressort de Lena.
"Lena ! Dame Hestia a raison, on est en public !" fit-il en se débattant. Malheureusement, en se libérant de l'emprise de Lena, il percuta quelqu'un. Un homme de grande taille, musclé et à l'air patibulaire.
"Hé ! Regarde où tu vas gamin !" l'invectiva l'homme, visiblement de mauvaise humeur.
"D-Désolé !"
"C'est ça, va donc te pavaner ailleurs avec tes femmes, espèce de…"
Mais l'homme fut interrompu quand il sentit sur lui les regards assassin de Lena et Tiona et qu'il aperçut le visage froid d'Ais.
"Tss !" fit-il simplement en claquant la langue, visiblement très énervé.
Un peu plus en retrait, Hermès avait observé toute la scène et eut un sourire mystérieux.
"Eh bien, voici le terreau idéal pour planter la graine d'une nouvelle épreuve. Ne trouves-tu pas Asfi ?"
"Vous savez, un jour, toute vos manigances finiront par vous exploser au visage."
"Oh ! Tu es inquiet pour moi Asfi ?"
"Pour vous ? Non, j'espère simplement que ce jour-là, nous n'aurons pas à en payer le prix."
Et par là, elle entendait le reste de la familia. Il était difficile de définir le lien qui unissait Hermès à sa capitaine. Bien qu'elle critiquait assez souvent ses choix et tentait de le mettre en garde, elle lui demeurait tout de même fidèle et exécutait ses ordres. La raison de cette loyauté n'était connue que d'eux seuls.
Peut-être cachait-elle des sentiments pour lui… peut-être était-elle reconnaissante qu'il l'ait sortie de sa vie princière… peut-être essayait-elle seulement de l'empêcher d'aller trop loin… peut-être essayait-elle simplement de protéger les siens… Nul ne le savait et tout comme personne n'arrivait jamais à savoir ce que prévoyait Hermès, personne n'arrivait à vraiment lire dans le cœur d'Asfi Al Andromeda.
Du côté de Bell, le jeune homme avait dû arbitrer une dispute entrer Hestia et Lili. Quelque chose comme une obscure histoire de bouteille de parfum que la déesse voulait s'offrir au prétexte qu'elle n'aimait pas son odeur après tous ces évènements. Cependant, si ce genre d'objet de luxe coûtait déjà un certain prix à la surface, ici à Rivira, la somme devenait complètement indécente.
Cependant, le conflit fut résolu grâce à l'intervention de Lena, qui offrit gracieusement l'objet à la déesse en payant de sa poche au prétexte d'une quelconque solidarité féminine. Ou alors, c'était un pot-de-vin pour s'excuser d'être parfois très envahissante au sein de la Demeure Astrale.
"Au fait, Dame Hestia, je voulais vous demander quelque chose."
"Quoi donc Bell ?"
"Je ne sais pas comment l'expliquer, mais vous avez l'air… différente de d'habitude."
"Tu dis ça parce que je ne porte pas ma tenue de soubrette ?"
"Non, non ! Je voulais dire… c'est quelque chose dans votre aura, je ne saurais pas l'expliquer."
"Ah ! Ca ? C'est parce que je restreins ma divinité au maximum vu qu'on est dans le Donjon."
"C'est donc pour ça. Mais pourquoi ?"
"Les dieux ne sont pas sensé descendre ici Bell, pas dans cet endroit qui nous hait fondamentalement."
"Que voulez-vous dire ?"
Mais en guise de réponse, il n'eut que le silence d'Hestia alors qu'elle se détournait de lui. Bell était en train d'expérimenter la frustration que découvraient de nombreux aventuriers quand ils tentaient d'obtenir des réponses des dieux. Silence, réponses farfelues et autres excuses foireuses étaient le lot quotidien de ceux qui espéraient obtenir des réponses des deusdeas.
De son côté, l'aventurier que Bell avait percuté, Mord, était installé dans une taverne avec quelques compagnons à lui, en train de ruminer sa mauvaise.
"Sale morveux ! Ça débarque de nulle part et ça fait le beau avec les jolies filles qui lui tournent autour." Cracha-t-il avec rancœur.
"En même temps, avec des membres de Loki qui trainent avec lui, c'est pas comme si tu pouvais aller lui donner une leçon."
"Bonsoir messieurs." Fit alors une voix derrière eux. "Je vous en prie, ne vous arrêtez pas pour moi, cette conversation semblait très intéressante."
"T'es qui toi et qu'est-ce que tu veux ?" demanda Mord sur un ton irrité.
"Moi ? Simplement quelqu'un capable de vous fournir de quoi passer un bon moment…" lui répondit Hermès tout en déposant un objet sur la table qu'ils occupaient. "Mais d'abord, laissez-moi vous offrir un verre."
Le reste de la visite fut bien plus calme et après quelques petites emplettes, la petite troupe revint au campement de la familia de Loki où chacun retourna vaquer à ses occupations.
