Le jour où tout a basculé.
Titre du 14/11/2023 : Le jour où tout a basculé
Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)
Y : Yara Greyjoy
Yara Greyjoy
Prénom 67 : Marina
UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT
Quatre aspects de… Rebecca Webb (The One) : Diplôme : Écrire sur un étudiant ou écrire sur Hermione Granger
137) 100 façons d'écrire du drama
257) 50 nuances de personnages LGBT
9 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles ont dit, UA Challenge, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)
Même s'il savait que c'était injuste, Stannis ne put se retenir de frissonner en apercevant au loin la chevelure blonde de Myrcella Lannister suivie de près par Shireen alors qu'elles se rapprochaient de sa maison.
Parce qu'elle lui rappelait celle de Cersei Lannister, Cersei qui les avait tous trahis et leur avait planté un couteau dans le dos, Cersei qui leur avait arraché tout ce à quoi ils avaient jamais tenu.
Il savait bien que Myrcella n'était pas Cersei, qu'elle n'était aucunement responsable des crimes de sa mère, qu'elle n'était peut-être même pas au courant de ce qu'il s'était passé.
Ça ne changeait rien.
Parce que chaque fois qu'il la regardait, il voyait l'ancienne épouse de son frère, et il avait bien du mal à contenir la bouffée de haine qui le traversait de part en part à ce moment-là.
Quand il vit Shireen, il reprit aussitôt son calme et se permit même de sourire, chose qu'il faisait peu avant la malédiction, et encore moins depuis qu'elle avait été lancée.
Ce n'était pas non plus comme si les occasions de sourire étaient nombreuses.
Lorsque Shireen quitta la pièce après l'avoir salué pour aller parler à Vère, il ne put empêcher son regard de la suivre plus longtemps qu'il n'était nécessaire, il la voyait si peu après tout, et il dût une fois de plus se retenir de hurler.
Sans Cersei, sans Littlefinger, sans les Bolton, rien de tout ça ne serait arrivé et sa fille se souviendrait toujours qu'il était son père.
Il se força à rester et à sourire poliment à Myrcella en essayant de ne pas la regarder comme si elle était une bombe à retardement à deux doigts d'exploser.
« Alors Myrcella, tu voulais me parler ?
Comme d'habitude quand elle le voyait, ce qui n'arrivait pas souvent, la jeune femme l'observa bien attentivement.
Oui, il y avait la même chose que d'ordinaire dans son regard, cette tristesse qu'il n'était pas capable de complètement dissimuler et qu'elle voyait dans son propre regard quand elle était seule et qu'elle ne faisait pas semblant d'être heureuse.
Elle ne s'était donc pas trompée.
Il était probablement la seule personne à Kintzheim à pouvoir lui expliquer ce qui était en train de lui arriver.
Il y avait autre chose dans ses yeux, quelque chose qu'elle n'était pas sûre d'avoir remarqué avant.
La manière dont il regardait Shireen d'abord, avec tellement d'amour dans les yeux que c'en était presque douloureux, et elle n'arrivait même pas à comprendre pourquoi.
Il y avait la manière dont il la regardait elle aussi, derrière la bienveillance et la courtoisie qu'il tentait d'afficher mais dont elle n'était pas le moins du monde dupe, derrière tout ça il y avait quelque chose que là non plus il n'arrivait pas à cacher.
Elle n'aurait pas su expliquer pourquoi mais elle avait le sentiment qu'il la regardait comme une ennemie.
Et ça n'avait aucun sens.
- Je… Je voudrais… Je ne vais pas très bien, admit-elle finalement en le regardant droit dans les yeux.
Il haussa un sourcil surpris.
- J'en suis navré, mais… je ne comprends pas ce que ça a à voir avec moi.
Direct comme d'habitude, même s'il prenait le risque de paraître froid et insensible, elle le reconnaissait bien là, du peu qu'elle connaissait de lui.
Malgré tout il y avait une lueur de compassion sincère dans son regard.
Et sans savoir pourquoi, elle lui faisait confiance, avait le sentiment qu'il comprendrait ce qu'elle ressentait, aussi improbable cela soit-il.
- Je pensais que vous pourriez comprendre ce que je traverse en ce moment.
- Pourquoi moi ? L'interrogea-t-il, ne comprenant toujours pas. Pourquoi pas Shireen, ou tes parents, ton frère Tommen ou un de tes amis ?
Elle lui adressa alors un sourire douloureux empli d'une infinie tristesse qui lui brisa le cœur.
- Parce que… parce que vous avez toujours l'air tellement triste.