Bell fut sollicité par plusieurs personnes et il se rendit dans une tente où on lui demanda son avis à propos d'un conte héroïque. Quelque chose à propos d'Albert Waldstein et des femmes qu'il aurait pu fréquenter au cours de sa vie. Il se demanda pourquoi les gens s'intéressait à la vie sentimentale d'un homme mort depuis mille ans, aussi célèbre était-il, mais il se contenta de répondre. Avant de se faire sèchement rembarrer par une elfe juste parce qu'en disant qu'il aurait connu une ancienne reine elfe, encore très vénérée par son peuple, la jeune femme avait fait un raccourcie en disant qu'il insinuait que leur précieuse reine elfe aurait pu avoir une relation avec un humain.
Fort heureusement, elle fut reprise par les autres qui la poussèrent à se calmer et Bell en profita pour s'esquiver. Il ne sut jamais pourquoi on lui avait posé de telles questions, à plus forte raison pour se faire engueuler par une elfe intégriste. Bell n'avait d'ailleurs pas l'habitude de telles réactions, ne se rendant pas compte que le peu d'elfes qu'il connaissait étaient des cas à part. Saria, du Soupir de Minuit, était une véritable nymphomane, joyeuse, exubérante et délurée. Et Ryuu était… Ryuu.
Peu de temps après, il croisa Welf qui semblait aussi de mauvais humeur et alla vers lui.
"Tout va bien Welf ?"
"Hein ? Ah ! Oui, ça va… Désolé, quelqu'un m'a ressortie de vieilles histoires familiales et ça a le don de me mettre de mauvaise humeur."
"Oh ! Désolé…"
"Ce n'est pas de ta faute, ne t'en fais pas."
"Au fait, c'est quoi ce paquet ?" demanda le jeune homme en désignant le long objet enroulé dans un tissu blanc que Welf portait sur son épaule.
"Ca ? On va dire que c'est un message de ma déesse. Apparemment, avant de partir pour venir nous aider, Hermès s'est chargé d'aller prévenir dame Héphaïstos pour lui expliquer la situation et elle lui a donné ça pour moi." répondit le forgeron avant de s'en aller.
Non, Welf n'était pas de bonne humeur. Cette expédition de la Loki familia emmenait avec elle plusieurs membres de la familia d'Héphaïstos pour leur servir de soutien, dont Tsubaki elle-même. Le problème étant que Welf ne s'entendait pas avec sa familia, ce qui expliquait qu'il faisait équipe avec le Delebat. Même Tsubaki l'énervait avec sa manie de vouloir lui dire comment gérer sa vie et sa carrière d'artisan.
On lui avait demandé des renseignements sur les esprits. Bien évidemment, dans le tas, il y avait plusieurs elfes, qui avaient bien failli lui sauter à la gorge dès qu'ils apprirent qu'il était un Crozzo.
Bordel, combien de temps devrait-il encore payer pour les conneries de ses ancêtres ! A plus forte raison, lui, qui avait rejeté et renié l'héritage de sa famille. Lui, qui refusait de forger la moindre arme magique.
Cependant, cela n'avait pas dissuadé sa déesse de lui faire parvenir ce paquet, avec un message lui disant de ne pas mettre en jeu la vie de ses compagnons au profit de sa fierté.
Du coup, pendant que Welf était occupé à réfléchir dans son coin, Bell reçut la soudaine visite d'Hermès qui l'invita à le suivre pour parler d'un sujet urgent. Quelque peu naïf, Bell ne comprit pas du tout ce qu'il se préparait.
"Dieu Hermès, où allons-nous comme ça ?"
"Chut ! Doucement, tu vas voir."
Une fois arrivé au bon endroit, le dieu blond poussa quelques feuilles et Bell se souvint alors qu'il avait entendu les filles dirent qu'elles allaient se baigner. Et pour cause, le dieu l'avait fait venir pour les espionner dans leur bain comme un vieux dégueulasse. Pour le coup, cela lui rappela quelqu'un et il savait que cela ne finissait jamais bien pour lui dans ces cas-là.
Bien qu'un peu paniqué, Bell fut d'abord blasé par la situation.
"Vous savez que je suis membre de la familia de dame Ishtar ? Je n'ai pas besoin de venir espionner des femmes dans leurs bains pour en voir peu vêtue."
"Allons Bell, ne sois pas si terre-à-terre, espionner les femmes dans leurs bains fait partie de la romance de l'homme."
"Papy disait la même chose et ça ne finissait jamais bien pour lui. Bon, moi je retourne au camp."
"Bell, attends…"
Le dieu tenta de le retenir, mais le résultat de leur très courte altercation fut que la branche qui soutenait Bell se brisa et il tomba pile au milieu du cours d'eau, sans se faire mal heureusement.
"Aïe…"
Puis, plusieurs cris de surprise et de panique retentirent.
"Mais que… Bell !" fit d'abord Hestia.
"Maître Bell ?"
"Argonaut ? Tu veux te baigner toi aussi ?" dit alors Tiona d'un air joyeux.
"Oh ? Il est plus audacieux que je le pensais." Fit Tione avec amusement. Elle était certes dévouée à Finn, mais elle restait une amazone et n'avait par conséquent aucune pudeur.
"Je suis surprise, tu as du cran finalement." Rajouta Aisha d'une voix amusée et sans non plus chercher à se cacher.
Derrière, on entendit les cris de panique de Mikoto et Chigusa, les seules qui avaient une réaction qui paraissait normale.
"Bell, voyons, si tu voulais venir au bain avec moi, il suffisait de demander." Fit Lena avec un petit rire. "Ce n'est comme si ce serait la première fois après tout." Dit-elle d'une manière qui pouvait fortement prêter à confusion… enfin à moitié.
"Justement, Ishtar t'a vraiment donné de mauvaises habitudes, on n'est pas à la Demeure Astrale ici, alors tu as dix secondes pour t'expliquer." Dit Hestia tout en lui pinçant la joue d'une main et en essayant de cacher son corps de l'autre.
Bell n'était pas bien, mais il n'était pas non plus en pleine crise de panique qui l'aurait poussé à s'enfuir. La raison ? Comme l'avaient souligné certaines personnes, Bell était membre de la familia d'Ishtar depuis presque deux mois, une familia remplie d'amazones et de prostituées. Voir des femmes en tenues minimalistes, en sous-vêtements affriolants ou même nues était devenu quasi-quotidien pour lui. Entre Ishtar, Lena et Aisha qui s'invitaient régulièrement dans les bains de la Demeure Astrale quand il y était, les filles du Soupir de Minuit qui venaient lui demander un service quand il passait par là et "oubliaient" parfois de se rhabiller après une prestation, ou encore les autres prostituées qui s'amusaient à le taquiner, il en avait déjà vu beaucoup.
Cela ne l'empêchait pas d'être gêné, mais il avait acquis une certaine résistance qui l'empêchait de paniquer dans la présente situation.
"Je vous jure que j'ai jamais voulu vous espionner ! Le dieu Hermès m'a demandé de venir avec lui pour quelque chose d'important et j'ai compris trop tard où il m'emmenait. Puis la branche a cassé et je suis tombé. Je vous jure que je suis désolé !" débita-t-il à toute vitesse.
"Tu dis la vérité." Enonça simplement Hestia pour rassurer ceux qui étaient présents, du moins, les quelques rares qui étaient gênées. "Hermès… pourquoi ça ne me surprend pas ? Tu m'entends Hermès ? Je sais que tu es encore dans le coin ! Fais tes prières, parce que dès que je t'attrape, je te garantis que ça barder !" cria Hestia, bien décidée à faire subir sa vindicte au dieu vagabond.
"Bon, moi, je vais vous laisser." Fit alors Bell avec une petite gênée, estimant qu'il avait déjà largement abusé de la gentillesse des femmes présentes.
"Pas besoin d'être si pressé Bell, maintenant que tu es là et trempé, autant rester." Dit alors Lena sur un ton joyeux en le retenant.
"Lili n'a rien contre le fait que maître Bell reste aussi." Continua la prum en se collant à lui. L'image de gentille petite sœur étant définitivement enterrée vu qu'Ishtar l'avait poussé à être plus agressive.
"Quelle bonne idée ! En plus Loki dit toujours que prendre un bain ensemble rapproche les gens." Rajouta Tiona, tout aussi enjouée.
"Non, ça c'est son excuse foireuse pour venir nous mâter sous la douche et essayer de nous tripoter." Rectifia Tione.
"Peut-être, mais on s'en fiche. Ça te va Argonaut ? Ais, ça ne te gêne pas ?" dit-elle en direction de la blonde.
Ce fut alors que Bell, occupée par les femmes qui s'étaient regroupées autour de lui, remarqua enfin la silencieuse épéiste qui était un peu plus loin.
"Non… Ça ne me gêne pas." Répondit-elle avec son habituel air impassible, même si elle avait tout de même fait l'effort de cacher l'essentiel avec ses mains. Bell se mit à rougir de plus belle. Certes, grâce à Ishtar, il se montrait plus ouvert avec les femmes et commençait à accepter l'affection de certaines d'entre elles, mais Ais Wallenstein lui faisait toujours ce petit effet particulier, sans doute parce qu'elle était comme une idole à ses yeux. Sans compter que même en l'ayant fréquenté un petit peu, elle restait insondable et mystérieuse, contrairement aux autres, qui étaient plus ouvertes et expressives.
"Archer de la forêt…" commença une voix sur la berge. Celle de Lefiya en l'occurrence, qui était venue elle aussi, mais par pudeur, ne s'était pas baignée et s'était contenté de rester sur le bord. L'elfe avait le regard vide et tenait son sceptre de mage tendu en direction de Bell tout en continuant d'incanter.
"Ah ! Tione, Ais, aidez-moi vite ! Lefiya est passée en mode psychopathe ! Argonaut, tu ferais mieux de fuir au cas où !" cria Tiona tout en se précipitant vers l'elfe.