Il tressaillit, stupéfait.
Il ne pensait pas avoir été si transparent à ce sujet.
Il eût un sourire gêné.
- Je suppose que je le suis, oui, reconnut-il.
Et d'un autre côté, sa fille ne le reconnaissait plus, son mariage s'enfonçait chaque jour un peu plus dans les abîmes et les choses avançaient bien trop lentement.
Ça donnait assez peu de raisons de vouloir être heureux.
- Je ne saurais pas vraiment vous expliquer pourquoi, ajouta-t-elle, mais je… je pense que quelque chose ne va pas en ville. Que quelque chose cloche, n'est pas normal, ne fonctionne pas correctement et que personne n'en a conscience à Kintzheim à part… à part vous et moi. Je ne… je n'arrive pas à mettre des mots sur ça mais depuis un moment je n'arrive pas à être heureuse alors qu'en théorie je devrais l'être. Et tout devrait aller bien en ville mais ce n'est pas le cas et je ne sais pas comment arranger les choses, alors… Je vous en prie, aidez-moi. »
Il se figea, incrédule avant de la regarder comme s'il la voyait enfin pour la première fois.
Elle n'avait pas prononcé le mot malédiction une seule fois mais elle savait.
Elle savait que quelque chose dysfonctionnait et même si elle avait oublié, tout son être lui hurlait que les choses n'étaient pas comme elles auraient dû l'être.
Il ne put s'empêcher de ressentir une certaine méfiance malgré tout, comme toujours quand il s'agissait des Lannister, surtout ceux proches de Cersei, mais même si c'était le cas, même si c'était la mairesse qui l'avait envoyée, qu'importe ?
Qu'elle apprenne qu'il se souvenait ne changerait rien dans le fond, et si Myrcella pouvait les rejoindre, devenir leur alliée, alors…
Alors ce serait une preuve de plus que les choses étaient en train de changer et surtout, si elle les croyait, alors ça démontrerait aussi que les gens n'avaient pas forcément besoin de se souvenir pour savoir que la malédiction était réelle.
D'abord Lancel, maintenant peut-être elle aussi, Jaime dans le futur si jamais le fait d'avoir récupéré son cœur le poussait enfin à la fuir…
Les lions n'étaient plus aussi unis qu'avant, les fissures autrefois invisibles apparaissaient enfin au grand jour et la chute semblait proche.
Enfin.
Il ne put se retenir de sourire.
Le visage de Myrcella se ferma face à ce qu'elle pensait être un sourire amusé.
« Ça vous fait sourire ? S'exclama-t-elle, indignée.
Elle était venue pour lui demander de l'aide, et voilà qu'il se moquait d'elle !
Comprenant la méprise, il rit.
Oui, lui, il riait.
Même si la situation n'avait rien de drôle, il était le premier à le reconnaître.
Il riait parce qu'il avait de l'espoir.
- Non je ne… Je suis désolé, ce n'est pas… Je ne suis pas en train de me moquer de toi Myrcella, je t'assure, je…
- Qu'est-ce que c'est alors si vous ne trouvez pas ça drôle ? Le contra-t-elle, toujours furieuse.
Il cessa de rire et lui sourit avec bienveillance.
- Je souris parce que tu as raison.
Et parce que ça fait si longtemps que j'espère de voir quelqu'un ici se réveiller de lui-même que je pensais que ce jour n'arriverait jamais.
Myrcella le regarda avec un air interloqué.
Sa rage s'évanouit immédiatement.
- Quoi ? Qu'est-ce que vous venez de dire ?
- Tu as tout à fait raison, sur toute la ligne, quelque chose ne va pas en ville.
- Et… est-ce que vous savez ce que c'est ? Lui demanda-t-elle, hésitante.
Il soupira.
Il ne pouvait pas lui balancer ça comme ça, pas dans ces circonstances, pas en étant tout seul, il y avait plus de chance qu'elle le prenne pour un fou qu'elle ne le croit.
- Je… oui. Mais avant de t'en parler, j'ai besoin de contacter quelques personnes.
Elle le regarda avec un air confus.
- Pourquoi ?
- Parce que ce que j'ai à te dire… tu risques de ne pas le croire.
Elle sentit son estomac se nouer.
Elle ne savait pas exactement de quoi il s'agissait et n'était plus réellement certaine de vouloir le savoir en fin de compte.
- C'est… c'est grave à ce point-là ?
Toute trace d'amusement disparut du visage de l'ancien seigneur de Peyredragon et elle se sentit frissonner.
Elle avait presque peur maintenant.