Bell ne mit pas longtemps à reconnaitre celle qu'il avait surnommée "la fée cinglée" et qui semblait avoir très sérieusement envie de lui tirer dessus avec sa magie. Il écouta donc les conseils de Tiona, ainsi que son instinct, et prit ses jambes à son cou. Grand bien lui en prit, car un rayon d'énergie passa à deux mètres de lui peu après.
La fuite de Bell le mena jusqu'à un lieu qui lui était inconnu, quelque part dans la forêt du dix-huitième étage. Dès qu'il fut sûr et certain de ne pas être poursuivi, il ralentit le rythme et commença à observer les environs pour s'orienter. Ce fut alors qu'il entendit de l'eau proche de lui et surtout des bruits.
"Est-ce… qu'il y a quelqu'un ?" Demanda-t-il quelque peu incertain. Avant qu'un objet ne percute violemment un arbre jusqu'à côté de sa tête, en arrachant un bon morceau de bois. Apeurée, il écouta son instinct et tomba à genoux, front au sol.
"Je suis désolé !"
"Que… Mr Cranel ?"
"Ryuu… C'est vous ? Je suis vraiment désolé, je vous jure que je me suis retrouvé ici par hasard et que je ne cherchais pas à vous épier durant votre bain !" tenta-t-il d'expliquer, espérant être cru.
Heureusement pour lui, Ryuu était quelqu'un de calme et de rationnel, qui prenait le temps d'analyser une situation avant de sauter sur des conclusions hâtives.
"Je sais. Vous êtes un gigolo, mais pas un menteur."
Il avait cet étrange sentiment d'être cru, mais que son amour-propre venait tout de même de se faire piétiner.
"Je ne suis pas un gigolo…" dit-il d'une petite voix larmoyante, constatant qu'il ne se débarrasserait jamais de sa réputation à la Fertile Maîtresse.
"Sinon, Mr Cranel. Je sais que votre présence ici est accidentelle, mais comptez-vous rester encore longtemps ici ? Je vais peut-être vous paraitre vieux jeu, mais je préfèrerais attendre notre mariage avant de vous en montrer autant." Dit-elle avec son habituelle voix calme.
"Oh ! Pardon, vous avez… attendez ? Comment ça 'notre mariage' ? demanda-t-il une fois que son esprit eut assimilé toutes les paroles de l'elfe.
"Syr était un peu réticente au début, mais j'ai réussi à la convaincre. Nous sommes des amies très proches et nous partageons déjà beaucoup de choses, alors pourquoi pas le même mari ?"
"Miss Ryuu… C-ce n'est pas que vous n'êtes pas attirante, m-m-mais pourquoi devrait-on se marier ?"
"Mr Cranel." Commença-t-elle sur un ton froid. "J'aime à croire que vous êtes un homme d'honneur et que vous êtes par conséquent capable de prendre vos responsabilités après avoir déversé votre luxure sur moi."
"Je n'ai jamais fait ça !"
"Vous m'avez tenu la main de manière si indécente… pendant plus d'une minute !" lui répondit l'elfe un peu rouge et gênée à l'évocation de ce fait.
Aujourd'hui, Bell découvrait donc les étranges valeurs morales des elfes… mais aussi que son consentement semblait optionnel pour le mariage.
Espérant oublier cette histoire, il recula donc et laissa son amie elfe se rhabiller, avant qu'elle ne revienne vers lui.
"Je voulais vous dire, merci d'être venue miss Ryuu."
"De rien, de toute façon, j'avais quelque chose à faire ici."
"En fait, j'ai honte de l'admettre, mais je n'étais même pas sûr que ce soit vous. En plus, je ne vous ai pas vu au camp."
Bell avait toujours vu Ryuu dans son uniforme de serveuse, c'était la première fois qu'il la voyait dans sa tenue d'aventurière. Quelque chose d'assez minimaliste d'ailleurs selon les standards elfes et qui mettait étrangement ses cuisses en valeur.
"C'est normal. Dû à certaines circonstances, je préfère éviter la familia de Loki.
Le jeune homme comprit qu'il y avait une histoire complexe derrière tout ça et ne posa pas plus de question. Si elle désirait parler, elle le ferait en temps et en heure.
"Est-ce que… vous voulez venir avec moi ?"
"Vous êtes sûres ?"
"Oui. Pour une fois, j'aimerais ne pas être seule."
Silencieusement, il accompagna donc l'elfe alors qu'elle cueillait quelques fleurs avant de se rendre dans une clairière isolée. Là il remarqua un étrange monticule sur lequel était planté plusieurs armes rouillée et endommagées, ainsi qu'un drapeau élimé et usé par le temps.
"C'est… un mémorial, n'est-ce pas ?"
"Oui, leur corps ne sont plus, mais c'est ici que repose ma familia."
En parlant au nombreux membres de sa familia, Bell avait eu l'occasion d'en apprendre un peu plus sur l'histoire de la ville, ainsi que les familias qui la composaient et l'avaient composé dans le passé. Ce fut un peu par hasard qu'il eut l'occasion de feuilleter un livre traitant de l'héraldique des différentes familias parmi ceux qu'Ishtar avait mis à sa disposition à la Demeure Astrale.
"C'est… l'emblème de la familia d'Astraea ?"
"Oui. Je suis… surprise que vous la connaissiez."
"Oh ! Papy me parlais parfois des familias les plus célèbres d'Orario. Il me parlait aussi de la déesse Astraea et de sa familia. Même s'il avait tendance à bien insister sur la beauté de dame Astraea, je voyais bien qu'elle lui inspirait beaucoup de respect. Et même en ville, bien qu'elle ait disparut, les quelques personnes qui m'en ont parlé l'ont toujours fait en bien."
"Je vois… ça leur aurait fait très plaisir alors." Dit l'elfe en s'approchant du mémorial.
Bell fut tenté de lui en demander plus, mais encore une fois, il écouta son instinct qui lui disait que Ryuu s'en ouvrirait quand elle serait prête.
Alors, en silence, il rendit hommage à cette familia qui s'était consacrée à la justice. A sa grande surprise, l'elfe se montra quelque peu bavarde et s'ouvrit à lui. Elle évoqua quelques-unes de ses failles, sa vision du monde, sa forêt natale, les difficultés qu'elle avait eues pour s'extraire elle-même de cette mentalité. Mais elle évoqua aussi une part plus sombre de son passé, laissant entendre que la mort de sa familia avait fait d'elle un monstre vengeur et les sentiments ambigües que cela lui inspirait encore à ce jour.
Puis, il quittèrent les lieux en silence.
"Mr Cranel, je vous remercie d'être venu avec moi."
"Je vous en prie, ce n'était pas grand-chose."
"Ca l'était pour moi, bien plus que vous ne le pensez." Dit-elle tout en s'éloignant à nouveau dans la forêt, laissant Bell rentrer seul au camp.
Les choses furent animées au camp pendant l'absence de Bell, car ce dernier fut absent pendant un bon moment. Entre sa fuite, ses retrouvailles avec Ryuu, l'hommage sur le mémorial de la familia d'Astraea et leur longue conversation, il s'était passé un bon bout de temps.
Suffisamment pour que Hestia mette sa menace à exécution. Tiona, Tione et Ais avaient surtout due calmer Lefiya et la sortir de sa fonction de Terminator, mais la petite déesse eut tout de même de l'aide et ce ne fut pas Asfi qui vint au secours de son dieu, quand bien même il l'avait supplié.
Hermès fut donc saucissonné, suspendu à un arbre et servi de punching-ball, principalement à Hestia qui défoula sur lui toute la frustration qu'elle avait accumulé ces dernières semaines… avant de le laisser en plan. Asfi avait bien tenté de s'excuser pour le comportement du dieu vagabond, mais étrangement, elle n'avait pas essayé de diminuer son châtiment.
Autant dire qu'il n'avait pas du tout une bonne tête pour toute personne tombant sur lui par hasard. Plongé dans la pénombre, avec son visage tuméfié, il était assez effrayant pour quelqu'un qui ne s'attendait pas à ça.
Ce fut le cas de Lefiya, qui hurla de terreur et fit un bond en arrière. Sauf que Bell passait par là au même moment et eut un sursaut quand il entendit ce cri de terreur. Sa surprise l'empêcha d'éviter Lefiya qui lui tomba dessus. Les deux trébuchèrent au sol et la chance de Bell sembla s'activer de nouveau.
Le jeune homme était tombé sur le dos et par un étrange hasard, l'elfe était tombée sur son corps, assise à califourchon à un endroit stratégique. La seule chose qui l'empêcha de finir totalement vautrée sur lui fut le fait que Bell eut pour réflexe de l'attraper avec ses mains dans la chute. Seulement, le hasard voulut que les mains du jeune homme finirent sur la poitrine de Lefiya, une sur chacun de ses… globes elfiques. Mû par un instinct issu du fond des âges, Bell remua un peu les mains et put en découvrir toute la fermeté et l'élasticité.
Bien évidemment, une fois qu'elle eut retrouvé ses esprits, la demoiselle n'apprécia pas trop ce fait.
"Toouuuuuuuuuuuaaaaaaaaaa !" fit-elle avec une pure expression de colère sur le visage. Bell reconnut immédiatement la jeune femme, ne serait-ce que parce qu'elle avait tenté de le tuer quelques heures plus tôt.
"La fée cinglée." Dit-il, exprimant ses pensées à voix haute sans faire attention. Bien évidemment, Lefiya entendit parfaitement ce qualificatif.
"Comment tu m'as appelé !" hurla-t-elle de colère.
Elle tenta alors de lui coller un coup de son sceptre, mais il se dégagea et prit la fuite.
"Je suis désolé !"
"Reviens ici sale petit pervers d'humain !" cria-t-elle en lui donnant la chasse, justifiant parfaitement le surnom que Bell lui avait donné. Ainsi commença une course-poursuite jusqu'au fin fond de la forêt, jusqu'au moment où les deux finirent pas s'arrêter, quand leur endurance s'épuisa à peu près au même moment.