- Tu n'as pas idée d'à quel point… Alors est-ce que ça te dirait qu'on se revoit un autre jour ?
- Où, et quel jour ?
- Mercredi après-midi prochain, si tu es disponible et… chez Lysa Stark je pense.
D'ici-là il aurait eu le temps de parler avec Yara et les autres, et il conviendrait de ce qu'ils devaient faire.
Si le nom de la personne la surprit, elle ne le laissa pas paraître et malgré ses doutes, elle n'hésita pas une seule seconde.
Elle avait besoin de réponses et il se proposait de les lui apporter alors elle n'allait clairement pas passer à côté de ça.
- C'est d'accord. À mercredi dans ce cas. Je vais aller voir Shireen et Vère si ça ne vous dérange pas, proposa-t-elle.
Il acquiesça et une fois sûr qu'elle était partie, il décrocha son téléphone avant d'appeler la fer-née.
- Allô, Yara ? C'est Stannis, il faut qu'on discute. De toute urgence. »
§§§§
Yara posa un regard scrutateur et perplexe sur Stannis Baratheon.
Ce n'était pas tant le fait qu'il veuille les voir toutes les deux qui la surprenait, mais qu'il ait voulu les voir aussi rapidement.
Il y avait eu de l'urgence dans sa voix, au téléphone, mais pas comme s'il voulait leur annoncer une mauvaise nouvelle, non il y avait comme… de l'espoir.
Et l'espoir était une denrée bien rare en ce moment, aussi elle s'y raccrocha aussi fort qu'elle put et le rejoignit rapidement au Dragon Quincaille avec Marina.
Pourquoi avait-il donc voulu les voir, pourquoi était-ce si important ?
Elle croisa les bras.
« Alors dites-moi, qu'est-ce qui nous vaut la joie de vous voir mettre les pieds dans un bar sans y être contraint et forcé ?
Contrairement à son habitude, elle le vit sourire, d'un sourire vrai, et il semblait de bonne humeur, ce qui l'étonna.
Donc il avait probablement une bonne nouvelle à leur annoncer.
- J'ai parlé à Myrcella aujourd'hui.
Oh.
Voilà qui était inattendu.
- Et ?
- Elle m'a posé des questions, elle… elle ne se sent pas bien, je l'avais déjà remarqué lors de sa venue avec Shireen quand elles étaient venues s'assurer que Vère allait bien, j'avais eu l'impression qu'elle souhaitait me parler mais sans être sûr que c'était le cas, et… j'avais raison.
- Comment ça elle ne va pas bien ? Demanda Marina, inquiète.
- Elle se pose des questions. Sur la ville. Elle se demande pourquoi tout semble tant aller de travers, elle a l'impression que quelque chose cloche, et elle aimerait comprendre ce qu'il se passe. Elle a remarqué que j'étais triste, comme elle et que c'était sans doute pour ça que je pouvais répondre à ses questions, tout lui expliquer.
La respiration de Yara s'arrêta pendant quelques secondes.
- Vous voulez dire que… que peut-être… elle pourrait être en train de réaliser, pour la malédiction ?
- Je ne sais pas. Mais je pense que… qu'elle mérite de savoir. Même si elle ne nous croit pas. Elle a le droit de connaître la vérité. Et même si elle fait semblant et qu'elle a été envoyée par Cersei, et que celle-ci apprend que je me souviens, ça ne changera rien, ce n'est pas comme si nous avions réussi grand-chose jusque-là concernant la manière de briser la malédiction.
Yara approuva.
- C'est vrai. Qu'est-ce que vous proposez ?
- Je lui ai proposé de la revoir dans la demeure de Lysa Stark mercredi après-midi prochain, je me suis dit que si vous, Marina, Lancel et moi nous lui annoncions tous la vérité, ça semblerait plus crédible que si je lui en parlais seul. Ça lui laissera le temps de réfléchir aussi et ça nous laissera du temps pour préparer ce que nous lui dirons.
- Je suis d'accord avec ça. Marina ?
La dunkerquoise hocha la tête.
- Je ne sais pas si elle nous croira mais ça vaut toujours le coup d'essayer. Au moins avec un peu de chance, elle commencera à douter et c'est mieux que rien. »
Oui, en effet, approuva intérieurement Yara.
Mieux que rien.
C'était déjà quelque chose et puis les choses avaient fonctionné avec Lancel, alors pourquoi pas avec elle aussi ?
Elle finit son verre avec le sourire aux lèvres.
Pour une fois, elle avait quelque chose à fêter.
A suivre…