Ils purent alors regarder autour d'eux et faire le même constat.
"On est perdu…"
Au camp, les sœurs Hiryute étaient justement en train de chercher la jeune elfe.
"Tu as vu Lefiya ?" demanda Tione.
"Je ne l'ai trouvé nulle part." lui répondit Tiona.
"Vous n'auriez pas vu maître Bell ? Je ne le trouve pas non plus." Fit alors Lili, se joignant à la conversation avec les deux autres amazones l'accompagnaient.
"Lui aussi a disparu ?" lui demanda alors Tione.
"Tous les deux ? Est-ce que vous croyez que… Ils seraient ensemble ?" suggéra Tiona.
"Oh ? Bell se déciderait enfin à prendre une cliente ? Et une elfe en plus. Il commencerait bien sa carrière." Fit alors Aisha avec amusement.
"Un peu de sérieux Aisha." Rétorqua Lena. "Même si j'adorerais moi aussi que ce soit vrai, on parle de Bell je te rappelle."
"Malheureusement." Dit la pulpeuse amazone avec un soupir. "Quel gâchis quand même. Avec un si joli minois, il aurait un énorme succès."
"Donc, c'est vrai qu'il ne fait vraiment pas ce genre de prestations ?" demanda une Tiona très curieuse.
""Malheureusement"" firent les deux autres amazones à l'unisson. Ce qui en disait long sur le fait que beaucoup de membres de la familia d'Ishtar considéraient cela comme du gâchis.
Ailleurs dans les bois. Deux aventuriers cherchaient désespérément leur chemin.
"Encore perdu." Constata Bell.
"A qui la faute ? Ca ne serait pas arrivé si tu ne t'étais pas enfui comme çà à travers la forêt !"
"C'est vous qui me poursuiviez !" protesta le garçon.
"Tu m'as traité de cinglée !"
"Chaque fois que je vous vois, vous me courrez après. Vous avez même essayé de me tuer cette après-midi !"
"Tu me prends pour une sauvage ? Je n'allais pas tenté de te tuer… juste, te donner une bonne leçon." Fit-elle d'un ton peu assuré.
"Et c'est vraiment mieux ?"
S'en suivit alors toute une protestation de Lefiya qui exhibait toute sa jalousie concernant le fait que Bell fréquente Ais d'un peu trop près. A un moment, il ne savait même plus vraiment pourquoi il se faisait engueuler.
"Et le pire, c'est que tu as vu son corps nu."
"Je n'ai pas fait exprès !"
"Pourtant, tu avais l'air de vivre la situation plutôt sereinement. De ce que j'ai entendu, tu as l'habitude de te baigner avec des femmes."
"C'est ma déesse qui passe son temps à envahir la salle de bain dès que j'y suis. Et je n'ai jamais demandé à Lena de faire la même chose. Vous savez à quel point ça peut être usant de ne pouvoir se doucher tranquillement qu'un soir sur cinq en moyenne ?"
Oui, la manière dont on venait l'embêter sous la douche semblait amusante vue de l'extérieur, mais elle pouvait se révéler fatigante sur le long terme.
"Tu parles, tu es un gigolo d'Ishtar, comme si ce genre de situation ne te plaisait pas !"
Bell grinça des dents et serra le poing, pour la première fois depuis un bon moment, il commençait à s'énerver, les paroles de Lefiya était blessantes, à plus d'un titre et elle ne devait pas savoir pourquoi.
"Je ne suis pas un gigolo à la fin !" cria-t-il avec colère alors que de nombreuses choses lui revenaient à l'esprit, dont la conversation qu'il avait eue avec Neela. "Et quand bien même j'en serais un, est-ce que ça changerait quelque chose ? Est-ce que je ne devrais être défini que par ça ? C'est vrai, je connais des tas de prostituées et pas seulement des berberas, beaucoup d'entre elles sont même mes amies. Ce sont des personnes bien, qui ne se résument pas à leur métier. Avez-vous idée à quel point cela fait mal quand on entends ce genre de choses ?"
Lefiya fut surprise et un peu choquée de l'entendre parler ainsi. Cependant, le discours de Bell eut de l'effet, car il la toucha. Elle se rendit alors compte que par jalousie, elle s'était montrée extrêmement mesquine et avait laissé des préjugés parler à sa place. Pour quelqu'un qui prétendait toujours être bien plus ouverte d'esprit que les autres elfes, elle trahissait ses propres paroles.
"Je… tu as raison. J'ai été blessante dans mes propos et je m'en excuse, je ne devrais pas te juger ainsi sans te connaitre." Fit-elle en s'inclinant poliment.
"Non, c'est moi, je suis désolé de m'être emporté ainsi Mlle Viridis."
"Lefiya."
"Pardon ?"
"Tu peux… juste m'appeler Lefiya, pas besoin d'être aussi formel."
"D'accord."
Ils avaient fait la paix, mais le problème restait le même, ils étaient toujours perdus au milieu de la forêt.
La situation finit par se détendre entre eux, Lefiya se calma et commença à regarder Bell de manière plus objective. En tant qu'aventurière, elle était son aînée et se devait donc de montrer l'exemple. Constatant que cette histoire leur avait fait sauté le dîner, elle partagea avec lui quelque chose qu'elle avait sur elle et ils purent reprendre leur exploration de la forêt.
En chemin, Bell ne fut pas avare en compliments et Lefiya se sentit flattée, même si elle constatait que le jeune homme manquait simplement d'expérience. En réalité, il était plutôt débrouillard et il était agréable de lui faire la conversation.
Le hasard les mit alors sur la route de deux hommes en tuniques blanches. Suivant les instructions de Lefiya, Bell se fit silencieux et la suivit. Bien évidemment, le jeune homme n'était absolument pas au courant de la petite enquête que faisait la familia de Loki sur les Fils de la Nuit et leurs monstres bizarres. Mais il ne pouvait tout de même pas se résoudre à abandonner Lefiya. Et cette dernière savait qu'elle avait besoin d'aide.
En voulant poursuivre les deux hommes, ils tombèrent dans un piège à destination des curieux. Plus précisément, une fosse dissimulée, repaire de l'un des monstres mutants servant de jouet à l'organisation obscure.
Ce fut ainsi qu'il se retrouvèrent dans une piscine d'acide à combattre un monstre comme il n'en avait jamais vu.
Un monstre à tentacules, crachant une substance visqueuse et capable de dissoudre les vêtements…
Fort heureusement, la notion de hentai n'existait pas dans le Gekai…
Ce fut un combat intense et épique où Bell et Lefiya découvrirent qu'ils étaient parfaitement complémentaires au combat et formaient un duo des plus redoutables. Finalement, entre la puissante magie de la mage elfe et le shooting star boosté à l'Argonaut de Bell, la créature ne fit pas long feu.
Ils purent enfin sortir de la piscine d'acide, mais Bell était épuisé et Lefiya se retrouva seule face à deux Fils de la Nuit prêt à en découdre. Par chance, Ryuu passait par là et leur régla leur compte.
Bell ne comprit pas tout ce qu'il s'était passé, mais il comprit néanmoins qu'il se tramait quelque chose d'important. Il comprit aussi qu'on voulait le laisser en dehors de tout ça alors il n'insista pas.
De toute façon, il fut trop occupé à se faire de nouveau cogner dessus par Lefiya vu qu'il avait encore une fois tripoté sa poitrine. Par accident et alors qu'elle le portait sur son dos. Mais l'infamie était que cette fois, ce fut directement à même la peau, son chemisier n'ayant pas survécu aux attaques acides du monstre, ce qui poussa la jeune femme à nouer sa veste autour de sa poitrine pour s'improviser un haut style amazone.
Ce fut à ce moment-là que, alertés par la déflagration magique, plusieurs membres de la familia de Loki arrivèrent.
Sur le chemin du retour, Bell se fit autant complimenter que réprimander par Lefiya. Cette fille ne semblait vraiment pas savoir ce qu'elle voulait. En revanche, elle lui promit une nouvelle paire de bottes pour remplacer celles que l'acide avait dévoré.
"Vous vous entendez bien en fait." fit simplement Ais.
"Quoi ? M-m-mais pas du tout !" répliqua Lefiya, imaginant déjà que tout cela serait mal interprété. "Hé ! L'humain, aide-moi un peu et explique-lui."
"Oui, vous vous entendez vraiment bien." continua Ais avec innocence.
Ce fut à ce moment-là qu'ils arrivèrent au camp et que Bell retrouva ses amis.
"Maître Bell ! Vous allez bien ?" demanda Lili, inquiète de le voir revenir dans un tel état.
"Oui, Lili, tout va bien, ne t'en fais pas."
"Qu'est-ce qui vous est arrivé ?"
"Oh ! Euh…" Il était bien embêté vu qu'on lui avait demandé de garder toute cette histoire pour lui et que lui-même ne voulait pas inquiéter sa familia. "Disons qu'il s'est passé… euh… des choses." dit-il d'un air gêné.
"Des choses… intenses on dirait." dit alors Lena qui observait attentivement Bell et Lefiya. "Je… Je suis surprise… Vous avez pourtant l'air si innocents tous les deux."
"Euh… Lena ?" Bell était soudainement inquiet en imaginant déjà un énorme malentendu.
"Je suis d'accord avec Lena. J'aurais jamais cru ça de toi et d'elle. À quel point cela devait-il être intense pour que vos vêtements finissent dans un tel état ?" dit alors Aisha, en ne laissant présager que peu de doutes sur ce qu'elle s'imaginait.
"Une bête…" murmura Lena avec un mélange d'admiration et de fascination.
Bell commençait à être horrifiée par la tournure des évènements, mais pas autant que Lefiya qui était au bord de la crise de panique à l'idée que l'on croit qu'elle ait fait de telles choses avec lui. Enfin, surtout à l'idée qu'Ais s'imagine des choses.
"Donc, ça veut dire que vous vous entendez vraiment bien ?" Demanda alors la blonde avec son air ingénu.
"Q-q-q-que… Pas du tout ! Ne vous laissez pas tromper par cet humain ! C'est un pervers ! Il m'a touché la poitrine !" fit alors une Lefiya en panique qui ne savait plus trop ce qu'elle racontait.
"C'était un accident !"
"Deux fois ! Et il m'a même vu à moitié nue !"
"C'est la faute de l'acide !" tenta de se défendre Bell, mais cela était peine perdue, car Lefiya semblait être partie loin, très loin dans ses délires.
"Quelle horreur, maintenant qu'il m'a vu et même touché, il ne va plus pouvoir résister. Il va venir me trouver quand je serais seule, puis, il va arracher mes vêtements et commencer à me *bip*. Puis, il va utiliser sa *bip* pour me *bip* partout sur le corps, y compris sur mes *bip* et mes *bip*, avant d'utiliser ses *bip* et son *bip* pour me *bip*, jusqu'à ce que je *bip* et *bip* à n'en plus pouvoir, avant de *bip* et de souiller mon corps avec *bip* et de recommencer à *bip* jusqu'à ce que je sois totalement à sa merci !"
L'elfe en panique fit sa tirade d'une seule traite, sans laisser à qui que ce soit l'occasion de dire un mot.
D'ailleurs, que pouvaient signifier ces nombreux *bip* de censure ? Leur contenu est laissé à la libre interprétation de chacun. Mais disons que cela était assez osé pour que même Tione et Tiona se mettent à rougir à l'évocation de tout cela.
Il s'en suivit un long silence gêné que Welf, à côté de Bell, fut le premier à briser.
"Waouh… Bell, tu vas vraiment lui faire tout ça ?"
"Bien sûr que non !" répondit le jeune homme en panique. "Elle est seule dans son délire."
Du côté des dirigeants de la familia de Loki, tout le monde resta coi face à cette tirade lunaire. Ce fut donc Gareth qui prit la parole en premier.
"Ah ben, finalement, j'crois que y'aura pas besoin des cours de biologie."
"Lefiya !" fit une Riveria aussi choquée qu'outrée. "Je peux savoir où tu as appris des termes pareils ?"
Ce à quoi l'autre elfe lui rendit le même regard outré.
"Dans votre collection privée !"
Immédiatement, plusieurs paires d'yeux se tournèrent vers la haute elfe.
"Tu as une collection privée ?" lui demanda Finn.
"Oui… non ! Ce n'est pas le sujet !" lui répondit une Riveria en panique.
"Ooooh-Oooh…" commença Tiona avec un air amusé. "Je ne savais pas que maman elfe avait un tel penchant pour la littérature pour adulte. Et de la sacrément épicée en plus on dirait…"
"J'ai toujours su que les elfes avaient l'air trop purs pour être honnêtes." dit alors sa sœur.
Etrangement, Riveria se calma et sembla même devenir très froide.
"Eh bien soit, ça ne sera qu'un problème de plus à gérer parmi tant d'autre."
"Que veux-tu dire ?" demanda alors Finn, un petit peu inquiet.
"Je vais devoir trouver une bonne explication pour justifier à Loki que Lefiya n'est jamais revenue de cette expédition."
"Allons Riveria, ton humour devient de plus en plus mauvais." tenta le capitaine pour dédramatiser la situation. "Riveria ?... Riveria, rends-moi ma lance… Riveria, reviens ici tout de suite !" dit-il en se lançant à la poursuite de sa vieille amie elfe.
La situation devenait de plus en plus ubuesque. Bien amusé, le nain s'approcha alors de Bell.
"Félicitations gamin, personne n'a jamais été aussi proche d'arriver à détruire notre familia." fit-il dans un grand éclat de rire.
"Mais… Je n'ai rien fait !" répondit Bell avec une pointe de désespoir.
"Et c'est ça le meilleur justement !"
De son côté, Ais, qui, rappelons-le, n'a jamais eu de véritable éducation sexuelle, était en pleine réflexion existentielle afin de décrypter les paroles de Lefiya, cherchant à comprendre pourquoi quelqu'un irait mettre en contact telle et telle partie du corps et pourquoi cela rendait tout le monde dingue soudainement.
Bell, lui, était en plein désespoir en se disant que sa pauvre réputation allait encore souffrir de toute cette histoire. Sans compter qu'il ne savait vraiment plus sur quel pied danser avec Lefiya, un instant, elle était adorable, l'instant d'après, elle partait dans ses délires.
Ouais… définitivement une fée cinglée…
Notes de l'auteur :
Un nouveau chapitre s'achève et l'histoire avance lentement. J'espère que le ton léger et comique du chapitre me fera pardonner pour le manque d'avancement de l'intrigue, mais rassurez-vous, le prochain chapitre sera bien plus animé.
Avant que je ne me rende compte, il semblerait que les elfes soient devenues des pervers dissimulés dans ma fic, mais bon, permettons-nous un peu de fantaisie.
